jeudi 30 mai 2019

Godzilla II - Roi des monstres


 Titre : Godzilla II - Roi des monstres (Godzilla: King of monsters)
Réalisateur : Michael Dougherty
Acteurs : Kyle Chandler, Vera Farmiga, Millie Bobby Brown
Date de sortie en France : 29 mai 2019
Genre : action, catastrophe

Synopsis : 
L'agence crypto-zoologique Monarch doit faire face à une vague de monstres titanesques, comme Godzilla, Mothra, Rodan et surtout le redoutable roi Ghidorah à trois têtes. Un combat sans précédent entre ces créatures considérées jusque-là comme chimériques menace d'éclater. Alors qu'elles cherchent toutes à dominer la planète, l'avenir même de l'humanité est en jeu…  

Avis : 
Godzilla vs King Ghidorah vs Mothra vs Rodan. On pourrait se croire à l'âge d'or du kaiju eiga, quand le plus célèbre monstre de l'archipel japonais affrontait sans faiblir d'innombrables créatures. Pourtant, nous ne sommes pas ici au Japon, mais bien devant un film américain, avec le troisième volet du MonsterVerse, la saga imaginée par Legendary Pictures autour de Godzilla (rebooté dans le bien nommé Godzilla en 2014) et King Kong (également rebooté avec Kong : Skull Island). Et en attendant le nouvel affrontement entre les deux légendes, déjà prévu pour 2020, Godzilla va se faire la main sur quelques sous-fifres.


Le principal défaut du film de Gareth Edwards était d'être bien trop sage, presque trop respectueux de ses modèles. Skull Island offrait quant à lui le plaisir presque coupable d'un film décomplexé. J'espérais sincèrement que Godzilla II - Roi des monstres (ai-je vraiment besoin de préciser que je trouve ce titre horriblement laid ?) suivrait plutôt la voie emprunté par le singe géant, un affrontement entre monstres titanesques s'accordant mal, à mes yeux, avec un film trop sérieux. Pas de bol, le film de Michael Dougherty (Trick'r treat, Krampus) va vouloir jouer la carte du "dramatique" (oui, avec des guillemets) et du "réaliste" (avec encore plus de guillemets), en nous récitant la gamme du blockbuster américain sans imagination, avec ses personnages creux, son humour de collégien ("Ghidorah, ça ressemble à gonorrhée" LOL) et son scénario brouillon.

On a ainsi la gentille petite famille américaine, déchirée par un drame lors de la dernière apparition de Godzilla : le papa est très colère, a sombré dans l'alcool et souhaite la mort de tous les monstres ; la maman est tristoune, mais a choisi de se tourner vers la recherche pour mieux comprendre les monstres ; la fille ne sait pas trop où se situer, et se contente d'errer avec la même expression pendant deux heures (pour ceux qui se poseraient la question, Millie Bobby Brown n'a pas pris de cours d'interprétation depuis Strangers things). Ajoutez à tout ça un méchant terroriste écologique qui estime que la meilleure façon d'éviter la destruction de la planète, c'est de détruire la planète, et vous êtes en terrain parfaitement connu. Aucune surprise, aucun rebondissement, de la rédemption, du sacrifice, de la bravoure, du sauvetage à l'ultime seconde : on se demande comment fait le film pour passer autant de temps avec des personnages aussi lisses, mais il le fait. Bref, au niveau des personnages, c'est un gros raté qui prend beaucoup trop de place.


Heureusement, il y a les monstres, et le film se montre particulièrement généreux à ce niveau. On retrouve donc les camarades de jeu les plus habituels de Godzilla, à savoir King Ghidorah, Mothra et Rodan. Et quelques rapides apparitions d'autres Titans, qui prouvent s'il le fallait encore que les japonais sont quand-même autrement plus créatifs que les américains quand il s'agit d'imaginer un monstre. On imagine sans peine les millions de dollars ingurgités par la production pour faire vivre ces créatures et, si on peut admirer des effets spéciaux souvent irréprochables, j'avoue rester un peu sur ma faim quant aux apparences des créatures. L'un des paradoxes du kaiju eiga est de faire quelque chose de cohérent sans vraiment chercher le réalisme à tout prix. Ici, on a le paradoxe inverse : à vouloir faire trop crédible, le film perd souvent toute vraisemblance. Alors oui, Rodan qui sort de son volcan, King Ghidorah qui sort de sa prison de glace, cela donne des images superbes... mais on n'y croit pas une seconde.

Sans doute bien conscient de ces limites, le réalisateur choisit généralement de nous placer au plus près de l'action. A côté de ces satanés personnages dont on se contrefout, en fait. Le résultat est double : on assiste ainsi à des combats souvent illisibles, mais dont la proximité renforce l'intensité et le caractère chaotique. Souvent un peu frustrant, le procédé prend enfin toute son ampleur lors du combat final, particulièrement réussi. En fait, l'élément le plus réussi des Titans est la façon avec laquelle ils ont été intégrés aux mythes et croyances classiques.


On s'étonnera aussi de l'étrange maladie des scénaristes, apparemment atteints de ce que je qualifierais d'un "Tourette de référence" : à intervalles réguliers, sans prévenir, sans réelle cohérence, on nous balance un clin d'oeil visuel, une musique, une phrase destinée à faire vibrer le fan de la saga japonaise dans une espèce de gros renvoi incongru. Un peu comme si on venait vous roter à la tronche des pâtes à la crème fraiche et aux lardons en espérant vous faire voyager en Italie. Je ne suis vraiment pas fan du Godzilla de 2014, mais Edwards, en plus de savoir filmer les affrontements entre monstres, parvenait à intégrer subtilement ses coups de coude complices.

Des personnages inintéressants et trop présents, des monstres présents mais qui nous laissent sur notre faim, un scénario sans imagination (l'Orca, quelle idée grotesque...) et une réalisation quelconque : Godzilla II - Roi des monstres est un blockbuster navrant, alors qu'il aurait pu offrir un formidable spectacle. On préférera largement revoir Pacific Rim, supérieur à tous les niveaux, ou bien sûr les meilleurs films japonais du genre.

Note : 3/10


lundi 27 mai 2019

Pokémon - Détective Pikachu


Titre : Pokémon - Détective Pikachu
Réalisateur : Rob Letterman
Acteurs : Ryan Reynolds, Justice Smith, Bill Nighy
Date de sortie en France : 8 mai 2019
Genre : aventures

Synopsis : 
Après la disparition mystérieuse de Harry Goodman, un détective privé, son fils Tim va tenter de découvrir ce qui s’est passé.  Le détective Pikachu, ancien partenaire de Harry, participe alors à l’enquête : un super-détective adorable à la sagacité hilarante, qui en laisse plus d’un perplexe, dont lui-même. Constatant qu’ils sont particulièrement bien assortis, Tim et Pikachu unissent leurs forces dans une aventure palpitante pour résoudre cet insondable mystère.

Avis : 
 J'adore les Pokémon. Même si je suis surtout resté bloqué aux deux premières générations, à la glorieuse époque de ma GameBoy, j'ai toujours été fan de ces créatures, et je figure parmi les joueurs assidus de Pokémon Go. A l'annonce d'un film live, j'étais assez septique : l'idée de voir les monstres de poche évoluer en images de synthèse m'effrayait un peu, de même que l'idée d'une histoire centrée sur cet univers qui autorise peu de fantaisies narratives. J'avoue cependant n'avoir jamais joué au jeu Détective Pikachu, et que la bande-annonce m'avait plutôt convaincu. 


En fait, j'aurais presque pu m'en contenter : presque tout y figure. Bien sûr, le sel principal du film, ce sont ces dizaines de Pokémon que l'on voit à l'écran, plus ou moins réussis (Pikachu, Salamèche, Bulbizarre ou Carapuce sont superbes, alors que Mewtwo ou Ectoplasma sont de vrais ratés). De ce côté là, on sera donc plutôt satisfaits, même si l'on pourra toujours regretter de ne pas en voir certains, ou de ne voir qu'une courte apparition d'autres (Rondoudou !). Mais sur ce point, déjà, peu de surprises : la plupart étaient déjà apparus dans les diverses bandes-annonces.

Pour le reste, rien de bien formidable à se mettre sous la dent : l'histoire est cousue de fil blanc, avec peu de surprises et des personnages bien identifiables pour toucher le plus grand nombre de membres de la famille possible. L'enquête ne constitue finalement qu'un fil rouge destiné à nous montrer le plus de Pokémon possibles. Il est vrai qu'on n'attendait pas forcément le film sur ce point, mais un scénario un peu plus étoffé aurait été appréciable - malgré une nouvelle tentative pour faire de Mewtwo une créature torturée, au-delà des simples considérations manichéennes.

Le vrai attrait du film, c'est finalement Pikachu. Parfaitement animée, tour à tour trop choupinou-mimi-d'amour et drôle, la créature bénéficie en plus du double de Ryan Reynolds (Deadpool, Avengers : endgame), qui en fait un animal accroc au café, maniant l'ironie et les doubles-sens de façon souvent hilarante. Ca devait être la star du film, et de ce côté là, c'est une réussite totale. Dommage que le reste soit beaucoup trop léger.

Note : 6/10


lundi 20 mai 2019

Us


Titre : Us
Réalisateur : Jordan Peele
Acteurs : Lupita Nyong'o, Winston Duke, Elisabeth Moss
Date de sortie en France : 20 mars 2019
Genre : horreur, thriller

Synopsis : 
De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants : Zora et Jason. Un traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle aime. Après une journée tendue à la plage avec leurs amis les Tyler, les Wilson rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main dans leur allée. Ils vont alors affronter le plus terrifiant et inattendu des adversaires. 
 
Avis : 
Après le sympathique mais inabouti Get out, Jordan Peele était attendu au tournant : allait-il, comme beaucoup, n'être l'homme que d'un seul film, ou allait-il s'inviter plus franchement à la table des rares réalisateurs contemporains dont on attendra impatiemment les nouvelles oeuvres ? Avec Us, ce sera clairement la seconde option, le film se hissant sans mal parmi les meilleurs films de genre de ces dernières années, malgré quelques défauts évidents. 
 
 
On l'avait déjà vu dans Get out : Jordan Peele sait installer une ambiance, de façon insidieuse, en glissant une étrangeté par-ci, une bizarrerie par-là, un détail que l'on n'aperçoit que du coin de l'oeil... Si l'introduction du film est formidable, toute la séquence home invasion va constituer le coeur du film, souvent terrifiante, grâce notamment aux interprétations de Lupita Nyong'o et de la jeune Shahadi Wright Joseph. 
 
Bref, un thriller horrifique intense... mais qui perd toute sa force lorsque Peele tente d'expliquer le phénomène. Handicapé par un sous-texte social et politique aussi balourd qu'évident, le film se perd en échanges laborieux, là où le mystère aurait, a mon sens, vraiment été préférable. Pire encore, avec un twist final totalement inutile, le réalisateur semble soudain prendre le spectateur pour un con, comme s'il n'avait pas été foutu de comprendre les différents indices glissés sans subtilité tout au long du film. 
 
Un peu comme Get out, Us laisse donc un peu sur sa faim, la faute à une seconde partie qui souffle le froid après un premier acte formidable. Resteront des séquences formidables, quelques passages terrifiants, et l'extraordinaire prestation de Lupita Nyong'o. Il ne reste plus qu'à savoir faire une seconde partie aussi réussie que la première, voire plus, et Jordan Peele sera vraiment incontournable ! 
 
Note : 7/10
 
 

mardi 7 mai 2019

Anaconda, le prédateur


Titre : Anaconda, le prédateur (Anaconda)
Réalisateur : Luis Llosa
Acteurs : Jennifer Lopez, Jon Voight, Ice Cube
Date de sortie en France : 25 juin 1997
Genre : horreur

Synopsis : 
Afin de réaliser un documentaire sur une peuplade inconnue d'Amazonie, l'anthropologue Cale et son équipe s'enfoncent dans la jungle. Ils portent secours à Paul Sarone, chasseur de serpent dont l'embarcation est en panne. Il profite de la faiblesse de Cale pour prendre le commandement de l'équipe et s'enfoncer plus avant dans la forêt, à la poursuite du plus grand des reptiles, l'anaconda, qui broie ses victimes avant de les gober tout entières. 
Avis : 
Au royaume des nanars animaliers, le serpent est bien souvent le roi. Entre les inénarrables Boa, Python ou encore Boa vs Python, la saga Anaconda ne relève pas vraiment le niveau... à l'exception du premier volet, largement au-dessus des autres films mettant en scène les reptiles rampants. Entre film d'aventures et d'horreur, Anaconda, le prédateur nous plonge ainsi en pleine forêt amazonienne, sur le territoire d'un serpent géant.



Première satisfaction : les attaques du prédateur sont très efficaces. Bénéficiant d'effets spéciaux plutôt convaincants, à l'exception des effets numériques ayant, forcément, pris un petit coup de vieux, ces assauts donnent pleinement la mesure de la puissance de ces animaux, quitte à parfois en faire un peu trop pour les besoins du spectacle. On a ainsi nous-mêmes le souffle coupé lorsque l'anaconda s'enroule autour de ses victimes, pour des séquences qui font systématiquement froid dans le dos.

Seconde satisfaction : les personnages. Plus intéressants que les éternelles victimes que l'on voit habituellement, les Jennifer Lopez, Ice Cube, Owen Wilson et compagnie se révèlent plutôt attachants, grâce à des dialogues et des évolutions plutôt crédibles. Que dire enfin de Jon Voight qui, s'il en fait souvent beaucoup trop dans le registre du grand méchant prêt à tout pour obtenir son trophée de chasse, incarne un psychopathe charmeur, manipulateur et sans pitié parfaitement en phase avec le ton du film.

On ne poussera évidemment pas le vice jusqu'à faire de cet Anaconda, le prédateur le Jaws du film de serpent. Bien au-dessus des autres films du genre, il constitue en revanche un honnête et agréable divertissement, que j'aime revoir de temps en temps, comme un petit plaisir pas si coupable.

Note : 6.5/10