dimanche 30 juin 2013

Moi, moche et méchant


Titre : Moi, moche et méchant (Despicable me)
Réalisateur : Chris Renaud, Pierre Coffin
Acteurs : Steve Carell, Jason Segel, Russell Brand 
Date de sortie en France : 6 octobre 2010
Genre : animation, comédie

Synopsis : 
Dans un charmant quartier résidentiel délimité par des clôtures de bois blanc et orné de rosiers fleurissants se dresse une bâtisse noire entourée d’une pelouse en friche. Cette façade sinistre cache un secret : Gru, un méchant vilain, entouré d’une myriade de sous-fifres et armé jusqu’aux dents, qui, à l’insu du voisinage, complote le plus gros casse de tous les temps : voler la lune (Oui, la lune !)...

Avis : 
Enorme succès de l'année 2010, Moi, moche et méchant (on ne remerciera jamais assez les responsables de ce titre français à côté de la plaque...) nous invite à suivre le quotidien d'un...méchant très méchant : Gru. Un personnage qui aime répandre le mal autour de lui, quitte à offrir un ballon à un enfant pour le crever juste après, et un voleur ambitieux. Confronté à un nouvel adversaire dans la hiérarchie des super-méchants, le jeune Vector, Gru décide de frapper fort et de dérober la Lune, mais doit pour cela récupérer le Pistoréducteur qui peut tout miniaturiser.


Il faut bien l'avouer, ce Gru n'est pas le personnage le plus réussi des films d'animation américains récents. A vrai dire, il est même plutôt ennuyeux, et sa maladresse chronique finit par agacer assez rapidement. Un anti-héros sans relief, dont l'adversaire, le jeune Vector, sera d'ailleurs tout aussi fade. Heureusement, les personnages secondaires seront autrement plus réjouissant, du trio de fillettes à l'armée de Minions, véritables héros du film, dans un registre équivalent à celui de Scrat dans L'Âge de glace.

L'histoire ne réservera pas beaucoup de surprise, les scènes amusantes amenant sur quelques passages émotion, pour une progression entièrement balisée. Au contact des trois gamines, qu'il utilise d'abord comme leurre façon à Vector, Gru s'adoucit, et devient de plus en plus gentil, et finira par triompher de son rival assez aisément. Et si le film pastichera gentiment les films d'espionnage, il n'aura finalement pas grand chose d'extraordinaire à offrir.

Moi, moche et méchant est finalement un film agréable et divertissant, mais n'atteint à aucun moment la cheville des meilleurs films d'animation américains de ces dix dernières années, la faute à un scénario plutôt léger et un héros sans grande envergure. Restent néanmoins les Minions, cousins éloignés des Lapins Crétins, dont la moindre apparition est un régal et qui constituent finalement l'intérêt principal du film.

Note : 6/10


samedi 29 juin 2013

Alata


Titre : Alata (Out in the dark)
Réalisateur : Michael Mayer
Acteurs : Nicholas Jacob, Michael Aloni, Jamil Khoury
Date de sortie en France : 22 mai 2013
Genre : drame, romance

Synopsis : 
Nimer, un étudiant palestinien réfugié clandestinement à Tel-Aviv, rêve d’une vie meilleure à l’étranger. Une nuit, il rencontre Roy, un jeune avocat israélien. Ils s’éprennent l’un de l’autre. Au fil de leur relation, Nimer est confronté aux réalités cruelles de la communauté palestinienne – qui rejette son identité – et de la société israélienne – qui ne reconnaît pas sa nationalité. Sur fond de lutte familiale, politique et sociale, Nimer doit choisir entre son désir d’ailleurs et son amour pour Roy. 

Avis : 
Alata ("obscurité" en hébreux) est donc l'histoire d'un jeune palestinien homosexuel, dont le frère Nabil est un activiste violent et homophobe, cachant des armes de guerre dans son garage et se chargeant de ceux qu'il considère comme des traitres. Déjà rejeté par une partie des siens parce qu'il étudie une fois par semaine chez l'ennemi, à Tel-Aviv, Nimer va en plus tomber amoureux d'un avocat israélien, et vivre dès lors sous la surveillance du Shin Bet, qui exige des renseignements sur Nabil en le menaçant de révéler son homosexualité, et de le faire passer pour un traitre, auprès de ses proches...


Le film mêle donc deux sujets sensibles, l'homophobie et la crise israélo-palestinienne, un peu comme La Parade le faisait avec les conflits entre ethnies de l'ex-Yougoslavie. Nimer est ainsi confronté au rejet des siens pour deux raisons : sa sexualité (qui "souille" sa famille"), et le fait qu'il étudie à Israël. Mais il est également soumis à la suspicion des israéliens en raison des activités de son frère, mais aussi de sa liaison avec un avocat du pays, la famille de ce dernier se demandant si cette union n'est pas uniquement destinée à obtenir des informations. Un sujet de base très fort donc, mais qui ne débouchera malheureusement que sur un film très moyen.

Car Alata va multiplier les ficelles scénaristiques, et va ainsi étouffer très vite la puissance de son propos. La relation entre Nimer et Roy est ainsi cousue de fil blanc, de même que les divers malheurs arrivant au jeune palestinien. On n'y croit pas une seconde tant le trait est forcé, malgré un acteur (Nicholas Jacob) vraiment attachant. Pire encore, le film de Michael Mayer donne l'impression d'enfiler les clichés comme des perles, de l'éternel homosexuel rondouillard et exubérant au dîner chez les parents du fiancé. Seule la violence des réactions de la famille palestinienne, contenant en substance toute la haine et l'intolérance de l'entourage du jeune homme, sortira du lot.

Dommage donc qu'à vouloir trop romancer son histoire, Alata sacrifie la puissance potentielle de son synopsis sur l'autel de gros clichés assez insupportables. Ni la perte d'identité de Nimer, ni l'homophobie, ni le racisme ne sont ainsi réellement traités, donnant à ce film un aspect terriblement frustrant...

Note : 3,5/10


 

vendredi 28 juin 2013

Iron sky


Titre : Iron sky
Réalisateur : Timo Vuorensola
Acteurs : Julia Dietze, Götz Otto, Christopher Kirby
Date de sortie en France : 18 février 2013 (DVD)
Genre : science-fiction, comédie

Synopsis : 
Depuis 70 ans, ils nous observent. Dans l’ombre de la face cachée de la lune, les Nazis se préparent à l’attaque finale. En 2018, le mal absolu renaît... cette fois-ci, la guerre contre l’envahisseur sera totale. 

Avis : 
Des Nazis cachés sur la Lune depuis la Seconde Guerre Mondiale ? Voilà une idée de base qui a le mérite d'attirer l'attention. Une attention que le film a désespérément recherchée, les très nombreuses publicités, sur de nombreux supports, accompagnant sa sortie en février 2013, directement en DVD et Blu-Ray. Une attention qui peut se révéler à double tranchant, beaucoup de films récents ayant déjà tenté de tout miser sur un synopsis et / ou un titre accrocheur, dans la lignée de la vague grindhouse relancée par Tarantino et Rodriguez.


De fait, Iron sky va être l'exemple parfait du film qui ne sait pas trop quoi faire de son concept : entre science-fiction pure et dure, satire politique ou parodie à l'humour grotesque, il ne choisira jamais et tentera même de lier tous ces aspects, ne faisant que trop rarement mouche. Dommage, car les premières minutes sont plutôt prometteuses, en dehors d'acteurs en roue libre parmi lesquels on retrouve Udo Kier, avec un certain cynisme tournant en dérision le lavage de cerveau de ces nouveaux Nazis.

On retrouvera cet aspect satirique dans le détournement de la géopolitique actuelle ou le parallèle entre le capitalisme américain et le nazisme, avec la présidente (très proche physiquement de Sarah Palin) prête à tout pour être réélue, quitte à causer une nouvelle guerre mondiale ou reprendre les arguments du 4ème Reich. Ces éléments intéressants resteront néanmoins marginaux par rapport à l'humour plus lourd, et finiront par se perdre au sein d'un scénario très poussif, dont les multiples enjeux sans grand intérêt (le Noir qui devient Blanc, la lutte pour être le Führer, l'insupportable bras droit de la présidente, l'histoire d'amour naissante...) finissent par agacer.

Doté d'effets spéciaux très réussis, et bénéficiant de scènes de combats spatiaux spectaculaires, Iron sky ne parvient néanmoins pas à dépasser la gentille folie de son concept, et finit par s'y perdre en hésitant entre une approche sérieuse et un aspect délirant qui finit par l'emporter, mais sans atteindre le spectateur. On finit donc par s'ennuyer en attendant le final, explosif, mais qui intervient malheureusement beaucoup trop tard...

Note : 3,5/10



jeudi 27 juin 2013

The Bling Ring


Titre : The Bling Ring
Réalisatrice : Sofia Coppola
Acteurs : Israel Broussard, Emma Watson, Taissa Farmiga
Date de sortie en France : 12 juin 2013
Genre : drame

Synopsis : 
À Los Angeles, un groupe d’adolescents fascinés par le people et l’univers des marques traque via Internet l’agenda des célébrités pour cambrioler leurs résidences. Ils subtiliseront pour plus de 3 millions de dollars d’objets de luxe : bijoux, vêtements, chaussures, etc. Parmi leurs victimes, on trouve Paris Hilton, Orlando Bloom et Rachel Bilson. Les médias ont surnommé ce gang, le "Bling Ring". 

Avis : 
Inspiré d'une histoire vraie qui avait fait les gros titres aux Etats-Unis, The Bling Ring est le cinquième long-métrage de Sofia Coppola. Après les soeurs perdues de Virgin suicides, sa jeune Marie-Antoinette soumise à la vie stricte de la cour et la gamine de star de Somewhere, elle se penche une nouvelle fois sur un exemple de jeunesse désabusée avec ces adolescents, issus de familles aisées mais fascinés par la vie des stars et par la célébrité.


Bref, des adolescents développant une passion illimitée pour la vacuité, ayant pour seules passions la mode et les sorties dans les boîtes huppées de la région. Une obsession qui les amènera à visiter illégalement les résidence des "stars" de Los Angeles, et à s'approprier leurs vêtements, leurs bijoux, leurs accessoires afin d'expérimenter eux-mêmes le train de vie de leurs idoles. Une idée de départ forcément séduisante, mais que Sofia Coppola ne parviendra jamais à exploiter.

Pendant une heure, le film est ainsi horriblement répétitif, s'accaparant la vacuité de ces existence pour le retranscrire en monotonie à l'écran. Le groupe profite de l'absence d'une star pour s'introduire dans sa maison, dérobe quelques objets, fête son audace, et puis remet ça. Des passages d'autant plus redondants qu'ils sont tous filmés de la même façon, voient les personnages répéter ad nauseam les mêmes phrases, le tout sans aucune intensité ni aucun rebondissement. Et même quand, enfin, le film s'emballe un peu avec les premiers problèmes du groupe, cela peine à passionner.

Finalement, seule Emma Watson, qui vole la vedette à tous ses camarades à chaque fois qu'elle apparaît à l'écran, s'en sort avec les honneurs, parfaite dans ce rôle de rich bitch. Sofia Coppola ne s'y trompe d'ailleurs pas et lui offre les monologues permettant de mieux appréhender les actions du groupe, pointant du doigt leur manque total de culpabilité et leur volonté de reconnaissance. La jeune actrice, déjà excellente dans Le monde de Charlie, est certainement l'unique raison pour voir The Bling Ring, unique élément à briller au sein de cette coquille vide...

Note : 3/10





mercredi 26 juin 2013

Room 237


Titre : Room 237
Réalisateur : Rodney Ascher
Acteurs : Jay Weidner, Buffy Visick, Scatman Crothers
Date de sortie en France : 19 juin 2013
Genre : documentaire

Synopsis : 
En 1980, Stanley Kubrick signe Shining, qui deviendra un classique du cinéma d'horreur. A la fois admiré et vilipendé, le film est considéré comme une oeuvre marquante du genre par de nombreux experts, tandis que d'autres estiment qu'il est le résultat du travail bâclé d'un cinéaste de légende se fourvoyant totalement. Entre ces deux extrêmes, on trouve cependant les théories du complot de fans acharnés du film, convaincus d'avoir décrypté les messages secrets de Shining.
ROOM 237 mêle les faits et la fiction à travers les interviews des fans et des experts qui adhèrent à ce type de théories, et propose sa relecture du film grâce à un montage très personnel. ROOM 237 ne parle pas seulement de fans d'un film mythique – il évoque les intentions de départ du réalisateur, l'analyse et la critique du film.  


Avis : 
Les films de Stanley Kubrick ont toujours été l'occasion de débats passionnés entre les fans, ses films offrant d'innombrables mystères laissant la porte ouverte à autant d'interprétations qu'il y a de spectateurs. Aussi, s'il semble bien plus abordable que 2001, l'odyssée de l'espace, Shining continue d'alimenter l'imagination des passionnés les plus extrêmes, scrutant le moindre plan, le moindre élément du décor, s'amusant à interpréter chaque photo accrochée au mur, chaque tenue, jusqu'à parfois nous offrir quelques théories particulièrement farfelues.


C'est sur ce fanatisme que s'attarde ce Room 237. En effet, il ne s'agit pas d'un documentaire sur Kubrick ou sur la fabrication de son Shining : nous n'apprendrons ainsi quasiment rien sur la forme du film, ni sur l'équipe, et nous ne verrons le réalisateur au travail que quelques secondes. Non, Room 237 s'intéresse au fond, à cette façon qu'a l'amateur de transposer sa propre sensibilité sur le film, de se l'approprier et ainsi de lui accoler sa propre vision des choses, faisant ainsi sien le moindre élément pour le raccrocher, parfois au mépris de tout recul, à son interprétation. 

Rodney Ascher nous fait ainsi écouter plusieurs intervenants, qui décortiquent quelques scènes connues (les tours de tricycle de Danny, le labyrinthe) et quelques éléments moins spectaculaires (la première visite de l'Overlook), pointant du doigt le sens du détail de Kubrick, décryptant les fausses erreurs du réalisateur et extrapolant sur des éléments du décor invisibles à ceux qui ne partagent pas leur interprétation. Seulement, si certaines démonstrations sont passionnantes (le chapitre sur les deux projections en transparence de Shining, l'une à l'endroit et l'autre à l'envers, est étonnant, tout comme les différentes analyses de la géographie de l'hôtel), la plupart semblent tirées par les cheveux, voire ridicules, nous annonçant par exemple que, comme il y a une machine à écrire allemande et le nombre 42, le film évoque l'Holocauste, ou que le fait qu'on puisse faire le mot MOON avec les lettres de ROOM N°237 ou le motif d'une fusée sur un pull prouve le fait que Kubrick ait réalisé le faux film de l'alunissage d'Apollo 11 pour Hollywood !

Dick Hallorann regarde tranquillement Shining à la télé...

La forme de ce documentaire n'est pas plus convaincante : utilisant en permanence des images de films pour illustrer les propos des intervenants (que nous ne verrons jamais), Room 237 pioche évidemment dans les autres films de Kubrick, mais aussi dans d'autres oeuvres (Faust, une légende allemande, La Liste de Schindler, Fellini Satyricon), quitte à être d'un gout très douteux (passer très régulièrement les mêmes images du naveton italien Démons de Lamberto Bava, on est même au-delà de la faute de gout). 

En fait, le problème principal de ce Room 237, s'il n'est pas sans qualités, est de ne rien proposer de nouveau. A l'heure d'internet, on peut facilement retrouver ces théories, et bien d'autres, également développées par des intervenants sans visage, et il est aussi aisé de vérifier nous même chaque élément évoqué, et d'en plus nous documenter sur le film étudié (ce que ce documentaire ne propose quasiment pas). Bref, s'il intrigue, ce documentaire nous laisse hélas sur le côté, au point de se demander l'intérêt d'une telle oeuvre au cinéma...

Note : 4/10


 

mardi 25 juin 2013

Hansel & Gretel : witch hunters


Titre : Hansel & Gretel : witch hunters (Hansel and Gretel: witch hunters)
Réalisateur : Tommy Wirkola
Acteurs : Jeremy Renner, Gemma Arterton, Famke Janssen
Date de sortie en France : 6 mars 2013
Genre : fantastique, horreur, action

Synopsis : 
Liés par le sang, Hansel et Gretel ont aujourd’hui soif de vengeance, et ils s’en donnent à cœur joie. Pourtant, sans le savoir, ils sont désormais victimes d’une menace bien plus grande que leurs ennemis : leur passé. 

Avis : 
Et si Hansel et Gretel, après avoir survécu à la méchante sorcière dans sa maison de pain d'épices, avaient décidé de prendre les armes et d'exterminer toutes les petites vieilles pratiquant la magie noire dans une cabane abandonnée au milieu de bois sinistres ? C'est à cette question, forcément majeure, et forcément inspirée par la mode de la relecture fantastique des contes populaires, que s'attaque Tommy Wirkola, réalisateur du sympathique Dead snow.
 
Hi hi hi, je suis Famke Janssen, et je suis une vieille sorcière méchante, mais je peux changer d'apparence pour faire plaisir aux spectateurs et aux producteurs. Parce qu'une vieille moche, ça ne fait pas vendre !

La recette est connue, et déclinable à l'envi : prenez quelques têtes d'affiche (Jeremy Démineurs-Jason Bourne : l'héritage Renner ; Famke GoldenEye Janssen), quelques seconds rôles facilement reconnaissables (Peter Stormare, spécialiste du genre), une bimbo à gros lolos (Gemma Arterton, qui n'a sans doute pas été choisie pour ses qualités d'interprétation). Mélangez avec une esthétique gothique bien lisse, à base de cuir et de forêts plongées dans la nuit. Retirez l'excédent de scénario, ajoutez un peu de gore en numérique et des scènes d'action avec des armes trop cool. Prenez bien soin d'assaisonner à coups de montage clipesque et vous obtenez votre petite série B horrifique. Addition : 50 millions de dollars, quand même.

Sans surprise, c'est donc très con, et malheureusement pas aussi amusant que ne le laissait entrevoir le synopsis. Si l'idée de voir des versions adultes d'Hansel et Gretel botter le cul de sorcières me réjouissait, il faut bien avouer que l'on s'en éloigne très vite. Ce n'est d'ailleurs pas plus mal, parce que deux chasseurs aussi maladroits, passant plus de temps à terre et à s'envoyer des vannes qu'à combattre leurs ennemies, n'auraient sans doute pas survécu bien longtemps. Heureusement, ils vont être aidés par une sorcière blanche (vous vouliez votre plan nichons, le voilà !) et un troll (vous vouliez votre plan...euh...troll ?), et tout rentrera dans l'ordre quand enfin les deux chasseurs vont massacrer de la vieillarde sénile par douzaines.

En fait, contentez-vous des 10 premières et 10 dernières minutes, qui assument vraiment l'aspect décomplexé que l'on aurait voulu voir pendant tout le film. Le reste est d'une monumentale connerie, tentant de mettre en place un scénario dont on se contrefout royalement, avec un mystère sans grand intérêt, et oublie surtout sa promesse principale : le divertissement. On se demande un peu ce que Jeremy Renner est venu faire là, sinon prendre son chèque, d'autant qu'il semble s'ennuyer autant que nous. Et sinon, vous comptez aussi nous refaire Cendrillon façon revival dark fantasy pour neuneus aussi ?

Note : 2,5/10


samedi 22 juin 2013

Warm bodies


Titre : Warm bodies
Réalisateur : Jonathan Levine
Acteurs : Nicholas Hoult, Teresa Palmer, John Malkovitch
Date de sortie en France : 20 mars 2013
Genre : horreur, fantastique, romance, comédie

Synopsis : 
Un mystérieux virus a détruit toute civilisation. Les rescapés vivent dans des bunkers fortifiés, redoutant leurs anciens semblables devenus des monstres dévoreurs de chair.
R, un mort-vivant romantique, sauve contre toute attente Julie, une adorable survivante, et la protège de la voracité de ses compagnons. Au fil des jours, la jeune femme réveille chez lui des sentiments oubliés depuis longtemps… Elle-même découvre chez ce zombie différent autre chose qu’un regard vide et des gestes de momie…
Perturbée par ses sentiments, Julie retourne dans sa cité fortifiée où son père a levé une armée. R, de plus en plus humain, est désormais convaincu que sa relation avec Julie pourrait sauver l’espèce entière… Pourtant, en cherchant à revoir Julie, il va déclencher l’ultime guerre entre les vivants et les morts. Les chances de survie de ce couple unique sont de plus en plus fragiles…

Avis : 
Il y a parfois des films dont on ne comprend pas, sur le papier, l'intérêt. Prenez donc ce Warm bodies, qui relate l'histoire d'amour entre une jolie jeune fille et...un zombie. Un postulat étrange, issu de l'imagination d'Isaac Marion pour son roman Vivants, laissant augurer le pire résultat à l'écran, malgré la présence derrière la caméra de Jonathan Levine, réalisateur de l'excellente surprise qu'avait été Tous les garçons aiment Mandy Lane en 2006. A vrai dire, je pensais même que le concept aurait pour limite absolue les divers jeux de mots que l'on pouvait retrouver sur les affiches et publicité.


Les premières minutes sont d'ailleurs vraiment pénibles, semblant confirmer nos pires craintes. Prenant le parti de raconter l'histoire du point de vue de R, un adolescent devenu zombie mais toujours capable de penser, Warm bodies est assez déroutant, voire même irritant pour un amateur de films du genre. R est intelligent, assez vif même, il aime la musique et est donc, en dehors de son goût pour la cervelle humaine, pas si différent de nous. Et lorsqu'il rencontre Julie, il va peu à peu reprendre vie, pour parler, retrouver une température corporelle normale, et même retrouver des sensations disparues, comme le froid ou la douleur.

Et étrangement, on finit par accepter cette idée de base si absurde, l'ironie de R et la gentille amourette entre les deux personnages nous touchant peu à peu. Dans cette relecture zombiesque de Roméo et Juliette de Shakespeare (après tout, de Roméo à Romero, il ne manque qu'un...R), où le zombie est autant présenté comme prisonnier de ses habitudes (là encore, le clin d'oeil à Romero et son Zombie est évident) que comme un être simplement exclu à cause de sa différence, on se prend au jeu, d'autant que Nicholas Hoult (Jack le chasseur de géants) est parfait dans le rôle du zombie.

Bizarrement, Warm bodies nous prend donc parfaitement au jeu, nous faisant peu à peu accepter un postulat fantaisiste, voire même irritant (un zombie amoureux !) pour nous faire passer un agréable moment, devenant plus sympathique à chaque minute. Citant les classiques du film de zombie, de George Romero à Lucio Fulci, le film de Jonathan Levine a finalement pour principal défaut des effets spéciaux plutôt moyens, et un dénouement un peu bâclé.

Note : 7/10



vendredi 21 juin 2013

The Call


Titre : The Call
Réalisateur : Brad Anderson
Acteurs : Halle Berry, Abigail Breslin, Michael Eklund
Date de sortie en France : 29 mai 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
Une adolescente est kidnappée par un tueur en série. Pour la sauver, une opératrice d'un centre d'appel d'urgences va affronter ses propres peurs liées à une tragédie de son passé. Leur seul lien : un téléphone portable. Une course contre la montre commence... Chaque appel pourrait bien être le dernier. 

Avis : 
Filiale de la World Wrestling Entertainment, la célèbre fédération de catch professionnel, WWE Studios nous avait habitués depuis quelques années à des films médiocres, sans ambitions, uniquement destinés à surfer sur la popularité de leurs acteurs / catcheurs auprès de leurs fans. Pourtant, on remarque depuis quelques mois une tendance à produire des films plus ambitieux, à s'entourer de réalisateurs plus expérimenté, d'acteurs plus reconnus. Après The Dead, film post-apocalyptique avec Shannyn Sossamon et Dominic Monaghan, puis Dead man down, thriller avec Colin Farrell et Noomi Rapace, voici donc The Call, thriller réalisé par Brad Anderson (The Machinist), avec Halle Berry (Cloud Atlas) et Abigail Breslin (Little Miss Sunshine).




L'histoire est plutôt simple : une jeune fille est enlevée, et parvient à contacter une opératrice qui va ainsi tout faire pour la retrouver et la sauver. Cela donnera néanmoins une première partie très efficace, au suspense impressionnant, où l'on suit en temps réel le trajet de Casey, enfermée dans le coffre d'une voiture, et toutes ses tentatives pour attirer l'attention des autres automobilistes et permettre à la police de la localiser. Toute cette phase va être extrêmement intense, et l'on s'attache vraiment à l'adolescente incarnée par Abigail Breslin, dans un rôle compliqué et évoquant un peu celui de Ryan Reynolds dans Buried.

Si cette première partie est vraiment réussie, on ne pourra malheureusement pas en dire autant de la suite : alignant soudainement les ficelles scénaristiques et les incohérences, le film noie son ambiance malsaine dans une accumulation de clichés issus des torture-porn, explication stupide des agissements du tueur et incapacité nouvelle à achever sa victime inclus. Dans le rôle du psychopathe, Michael Eklund (The Day, The Marine 3 : Homefront) en fait des tonnes, achevant de faire sombrer le final dans le ridicule le plus total.

Si on ne garde que la première moitié, The Call est donc un redoutable thriller, au suspense extrêmement efficace et parfaitement mis en valeur par la réalisation, soignée sans être envahissante, de Brad Anderson. Dommage que le final cumule tous les défauts possibles et imaginables, lorgnant même vers le navet horrifique post-Saw. Quel gâchis !

Note : 6,5/10





jeudi 20 juin 2013

Only God forgives


Titre : Only God forgives
Réalisateur : Nicolas Winding Refn
Acteurs : Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm
Date de sortie en France : 22 mai 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue.
Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. 


Avis : 
Jusqu'à présent, le cinéma de Nicolas Winding Refn m'a toujours laissé de marbre : Drive n'avait pas été la claque annoncée, j'avais trouvé Valhalla Rising plutôt vain, Bronson sans grand intérêt et sa trilogie Pusher franchement anecdotique. Pourtant, il faut bien l'avouer, la controverse née lors du passage à Cannes de ce Only God forgives, où il fut hué, a attisé ma curiosité, malgré la présence en tête d'affiche d'un acteur qui commence sérieusement à m'agacer, Ryan Gosling (The Place beyond the pines, Gangster squad) et ses éternels rôles d'homme mystérieux, inexpressif et mutique.


Et cette fois, ma curiosité a été amplement récompensée : Only God forgives est une véritable claque, une impressionnante descente aux Enfers filmée de main de maître par Refn et interprétée à la perfection par une Kristin Scott Thomas détestable et un Vithaya Pansringarm impresionnant de charisme. Le réalisateur danois nous plonge dans un Bangkok entre western asiatique et onirisme, alternant réglages de compte d'une violence extrême et visites fantasmagoriques dans ce que la ville fait de plus sombre. 

Il fait ainsi naître un véritable malaise en enfermant ses personnages au milieu de couloirs étroits, entre les montants d'une porte ou d'une fenêtre...Ils y apparaissent ainsi un peu trop présents, presque comme des éléments extérieurs au décor auquel ils semblent ne pas appartenir, dans un cadre qui devient plus haut que large, tel un miroir ou un poster, ou tout simplement une entrée vers une autre réalité. Cette utilisation des décors, aux couleurs chaudes (les bordels baignent dans des lumières rouge, orange et jaune), à l'atmosphère irréelle, n'est d'ailleurs pas sans rappeler Stanley Kubrick, Gaspar Noé ou même David Lynch, et renforce l'aspect profondément anxiogène de OGF. Refn parsème de plus ces murs d'éléments mythologiques et fantastiques, les dragons et autres monstres observant et jugeant ainsi en permanence des personnages totalement étrangers aux notions de Bien ou de Mal.


Des personnages qui semblent eux-mêmes étrangers à notre monde, de la mère gorgonesque, incestueuse et castratrice, humiliant constamment son fils, à ce policier omnipotent et omniscient, véritable Dieu d'une Justice radicale et invincible. Vithaya Pansringarm crève d'ailleurs l'écran dans ce rôle, dévorant littéralement Ryan Gosling dans une interprétation toute en mutisme et en intensité, dégageant malgré un physique classique un étonnant charisme. 

Bref, oublié mon ennui devant ses oeuvres précédentes : Only God forgives me réconcilie immédiatement avec Nicolas Winding Refn, et me donne même envie de me replonger dans sa filmographie. Une oeuvre furieuse et destabilisante, un voyage dans un horrible Labyrinthe qui, s'il cache bien un monstre en son sein, ne nous offre aucune Ariane pour en sortir.

Note : 9,5/10



mercredi 19 juin 2013

My movie project


Titre : My movie project (Movie 43)
Réalisateurs : Peter Farrelly, James Gunn, Brett Ratner, etc...
Acteurs : Hugh Jackman, Kate Winslet, Naomi Watts...
Date de sortie en France : 19 juin 2013
Genre : comédie, sketches

Synopsis : 
Trois adolescents recherchent un film, Movie 43, inventé pour un Poisson d'Avril. Durant la recherche dans le Web profond, ils verront quatorze films interdits de diffusion dans certains pays.

Avis : 
Amateurs de mauvais goût, vous êtes ici en terrain conquis : Peter Farrelly, déjà connu pour des films pas toujours très subtils en compagnie de son frère Bobby (Dumb & dumber, Mary à tout prix), va vous offrir un film à sketches uniquement ciblé sur le dessous de la ceinture. Réunissant pour l'occasion une sacrée liste d'acteurs hollywoodiens (en vrac, Hugh Jackman, Kate Winslet, Halle Berry, Anna Faris, Naomi Watts, Richard Gere ou Emma Stone), il nous propose une anthologie de 14 segments, pour autant de réalisateurs (parmi lesquels James Gunn - Tromeo and Juliet, Horribilis, Super ; et Brett Ratner - X-Men : l'affrontement final).


Un homme atteint de couillo-mentonite (une horrible maladie déjà présente dans un épisode de South Park), une jeune femme qui demande à son fiancé de lui déféquer dessus, une adolescente confrontée à ses premières règles dans le salon d'un de ses camarades...Voilà quelques exemples de ce que vous trouverez dans ce Movie 43, dont certains sketches seront, comme souvent, bien plus réussis que les autres : on remarquera ainsi The Catch, qui nous montre donc Hugh Jackman (X-Men, Les Misérables) arborant une magnifique paire de testicules sur le cou alors qu'il dîne avec Kate Winslet (Titanic, The Reader) ; Homeschooled, segment assez glauque où Naomi Watts (Mulholland Drive, The Impossible) et Liev Schreiber (Scream) ont décidé de prendre en main l'éducation, autant intellectuelle et physique que...sexuelle de leur fils ; et Happy Birthday, un peu moins vulgaire que les autres, avec Johnny Knoxville (Jackass) et Sean William Scott (American Pie 1-2-3-4) face à des leprechauns.

D'autres segments sont au contraire sans grand intérêt, comme Super hero speed dating, où un Batman lubrique et un Robin timide tentent de draguer Loïs Lane (Uma Thurman) et Supergirl, ou Beezel, sketch interminable où un chat de cartoon tente d'évincer la nouvelle petite amie de son maître. On s'amusera en revanche des fausses publicités, qui constituent presque les passages les plus drôles du film, bien plus que le fil conducteur dont l'intérêt s'approche du néant.

C'était la promesse du film : réunir de grandes stars hollywoodiennes dans un film aussi trash que possible. De ce côté là, My movie project remplit parfaitement son contrat, allant toujours plus loin dans l'humour gras et vulgaire. Un parti pris qui finit forcément par lasser, d'autant que les segments sont très inégaux. Finalement, on risque surtout de n'en retenir que l'image des couilles pendant au cou de Hugh Jackman !

Note : 6,5/10


mardi 18 juin 2013

11.6


Titre : 11.6
Réalisateur : Philippe Godeau
Acteurs : François Cluzet, Bouli Lanners, Corinne Masiero
Date de sortie en France : 3 avril 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
Toni Musulin est convoyeur de fonds depuis dix ans. Le 5 novembre 2009, à 10 heures du matin, il appuie doucement sur l’accélérateur de son fourgon blindé. À l’arrière de son véhicule, 11.6 millions d’euros… 

Avis : 
11.6 s'inspire donc de l'histoire de Toni Musulin, devenu célèbre pour avoir dérobé, sans arme ni violence, le contenu de son propre fourgon blindé. Quelques jours plus tard, il se rendait au commissariat, après que 9.1 millions d'euros ont été retrouvés dans un garage qu'il avait loué. Le reste du butin n'a toujours pas été retrouvé depuis, et Musulin a été condamné à 5 ans de prison, ce vol s'ajoutant à une tentative de fraude à l'assurance.


Le film de Philippe Godeau adapte donc cette histoire, en s'intéressant au personnage plusieurs mois avant le détournement. Il nous présente un personnage qui semble aimer son travail, s'entend bien avec ses collègues, mais se heurte à sa hiérarchie et à sa compagne, peu accommodantes. Dans le rôle de Toni Musulin, François Cluzet (Intouchables) est impeccable, tout en colère contenue, ne s'exprimant que par l'intensité de son regard.

Il campe un personnage peu bavard, aux nombreux secrets (personne ne sait comment il a pu s'offrir sa Ferrari), qu'aucun de ses proches ne connait vraiment. Un personnage qui encaisse les différentes humiliations, mais ne semble pas pour autant goûter à la popularité que lui offre sa voiture de luxe. Un homme qui à force de bouillir intérieurement, finira par imaginer, longtemps à l'avance, le fameux détournement d'argent, planifiant tout des mois à l'avance (la location du garage, d'un véhicule utilitaire, l'achat d'une moto, l'éloignement de ses proches), dans un objectif qui ne le nourrira finalement plus une fois accompli.

11.6 ne lève pas le voile sur Toni Musulin, mais choisit de développer le personnage comme l'anti-héros d'un thriller posé, refusant le sensationnalisme ou la psychologie de comptoir, parfaitement porté par un François Cluzet parfait, interprétant à merveille la colère intérieure et la froide détermination du convoyeur de fonds. Pas le film de l'année, mais un thriller prenant sur un fait divers incroyable.

Note : 7/10


lundi 17 juin 2013

Sublimes créatures


Titre : Sublimes créatures (Beautiful creatures)
Réalisateur : Richard LaGravenes
Acteurs : Alden Ehrenreich, Alice Englert, Jeremy Irons
Date de sortie en France : 27 février 2013
Genre : romance, fantastique

Synopsis : 
Ethan Wate, un jeune lycéen, mène une existence ennuyeuse dans une petite ville du sud des Etats-Unis. Mais des phénomènes inexplicables se produisent, coïncidant avec l’arrivée d’une nouvelle élève : Léna Duchannes.
Malgré la suspicion et l’antipathie du reste de la ville envers Léna, Ethan est intrigué par cette mystérieuse jeune fille et se rapproche d’elle. Il découvre qu'elle est une ensorceleuse, un être doué de pouvoirs surnaturels et dont la famille cache un terrible secret.
Malgré l’attirance qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, ils vont devoir faire face à une grande épreuve : comme tous ceux de sa famille, Lena saura à ses seize ans si elle est vouée aux forces bénéfiques de la lumière, ou à la puissance maléfique des ténèbres… 


Avis : 
 La saga Twilight à peine terminée, les adaptations d'oeuvres littéraires pour adolescent(e)s se multiplient, les producteurs étant bien décidés à exploiter un filon juteux avant qu'il ne s'épuise. Le mélange fantastique / amour est donc déjà revenu sur nos écrans avec le premier volet de la future tétralogie Hunger games, ou avec Les Âmes vagabondes. Et puisque les vampires et les aliens, ça a déjà été fait, et qu'en plus la saga Harry Potter est terminée, pourquoi ne pas imaginer une histoire d'amour entre un humain classique et une sorcière ? Attention, voici Sublimes créatures, adaptation de 16 lunes, premier tome de la saga des Lunes, la série de romans pour adolescents signée Margaret Stohl et Kami Garcia.


Couple enlacé et police de caractères pour rebelle de 13 ans sur l'affiche, petite ville perdue et visuel vaguement gothique, lutte entre le Bien et le Mal : pas de doute, nous sommes en pleine déclinaison de Twilight. Pourtant, assez vite, on remarque quelques notes d'espoir : un personnage masculin assez intéressant (qui en a ras le bol de sa petite ville et de sa petite amie bigote), quelques répliques assez tranchantes...Sublimes créatures, sans révolutionner le genre, va en fait se révéler bien plus crédible que la saga aux vampires métrosexuels dans son dessin de la jeunesse et des sentiments naissants. Bien sûr, tout ça restera très classique, avec ces idées d'amour impossible, de destin, d'adolescent confronté à des forces qui le dépassent, mais ce petit zeste d'insolence se révélera plutôt plaisant.

Ce qui l'est moins en revanche, c'est ce sentiment permanent que le film se contente de rester en surface, n'abordant jamais véritable les thèmes qu'il met en place : l'aspect religieux est rapidement balayé, tout comme le déchirement entre le Bien et le Mal qui anime la jeune Lena. De même, le scénario est parfois en roue libre, de l'apparition soudaine de la jeune sorcière à l'école (alors même que sa famille tente de la protéger du monde normal) à la fameuse épreuve censée dévoiler si elle est bonne ou mauvais, épreuve totalement indépendante de son libre arbitre ou liée à son choix personnel selon le bon vouloir de l'histoire.

Sublimes créatures constitue donc une alternative plutôt sympathique à Twilight, oubliant l'aspect coincé et le faux romantisme de son modèle pour une histoire d'amour plus crédible et des personnages plus représentatif de la jeunesse américaine. Le film de Richard LaGravenes n'en reste pas moins moyen, la faute à un scénario très pauvre et quelques incohérences vraiment envahissantes.

Note : 5,5/10



dimanche 16 juin 2013

Du plomb dans la tête


Titre : Du plomb dans la tête (Bullet to the head)
Réalisateur : Walter Hill
Acteurs : Sylvester Stallone, Sung Kang, Jason Momoa
Date de sortie en France : 27 février 2013
Genre : action

Synopsis : 
Tueur à gages à La Nouvelle-Orléans, James Bonomo, dit « Jimmy Bobo », a pour règle de ne jamais tuer un innocent. Après l’exécution d’un contrat, il laisse derrière lui un témoin, vivant. Pour le punir de ce travail bâclé, son partenaire Louis est abattu par un mystérieux assassin. Lorsque l’inspecteur de police Taylor Kwon arrive en ville pour rejoindre son équipier et suivre une nouvelle piste sur une ancienne affaire, il découvre que celui-ci a été tué. Tous les indices accusent Jimmy et son complice désormais disparu, Louis. Pour trouver qui a tué leurs partenaires respectifs, le flic et le tueur à gages vont être forcés de faire équipe. Bien que chacun d’un côté de la loi, ils vont vite se rendre compte que la frontière est mince…

Avis : 
On a cru un moment que Stallone vieillissait bien : le temps d'un Rocky Balboa et d'un John Rambo, il redonnait une seconde jeunesse aux personnages qui avaient fait sa gloire, et ainsi à sa propre carrière. Il enchaînait alors avec les deux Expendables, la lourdeur du sérieux du premier volet se transformant miraculeusement en un second degré réjouissant dans sa suite. Avec Du plomb dans la tête, il tente de surfer une nouvelle fois sur cette vague de films tenter de ressusciter l'esprit du cinéma d'action des années '80 et '90...et ne réussit finalement qu'à titiller les pires spécimens du genre.



Entièrement dédié à la gloire de Stallone, ce nouveau film de Walter Hill (48 heures) va en effet se louper dans les grandes largeur. Partant d'un scénario ultra-basique, se contentant d'aligner les poncifs, Du plomb dans la tête réunit donc deux héros que tout oppose : un flic confronté à la corruption de ses collègues (Sung Kang - Fast & Furious 3-4-5-6), et un tueur à gage dont l'apparence brute dissimule un vrai sens de l'honneur et un coeur gros comme ça (Stallone). Cela ne s'arrange pas quand on confronte ces deux hommes à un grand méchant qui règne sur la pègre du coin (Adewale Akinnuoye-Agbaje, surtout connu pour les séries Lost, les disparus et Oz), et qui a un colosse mono-expressif comme garde du corps (Jason Momoa, le Conan du remake de Marcus Nispel et le Khal Drogo de Games of thrones).

Si l'absence de scénario n'est pas toujours un véritable défaut dans un film de ce genre, elle se fait ici cruellement ressentir par l'absence totale d'intensité, autant dans les échanges (Stallone se contente d'ânonner des répliques affligeantes) que dans les affrontements, le sommet étant atteint dans un affrontement en caleçon dans un hammam, où l'intensité que l'on pouvait voir dans une scène similaire de Les Promesses de l'ombre de Cronenberg laisse place à un duel mollasson dont la virilité moite incite même à sourire. Seul le combat final, passage obligé du film, entre Stallone et Momoa, relèvera un peu le niveau, bien qu'il soit rapidement expédié.

Du plomb dans la tête, c'est du cinéma qui n'a rien dans la tête, se contentant de flatter l'égo de Stallone dans un film sans aucune imagination, dont les tics de réalisation (ces arrêts sur image sans raison, ces flash de couleur) ne parviennent à masquer ni la médiocrité, ni la prétention, là où Schwarzenegger réussissait, avec Le Dernier rempart, à apporter un recul certain sur son personnage vieillissant.

 Note : 1/10


mercredi 12 juin 2013

Vendredi 13


Titre : Vendredi 13 (Friday the 13th)
Réalisateur : Sean S. Cunningham
Acteurs : Betsy Palmer, Adrienne King, Kevin Bacon
Date de sortie en France : 11 février 1981
Genre : horreur, épouvante, thriller

Synopsis : 
En 1957, un jeune garçon, prénommé Jason, meurt noyé au camp de Crystal Lake. L'année suivante, les deux responsables du camp sont tués. Crystal Lake ferme. Mais en 1980, Steve Christy décide de le rouvrir un vendredi 13, jour anniversaire des décès survenus vingt-trois ans auparavant. Lors de la préparation du camp pour son ouverture, les moniteurs du centre disparaissent les uns après les autres pendant la nuit…

Avis : 
Premier volet d'une saga qui comporte actuellement 10 films, plus un épisode crossover (Freddy vs Jason) et un remake, Vendredi 13 de Sean S. Cunningham est, étrangement, un classique du cinéma horrifique, dont la popularité sera suffisante pour engendrer un nombre incalculable de dérivés. Il faut dire que la recette est simple et ne nécessite aucune imagination : un tueur mystérieux multiplie les victimes dans un lieu retiré.

Clairement inspiré de Halloween de John Carpenter et de La Baie sanglante, de Mario Bava, allant jusqu'à en copier certaines scènes de meurtres, ce slasher campagnard va se contenter de mettre en scène les éléments les plus basiques de l'horreur : un tueur tue des victimes. Cunningham nous fait donc découvrir sa bande de jeunes imbéciles uniquement destinés à se faire tuer plus tard dans le film, ce qui sera l'occasion de s'amuser de la mode vestimentaire de l'époque, les mini-shorts moulant apportant une plus-value délicieusement kitsch à une oeuvre déjà ringarde à sa sortie.


Si ces jeunes acteurs, parmi lesquels on retrouve un tout jeune Kevin Bacon, ne jouent pas spécialement mal (ils ne donnent pas l'horrible impression de réciter bêtement que l'on constatait dans Halloween), leurs personnages sont terriblement idiots, adoptant les pires réflexes que l'on retrouvera trop souvent dans le genre et dans ses parodies : on se sépare au moindre signe de danger, on est incapable de tuer un serpent, on hésite à tuer son agresseur, on essaie de bloquer une porte avec des meubles alors que la porte s'ouvre de l'autre côté...L'assassin n'échappera pas à cette règle, devenant subitement incapable de tuer la dernière victime, préférant lui raconter sa vie et rater le moindre de ses coups.

Les meurtres eux-mêmes ne sauvent guère la situation, d'autant que la plupart se situent en dehors du champ de la caméra, pour ne nous en montrer que les conséquences, avec des maquillages souvent (très) approximatifs du célèbre Tom Savini. Le pire sera sans doute la mise à mort du tueur, dans un ralenti d'un ridicule absolu, soulignant l'interprétation toute en grimaces de la pire actrice du film.

Soulignons enfin une musique lorgnant sans vergogne sur celle de Psychose et ces effets sonores grotesques ("tchitchitchi hahahaaa") et une réalisation se contentant du minimum, et on obtient un de ces slashers idiots qui ont marqué par dizaines les années 80. Et si les suites ne seront pas beaucoup plus réussies, elles brilleront néanmoins parfois par un aspect délirant assumé, faisant de Jason Voorhees un personnage culte qui, je le rappelle, n'est pas le tueur de ce premier Vendredi 13.

Note : 2/10


mardi 11 juin 2013

Infiltré


Titre : Infiltré (Snitch)
Réalisateur : Ric Roman Waugh
Acteurs : Dwayne Johnson, Susan Sarandon, Jon Bernthal
Date de sortie en France : 8 mai 2013
Genre : action, thriller

Synopsis : 
John Matthews, un homme d’affaires, est dévasté lorsque son fils Jason, 18 ans, est condamné à dix ans de prison : il a été arrêté en possession d’un paquet de drogue envoyé par un de ses amis, mais il ignorait tout de son contenu. John propose alors un marché au procureur : il va infiltrer le plus redoutable des cartels de la drogue afin d’en faire tomber les têtes en échange d’une réduction de peine. Au cœur de l’organisation, il va mettre la vie de beaucoup de monde en jeu, à commencer par la sienne… 

Avis : 
 Avis à la population : avec Infiltré, nous allons apprendre que trafiquer de la drogue, c'est finalement pas si grave que ça, et qu'il suffit d'avoir un père qui s'infiltre chez les dealers, transporte et consomme de la drogue avant de buter du trafiquant à coups de semi-remorque pour éviter une peine de prison ô combien injuste.


Oui car le pauvre petit Jason, si innocent, accepte de recevoir des centaines de pillules d'extasy, de les cacher avant le retour de son ami dealer, et de toucher au passage sa commission tout en pouvant se servir à loisir dans le lot. Le pauvre garçon sera donc arrêté pour trafic de drogue et, refusant héroïquement de dénoncer des amis liés à la drogue, finira évidemment en prison à se faire violer et tabasser. Heureusement son père, qu'il ne voit plus et dont il bombarde la maison à coups d'oeufs, va tout faire pour le faire libérer, et donc accepter d'infiltrer les trafiquants de drogue, au mépris de la sécurité de sa famille (et aussi de toute logique. 

Bon, d'accord, on ne s'attendait pas à un scénario très élaboré, mais à ce niveau là, on frôle très sérieusement l'insulte pour le spectateur. Admettons, il existe après tout des films d'action très prenant malgré une histoire aussi ridicule que celle-ci. Seulement Infiltré n'est pas un film d'action - du moins pas avant la dernière demi-heure. Il suit, de façon horriblement linéaire, la progression de son héros au sein des cartels, montant rapidement en grade avant que son double jeu ne soit découvert. Ce qui ne l'empêchera pas de démanteler tout le groupe, réussissant là où les agents fédéraux n'avaient jamais progressé d'un pouce.

Dans le rôle de ce père de famille sans peur et sans reproche, on retrouve donc Dwayne Johnson (Le Roi scorpion, Fast & Furious je sais plus combien) qui tente vainement d'apporter un peu d'émotion à son personnage. Le problème, c'est que ses qualités d'interprétation restent très limitées (à l'exception de son rôle dans Southland Tales), et qu'on a du mal à le prendre au sérieux lorsqu'il déclare son amour à son fils en pleurnichant. Parmi les seconds rôles, on retrouve Jon Bernthal, de la série The Walking dead, Susan Sarandon (Thelma & Louise, Cloud Atlas) ou encore Barry Pepper (Il faut sauver le soldat Ryan, La Ligne verte).

Infiltré est donc un film d'une exemplaire banalité, uniquement remarquable par le message nauséabond qu'il véhicule. Reste un thriller plutôt efficace quand il se réveille enfin, dont les rares scènes d'action sont plutôt réussies, et qui ne nous ennuie pas vraiment...

Note : 4/10

lundi 10 juin 2013

Hannah Arendt


Titre : Hannah Arendt
Réalisateur : Margarethe Von Trotta
Acteurs : Barbara Sukowa, Axel Milberg, Janet McTeer
Date de sortie en France : 24 avril 2013
Genre : biopic, drame

Synopsis : 
1961
La philosophe juive allemande Hannah Arendt est envoyée à Jérusalem par le New Yorker pour couvrir le procès d’Adolf Eichmann, responsable de la déportation de millions de juifs. Les articles qu’elle publie et sa théorie de “La banalité du mal” déclenchent une controverse sans précédent. Son obstination et l’exigence de sa pensée se heurtent à l’incompréhension de ses proches et provoquent son isolement. 


Avis : 
 Hannah Arendt était une philosophe allemande naturalisée américaine, née en 1906 et décédée en 1975, notamment connue pour ses travaux sur le totalitarisme. En 1961, elle est chargée d'assister au procès du criminel nazi Adolf Eichmann, et rédige ainsi quelques articles pour le New Yorker dans lesquels elle développe sa théorie de la "banalité du mal" et évoque le comportement de certains conseils juifs et leur collaboration avec les nazis pendant la Shoah. Mal compris, ces articles seront à l'origine d'une énorme polémique.


C'est cette période, où Hannah Arendt couvre le procès Eichmann à Jérusalem, puis rédige ses articles et se voit confrontée à l'incompréhension et à l'hostilité de certains, que Margarethe Von Trotta choisit de mettre en image pour son film. Dans une approche quasi-documentaire, la réalisatrice choisit, pour le procès, de mêler images d'archives en noir et blanc (en grande majorité) et reconstitution avec des acteurs contemporains. L'officier nazi n'est ainsi montré que dans ces images d'époque, afin d'appréhender au mieux son comportement,son physique, sa façon de s'exprimer, et ainsi de mieux saisir l'impression qu'il laissera sur la philosophe.

Le film dresse ainsi un portrait intéressant de la femme, essayant de cerner son tempérament et la façon dont le comportement d'Eichmann influera sur ses articles. Grâce à la brillante Barbara Sukowa, le personnage prend vie et nous fascine autant par son courage que par une certaine arrogance. On regrettera néanmoins que cela se fasse au détriment d'un réel développement de ces idées, largement effleurées, simplifiées et même lourdement répétées afin de ne pas perdre le public.

Hannah Arendt reste néanmoins un film très intéressant, qui a pour qualité principale l'interprétation de son actrice principale et donne vraiment envie, pour le profane, de découvrir les travaux de la philosophe, notamment en ce qui concerne sa théorie de "banalité du mal". On regrettera quand même une mise en scène particulièrement fade et un aspect didactique parfois trop appuyé, pour un biopic dont les deux heures passent pourtant de façon étonnamment fluide.

Note : 7/10