dimanche 31 mars 2013

Möbius


Titre : Möbius
Réalisateur : Eric Rochant
Acteurs : Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth
Date de sortie en France : 27 février 2013
Genre : thriller, espionnage

Synopsis : 
Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d’un puissant homme d’affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d’or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.

Avis : 
Prenez une bande de papier, regroupez les deux extrémités en effectuant une torsion d'un demi tour : vous obtenez un ruban de Möbius. Un objet qui n'a ni endroit, ni envers, à tel point que si vous tracez une ligne sans lever votre stylo, vous arrivez de l'autre côté du papier. Un objet étrange, qui permettra d'expliquer au héros de ce Möbius la clé de l'histoire, dans un passage inutilement explicatif.


Mais avant ça, on se retrouve donc face à une oeuvre mêlant espionnage et histoire d'amour. Certes peu original, ce postulat de départ va rapidement se trouver enrichi par la présence de multiples intérêts, chaque personnage étant surveillé par trois organisations, amenant de façon très réussie de nombreuses interrogations sur la loyauté de chacun, leurs buts véritables et les rapports entre les différentes agences : tout le monde ment à tout le monde, prend des initiatives, se met en danger et met en danger ses alliés supposés. La partie espionnage est ainsi parfaitement réussie, et si l'on met quelques minutes à entrer dans le film, Möbius nous accroche parfaitement par la suite.


Au milieu de tout ça, nous avons donc les personnages interprété par Jean Dujardin et Cécile de France. Si l'acteur français est excellent, on a parfois l'impression que le film a été fait tout particulièrement à sa gloire : dans ce monde impitoyable, il est un surdoué, invincible et loyal, mais néanmoins capable d'aimer. Et en plus, il baise comme un Dieu. Le personnage de Cécile de France est un peu plus intéressant, cachant à merveille son double jeu, et le duo fonctionne parfaitement, s'entraînant mutuellement vers une issue inéluctable.

Cette histoire d'amour apporte encore un peu de profondeur à ce Möbius, même si l'on pourra regretter que le film ne finisse pas 10 minutes plus tôt. Le film reste néanmoins agréable à suivre, parsemé de scènes très fortes (comme l'appel téléphonique entre les deux personnages principaux ou les révélations) et au suspense parfois impressionnant. Dommage néanmoins que les relations entre les personnages donnent souvent l'impression d'évoluer bien trop vite (le coup de foudre entre Jean Dujardin et Cécile de France, la confiance de Tim Roth pour la jeune femme dès le premier regard...).

Note : 7/10

vendredi 29 mars 2013

Frankenweenie


Titre : Frankenweenie
Réalisateur : Tim Burton
Acteurs : Charlie Tahan, Winona Ryder, Martin Landau
Date de sortie en France : 31 décembre 2012
Genre : animation, drame, fantastique

Synopsis : 
Après la mort soudaine de Sparky, son chien adoré, le jeune Victor fait appel au pouvoir de la science afin de ramener à la vie celui qui était aussi son meilleur ami. Il lui apporte au passage quelques modifications de son cru… Victor va tenter de cacher la créature qu’il a fabriquée mais lorsque Sparky s’échappe, ses copains de classe, ses professeurs et la ville tout entière vont apprendre que vouloir mettre la vie en laisse peut avoir quelques monstrueuses conséquences…   

Avis :  
Après plusieurs films très médiocres, on pensait avoir définitivement perdu Tim Burton avec Dark Shadows, auto-caricature grotesque à l'humour puéril qui ratait absolument tout ce qu'il entreprenait. Sans doute bien conscient de l'impasse créative devant laquelle il se trouvait depuis un bon moment, le réalisateur d'Edward aux mains d'argent s'est alors tourné vers l'une de ces premières oeuvres, le court-métrage Frankenweenie, tourné en 1984 alors qu'il était encore chez Disney, le studio le virant ensuite, trouvant l'oeuvre trop effrayante pour le jeune public.

Près de 30 ans après, Tim Burton en réalise donc le remake, avec une différence de taille : si l'original était un film live, avec de vrais acteurs (dont Shelly Duvall) et un vrai chien, cette reprise sera un film d'animation utilisant, comme L'Etrange Noël de monsieur Jack, la technique du stop-motion. Un changement qui va permettre à Burton de nous offrir des débordements visuels impressionnants, notamment dans la dernière partie du film. Il en profite également pour étoffer son histoire, ajoutant de nombreux personnages et une intrigue basée sur la résurrection de leurs animaux disparus afin de passer des 30 minutes de son court-métrage à l'heure et demie de cette nouvelle version.


Tim Burton va ainsi nous proposer une galerie de personnages tous plus farfelus les uns que les autres, à base de caricatures classiques mais souvent drôles. Les animaux ressuscités vont également bénéficier d'une forte personnalité, et le réalisateur va s'amuser à remplir son film de nombreuses références aux monstres cultes du cinéma fantastique : outre l'hommage évident à Frankenstein, Burton nous invite par exemple à croiser Nosferatu, Le Cauchemar de Dracula, Vincent Price ou encore Gamera par le biais de clins d'oeil parfaitement intégrés à l'histoire. 

Il va également réussir à retrouver le charme et l'émotion de l'oeuvre originale et, même en connaissant l'histoire, on se surprend à être touché par le destin de ce chien en images de synthèse extrêmement attachant. Burton retrouve ici la magie de ses meilleures oeuvres, avec ce mélange entre humour et fantastique, cet attachement aux freaks et cet univers décalé, entre critique de l'American way of life et poésie morbide. 

En revenant aux sources de son univers, Tim Burton signe l'un des meilleurs films de sa carrière, et l'un des plus beaux films d'animation de 2012. Retrouvant pour l'occasion la magie et l'émotion de ses débuts, avec Frankenweenie, ce n'est pas à la résurrection de Sparky que nous assistons : c'est à celle de Tim Burton, après de longues années au point mort.

Note : 8,5/10





jeudi 28 mars 2013

The Dark Knight rises


Titre : The Dark Knight rises
Réalisateur : Christopher Nolan
Acteurs : Christian Bale, Tom Hardy, Anne Hathaway
Date de sortie en France : 25 juillet 2012
Genre : action, super-héros

Synopsis : 
Il y a huit ans, Batman a disparu dans la nuit : lui qui était un héros est alors devenu un fugitif. S'accusant de la mort du procureur-adjoint Harvey Dent, le Chevalier Noir a tout sacrifié au nom de ce que le commissaire Gordon et lui-même considéraient être une noble cause. Et leurs actions conjointes se sont avérées efficaces pour un temps puisque la criminalité a été éradiquée à Gotham City grâce à l'arsenal de lois répressif initié par Dent.
Mais c'est un chat – aux intentions obscures – aussi rusé que voleur qui va tout bouleverser. À moins que ce ne soit l'arrivée à Gotham de Bane, terroriste masqué, qui compte bien arracher Bruce à l'exil qu'il s'est imposé. Pourtant, même si ce dernier est prêt à endosser de nouveau la cape et le casque du Chevalier Noir, Batman n'est peut-être plus de taille à affronter Bane…

Avis : 
Après avoir redynamisé le mythe de Batman au cinéma avec Batman Begins, puis avoir renouvelé le film de super-héros avec The Dark Knight, bien aidé par la prestation monstrueuse de Heath Ledger, Christopher Nolan revient en 2012 pour clore la trilogie consacrée à Bruce Wayne et son alter ego masqué avec The Dark Knight Rises. Forcément attendu au tournant après le second épisode, le réalisateur d'Inception va réussir à signer un troisième volet encore meilleur que les précédents, conclusion parfaite à une trilogie impressionnante.

Il explore pour l'occasion les recoins les plus sombres de l'âme Bruce Wayne et de Gotham City, révélés au grand jour par un nouvel ennemi, l'impressionnant Bane (Tom Hardy), dont le plan réglé au millimètre contraste à merveille avec la folle spontanéité du Joker. Un adversaire puissant et intelligent, qui sera au centre de scènes particulièrement spectaculaire, comme ce détournement d'avion qui ouvre le film ou l'attaque apocalyptique sur la ville. Un chaos dont s'extraira enfin Batman, embrassant enfin le rôle de héros qui l'attendait depuis Batman Begins.


Christopher Nolan va embrasser l'évolution de ces personnages grâce à un film très intense, à la progression implacable. Il va également apporter un soin tout particulier à ses personnages secondaires, aussi importants qu'anecdotiques au milieu de cette ville en pleine anarchie, corrigeant un peu le défaut de The Dark Knight où le Joker semblait être l'unique visage important. Ici, de Catwoman / Selina Kyle (Anne Hathaway) au commissaire Gordon (Gary Oldman) en passant par John Blake (Joseph Gordon-Levitt) à Miranda Tate (Marion Cotillard), chacun est mis en avant, donnant une richesse impressionnante à Gothan City. Les nouveaux venus s'intègrent parfaitement dans un univers parfaitement cohérent, où l'on retrouve également avec joie quelques personnages des anciens épisodes, comme Jonathan Crane (Cilian Murphy) ou Ra's al Ghul (Liam Neeson).

Les 2h45 du film passent à une vitesse folle, pour une oeuvre qui s'imbrique donc à merveille à la suite des deux volets précédents de la trilogie. Tout juste pourra-t-on regretter quelques passages moins réussis, comme la captivité de Bruce Wayne ou l'interprétation étrange d'un des acteurs au moment de la mort de son personnage (passage devenu instantanément culte sur internet). Reste un moment de pur bonheur, l'un des meilleurs films de super-héros jamais réalisés, sinon le meilleur, et l'une des oeuvres majeures de 2012. Merci, Monsieur Nolan.

Note : 9/10


mercredi 27 mars 2013

Jack le chasseur de géants


Titre : Jack le chasseur de géants (Jack the giant slayer)
Réalisateur : Bryan Singer
Acteurs : Nicholas Hoult, Eleanor Tomlinson, Ewan McGregor
Date de sortie en France : 27 mars 2013
Genre : fantasy, aventures

Synopsis : 
Lorsqu’un jeune fermier ouvre par inadvertance la porte entre notre monde et celui d’une redoutable race de géants, il ne se doute pas qu’il a ranimé une guerre ancienne… Débarquant sur Terre pour la première fois depuis des siècles, les géants se battent pour reconquérir leur planète et le jeune homme, Jack, doit alors livrer le combat de sa vie pour les arrêter. Luttant à la fois pour le royaume, son peuple et l’amour d’une princesse courageuse, il affronte des guerriers invincibles dont il s’imaginait qu’ils n’existaient que dans les contes. L’occasion, pour lui, de devenir une légende à son tour.   

Avis : 
Depuis la trilogie du Seigneur des anneaux, la fantasy est plus que jamais à la mode, et donne l'opportunité de revisiter certains univers. Le succès du Alice au pays des merveilles de Tim Burton ayant quant à lui remis les contes classiques au goût du jour, Le Magicien d'Oz, Blanche-Neige, Hansel et Gretel sont ainsi revenus sur nos écrans, dans des oeuvres souvent moyennes mais marquées par un aspect épique clairement inspiré de l'oeuvre de Peter Jackson, jusqu'à n'en proposer qu'un décalque sans inspiration, comme Blanche-Neige et le chasseur. Une influence que l'on retrouve dans cette nouvelle déclinaison de Jack et le haricot magique et Jack le tueur de géants.

C'est Bryan Singer, réalisateur d'Usual Suspects, des deux premiers X-Men ou de Superman Returns, qui s'y colle, entouré pour l'occasion du jeune Nicholas Hoult (Warm Bodies, X-Men : le commencement) dans le rôle de Jack, d'Ewan McGregor (Trainspotting, la prélogie Star Wars), de Stanley Tucci (Lovely Bones, Hunger Games) et d'Eleanor Tomlinson, pour une histoire assez classique, où un jeune homme que rien ne prédestinait à un destin exceptionnel va devenir un héros, sauver tout le monde et séduire la princesse.


A vrai dire, il est assez compliqué de parler de ce Jack le chasseur de géants : le film ne comporte ni qualité véritable, ni défaut flagrant, il est tout simplement quelconque. Son histoire ne réserve aucune surprise, se contentant d'aligner les passages que l'on attend sans imagination, mais on en attendant pas moins d'une telle oeuvre. De même, en hésitant constamment entre action épique et conte pour enfants, livrant quelques passages spectaculaires et même assez effrayants mais en les contrebalançant par un humour à base de pets et de crottes de nez, Bryan Singer n'offre qu'un spectacle fade d'où les rares scènes mémorables se comptent sur les doigts d'une main.

On en arrive rapidement à se détacher complètement du sort des héros, le destin des acteurs principaux étant évident et les personnages secondaires étant totalement interchangeables (l'oncle de Jack disparaît d'ailleurs purement et simplement, sans aucune explication). Même les effets spéciaux, très réussis, laissent de marbre et les géants, au look mi-effrayant mi-grotesque, n'ont aucune présence. Un comble ! Un constat identique s'impose en ce qui concerne les acteurs évoqués plus haut : s'ils ne jouent pas mal, ils campent néanmoins des personnages totalement lisses.

J'attendais bien plus de ce film de Bryan Singer, qui ne m'a donc finalement laissé qu'un sentiment...de ne rien avoir vu de particulier. Un film comme on pourra en voir des dizaines, ni bon ni mauvais, mais tout simplement tristement anecdotique.

Note : 4,5/10


Des abeilles et des hommes


Titre : Des abeilles et des hommes (More than honey)
Réalisateur : Markus Imhoof
Avec : Charles Berling (narrateur)
Date de sortie en France : 20 février 2013
Genre : documentaire animalier

Synopsis :
Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis quinze ans. Cette épidémie, d’une violence et d’une ampleur phénoménale, est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible.
Aujourd’hui, nous avons tous de quoi être préoccupés : 80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, pas de pollinisation, donc pratiquement plus de fruits, ni légumes.
Il y a soixante ans, Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l’homme : « Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. » 

Avis : 
Curieux documentaire que ce Des abeilles et des hommes : en sortant de la salle, on est assez perplexe quant au message que veut nous faire passer Markus Imhoff. C'est bien simple, son film ne parle pratiquement que d'argent, et même les personnages présentés au premier abord comme passionnés par les insectes n'y voient finalement qu'un produit comme un autre, la destruction d'une ruche n'étant vue que comme une perte de revenus.

Le titre français est ainsi particulièrement bien choisi : on voit pendant tout le film l'intervention constante de l'homme, manipulant les reines, exportant les abeilles, bombardant les plantes de fongicides ou contrôlant en permanence l'espèce. Un business important, aux moyens impressionnants, et présenté comme directement responsable de la disparition d'une énorme partie des abeilles depuis plusieurs années. C'est simple, à quelques exceptions près - tendant néanmoins à s'effacer à leur tour, comme les abeilles africanisées - les abeilles sont aujourd'hui totalement dépendantes de l'homme, unique rempart contre les maladies qu'il a lui-même causées.


Des abeilles elles-même, nous n'apprendrons ainsi pas grand chose de nouveau : elles récoltent le nectar, produisent du miel, dansent pour indiquer la direction des champs, et ont une reine. En fait, elles ne sont vraiment présentées que comme des biens, sauf quand on essaie de nous tirer une émotion en nous montrant, en gros plan, l'agonie de certaines ouvrières dévorées par un parasite ou aspergées de fongicide. Plus étrange encore, le métrage met tellement l'accent sur les producteurs qu'on finit par se demander si l'on ne doit pas plaindre davantage les hommes que les insectes. Quant aux conséquences possibles de leur éventuelle disparition, elles sont tout simplement survolées.

Imhoof montre ainsi beaucoup de choses, passe régulièrement du coq à l'âne (le fil rouge ne sert finalement à rien) et ne semble finalement rien vouloir démontrer. Cela donne un documentaire aussi agaçant que le comportement des apiculteurs, dont le message manque de clarté. On regrettera aussi les abeilles en numérique, uniquement destinées à illustrer lourdement le propos et à nous procurer quelques scènes d'action en volant aux côtés d'une abeille...

Note : 5/10


jeudi 21 mars 2013

Dracula (Francis Ford Coppola)


Titre : Dracula (Bram Stoker's Dracula)
Réalisateur : Francis Ford Coppola
Acteurs : Gary Oldman, Winona Ryder, Keanu Reeves
Date de sortie en France : 13 janvier 1993
Genre : épouvante, drame

Synopsis : 
En 1492, le prince Vlad Dracul, revenant de combattre les armées turques, trouve sa fiancée suicidée. Fou de douleur, il défie Dieu, et devient le comte Dracula, vampire de son état. Quatre cents ans plus tard, désireux de quitter la Transylvanie pour s'établir en Angleterre, il fait appel à Jonathan Harker, clerc de notaire et fiancé de la jolie Mina Murray. La jeune fille est le sosie d'Elisabeta, l'amour ancestral du comte...

Avis : 
 Enième adaptation du roman de Bram Stoker, le Dracula de Francis Ford Coppola, sorti en 1992 se démarque de ses prédécesseurs en introduisant une dimension plus dramatique au personnage, et en ajoutant une histoire d'amour entre le comte et la réincarnation de son amour perdu. A l'écran, cela se traduira surtout par un Dracula pleurnichard, ajoutant à la ringardise permanente d'une oeuvre infiniment grotesque.


Car de son visuel kitchissime à son interprétation toute en surjeu, Dracula repousse constamment les limites du ridicule, osant reprendre des procédés de réalisation dépassés depuis des décennies (l'amateurisme naïf qui émane de certaines transitions ou de certaines compositions visuelles fait vraiment peine à voir). On se demande même si Coppola a jeté un oeil au résultat final, tant le film prête à rire, de certains costumes improbables (l'armure de Oldman pendant l'introduction...) aux effets spéciaux en passant par la direction d'acteurs...

A ce niveau, si on pourra pardonner au réalisateur de ne pas avoir pu tirer grand chose d'acteurs médiocres tels que Keanu Reeves, Winona Ryder ou Monica Bellucci, on se demande si Anthony Hopkins (Le Silence des agneaux) et Gary Oldman (JFK) n'ont pas décidé ensemble d'en faire des tonnes afin de remporter un pari, les deux acteurs surjouant de façon impressionnante à chaque scène, dans un mauvais goût uniquement concurrencé par certains effets visuels.

On s'étonnera d'ailleurs de voir cette adaptation de Dracula être devenue un classique. Risible jusqu'au bout des crocs, le film de Francis Ford Coppola réunit des interprétations honteuse, un esthétisme douteux, un scénario grotesque, les pires poncifs du genre et des effets d'une incroyable ringardise pour nous offrir ce qu'il y a de pire dans le cinéma fantastique hollywoodien des années 90. Un naufrage intégral, dont on ne sauvera finalement que quelques compositions du regretté Wojciech Kilar...

Note : 1/10


mercredi 20 mars 2013

La Religieuse


Titre : La Religieuse
Réalisateur : Guillaume Nicloux
Acteurs : Pauline Etienne, Isabelle Hupert, Louise Bourgoin
Date de sortie en France : 20 mars 2013
Genre : drame

Synopsis : 
XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu’elle aspire à vivre dans « le monde ». Au couvent, elle est confrontée à l’arbitraire de la hiérarchie ecclésiastique : mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou un peu trop aimantes… La passion et la force qui l’animent lui permettent de résister à la barbarie du couvent, poursuivant son unique but : lutter par tous les moyens pour retrouver sa liberté. 

Avis : 
 Adaptation de La Religieuse de Denis Diderot (qui a déjà inspiré un autre film, Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot, réalisé par Jacques Rivette), le nouveau film de Guillaume Nicloux nous plonge dans l'univers fermé du couvent. Avec ses règles strictes, ses grilles fermées, ses mères supérieures, l'endroit ressemble à une prison pour la jeune Suzanne Simonin, contrainte d'y vivre par ses parents, et qui n'aura dès lors qu'une seule volonté : celle de redevenir enfin libre.


Malheureuse malgré la bienveillance de Madame de Moni (Françoise Lebrun), la Mère supérieure de Longchamp, la jeune fille est ensuite confrontée, à la mort de celle-ci, à soeur Christine (Louise Bourgoin, que l'on n'attendait pas dans un tel rôle), qui la punira sévèrement à chaque écart et encouragera les autres filles du couvent à l'humilier quotidiennement. Une deuxième partie très dure, qui rappelle par moments le récent Au-delà des collines dans sa description de la cruauté et de la folie religieuse de la Mère supérieure, mettant en péril la santé de Suzanne.

La dernière partie voit la jeune fille rencontrer l'abbesse de Ste-Eutrope (Isabelle Hupert), qui l'étouffera de son désir hystérique et incontrôlable avant de sombrer dans la folie à son tour. Guillaume Nicloux livre ainsi, à l'image de Diderot, une description très dure du monde du couvent, où l'enfermement conduit invariablement à la folie, qu'elle passe par l'expression d'une cruauté insupportable ou par le désespoir d'un amour interdit et impossible. Au milieu de tout ça, la jeune et naïve Suzanne, interprétée avec brio par Pauline Etienne, avec ses idéaux de justice et de liberté, ne trouvera jamais sa place.

On regrettera simplement la lenteur du film, notamment dans son premier acte, bien que ce rythme corresponde parfaitement à l'histoire. Guillaume Nicloux nous livre une description crue et troublante du couvent, un lieu baigné de lumière mais théâtre de ce que la femme peut faire endurer de pire à ses camarades au nom d'un idéal qui s'en trouve ainsi bafoué...

Note : 8/10



lundi 18 mars 2013

Lincoln

 

Titre : Lincoln
Réalisateur : Steven Spielberg
Acteurs : Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee Jones, Joseph Gordon-Levitt
Date de sortie en France : 30 janvier 2013
Genre :  biopic, drame

Synopsis : 
Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.

Avis : 
Après trois films à grand spectacle et destinés à un large public (Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal, Les Aventures de Tintin : le secret de la Licorne et Cheval de guerre), Steven Spielberg revient à une oeuvre inspirée de faits historiques. S'il a déjà réalisé plusieurs films ayant pour cadre la Seconde Guerre Mondiale (Il faut sauver le soldat Ryan, pour n'en citer qu'un), il s'intéresse cette fois à la Guerre de Sécession par le biais du seizième président des Etats-Unis : Abraham Lincoln. L'occasion surtout d'évoquer la lutte pour faire adopter le treizième amendement à la Constitution abolissant l'esclavage.

Spielberg choisit pour l'occasion une approche intimiste en s'intéressant à Lincoln lui-même, l'homme politique bien sûr, à la ténacité sans faille, mais aussi le mari et le père d'une famille marquée par la guerre. N'attendez donc pas de grandes scènes de bataille, on ne verra les champs de bataille que quelques secondes au début et à la fin du film. Tout se joue en coulisses, au moyen de longs débats souvent stériles à la Chambre des Représentants, de longues discussions entre Lincoln et son Cabinet, et de pressions pour convaincre les opposants à se prononcer en faveur de l'amendement afin d'obtenir le nombre de voix suffisant.

L'une des images récurrentes du film : la silhouette et / ou l'ombre de Lincoln, envahissant ou s'éloignant du cadre selon les besoins d'un symbolisme un peu primaire...

Si ce parti pris nous plonge effectivement au plus près du personnage, nous fait découvrir un homme friand d'anecdotes et d'expressions parfois obscures, et si cette approche nous permet d'apprécier à sa juste valeur l'énorme prestation de Daniel Day-Lewis, elle aura la fâcheuse conséquence d'alourdir profondément le rythme du récit, surtout si le spectateur maîtrise mal les deux grands axes historiques, d'autant que ceux-ci restent largement survolés - et parfois instrumentalisés pour les besoins du scénario. Cette lenteur, certainement voulue par Spielberg pour retranscrire l'avancée pénible des débats et la tension autour du vote et de la fin de la guerre, finit par nous perdre un peu jusqu'au vote final qui, alors que nous en connaissons le résultat, réussit à nous maintenir en haleine.

D'une durée de 2h30, ce Lincoln lasse à certains moments, l'accumulation de dialogues autour d'enjeux pas toujours évidents (mais toujours soutenus par l'envahissante et pompeuse musique de John Williams, qui s'autoparodie) prenant parfois le pas sur le portrait de ce personnage qui, s'il revêt une importance de premier ordre dans l'Histoire des Etats-Unis, peine à convaincre en tant que personnage de cinéma, malgré un interprète en état de grâce. Un grand film paraît-il, mais qui ne m'a guère passionné malgré un sujet très fort...

Note : 6,5/10

dimanche 17 mars 2013

Wadjda


Titre : Wadjda
Réalisatrice : Haifaa Al Mansour
Acteurs : Waad Mohammed, Reem Abdullah, Abdullrahman Al Gohani 
Date de sortie en France :  6 février 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles.
Wadjda se voit donc refuser par sa mère la somme nécessaire à cet achat. Déterminée à trouver l’argent par ses propres moyens, elle décide alors de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, avec pour la gagnante, la somme tant désirée. 

Avis : 
Premier film réalisé sur le territoire du Royaume d'Arabie Saoudite, premier film saoudien réalisé par une femme, Wadjda est forcément un film particulier, dans un pays très marqué par l'inégalité homme / femme. Haifaa Al Mansour, la réalisatrice, a d'ailleurs évoqué plusieurs des difficultés rencontrées par le tournage, certains passants acceptant mal son travail ou le fait qu'elle travaille avec des hommes, ou le casting difficile pour la jeune Wadjda, les familles saoudiennes refusant souvent de voir leurs filles apparaître à l'écran.

Cela n'empêchera pas de trouver la perle rare, Waad Mohammed, dont l'attitude moins conformiste lors des auditions collait à merveille avec le personnage principal du film. En effet, la jeune Wadjda, à l'image de la jeune Marjane dans Persépolis, ne parvient pas à se fondre dans le moule, ne supporte pas le poids de traditions qu'elle ne comprend pas et qu'on cherche à lui imposer. Elle porte des Converses, ne se soucie guère du regard des hommes, et ne souhaite qu'une chose : pouvoir acheter une bicyclette afin de faire la course avec son ami Abdallah. Et donc, en un sens, afin d'être son égal. Son innocence juvénile se heurtera néanmoins aux remontrances de son entourage, sa maire ou la directrice de son école ne manquant pas de la rappeler à l'ordre pour qu'elle se conforme comme une honnête femme saoudienne.


Haifaa Al Mansour évoque donc avec ce film la place de la femme dans son pays, avec ces inégalités omniprésentes (Wadjda ne peut avoir de bicyclette, sa mère ne peut conduire une voiture, l'arbre généalogique ne comporte que les noms des hommes), l'importance de la tradition et du regard des autres. Si le film est, à l'image de l'égyptien Les Femmes du bus 678, une formidable vitrine sur la condition de la femme au Moyen-Orient, il le fait en finesse, sans jamais grossir le trait : le père de Wadjda est montré, comme les autres, comme prisonnier des traditions, pressé par exemple par sa mère et ses amis pour épouser une nouvelle femme, la mère de la jeune héroïne étant incapable de lui donner une descendance masculine.

La quête de la jeune Wadjda nous permet de suivre une fillette attachante, débrouillarde (on s'amusera des stratagèmes qu'elle utilise pour gagner un peu d'argent), d'une rafraîchissante honnêteté (qui pourra forcément lui nuire). Un personnage parfaitement interprété par la jeune Waad Mohammed, dont c'est le tout premier film, qui composera un duo pétillant avec son complice à l'écran, Abdullrahman Al Gohani, pour une de ces histoires d'amitié - amour attendrissantes toute en subtilité que nous offre trop rarement le cinéma.

Avec Wadjda, on redécouvre donc une partie de la culture saoudienne, tout comme les films d'Asghar Farhadi (Les Enfants de Belle Ville, Une séparation) permettaient d'avoir un regard nouveau sur l'Iran. Partant d'une base très simple, la volonté d'une jeune fille d'acheter une bicyclette, le film nous livre donc une très belle histoire autour des thèmes de l'espoir et de la ténacité, et usant à merveille de la métaphore pour évoquer la situation de la femme en Arabie Saoudite sans sombrer dans la caricature.

Note : 9/10


Die Hard : belle journée pour mourir

 

Titre : Die Hard : belle journée pour mourir (A good day to die hard)
Réalisateur : John Moore
Acteurs : Bruce Willis, Jai Courtney, Sebastian Koch
Date de sortie en France : 20 février 2013
Genre : action

Synopsis : 
Cette fois-ci, le flic qui ne fait pas dans la demi-mesure, est vraiment au mauvais endroit au mauvais moment après s’être rendu à Moscou pour aider son fils Jack, qu’il avait perdu de vue. Ce qu’il ignore, c’est que Jack est en réalité un agent hautement qualifié de la CIA en mission pour empêcher un vol d’armes nucléaires. Avec la mafia russe à leur poursuite et la menace d’une guerre imminente, les deux McClane vont découvrir que leurs méthodes radicalement différentes vont aussi faire d’eux des héros que rien ne peut arrêter.

Avis :
Pour la cinquième fois, Bruce Willis endosse le rôle de John McClane. Après un quatrième volet, Die Hard : retour en Enfer, largement en dessous des trois premiers volets, ce nouveau retour ne semblait pas vraiment s'imposer. Mais que voulez-vous, les lois du dollars étant ce qu'elles sont, on ne pouvait apparemment pas y échapper, et après avoir sauvé le monde aux côté de sa fille, il va botter le cul de méchants russes avec son fils.

Car avec ce Die Hard 5, on revient à la belle recette, pas périmée du tout, du gentil américain contre le méchant soviétique. Oui, soviétique, car l'ennemi est directement lié à la catastrophe de Tchernobyl, déteste tout ce qui est ricain ("surtout les cowboys !"), exhibe de jolis tatouages à la gloire de l'U.R.S.S. et trahit tout ce qui bouge. Heureusement, le moscovite est parfaitement bilingue et, soucieux de ne pas trop nous faire lire de sous-titres (lire ? mais quelle horreur !), prend bien soin de passer du russe à l'anglais au milieu d'une conversation avec ses compatriotes.


Mais rassurez-vous : ça ne parlera pas trop. On nous balance quelques enjeux à la tronche comme os à ronger pendant 1h30, on répète plusieurs fois la même réplique ("mais je suis en vacances !" insistera Bruce Willis, qu'on n'aura aucune peine à croire), on nous bombarde des phrases-signatures du héros ("yippie-kai pauvre con !"). Le reste du temps, ça se poursuit, ça se tire dessus, et c'est de toute façon le but du film. Et il faut bien dire que la première scène d'action, une scène de poursuite en voiture, est particulièrement efficace et donne quelques bons espoirs sur la suite. Bon, c'est filmé et filmé n'importe comment, de façon à ce qu'on en loupe la moitié, mais ça reste spectaculaire et jouissif, surtout si on a laissé de côté les idées de cohérence et de crédibilité (juste pour l'exemple : c'est quand même bien pratique les attentats pour lutter contre les embouteillages !).

Seulement voilà, après cette scène, tout se gâte. Le film s'enfonce à toute vitesse dans la connerie, emporté par la relation entre McClane père et fils, inintéressante et aussi fine que la charge d'un troupeau de pachydermes, et un scénario d'une débilité profonde. Le sommet est atteint avec le final à Tchernobyl où, après avoir pris mille précautions pour éviter les radiations (combinaison, compteurs geiger), tout le monde finit par s'en foutre.

Après un quatrième volet qui montrait déjà l'essoufflement de la saga, ce Die Hard 5 sombre dans la crétinerie la plus beauf, faisant de son icône le bon papa capitaliste face à ces pourris de communistes. Par pitié, laissez maintenant John McClane tranquille. Retenons enfin le nom du réalisateur, John Moore : déjà responsable du remake inutile de La Malédiction et de l'adaptation foireuse de Max Payne, il semble être la nouvelle personne à contacter quand il s'agit de massacrer un mythe. Paul W.S. Anderson (Resident Evil, Alien vs Predator) n'a qu'à bien se tenir !

Note : 3/10


jeudi 14 mars 2013

Alice au Pays des Merveilles


Titre : Alice au Pays des Merveilles (Alice in Wonderland)
Réalisateur : Hamilton Luske, Wilfred Jackson, Clyde Geronomi
Acteurs : Kathryn Beaumont, Ed Wynn, Richard Haydn
Date de sortie en France : 21 décembre 1951
Genre : animation

Synopsis : 
Alors qu'elle travaille à ses leçons, Alice se laisse entrainer par le sommeil et tombe dans une profonde rêverie. Poursuivant un lapin très en retard elle accède au pays des merveilles où une suite d'aventures rocambolesques et insolites l'attendent. Tantôt rapetissée, tantôt gigantesque, Alice oscille au gré de ses rencontres entre la quête du merveilleux et l'expérience cauchemardesque.   

Avis :  
Dix-septième long-métrage d'animation des studios Disney, Alice au Pays des Merveilles est adapté des romans de Lewis Carroll : Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles et De l'autre côté du miroir. Une adaptation forcément difficile au vu de l'oeuvre du romancier britannique, dont l'histoire décousue et l'humour très particulier se prêtent mal à l'univers cinématographique. Après de nombreuses modifications de scénario, le film sort en 1951 et rencontrera un succès modeste, accueilli fraichement par les spectateurs et les critiques, notamment en raison des libertés prises avec l'oeuvre d'origine.

Walt Disney lui-même critiquera le film, n'appréciant guère le personnage d'Alice. Il est vrai qu'au rayon des productions des studios Disney, Alice au Pays des Merveilles fait figure d'OVNI, la folie de l'ensemble de ses personnages, le surréalisme des situations et même son héroïne, complètement effacée face aux événements tranchant radicalement avec les histoires plus classiques comme celles de  Cendrillon (sorti l'année précédente).

 La jeune Alice, curieuse et capricieuse, va donc évoluer de situation loufoque en situation loufoque et rencontrer des personnages plus fous les uns que les autres, et pas toujours bienveillants. Du sirop pour rapetisser au biscuit pour grandir, de la rencontre avec Tweedle Dee et Tweedle Dum à la chanson des fleurs, les passages surréalistes se succèdent, sans aucun autre lien logique autre que "Alice poursuit le Lapin Blanc", jusqu'à atteindre des sommets avec le Chapelier Fou et la Reine de coeur. L'occasion d'admirer des trouvailles visuelles impressionnantes, comme le défilé des cartes ou les créatures improbables qui peuplent le pays des merveilles.

Le film possède également un côté assez mature, et parfois même légèrement effrayant : le Chat du Cheshire cause bien des problèmes à Alice, la Reine de Coeur souhaite décapiter tous ses sujets, les fleurs insultent et repoussent violemment Alice, l'histoire des huîtres est d'un réjouissant cynisme, et la jeune fille est enfin poursuivie par tous les personnages souhaitant la voir perdre la tête, au propre comme au figuré.

Alice au Pays des Merveilles est donc à mes yeux l'une des oeuvres les plus mémorables des studios Disney, grâce à une folie qui le démarque clairement des autres. Ponctuée de scènes et de chansons mémorables (ah, le non-anniversaire !), l'aventure de la jeune Alice ressemble à un film à sketches, chacun n'étant relié au suivant que par un lien très fin. Un excellent film, qui ne souffre par ailleurs aucunement du poids des ans !

Note : 8,5/10


Merlin l'enchanteur


Titre : Merlin l'enchanteur (The Sword in the Stone)
Réalisateur : Wolfgang Reitherman
Acteurs : Karl Swenson, Rickie Sorensen, Martha Wentworth 
Date de sortie en France : décembre 1964
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Le jeune Arthur reçoit l'enseignement de l'enchanteur Merlin, avec qui il va vivre des aventures magiques, avant de devenir Roi d'Angleterre. 

Avis: 
J'ai appris récemment que ce 22e long métrage d'animation des studios Disney était l'un de ceux qui avaient le moins marqué le public. En y réfléchissant, il est vrai que je n'ai le souvenir d'aucun élément rappelant le film de mes passages à Disneyland. Pourtant, c'est l'une des oeuvres animées ayant bercé mon enfance, à côté d'autres Disney comme Robin des bois ou Alice au Pays des Merveilles, et peut-être celle dont j'ai le souvenir le plus précis, l'ayant sans doute vue une bonne dizaine de fois.

Ayant pour vague toile de fond les légendes arthuriennes, adaptant pour l'occasion le livre L'Epée dans la Pierre de Terence Hanbury White, Merlin l'enchanteur nous conte donc l'histoire du jeune Arthur, orphelin recueilli par le seigneur Hector et tyrannisé par Kay, le fils de ce dernier. Arthur ne le sait pas, mais il est promis à un grand avenir : il est prédestiné à reprendre le trône vacant de Roi d'Angleterre, en arrachant Excalibur de son enclume. Mais le jeune garçon chétif va, avant cela, faire la rencontre du magicien Merlin, et vivre avec lui de nombreuses aventures destinées à lui apprendre que le cerveau peut vaincre les muscles.


La première partie du film sera ainsi rythmée par les tours de magie du vieux sage, bien décidé à ne pas faire sa valise ou la vaisselle sans utiliser ses pouvoirs. L'apprentissage d'Arthur passera par trois étapes successives : une transformation en poisson, pendant laquelle il devra échapper à un brochet ; une transformation en écureuil, où il devra se défaire d'une compagne très envahissante ; une transformation en oiseau où, accompagné d'Archimède, le hibou de Merlin, il échappera à un rapace avant d'échouer chez Madame Mim.

Le duel entre Merlin et Mim sera le meilleur moment du film, les métamorphoses des deux ennemis en divers animaux donnant à chaque seconde un combat mouvementé et drôle, où l'animation rend vraiment hommage à l'univers magique. Ce sera le sommet d'un film qui, jusque-là, ce sera quand même montré plutôt répétitif, les prouesses de Merlin et les leçons d'Arthur suivant un unique schéma, allant jusqu'à reprendre plusieurs fois les mêmes chansons.

Aussi, s'il reste un Disney particulier pour moi, ce Merlin l'enchanteur est loin des meilleures productions du studio, la faute à un aspect répétitif, un scénario laborieux et un humour parfois gênant (reposant principalement sur les anachronismes de Merlin et sur sa mémoire défaillante). Mais juste pour l'affrontement avec Madame Mim, qui demeure l'un de mes personnages préférés dans l'univers Disney, il mérite largement le coup d'oeil.

Note : 6,5/10


mercredi 13 mars 2013

Cloud Atlas


Titre : Cloud Atlas
Réalisateur :Lana Wachowski, Tom Tykwer, Andy Wachowski
Acteurs : Tom Hanks, Halle Berry, Hugh Grant, Hugo Weaving, Jim Broadbent, Jim Sturgess, Doona Bae
Date de sortie en France : 13 mars 2013
Genre : science-fiction

Synopsis : 
À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié.   

Avis : 
Dans un paysage cinématographique où les films finissent par tous se ressembler, l'arrivée d'un film aussi ambitieux que Cloud Atlas est forcément un événement. Adaptation du roman Cartographie des nuages de David Mitchell, le nouveau film des Wachowski (Bound, Matrix), épaulés pour l'occasion par Tom Tykwer (Cours, Lola, cours, Le Parfum, histoire d'un meurtrier), le film met ainsi en scène six histoires différentes, à six époques et dans six lieux distincts...mais six histoires liées entre elles, et où l'on retrouve les mêmes acteurs dans le rôle de différents personnages.

Science-fiction, comédie, anticipation, film post-apocalyptique, polar, chaque histoire appartient à un genre particulier, ce qui peut dérouter pendant les premiers instants du film. En effet, les six destins sont développés parallèlement, au point de ne passer que quelques minutes à chaque époque avant de passer à une autre, l'atmosphère changeant ainsi en permanence. De même, le fait que les mêmes acteurs interprètent des personnages différents pour chaque histoire, leur physique changeant parfois complètement (il faut voir Hugo Weaving en femme ou Halle Berry en homme !), le récit semble au premier abord assez hermétique. Mais rapidement, tout cela prend forme, chaque histoire étant finalement assez linéaire et le véritable intérêt résidant dans les rapports ténus qu'elles entretiennent entre elles.



En effet, le film évoque les thèmes de la réincarnation et de l'importance des choix effectués pendant les vies antérieures, chaque récit s'abreuvant des détails du précédents par l'intermédiaire de figures malfaisantes récurrentes, d'une tâche de naissance identique ou d'une mélodie, les éléments les plus insignifiants finissant par s'emboîter telles les pièces d'un immense puzzle. Le tout dans une progression étonnamment fluide, les 2h45 passant incroyablement vite et le scénario restant assez clair pour ne pas perdre définitivement le spectateur.


Il faut dire aussi que chaque histoire est très intéressante, même si l'acte central du film semble être l'Oraison de Sonmi-451, dont l'ambiance futuriste, les scènes d'action et les révélations constituent finalement les meilleurs moments de l'ensemble. Chaque segment a son identité propre, et l'on passera de la cale d'un navire du dix-neuvième siècle à la Terre désolée de l'année 2321 sans que l'intérêt pour chaque histoire n'en souffre : le voyage d'Adam Ewing, le destin de Frobisher, l'enquête de Luisa Rey, l'amusante histoire de Cavendish ou la quête de Zachri et Meronym réservent toutes leurs moments forts, d'autant que le fait de reconnaître chaque acteur revêt par moments un aspect indiscutablement ludique. 

On notera d'ailleurs la qualité du casting, puisqu'on retrouve Tom Hanks (Il faut sauver le soldat Ryan, Forrest Gump), Halle Berry (A l'ombre de la haine, X-Men), Jim Broadbent (Iris, Harry Potter et le prince de sang-mêlé), Hugo Weaving (Matrix, Le Seigneur des anneaux, V pour vendetta), Bae Doona (Sympathy for mister Vengeance, The Host), James D'Arcy (Hitchcock, An american haunting), Keith David (The Thing, Requiem for a dream), Susans Sarandon (The Rocky horror picture show, Lovely bones) ou encore Hugh Grant ! Chacun interprète donc plusieurs personnages, et est parfois méconnaissable sous le maquillage, tantôt vieilli, tantôt de sexe différent, tantôt d'ethnie différente.


Cloud Atlas est donc une oeuvre toute particulière, dont on ressort avec l'impression d'avoir enfin vu un film qui se démarque des autres, et digère parfaitement ses références comme Soleil vert, 1984 ou Fahrenheit 451. Passionnant de bout en bout, esthétiquement superbe et bénéficiant d'un casting impressionnant, le dernier film de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer est, pour le moment, l'un des plus belles réussites de 2013 !


Note : 9,5/10







mardi 12 mars 2013

Mission : Impossible


Titre : Mission : Impossible
Réalisateur : Brian De Palma
Acteurs : Tom Cruise, Jon Voight, Emmanuelle Béart
Date de sortie en France : 23 octobre 1996
Genre : action, espionnage

Synopsis : 
Les membres d'un commando de la CIA sont envoyés à Prague avec pour mission d'appréhender, lors d'une réception dans l'ambassade américaine, un espion ennemi qui s'apprête à dérober une disquette contenant la liste secrète des agents en Europe centrale. Seulement ils ignorent que la CIA, persuadée que le commando est infiltré par une taupe, a envoyé une seconde équipe sur place...

Avis : 
Adaptation de la célèbre série télévisée, Mission : Impossible est le premier (et le meilleur) film d'une saga qui en comporte actuellement quatre, et met en scène pour la première fois Tom Cruise dans la peau d'un de ces plus fameux personnages : Ethan Hunt.


Reprenant plusieurs des éléments de la série, comme le thème musical ou le générique, le film de Brian De Palma va néanmoins s'attirer les foudres du casting original, Peter Graves étant ainsi scandalisé du traitement réservé au personnage qu'il incarnait à l'époque, Jim Phelps, et refusant donc de reprendre le rôle. Qu'importe, nous aurons tout de même droit à une distribution de tout premier ordre : outre Tom Cruise, nous retrouvons Jon Voight (Macadam Cowboy, Délivrance), Ving Rhames (Pulp Fiction), Kristin Scott Thomas (Quatre mariages et un enterrement) et les français Jean Reno et Emmanuelle Béart.

Brian De Palma va tirer le meilleur d'un scénario assez classique, notamment grâce à son sens du montage et du suspense. La scène dans l'ambassade américaine est ainsi particulièrement réussie, de même que le passage le plus mémorable du film : l'infiltration du siège de la CIA à Langley. L'occasion pour Tom Cruise de marquer les mémoires par ses acrobaties suspendu à 2 mètres du sol, et pour De Palma de faire monter la tension dans un passage réglé au millimètres. Autre morceau de bravoure, le final sur le toit du TGV, qui repousse un peu trop les limites de la vraisemblance mais reste très spectaculaire.

Blockbuster très réussi, meilleur épisode de la saga devant les excès de John Woo ou le trop sage J.J. Abrams, Mission : Impossible transcende un scénario assez faible par des scènes très réussies, le talent de Brian De Palma pour le suspense et l'action faisant la différence pour une oeuvre qui marquera un tournant dans la carrière de Tom Cruise.

Note : 7/10


Le Dîner de cons


Titre : Le Dîner de cons
Réalisateur :  Francis Veber
Acteurs : Thierry Lhermitte, Jacques Villeret, Francis Huster, Daniel Prévost
Date de sortie en France : 15 avril 1998
Genre : comédie

Synopsis : 
Tous les mercredis, Pierre Brochant et ses amis organisent un dîner où chacun doit amener un con. Celui qui a trouvé le plus spectaculaire est déclaré vainqueur. Ce soir, Brochant exulte, il est sur d'avoir trouvé la perle rare, un con de classe mondiale : Francois Pignon, comptable au ministère des Finances et passionné de modèles réduits en allumettes. Ce qu'il ignore c'est que Pignon est passe maître dans l'art de déclencher des catastrophes.

 Avis : 
A force de rediffusions télévisées, il y a certains films que l'on connaît par coeur, mais que l'on suit néanmoins avec un plaisir toujours intact, sinon plus grand, à mesure qu'une espèce de complicité se crée entre le film et le spectateur qui attend la réplique, la situation dont il se souvient à la perfection. Le Dîner de cons fait partie de ces oeuvres-là. Maître-étalon de la comédie française de ces quinze dernières années, le film de Francis Veber, adapté de sa propre pièce de théâtre, cherche toujours un successeur dans un genre souvent décrié ces dernières années, le spectateur gardant principalement en mémoire les ratés uniquement destinés à profiter de la renommée de l'humoriste du moment malgré quelques réussites évidentes.


Que dire qui n'a jamais été dit sur ce film ? On le sait, les acteurs sont formidables, autant le duo Lhermitte - Villeret que les seconds rôles (Daniel Prévost, magnifique). On les connait, ces répliques indémodables, ce quiproquo sur Juste Leblanc ou les gaffes de ce con attendrissant de François Pignon. Et ça fonctionne toujours aussi bien, à l'image des phrases gravées dans l'histoire du cinéma comique français qu'ont pu prononcer Bourvil ou De Funès.

De nombreuses qualités qui permettent de ne pas s'ennuyer une seconde malgré cet unique décor, héritage de la pièce de théâtre (on retrouvera d'ailleurs cette caractéristique dans le récent - et lui aussi très réussi - Le Prénom), et théâtre justement de nombreux retournements de situations, de sautes d'humeur et d'humour, dont la morale un peu naïve n'est même plus un défaut tant le film nous transporte. Un pur bonheur, à chaque vision.

Note : 8,5/10


Walk the Line


Titre : Walk the Line
Réalisateur : James Mangold
Acteur : Joaquin Phoenix, Reese Witherspoon, Robert Patrick
Date de sortie en France : 15 février 2006
Genre : biopic, drame

Synopsis : 
Né en 1932 dans un bled de l'Arkansas, John R. Cash voit son enfance bouleversée lorsque son frère aîné meurt dans un accident dont il sera injustement tenu responsable par leur père. À l'âge adulte, il se fascine pour la musique et entreprend d'enregistrer sa première chanson en 1955, malgré le peu d'encouragement de sa femme Vivian, qui ne voit pas d'avenir dans ce métier.

Avis : 
Walk the Line retrace la vie, de son enfance à son célèbre concert dans la prison de Folsom, de l’un des artistes américains majeurs du vingtième siècle : Johnny Cash. Réalisé par James Mangold (Identity, Copland, 3h10 pour Yuma), il met en scène l’ascension de l’artiste, de ses premiers tubes à la célébrité, puis sa chute, rattrapé par les problèmes d’alcool, de drogues et de femmes, avant la renaissance, aux côtés de June Carter.


Accompagnés par les chansons des deux artistes, interprétées par Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon qui, choisis par Johnny Cash et June Carter en personne, ont pris des cours de chant pendant des mois, nous découvrons ainsi les coulisses des tournées de ces deux artistes, et la part d’ombre du chanteur, expiant la culpabilité de la mort de son frère, l’hostilité de son père et le manque de soutien de son épouse en brûlant la vie par les deux bouts. La descente aux Enfers est violente, la chute est terrible. La rédemption n’en sera que plus belle, dans un retournement de situation comme l’aiment tant les américains.

La vie de Johnny Cash se prêtait merveilleusement à une adaptation cinématographique, mais encore fallait-il un acteur convaincant dans le rôle du «Man in Black», capable d’interpréter la tendance à l’autodestruction du chanteur écorché vif, sa fragilité et sa colère contenue. Le défi sera largement réussi par Joaquin Phoenix, qui confirme tout son talent déjà vu dans Gladiator ou confirmé plus tard dans The Master. A ses côtés, l’étonnante Reese Witherspoon, bien loin de ses rôles précédents (Sexe Intentions, La Revanche d’une blonde) et qui obtiendra même l’Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation de la compagne de Cash, June Carter.

Quelques passages très intenses (les confrontations entre Johnny Cash et son père, les scènes dans la prison) achèvent de faire de ce Walk the Line un excellent film, porté par un splendide duo d’acteurs. Une oeuvre qui donne immédiatement envie de se plonger dans les disques de l’artiste américain, et notamment dans le live At Folsom Prison.

Note :
8/10


vendredi 8 mars 2013

The Master

Titre : The Master
Réalisateur :  Paul Thomas Anderson
Acteurs : Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams
Date de sortie : 9 janvier 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe...

Avis : 
Il n'aura fallu que quelques films à Paul Thomas Anderson (Boogie Nights, Magnolia, There will be blood) pour devenir une des figures majeures du cinéma américain actuel. Avec The Master, il s'intéresse de nouveau à la relation douloureuse entre deux hommes, réunis ici autour d'une secte rappelant fortement l'Eglise de Scientologie. Deux hommes, deux acteurs immenses : dans le rôle du Maître, un habitué des films de PTA, Philip Seymour Hoffman (Truman Capote), au charisme tranquille, aussi séduisant qu'effrayant ; dans le rôle du vétéran alcoolique, Joaquin Phoenix (Gladiator, Walk the line), entre colère contenue et explosions.


The Master est un film fascinant. Les face-à-face entre les deux hommes sont d'une remarquable intensité (la première séance de thérapie est formidable), l'évolution de la relation entre les deux hommes, entre attraction et répulsion, parfaitement dosée, et chacun finit par se nourrir de l'autre, Freddie s'apaisant pendant que Dodd se durcit, tolérant de moins en moins les critiques. Mais Freddie est ingérable, et sa violence refoulée, son goût pour le sexe, finiront par attirer les rancoeurs des proches de Dodd.

The Master est également un film un peu obscur. Très bavard, il expose parfois les théories de la Cause de façon très brutale, très cérébrale. Evidemment, cela nous met directement dans la peau de Freddie, qui ne comprendra jamais totalement les belles phrases du Maître, et les limites du talent oratoire de Dodd montreront rapidement ses limites face à des objections argumentées. Mais, le film durant plus de deux heures, l'accumulation de dialogues un peu exigeants finit par lasser un peu. D'autant que cela donne l'impression que Paul Thomas Anderson se regarde filmer : c'est souvent parfaitement réalisé, certains plans sont sublimes, mais on a parfois un sentiment de superficialité.

Aussi fascinant qu'exigeant, ce nouveau film de Paul Thomas Anderson déconcerte donc un peu. Néanmoins, les performances exceptionnelles, comme très souvent, de Philip Seymour Hoffman et de Joaquin Phoenix, justifient à elles seules la vision de ce film d'une puissance rare.

Note : 7,5/10