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mardi 17 octobre 2017

Le Secret de la chambre noire


Titre : Le Secret de la chambre noire
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Tahar Rahim, Constance Rousseau, Olivier Gourmet
Date de sortie en France : 8 mars 2017
Genre : fantastique

Synopsis : 

Stéphane, ancien photographe de mode, vit seul avec sa fille qu'il retient auprès de lui dans leur propriété de banlieue. Chaque jour, elle devient son modèle pour de longues séances de pose devant l'objectif, toujours plus éprouvantes. Quand Jean, un nouvel assistant novice, pénètre dans cet univers obscur et dangereux, il réalise peu à peu qu'il va devoir sauver Marie de cette emprise toxique.
Avis : 
 Pour son premier film en dehors de son pays d'origine, Kiyoshi Kurosawa va, tout comme Asghar Farhadi pour Le Passé, choisir la France et Tahar Rahim. Avec Le Secret de la chambre noire, il reste sur son genre de prédilection, le film fantastique mélancolique, en installant l'étrangeté dans un cadre qui n'y semblait pourtant pas propice.


 On retrouve ainsi le rythme si particulier du réalisateur, qui prend comme souvent son temps pour créer une atmosphère étrange, oscillant constamment entre rêve et réalité, à l'image des fameux daguerréotypes qui sont au centre du film, qui rappelle régulièrement l'une des perles du cinéma fantastique, et une oeuvre parfois citée par Kiyoshi Kurosawa comme un des sommets de la terreur : Les Innocents, de Jack Clayton. Une porte qui bouge légèrement, des rideaux qui flottent, on a constamment l'impression, subtile, d'une présence invisible derrière les personnages.

 Et si on devine assez rapidement comment le film va se terminer, l'évolution de l'histoire reste passionnante, grâce aussi à l'interprétation de Olivier Gourmet (L'Affaire SK1, Chocolat) et de Constance Rousseau, impeccables dans leurs rôles. On aura en revanche plus de réserves sur Tahar Rahim, qui semble un peu paumé dans un rôle un peu stéréotypé, amoindrissant nettement l'impact dramatique de certaines séquences.

Mélancolique et fantastique, Le Secret de la chambre noire est une nouvelle réussite pour Kiyoshi Kurosawa, qui développe ses thèmes de prédilection dans un cadre nouveau pour lui. Un drame élégant dans lequel seul Tahar Rahim semble, un nouvelle fois, un peu perdu, dans un rôle sans doute trop lisse...

Note : 8.5/10


lundi 20 mars 2017

Grave


Titre : Grave
Réalisatrice : Julia Ducournau
Acteurs : Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella
Date de sortie en France : 15 mars 2017
Genre : drame, horreur

Synopsis : 
Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature. 
Avis : 
C'est donc l'histoire d'une adolescente végétarienne qui, après avoir mangé un peu de viande, devient cannibale. Ce synopsis, qui ressemble à s'y méprendre au délire de potes à l'humour douteux à l'issue d'une soirée trop arrosée, c'est celui de Grave, le nouveau chouchou de ces critiques, toujours prêts à brosser tout le monde dans le sens du poil lorsqu'on associe le mot « auteur » au cinéma d'horreur... ou quand le film est coproduit par Julie Gayet, notre première dame officieuse.


Si vous savez lire un minimum entre les lignes, une seule lecture du synopsis vous suffira pour savoir quelles thématiques vont être évoquées par le film et quel genre de scènes nous allons y retrouver. Si Grave surprend, c'est par son aspect terriblement lourdingue, enquillant les évidences métaphoriques à un rythme soutenu, sans qu'on puisse y retrouver la finesse ou la subtilité que certains prétendent y avoir vu. Dès lors, le film ressemble surtout à une juxtaposition de références (Carrie, évidemment, Cronenberg, encore plus évidemment, et il serait surprenant que la réalisatrice n'ait pas vu, entre autres, les films de Lucky McKee) sans identité ni réflexion, un peu comme la copie bien sage d'un étudiant en philosophie s'attachant à paraphraser son professeur sur sa copie lors du baccalauréat.

Il n'y aura finalement que les séquences violentes pour donner de l'intérêt au film. Faussement transgressives (on reste quand même dans une démarche souvent gratuite et puérile), elles mettent néanmoins parfois mal à l'aise grâce à des maquillages plutôt réussis. Ce seront d'ailleurs les rares passages où les acteurs seront vraiment convaincants, pas aidés le reste du temps par des dialogues écrits à la truelle ou des séquences de remplissage inutilement explicatives.

Sauf si vous découvrez la relation entre Eros et Thanatos, que l'émancipation de la femme et sa quête d'identité, tant sexuelle que personnelle, dans le cinéma d'horreur vous sont étrangers, vous ne trouverez rien de bien nouveau dans Grave. Les scènes – réussies – d'horreur ne parviennent pas à masquer l'absence totale de profondeur d'un scénario insipide et sans surprise, dont l'équilibre déjà fragile finit de voler en éclat lors d'une dernière scène totalement incongrue et incohérente. Un film superficiel et inoffensif...

Note : 2/10


mardi 10 mai 2016

Les Ardennes


Titre :‭ ‬Les Ardennes‭ (‬D'Ardennen‭)
Réalisateur :‭ ‬Robin Pront
Acteurs :‭ ‬Jeroen Perceval,‭ ‬Kevin Janssens,‭ ‬Veerle Baetens
Date de sortie en France :‭ ‬13‭ ‬avril‭ ‬2016
Genre :‭ ‬thriller,‭ ‬drame

Synopsis :‭
Un cambriolage tourne mal.‭ ‬Dave arrive à s’enfuir mais laisse son frère Kenneth derrière lui.‭ ‬Quatre ans plus tard,‭ ‬à sa sortie de prison,‭ ‬Kenneth,‭ ‬au tempérament violent,‭ ‬souhaite reprendre sa vie là où il l’avait laissée et est plus que jamais déterminé à reconquérir sa petite amie Sylvie.‭
‬Ce qu’il ne sait pas,‭ ‬c’est qu’entre-temps,‭ ‬Dave et Sylvie sont tombés amoureux et mènent désormais une vie rangée ensemble.‭
‬Avouer la vérité à Kenneth pourrait tourner au règlement de compte‭…

Avis :
Dans le paysage cinématographique européen, la Belgique est devenue depuis quelques années une valeur sûre, à force de thrillers étouffants (Bullhead) et de drames déchirants (Alabama Monroe). Un cinéma percutant, marqué par un réalisme souvent déprimant, basé sur des destins brisés, des familles détruites, la petite délinquance et une impression générale d'austérité.


Les Ardennes nous plonge d'emblée dans une situation anxiogène... et qui le deviendra de plus en plus au fil des minutes. Une lente descente aux enfers, où tout ce qui rapproche les deux frères contribue finalement à les éloigner : le cambriolage du début du film, la femme qu'ils aiment, le travail... Le tempérament sanguin de Kenneth va peu à peu tout faire perdre aux deux frères, et faire basculer leur destin vers un final particulièrement glaçant.

Pour nous ancrer dans cette ambiance déprimante, Robin Pront multiplie les silences, ralentit le rythme, et s'appuie sur un trio d'acteurs formidables : Jeroen Perceval (Bullhead), Veerle Baetens (Alabama Monroe) et Kevin Janssens sont parfaits, leur retenue contrastant à merveille avec les séquences où la violence explose.

Nouvelle réussite dans le paysage cinématographique belge, Les Ardennes nous offre une plongée anxiogène dans les villes mortes et les bois perdus, où l'explosion n'est jamais loin. Une descente en enfer, portée par trois acteurs formidables et une scénario implacable, qui n'est pas sans rappeler les meilleurs thrillers asiatiques de ces dernières années.

Note : 9/10

mercredi 6 avril 2016

Le Tout nouveau testament


Titre : Le Tout nouveau testament
Réalisateur : Jaco van Dormael
Acteurs : Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau, Catherine Deneuve
Date de sortie en France : 2 septembre 2015
Genre : comédie

Synopsis : 
Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais très peu de sa fille. Sa fille c’est moi. Je m’appelle Ea et j’ai dix ans. Pour me venger j’ai balancé par SMS les dates de décès de tout le monde…

Avis : 
A l'idée de voir Benoît Poelvoorde dans le rôle de Dieu, on se réjouissait vraiment : on imaginait déjà un Dieu gouailleur, de l'humour noir, du cynisme, du mordant. Du Poelvoorde quoi ! Hélas, l'acteur sera largement laissé en retrait, en dehors d'une introduction réussie où il répand les pires maux possibles sur l'humanité, juste pour passer.


Le Tout nouveau testament se concentre au contraire sur la fille de Dieu, une gamine insupportable qui se met en tête de trouver de nouveaux apôtres. Une quête malheureusement bien trop gentille, qui n'exploite jamais sa galerie de personnages, tuant dans l'oeuf l'intérêt de certains (le tueur, le pervers), ou offrant quelques passages franchement gênants (Deneuve et le gorille, qui donnent franchement honte de regarder le film).

On ne décolle jamais, et on s'écrase même totalement dans un final archi-convenu et qui rate encore une fois l'occasion d'apporter un peu de piquant à l'ensemble. Rarement drôle, jamais vraiment cynique, ce Tout nouveau testament déçoit donc par son manque total d'audace, notamment en laissant totalement de côté Poelvoorde au profit d'une morale sirupeuse... Dommage.

Note : 2.5/10


mercredi 22 avril 2015

Alléluia


Titre : Alléluia
Réalisateur : Fabrice Du Welz
Acteurs : Laurent Lucas, Lola Dueñas, Stéphane Bissot
Date de sortie en France : 26 novembre 2014
Genre : thriller, drame

Synopsis : 
Lorsque Gloria accepte de rencontrer Michel, contacté par petite annonce, rien ne laisse présager la passion destructrice et meurtrière qui naîtra de leur amour fou...

Avis : 
Après un Colt 45 qu'il n'aura pas cautionné, refroidi par un budget régulièrement revu à la baisse et un duo Lanvin-JoeyStarr aux chevilles gonflées à bloc, Fabrice Du Welz revient à une histoire et une ambiance qui lui correspondent beaucoup plus en adaptant l'histoire de Raymond Fernandez et Martha Beck, les "Lonely Hearts Killers".


Ambiance poisseuse, histoire sordide, images sales... Alléluia rappelle forcément Calvaire, et dans une moindre mesure Vinyan du même réalisateur. Du Welz ne recule devant rien, et son histoire d'amour horrifique entre ces deux amants diaboliques oscille entre violence crue et sexe cradingue, nous mettant régulièrement mal à l'aise, nous rendant spectateurs de ce qu'on aurait préféré ne pas voir, très loin des films ayant tendance à mettre en valeur les psychopathes.

Gloria et Michel nous fascinent certes, mais nous dégoûtent surtout. Gloria est irritante à souhait, Michel manipulateur et pervers : de vrais personnages, aussi imparfaits que crédibles, interprétés avec une conviction formidable par Laurent Lucas (bien loin de son rôle de martyr dans Calvaire) et Lola Dueñas. On en oublie ainsi très vite l'aspect linéaire de l'histoire, dont le découpage en chapitres renforce l'impression de répétition... ce qui accentue également l'horreur des situations, avec les mêmes erreurs, les mêmes conséquences aux mêmes actes, tel un ruban de Moebius morbide et dégénéré.

Alléluia n'est pas un film agréable à regarder : au contraire, on grimacera souvent devant la brutalité et la crasse de cette oeuvre atypique, qui nous replonge dans une ambiance rappelant les années 70. Celles où la créativité et les couilles d'un auteur permettaient de nous offrir des oeuvres fortes, intelligentes et puissantes, à l'image du film de Du Welz, appelé à nous marquer durablement et à se bonifier à chaque fois qu'on y repense.

Note : 8/10


mardi 31 mars 2015

Le Grimoire d'Arkandias


Titre : Le Grimoire d'Arkandias
Réalisateur : Alexandre Castagnetti, Julien Simonet
Acteurs : Christian Clavier, Ryan Brodie, Pauline Brisy
Date de sortie en France : 22 octobre 2014
Genre : aventures, fantastique

Synopsis : 
Dans le village de Ronenval, tout semble normal. Trop normal pour Théo qui ne rêve que d’une chose : échapper à son destin de boloss. Un jour, il déniche à la bibliothèque un livre de magie qui contient les secrets de fabrication d’une bague d’invisibilité. Avec l’aide de ses meilleurs amis Bonnav et Laura, il décide de fabriquer cette bague. Surprise : Théo disparaît pour de bon ! Victime de trois sorcières, il reste bloqué dans l’invisibilité...Il se lance alors dans une course effrénée contre le temps. Arkandias, un étrange individu toujours à leurs trousses, est peut être le seul à pouvoir les aider.

Avis : 
Le monde a Harry Potter, la France a... Théo !? Adapté du roman d'Eric Boisset, Le Grimoire d'Arkandias nous raconte donc l'histoire de trois jeunes ados confronté à des événements magiques après la découverte d'un étrange ouvrage. Avec l'aide d'un étrange sorcier, ils vont vivre d'extraordinaires aventures, affrontant notamment trois méchantes pour sauver la famille de Théo et découvrir que l'amitié et le courage sont ce qu'il y a de plus important.


Bon, d'accord, c'est pour les gosses, mais quand même : avait-on vraiment besoin de faire aussi con, aussi vulgaire, aussi niais ? A mi-chemin entre la parodie et l'hommage à Harry Potter et compagnie (allant jusqu'à pomper généreusement le thème de John Williams), Le Grimoire d'Arkandias n'est qu'une suite de péripéties convenues et gentillettes, aussi irritante que non drôle.

Pas aidés par un scénario inexistant, les acteurs se débattent dans des rôles irritants, notamment les enfants, insupportables et publicité vivante pour l'IVG. L'unique aspect remarquable du film est sa constance, démarrant de nulle part pour ne jamais arriver à destination, parvenant à nous faire soupirer de dépit dès la présentation de Théo, ce gamin forcément mis à l'écart en classe, forcément victime d'un drame familial, forcément destiné à être héroïque.

Bref, le film prend les gamins pour des cons, et le fait avec la monstrueuse prétention de se comparer avec de grandes sagas. Indigeste, tout simplement...

Note : 1/10


jeudi 25 décembre 2014

Astérix - le Domaine des Dieux


Titre : Astérix - le Domaine des Dieux
Réalisateur : Louis Clichy, Alexandre Astier
Acteurs : Roger Carel, Guillaume Briat, Lorànt Deutsch
Date de sortie en France : 26 novembre 2014
Genre : animation, comédie, aventures

Synopsis : 
Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ ; toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Exaspéré par la situation, Jules César décide de changer de tactique : puisque ses armées sont incapables de s’imposer par la force, c’est la civilisation romaine elle-même qui saura  séduire ces barbares Gaulois. Il fait donc construire à côté du village un domaine résidentiel luxueux destiné à des propriétaires romains. : « Le Domaine des Dieux  ». Nos amis gaulois résisteront ils à l’appât du gain et au confort romain ? Leur village deviendra-t-il une simple attraction touristique ? Astérix et Obélix vont tout faire pour contrecarrer les plans de César.

Avis : 
Après de nombreuses déceptions, tant en films d'animation (depuis 1986 et Astérix et les Bretons, les dessins animés mettant en scène les gaulois sont très décevant) qu'en films live (l'unique véritable réussite, Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, n'avait paradoxalement plus grand chose à voir avec l'univers de Goscinny et Uderzo), Astérix revient sur les écrans sous la direction d'Alexandre Astier (Kaamelott). Il adapte pour l'occasion Le Domaine des Dieux, l'un des albums les plus réussis de la série, d'autant plus intéressant qu'il développe des thèmes toujours au goût du jour.


Et il faut bien avouer que cet Astérix est une réussite que l'on n'osait pas espérer. Sans aucun temps mot, le film réussit le défi de mêler parfaitement l'humour de la série, en restant très fidèle à la bande-dessinée (tout juste pourra-t-on regretter la disparition de quelques calembours comme "il ne faut jamais parler sèchement à un numide") tout en intégrant quelques situations plus modernes, toujours dans l'esprit de l'oeuvre originale, en n'oubliant pas d'amener quelques touches plus nouvelles avec quelques clins d'oeil bien sentis, à King Kong ou au Seigneur des anneaux par exemple.

Les répliques font mouche, on rit régulièrement, et on retrouve surtout avec un immense plaisir la voix de Roger Carel pour interpréter Astérix. Le doublage des personnages est d'ailleurs une autre des qualités du film (Chabat, Semoun, ou encore Deutsch sont impeccables), même si on regrettera que la voix d'Obélix soit complètement ratée. Autre bémol, le dessin des personnages en 3D, que je trouve vraiment très moche par moments même s'ils sont parfaitement animés par Louis Clichy.

On n'osait plus y croire : Alexandre Astier et Louis Clichy parviennent pourtant à réaliser une excellente adaptation d'Astérix au cinéma, fidèle à la bande-dessinée tout en y apportant une jolie touche de modernité. Il en résulte un des films les plus drôles de l'année, une très bonne surprise que l'on classera aux côtés des Astérix et Cléopâtre et Les Douze travaux d'Astérix !

Note : 8/10


jeudi 20 mars 2014

Les Chevaux de Dieu


Titre : Les Chevaux de Dieu (Yakheel Allah)
Réalisateur : Nabil Ayouch
Acteurs :  Abdelhakim Rachid, Abdelilah Rachid, Hamza Souideq
Date de sortie en France : 20 février 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Yassine a 10 ans lorsque le Maroc émerge à peine des années de plomb. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut toute la famille. Un père dépressif, un frère à l'armée, un autre presque autiste et un troisième, Hamid, petit caïd du quartier et protecteur de Yachine. Quand Hamid est emprisonné, Yachine enchaîne les petits boulots. Pour les sortir de ce marasme où règnent violence, misère et drogue, Hamid, une fois libéré et devenu islamiste radical pendant son incarcération, persuade Yachine et ses copains de rejoindre leurs "frères". L'Imam Abou Zoubeir, chef spirituel, entame alors avec eux une longue préparation physique et mentale. Un jour, il leur annonce qu'ils ont été choisis pour devenir des martyrs… 

Avis : 
Le soir du , cinq attentats-suicides ensanglantèrent la ville de Casablanca, causant la mort de 45 personnes, parmi lesquelles la plupart des poseurs de bombes. Réalisé par Nabil Ayouch (Mektoub), Les Chevaux de Dieu s'inspire de ce fait-divers et nous propose de suivre le parcours des terroristes, de leur enfance à leur lavage de cerveau.


Dans l'atmosphère étouffante du bidonville de Sidi Moumen, près de Casablanca, nous suivons donc l'évolution de ces jeunes sans avenir, dont le quotidien est rythmé par les petits boulots, les services rendus au caïd du coin et la violence, omniprésente. Un environnement où la pauvreté et la prison semblent les seules issues, loin du luxe occidental jalousé puis détesté. Un environnement parfait pour élever des hommes sans repères et particulièrement réceptifs à l'extrémisme religieux et au charisme d'un mentor. 

Malheureusement, malgré ce thème extrêmement fort, on peine à entrer pleinement dans le film. Les personnages sont peu développés, et c'est avec une certaine indifférence qu'on les voit évoluer, sans ressentir ni horreur, ni révolte, ni émotion. Ainsi, même si le film est remarquablement réalisé (ces plans magnifiques survolant les rues du bidonville) et interprété, le final tombe un peu à plat et, malgré la puissance du sujet.

Petite déception donc que Les Chevaux de Dieu, qui montre une nouvelle fois la difficulté d'appréhender les raisons pouvant pousser des hommes à se sacrifier au nom d'une certaine vision de la religion. Ajoutez à l'absence totale d'implication du spectateur un rythme assez laborieux, et on obtient un film hélas assez moyen malgré ses qualités de réalisation et d'interprétation...

Note : 6/10


 

lundi 6 janvier 2014

Le Congrès


Titre : Le Congrès (The Congress)
Réalisateur : Ari Folman
Acteurs : Robin Wright, Harvey Keitel, Harry Huston
Date de sortie en France : 3 juillet 2013
Genre : drame, science-fiction, animation

Synopsis : 
Robin Wright se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…

Avis : 
 Après avoir signé l'excellent Valse avec Bachir, Ari Folman revient mêler images réelles et animation pour une adaptation du Le Congrès de futurologie de Stanislas Lem. Il nous livre ici un film de science-fiction imaginant le futur des productions hollywoodiennes, mais aussi la désincarnation progressive des individus, préférant se perdre dans leurs rêves plutôt que de se confronter à une réalité déprimante.


La première partie de veut ainsi particulièrement cynique, mettant la formidable Robin Wright (Forrest Gump, Le Stratège), vieillissante, face à la pression de la compagnie Miramount qui refuse de lui proposer de nouveaux films, mais lui propose d'être scannée : ils pourront ainsi utiliser son image, qui ne vieillira pas, dans tous les films qu'ils souhaitent tandis qu'elle n'aura plus le droit d'apparaître dans d'autres films. Le film évoque donc l'évolution du cinéma actuel, avec la course à la technologie et le développement du numérique.

Cette première moitié est très réussie, nous réservant notamment l'une des plus belles scènes vues au cinéma cette année lorsque Robin Wright se fait enfin scanner. La seconde partie, basculant dans l'animation, va hélas être bien moins convaincante. Si là encore, Folman nous livre quelques superbes passages, cette seconde partie n'évite pas toujours l'indigestion et l'hystérie, finissant par épuiser le spectateur, d'autant que l'animation n'est pas toujours très réussie.

A l'image du personnage de Robin Wright, on finit donc par se perdre un peu dans une seconde partie un peu trop folle et moins passionnante. Dommage, car la première moitié du film, en images réelles, est absolument formidable, particulièrement touchante et intriguera forcément le passionné de cinéma sur les dérives qu'elle imagine à l'évolution du cinéma actuel.

Note : 7/10


vendredi 4 octobre 2013

Alabama Monroe


Titre : Alabama Monroe (The Broken circle breakdown)
Réalisateur : Felix Van Groeningen
Acteurs : Johan Heldenbergh, Veerle Baetens, Nell Cattrysse
Date de sortie en France : 28 août 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Didier et Élise vivent une histoire d'amour passionnée et rythmée par la musique. Lui, joue du banjo dans un groupe de Bluegrass Country et vénère l'Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît une fille, Maybelle...

Avis : 
Alabama Monroe est un film dramatique belge, racontant l'histoire entre Didier et Elise, de l'amour intense qu'ils vivront au début de leur relation jusqu'à cet éloignement progressif à la suite de la mort de leur fille. Rythmé par les morceaux de bluegrass country, le film va traiter du deuil, de la façon dont chacun va le vivre et des répercussions sur le couple dont l'amour fusionnel dissimulait finalement deux caractères bien différents.


Car Didier ne croit pas à une vie après la mort, préférant ressasser les causes ayant conduit au décès de sa fille : le mode de vie décomplexé du couple, la pression religieuse empêchant la recherche sur les cellules souches...Elise quant à elle, se réfugie dans l'espoir d'une réincarnation, d'une vie au-delà de la mort. Les disputent de multiplient alors, chacun campant sur ses positions, Didier utilisant la scène comme moyen de contestation, tandis qu'Elise cherche à oublier son passé en changeant d'identité et en utilisant le chant comme exutoire - un exutoire que lui refuse Didier.

Porté par les interprétations impressionnantes de Johan Heldenbergh et Veerle Baetens, étonnants de naturels, Alabama Monroe prend aux tripes, et s'avère terriblement poignant. Sans jamais utiliser d'artifices superflus, Van Groeningen parvient à nous émouvoir avec le destin tragique de la jeune Maybelle et le désespoir du couple perdu, jusqu'à un final magnifique. Le seul petit bémol vient sans doute de cette construction non linéaire qui ne sert finalement qu'à un seul moment. On appréciera en revanche la simplicité et la sobriété de l'ensemble, dont les moments d'euphorie, illustrés par les morceaux très entraînants de country, renforcent la puissance des passages plus tristes.

Cela n'empêche pas Alabama Monroe d'être un des plus beaux films de l'année, un drame très émouvant où les deux acteurs principaux sont en état de grâce. Après Bullhead, dans un registre bien différent, voilà une nouvelle pépite venue d'outre-Quiévrain.

Note : 9/10


lundi 9 septembre 2013

Dead man talking


Titre : Dead man talking
Réalisateur : Patrick Ridremont
Acteurs : Patrick Ridremont, François Berléand, Virginie Efira
Date de sortie en France : 27 mars 2013
Genre : drame

Synopsis : 
20 h. Une prison quelque part. William Lamers est condamné à mort. La loi ne précisant pas la longueur de sa dernière déclaration, il va profiter de ce vide juridique pour dérouler le fil de sa vie afin d’échapper à la sentence. Son exécution qui ne devait être qu’une formalité va alors devenir le plus incroyable des enjeux politique et médiatique. 

Avis : 
 Pour son premier film en tant que réalisateur, Patrick Ridremont nous offre avec Dead man talking un film qui sort vraiment de l'ordinaire. Mettant en images un condamné à mort qui, dans un pays non identifié, parvient à repousser l'heure, puis la date de son exécution, le réalisateur belge nous propose une oeuvre aussi frontale que profonde, maniant avec bonheur l'art de l'humour noir et celui du suspense.


Car ce condamné, trop bavard aux yeux d'un François Berléand à nouveau formidable, va rapidement attirer l'attention de la presse, puis du public, et enfin de monde politique en pleine préparation des prochaines élections. Ce qui n'était qu'un moyen de retarder l'échéance devient peu à peu un show et l'enjeu des stratégies des candidates aux élections : le dernier espace de liberté de cet homme déjà mort s'écroule, jeté en pâture à un public avide et des politiciens sans scrupules.

Le film aborde ainsi de nombreux thèmes, de la légitimité de la peine de mort au voyeurisme encouragé par les médias, des magouilles politiques à l'enfance, en passant par celui de l'identité. S'il n'évite pas toujours la caricature (le gouverneur est un modèle de ridicule et de bêtise), et s'il faiblit un peu en cours de route, Dead man talking se découvre peu à peu, passant d'une comédie délicieusement cynique, aux situations parfois hilarantes, au drame très pesant.

Totalement porté par le duo Ridremont / Berléand, Dead man talking est une excellente surprise : drôle et touchant, et surtout étonnamment intelligent, il ne pêche finalement que par un trait parfois trop appuyé. Oeuvre à part dans le paysage cinématographique, association improbable entre Les 1001 nuits et Jésus Christ, la première réalisation de Patrick Ridremont est une vraie réussite,

Note : 8/10


dimanche 4 août 2013

L'Attentat


Titre : L'Attentat (The Attack)
Réalisateur : Ziad Doueiri
Acteurs : Ali Suliman, Reymonde Amsellem, Evgenia Dodina
Date de sortie en France : 29 mai 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser une bombe qu'elle dissimule sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine, israélien d'origine arabe, opère les nombreuses victime de l'attentat. Au milieu de la nuit, on le rappelle d'urgence à l'hôpital pour lui annoncer que la kamikaze est sa propre femme. Refusant de croire à cette accusation, Amine part en Palestine pour tenter de comprendre. 

Avis : 
Adapté du roman du même nom écrit par Yasmina Khadra, L'Attentat nous plonge donc au coeur du conflit israélo-palestinien pour évoquer Amine, chirurgien arabe installé à Tel-Aviv, dont la femme va commettre un attentat suicide. Au-delà de l'enquête sur la culpabilité de son épouse, et de son éventuelle complicité, Amine va ainsi être confronté au rejet des deux communautés alors qu'il tente de comprendre les motivations de Siham.


En équilibre entre les deux cultures, le chirurgien se voit ainsi soupçonné par la police israélienne, abandonné par certains de ses collègues, il voit même son domicile saccagé par des inconnus. Et lorsqu'il revient en Palestine, le fait de travailler à Tel-Aviv le rend forcément suspect, collaborateur avec l'ennemi, pantin uniquement destiné à donner une image positive d'Israël...En cherchant les raisons qui ont poussé son épouse à embrasser le terrorisme, Amine doit également se pencher sur sa propre identité. Une recherche d'autant plus douloureuse qu'il s'aperçoit rapidement que Siham, devenue une martyre, est célébrée en Palestine, son portrait ornant chaque rue.

Pendant longtemps, cette quête n'avancera guère, et les maigres indices qu'il recueillera se heurteront systématiquement au silence et à l'hostilité des responsables qu'il rencontre. On regrettera d'ailleurs que ce mur s'opposant à la recherche de la vérité débouche sur un final en forme de révélation ultime, où tout nous est soudain expliqué en cinq minutes. Une fausse note qui gâche un peu la progression à la fois lente, subtile et intense que l'on avait eu jusque là.

L'Attentat est donc un film passionnant qui, plus que sur ledit attentat, se penche sur le drame personnel d'un homme qui découvre que sa femme lui était totalement inconnue et qu'il n'appartient ni à la culture israélienne, ni à la culture palestinienne, presque apatride malgré sa double nationalité. Un très beau film donc, très intelligent, qui ne pêche finalement que par une tentative trop convenue d'apporter un éclairage sur les actions de Siham, là où le mystère renforçait pourtant le personnage sans prendre partie pour aucune des deux causes.

Note : 7,5/10

 
 

jeudi 4 juillet 2013

La Marque des anges - Miserere


Titre : La Marque des anges - Miserere
Réalisateur : Sylvain White
Acteurs : Gérard Depardieu, JoeyStarr, Héléna Noguerra
Date de sortie en France : 26 juin 2013
Genre : thriller, policier

Synopsis : 
A Paris, Lionel Kasdan, commissaire de la BRI à la retraite, enquête sur un meurtre étrange : un chef de chœur a été retrouvé mort dans sa paroisse, les tympans détruits, sans qu'aucun témoin n'ait apparemment assisté à la scène. De son côté, Frank Salek, un agent d'Interpol menacé d'être mis à pied par ses supérieurs à cause de son comportement excessif, traque la piste d'une organisation secrète, spécialisée dans le kidnapping d'enfants. Lorsque Salek apprend la mort du chef de chœur, il pense avoir établi un lien avec sa propre enquête et accepte de faire équipe avec Kasdan. Mais plus l'enquête avance, plus Salek semble perdre pied, comme rattrapé par un secret jusque-là enfoui. Dès lors, les deux hommes vont plonger dans une affaire qui trouve sa source dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale... 

Avis : 
Attention, pétard mouillé ! Adaptation de Miserere de Jean-Christophe Grangé (également auteur de Les Rivières pourpres), le film de Sylvain White va en effet, malgré un casting prestigieux (Depardieu, JoeyStarr, Lhermitte parmi les seconds rôles) et une base intéressante, se révéler très décevant, la faute à un scénario multipliant les ficelles et les ellipses et à une intrigue qui va peu à peu s'enfoncer dans le grotesque.
 

Pourtant, le duo Depardieu (toujours étonnant de naturel) / JoeyStarr (toujours dans le même rôle depuis quelques films), était assez prometteur, et si les deux s'en sortent plutôt bien (on ne pourra pas en dire autant d'Héléna Noguerra, sans aucune crédibilité en agent d'Interpol), malgré des personnages très limités, ils ne peuvent pas grand chose face à une enquête sans inspiration.

En fait, le mot "enquête" n'est pas vraiment adapté : le duo n'aura jamais à chercher quelque indice que ce soit, tout leur tombant miraculeusement entre les mains, que ce soit par un appel opportun, par un personnage secondaire qui les aiguille directement sur la bonne piste ou tout simplement par des hasards et des coïncidences. L'énormité des ficelles scénaristiques se conjugue en plus à des éléments tout simplement oubliés en court de route, comme ce groupe de gamins tueurs, qui disparaîtront mystérieusement, ou une touche de fantastique, par le biais d'un rêve de Depardieu, tout simplement abandonnée sans autre explication.

Ajoutez à cela des sous-intrigues gratuites et sans grand intérêt, comme cette sombre histoire de vengeance sur fond de nazisme, faisant peu à peu basculer le film vers un final ridicule : La Marque des anges - Miserere n'est finalement qu'un petit thriller policier plutôt idiot, handicapé par une réalisation peu inspirée, et uniquement sauvé par la présence de ses têtes d'affiche.

Note : 3,5/10






lundi 8 avril 2013

Le Magasin des suicides


Titre : Le Magasin des suicides
Réalisateur : Patrice Leconte
Acteurs : Bernard Alane, Isabelle Spade, Kacey Mottet Klein
Date de sortie en France : 26 septembre 2012
Genre : animation, comédie, musical

Synopsis : 
Imaginez une ville où les gens n’ont plus goût à rien, au point que la boutique la plus florissante est celle où on vend poisons et cordes pour se pendre. Mais la patronne vient d’accoucher d’un enfant qui est la joie de vivre incarnée. Au magasin des suicides, le ver est dans le fruit…

Avis : 
Roi de la comédie populaire française (certes, pas seulement, mais son nom reste avant tout associé à celui des Bronzés), Patrice Leconte se tourne pour la première fois vers le film d'animation avec cette adaptation du roman de Jean Teulé : Le Magasin des suicides. Un sujet réjouissant, sans doute propice à une bonne dose de cynisme, d'humour noir, et à un univers visuel travaillé. Hélas, comme le confierait Thorin à Bilbon à la fin de Le Hobbit : un voyage inattendu, "I've never been so wrong"...

Car le film se révèle très vite insupportable. Dès la première chanson, horripilante, on se demande un peu ce qu'on fait devant ce film. Le cynisme est absent, l'humour noir s'est suicidé, les paroles sont nulles, les musiques aussi. Et rapidement, cette chanson prend le pas sur tout le reste. Impossible de véritablement apprécier les dessins et l'univers, très sombre, de cette ville au bord de l'euthanasie. L'unique qualité du film se retrouve enterrée sous les notes les plus stupides que l'on ait entendues depuis bien longtemps, d'autant qu'on aura toujours l'impression d'entendre la même chose !


Ca ne s'arrange pas avec le scénario, que l'on devine rapidement prétexte à ces homicides auditifs bien trop fréquents. Le film ne réserve aucun moment intéressant, et le potentiel même de la fameuse boutique où se vendent les moyens les plus variés de mettre fin à ses jours est totalement ruiné. Le design, jusqu'alors réussi, rend son dernier souffle avec la famille Tuvache, complètement ratée malgré une vaine tentative de rappeler le Raul Julia de La Famille Addams avec le père de famille. On retrouve également l'ombre, omniprésente, d'un Tim Burton des débuts, mais qui aurait oublié tout côté subversif, toute imagination, tout talent. "C'est un film que Tim Burton aurait pu réaliser en animation ou, mieux, en prises de vue réelles", selon Patrice Leconte. Non Patrice, même dans ses oeuvres les moins réussies, Tim Burton n'est jamais tombé aussi bas.

Le film ne dure qu'1h25, mais le film ne développant qu'une idée unique, qu'un seul fil rouge, il semble s'éterniser, s'éterniser, au point d'effectivement envisager l'Enfer comme une alternative réjouissante et moins pénible. Bref, Le Magasin des suicides, s'il n'est pas totalement raté, réussit à faire oublier ses rares qualités en les reléguant très loin derrière ses omniprésents défauts. Et c'est bien dommage, parce qu'avec un peu d'efforts, il y avait sans doute quelque chose à tirer d'un univers avec autant de potentiel...

Note : 2/10


mercredi 20 mars 2013

La Religieuse


Titre : La Religieuse
Réalisateur : Guillaume Nicloux
Acteurs : Pauline Etienne, Isabelle Hupert, Louise Bourgoin
Date de sortie en France : 20 mars 2013
Genre : drame

Synopsis : 
XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu’elle aspire à vivre dans « le monde ». Au couvent, elle est confrontée à l’arbitraire de la hiérarchie ecclésiastique : mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou un peu trop aimantes… La passion et la force qui l’animent lui permettent de résister à la barbarie du couvent, poursuivant son unique but : lutter par tous les moyens pour retrouver sa liberté. 

Avis : 
 Adaptation de La Religieuse de Denis Diderot (qui a déjà inspiré un autre film, Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot, réalisé par Jacques Rivette), le nouveau film de Guillaume Nicloux nous plonge dans l'univers fermé du couvent. Avec ses règles strictes, ses grilles fermées, ses mères supérieures, l'endroit ressemble à une prison pour la jeune Suzanne Simonin, contrainte d'y vivre par ses parents, et qui n'aura dès lors qu'une seule volonté : celle de redevenir enfin libre.


Malheureuse malgré la bienveillance de Madame de Moni (Françoise Lebrun), la Mère supérieure de Longchamp, la jeune fille est ensuite confrontée, à la mort de celle-ci, à soeur Christine (Louise Bourgoin, que l'on n'attendait pas dans un tel rôle), qui la punira sévèrement à chaque écart et encouragera les autres filles du couvent à l'humilier quotidiennement. Une deuxième partie très dure, qui rappelle par moments le récent Au-delà des collines dans sa description de la cruauté et de la folie religieuse de la Mère supérieure, mettant en péril la santé de Suzanne.

La dernière partie voit la jeune fille rencontrer l'abbesse de Ste-Eutrope (Isabelle Hupert), qui l'étouffera de son désir hystérique et incontrôlable avant de sombrer dans la folie à son tour. Guillaume Nicloux livre ainsi, à l'image de Diderot, une description très dure du monde du couvent, où l'enfermement conduit invariablement à la folie, qu'elle passe par l'expression d'une cruauté insupportable ou par le désespoir d'un amour interdit et impossible. Au milieu de tout ça, la jeune et naïve Suzanne, interprétée avec brio par Pauline Etienne, avec ses idéaux de justice et de liberté, ne trouvera jamais sa place.

On regrettera simplement la lenteur du film, notamment dans son premier acte, bien que ce rythme corresponde parfaitement à l'histoire. Guillaume Nicloux nous livre une description crue et troublante du couvent, un lieu baigné de lumière mais théâtre de ce que la femme peut faire endurer de pire à ses camarades au nom d'un idéal qui s'en trouve ainsi bafoué...

Note : 8/10



mercredi 12 décembre 2012

Ernest et Célestine


Titre : Ernest et Célestine
Réalisateur : Benjamin Renner, Vincent Patar, Stéphane Aubie
Acteurs : Lambert Wilson, Pauline Brunner
Date de sortie en France : 12 décembre 2012
Genre : animation, conte

Synopsis : 
Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l’ordre établi.   

Avis : 
Adapté de la série de livres pour la jeunesse du même nom de Gabrielle Vincent, Ernest et Célestine est un film d'animation mettant en image l'amitié entre une souris et un ours dans un monde où les deux espèces sont ennemies : pour les ours, les souris sont des nuisibles et des voleuses ; pour les souris, les ours sont des monstres sanguinaires dont l'unique but est de les dévorer. Les deux mondes sont ainsi strictement séparé, les souris ne s'aventurant chez les ours que pour récupérer les dents de lait laissées par les oursons.


Ernest et Célestine sont deux éléments à part dans leur communauté : marginal, mendiant et voleur, Ernest est régulièrement arrêté par la police, tandis que Célestine est fascinée par les ours, et remet en cause leur supposée cruauté. Un postulat de base assez simple, la rencontre entre deux individus que tout oppose restant assez classique, mais qui va donner lieu à un film d'animation très réussi et dépassant le simple statut de conte pour enfant.

Le film va en effet se montrer tour à tour drôle, poétique et malicieux, jouant sur l'incongruité de la présence de l'un ou l'autre personnage principal dans le monde opposé, mais va aussi se montrer assez intelligent dans sa description de cette société divisée par le racisme, allant jusqu'à rejeter et poursuivre quiconque ose se mêler avec l'ennemi. Les forces de police mettent tout en oeuvre pour attraper le duo, avant de leur imposer un jugement où la pression populaire aura raison des rares prises de conscience.

Et si tout se terminera - évidemment - de la meilleure façon, Ernest et Célestine reste un excellent film d'animation, au style graphique superbe et fourmillant de bonnes idées. Moins enfantin qu'il n'y paraît, voilà une vraie réussite, dont l'aspect malicieux et la beauté laissent un grand sourire sur le visage.

Note : 8,5/10