lundi 30 septembre 2013

No pain no gain


Titre : No pain no gain (Pain & gain)
Réalisateur : Michael Bay
Acteurs : Mark Wahlberg, Dwayne Johnson, Ed Harris
Date de sortie en France : 11 septembre 2013
Genre : thriller, comédie

Synopsis : 
À Miami, Daniel Lugo, coach sportif, ferait n’importe quoi pour vivre le « rêve américain » et profiter, comme sa clientèle fortunée, de ce que la vie offre de meilleur : maisons de luxe, voitures de course et filles de rêve… Pour se donner toutes les chances d’y arriver, il dresse un plan simple et (presque) parfait : enlever un de ses plus riches clients et… lui voler sa vie. Il embarque avec lui deux complices, Paul Doyle et Adrian Doorbal, aussi influençables qu’ambitieux.

Avis : 
 En adaptant l'histoire vraie du gang des Sun Gym, des bodybuilders de Miami devenus criminels, Michael Bay met deux côtés deux éléments inhérents à son cinéma : le déluge incessant d'action et les budgets pharaoniques auxquels il était habitué (il s'agit de son film le moins cher depuis Bad boys). Pour parvenir à un budget de 20 millions de dollars, il a d'ailleurs choisi de ne toucher aucun salaire, tout comme Wahlberg et Johnson (mais ils recevront quand même un pourcentage des recettes).


Avec No pain no gain, Bay met donc en scène des culturistes pas très futés voulant eux aussi leur part du rêve américain : Daniel Lugo estime que son corps parfait doit être associé à un mode de vie luxueux ; Adrian Doorbal doit financer ses soins pour compenser les dégâts que les stéroïdes ont causé à son sexe ; Paul Doyle, tout juste sorti de prison, son choix de se tourner vers la religion a tourné court quand il a agressé son tuteur qui lui faisait des avances. Des situations qu'il est difficile de prendre au sérieux, d'autant que Bay va largement insister sur la bêtise du trio et le ridicule de certaines situations.

Avec une bonne dose d'humour noir, il nous décrit donc le trio comme incapable de réussir proprement ce qu'il entreprend, ne réussissant dans ses tentatives que par hasard : le passage où ils tentent d'éliminer le personnage interprété par Tony Shalhoub (Monk) est par exemple formidable. Les quiproquos se succèdent, les situations dégénèrent sans crier gare, et on s'amuse vraiment à suivre les aventures de ce gang qu'on a du mal à prendre au sérieux. C'est d'ailleurs là l'un des rares bémols : ces trois guignols semblent tellement inoffensifs que le véritable fait divers semble presque anecdotique, au point même d'être surpris de la peine que recevrons les personnages.

En abandonnant l'action parfois illisible et indigeste de ses précédents films (Transformers, Bad boys 2), Michael Bay fait mouche et livre un thriller souvent très drôle, tournant en dérision le rêve américain grâce à son trio de personnages principaux dont le QI est inversement proportionnel à la masse musculaire. On assiste même à ce curieux paradoxe : c'est quand il se pose un peu que Michael Bay réalise les films les moins ennuyeux !

Note : 8/10


jeudi 26 septembre 2013

Le Dernier pub avant la fin du monde


Titre : Le Dernier pub avant la fin du monde (The World's end)
Réalisateur : Edgar Wright
Acteurs : Simon Pegg, Nick Frost, Martin Freeman
Date de sortie en France : 28 août 2013
Genre : comédie, science-fiction

Synopsis :
L’histoire débute le 22 juin 1990 dans la petite ville anglaise de Newton Haven : cinq adolescents au comble de l’âge ingrat fêtent la fin des cours en se lançant dans une tournée épique des pubs de la ville. Malgré leur enthousiasme, et avec l’absorption d’un nombre impressionnant de pintes de bière, ils ne parviennent pas à leur but, le dernier pub sur leur liste : The World’s End (La Fin du Monde). Une vingtaine d’années plus tard, nos cinq mousquetaires ont tous quitté leur ville natale et sont devenus des hommes avec femme, enfants et responsabilités, à l’alarmante exception de celui qui fut un temps leur meneur, Gary King, un quarantenaire tirant exagérément sur la corde de son adolescence attardée. L’incorrigible Gary, tristement conscient du décalage qui le sépare aujourd’hui de son meilleur ami d’antan Andy, souhaite coûte que coûte réitérer l’épreuve de leur marathon alcoolisé.

Avis : 
Après une petite pause où ils se sont séparés pour des projets distincts (l'excellent Scott Pilgrim vs the world pour l'un, le sympathique Paul pour les deux autres), Edgar Wright, Simon Pegg et Nick Frost se réunissent enfin pour terminer leur Blood & ice cream / Three flavours Cornetto trilogy débutée avec les fabuleux Shaun of the dead et Hot fuzz. Après le film de zombies et le film policier, c'est avec ce World's end le film de science-fiction qui inspire le trio, pour une aventure débutant comme un film de potes avant de changer de cap.


C'est avec un infini bonheur que l'on retrouve les éléments caractéristiques et les détails des deux premiers films de la trilogie, avec cette réalisation et ce montage si caractéristiques (les pintes de bière qui se remplissent), ces dialogues millimétrés, cet humour si particulier (et même assez difficile à appréhender par moments si l'on ne maîtrise pas l'anglais, les sous-titres français peinant à retranscrire bon nombre de jeux de mots). On s'amuse et on rit beaucoup, avec des situations et des répliques qui font mouche à chaque fois et un vrai sens du rythme, le tout enrobé avec une formidable bande originale.

Et quand au beau milieu de tout ça, l'aspect science-fiction débarque sans crier gare, le film prend encore une autre dimension, part dans un délire encore plus fou en même temps que les héros enchainent les pintes. Inspiré des classiques de la SF, autant littéraires (John Wyndham, Nigel Kneale, John Christopher) que cinématographiques (L'Invasion des profanateurs de sépultures, Le Jour où la Terre s'arrêta...), Edgar Wright nous offre quelques affrontements dantesques où les robots-qui-ne-sont-pas-vraiment-des-robots se font démembrer dans des effusions de sang bleu par les acteurs fétiches du réalisateur : outre Pegg et Frost, on retrouve ainsi Martin Freeman (Le Hobbit : un voyage inattendu), Paddy Considine (Tyrannosaur) et quelques autres (Rafe Spall, Julia Deakin) dans de simple caméos.

Le seul bémol vient sans doute du fait que Wright ne semble pas savoir comment terminer son film, nous livrant quelques dernières minutes moins réussies, pour des scènes que l'on retrouve généralement en fin de générique. Reste qu'avec cet hommage hilarant à la science-fiction classique, doublé d'une belle réflexion sur la nostalgie, le conformisme et le rapport à l'alcool, Le Dernier pub avant la fin du monde est un des meilleurs films de cette année, et une nouvelle réussite pour un réalisateur au parcours sans faute jusqu'à maintenant.

Note : 9/10


mardi 24 septembre 2013

Les Petits princes


Titre : Les Petits princes
Réalisateur : Vianney Lebasque
Acteurs : Paul Bartel, Reda Kateb, Eddy Mitchell
Date de sortie en France : 26 juin 2013
Genre : drame

Synopsis : 
JB, jeune prodige de 16 ans, est le dernier à intégrer le centre de formation où évoluent les plus grands espoirs du ballon rond. Entre l'amitié, la compétition, les rivalités et son attirance pour Lila, une jeune fille passionnée de street art, JB va devoir se battre malgré le lourd secret qui pourrait l'empêcher d'atteindre son rêve. 

Avis : 
 Le football inspire les scénaristes et les réalisateurs ces derniers mois : après le lamentable Les Seigneurs et le sympathique mais inabouti Comme un lion, c'est cette fois Les Petits princes qui débarque, avec son jeune surdoué obligé de falsifier ses ordonnances médicales afin de réaliser son rêve : jouer au football au plus haut niveau.


Pourtant, ce thème du mensonge n'apparaît que comme le fil rouge de ce récit initiatique où la progression de JB sera confrontée à bien d'autres obstacles : les tensions se multiplient avec son père, agriculteur, et ses camarades, soudés entre eux et bien décidés à ne rien laisser passer au nouveau, petit blanc qui débarque de sa campagne. Humilié, trahi, abandonné, il devra se battre pour trouver sa place, et y parviendra grâce à un mentor interprété par l'excellent Reda Kateb (Un prophète).

Il faudra également mater la rebellion de l'adolescence, l'envie de rejoindre Lila plutôt que de se coucher bien sagement pour être en forme le lendemain : si le parcours de JB reste classique, l'ombre de sa maladie venant régulièrement contrebalancer ses réussites, Vianney Lebasque le met en images avec simplicité et efficacité, évitant les gros clichés avec un bel enthousiasme, le tout jusqu'à de très belles scènes de matchs, parfaitement claires et assez épiques.

Les Petits princes est donc une très bonne surprise, dans un exercice pourtant périlleux. Evitant de sombrer dans le larmoyant, il tire le maximum de son jeune interprète (Paul Bartel, étonnant de naturel) pour livrer une très belle histoire sur le dépassement de soi et le refus du destin.

Note : 7/10


  

Fanny


Titre : Fanny
Réalisateur : Daniel Auteuil
Acteurs : Daniel Auteuil, Victoire Belezy, Jean-Pierre Darroussin
Date de sortie en France : 10 juillet 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Fanny, amoureuse et abandonnée, apprend qu’elle attend un enfant de Marius. Elle se retrouve en position dramatique de mère-fille, incapable d’assurer son propre avenir et celui de son enfant. Elle accepte alors, avec l’approbation de sa mère et du grand-père de son enfant, César, de se marier avec un commerçant prospère du Vieux-Port, Honoré Panisse. 

Avis : 
Deuxième volet de la trilogie marseillaise selon Daniel Auteuil, Fanny est le cousin sombre de Marius : si ce dernier restait figé dans une constante légèreté, sa suite s'aventure davantage vers le drame, avec la situation de cette jeune fille abandonnée par son amant et enceinte. Un déshonneur pour Fanny et sa famille, qui n'a plus qu'une seule solution : accepter la demande en mariage de Panisse (excellent Jean-Pierre Darroussin) afin de donner un avenir et un honorabilité à la jeune fille et au bébé qu'elle attend.


Ce chapitre est donc centré sur la tristesse de Fanny, ayant perdu l'homme qu'elle aimait, subissant la pression sociale lui interdisant d'avoir un enfant avant d'être mariée, tiraillée entre l'espoir d'un retour de Marius et la prospérité que peut lui offrir Panisse. Une dimension dramatique que l'on retrouve parfaitement dans l'interprétation de Victoire Belezy, mais aussi dans celle de Daniel Auteuil, dévasté par le départ de son fils mais tentant de conserver sa dignité face à ses clients.

On en oublierait presque qu'on est à Marseille : si les scènes plus légères, comme la pétanque, sont l'occasion de voir le soleil, une très grande partie du film se déroule en intérieurs, parfois dans des pièces assez sombres, et même assez souvent la nuit. Le drame prend ainsi une portée plus universelle que le mélodrame ensoleillé qu'était Marius, épousant la maturité des thèmes développés dans le film.

Fanny constitue donc une très bonne suite à Marius : plus sombre, plus sérieux et donc finalement bien plus réussi, d'autant que les interprètes gagnent en sobriété, et que la réalisation de Daniel Auteuil gagne en élégance, comme avec ce travelling où la caméra s'élève de Marseille pour fixer le Malaisie au loin. Dommage de devoir attendre quelques mois pour voir la dernier volet de la trilogie, César, alors que les deux premiers volets sont sortis en même temps.

Note : 8/10


lundi 23 septembre 2013

Red 2


Titre : Red 2
Réalisateur : Dean Parisot
Acteurs : Bruce Willis, John Malkovich, Mary-Louise Parker
Date de sortie en France : 28 août 2013
Genre : action, comédie

Synopsis : 
Lorsque l’agent retraité de la CIA Franck Moses apprend la mort de son ancien collègue Marvin, il se rend à son enterrement avec sa compagne Sarah, sans se douter qu’il va au-devant de gros problèmes… Arrêté et interrogé par le FBI au sujet d’un mystérieux "Projet Nightshade", il ne doit son salut qu’à l’intervention de Marvin qui avait simulé sa mort. Ils se lancent alors dans une course poursuite à travers le monde pour découvrir le secret du "Projet Nightshade".

Avis : 
Les retraités les plus dangereux du cinéma sont de retour ! Après un premier épisode sympathique mais parfois bancal, Bruce Willis (Die hard : retour en enfer), John Malkovich, Mary-Louise Parker (Weeds) et Hellen Mirren (The Queen, Hitchcock) reviennent donc pour un mélange explosif d'action, d'espionnage et d'humour, rejoints pour l'occasion par Anthony Hopkins (Le Silence des agneaux, Hitchcock), Lee Byung-hun (JSA, J'ai rencontré le Diable) et Catherine Zeta-Jones (Traffic, Effets secondaires).


Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont tous très en forme, et que le mélange fonctionne à merveille : à l'image d'un James Bond ou d'un Mission : Impossible, on voyage un peu partout dans le monde, de Londres à Moscou en passant par Paris, et on enchaîne les missions. Et si Bruce Willis est toujours d'une efficacité redoutable, le duo Malkovich / Parker apporte une touche d'humour et de fraicheur salvatrice, cette dernière tentant d'incarner la femme fatale de l'équipe.

Les scènes d'action sont également rondement menées, et parviennent à faire oublier un scénario plutôt léger, très linéaire et sans grande surprise, où les méchants sont de toute façon destinés à perdre face aux gentils. Rien de bien gênant pour un film uniquement destiné à divertir, entre fusillades, cascades, répliques assassines et courses poursuites, qui à parfois singer de façon trop évidente certains modèles (la course poursuite dans Paris fait inévitablement penser à La Mémoire dans la peau).

Qu'importe, Red 2 est un agréable divertissement, plus réussi que le premier volet grâce à un mélange action / humour mieux équilibré et un rythme moins poussif.

Note : 7,5/10


dimanche 22 septembre 2013

Les Croods


Titre : Les Croods (The Croods)
Réalisateur : Chris Sanders, Kirk De Micco
Acteurs : Nicolas Cage, Emma Stone, Ryan Reynolds
Date de sortie en France : 10 avril 2013
Genre : animation, comédie

Synopsis : 
Lorsque la caverne où ils vivent depuis toujours est détruite et leur univers familier réduit en miettes, les Croods se retrouvent obligés d’entreprendre leur premier grand voyage en famille. Entre conflits générationnels et bouleversements sismiques, ils vont découvrir un nouveau monde fascinant, rempli de créatures fantastiques, et un futur au-delà de tout ce qu’ils avaient imaginé.
Les Croods prennent rapidement conscience que s’ils n’évoluent pas… ils appartiendront à l’Histoire.

Avis : 
 Produit par DreamWorks Animation, Les Croods est pour le moment le meilleur film d'animation que j'ai vu cette année. Un cran au-dessus du très réussi Moi, moche et méchant 2 et très loin du décevant Monstres Academy, le film de Chris Sanders (le magnifique Dragons) et Kirk De Micco (Les Chimpanzés de l'espace) est en effet un modèle d'efficacité, aussi drôle qu'intelligent, et peuplé de personnages bien définis qui emportent l'adhésion.


A commencer par Grug, le chef de famille surprotecteur, pour qui la curiosité mène inévitablement à une mort atroce, enfermant ses proches dans une grotte et sous des règles très strictes. Face à son autorité, un fils maladivement idiot et maladroit, une vieille belle-mère acariâtre, une épouse étonnamment moderne et surtout une fille téméraire et curieuse, qui rencontrera Guy, un jeune homme bien plus évolué, capable d'inventer des outils et de faire du feu, et qui entraînera les Croods dans une formidable aventure.

On rit beaucoup devant cette famille d'homme des cavernes confrontés à de nouveaux environnements, aux étranges connaissances de Guy, Sanders et De Micco multipliant les gentils anachronismes (Eep découvant la mode) pour des gags souvent justes. Mais on s'attache également à ces personnages, et notamment à Grug, qui cache sous ses airs de brute sans cervelle un caractère particulièrement touchant. Le film réserve également quelques scènes d'action très réussies, comme cette chasse ouvrant le film, et quelques plans magnifiques.

S'adressant à tous les publics, Les Croods est donc un excellent film d'animation, aussi drôle que touchant, et offrant en prime une jolie réflexion sur le progrès et l'évolution. Grug est un des personnages les plus réjouissants que l'on ait pu voir dans les films d'animation de ces dernières années, dominant de peu une galerie de personnages très attachante. Une vraie réussite.

Note : 8/10



samedi 21 septembre 2013

Jeune & jolie


Titre : Jeune & jolie
Réalisateur : François Ozon
Acteurs : Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot
Date de sortie en France : 21 août 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Durant l'été, Isabelle fête ses 17 ans en famille. Elle perd aussi sa virginité avec un jeune Allemand. A son retour à Paris, où elle retrouve le chemin du lycée, elle se livre volontairement à la prostitution...

Avis : 
On n'est pas sérieux quand on a 17 ans. Jeune et jolie, Isabelle a perdu sa virginité durant les vacances. Pas par amour, mais comme pour s'en débarrasser, avec un amant éphémère, comme un acte annonciateur de ce que sera sa vie sexuelle pendant quatre saisons, rythmées par les relations tarifées dans des hôtels luxueux, où elle devient Léa et prétend avoir vingt ans.


François Ozon, dans cette nouvelle chronique d'un adolescent désabusé après le troublant Dans la maison, ne nous livrera que quelques pistes quant aux raisons poussant la jeune femme à se livre à la prostitution : constamment en marge de sa famille recomposée, assez distante des préoccupations de ses camarades de classe, elle n'a pas besoin d'argent, ne semble pas spécialement aimer le sexe et n'est pas attirée par le risque qu'une de ses rencontres dégénère. Ozon laisse le mystère planer, et évite ainsi de juger son héroïne.

Une héroïne qui balance constamment entre l'innocence de son adolescence et la sensualité de la jeune femme fatale. Une double facette, soutenue par un jeu constant sur le reflet, qu'interprète à merveille la jeune Marine Vacth, capable au gré de ses tenues de gagner ou de perdre quelques années, capable également d'exprimer toute ses émotions d'un seul regard.

Ozon livre donc une nouvelle oeuvre troublante avec ce portrait d'une adolescente magnifique et mystérieuse, qui évolue comme dans un rêve, rythmé par les saisons et les chansons de François Hardy (L'Amour d'un garçon, A quoi ça sert, Première rencontre et Je suis moi), et dont elle semble se réveiller à la fin. Comme si cette dernière année n'avait été qu'une étape, qu'un début. On n'est pas sérieux quand on a 17 ans.

Note : 8/10



vendredi 20 septembre 2013

La Fille du 14 juillet


Titre : La Fille du 14 juillet
Réalisateur : Antonin Peretjatko
Acteurs : Vimala Pons, Grégoire Tachnakian, Vincent Macaigne
Date de sortie en France : 5 juin 2013
Genre : comédie

Synopsis : 
Hector qui a rencontré Truquette au Louvre le 14 juillet, n’a qu’une préoccupation : séduire cette fille qui l’obsède. Le meilleur moyen c’est encore de foncer l’emmener voir la mer et Pator ne saurait lui donner tort, surtout si elle est accompagnée de sa copine Charlotte…
Flanqués de l’inévitable Bertier, ils empruntent les petites routes de France dont les caisses sont vides. Car c’est la crise ! Il faut remettre la France au boulot et, en plein été, le gouvernement décide d’avancer la rentrée d’un mois.
Un chamboule-tout et quelques liasses de billets plus tard, le groupe se disloque à l’image d’une France coupée en deux, entre juillettistes et aoûtiens jaloux. Mais rouler en sens inverse du travail n’effraie pas le trio restant, bien décidé à retrouver La Fille du 14 juillet et à vivre un été débraillé. 

  
Avis : 
Prenez un ballon, et laissez-le tomber de plusieurs mètres : il rebondira, de moins en moins haut, et finira par rester au sol. Ce ballon, c'est La Fille du 14 juillet, comédie française que l'on jugerait sortie des années 80 de Max Pécas. Au menu : succession de saynètes réunies autour d'un fil rouge très mince, gentil érotisme et gags lourdingues reliés par l'absurde.


Alors même qu'il semble fondé sur l'idée de liberté, le film de Antonin Peretjatko va être l'exemple type de l'oeuvre qui s'enferme dans des réflexes de plus en plus automatique, uniquement guidé par la volonté de proposer des passages décalés, vidant peu à peu l'absurdité d'ensemble de toute substance, ne brassant au finalement plus que du vent.

Les gags s'enchaînent alors sans imagination, sans humour, et l'on finit par s'ennuyer. Les personnages secondaires, totalement ratés, agacent vite, et ne sont que rarement contrebalancés par la fraicheur de Vimala Pons, l'unique rayon de soleil de cette comédie estivale. Pour le reste, La Fille du 14 juillet est une comédie franchouillarde vraiment ratée, un hymne à la liberté qui sonne finalement comme le film le plus coincé qui soit, une oeuvre de juillet qui donne envie de voir l'automne arriver plus vite...

Note : 2/10



jeudi 19 septembre 2013

Le Château de l'araignée


Titre : Le Château de l'araignée (Kumonosu-jô)
Réalisateur : Akira Kurosawa
Acteurs : Toshirô Mifune, Chiaki Minoru, Isuzu Yamada
Date de sortie : 1957
Genre : drame

Synopsis : 
Alors qu'ils traversent une forêt après une bataille, les généraux Washizu et Miki rencontrent un esprit. Celui-ci prédit que Washizu deviendra seigneur du Château de l'araignée, mais que ce seront les descendants de Miki qui lui succéderont. Mise dans la confidence, la femme de Washizu va influencer son mari pour que la prophétie se réalise seulement à l'avantage de celui-ci.

Avis : 
 Avec Le Château de l'araignée, Akira Kurosawa adapte le Macbeth de Shakespeare, en transposant l'histoire dans le Japon du seizième siècle. Le film raconte donc comment le général Washizu, après la prophétie d'un esprit et sous l'influence de sa femme, va provoquer sa prise de pouvoir et sa propre chute, accomplissant les prédictions en tentant d'y échapper.


S'inspirant notamment du théâtre , Kurosawa met en scène ses personnages dans des décors souvent vides, insistant ainsi sur l'interprétation de ses acteurs : l'impassible Asaji (Isuzu Yamada), influençant tout en finesse les décision de son mari Washizu, interprété avec talent par le toujours formidable Toshirô Mifune, dans un registre bien plus expressif. On appréciera tout particulièrement le passage où Asaji parvient à convaincre Washizu d'assassiner son seigneur, et la disparition presque surnaturelle de cette dernière, comme animée d'une nouvelle force grâce à la décision de son mari.

Kurosawa nous réserve d'autres passages forts, comme la rencontre de l'esprit, dans une forêt impénétrable et baignée par la brume, ou ce final où Washizu rencontre finalement son destin. Il amplifie grâce à sa réalisation la portée de certaines séquences, soulignant subtilement la surprise des deux soldats lorsque, pour la première fois, la prémonition semble effectivement se réaliser.

Le Chateau de l'araignée est donc un excellent film de Kurosawa, mêlant parfaitement une intrigue occidentale à un univers typiquement japonais. Grâce à une réalisation discrète mais extrêmement précise, et à des acteurs formidables, il fait d'une histoire de destin assez simple un film épique et particulièrement machiavélique, les manipulations succédant aux trahisons et aux mensonges. Un must, évidemment.

Note : 9/10



mercredi 18 septembre 2013

The Dinosaur project


Titre :  The Dinosaur project
Réalisateur : Sid Bennett
Acteurs : Natasha Loring, Matt Kane, Richard Dillane
Date de sortie en France : ?
Genre : fantastique, aventures

Synopsis : 
Une équipe de tournage part au Congo et découvre que les dinosaures de plus de 65 millions d'années sont encore vivants. Suite à une attaque de reptiles volants, l'hélicoptère de l'équipe s'écrase à côté d'un village désert et tous les voyageurs se retrouvent coupés du reste du monde sans aucun moyen de communication... 

Avis : 
Après les fantômes, les sorcières, les monstres géants, les zombies et autres trolls, il fallait bien que la mode du found footage passe un jour par la case des dinosaures, avec la découverte d'un monde perdu par un groupe d'explorateurs partis sur les traces du Mokele-mbembe, cousin africain du célèbre Nessie. Là-bas, ils découvriront donc un écosystème d'un autre âge.


Il ne leur faudra d'ailleurs que quelques minutes pour rencontrer les premières créatures, puisque leur hélicoptère sera attaqué par des ptérosaures. On a alors un premier doute : comment a-t-on pu ne pas découvrir ses créatures alors qu'à la première occasion, elles s'en prennent à un appareil humain, en plein jour ? Ce ne sera d'ailleurs pas l'unique incohérence d'un film qui nous présentera quand même un monde perdu assez vaste, rempli de nombreuses créatures, à découvert au beau milieu de l'Afrique, à la portée du premier venu. 

En prenant le parti de nous dévoiler assez rapidement les reptiles préhistoriques, Sid Bennett choisit surtout d'épargner au spectateur toute frayeur et toute surprise. En fait, The Dinosaur project se révèle être un film d'aventures bien plus qu'un film d'horreur, et suit très clairement les pas des adaptations du Monde Perdu de Conan Doyle. On remarque également une idée issue directement du Jurassic Park de Michael Crichton avec une caméra accrochée au cou d'un dinosaure, qui aidera d'ailleurs les survivants.

N'attendez pas de violence non plus : les attaques se déroulent en dehors du champ de la caméra, ou sont très brèves. Le réalisateur préfèrera s'attarder sur les relations entre le héros et un lesothosaurus, ou sur les rapports entre le fils et son père. Ce qui amène un nouveau défaut : les personnages sont d'une rare inconsistance, leur unique trait de caractère un peu développé semblant même être la stupidité.

On se retrouve donc devant un film d'aventures pour grand public, les plus jeunes ayant même droit à leur petite mascotte avec le petit dinosaure apprivoisé. Et si on ne passe pas un mauvais moment et que l'on ne s'ennuie pas, Dinosaur project ne dépassera jamais le seuil du found footage de base, dont les effets spéciaux très inégaux seront à peine cachés par les caméras en mouvement. Un petit film d'aventures avec des dinosaures donc.

Note : 5/10


mardi 17 septembre 2013

Dark water


Titre : Dark water (Honogurai mizu no soko kara)
Réalisateur : Hideo Nakata
Acteurs : Hitomi Kuroki, Rio Kanno, Mirei Oguchi
Date de sortie en France : 26 février 2003
Genre : épouvante, drame

Synopsis : 
 Récemment divorcée, Yoshimi Matsubara décide d'emménager dans un nouvel appartement avec sa fille de 6 ans. Alors que son mari s'acharne à récupérer la garde de leur fille, Yoshimi perd progressivement pied dans un immeuble qui se révèle être insalubre mais qui devient surtout le théâtre d'événements étranges et effrayants.
A l'image de l'eau qui s'infiltre insidieusement partout, l'horreur s'installe inéluctablement dans le quotidien des deux héroïnes. Et la mort, sous les traits d'une petite fille en ciré jaune, semble chaque seconde un peu plus proche d'elles...

Avis : 
Après Ring et Ring 2, Hideo Nakata réalise en 2002 un nouveau film de fantômes : Dark water. Comme pour ses deux précédents succès, il adapte une nouvelle de Kôji Suzuki, L'eau flottante, et va ainsi mettre en scène une femme confronté au spectre d'une jeune fille aux cheveux sales. Et comme pour Ring, il va tenter de mêler épouvante et drame. Et comme pour Ring, il va livrer un film moyen.


Car s'il est un mélange de drame et d'épouvante, Dark water n'est convaincant ni dans l'un, ni dans l'autre. Le drame, amené avec une finesse toute pachydermique, nous fait donc suivre cette jeune femme récemment divorcée et qui lutte pour la garde de sa fille. Bon, évidemment, la pauvre femme est secouée par la situation, ce qui se traduit par une incapacité à régler un problème sans un homme, par une tendance à laisser sa fille disparaître et un goût douteux pour l'hystérie. Dark water serait une allégorie de la folie hallucinatoire qu'on ne verrait pas grande différence. La gamine serait sans doute bien mieux chez son père.

L'épouvante, quant à elle, n'existe que par le biais de la musique, dont on augmente progressivement le son pour faire peur au spectateur ! Un procédé qui a finalement pour effet d'agacer plus que d'effrayer, et va même désamorcer toute ambiance stressante, alors que certains passages, comme ces allers-retours sur le toit ou au dernier étage, ou cette trop courte visite de l'appartement inondé, avaient un potentiel formidable. Le comble est atteint par la révélation du visage du fantôme, d'un ridicule total.
 

Mélangez donc un drame banal et un film d'épouvante qui ne fait pas peur, et vous obtenez donc Dark water. Si la réalisation de Nakata reste soignée et ses actrices plutôt convaincantes (surtout la gamine, , le scénario pêche surtout par une facilité de tous les instants, n'oubliant jamais de souligner lourdement ce que le spectateur avait bien compris ou de multiplier les ficelles. Je préfère largement retourner voir Kaïro ou Shutter !
 

Note : 3,5/10


Survivre


Titre : Survivre (Djúpið)
Réalisateur : Baltasar Kormákur
Acteurs : Ólafur Darri Ólafsson, Jóhann G. Jóhannsson, Þorbjörg Helga Þorgilsdóttir 
Date de sortie en France : 24 avril 2013
Genre : drame, catastrophe

Synopsis : 
Hiver 1984, un chalutier sombre au large des cotes islandaises. Les membres de l’équipage périssent tous en quelques minutes. Tous sauf un.
Dans l'eau glaciale, cette force de la nature parvient, au terme d'une nage héroïque de plus de 6 heures, à regagner la terre. Face à l’incrédulité générale devant son impensable exploit, la vie de cet homme d'apparence ordinaire est alors bouleversée…

Avis : 
 Survivre s'inspire de l'histoire vraie de Guðlaugur Friðþórsson, un marin islandais qui, après le naufrage de son chalutier en pleine mer, avait réussi à regagner la terre à la nage après 6 heures passées dans une eau à 5 degrés. Un exploit qui avait laissé les scientifiques dans le scepticisme le plus profond et fait du marin un héros national.
 
 Tourné en partie dans l'océan Atlantique, afin de donner une plus grande authenticité à la scène du naufrage puis au long périple de son héros, Survivre évoque d'abord la difficulté du quotidien de ces marins, soumis aux dangers de la mer et du froid. Une introduction à une formidable scène de naufrage, spectaculaire et terrible, et dont Gulli sera donc l'unique survivant. Suivra alors son long périple à la nage, qui prendra le contre-pied parfait d'un Seul au monde, par exemple, en refusant tout spectaculaire, insistant au contraire sur la monotonie du voyage, qui sera l'occasion pour le marin de se remémorer son passé.


Il faut bien avouer que ce parti pris est assez risqué, puisqu'on n'aura pendant une bonne partie du film que cet homme seul, nageant dans une mer sans fin et interpelant les mouettes. Pourtant cela fonctionne parfaitement, et on est soulagé quand, enfin, il s'approche de l'île. Dans un autre passage terrible, on le voit échouer au pied d'une falaise, incapable de trouver un chemin vers l'intérieur de l'île et frappé par de violentes vagues. Et lorsqu'il peut enfin marcher, c'est sur des roches coupantes qui lui écorcheront les pieds.

La seconde partie sera moins passionnante : on voit cet homme ordinaire placé en pleine lumière, les médias et les scientifiques s'intéressant à son exploit. Ces passages seront même rendus un peu inutiles par la diffusion, pendant le générique de fin, d'images d'époques montrant le véritable Guðlaugur Friðþórsson dans les mêmes situations reconstituées dans le film.

Survivre laisse donc un peu circonspect, avec une impression de demi-réussite, à cause de cette deuxième partie moins inspirée. Mais il reste passionnant grâce à une première partie très réussie nous plaçant au plus près de la catastrophe et de l'exploit de ce marin. De longues minutes d'intempéries, où seule la nature se fait entendre, et un retour interminable vers la civilisation porté par la prestation intense de Ólafur Darri Ólafsson, seul à l'écran pendant la majorité du film. 

Note : 6,5/10



lundi 16 septembre 2013

Jappeloup


Titre : Jappeloup
Réalisateur : Christian Duguay
Acteurs : Guillaume Canet, Marina Hands, Daniel Auteuil
Date de sortie en France : 13 mars 2013
Genre : drame, sportif, biopic

Synopsis : 
Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup. Trop petit, trop caractériel, trop imprévisible, il a de nombreux défauts mais une détente et des aptitudes remarquables. De compétition en compétition, le duo progresse et s’impose dans le monde de l’équitation. Mais les JO de Los Angeles sont un terrible échec et Pierre prend alors conscience de ses faiblesses. Avec l’aide de Nadia, sa femme, et de Raphaëlle, la groom du cheval, Pierre va regagner la confiance de Jappeloup et construire une relation qui va les mener aux JO de Séoul en 1988.

Avis : 
Inspiré de la véritable histoire de Jappeloup de Luze et de son cavalier Pierre Durand, Jappeloup est l'exemple typique du film qui, s'il est impeccable sur la forme, ne dégage absolument rien. Peut-être parce que l'équitation ne me fait rien ressentir du tout. Peut-être surtout parce que le film est cousu de fil blanc, aussi prévisible que peut l'être n'importe quel film basé sur le sport.
 

Oh, on me dira sans doute que "c'est tiré d'une histoire vraie", et je dois bien avouer que l'histoire réelle de Jappeloup de Suze est effectivement extraordinaire. Seulement je ne suis pas venu voir un documentaire alignant mollement les poncifs : je suis venu voir un film, avec ce que cela peut impliquer de travail sur l'histoire. Car hélas, on ne sera jamais surpris, et donc jamais véritablement émerveillé ou déçu par les succès ou les échecs du cheval et de son cavalier - que l'on pourra même trouver particulièrement antipathique. En fait, on finit même par s'en foutre royalement.

Jappeloup en devient ainsi très vite une belle coquille vide, dont l'aspect épique tombe immanquablement à plat, dont la relation entre l'homme et l'animal n'entraîne qu'un ennui poli, et dont l'éternel thème du dépassement de soi et de la ténacité n'est que la cerise sur un gâteau particulièrement indigeste de banalités.

Très loin d'être un mauvais film, Jappeloup est hélas aussi rapidement (enfin, il dure plus de 2heures quand même, ce qui n'est pas un détail) vu qu'oublié. La faute à un aspect terriblement fade et convenu, ne parvenant jamais à reconstituer en matière filmique la puissance de l'histoire dont il s'inspire...

Note : 3,5/10




samedi 14 septembre 2013

Mud - sur les rives du Mississippi


Titre : Mud - Sur les rives du Mississippi (Mud)
Réalisateur : Jeff Nichols
Acteurs : Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Reese Witherspoon
Date de sortie en France : 1er mai 2013
Genre : drame, aventures

Synopsis : 
Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l’Arkansas ? 

Avis : 
  Auréolé d'une excellente réputation, le nouveau film de Jeff Take Shelter Nichols nous emmène sur les bords du Mississippi, à la rencontre de Mud, personnage étrange vivant dans un bateau échoué dans les arbres lors de la dernière crue. Après avoir rencontré les jeunes Ellis et Neckbone, il devient rapidement leur ami, tandis que les deux jeunes garçons se sentent proche de cet homme attentionné, d'autant plus sympathique pour Ellis que ses propres parents menacent de se séparer. Les deux garçons vont ainsi apporter leur aide à Mud pour qu'il puisse s'enfuir de la région et retrouver Juniper, la femme dont il est amoureux.


Mud emprunte ainsi largement aux récits de Mark Twain (Tom Sawyer, Huckleberry Finn), et va confronter les deux jeunes garçons à la réalité de la vie, à leurs premières vraies désillusions, leur ingénuité se retrouvant confrontée à la violence, au mensonge et au fait que les adultes n'hésitent pas à profiter de leur naïveté. Un parcours initiatique auquel Nichols donnera une étonnante puissance, l'intensité du récit reposant largement sur la personnalité du trio et sur l'interprétation des acteurs (Matthew McConaughey entame décidément une brillante seconde partie de carrière ) et permettant de se plonger totalement dans un film pourtant assez lent. 

Jeff Nichols profite par ailleurs des paysages grandioses pour renforcer cette immersion, nous plongeant dans un décor mêlant maisons flottantes et bayou, où l'on se déplace principalement en bateau sur un Mississippi dissimulant autant de trésors (Michael Shannon, dans un étonnant second rôle, y récupère des perles et un ventilateur en parfait été de marche !) que de dangers. Un décor propice aux superstitions, ou une simple chemise devient une armure invincible et où même la mort semble pouvoir être déjouée. 

Finalement, à l'exception peut-être d'une scène d'action un peu futile, venant insister une dernière fois sur les éléments jusqu'alors distillés au compte-gouttes, Mud est une réussite totale, un récit dont le classicisme est finalement réjouissant, nous entraînant dans le sillage de Mud, Ellis et Neckbone dans une histoire d'une étonnante intensité. Bien que moins abouti que Take Shelter, Mud - sur les rives du Mississippi prouve définitivement que Jeff Nichols est un réalisateur à suivre de très près !

Note : 8,5/10

 

vendredi 13 septembre 2013

Aya de Yopougon


Titre : Aya de Yopougon
Réalisateur : Marguerite Abouet, Clément Oubrerie
Acteurs : Aïssa Maïga, Tella Kpomahou, Jacky Ido
Date de sortie en France : 17 juillet 2013
Genre : animation, comédie

Synopsis : 
Fin des années 1970, en Côte d’Ivoire à Yopougon, quartier populaire d’Abidjan. C’est là que vit Aya, 19 ans, une jeune fille sérieuse qui préfère rester étudier à la maison plutôt que de sortir avec ses copines. Aya partage ses journées entre l’école, la famille et ses deux meilleures amies : Adjoua et Bintou, qui ne pensent qu’à aller gazer en douce à la nuit tombée dans les maquis. Les choses se gâtent lorsque qu’Adjoua se retrouve enceinte par mégarde. Que faire ?

Avis : 
 Aya de Yopougon est à l'origine une bande-dessinée en 6 volumes écrite par Marguerite Abouet et illustrée par Clément Oubrerie relatant les aventures d'Aya, jeune femme de 19 ans, dans un quartier d'Abidjan de la fin des années 70. Le duo d'auteurs va d'ailleurs se charger lui-même de l'adaptation de la BD au cinéma.


On se retrouve ainsi devant une gentille petite comédie dépaysante : on s'amuse des préoccupations si différentes, mais par bien des aspects si proches, de ces jeunes ivoiriens de 1978, on se réjouit des expressions toujours très imagées, on sourit face à ces personnages hauts en couleurs, des copines uniquement motivées par la recherche d'un petit ami aux dragueurs un peu lourds. 

Le film aborde également quelques thèmes plus sérieux, comme ceux de l'adultère, de la toute puissance d'un patron richissime ou de l'importance des origines et du paraître. Tout cela reste traité de façon assez légère, empêchant Aya de Yopougon de dépasser le statut du simple divertissement. Cela donne un aspect assez étrange, puisque la maturité des thèmes développés dans le film, sans doute plus orienté pour un public adulte que pour des enfants, ne reste qu'en surface.

Aya de Yopougon est donc une sympathique comédie dramatique, qui propage une bonne humeur de tous les instants. Mais à l'image de la simplicité de ses dessins, le film ne cherche jamais à creuser des sujets pourtant matures, ne jouant finalement que la carte de l'ambiance colorée et sucrée. Cela n'enlève pas grand chose au plaisir que l'on ressent en le regardant, mais risque fort de faire sombrer assez rapidement le film dans l'oubli...

Note : 7/10

 

mercredi 11 septembre 2013

Perfect mothers


Titre : Perfect mothers (Adore)
Réalisatrice : Anne Fontaine
Acteurs : Naomi Watts, Robin Wright, Xavier Samuel
Date de sortie en France : 3 avril 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Inséparables depuis le premier âge, Lil et Roz vivent en parfaite osmose avec leurs deux enfants, deux jeunes garçons à la grâce singulière et qui semblent des prolongements d’elles-mêmes. Les maris sont absents. Inexplicablement, et pourtant comme à l’évidence, chaque femme se rapproche du fils de l’autre, nouant avec lui une relation passionnelle.

Avis : 
Il est assez difficile de comprendre où Anne Fontaine a voulu en venir avec ce film. Reprenant le thème très à la mode de la couguar, elle va ici le mêler à quelque chose de plus malsain, avec des relations proches de l'inceste, mais sans jamais prendre position ni même sembler consciente des sujets présents dans son film.


Dans Perfect mothers, nous avons donc deux femmes qui sont amies depuis leur enfance, et dont les fils sont unis comme des frères. Mais que voulez-vous : comme ils sont bien foutus et trop cool sur leurs planches de surf, les femmes décident de céder à leurs avances, la beauté semblant dans le film légitimer l'inceste. D'ailleurs, si les deux jeunes adultes sont des apollons, les deux femmes ne sont pas en reste, Naomi Watts et Robin Wright étant évidemment magnifiques.

Les personnages eux-même semblent se contrefoutre de la situation, chacun s'envoyant en l'air au vu et au su de l'autre. Le doute des aînées se limitera à "faudra arrêter quand même", quelques minutes avant de céder sans résistance devant cet étalage de chair fraiche. Les jeunes, quant à eux, ne parleront jamais de cette double-relation étrange, se contentant de se battre sans qu'on sache pourquoi, avant de redevenir les deux meilleurs amis du monde. En fait, la grande majorité des dialogues des deux acteurs se limitent  à "moi vouloir baiser toi".

Perfect mothers est ainsi d'une incroyable idiotie, Anne Fontaine se contentant de suivre des ficelles scénaristiques énormes pour faire progresser son histoire. Il se dégage en plus du film un aspect assez malsain, entre cette obsession pour la beauté physique, cette absence totale de réflexion sur l'inceste et l'adultère, ou même ces passages aux limites de l'homophobie.

Note : 1,5/10


mardi 10 septembre 2013

Insaisissables


Titre : Insaisissables (Now you see me)
Réalisateur : Louis Leterrier
Acteurs : Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Mark Ruffalo
Date de sortie en France : 31 juillet 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
« Les Quatre Cavaliers », un groupe de brillants magiciens et illusionnistes, viennent de donner deux spectacles de magie époustouflants : le premier en braquant une banque sur un autre continent, le deuxième en transférant la fortune d’un banquier véreux sur les comptes en banque du public. Deux agents spéciaux du FBI et d’Interpol sont déterminés à les arrêter avant qu’ils ne mettent à exécution leur promesse de réaliser des braquages encore plus audacieux. Ils font appel à Thaddeus, spécialiste reconnu pour expliquer les tours de magie les plus sophistiqués. Alors que la pression s’intensifie, et que le monde entier attend le spectaculaire tour final des Cavaliers, la course contre la montre commence.

Avis : 
J'avoue pour le moment avoir détesté la plupart des films du réalisateur français Louis Leterrier, des films d'action soit mauvais (le remake de Le Choc des Titans), soit à la limite du nauséabond (Danny the dog, Le Transporteur). Aussi, à l'annonce de son nouveau film, j'avoue avoir été complètement indifférent...jusqu'à lire le synopsis, prometteur, et voir les noms de Jesse Eisenberg (Social network), Woody Harrelson (Tueurs nés, Bienvenue à Zombieland), Morgan Freeman (Seven, Invictus), Michael Caine (Pulsions, The Dark Knight rises), Mélanie Laurent (Inglourious basterds) ou encore Mark Ruffalo (Avengers) à l'affiche.


Bien m'en a pris : Insaisissables se révèle être un excellent divertissement, certes pas exempt de défaut mais très agréable à suivre. Les spectacles magicaux sont ainsi des passages très forts, où la caméra virevolte dans tous les sens, apportant un aspect épique à des passages pourtant relativement calmes, et insistant sur le spectaculaire des numéros. On s'amuse ainsi follement durant ces passages, cherchant à voir le détail permettant de résoudre le tour.

On regrettera d'ailleurs que les secrets entourant le premier exploit du groupe soit rapidement éventés, pour les besoins d'une enquête un peu moins intéressante. Le duo, très classique Ruffalo / Laurent ne fonctionne qu'à moitié, et l'on attend en fait impatiemment la prochaine démonstration des 4 horsemen. Autre défaut : cette tendance à la révélation qui tue en fin de film, où les personnages semblent se livrer à une surenchère d'aveux pas toujours crédibles.

Insaisissables est donc une vraie réussite lorsqu'il s'intéresse aux tours de magie, pour des scènes à couper le souffle, grâce à un visuel particulièrement travaillé. L'aspect policier peine en revanche à convaincre, handicapé par un duo bien trop banal et effacé, très loin du charisme du quatuor qu'ils poursuivent. Le meilleur de Leterrier, et de très loin...

Note : 7/10


lundi 9 septembre 2013

Dead man talking


Titre : Dead man talking
Réalisateur : Patrick Ridremont
Acteurs : Patrick Ridremont, François Berléand, Virginie Efira
Date de sortie en France : 27 mars 2013
Genre : drame

Synopsis : 
20 h. Une prison quelque part. William Lamers est condamné à mort. La loi ne précisant pas la longueur de sa dernière déclaration, il va profiter de ce vide juridique pour dérouler le fil de sa vie afin d’échapper à la sentence. Son exécution qui ne devait être qu’une formalité va alors devenir le plus incroyable des enjeux politique et médiatique. 

Avis : 
 Pour son premier film en tant que réalisateur, Patrick Ridremont nous offre avec Dead man talking un film qui sort vraiment de l'ordinaire. Mettant en images un condamné à mort qui, dans un pays non identifié, parvient à repousser l'heure, puis la date de son exécution, le réalisateur belge nous propose une oeuvre aussi frontale que profonde, maniant avec bonheur l'art de l'humour noir et celui du suspense.


Car ce condamné, trop bavard aux yeux d'un François Berléand à nouveau formidable, va rapidement attirer l'attention de la presse, puis du public, et enfin de monde politique en pleine préparation des prochaines élections. Ce qui n'était qu'un moyen de retarder l'échéance devient peu à peu un show et l'enjeu des stratégies des candidates aux élections : le dernier espace de liberté de cet homme déjà mort s'écroule, jeté en pâture à un public avide et des politiciens sans scrupules.

Le film aborde ainsi de nombreux thèmes, de la légitimité de la peine de mort au voyeurisme encouragé par les médias, des magouilles politiques à l'enfance, en passant par celui de l'identité. S'il n'évite pas toujours la caricature (le gouverneur est un modèle de ridicule et de bêtise), et s'il faiblit un peu en cours de route, Dead man talking se découvre peu à peu, passant d'une comédie délicieusement cynique, aux situations parfois hilarantes, au drame très pesant.

Totalement porté par le duo Ridremont / Berléand, Dead man talking est une excellente surprise : drôle et touchant, et surtout étonnamment intelligent, il ne pêche finalement que par un trait parfois trop appuyé. Oeuvre à part dans le paysage cinématographique, association improbable entre Les 1001 nuits et Jésus Christ, la première réalisation de Patrick Ridremont est une vraie réussite,

Note : 8/10