mardi 30 avril 2013

The Impossible


Titre : The Impossible (Lo Imposible)
Réalisateur : Juan Antonio Bayona
Acteurs : Naomi Watts, Ewan McGregor, Tom Holland
Date de sortie en France : 21 novembre 2012
Genre : drame, catastrophe

Synopsis : 
L’histoire d’une famille prise dans une des plus terribles catastrophes naturelles récentes. The Impossible raconte comment un couple et leurs enfants en vacances en Thaïlande sont séparés par le tsunami du 26 décembre 2004. Au milieu de centaines de milliers d’autres personnes, ils vont tenter de survivre et de se retrouver. D’après une histoire vraie. 

Avis : 
Après le très moyen Au-delà de Clint Eastwood, The Impossible revient à son tour sur le tsunami qui a frappé les côtés Thaïlandaises en 2004. Inspiré de l'histoire vraie de María Belón, une espagnole séparée de sa famille par le drame mais qui a fini par les retrouver, le film est réalisé par Juan Antonio Bayona, à qui l'on doit déjà L'Orphelinat, film fantastique dont l'esthétique soignée ne faisait pas oublier le scénario horriblement classique. Un classicisme qui se transforme ici en banalité, tant The Impossible s'acharne à rassembler les poncifs les plus horribles du cinéma.


Le film tente vainement de nous extirper des larmes, à grand renfort de surjeu (Naomi Watts et Ewan McGregor n'ont jamais aussi mal joué...), de musique mielleuse et de ficelles scénaristiques grotesques. Les personnages se ratent parfois d'un cheveu, sont de véritables héros, dans une vision horriblement artificielle du drame. Artificielle et surtout irritante, tant le drame finit par être minimisé au profit d'une vision fantasmée de l'humanité, où tout le monde est gentil, tout le monde est solidaire, même si cela doit réduire ses chances de retrouver sa famille. Un seul homme refusera de prêter son téléphone, et sera pour la peine présenté comme un méchant, d'autant que le prochain sacrifiera sa batterie pour offrir généreusement deux appels à Ewan McGregor !

A vouloir réunir les pires clichés du cinéma pour exploiter un drame catastrophique, The Impossible dépasse même le statut de simple mauvais film pour devenir assez nauséabond. Il véhicule ainsi une vision fortement déplaisante des faits et des valeurs discutables, mettant en scène de véritables héros incroyablement hollywoodiens (alors même que le film est espagnol), absolument sans reproche (le petit garçon se détournant en voyant la poitrine nue de sa mère) et dont le destin reste la seule chose importante, peu importe si des dizaines de personnes meurent sur leur chemin, jusqu'à un happy end indigeste. Le pire film de 2012 en ce qui me concerne...

Note : 0/10


mercredi 24 avril 2013

La Maison du Diable


Titre : La Maison du Diable (The Haunting)
Réalisateur : Robert Wise
Acteurs : Julie Harris, Claire Bloom, Richard Johnson
Date de sortie en France : janvier 1964
Genre : horreur, épouvante

Synopsis : 
Le Dr Markway qui effectue des recherches dans le domaine de la parapsychologie tente une expérience de perception extrasensorielle avec un groupe de personnes réunies dans un vieux manoir réputé hanté. Dès le départ, des bruits insolites terrorisent les habitants de la demeure...

Avis : 
Réalisé entre ses deux plus grands succès, West Side Story (récompensé par 10 Oscars) et La Mélodie du bonheur (5 Oscars), La Maison du Diable de Robert Wise est l'un des plus grands, sinon le plus grand, films de maison hantée de l'Histoire du cinéma. Classique du cinéma d'épouvante, il constitue encore aujourd'hui une expérience toute particulière, un exemple dans la manière d'appréhender la peur au cinéma.


La principale force du film est de ne jamais relâcher la pression autour du spectateur : loin des montagnes russes que l'on voit trop souvent aujourd'hui, où la tension retombe aussi vite qu'elle est née après des jump-scares stéréotypés, Robert Wise fait monter crescendo l'angoisse pendant tout le film, en jouant en permanence avec le spectateur grâce à une réalisation millimétrée, s'amusant à nous prendre à contre-pied.

Et si nous ne verrons finalement pas grand chose, jusqu'à douter de la véritable présence d'événements paranormaux dans cette maison, The Haunting nous laisse constamment sur le qui-vive, insistant sur l'aspect labyrinthique du manoir, sur ses bizarreries architecturales, et nous présentant régulièrement ses personnages perdus dans un coin de l'image, ou au contraire en gros plan. La demeure elle-même est présentée comme presque vivante, semblant épier les visiteurs à chaque moment, tant au moyen des nombreuses statues, qui ne lâcheront jamais les personnages du regard, qu'au travers des miroirs dont disposent les chambres.

La Maison du Diable est l'un de ces rares films à n'avoir pris aucune ride, grâce à une histoire assez simple et à une réalisation parfaite, Robert Wise prouvant parfaitement que l'on peut faire naître l'angoisse chez le spectateur en ne montrant rien, laissant l'imagination travailler pour nous rendre presque paranoïaques, interprétant nous-mêmes les sons et imaginant les pires monstres surgir d'un coin de l'écran. Un art de la suggestion que Jan de Bont ne saisira vraisemblablement pas, préférant multiplier les manifestations visuelles pour son immonde remake, Hantise.

Note : 10/10


mardi 23 avril 2013

Retour vers le futur


Titre : Retour vers le futur (Back to the future)
Réalisateur : Robert Zemeckis
Acteurs :  Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Lea Thompson, Crispin Glover
Date de sortie en France : 23 octobre 1985
Genre : science-fiction, aventures, comédie

Synopsis : 
1985. Le jeune Marty McFly mène une existence anonyme auprès de sa petite amie Jennifer, seulement troublée par sa famille en crise et un proviseur qui serait ravi de l'expulser du lycée. Ami de l'excentrique professeur Emmett Brown, il l'accompagne un soir tester sa nouvelle expérience : le voyage dans le temps via une DeLorean modifiée. La démonstration tourne mal : des trafiquants d'armes débarquent et assassinent le scientifique. Marty se réfugie dans la voiture et se retrouve transporté en 1955. Là, il empêche malgré lui la rencontre de ses parents, et doit tout faire pour les remettre ensemble, sous peine de ne pouvoir exister...

Avis : 
 Tout a déjà été dit sur Retour vers le futur. Film culte depuis sa sortie en 1985, premier volet d'une trilogie dont les trois volets sont d'une qualité comparable, l'oeuvre de Robert Zemeckis n'a, près de 30 ans plus tard, toujours pas pris une ride et reste l'un des sommets des films produits par Amblin Entertainment, la société de production de Steven Spielberg à qui l'on doit également Gremlins, E.T. l'extraterrestre, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? ou L'Aventure intérieure.


Porté par les prestations de Michael J. Fox et de Christopher Lloyd, le film fait la part belle à l'humour, enchaînant les quiproquos liés à la différence d'époque, Marty débarquant au beau milieu de cette Amérique des années 50 hantée par la peur de l'envahisseur alien ou communiste, ou aux proches que rencontre le jeune homme, sa mère tombant amoureuse de lui dans le passé !

Dopé par une bande son formidable, de The Power of love à Johnny B. Goode, rythmé de passages mémorables (la poursuite en skateboard, la foudre s'abattant sur le clocher), Retour vers le futur reste donc l'un des sommets du divertissement fantastique destiné au grand public comme on pouvait en voir dans les années 80. Indémodable.

Note : 9,5/10

samedi 20 avril 2013

Duel


Titre : Duel
Réalisateur : Steven Spielberg
Acteurs : Dennis Weaver
Date de sortie en France : 21 mars 1973
Genre : thriller

Synopsis : 
Sur une route californienne, un modeste employé de commerce se voit pris en chasse par un énorme camion. Une course-poursuite effrénée s'engage... 

Avis : 
En 1971, le jeune Steven Spielberg est encore un inconnu aux yeux du grand public. Ayant principalement oeuvré sur des séries, comme Columbo ou Night Gallery, il va connaître son premier grand succès avec un téléfilm diffusé dans le cadre des movie of the week end pour la chaîne de télévision ABC : Duel. Il adapte pour l'occasion une nouvelle de Richard Matheson, auteur notamment de Je suis une légende ou de L'Homme qui rétrécit, qui signera le scénario du téléfilm, et d'un budget de 375.000 dollars pour treize jours de tournage.

Dans un paysage désertique rappelant par moments l'atmosphère de certains westerns, Spielberg met en images une course-poursuite intense dans laquelle un camion-citerne Peterbilt 281 poursuit sans motif apparent David Mann (Dennis Weaver, repéré par le réalisateur dans La Soif du Mal d'Orson Welles) au volant de sa Plymouth Valiant. Rapidement, cette poursuite prend toutes les apparences d'une chasse entre le prédateur, ce camion imposant et rouillé, à l'aspect repoussant, et la proie blessée, cette voiture défectueuse avec laquelle il semble jouer. Une impression qui ancre le téléfilm dans le fantastique le plus pur, l'immense camion devenant un personnage à part entière.


Si l'on n'aperçoit que très rarement son conducteur (dont on ne verra que le bras ou les pieds), c'est surtout par son apparence et son comportement que le véhicule rappelle une créature malfaisante : recouvert de rouille, cabossé, il semble porter les stigmates (et les trophées, consistant en une collection de plaques d'immatriculation exhibées comme autant de scalps de ses victimes) d'affrontement passés, observe sa proie, fait semblant de la laisser échapper pour mieux la retrouver ensuite...Mieux encore : blessé, le monstre semblera même saigner et rugir. C'est un véritable Léviathan mécanique qui poursuit David Mann, cet homme ordinaire, marié et père de famille qui devra faire preuve de toute son ingéniosité et son courage pour lui échapper, dans une oeuvre qui évoque déjà le futur Les Dents de la mer.

Face au succès du téléfilm, Universal décidera de sortir le film à l'étranger, où le film bénéficiera parfois, comme en France où il remportera le Grand Prix du festival du film fantastique d'Avoriaz en 1973, d'une sortie en salles dans une version allongée de 16 minutes, Spielberg tournant des scènes supplémentaires afin de parvenir à un film d'1h30. 

Transcendant un sujet plutôt maigre, le réalisateur offre donc avec ce Duel une de ses oeuvres les plus remarquables, sans aucun temps mort et au suspense omniprésent, avec laquelle, avant même d'inspirer la peur des requins, il a poussé de nombreux automobilistes à frissonner en voyant un camion-citerne apparaître dans leur rétroviseur.

Note : 8/10




jeudi 18 avril 2013

The Grandmaster


Titre : The Grandmaster (Yat doi jung si)
Réalisateur : Wong Kar-wai
Acteurs : Tony Leung, Zhang Ziyi, Chang Chen
Date de sortie en France : 17 avril 2013
Genre : arts martiaux, historique, drame

Synopsis : 
Chine, 1936. Ip Man, maître légendaire de Wing Chun (un des divers styles de kung-fu) et futur mentor de Bruce Lee, mène une vie prospère à Foshan où il partage son temps entre sa famille et les arts-martiaux. C’est à ce moment que le Grand maître Baosen, à la tête de l’Ordre des Arts Martiaux Chinois, cherche son successeur. Pour sa cérémonie d’adieux, il se rend à Foshan, avec sa fille Gong Er, elle-même maître du style Ba Gua et la seule à connaître la figure mortelle des 64 mains. Lors de cette cérémonie, Ip Man affronte les grand maîtres du Sud et fait alors la connaissance de Gong Er en qui il trouve son égal. Très vite l’admiration laisse place au désir et dévoile une histoire d’amour impossible. Peu de temps après, le Grand maître Baosen est assassiné par l’un de ses disciples, puis, entre 1937 et 1945, l’occupation japonaise plonge le pays dans le chaos. Divisions et complots naissent alors au sein des différentes écoles d’arts martiaux, poussant Ip Man et Gong Er à prendre des décisions qui changeront leur vie à jamais…

Avis : 
Basé sur la vie du célèbre Ip Man, ce nouveau film de Wong Kar-wai (In the mood for love, 2046) est, plus qu'un film d'arts martiaux, un film sur les arts martiaux. Entre scènes de combats impressionnantes et réflexion philosophique, le réalisateur évoque quelques différents styles de kung-fu comme autant de philosophies de l'art de combattre, parallèlement aux événements historiques qu'a connus la Chine des années 30 aux années 50.


Wong Kar-wai apporte ainsi beaucoup de soin à ses affrontements, souvent très spectaculaires, leur insufflant un aspect épique grâce à sa mise en scène très travaillée : gros-plans, ralentis, le réalisateur s'attarde sur des détails et place ses combats dans des lieux étonnants, comme une rue inondée, le quai d'une gare ou quelques pièces exigües. Seulement, à trop vouloir esthétiser ces passages, il finit par privilégier la beauté de ses plans à la compréhension des échanges, et si ceux-ci sont parfaitement chorégraphiés, on est un peu frustré de ne pas tout en voir.

Il privilégie également ces phases de combat à son scénario, dont les trous béants sont difficilement colmatés par des panneaux résumant l'histoire entre deux scènes. En dehors de l'affrontement entre Gong Er et Ma San, les enjeux sont inexistants, et on assiste en fait à une succession de scènes uniquement liées par le personnage d'Ip Man, qui finira lui-même par être largement en retrait, comme simple prétexte à l'histoire. Ces moments seront l'occasion de discussions philosophiques, sans grand intérêt, un duel consistant même en une simple danse autour d'un biscuit rythmé par les arguments des combattants !

Un scénario absent, des combats superbes mais dont la mise en scène tape à l'oeil finit par lasser, The Grandmaster laisse donc au spectateur un certain sentiment de frustration, puisqu'on a le sentiment que le film aurait pu (dû ?) être bien meilleur que cette simple réussite esthétique...

Note : 5,5/10


mercredi 17 avril 2013

Les Âmes vagabondes


Titre :  Les Âmes vagabondes (The Host)
Réalisateur :  Andrew Niccol
Acteurs :  Saoirse Ronan, Jake Abel, Max Irons
Date de sortie en France : 17 avril 2013
Genre : science-fiction, romance

Synopsis : 
La Terre est envahie. L’humanité est en danger. Nos corps restent les mêmes, mais nos esprits sont contrôlés. Melanie Stryder vient d’être capturée. Elle refuse cependant de laisser place à l’être qui tente de la posséder. Quelque part, caché dans le désert, se trouve un homme qu’elle ne peut pas oublier. L’amour pourra-t-il la sauver ?  

Avis : 
Avant de voir Les Âmes vagabondes, mon coeur balançait. D'un côté, il s'agit de la nouvelle adaptation d'un roman de Stephenie Meyer, tristement célèbre pour être l'auteure de la saga Twilight, et avoir inspiré une série de films de bien triste mémoire. De l'autre, la présence derrière la caméra de Andrew Niccol, réalisateur de Bienvenue à Gattaca, Lord of War et Time Out, mais aussi scénariste du formidable Truman Show et du Terminal de Spielberg, me rassurait un peu, d'autant qu'on retrouve dans le rôle principal Saoirse Ronan, héroïne de l'excellent Lovely Bones de Peter Jackson. Pour ne rien arranger, le synopsis lui-même faisait naître chez moi des sentiments contradictoires, l'argument de base séduisant tranchant avec l'idée de voir Stephenie Meyer tâter à nouveau du sentiment amoureux pour préadolescents.

Hélas, c'est bien l'aspect nunuche qui va l'emporter.


L'aspect science-fiction sera ainsi rapidement balayé, au profit des intrigues amoureuses autour de Melanie. La personnalité de la jeune femme, dont le corps est contrôlé par une méduse de l'espace nommée Vagabonde, est toujours intacte, ce qui fera immanquablement naître un triangle amoureux aussi lamentable que celui vu dans les Twilight, musique sirupeuse et baisers sous la pluie inclus. La cohabitation des deux esprits dans le même corps, lourdement appuyée par une voix off omniprésente et irritante, n'aura ainsi aucune autre importance, à peine utilisée pour quelques scènes vaguement amusantes et pour un happy-end grotesque.

Les Âmes vagabondes est clairement destiné à un public d'adolescent(e)s, et va donc prendre grand soin à leur éviter tout effort mental : les scènes se succèdent placidement, sans aucun suspense ni véritable enjeu, et avec un mépris tout particulier apporté aux rares scènes d'action, totalement bâclées. Le film réussit l'exploit de tirer d'un univers prometteur une oeuvre d'une extrême platitude, où même la pauvre Saoirse Ronan, William Hurt (A history of violence) et Diane Kruger (Inglourious Basterds) ne peuvent tirer leur épingle du jeu.

Bref, The Host s'aventure sur le même terrain que la saga Twilight, sacrifiant en plus une base intéressante sur l'autel du film tout public pour gamine hystérique. D'une histoire de science-fiction au fort potentiel, on arrive donc à un nouveau triangle amoureux sans relief ni intérêt. Le pire dans tout ça ? Stephenie Meyer aurait prévu de signer deux suites à son roman...

Note : 3/10



La Chute du faucon noir


Titre : La Chute du faucon noir (Black hawk down)
Réalisateur : Ridley Scott
Acteurs : Josh Hartnett, Ewan McGregor, Tom Sizemore, Eric Bana, Orlando Bloom, Tom Hardy, Ewen Bremner
Date de sortie en France : 20 février 2002
Genre : guerre

Synopsis : 
Le 3 octobre 1993, avec l'appui des Nations Unies, une centaine de marines américains de la Task Force Ranger est envoyée en mission à Mogadiscio, en Somalie, pour assurer le maintien de la paix et capturer les deux principaux lieutenants et quelques autres associés de Mohamed Farrah Aidid, un chef de guerre local. Cette opération de routine vire rapidement au cauchemar lorsque les militaires sont pris pour cibles par les factions armées rebelles et la population, résolument hostiles à toute présence étrangère sur leur territoire. 


Avis : 
Si vous voulez voir de l'héroïsme béat, une bonne grosse dose de patriotisme, des gentils soldats américains dégommer par dizaines de méchants somaliens, le tout enrobé par une excellente réalisation, La Chute du faucon noir est fait pour vous !


Car le film de Ridley Scott, basé sur la bataille de Mogadiscio, est aussi réussi sur la forme que discutable sur le fond. Dans la lignée de ce qu'avait montré Steven Spielberg pour Il faut sauver le soldat Ryan, le réalisateur de Alien et de Blade Runner filme ses soldats au plus près, caméra à l'épaule, et mise sur le réalisme de ses situations, n'hésitant pas à montrer les blessures des soldats de manière frontale au spectateur. C'est très violent, très sanglant, surtout quand on tire sur un américain.
  
Le milicien somalien meurt quant à lui de façon bien moins spectaculaire, ce qui semble s'inscrire dans la volonté de donner aux victimes des Rangers un aspect anecdotique. Les méchants sont massacrés indifféremment, tandis que le gentil repartira courageusement au combat malgré ses blessures et sa fatigue, avec une bande sonore crachant des hymnes patriotiques. Un aspect assez indigeste, qui tranche donc avec la qualité du travail de Scott derrière la caméra. Les batailles sont intenses et certains scènes sont magnifiques (l'arrivée des hélicoptères au-dessus de Mogadiscio par exemple).

Bénéficiant enfin d'un casting impressionnant (Josh Hartnett, Ewan McGregor, Tom Sizemore, Eric Bana, Ewen Bremner, William Fichtner et les jeunes Orlando Bloom et Tom Hardy) est donc totalement réussi quand on ne s'attarde que sur la façon qu'a Scott de filmer la guerre. Cela se gâte en revanche dès que l'on se penche sur le fond du film...

Note : 6/10


dimanche 14 avril 2013

Hitchcock


Titre : Hitchcock
Réalisateur : Sacha Gervasi
Acteurs : Anthony Hopkins, Helen Mirren, Scarlett Johansson
Date de sortie en France : 6 février 2013
Genre : biopic, drame

Synopsis : 
 Alfred Hitchcock, réalisateur reconnu et admiré, surnommé « le maître du suspense », est arrivé au sommet de sa carrière. A la recherche d’un nouveau projet risqué et différent, il s’intéresse à l’histoire d’un tueur en série. Mais tous, producteurs, censure, amis, tentent de le décourager. Habituée aux obsessions de son mari et à son goût immodéré pour les actrices blondes, Alma, sa fidèle collaboratrice et épouse, accepte de le soutenir au risque de tout perdre. Ensemble, ils mettent tout en œuvre pour achever le film le plus célèbre et le plus controversé du réalisateur : PSYCHOSE.

Avis : 
Etrange film que ce Hitchcock : plutôt moyen, handicapé par quelques choix très discutables, on en ressort pourtant assez satisfait. Pourquoi ? Tout simplement parce que replonger dans Psychose est toujours un plaisir, au point de ne s'intéresser qu'à ce film dont les préparatifs, le tournage et les premières projections sont au centre du scénario du film de Sacha Gervasi.


Le scénariste de Le Terminal, de Steven Spielberg, va en effet avoir toutes les difficultés à nous passionner pour le quotidien du réalisateur, d'autant que beaucoup de situations semblent difficiles à imaginer, et n'apportent pas grand chose. Hitchcock est presque présenté comme un assassin en puissance, hanté par l'esprit d'Ed Gein au point de s'imaginer poignarder certaines personnes, ou d'effrayer Janet Leigh en mimant la fameuse scène de la douche. Sérieusement ?

On pourrait évoquer d'autres exemples tout aussi discutables, mais il faut bien avouer que tout ça ne présente guère d'intérêt à côté du tournage de Psychose ou même de la relation entre Hitchcock et son épouse Alma Reville. On prend ainsi un véritable plaisir à voir Anthony Hopkins (Le Silence des agneaux, Elephant Man) diriger Scarlett Johansson (Lost in translation, Avengers) dans la séquence du meurtre de Marion Crane, ou à voir Jessica Biel (Massacre à la tronçonneuse (2003), Les lois de l'attraction) découvrant la mère de Norman Bates. On regrettera néanmoins l'absence de ressemblance entre Anthony Hopkins et Alfred Hitchcock, mais on saluera l'interprétation de Helen Mirren (The Queen) dans le rôle d'Alma Reville, ou celle de James D'Arcy (Cloud Atlas) dans celui d'Anthony Perkins.

Hitchcock bénéficie donc de l'aura de Psychose et de son réalisateur pour faire oublier certains de ses défauts et devenir ainsi un sympathique film, dont l'intérêt réside presque entièrement dans les reconstitutions de la production et du tournage du chef d'oeuvre. Heureusement d'ailleurs, sinon il ne resterait pas grand chose à se mettre sous la dent, en dehors d'une introduction et d'une conclusion savoureuses.

Note : 6/10

samedi 13 avril 2013

Oblivion


Titre : Oblivion
Réalisateur : Joseph Kosinski
Acteurs : Tom Cruise, Olga Kurylenko, Morgan Freeman
Date de sortie en France : 10 avril 2013
Genre : science-fiction, anticipation

Synopsis : 
En 2077, après des décennies de guerre contre la terrible menace des Chacals, les humains ont quitté la Terre. Jack Harper vit dans une station au dessus des nuages et a pour mission de réparer et d'entretenir les drones présents à la surface de la Terre afin qu'ils extraient des ressources vitales aux humains expatriés. Un jour, témoin d'un crash, il voit sa vie bouleversée…

Avis : 
Si, à la surprise générale, la fin du monde n'a pas eu lieu en 2012, elle n'aura pas manqué d'inspirer les scénaristes : de After Earth à Cloud Atlas, d'Elysium à World War Z, notre bonne vieille planète va devenir un lieu parfaitement inhospitalier pour l'homme. Dans Oblivion, c'est en utilisant l'arme nucléaire pour repousser un envahisseur extraterrestre qu'il a rendu la planète en grande partie inhabitable. Les survivants ont ainsi été contraints de s'exiler sur Titan, tandis que quelques techniciens restent sur place afin de leur fournir les ressources nécessaires.

C'est Robert Kosinski, réalisateur de la triste suite Tron : l'héritage qui va mettre en image le quotidien de ces techniciens du futur. Il se base sur son propre roman graphique, non publié, et va recevoir dès la genèse du projet un soutien de poids, celui de Tom Cruise (Mission : Impossible, Jack Reacher). Il sera plus tard rejoint par l'inoxydable Morgan Freeman (Seven, The Dark Knight rises) et d'Olga Kurylenko (La Terre outragée, Quantum of Solace). Mais ils n'auront que peu de place à côté de Tom Cruise, le film ne s'attardant finalement que sur son personnage, au point d'en devenir une publicité géante. Tom Cruise est beau, Tom Cruise est ingénieux, Tom Cruise est agile, Tom Cruise est intelligent, Tom Cruise est courageux, Tom Cruise aime la nature (au point de se comporter, parfois, comme Wall-E). Et du coup, Tom Cruise est partout, et si je n'ai absolument rien contre l'acteur, cela finit vraiment par lasser...


Mais avant de nous agacer de cette omniprésence, nous aurons droit à une première partie très réussie, nous faisant découvrir les paysages désolés de la Terre, ses villes enterrées, ses bâtiments en ruine. En fait, c'est en voulant associer une histoire à ces images superbes que le film va commencer à devenir moins intéressant, essayant vainement de créer la surprise mais ne s'écartant jamais du sentier tracé par d'autres oeuvres avant lui. On assiste dès lors à une succession de coups de théâtre sans grand impact, et même la tentative du personnage interprété par Tom Cruise pour sauver le monde (quand même !) apparaît comme totalement dénuée d'enjeux.

La seconde partie du film nous réserve néanmoins quelques passages très spectaculaires, notamment avec quelques superbes séquences de poursuites aériennes. Et si l'on pensera à Independence Day dans les dernières minutes, après avoir pensé à La Planète des singes, Matrix ou même 2001: l'odyssée de l'espace, on s'interrogera surtout sur la bêtise des envahisseurs, qui se laisseront sciemment détruire.

Ce ne sera d'ailleurs pas l'unique étrangeté d'un scénario trop classique pour maintenir l'intérêt du spectateur intact pendant 120 minutes. Aussi, si l'on appréciera la qualité visuelle du film, notre planète étant horriblement belle après l'apocalypse, cette ode à Tom Cruise finit par ennuyer, voire même irriter. Une petite déception d'un film dont j'attendais quand même un peu plus...

Note :  5/10


jeudi 11 avril 2013

Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles


Titre : Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles (The Land before Time)
Réalisateur : Don Bluth
Acteurs : Gabriel Damon, Candace Hutson, Judith Barsi
Date de sortie en France : mai 1989
Genre : animation, aventures, dinosaures

Synopsis : 
Bien avant l'apparition de l'homme sur la Terre vivait une paisible race de dinosaures végétariens et pacifiques, les "mangeurs de feuilles". Mais quand la sécheresse ne les contraignait pas à l'exode, les terribles "dents tranchantes", une espèce de dinosaures carnivores, les attaquaient. Un seul espoir pour sauvegarder la race, rejoindre la vallée des merveilles, où la verdure est abondante.
C'est là que commence l'histoire de Petit-Pied, un dinosaure appartenant à la famille des "longs cous" et séparé de ses parents, suite à un séisme. Au cours de son périple, il est épaulé par d'autres espèces reptiliennes : Cera, une "trois cornes", Ducky, une "grande bouche", Petrie, un "volant", et Pointu , un "queue à pointes".   


Avis : 
Le principal danger, lorsque l'on revoit 20 ans après un film d'animation que l'on a vu en boucle quand on était jeune, c'est d'en perdre toute la magie, et de sacrifier l'excellent souvenir que l'on pouvait en avoir. Malgré ce risque, l'envie de revoir les aventures de Petit-Pied a été trop forte, et me voilà lancé une nouvelle fois dans ce qui fut l'un de mes classiques quand j'étais encore innocent. Heureusement, rien n'a changé (à l'exception d'une nouvelle VF bien moins bonne), et la magie opère toujours, même si la narration est, forcément, devenue un peu plus naïve...



Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles met en images un petit groupe de créatures aisément reconnaissables, qui sont sans doute les reptiles préhistoriques les plus célèbres auprès des enfants : un long cou (un sauropode), une trois cornes (un tricératops), un queue à pointes (un stégosaure), une grande bouche (un hadrosaure), et un volant (un ptérosaure), tous étant poursuivi par un terrible "dents tranchantes", le fameux tyrannosaure rex. Les cinq jeunes devront faire preuve de courage et d'entraide pour enfin rejoindre leurs familles, dont ils ont été séparés lors d'une catastrophe naturelle.

Evidemment destiné aux enfants, le film évoque donc des thèmes forts, comme l'amitié, la tolérance, mais aussi le deuil, Petit-Pied devant accepter le décès de sa mère dès le début du métrage. Grâce à ses héros très attachants, aux caractéristiques bien établies et aux défauts qu'ils devront corriger au fil de l'aventure (l'arrogante Cera, la bavarde Ducky, l'impassible Pointu et le peureux Pétrie), il se suit avec un réél plaisir, d'autant que les dessins sont plutôt réussis. 

Premier épisode d'une saga qui comporte 13 films (encouragés par le succès de Jurassic Park, les producteurs multiplieront les suites entre 1994 et 2007), Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles est donc un parfait petit divertissement clairement orienté pour les enfants, mais qui se laisse suivre sans déplaisir par les adultes. Bien entendu, on pourra regretter un peu les défauts inhérents à ce genre d'oeuvre, comme un scénario prévisible et un manichéisme bien trop présent, mais ce ne sera pas suffisant pour bouder notre plaisir !

Note : 7/10



mercredi 10 avril 2013

Dinosaure


Titre : Dinosaure (Dinosaur)
Réalisateur : Eric Leighton, Ralph Zondag
Acteurs : D.B. Sweeney, Alfre Woodard, Ossie Davis
Date de sortie en France : 29 novembre 2000
Genre : animation, aventures, dinosaures

Synopsis : 
La Terre, il y a soixante-cinq millions d'années. Une colonie de lémuriens menant une existence paisible sur une île paradisiaque découvre par hasard un oeuf de dinosaure. Lorsque la coquille se fissure, c'est un petit iguanodon qui en sort... Les lémuriens le recueillent et le baptisent Aladar. Celui-ci grandit parmi eux, jusqu'au jour où une météorite détruit l'île et contraint tout le monde à l'exil. Ils trouvent refuge auprès d'un groupe de dinosaures voyageant à la recherche de la terre des Nids. Très vite, Aladar se heurte a Kron, l'impitoyable chef...

Avis : 
65ème long-métrage d'animation des studios Disney, Dinosaure est le premier "Classique d'animation Disney" mélangeant images de synthèse et prises de vue réelles. Il met en scène un jeune dinosaure orphelin essayant, après une catastrophe naturelle, de rejoindre une vallée verdoyante afin de survivre. Si le thème de la fin des dinosaures a déjà été utilisé par Disney dans la séquence Le Sacre du Printemps de Fantasia, c'est surtout à un autre dessin-animé à l'histoire similaire que l'on pense : Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles.

Le dinosaure orphelin, la catastrophe naturelle, le regroupement de diverses espèces, la vallée perdue, la menace des carnivores...On pourrait presque y voir un remake tant les ressemblances sont nombreuses, enlevant une grande partie de l'intérêt du film, qui ne devient alors qu'une simple démonstration technique. Quelques années après la révolution visuelle qu'avait été Jurassic Park, Disney va donc mettre en scène ses propres dinosaures, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont magnifiques. Bien entendu, plus de 10 ans après, les incrustations des images de synthèse sont plus flagrantes, et les dinosaures ont cet aspect lisse qui trahit leur nature de créature numérique, mais leur animation, leur physique et leur comportement sont impressionnants de réalisme.

Disney prend en plus le parti de mettre en scène des dinosaures moins connus du grand public que les "stars" que sont le T-Rex ou le Vélociraptor : le héros est un Iguanodon et les "méchants" sont des Carnotaurus, dinosaures carnivores cornus au profil facilement identifiables. Si on ne relèvera pas trop les éternelles incohérences liées à l'impossibilité de voir certaines de ces créatures se croiser, on ne manquera pas de remarquer un élément qui vient gâcher un peu la reconstitution des dinosaures : le fait de leur donner la parole. Un élément certes récurrent chez Disney, mais qui est plus gênant lorsqu'il y a une volonté de réalisme dans l'animation. Et comme l'une des voix françaises est assurée par Jamel Debouzze, le résultat est parfois irritant...

Sentiment assez mitigé à la vision de ce Dinosaure donc. La qualité des effets spéciaux et la beauté des dinosaures, très réalistes, est sans cesse contrebalancée par une impression de déjà vu. On a surtout l'impression que Disney a hésité entre la magie d'un film d'animation pour enfant et la volonté d'en mettre plein la vue, sans jamais réussir à se décider...Une oeuvre très moyenne dans le catalogue du studio donc...

Note : 5/10








 

mardi 9 avril 2013

Gangster Squad

 

Titre : Gangster Squad
Réalisateur : Ruben Fleischer
Acteurs : Josh Brolin, Ryan Gosling, Sean Penn, Emma Stone
Date de sortie en France : 6 février 2013
Genre : policier, gangsters

Synopsis : 
Los Angeles, 1949. Mickey Cohen, originaire de Brooklyn, est un parrain impitoyable de la mafia qui dirige la ville et récolte les biens mal acquis de la drogue, des armes, des prostituées et – s’il arrive à ses fins – de tous les paris à l’ouest de Chicago. Tout ceci est rendu possible par la protection, non seulement des hommes de mains à sa solde, mais également de la police et des hommes politiques qui sont sous sa coupe. Cela suffit à intimider les policiers les plus courageux et les plus endurcis… sauf, peut-être, les membres de la petite brigade officieuse de la LAPD dirigée par les Sergents John O’Mara et Jerry Wooters qui, ensemble, vont tenter de détruire l’empire de Cohen. 

Note : 
Un gros casting, une bande-annonce efficace : Gangster Squad s'annonçait comme l'une des grosses sorties de ce début d'année. Repoussé de plusieurs mois après la fusillade d'Aurora lors de la première de The Dark Knight Rises, le film réalisé par Ruben Fleischer (Bienvenue à Zombieland) part d'une base plutôt classique : la lutte d'un petit groupe de policier marginaux contre le roi de la pègre locale. Un synopsis qui fait immanquablement penser à Les Incorruptibles de Brian De Palma ou à L.A. Confidential.

Ce sera d'ailleurs le principal défaut du film : l'impression d'avoir déjà vu chaque minute, chaque défaut, chaque qualité. Les membres de la brigade spéciale sont ainsi les figures classiques du genre, du sergent incorruptible prêt à tout pour lutter contre les brigands et se moquant des accords passés entre ses supérieurs et les gangsters, le jeune séducteur se ralliant à la cause par intérêt personnel plutôt que par conviction, le vieux cowboy irascible, le cerveau et les minorités ethniques. De l'autre côté, un chef des truands vraiment très méchant, un homme de main à l'air patibulaire et une flopée de sous-fifres incapables de toucher leur cible.


Une galerie de personnages bien banale, qui ne bénéficient par ailleurs d'aucun développement en dehors de Josh Brolin. On a un peu l'impression que Fleischer s'en fout, ce qui entraîne forcément un manque total d'empathie pour les héros : ils peuvent bien mourir, on ne ressentira rien, d'autant qu'on sait déjà comment tout cela va finir. Un aspect franchement regrettable au vu de la brochette d'acteurs à l'affiche, qui méritaient clairement mieux : outre Josh Brolin (No country for old men), le casting est ainsi composé de Ryan Gosling (Drive, Les Marches du pouvoir), la très séduisante Emma Stone (Bienvenue à Zombieland, The Amazing Spider-Man) ou encore Sean Penn qui, pour une fois, est franchement à la ramasse, en faisant des tonnes dans le rôle de Mickey Cohen.

Bien sûr, le film remplit parfaitement son contrat lors des fusillades et des scènes d'action, souvent très spectaculaires et violentes, et le film se laisse suivre avec un plaisir certain. Mais en se contentant de présenter un film de gangsters sans originalité, Ruben Fleischer ne nous offre finalement qu'un film certes divertissant, que l'on oubliera sans doute rapidement...

Note : 6,5/10


lundi 8 avril 2013

Le Magasin des suicides


Titre : Le Magasin des suicides
Réalisateur : Patrice Leconte
Acteurs : Bernard Alane, Isabelle Spade, Kacey Mottet Klein
Date de sortie en France : 26 septembre 2012
Genre : animation, comédie, musical

Synopsis : 
Imaginez une ville où les gens n’ont plus goût à rien, au point que la boutique la plus florissante est celle où on vend poisons et cordes pour se pendre. Mais la patronne vient d’accoucher d’un enfant qui est la joie de vivre incarnée. Au magasin des suicides, le ver est dans le fruit…

Avis : 
Roi de la comédie populaire française (certes, pas seulement, mais son nom reste avant tout associé à celui des Bronzés), Patrice Leconte se tourne pour la première fois vers le film d'animation avec cette adaptation du roman de Jean Teulé : Le Magasin des suicides. Un sujet réjouissant, sans doute propice à une bonne dose de cynisme, d'humour noir, et à un univers visuel travaillé. Hélas, comme le confierait Thorin à Bilbon à la fin de Le Hobbit : un voyage inattendu, "I've never been so wrong"...

Car le film se révèle très vite insupportable. Dès la première chanson, horripilante, on se demande un peu ce qu'on fait devant ce film. Le cynisme est absent, l'humour noir s'est suicidé, les paroles sont nulles, les musiques aussi. Et rapidement, cette chanson prend le pas sur tout le reste. Impossible de véritablement apprécier les dessins et l'univers, très sombre, de cette ville au bord de l'euthanasie. L'unique qualité du film se retrouve enterrée sous les notes les plus stupides que l'on ait entendues depuis bien longtemps, d'autant qu'on aura toujours l'impression d'entendre la même chose !


Ca ne s'arrange pas avec le scénario, que l'on devine rapidement prétexte à ces homicides auditifs bien trop fréquents. Le film ne réserve aucun moment intéressant, et le potentiel même de la fameuse boutique où se vendent les moyens les plus variés de mettre fin à ses jours est totalement ruiné. Le design, jusqu'alors réussi, rend son dernier souffle avec la famille Tuvache, complètement ratée malgré une vaine tentative de rappeler le Raul Julia de La Famille Addams avec le père de famille. On retrouve également l'ombre, omniprésente, d'un Tim Burton des débuts, mais qui aurait oublié tout côté subversif, toute imagination, tout talent. "C'est un film que Tim Burton aurait pu réaliser en animation ou, mieux, en prises de vue réelles", selon Patrice Leconte. Non Patrice, même dans ses oeuvres les moins réussies, Tim Burton n'est jamais tombé aussi bas.

Le film ne dure qu'1h25, mais le film ne développant qu'une idée unique, qu'un seul fil rouge, il semble s'éterniser, s'éterniser, au point d'effectivement envisager l'Enfer comme une alternative réjouissante et moins pénible. Bref, Le Magasin des suicides, s'il n'est pas totalement raté, réussit à faire oublier ses rares qualités en les reléguant très loin derrière ses omniprésents défauts. Et c'est bien dommage, parce qu'avec un peu d'efforts, il y avait sans doute quelque chose à tirer d'un univers avec autant de potentiel...

Note : 2/10


Inception


Titre : Inception
Réalisateur : Christopher Nolan
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Ellen Page, Marion Cotillard, Joseph Gordon-Levitt, Ken Watanabe, Tom Hardy
Date de sortie en France : 21 juillet 2012
Genre : thriller, fantastique, espionnage

Synopsis : 
Dom Cobb est un voleur expérimenté – le meilleur qui soit dans l’art périlleux de l’extraction : sa spécialité consiste à s’approprier les secrets les plus précieux d’un individu, enfouis au plus profond de son subconscient, pendant qu’il rêve et que son esprit est particulièrement vulnérable. Très recherché pour ses talents dans l’univers trouble de l’espionnage industriel, Cobb est aussi devenu un fugitif traqué dans le monde entier qui a perdu tout ce qui lui est cher. Mais une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d’avant – à condition qu’il puisse accomplir l’impossible : l’inception.

Avis : 
Après The Dark Knight rises et avant The Dark Knight rises, Christopher Nolan réalise un projet qui lui tient à coeur depuis plusieurs années, et dont il va lui-même signer, seul, le scénario : Inception. Il va ainsi explorer le monde des rêves, mêlant thriller d'espionnage et film fantastique, le tout avec une bonne dose d'action. Et si le synopsis et les premières minutes du film laissent craindre un développement un peu trop compliqué, Christopher Nolan va réussir à faire de cette oeuvre un blockbuster plus intelligent que la moyenne, tout en étant facilement accessible pour le spectateur.

Le réalisateur s'entoure pour l'occasion d'un casting impressionnant, retrouvant plusieurs acteurs avec qui il a déjà travaillé ou retravaillera dans le futur, notamment dans la trilogie Batman : Ken Watanabe (Lettres d'Iwo Jima), Joseph Gordon-Levitt (Lincoln, Looper), Marion Cotillard (De rouille et d'os), Cillian Murphy (28 jours plus tard) ou encore Tom Hardy (Bronson, Warrior, Des hommes sans loi). Pour ses personnages principaux, il choisit enfin Leonardo DiCaprio (Django Unchained, Titanic) et Ellen Page (Juno). Des acteurs évidemment impeccables, Marion Cotillard réussissant même à nous surprendre dans le rôle d'une femme fatale au bord de la folie.


Après une première partie destinée à délimiter l'univers des rêves et les mécanismes d'extraction de l'équipe de Cobb, qui sera l'occasion de prouesses visuelles à couper le souffle (comme ces expériences menées par Ariane sur l'architecture parisienne), Nolan nous plonge dans la tentative d'inception, et va ainsi mettre en place plusieurs univers différents, aux visuels bien caractéristiques, représentant chacun une profondeur de rêve différente : un van, un hôtel, une base militaire enneigée et enfin les limbes, espace onirique ultime.

Cela permettra de mettre en place un suspense bien particulier, chaque niveau interagissant avec le suivant, les mouvements du van changeant par exemple la pesanteur dans l'hôtel, ce qui donnera quelques passages très spectaculaires où Joseph Gordon-Levitt affrontera ses adversaires dans un couloir en rotation, les personnages rebondissant sur le sol, les murs et le plafond. Et si le film n'évite pas toujours la surenchère, notamment en s'aventurant sur les traces de James Bond lors de l'assaut sur la base militaire, il reste particulièrement réussi dans ce développement de plusieurs événements simultanés.

Christopher Nolan signe avec cet Inception l'un des blockbusters les plus réussis de ces dernières années. Intelligent et spectaculaire, bénéficiant d'un casting impressionnant et d'une bande originale très réussie, le film confirmait une nouvelle fois l'importance du réalisateur dans le paysage cinématographique actuel.

Note : 8,5/10


dimanche 7 avril 2013

Le Dernier exorcisme : part II


Titre : Le Dernier exorcisme : part II (The last exorcism : part II)
Réalisateur : Ed Gass-Donnelly
Acteurs : Ashley Bell, Julia Garner, Spencer Treat Clark
Date de sortie en France : 13 mars 2013
Genre : horreur

Synopsis : 
Nell Sweetzer n’a pas été complètement guérie par son dernier exorcisme. Elle est de retour et avec elle… ses démons.  

Avis :
Parmi la flopée de films de possession de ces dernières années, Le Dernier exorcisme était celui qui m’avait laissé le "meilleur " souvenir, grâce à scénario un peu moins convenu et quelques passages efficaces, malgré l’aspect found footage qui m’agace souvent. Hélas, le genre étant décidément à la mode, le film de Daniel Stamm voit maintenant arriver une suite, un second dernier exorcisme, dont l’intérêt n’était dès le départ même pas discutable : il n’y en avait aucun.


Le Dernier exorcisme part II prend place juste après la fin du premier. La jeune Nell, ayant survécu à son exorcisme, a perdu la mémoire et est envoyée dans un centre pour jeunes filles perturbées à la Nouvelle-Orléans. Pas de bol, le démon Abalam a toujours envie de s’introduire en elle (si vous n’aviez pas saisi la métaphore sexuelle de la possession, cela va vous être martelé pendant tout le film). Et quel meilleur moyen pour la séduire que de la faire devenir folle en la harcelant de visions, d’hallucinations auditives ou d’apparitions soudaines ? Pour avoir déjà essayé, non, ce n’est pas la méthode de drague idéale.

 
Bienvenue donc à la foire aux jump-scares d’Abalam, où tout est prétexte à vous faire exploser le son à la tronche, souvent pour rien (mon dieu, un ami approche derrière Nell et met sa main sur son épaule !), où tout le monde finit par avoir un comportement suspect et où l’électroménager n’en fait qu’à sa tête. Le scénario de Damien Chazel ne va rien nous épargner, et surtout pas ces personnages qui débarquent de nulle part, ou disparaissent totalement sans crier gare. Et cette pauvre Ashley Bell, si inquiétante dans le premier volet, semble ici se demander ce qu’elle fait là…

Tout ça pour nous mener à une scène d’exorcisme qui ne sauvera pas le film, puisqu’il ne s’y passera absolument rien. De toute manière, on prend bien soin à nous cacher tout débordement de violence, la caméra sortant littéralement de la pièce pour nous éviter toute scène un peu sanglante. En gros, le film ne fait pas peur et n’est pas violent, laissant le cahier des charges désespérément vide. Ah si, nous aurons bien droit à quelques épileptiques, quelques gros mots prononcés du bout des lèvres (et qui choquent immédiatement la pauvre actrice qui les prononce) et une petite lévitation pour le plaisir.

C’est très pauvre, et donc absolument sans intérêt. On espérera ainsi que ce Dernier exorcisme soit cette fois bien le dernier, surtout si les scénaristes restent possédés par cette volonté d’édulcorer un maximum un film de ce genre. Pauvre cinéma d’horreur.

Note : 1/10


 


vendredi 5 avril 2013

Les Misérables


Titre : Les Misérables
Réalisateur : Tom Hooper
Avec : Hugh Jackman, Russell Crowe, Anne Hathaway
Date de sortie en France : 13 février 2013
Genre : musical, drame

Synopsis : 
Dans la France du 19e siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d'amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l'affirmation intemporelle de la force inépuisable de l'âme humaine.
Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais. 

Avis : 
Si vous avez toujours rêvé de voir, pendant 150 minutes, des acteurs renommés pousser la chansonnette en étant filmés de face, Les Misérables de Tom Hooper, adaptation de la comédie musicale éponyme et du célèbre roman de Victor Hugo, est fait pour vous. En revanche, si vous voulez voir un bon film, passez vite votre chemin : le réalisateur australien, oscarisé pour Le Discours d'un roi, s'est apparemment dit qu'il pouvait se contenter des seules performances de ses acteurs - chanteurs pour réussir son film. Mauvaise pioche.

Les Misérables est un film musical : passons donc sur les nombreuses chansons, forcément inégales (à côté du fameux I dreamed a dream ou de Look down, la plupart des titres font vraiment pitié), ou sur le fait qu'on chante la plupart du temps pour ne rien dire. En revanche, cette manie insupportable qu'ont les personnages à fredonner la moindre de leur réplique, même pour dire la pire banalité, entraîne rapidement le film vers le grotesque, au point de croire, par moments, à une caricature du genre.


Gênant, mais pas autant que la réalisation de Tom Hooper : se contentant, de façon presque exclusive, de filmer ses acteurs de face et de près, il retire absolument tout impact à la plupart des chansons, et donc aux destins des personnages. Il refuse ainsi toute émotion, toute dimension épique et tout intérêt à l'histoire, et ni la déchéance de Fantine, ni la mort de Gavroche, ni les face-à-face entre Valjean et Javert n'ont l'impact qu'ils méritent. Pire, cette réalisation fainéante empêche de savourer l'interprétation d'un casting pourtant énorme : perdus face à cette caméra qui les scrute fixement pendant qu'ils chantent, ni Hugh Jackman, ni Anne Hathaway, ni surtout Russell Crowe n'évitent le surjeu.

On n'ose imaginer ce qu'auraient pu donner les mêmes scènes avec les mêmes acteurs, mais avec une réalisation un peu inspirée. En fait, l'unique scène à se démarquer est la présentation des Thénardier avec la chanson, pourtant médiocre, Master of the House, qui donne enfin lieu à une vraie chorégraphie dans laquelle Sacha Baron Cohen (Borat, Hugo Cabret) et Helena Bonham Carter (Fight Club) excellent.Le reste du film s'enchaîne sur un rythme monotone, sans aucune mise en valeur, l'affrontement à la barricade n'étant par exemple pas plus épique qu'une scène de baiser.

Les Misérables n'est donc au final que la juxtaposition de chansons toujours filmées de la même façon. Tom Hooper entraîne ses acteurs et l'histoire de Victor Hugo dans une mise en scène quelconque, ne provoquant que l'ennui. Dommage, quand on voit la formidable distribution ou l'immense potentiel du récit d'origine.

Note : 2/10


jeudi 4 avril 2013

The Walking Dead - Saison 3


Titre :  The Walking Dead
Saison : 03
Nombre d'épisodes : 16
Avec : Andrew Lincoln, Sarah Wayne Callies, Laurie Holden, Norman Reedus, Steven Yeun, Danai Gurira, David Morrissey

Synopsis : 
Après avoir été contraint de quitter en hâte la ferme d'Hershel sous l'assaut des rôdeurs, le petit groupe erre péniblement dans un monde de plus en plus chaotique et dangereux, tandis que la grossesse de Lori arrive bientôt à son terme. Par hasard, Rick découvre un endroit potentiellement sûr : une prison. Lui et les siens décident alors d'y prendre leurs quartiers… 

Avis : 
Après une saison 2 bavarde et uniquement marquée par quelques fins d'épisodes très réussies (on se souvient de l'ouverture de la grange ou de la confrontation entre Rick et Shane par exemple), qui avait valu à la série le surnom "The Talking Dead", on espérait que cette saison 3 remonte le niveau, d'autant qu'elle coïncidait avec un des moments forts du comics, l'occupation de la prison et l'affrontement contre le Gouverneur.

Les premiers épisodes sont d'ailleurs très prometteurs, l'action très présente lorsqu'on suit le groupe de la prison, confronté à de nombreux walkers et aux anciens détenus restés sur les lieux étant contrebalancée par un développement plus calme lorsque l'on se concentre sur le groupe de Woodbury. L'occasion de découvrir de nouveaux personnages : Michonne, reine du massacre de morts-vivants au katana et qui tire toujours la gueule, et le Gouverneur, chef charismatique de la communauté de Woodbury. Deux personnages issus des comics inspirant la série, tout comme Tyreese qui interviendra un peu plus tard. On retrouve également quelques anciens visages : Merle, le frère aîné de Daryl, ou Morgan, l'homme qui avait sauvé Rick lors du tout premier épisode de la série.

Hélas, rapidement, la série retrouve ses défauts récurrents : après le décès de deux personnages importants, qui marque sans doute le sommet de la saison, on revient à des épisodes très bavards, où l'action est étirée à l'excès et se terminant systématiquement sur un cliffhanger. Afin de combler 16 épisodes, les scénaristes ont ainsi choisi de remplir la quarantaine de minutes de chaque épisode par une histoire qui aurait pu être réglée en cinq. Résultat, on s'ennuie beaucoup, on a l'impression qu'on se fout un peu de nous et on attend désespérément, dès le dixième épisode, l'explosion de violence que la série nous fait miroiter.


Il faudra pourtant attendre le dernier épisode pour enfin voir un peu d'action, même si le duel annoncé entre Rick et le Gouverneur tourne court. Si le choix de s'écarter de l'histoire du comics n'est pas une mauvaise chose, et permet ainsi de laisser le fan dans le flou à la fin de la saison, on ne peut que rester sur notre faim quand, après avoir été appâté pendant de nombreux épisodes creux, on ne débouche finalement sur rien de bien concret.

On appréciera néanmoins l'évolution au cours de cette saison de certains personnages : Carl, le fils de Rick, prend des décisions de plus en plus radicales, au point de devenir l'élément le plus imprévisible du groupe. De l'autre côté, le Gouverneur a un charisme étonnant, pouvant facilement inspirer la confiance puis la crainte. Là encore, les fans regrettaient un peu l'absence de ressemblance avec son modèle sur papier (inspiré de l'acteur Tom Savini), mais David Morrissey campe à merveille le personnage, bien loin de l'horrible caricature que constituait le modèle.

TWD - Saison 3 continue donc à entraîner la série sur la pente moyenne où elle s'est engagée depuis la saison 2. Incapables de remplir 16 épisodes, les scénaristes font tout traîner en longueur, se contentant de dialogues et de confrontations inutiles et sans intensité, nous faisant patienter pour un final moyen. Espérons que le nouveau changement de showrunner annoncé pour la saison 4 (Scott Gimple remplacera Glenn Mazzara) redonne de l'élan à une série qui risque sans cela de devenir aussi redondante que les comics dont elle s'inspire...

Note : 3/6

mercredi 3 avril 2013

Anonymous


Titre : Anonymous
Réalisateur : Roland Emmerich
Acteurs : Rhys Ifans, Vanessa Redgrave, Joely Richardson
Date de sortie en France : 4 janvier 2012
Genre : drame, historique

Synopsis : 
C’est l’une des plus fascinantes énigmes artistiques qui soit, et depuis des siècles, les plus grands érudits tentent de percer son mystère. De Mark Twain à Charles Dickens en passant par Sigmund Freud, tous se demandent qui a réellement écrit les œuvres attribuées à William Shakespeare. Les experts s’affrontent, d’innombrables théories parfois extrêmes ont vu le jour, des universitaires ont voué leur vie à prouver ou à démystifier la paternité artistique des plus célèbres œuvres de la littérature anglaise.
A travers une histoire incroyable mais terriblement plausible, "Anonymous" propose une réponse aussi captivante qu’impressionnante. Au cœur de l’Angleterre élisabéthaine, dans une époque agitée d’intrigues politiques, de scandales, de romances illicites à la Cour, et de complots d’aristocrates avides de pouvoir, voici comment ces secrets furent exposés au grand jour dans le plus improbable des lieux : le théâtre…  


Avis : 
Attention, Roland Emmerich tente de s'assagir ! Après nous avoir offert du bon gros blockbuster idiot (2012, Le Jour d'après...), il retourne en Allemagne avec un budget moins conséquent pour les besoins de ce Anonymous, surfant pour l'occasion sur le débat autour de la paternité des oeuvres de William Shakespeare, question qui était particulièrement à la mode à l'époque - vous n'alliez quand même pas croire que le réalisateur allemand avait laissé son opportunisme de côté ?


Grâce à une reconstitution soignée et un casting très convaincant, Emmerich nous plonge dans l'Angleterre du seizième siècle et réussit son entrée en matière. Mais très vite, il va opter pour plusieurs flashbacks consécutifs, un élément qui deviendra vite récurrent dans le film et qui constituera son premier défaut. On se perd parfois un peu dans ces changements d'époque, et on s'agace également devant le procédé terriblement mal amené. Très vite, on s'aperçoit également que la mystère autour de l'auteur de Roméo et Juliette, très vite éventé, ne sert finalement que de prétexte aux intrigues de la Cour d'Elisabeth Ire d'Angleterre. Et si Shakespeare est présenté comme un salaud opportuniste, alcoolique, obsédé et sans aucun scrupule, on l'abandonne donc très vite.

Emmerich s'intéresse donc surtout à la question de la succession au trône d'Angleterre, aux histoires de sexe et d'héritiers plus ou moins légitimes de la Reine, et va définitivement pousser le bouchon trop loin. Les révélations se succèdent à un rythme infernal, donnant à toute cette histoire l'aspect d'un scénario de soap opera au rabais.Machin, auteur des textes attribués à Shakespeare, fait donc un enfant à Bidule alors qu'il est marié à Machine, ce qui ne plaît pas à Trucmuche qui va comploter avec Bazar, lui-même père de Machine qui va tout révéler à Machin avant que l'on ne découvre l'identité de Schmilblick, ami de Machin et proche de Bidule. Le tout s'enchaînant dans la dernière demi-heure du film.

On pensait donc apprécier le fait qu'Emmerich s'écarte du sentier des blockbusters hollywoodiens, mais force est de constater qu'on préfère presque quand il fait tout exploser autour de personnages aux belles valeurs. Parce que si cet Anonymous a de belles qualités esthétiques, le réalisateur se perd complètement en voulant mêler deux intrigues sans grand rapport, les laissant toutes les deux dans un état larvaire sans progression jusqu'à des révélations grotesques. Heureusement, Roland Emmerich a retrouvé la raison : en 2013, il va faire péter la maison blanche dans White House down. Ouf !

Note : 4/10