lundi 31 octobre 2022

Halloween ends

 

Titre : Halloween ends
Réalisateur : David Gordon Green
Acteurs : Jamie Lee Curtis, Andi Matichak, Rohan Campbell
Date de sortie en France : 12 octobre 2022
Genre : horreur
 
Synopsis : 
Quatre ans après les événements d’Halloween Kills, Laurie vit désormais avec sa petite-fille Allyson et achève d’écrire ses mémoires. Michael Myers ne s’est pas manifesté ces derniers temps. Après avoir laissé l’ombre de Michael planer sur le cours de son existence pendant des décennies, elle a enfin décidé de s’affranchir de la peur et de la colère et de se tourner vers la vie. Mais lorsqu’un jeune homme, Corey Cunningham, est accusé d’avoir assassiné un garçon qu’il gardait, Laurie devra affronter une dernière fois les forces maléfiques qui lui échappent, dans un déferlement de violence et de terreur… 
 
Avis : 
Le voici enfin, le dernier épisode de cette étrange trilogie censée faire suite aux événements du film de John Carpenter. Dans le précédent volet, Michael Myers s'était transformé en Jason Voorhees et massacrait des groupes de personnes, qui se regroupaient d'ailleurs en milice pour abattre le monstre invulnérable. Pour cette suite, Myers s'inspire cette fois de Pennywise, en se cachant dans les égouts et en faisant ressortir toute la noirceur d'Haddonfield, comme la créature de CA l'avait fait avec Derry. 
 
 
Ainsi, alors qu'il était en forme olympique dans Halloween kills, le tueur masqué est largement en retrait dans Ends, laissant la place aux habitants de la ville, contaminés par un Mal décidément bien contagieux. Les babysitters tuent par accident les gamins qu'ils gardaient, les fils à papa harcèlent les marginaux, la radio ressasse en boucle les exploits de The Shape, les familles semblent toutes malsaines et tout le monde semble en vouloir à Laurie qui, elle, semble vivre sa meilleure vie depuis le décès de sa fille. 

Toute cette noirceur va peu à peu s'incarner dans les personnages de Corey, qui va se transformer au fil du film en rebelle des années 80-90, et de Allyson, la petite fille de Laurie Strode, qui ne parvient pas à trouver sa place dans l'univers formidable d'Halloween, constamment écartelée entre sa volonté d'émancipation et son statut de SURVIVANTE. Si l'évolution des deux personnages reste, à mon sens, une idée plutôt intéressante, et qui aurait presque mérité d'être développée dans un autre film qu'un Halloween, l'interprétation de Andi Matichak et surtout de Rohan Campbell permet difficilement de croire ou de les prendre au sérieux, d'autant que l'ensemble a été écrit à la truelle. 

On se retrouve ainsi devant un Halloween qui ne veut pas vraiment être un Halloween, mais qui multiplie les clins d'oeil appuyés au film de Carpenter. Plus étrange encore, le traitement réservé à Myers, qui passe d'un monstre surpuissant à un vieillard claudiquant et n'est plus que... l'ombre de lui-même, sans explication. Sans doute était-il alimenté par le Mal, et qu'à force de le transmettre, il s'est affaibli ? Reste que son ultime confrontation avec Laurie arrive comme un cheveu sur la soupe, dans une séquence terriblement anti-climacique. 

Finalement, on n'est pas mécontents de voir cette trilogie se terminer... même si l'on sait qu'en cas de succès, Michael Myers reviendra immanquablement. Sans Jamie Lee Curtis, a priori.
 

Smile

 

Titre : Smile
Réalisateur : Parker Finn
Acteurs : Sosie Bacon, Jessie T. Usher, Kyle Gallner
Date de sortie en France : 28 septembre 2022
Genre : épouvante, horreur

Synopsis :  
Après avoir été témoin d'un incident traumatisant impliquant l’une de ses patientes, la vie de la psychiatre Rose Cotter tourne au cauchemar. Terrassée par une force mystérieuse, Rose va devoir se confronter à son passé pour tenter de survivre…
 
Avis : 
Vous souvenez-vous de ces vidéos sans intérêt, où l'on devait regarder une vidéo d'une pièce vide ou d'une voiture sur une route de campagne, jusqu'à un bon gros screamer des familles destinés à nous faire sursauter ? Quelque chose me dit que Parker Finn a vu ses vidéos, et s'en est fortement inspiré pour son premier film, Smile. Car, comme trop souvent ces dernières années, on se retrouve ici devant une énième foire aux jump-scares, d'autant plus frustrante que le film aurait sans doute très bien fonctionné sans ces artifices. 
 
 
De manière générale, on aura en fait une grosse impression de maladresse, peut-être parce qu'il s'agit d'un premier long métrage. D'un côté, on a cette idée séduisante de malédiction qui se transmet, à la manière de certains classiques de la J-Horror ou du récent It follows. L'utilisation du sourire comme élément inquiétant n'est certes pas nouvelle (de L'Homme qui rit à Joker en passant par de nombreux tueurs en série du cinéma), mais intrigue et met assez mal à l'aise lors de la première séquence où il apparaît. Malheureusement, on aura le sentiment que cet aspect est sous-exploité, ses trop rares utilisations manquant singulièrement de finesse. J'aurais par exemple aimé que la menace soit plus présente, quitte à ne pas être systématiquement perçue par l'héroïne... un peu comme dans It follows, quelque part. 

Mais cela vient probablement du fait que le réalisateur et scénariste a souhaité jouer sur la psychologie de son personnage principal, nous laissant très longtemps face à deux interprétations possibles : celle de la folie du personnage, ou celle de la menace démoniaque. Dans les deux cas, on n'échappera pas à certains poncifs, comme le trauma d'enfance (on pense cette fois à Simetierre), l'alarme qui se déclenche pour rien ou la disparition du chat, mais on appréciera le fait que les proches de Rose soient franchement perdus face à la situation, rejetant violemment l'explication irrationnelle et tentant de se rassurer derrière des postures toutes faites : "c'est dans ta tête, Rose", "tu devrais voir un psy, Rose", "c'est à cause de ton enfance, Rose", etc. Dans un genre où les personnages ont souvent les réactions les plus connes possibles, voir l'héroïne (interprétée par une étonnante Sosie Bacon) tenter d'obtenir l'aide de ses proches et la voir s'effriter petit à petit face à son compagnon, à sa famille ou à son supérieur est clairement un bon point pour Smile

Au final, alors que je n'en attendais pas grand chose, Smile m'a laissé un goût étrange, celui d'un film qui aurait pu être bien meilleur s'il s'était contenté de développer simplement son histoire, de jouer sur son ambiance, plutôt que de céder aux sirènes du film d'épouvante 2020s, avec ses jump-scares téléphonés, agaçants, et parfois sans aucun sens.