lundi 29 juin 2015

2012


Titre : 2012
Réalisateur : Roland Emmerich
Acteurs : John Cusack, Chiwetel Ejiofor, Amanda Peet
Date de sortie en France : 11 novembre 2009
Genre : catastrophe

Synopsis :
Les Mayas, l'une des plus fascinantes civilisations que la Terre ait portées, nous ont transmis une prophétie : leur calendrier prend fin en 2012, et notre monde aussi. Depuis, les astrologues l'ont confirmé, les numérologues l'ont prédit, les géophysiciens trouvent cela dangereusement plausible, et même les experts scientifiques gouvernementaux finissent par arriver à cette terrifiante conclusion. La prophétie maya a été examinée, discutée, minutieusement analysée. En 2012, nous saurons tous si elle est vraie, mais quelques-uns auront été prévenus depuis longtemps... Lorsque les plaques tectoniques se mettent à glisser, provoquant de multiples séismes et détruisant Los Angeles au passage, Jackson Curtis, romancier, et sa famille se jettent à corps perdu, comme des millions d'individus, dans un voyage désespéré. Tous ne pourront pas être sauvés...

Avis : 
Avec la sortie il y a quelques semaines au cinéma de San Andreas, revenons sur le maître-étalon du genre très spécifique du film catastrophe over-apocalyptique-de la mort : 2012, de Roland Emmerich, qu'on imaginait difficilement à l'époque être surpassé en terme d'exagération et de puritanisme. Profitant du thème alors très à la mode de la fin du monde prétendument imaginée par les Mayas, le réalisateur d'origine allemande va nous offrir ce qu'il sait faire de mieux : de la destruction à grande échelle pendant plus de deux heures.


Très, très con, 2012 est heureusement très spectaculaire : séismes et glissements de terrain géants, explosion du supervolcan de Yellowstone, tsunamis gigantesques... On assiste à une sorte de best-of du film catastrophe, vraiment impressionnant sur un écran de ciné et surtout bien plus réussie que Le Jour d'après du même réalisateur. Le problème, c'est qu'il y a un scénario, et que Emmerich va attacher trop d'importance à des personnages trop nombreux (la famille américaine décomposé mais destinée à être réunie, les russes mafieux, l'adepte de la théorie du complot, le président courageux, le chien...). Si vous connaissez un minimum Emmerich, la description des personnages ci-dessus doit vous donner une idée assez précise de qui va survivre et qui va mourir.

On notera, dans le même ordre d'idées, un symbolisme assez primaire. Comme moi, vous rirez peut-être en voyant le USS. John F. Kennedy dégommer la Maison Blanche, le plafond de la Chapelle Sixtine se fissurer au beau milieu de La Création d'Adam, la statue du Christ Rédempteur s'écrouler à Rio, ou le dernier espoir des survivants se situer au Cap de...Bonne Esperance. Oui, Dieu nous a abandonnés, et les pélerins priant sur la Place Saint-Pierre ne seront pas épargnés. Heureusement, si Dieu nous renie, le salut viendra, comme dans "Le Jour d'après", du Tiers Monde, avec cette phrase lourde de sens accompagnant l'élévation tellurique du continent africain: "c'est toute l'Afrique qui s'est soulevée".  Enfin, doit-on s'étonner de voir le héros, incarné par John Cusack, frôler la mort d'encore plus près et encore plus souvent que Tom Cruise dans La Guerre des Mondes ? Le problème, c'est que c'est très répétitif, et que Emmerich réussit à nous caser trois fois la même "poursuite" en avion (là encore, on pense à Independence Day), et deux fois la même poursuite en voiture (façon Twister cette fois). Elles n'en restent pas moins efficaces, et voir la voiture zigzaguer entre les roches expulsées par le volcan reste spécialement jouissif.

2012 est un film très spectaculaire, comportant son lot de séquences dantesques, mais également son lot de stéréotypes, d'héroïsme, de mise en avant de la figure paternelle américaine et d'incohérences. Du pur cinéma de divertissement, tout en spectacle et sans cervelle.

Note : 4/10


vendredi 26 juin 2015

A la poursuite de demain


Titre : A la poursuite de demain (Tomorrowland)
Réalisateur : Brad Bird
Acteurs : George Clooney, Hugh Laurie, Britt Robertson
Date de sortie en France : 20 mai 2015
Genre : science-fiction

Synopsis : 
Casey, une adolescente brillante et optimiste, douée d’une grande curiosité scientifique et Frank, un homme qui fut autrefois un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s’embarquent pour une périlleuse mission. Leur but : découvrir les secrets d’un lieu mystérieux du nom de Tomorrowland, un endroit situé quelque part dans le temps et l’espace, qui ne semble exister que dans leur mémoire commune... Ce qu’ils y feront changera à jamais la face du monde… et leur propre destin !

Avis : 
On a parfois l'impression que Disney se fout un peu de ses productions, les lançant sans grande conviction, et avec une campagne promotionnelle très limitée. Ainsi, on avait très peu entendu parler de ce Tomorrowland, pourtant réalisé par l'excellent Brad Bird (Les Indestructibles, Ratatouille, Mission : impossible : protocole fantôme), avec George Clooney (Gravity, Monuments men...). Un traitement qui appelle un peu celui réservé à John Carter ou à Lone Ranger : c'est sûr que quand on produit des monstres de rentabilité comme les Avengers ou les futurs Star Wars, on n'a pas sans doute pas besoin de s'emmerder à mettre en avant les autres productions. Dommage.


Dommage oui, car A la poursuite de demain méritait une bien meilleure exposition. A l'image des précédents films de Brad Bird, il est en effet d'une incroyable générosité, brassant avec intelligence et humour des thèmes d'actualité, le tout avec un magnifique univers visuel lors des passages à Tomorrowland ou lors de passages très réussis, comme l'affrontement dans la boutique de produits dérivés ou le siège de la maison où se terre George Clooney.

Les relations entre les personnages sont également très réussies, avec des échanges vifs et jubilatoires entre Clooney, Robertson et Raffey Cassidy, ancant encore davantage le film dans le divertissement familial qui semble issu des meilleures oeuvres que le genre avait à offrir dans les années 80. Brad Bird renoue ainsi avec une science-fiction intelligente et généreuse, faussement naïve, et réimplante une certaine magie  (le film cite d'ailleurs ouvertement Jules Verne, George Méliès ou Nikola Tesla) que le film d'aventures semble avoir perdu ces dernières années, à l'exception de quelques films comme Hugo Cabret.

Passée une première partie un peu longue, A la poursuite de demain se révèle être un film d'aventures et de science-fiction enthousiasmant et intelligent comme on n'en fait plus assez, et une passerelle étonnante entre l'univers Disney et celui de Brad Bird. On ne regrettera en fait que quelques touches de manichéisme un peu malvenues (pourquoi faire de Hugh Laurie un méchant ?), mais ne boudons pas notre plaisir devant cette oeuvre riche, drôle et touchante que l'on adorera sans doute revoir en famille.

Note : 8/10


mercredi 24 juin 2015

Imitation game


Titre : Imitation game (The Imitation game)
Réalisateur : Morten Tyldum
Acteurs : Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode
Date de sortie en France : 28 janvier 2015
Genre : biopic, drame

Synopsis : 
1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable.

Avis : 
C'est l'histoire d'un homme qui a eu un rôle majeur dans la Seconde Guerre Mondiale, mais dont le rôle est longtemps resté secret. Un homme qui aura permis de raccourcir la guerre de deux ans, et donc d'épargner des millions de vies en décryptant les messages nazis. Avec Imitation game, Morten Tyldum nous fait découvrir Alan Turing, principalement à travers ses travaux pour décrypter l'Enigma, mais aussi en revenant sur certains événements de sa jeunesse, puis sur son homosexualité.


Le film s'attarde donc sur les réflexions et les différentes étapes du décryptage par Turing et son équipe, nous présentant un personnage brillant mais incapable de gérer les relations avec ses collègues. Dans le rôle du mathématicien, Benedict Cumberbatch (Sherlock, Star Trek into darkness) est comme toujours impeccable, même si son personnage et son interprétation rappellent fortement le Sheldon Cooper de The Big bang theory.

Même si l'on sait parfaitement comment l'enquête va se finir, l'intérêt pour le personnage et le scénario parviennent à nous tenir en haleine : le suspense reste très présent, les révélations intéressantes, les démonstrations passionnantes. En fait, toute la partie concernant Enigma est de loin la meilleure du film, tandis que les révélations sur l'enfance, l'interrogatoire après les faits ou même la question de l'homosexualité de Turing, qui semble presque emmerder les scénaristes, sont bien moins réussies.

Prenant et intelligent, Imitation game doit beaucoup à son interprète principal, mais aussi à un scénario qui profite pleinement de la dramaturgie des événements historiques dont il s'inspire. On regrettera néanmoins que tous les ajouts effectués autour de ce film soient bien moins convaincants, ou que le film n'évite pas toujours la caricature pour son personnage principal, mais cela n'empêche pas l'ensemble d'être très réussi.

Note : 8/10


lundi 22 juin 2015

San Andreas


Titre : San Andreas
Réalisateur : Brad Peyton
Acteurs : Dwayne Johnson, Alexandra Daddario, Carla Gugino
Date de sortie en France : 27 mai 2015
Genre : catastrophe

Synopsis : 
Lorsque la tristement célèbre Faille de San Andreas finit par s'ouvrir, et par provoquer un séisme de magnitude 9 en Californie, un pilote d'hélicoptère de secours en montagne et la femme dont il s'est séparé quittent Los Angeles pour San Francisco dans l'espoir de sauver leur fille unique. Alors qu'ils s'engagent dans ce dangereux périple vers le nord de l'État, pensant que le pire est bientôt derrière eux, ils ne tardent pas à comprendre que la réalité est bien plus effroyable encore…

Avis : 
Il faut bien l'avouer : on ne pensait pas avoir un jour l'impression que le 2012 de Roland Emmerich est en fait un film contemplatif. Pourtant, avec San Andreas, Brad Peyton va repousser encore plus loin les limites du blockbuster catastrophe bourrin, tout en restant horriblement fidèle aux éternelles valeurs puritaines de la grande et belle Amérique.


Le point de départ, qui rappelle un peu Volcano, c'est donc le réveil de la faille de San Andreas qui va transformer Los Angeles et San Francisco en nids à séismes. Oui, séismes, car la terre va trembler à de nombreuses reprises, de plus en plus fort, menaçant régulièrement les héros (et dégommant au passage des milliers d'anonymes, mais qui s'en soucie ?). La recette est simple : la meilleure façon d'enchaîner après une scène de séisme, c'est de balancer une autre scène de séismes quelques minutes plus tard. Et si vous voulez varier un peu les plaisirs, laissez un immeuble s'écrouler ou balancez un tsunami.

Dans une course à la démesure qui ferait pâlir de jalousie Michael Bay, le film enchaîne donc les événements apocalyptiques, souvent jusqu'à la surenchère (le tsunami en est l'exemple parfait), mais n'oublie pas de réunir au beau milieu de tout ça une famille en crise, faisant renaître l'amour entre deux adultes divorcés (et en écrasant violemment le nouvel amant, qui n'était de toute façon qu'un bellâtre richissime et lâche), leur permettant de retrouver leur fille perdue dans ce petit village qu'est San Francisco (où elle trouvera néanmoins l'amour), le tout en parvenant enfin à faire le deuil de leur autre fille décédée quelques années plus tôt.

Bref, ça tremble (et pas seulement la poitrine d'Alexandra Daddario), ça s'écroule (et pas seulement le scénario), ça inonde (et pas seulement de bons sentiments) et c'est très con (et pas seulement Dwayne Johnson) pendant deux heures. Mais surtout, ça nous lasse après 20 minutes, tout ce spectaculaire puéril et ce puritanisme nauséabond ("nous allons reconstruire", nous dit à la fin Dwayne Johnson en voyant flotter la bannière étoilée) nous achevant de façon plus radicale qu'un séisme de 10 sur l'échelle de Richter...

Note : 3/10


samedi 20 juin 2015

Dark places


Titre : Dark places
Réalsateur : Gilles Paquet-Brenner
Acteurs : Charlize Theron, Nicholas Hoult, Chloe Grace Moretz
Date de sortie en France : 8 avril 2015
Genre : thriller

Synopsis : 
1985. Libby Day a huit ans lorsqu’elle assiste au meurtre de sa mère et de ses sœurs dans la ferme familiale. Son témoignage accablant désigne son frère Ben, alors âgé de seize ans, comme le meurtrier. 30 ans plus tard, un groupe d’enquêteurs amateurs appelé le Kill Club convainc Libby de se replonger dans le souvenir de cette nuit cauchemardesque. De nouvelles vérités vont émerger, remettant en cause son témoignage clé dans la condamnation de son frère.

Avis : 
Dark Places est l'adaptation d'un roman de Gillian Flynn, à qui l'on doit également Gone girl, superbement adapté par David Fincher. Au menu, un nouveau thriller à tiroirs, aux nombreuses fausses pistes, aux mystères insoupçonnés. Mais surtout, un thriller qui va obliger l'héroïne à replonger dans son passé, 30 ans après une nuit cauchemardesque dont elle ne pouvait saisir toutes les nuances et les implications.


Car le ressenti d'une enfant paniquée est forcément biaisé, et ce n'est qu'en tirant quelques ficelles vieilles de plusieurs décennies qu'elle pourra découvrir une vérité qu'elle était loin de soupçonner. Gilles Paquet-Brenner alterne entre l'enquête actuelle et les flash-backs pour nous faire découvrir le rôle de chaque protagoniste, dans une progression assez classique qui n'évite pas toujours l'overdose de révélations un peu trop grosses, notamment vers la fin du film.

On appréciera néanmoins le personnage interprété par Charlize Theron (Mad Max fury road, Prometheus...), assez ambigu et tentant toujours de profiter de la notoriété morbide née du drame auquel elle a survécu. De même, le fin mot de l'histoire, qui va mêler de façon assez inattendue deux situations différentes, réussit à faire oublier l'aspect un peu forcé des diverses révélations, notamment dans le destin du personnage joué par Christina Hendricks (Lost river).

Dark places est donc un thriller assez classique et efficace, bien que souvent maladroit. Parmi le flot de révélations et de retournements, certaines font mouche, et Theron et Hendricks relèvent le niveau d'une interprétation souvent très moyenne, Nicholas Hoult (Warm bodies) et Chloe Moretz (Kick Ass, Carrie, la vengeance) en tête. On est quand même bien loin du Gone girl de Fincher, même si l'ensemble est plutôt sympathique.

Note : 6,5/10


jeudi 18 juin 2015

Un français


Titre : Un français
Réalisateur : Diastème
Acteurs : Alban Lenoir, Samuel Jouy, Paul Hamy
Date de sortie en France : 10 juin 205
Genre : drame

Synopsis : 
Avec ses copains, Braguette, Grand-Guy, Marvin, Marco cogne les Arabes et colle les affiches de l'extrême droite. Jusqu'au moment où il sent que, malgré lui, toute cette haine l'abandonne. Mais comment se débarrasser de la violence, de la colère, de la bêtise qu'on a en soi ? C'est le parcours d'un salaud qui va tenter de devenir quelqu'un de bien.

Avis : 
Si vous avez vu American History X, vous pouvez passer tout de suite votre chemin : Un français n'en est qu'une pale imitation, une oeuvre sans finesse se contentant d'aligner les plus gros clichés possibles dans une tentative aussi ridicule que vaine de "lutter" contre le FN. Dommage, parce que le thème, assez rare, des skinheads, se prêtait sans doute à une oeuvre bien plus forte, d'autant qu'elle est portée par quelques excellents acteurs, Alban Lenoir (Les Gamins, Goal of the dead) en tête.


On retiendra néanmoins une première partie très forte : si l'on regrettera le côté forcément très caricatural du groupe, la violence et surtout la bêtise crasse de leurs actes impressionnent. La suite aura beaucoup plus de mal à convaincre : à force d'ellipses, Diastème ne parvient pas à nous faire comprendre l'évolution de son personnage, qui passe pratiquement d'une scène à l'autre du garde du corps dans un meeting bien raciste à la célébration de la victoire de l'équipe de France "black blanc beur" en 1998.

Dès lors, ni les confrontations avec ses anciens camarades (toujours racistes, toujours profondément idiots), ni même l'échec de son mariage avec une frontiste (on ne sait pas trop pourquoi il est resté avec elle) ne nous concernent. Aucune piste n'est vraiment creusée, et chaque bond dans le temps nous laisse un peu circonspect et nous empêche d'appréhender pleinement un changement fort, réduisant les thématiques du film à un puzzle dont on devra nous-mêmes combler les trous.

Malgré un excellent casting et une très bonne première partie, Un français ne parvient donc pas à convaincre, se bornant aux raccourcis qui n'ont finalement fait que renforcer le FN ces dernières années et s'avouant vaincu avant même d'essayer de développer son personnage. Un coup d'épée dans l'eau, qui ne fera sans doute rien avancer...

Note : 5/10


mardi 16 juin 2015

Battle royale


Titre : Battle royale (Batoru rowaiaru)
Réalisateur : Kinji Fukasaku
Acteurs : Takeshi Kitano, Tatsuya Fujiwara, Aki Maeda
Date de sortie en France : 21 novembre 2001
Genre : action, drame

Synopsis : 
Dans un avenir proche, les élèves de la classe B de 3ème du collège Shiroiwa ont été amenés sur une île déserte par une armée mystérieuse. Un adulte surgit tout à coup devant eux : leur ancien professeur Kitano. Il leur annonce qu'ils vont participer à un jeu de massacre dont la règle consiste à s'entretuer. Seul le dernier des survivants pourra regagner son foyer...

Avis : 
L'aura qui entoure certains films est parfois étonnante : prenez Battle royale de Kinji Fukasaku. Elevée au rang de film culte, cette adaptation du roman - déjà pas terrible - de Koshun Takami semble profiter d'une formidable idée de départ pour dissimuler une réalité pourtant bien moins flatteuse : c'est un film très moyen, plombé par de multiples défauts et uniquement sauvé de la nullité totale par certaines idées réjouissantes.


Un peu comme si un enfant avait décidé d'adapter Sa Majesté des mouches en retirant tout élément subversif, Battle royale se contente de quelques pointes de cynisme (la vidéo de présentation du jeu) avant d'étaler toute sa niaiserie, toutes ses limites narratives, allant jusqu'à offrir un happy end grotesque (si seulement le film se terminait quelques minutes plus tôt) à une oeuvre constamment handicapée par l'interprétation de ses jeunes acteurs, apparemment obligés d'en faire des tonnes au moment de mourir, généralement après avoir confessé leur amour.

L'abondance de personnages nuit également au film, la plupart n'étant que des esquisses de caricatures, quand ils ne se limitent pas à une apparition de quelques secondes afin de nous informer de leur décès. Les personnages principaux ne sont guère plus réussis, la médiocrité des acteurs n'étant concurrencée que par la stupidité de leurs réactions : le couple Shuya - Noriko est d'une niaiserie et d'une connerie à toute épreuve, et on aimerait vraiment qu'ils se fassent buter par les concurrents plus crédibles comme Kiriyama ou Kawada.

Exemple type du pétard mouillé, Battle Royale ne développe jamais une idée de départ formidable, multiplie les artifices (la musique classique, qui ne met jamais rien en valeur à l'exception de la mort de Mitsuko Soma) et les fautes de goût (la direction d'acteurs). On se demande d'ailleurs ce que Takeshi Kitano est venu faire dans ce raté presque total, dont la médiocrité n'est concurrencée que par celle du manga du même nom...

Note : 2/10




dimanche 14 juin 2015

Trois souvenirs de ma jeunesse


Titre : Trois souvenirs de ma jeunesse
Réalisateur : Arnaud Desplechin
Acteurs : Quentin Dolmaire, Lou Roy Lecollinet, Mathieu Amalric
Date de sortie en France : 20 mai 2015
Genre : drame, romance

Synopsis : 
Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient… De son enfance à Roubaix… Des crises de folie de sa mère… Du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent…Il se souvient… De ses seize ans… De son père, veuf inconsolable… De ce voyage en URSS où une mission clandestine l’avait conduit à offrir sa propre identité à un jeune homme russe… Il se souvient de ses dix-neuf ans, de sa sœur Delphine, de son cousin Bob, des soirées d’alors avec Pénélope, Mehdi et Kovalki, l’ami qui devait le trahir… De ses études à Paris, de sa rencontre avec le docteur Behanzin, de sa vocation naissante pour l’anthropologie… Et surtout, Paul se souvient d’Esther. Elle fut le cœur de sa vie. Doucement, « un cœur fanatique ».

Avis : 
Trois souvenirs de ma jeunesse est une préquelle de Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle), et nous raconte donc la jeunesse de Paul Dédalus autour de trois souvenirs. Enfin, plus exactement, autour d'un épisode de son passé et de deux courtes anecdotes qui n'apporteront rien à l'histoire, alors même que le second souvenir, se déroulant en URSS, est le meilleur moment du film. On va donc se concentrer sur l'histoire d'amour entre Paul et Esther, pour notre plus grand malheur.


Car le film va mettre en images les pires adolescents du genre, en nous les présentant comme des bavards prétentieux et insupportables, des têtes à claques incapables de s'exprimer autrement qu'avec des dialogues trop écrits. On ne sait pas trop quel était l'objectif recherché, mais voir ces jeunes roubaisiens s'exprimer de cette façon semble presque moqueur en plus d'être irritant.

L'histoire d'amour en elle-même ne débouche que sur du vent, et si l'on peut d'abord être touchés par le désespoir d'Esther, son comportement de salope paumée et chiante la rend vite aussi antipathique que son compagnon ou leurs conquêtes. Résultat, on s'emmerde royalement devant une histoire qu'on n'aurait clairement pas aimé vivre, devant des personnages qui nous rappellent les pires camarades de nos jeunesses, devant les plus gros clichés possibles sur le nord ou l'Europe de l'Est.

Bref, au bout de deux heures interminables, on a clairement l'impression d'avoir perdu notre temps et de s'être fait avoir sur la marchandise. Soyons tout de même honnêtes : Desplechin nous annonce rapidement la couleur avec le passage de l'enfance de Paul, quand il est confronté à sa mère cinglée dans une scène aussi ridicule que gênante qui aurait dû suffire à nous faire quitter la salle, et à ainsi moins souffrir...

Note : 1,5/10


mercredi 10 juin 2015

Jurassic World


Titre : Jurassic World
Réalisateur : Colin Trevorrow
Acteurs : Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Nick Robinson
Date de sortie en France : 10 juin 2015
Genre : aventures, science-fiction

Synopsis : 
Le mini-zoo pouponnière, la croisière kayak du Crétacé, le bassin du mosasaure, sans compter l'hôtel 5 étoiles, les 8 cafés, les 12 restaurants et les centaines de protocoles d'urgence et dispositifs de protection... Le parc à dinosaures construit sur la Isla Nubar par le multimillionnaire Masrani, n'est pas prêt de se laisser déborder, ni par ses visiteurs, ni par sa faune... Autant vous dire que le temps du carnage est revenu.

Avis : 
On ne l'attendait presque plus : à force de projets avortés, d'annonces maintes fois annulés, d'innombrables reports, l'idée d'un quatrième volet de la saga Jurassic Park semblait destinée à rejoindre le cimetière des oeuvres mortes avant même d'être nées. Et pourtant, vingt-deux ans après le film de Steven Spielberg (qui aura toujours une importance particulière pour moi, étant le tout premier film que je suis allé voir au cinéma) le parc ouvre enfin de nouveau ses portes, sous la forme d'un reboot partiel, Jurassic world étant destiné à lancer une nouvelle saga tout en reprenant des éléments de la précédente trilogie.


Sans Steven Spielberg, sans Jeff Goldblum, sans Sam Neill, sans même Joe Johnston (bon, vu Jurassic Park III, ce n'est pas plus mal), le film choisit de repartir sur de nouvelles bases, imaginant une histoire où le parc d'attraction a enfin pu ouvrir ses portes, et reprenant les ultimes pistes présentes dans Le Parc Jurassique de Michael Crichton mais n'ayant pas encore été utilisées à l'écran - autrement dit, les idées dont les trois précédents films n'ont pas voulu, à savoir celle de la manipulation génétique des dinosaures (encore que l'idée de croisement n'est absolument pas présente chez Crichton, et semble plutôt dérivée des productions SyFy et Asylum comme Sharktopus ou Piranhaconda) et des vélociraptors apprivoisés. Ajoutez-y Chris Pratt, l'acteur assez insignifiant pour se faire voler la vedette par un raton-laveur, un arbre et un catcheur en fin de carrière dans Les Gardiens de la Galaxie, un réalisateur méconnu (Colin Trevorrow) et une histoire qu'on connait déjà, et tout ça ne sentait pas très bon.

Verdict : Jurassic World va se révéler aussi con que généreux. Evidemment, on sait d'avance que la nouvelle création, l'Indominus Rex (prenez du vélociraptor, du T-Rex, de la seiche, de la grenouille, mélangez le tout et vous avez un fantasme de savant fou de série Z) va s'échapper à la première occasion et foutre le bordel dans le parc. L'avantage, c'est que les scénaristes en sont également conscient, et vont donc lâcher la bête assez tôt dans le film afin de multiplier les scènes d'attaque. Si vous voulez voir du reptile préhistorique bouffer du touriste ou se battre avec d'autres dinosaures, vous allez être servis... et parfois même un peu trop, Jurassic World n'hésitant pas à jouer la carte de la surenchère, notamment dans sa dernière partie.


On pourra ainsi apprécier de voir les dinosaures redevenir les véritables héros du film, effaçant avec bonheur des personnages insipides, des éternels gamins à sauver au spécialiste des dinosaures invulnérable. Le film va également tout faire pour brosser le fan du film de 1993 dans le sens du poil en multipliant les clins d'oeil : des objets, des répliques, des personnages, et même certains plans repris à l'identique, sans oublier une conclusion à la symbolique évidente qui rappelle qui sont les véritables stars de la saga.

Jurassic World mise donc tout sur ses dinosaures, ce qui donne un film au scénario totalement laissé de côté au profit d'idées souvent saugrenues, que l'on a davantage l'habitude de rencontrer dans les nanars animaliers que dans ce type de production. Cela ne permet pas d'oublier les nombreux défauts du film, parmi lesquels une galerie de personnages - et d'acteurs - sans grand intérêt, mais permet de passer un bon moment grâce à un rythme très soutenu dès l'évasion de l'impressionnant Indominus Rex, qui va plonger le parc dans un chaos assez fou où les victimes seront nombreuses. C'est finalement tout ce qu'on demandait, ou presque.

Note : 7/10

jeudi 4 juin 2015

L'Affaire SK1


Titre : L'Affaire SK1
Réalisateur : Frédéric Tellier
Acteurs : Raphaël Personnaz, Nathalie Baye, Olivier Gourmet
Date de sortie en France : 7 janvier 2015
Genre : thriller, policier

Synopsis : 
Paris, 1991. Franck Magne, un jeune inspecteur fait ses premiers pas à la Police Judiciaire, 36 quai des Orfèvres, Brigade Criminelle. Sa première enquête porte sur l’assassinat d’une jeune fille. Son travail l’amène à étudier des dossiers similaires qu’il est le seul à connecter ensemble. Il est vite confronté à la réalité du travail d’enquêteur : le manque de moyens, les longs horaires, la bureaucratie… Pendant 8 ans, obsédé par cette enquête, il traquera ce tueur en série auquel personne ne croit. Au fil d’une décennie, les victimes se multiplient. Les pistes se brouillent. Les meurtres sauvages se rapprochent. Franck Magne traque le monstre qui se dessine pour le stopper. Le policier de la Brigade Criminelle devient l’architecte de l’enquête la plus complexe et la plus vaste qu’ait jamais connu la police judiciaire française.

Avis : 
L'Affaire SK1 reprend l'histoire de la traque et du procès du tristement célèbre "tueur de l'Est parisien" : Guy Georges. Une enquête qui durera près de 10 ans, 10 ans de meurtres sauvages, d'erreurs , de fausses pistes, de guerres entre les services, avant un procès qui ne fera qu'effleurer les motivations du monstre.


Fréderic Tellier nous offre ici un film percutant, dans la grande tradition des films policiers français. L'enquête est passionnante, centrée sur l'obsession de l'inspecteur Magne et les moments forts de la traque, comme ce portrait-robot inexplicablement raté ou les moments où le tueur parvient presque miraculeusement à passer entre les mailles du filets. Et si Raphaël Personnaz (Marius, Fanny) est très convaincant dans un rôle assez classique, les passages consacrés au procès permettent d'apprécier l'interprétation d'Adama Niane dans la peau d'un Guy Georges bien plus charismatique que le modèle, nous glaçant notamment le sang lors de sa confession.

L'Affaire SK1 réussit par ailleurs à évoquer les horreurs commises par le tueur en série sans jamais verser dans le voyeurisme, mais sans non plus éviter quelques images chocs montrant les cadavres des victimes. Et même si l'on connait dès le départ l'identité du meurtrier, cela n'enlève pas grand chose au suspense, même si on sait que certains interrogatoires ne donneront rien. En revanche, cela renforce encore l'impression d'injustice quand Guy Georges est relâché après avoir été interrogé. Les passages au tribunal sont hélas bien moins fortes pour la plupart, sauf quand l'assassin se trahit enfin, emporté par ses pulsions meurtrières.

Sans artifice, L'Affaire SK1 nous replonge donc parfaitement dans l'interminable traque au tueur de l'Est parisien, et montre qu'on peut reprendre de façon convaincante un horrible fait divers, contrairement à 24 jours par exemple. Une enquête passionnante, ponctuée de moments forts, où l'on redécouvre certains éléments ayant permis à ce tueur pourtant loin d'être un génie d'échapper à la police pendant de nombreuses années. On regrettera néanmoins que l'aspect psychologique du tueur ou du personnage interprété par Personnaz reste très léger, mais il n'entame pas l'efficacité de l'oeuvre de Fréderic Tellier.

Note : 8/10



mercredi 3 juin 2015

Maggie


Titre : Maggie
Réalisateur : Henry Hobson
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Abigail Breslin, Joely Richardson
Date de sortie en France : 27 mai 2015
Genre : drame

Synopsis : 
Alors qu'une terrible pandémie se propage à travers les États-Unis, le gouvernement impose de placer les malades infectés par le virus en quarantaine, où ils se transformeront en zombies, totalement retranchés du monde. Lorsque Maggie, 16 ans, apprend qu'elle a été contaminée, elle s'enfuit. Mais son père, Wade Vogel, est déterminé à la retrouver et à la protéger coûte que coûte, même s'il lui faut affronter les forces de police...

Avis : 
Si vous déjà vu le film, vous le savez déjà, mais rappelons-le quand même pour ceux qui n'ont pas eu cette... chance : le synopsis que vous venez de lire n'est PAS celui de Maggie. L'auteur de ce court résumé, dont l'incompétence laisse penser qu'il est également responsable de l'immonde affiche, s'est sans doute dit que ça fonctionnerait mieux si on promettait aux fans de Schwarzy un peu d'action. Affirmons-le donc une bonne fois pour toute : il n'y a pas d'action dans Maggie. Pas un gramme. Ce qui n'est pas nécessairement un défaut, au contraire même, lorsque l'aspect dramatique est réussi. Ici, c'est un défaut.


La promesse d'une variation dramatique sur le thème - par ailleurs usé jusqu'à la corde - du zombie était en fait plus alléchante que l'idée d'un énième film bourrin-concon où les morts-vivants ne serviraient que de chair à canon. Hélas, au fil d'une progression sans originalité ni enjeu, le film ne propose qu'un drame raté dans lequel Arnold Schwarzenegger se contente d'attendre passivement que sa fille fasse quelque chose.

Pire encore, Maggie semble n'avoir pour unique ambition que la réunion des différents clichés du genre, et nous refuse purement et simplement tout embryon de commencement de naissance de tension en nous annonçant chaque événement plusieurs fois avant qu'il n'arrive (le renard) et en éliminant les éléments potentiellement horrifiques quelques minutes après leur apparition (on n'allait quand même pas laisser un zombie dans la même maison que des enfants !). Et comme la métamorphose d'Abigail Breslin, aussi bien physique (avec un maquillage que l'on qualifiera d'aléatoire) que psychologique, ne propose rien de nouveau, on s'emmerde royalement.


Et si on s'ennuie autant, c'est surtout parce qu'on se désintéresse totalement du destin des personnages. Abigail Breslin (The Call, Little Miss sunshine, Bienvenue à Zombieland) peut bien devenir une zombie et se faire exploser le caisson, ça n'aura pour conséquence que de rayer de l'écran ses deux uniques expressions faciales (sourire niais ou vague déprime), Arnold peut bien se faire bouffer par sa fille, ses répliques et son interprétation sont déjà caractéristiques d'un électroencéphalogramme plat. Dommage, parce qu'on avait enfin l'occasion de le voir ailleurs que dans les films d'action décérébrés qu'il enchaîne depuis le succès d'Expendables (Sabotage, Evasion...).

Bref, Maggie, c'est très mauvais. A aucun moment le film d'Henry Hobson ne parvient à exploiter un thème pourtant intéressant, et se contente de recycler sans imagination ni ambition les éléments que l'on peut voir dans tous les films centrés sur la maladie, horrifique ou non. Quitte à rester dans l'évocation dramatique de la transformation en zombie, on préférera largement revoir "Moi zombie : chronique de la douleur" d'Andrew Parkinson...

Note : 2/10