mardi 30 mars 2021
Les Révoltés de l'An 2000
dimanche 28 mars 2021
Kickboxer
Titre : Kickboxer
Réalisateur : Mark DiSalle, David Worth
Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Michel Qissi, Dennis Alexio
Date de sortie en France : 2 août 1989
Genre : arts martiaux
Synopsis :
Kurt Sloane souhaite venger son frère Eric, paralysé à vie par le terrifiant Tong Po lors d'un combat de kickboxing. Le souci, c'est que Kurt ne sait pas se battre. Il lui faudra apprendre les rudiments de ce sport auprès du vieux sage Xian Chow.
Avis :
En 1989, Jean-Claude Van Damme est encore au début de sa carrière. A peine sorti de ce qui reste l'un de ses meilleurs films (Tous les coups sont permis), il enchaîne avec Kickboxer, qui reste l'un de ses films les plus connus, notamment pour ses séquences d'entraînement... et cette improbable danse dans le restaurant. Et pourtant, qu'est-ce que c'est mauvais...
Est-ce parce que, contrairement à Bloodsport, j'ai découvert Kickboxer récemment et pas pendant mon enfance ? Peut-être... Je peux largement pardonner le jeu d'acteur, JCVD en tête, l'intérêt de ces films n'étant pas là. Je peux également fermer les yeux sur ce scénario bien connu, qui débute par un drame ou une défaite, se poursuit par un entraînement intensif, et se conclue sur la victoire du héros sur le grand méchant de l'histoire : c'est finalement ce qu'on vient voir avec ce genre de films, même s'il suffit de regarder quelques classiques asiatiques pour voir qu'il n'y a pas besoin de beaucoup d'imagination pour varier un peu les plaisirs.
Non, j'ai tout simplement trouvé ça incroyablement mauvais, à presque tous les étages. Personnages sans grand intérêt (le grand frère, insupportable, et qui mérite franchement de se prendre une dérouillée, le sidekick noir) dont on ne pourra sauver que le vénérable maître ; combat et entraînement bien trop mous, où chacun attend son tour pour frapper et dont le sommet sera le tabassage en règle d'un arbre ; intrigues secondaires ringardes et sans intérêt ; et surtout, surtout, le grand méchant ultime. Tong Pô est grotesque, grimaçant à outrance sous un maquillage ridicule, et ne dégage absolument rien sauf un peu de pitié. Et comme en plus les deux combats le mettant en scène sont franchement médiocres et mal chorégraphiés, le personnage ne parviendra à aucun moment à la cheville de Chong Li (qui, pour l'anecdote, fracassait rapidement l'acteur Michel Qissi pour son premier combat dans Bloodsport).
On a un peu l'impression que ce JCVD là est devenu culte par accident, ou qu'il l'est devenu à la manière des nanars, parce que sa médiocrité et sa naïveté le rendaient sympathiques. De mon côté, je risque fort de ne jamais lui donner une seconde chance...
samedi 20 mars 2021
Magic
Lorsqu'on lit le synopsis de Magic, on pense être en terrain connu : celui du faux ventriloque accompagné de sa poupée qui est en fait humaine. Le jouet maléfique est un classique de l'épouvante, de la saga Chucky aux innombrables Puppet masters en passant par Dolls ou Dead silence, et on pense clairement, en tant que spectateur expérimenté et parfois un peu blasé, que l'on ne nous apprendra pas à faire la grimace. Heureusement, le film de Richard Attenborough (réalisateur oscarisé de Gandhi, que le grand public connaît sans doute davantage pour ses apparitions dans La Grande évasion ou Jurassic Park) va se montrer beaucoup plus malin.
Magic joue ainsi la carte de la maladie mentale plutôt que de l'explication surnaturelle, et l'excellent Anthony Hopkins incarne à merveille ce personnage maladivement timide et préférant se cacher derrière son pantin pour s'exprimer. Une posture qui lui permet d'obtenir davantage de succès auprès du public, de séduire enfin son amour d'enfance... mais qui ravage petit à petit l'esprit du magicien, qui délègue de plus en plus ses responsabilités à l'objet qu'il imagine vivant. La performance de l'acteur est d'ailleurs troublante, laissant toujours un doute sur cette marionnette par ailleurs astucieusement filmée : oui, Corky est malade... mais n'a-t-on pas souvent l'impression que le regard ou le rictus de Fats est légèrement différent selon les plans ?
C'est sans doute ce qui m'a le plus impressionné dans ce film : sans jamais sembler donner de poids à la thèse de l'irréel, insistant même sur la progression de la folie de Corky, il laisse juste la porte entrouverte, juste assez pour titiller l'esprit du spectateur, et on pourra sans doute le revoir sous cet angle différent, en imaginant que Fats, cette poupée à l'apparence si remarquable, est bien doté d'une pensée propre. Simplement brillant.
lundi 15 mars 2021
Possession
Réalisateur : Andrzej Zulawski
Acteurs : Isabelle Adjani, Sam Neill, Heinz Bennent
Date de sortie en France : 27 mai 1981
Genre : drame, horreur
Synopsis :
Rentrant d'un long voyage, Marc retrouve à Berlin sa femme Anna et son fils, Bob. Mais rapidement, il se rend compte que le comportement de sa femme a changé. Prise de violentes crises, elle quitte le domicile. L'amie du couple, Annie, révèle à Marc le nom de l'amant d'Anna, Heinrich. Lorsqu'elle disparaît, Marc engage un détective qui découvre bientôt qu'Anna s'est réfugiée dans une étrange demeure où semble se cacher une créature surgie des ténèbres.
Avis :
Si la formule est largement galvaudée, difficile de ne pas l'utiliser ici : Possession, du Polonais Andrzej Zulawski, est un film qui ne peut laisser personne indifférent, pour le meilleur comme pour le pire. Richesse thématique, interprétation hystérique, violence et sexe, il réunit tous les ingrédients pour marquer durablement le spectateur, jusqu'à le laisser un peu hébété au terme des deux heures que dure le métrage.
Tout commence pourtant "normalement", avec un couple en pleine rupture. Cris, larmes, coups, voisine qui savoure les miettes, enfant perdu au milieu de la guerre entre ses parents, amant perché et finalement également trahi, nous sommes dans un drame dont l'étrangeté nous frappe peu à peu. Un étrange reflet d'un côté, les cauchemars enfantins de l'autre, les mensonges de l'amant (mais en sont-ils vraiment ?), puis le comportement du personnage incarné par Adjani, entre moments d'hystérie pure et séquences d'un calme relatif. L'explosion arrive très vite, mais n'est que le prélude à l'étrange, puis à l'horreur.
Une horreur viscérale, que je situe plus proche du Cronenberg des débuts (Chromosome 3, par exemple) que de Lovecraft, et qui s'illustre par une créature monstrueuse ou par les crises d'Isabelle Adjani, dont celle, tétanisante, du métro, qui répousse très loin les limites de la folie sur grand écran. Sam Neill n'est pas en reste, dans une folie qui semble plus retenue, qu'il exprime comme souvent par son regard ou son sourire... mais également de façon parfois plus frontale.
Evidemment, un film d'une telle richesse (Zulawski parle entre autres de couple, de sexe, de politique, de double, de murs, d'enfance...) ne peut être que clivant : certains citeront par exemple l'interprétation très théâtrale comme un défaut, là où elle achève selon moi d'emmener le film dans une étrangeté permanente. De mon côté, Possession est une oeuvre formidable, qui nous plonge très loin dans ses ténèbres (au sens figuré comme au sens propre), qui nous y noie et nous y étouffe même par moments, autant grâce à son extravagance qu'à son aspect terriblement fermé et froid.