mercredi 18 octobre 2017

Que Dios nos perdone


Titre : Que Dios nos perdone
Réalisateur : Rodrigo Sorogoyen
Acteurs : Antonio de la Torre, Roberto Alamo, Javier Pereira
Date de sortie en France : 9 août 2017
Genre : policier

Synopsis : 
 Madrid, été 2011. La ville, plongée en pleine crise économique, est confrontée à l’émergence du mouvement des « indignés » et à la visite imminente du Pape Benoît XVI. C’est dans ce contexte hyper-tendu que l'improbable binôme que forment Alfaro et Velarde se retrouve en charge de l'enquête sur un serial-killer d’un genre bien particulier. Les deux inspecteurs, sous pression, sont de surcroît contraints d’agir dans la plus grande discrétion…

Avis : 
Après l'excellent La Isla minima, le cinéma espagnol nous propose un nouveau thriller policier sur fond de politique. La campagne d'une Espagne post-franquiste des années 80 d'un côté, la capitale madrilène au beau milieu de la crise économique de l'autre, pour deux enquêtes mettant en scène un duo que tout semble opposer, grand classique du genre.



Classique, mais pourtant extrêmement efficace. La chaleur madrilène, les meurtres particulièrement glauques (des femmes âgées violées, torturées et tuées), la personnalité des deux enquêteurs... tout participe à faire de ce Que Dios nos perdone un film à l'ambiance pesante, qui nous enfonce dans une noirceur de plus en plus prégnante. Même les rares éléments qui semblaient apporter un peu d'oxygène finissent par voler en éclat, comme la personnalité de Velarde(l'excellent Antonio de la Torre, vu notamment dans Balada Triste ou... La Isla minima), que l'on pense bien plus équilibré que son collègue, mais se qui se révèle presque pire.

On appréciera également le fait que le film laisse quelques zones d'ombre, comme les motivations profondes du tueur ou certaines mésaventures arrivant au duo de policiers en dehors de ce qu'on voit à l'écran. Et surtout, le film n'hésite pas à nous prendre totalement au dépourvu, notamment dans son final. Seul petit bémol, le sentiment que certains événements sont trop précipités, comme tombant du ciel, ce qui nuit un peu au réalisme d'une enquête pourtant passionnante.

Que Dios nos perdone est donc une nouvelle réussite pour le cinéma policier espagnol. Intelligent et glauque, bénéficiant d'un duo d'acteurs principaux impeccables, il restera sans doute comme l'un des films marquants de cette année 2017.

Note : 8/10


mardi 17 octobre 2017

Le Secret de la chambre noire


Titre : Le Secret de la chambre noire
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Tahar Rahim, Constance Rousseau, Olivier Gourmet
Date de sortie en France : 8 mars 2017
Genre : fantastique

Synopsis : 

Stéphane, ancien photographe de mode, vit seul avec sa fille qu'il retient auprès de lui dans leur propriété de banlieue. Chaque jour, elle devient son modèle pour de longues séances de pose devant l'objectif, toujours plus éprouvantes. Quand Jean, un nouvel assistant novice, pénètre dans cet univers obscur et dangereux, il réalise peu à peu qu'il va devoir sauver Marie de cette emprise toxique.
Avis : 
 Pour son premier film en dehors de son pays d'origine, Kiyoshi Kurosawa va, tout comme Asghar Farhadi pour Le Passé, choisir la France et Tahar Rahim. Avec Le Secret de la chambre noire, il reste sur son genre de prédilection, le film fantastique mélancolique, en installant l'étrangeté dans un cadre qui n'y semblait pourtant pas propice.


 On retrouve ainsi le rythme si particulier du réalisateur, qui prend comme souvent son temps pour créer une atmosphère étrange, oscillant constamment entre rêve et réalité, à l'image des fameux daguerréotypes qui sont au centre du film, qui rappelle régulièrement l'une des perles du cinéma fantastique, et une oeuvre parfois citée par Kiyoshi Kurosawa comme un des sommets de la terreur : Les Innocents, de Jack Clayton. Une porte qui bouge légèrement, des rideaux qui flottent, on a constamment l'impression, subtile, d'une présence invisible derrière les personnages.

 Et si on devine assez rapidement comment le film va se terminer, l'évolution de l'histoire reste passionnante, grâce aussi à l'interprétation de Olivier Gourmet (L'Affaire SK1, Chocolat) et de Constance Rousseau, impeccables dans leurs rôles. On aura en revanche plus de réserves sur Tahar Rahim, qui semble un peu paumé dans un rôle un peu stéréotypé, amoindrissant nettement l'impact dramatique de certaines séquences.

Mélancolique et fantastique, Le Secret de la chambre noire est une nouvelle réussite pour Kiyoshi Kurosawa, qui développe ses thèmes de prédilection dans un cadre nouveau pour lui. Un drame élégant dans lequel seul Tahar Rahim semble, un nouvelle fois, un peu perdu, dans un rôle sans doute trop lisse...

Note : 8.5/10


dimanche 1 octobre 2017

La Planète des singes - suprématie


Titre : La Planète des singes - suprématie (War for the Planet of the apes)
Réalisateur : Matt Reeves
Acteurs : Andy Serkis, Woody Harrelson, Steve Zahn
Date de sortie en France : 2 août 2017
Genre : science-fiction

Synopsis : 
Dans ce volet final de la trilogie, César, à la tête des Singes, doit défendre les siens contre une armée humaine prônant leur destruction. L’issue du combat déterminera non seulement le destin de chaque espèce, mais aussi l’avenir de la planète. 
Avis : 
Après Les Origines puis L'Affrontement, la trilogie préquelle-remake de la saga La Planète des singes a pris fin cet été avec Suprématie, qui voit l'affrontement entre César et ses singes et une armée d'hommes menée par le colonel McCullough. Pour un final en apothéose ? Pas forcément, hélas.
Le film se divise en trois parties bien distinctes : tout d'abord les assauts des humains sur la base des singes, pour des séquences extrêmement réussies, intenses et dramatiques. Puis une partie misant davantage sur l'introspection, où César et un groupe réduit par la recherche du camp humain et fait la rencontre d'une jeune fille muette (personnage très attachant bien qu'un peu prétexte) et d'un singe un peu maboule (personnage inutile et incompréhensible). Et enfin, la tout dernière partie, où les singes sont enfermés dans un camp de travail dont ils vont tenter de s'échapper. 

Niveau réalisation, niveau effets spéciaux (les singes sont plus vrais que nature), niveau interprétation, pas grand chose à jeter, Suprématie est sur la forme un excellent blockbuster, sans temps mort, avec quelques passages très impressionnants et touchants. C'est plutôt sur le fond que ça se gâte, avec un César sorti tout droit de l'Ancien Testament, quelque part entre Jésus Christ et Moïse, et la tarte à la crème préférée d'Hollywood : le parallèle avec les camps de concentration. Plus gênant encore, l'hommage à Apocalypse Now par le biais du personnage interprété par Woody Harrelson, aussi inutile que lourdingue. Enfin, on pourra regretter l'éternelle rengaine sur qui est le plus sauvage, entre l'homme et l'animal, rendue insupportable par l'absence presque totale de nuance (à l'exception des quelques doutes de César), là où les précédents volets apportaient plus de recul avec les personnages de Koba ou des humains bienveillants.


La Planète des singes - suprématie constitue donc un dernier volet réussi, concluant de manière satisfaisante une trilogie de très haut niveau. On pourra néanmoins reprocher à cet ultime chapitre un fond beaucoup plus banal, beaucoup moins travaillé, cédant trop facilement aux éternels clichés du cinéma hollywoodien.

Note : 7/10