vendredi 29 novembre 2013

Les Amants passagers


Titre : Les Amants passagers (Los amantes pasajeros)
Réalisateur : Pedro Almodovar
Acteurs : Javier Cámara, Carlos Areces, Raúl Arévalo
Date de sortie en France : 27 mars 2013
Genre : comédie

Synopsis : 
Une panne technique met en danger la vie des personnes qui voyagent sur le vol 2549 de la compagnie Península. Les pilotes s'efforcent de trouver une solution avec le personnel de la tour de contrôle. Le chef de la cabine et les stewards sont des personnages atypiques et baroques, qui, face au danger, tentent d'oublier leur propre désarroi et se donnent corps et âme pour que le voyage soit le plus agréable possible aux passagers, en attendant que la solution au problème soit trouvée. La vie dans les nuages est aussi compliquée que sur terre, pour les mêmes raisons, qui se résument à deux mots : "sexe" et "mort". 

Avis : 
 Mais qu'est-il donc passé par la tête d'Almodovar ? Après avoir soigneusement évité le film au moment de sa sortie au cinéma, largement refroidi par une bande-annonce gênante, j'ai cédé à la curiosité, appréciant généralement le cinéma du réalisateur espagnol, et notamment Talons aiguilles, Parle avec elle ou le récent La Piel que habito. Bien mal m'en a pris, tant cette nouvelle comédie est ratée.


C'est bien simple, le film réunit tout ce qu'il y a de plus lourdingue dans l'humour. A l'image d'un American pie ou d'un de ses ersatz (oui, la comparaison est violente pour un Almodovar), l'humour ne tourne qu'autour du sexe et de l'alcool. Le personnel de l'avion est entièrement gay (sauf les hôtesses, qui ont heureusement été endormie et n'apparaîtront donc jamais ou presque), les passagers sont tous tordus (de l'icône sado-masochiste au tueur à gage), et les gags tourneront donc intégralement autour de leur besoin d'évacuer la tension d'une hypothétique mort imminente en forniquant et en buvant. 

C'est le plus souvent lamentable, et à l'exception d'une ou deux répliques ou situations qui font mouche, quand elles ne tombent pas du ciel, on est en permanence plus atterré qu'hilare devant une comédie qui, à l'image de son avion, ne vole jamais bien haut et tourne constamment en rond. Bref, Les Amants passagers est une comédie à l'humour d'adolescent un peu attardé, qui s'écrase sous le poids de sa propre lourdeur et constitue un véritable faux pas dans la filmographie de Pedro Almodovar...

Note : 2/10

jeudi 21 novembre 2013

Omar


Titre : Omar
Réalisateur : Hany Abu-Assad
Acteurs : Adam Bakri, Waleed Zuaiter, Leem Lubany
Date de sortie en France : 16 octobre 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Omar vit en Cisjordanie. Habitué à déjouer les balles des soldats, il franchit quotidiennement le mur qui le sépare de Nadia, la fille de ses rêves et de ses deux amis d'enfance, Tarek et Amjad. Les trois garçons ont décidé de créer leur propre cellule de résistance et sont prêts à passer à l'action. Leur première opération tourne mal.
Capturé par l'armée israélienne, Omar est conduit en prison. Relâché contre la promesse d'une trahison, Omar parviendra-t-il malgré tout à rester fidèle à ses amis, à la femme qu'il aime, à sa cause ?


Avis : 
Réalisé par Hany Abu-Assad, à qui l'on doit notamment Paradise now, Omar est un film palestinien. Prix spécial de la section Un certain regard au festival de Cannes 2013, il raconte donc l'histoire d'un jeune palestinien contraint de jouer un double rôle pour éviter d'être emprisonné par la police israélienne, et confronté à la suspicion de ses camarades qui savent qu'il y a une taupe dans le groupe.


S'il est séduisant, ce synopsis n'aboutira malheureusement jamais sur le film percutant que l'on pouvait attendre. Arrêté par l'armée israélienne, Omar sera relâché à deux reprises, après avoir participé à un assassinat puis tenté de piéger des soldats afin de les tuer. Certes torturé et menacé de mort, il sera dans les deux cas remis en liberté afin de livrer Tarek. Forcément, ces libérations le rendent suspect auprès de ses camarades, qui le suspectent d'être un traitre...ce qui n'aura aucune véritable conséquence sur son quotidien.

Omar donne ainsi l'impression de progresser sans vraiment tenir compte du statut de son personnage principal, jusqu'à une conclusion un peu grotesque. Il en sera de même pour l'histoire d'amour entre Omar et Nadia, dont l'évolution peinera à convaincre. Pourtant, on appréciera de voir ces jeunes palestiniens décrits autrement que comme des terroristes assoiffés de sang en puissance, d'autant que les acteurs sont vraiment convaincants, Adam Bakri en tête. 

On ressort donc un peu déçu de ce film palestinien, qui semble manquer le coche en oubliant certains de ses enjeux scénaristiques. Dommage, d'autant que les acteurs sont très bons, rendant leurs personnages très attachants, et que certaines scènes sont très fortes. 

Note : 6,5/10


dimanche 17 novembre 2013

9 mois ferme


Titre : 9 mois ferme
Réalisateur : Albert Dupontel
Acteurs : Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié
Date de sortie en France : 16 octobre 2013
Genre : comédie

Synopsis : 
Ariane Felder est enceinte ! C'est d'autant plus surprenant que c'est une jeune juge aux mœurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c'est que d'après les tests de paternité, le père de l'enfant n'est autre que Bob, un criminel poursuivi pour une atroce agression ! Ariane, qui ne se souvient de rien, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l'attend...

Avis : 
Avec un synopsis aussi décalé que délirant, on s'attendait avec ce nouveau film d'Albert Dupontel à une comédie aussi folle que grinçante : 80 minutes plus tard, il faudra bien reconnaître que, si l'on s'amuse beaucoup par moments, on reste dans une comédie française assez classique, avec ses défauts d'écriture, ses gags qui tombent à plat, son dénouement trop facile, mais aussi ses bons moments.


Ainsi, Dupontel n'évite pas les blagues faciles, un peu lourdingues sur la longueur (l'avocat bègue, le policier - évidemment - idiot), et ses clowneries ne font pas toujours mouche. Son scénario est cousu de fil blanc, à l'image d'un final horriblement attendu et mal amené. Cependant, d'autres situations font mouche, comme lorsque le personnage qu'il interprète tente de trouver d'autres explications aux blessures de la victime, ou lorsque Sandrine Kiberlain découvre avec Bouli Lanners (11.6, La Grande boucle) les images de sa soirée trop alcoolisée.

La courte durée du film lui permet également de ne jamais baisser de rythme, alignant les gags récurrents et les personnages improbables à une belle vitesse. La réalisation de Dupontel permet quant à elle d'amener un peu de profondeur, notamment dans l'appartement d'Ariane Felder où il joue à merveille des reflets (un très joli plan montre ainsi une illusion d'optique où le reflet de Dupontel semble avoir la tête posée sur l'épaule de Kiberlain). Notons enfin la qualité de l'interprétation des deux acteurs principaux, complètement dans leur rôle, et les nombreux caméos : Dujardin, Noé, Kounen ou encore Terry Gilliam, dans le rôle d'un clone cannibale de Charles Manson, rebaptisé Charles Meatson.

9 mois ferme est donc une agréable comédie, mais qui reste trop légère et trop convenue pour s'élever au-dessus des meilleures comédies françaises de ces dernières années. S'il sombre trop facilement dans la facilité, Albert Dupontel livre quand même un film souvent drôle, ponctué de scènes hilarantes et porté par un duo d'acteurs très en forme. J'en attendais quand même un peu plus, même si j'ai passé un bon moment...

Note : 7/10

The East


Titre : The East
Réalisateur : Zal Batmanglij
Acteurs : Brit Marling, Alexander Skarsgård, Ellen Page
Date de sortie en France : 10 juillet 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
Ancien agent du FBI, Sarah Moss travaille désormais pour une agence de renseignement privée qui protège les intérêts de puissants hommes d’affaires. Elle reçoit pour mission d’infiltrer The East, un mystérieux groupuscule éco-terroriste qui s’attaque aux multinationales coupables de dissimuler leurs agissements criminels. Déterminée, ultra entraînée, Sarah parvient à s’intégrer au groupe malgré leur méfiance, et doit même participer à leur prochaine action. Mais plus elle vit avec les membres passionnés de The East, en particulier Benji, l’anarchiste, plus elle se sent écartelée entre les deux mondes et s’interroge sur elle-même…

Avis : 
En France, nous avions Le Pharmacien de garde, un film qui n'aura pas marqué les mémoires et dans lequel Vincent Pérez luttait contre les méchants capitalistes pollueurs à coups de cigarettes et de coccinelles kamikazes (!!!). A l'international, nous avons donc désormais The East, avec son groupe d'éco-terroristes bien décidés à appliquer une ligne directrice très simple : oeil pour oeil, empoisonnement pour empoisonnement.


Si le thème est intéressant, et que l'introduction fait illusion, on ne saura jamais vraiment où le film veut en venir : doit-on s'attacher au groupe, dont les motivations sont défendables, mais dont les méthodes sont contestables ? Difficile à dire, car ils nous sont présentés comme une bande de hippies un peu idiots (sauf quand ils doivent agir contre les multinationales, avec une efficacité un peu surnaturelle), mais on ne peut raisonnablement pas prendre parti pour les pollueurs. Cela donnera quelques scènes un peu irréelles, comme ce prise de conscience subite d'un homme d'affaires, tandis que le reste sera juste effleuré, comme la puissance de ces multinationales, capables de supprimer leurs ennemis ou les informations compromettantes en levant à peine le petit doigt.

En fait, le film se concentre surtout sur le mode de vie du groupe, à base de récupération, d'entraide, de rejet du gaspillage et de rites étranges. On suit ainsi leur quotidien, loin d'être passionnant, où l'on joue au jeu de la bouteille et se lave en groupe dans la rivière voisine. De ce fait, on perd complètement l'aspect espionnage et thriller, et l'agent infiltré ne fait pas grand chose d'autre que rapporter à ses patrons ce qu'ils savaient déjà. Pire, à l'image d'un Point break, elle va évidemment s'attacher au groupe, dans un retournement de situation horriblement prévisible et mal amené...

The East loupe donc l'occasion d'exploiter un sujet fort pour livrer un petit thriller tout mou et surtout très convenu. On finit par s'ennuyer, d'autant que les acteurs font à peine le minimum pour nous y faire croire (je crois que je n'avais jamais vu Ellen Page jouer si mal...). Vite vu, et vite oublié, ce n'est pas avec ce film que l'on risque d'arrêter de jeter des pommes encore mangeables dans les poubelles (car oui, c'est une des images fortes du film.)

Note : 3,5/10


samedi 16 novembre 2013

Turbo


Titre : Turbo
Réalisateur : David Soren
Acteurs : Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson, Maya Rudolph
Date de sortie en France : 16 octobre 2013
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Turbo est un escargot qui n’a qu’un seul rêve en tête : être incroyablement rapide ! Son obsession pour la vitesse l’a rendu quelque peu impopulaire chez les siens, où lenteur et prudence sont de rigueur. Mais il est hors de question pour lui de se conformer. C’est alors que se produit un étrange accident qui lui donne soudainement le pouvoir de foncer à toute vitesse. Il s’embarque alors dans une aventure extraordinaire pour accomplir son invraisemblable destinée : courir contre le plus grand champion de course automobile, Guy La Gagne. Avec l’aide d’une équipe d’escargots aussi rusés que stylés, l’ultime outsider Turbo mettra tout son cœur – et sa coquille, pour prouver qu’aucun rêve n’est trop grand, aucun rêveur n’est trop petit.

Avis : 
 Produit par les studios DreamWorks Animation, Turbo raconte donc une histoire semblable à celle de Planes, sortie quelques jours auparavant. L'histoire d'un personnage souhaitant participer à des courses alors que rien ne l'y destinait avait donné un résultat très moyen avec le film de Klay Hall, manquant cruellement d'imagination et d'énergie. Le film de David Soren (Joyeux Noël Madagascar) va heureusement se montrer bien plus réussi.


Turbo ne manque ainsi pas d'humour, notamment dans sa description du groupe d'escargots au quotidien bien réglé, au point d'à peine réagir quand l'un des leurs se fait, comme chaque jour, emporter par un oiseau. Seul Théo se démarque du lot, avec ses rêves de vitesse inspiré par les 500 miles d'Indianapolis et son champion, le pilote Guy Gagné. Après un accident qui le verra contaminé par du protoxyde d'azote, Theo devient soudain extrêmement rapide, et si cela provoque quelques inconvénients hilarants (l'escargot devient une vraie voiture ambulante, avec phares et radio), cela va lui permettre d'accomplir enfin son rêve.

Si on n'échappe pas aux éléments classiques du genre, avec le méchant souhaitant barrer la route de Turbo par tous les moyens ou les personnages secondaires joyeusement siphonnés, le film se révèle assez drôle et spectaculaire pour divertir, assumant totalement l'aspect loufoque de son synopsis (un escargot qui va faire la course avec de vrais pilotes à Indianapolis !). Très rythmé, le film sait aussi être touchant, grâce à une agréable simplicité qui fait mouche.

S'il reste surtout destiné aux enfants, Turbo est un film d'animation qui pourra plaire à tout le monde, grâce à une action et un humour très présents. Bien plus réussi que Planes malgré une histoire très semblable, il reste néanmoins bien moins abouti que les derniers films de DreamWorks (Les Croods, Les 5 légendes) mais se regarde avec un plaisir certain.

Note : 7/10




dimanche 10 novembre 2013

Prisoners


Titre : Prisoners
Réalisateur : Denis Villeneuve
Acteurs : Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis
Date de sortie en France : 9 octobre 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…

Avis : 
  L'enlèvement, et particulièrement l'enlèvement d'enfants, est toujours un sujet privilégié au cinéma et à la télévision. Thème éminemment anxiogène, il est au centre de ce Prisoners, thriller dans lequel deux petites filles sont kidnappées. On suivra donc l'enquête pour les retrouver, menée par Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Zodiac), mais aussi l'évolution de l'un des pères de famille, interprété par Hugh Jackman (Wolverine, le combat de l'immortel), prêt à tout pour retrouver sa fille et son ravisseur.


Grâce à des acteurs très impliqué, parmi lesquels on retrouve également Terrence Howard (Dead man down, Le Majordome), Paul Dano (Little Miss Sunshine, There will be blood) ou Viola Davis (La Stratégie Ender, Trust), et une réalisation efficace, faisant aisément naître une tension et une atmosphère oppressante. Le film prend cependant une autre dimension lorsque le suspect principal est relâché : l'enquête est alors accompagnée d'une nouvelle intrigue, où le personnage interprété par Jackman cherche à se faire justice lui-même, convaincu que la police ne fait pas le nécessaire. 

Prisoners devient alors plus dur, plus violent, mais perd également en subtilité. Ce côté rentre-dedans semble même contaminer l'enquête policière, qui ne fonctionnera rapidement qu'à base de coïncidences, de hasards, ou de pistes sur lesquelles le spectateur un peu attentif aura une bonne longueur d'avance. Le film tente de reprendre un peu de profondeur en développant quelques intrigues secondaires, destinées à se rejoindre pour le final, mais manquant à leur tour de pertinence...

Finalement, le film de Denis Villeneuve est un très bon thriller, auquel il manque cependant un peu de profondeur. A force de dispersion et de facilités, Prisoners s'éloigne peu à peu de l'excellence, de nombreux détails venant gêner la cohérence d'un ensemble qui reste néanmoins très satisfaisant, nous scotchant à l'écran pendant 2h30 sans jamais nous ennuyer une seconde.

Note : 8/10


mardi 5 novembre 2013

Planes


Titre : Planes
Réalisateur : Klay Hall
Acteurs : Dane Cook, Priyanka Chopra, Julia Louis-Dreyfus
Date de sortie en France : 9 octobre 2013
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Chaque jour, alors qu’il pulvérise des traitements agricoles sur les récoltes, le petit avion de ferme Dusty se prend à rêver qu’il pourrait voler en compétition au milieu des avions les plus rapides au monde. Seulement voilà, il n’a pas vraiment le gabarit d’un champion, et en plus, il est sujet au vertige ! Comme il n’est pas du genre à renoncer, Dusty fait appel à Skipper, un as de l’aéronavale, pour l’aider à se qualifier lors des éliminatoires du Grand Rallye du Tour du Ciel et ainsi défier sur son terrain Ripslinger, le redoutable tenant du titre. Et c’est au-dessus du monde de CARS, avec l’aide d’une hilarante flottille de casse-cou volants venus des quatre coins de la planète, que Dusty va déployer ses ailes pour relever, sous les yeux des spectateurs du monde entier, le plus grand défi de sa vie...

Avis : 
  Spin-off de la franchise Cars de Pixar, Planes s'intéresse donc, comme son nom l'indique, aux avions survolant le monde de Flash McQueen. On retrouve donc logiquement le même design, avec ces véhicules vivants, mais aussi un thème similaire, celui d'un personnage rêvant de gagner une course prestigieuse. Seulement Dusty a deux handicaps de taille : il n'est qu'un avion d'épandage, et a le vertige. Pas l'idéal quand il s'agit de se confronter à des avions de course expérimentés et bien décidés à ne pas se laisser vaincre par le débutant.


Clairement destiné aux plus jeunes, Planes va donc recycler les thèmes classiques du courage, du dépassement de soi, avec des personnages que l'on connait parfaitement, du vieux professeur au rival sans foi ni loi en passant par les amis fidèles et les concurrents séduits par le coeur de l'outsider. Dans ce David contre Goliath aérien, on retrouve donc tous les passages obligés, des coups bas du favori, qui se révèle rapidement être une ordure prête à tout pour gagner, quitte à acheter les autres participants ou à mettre Dusty en danger.

Tout cela manque donc singulièrement d'originalité, mais également de rythme : les phases de course, qui occupent pratiquement tout le film, sont assez molles et linéaires, ponctuées de rares passages spectaculaires. Bref, Planes est un film d'animation très léger, et très loin des productions Pixar ou DreamWorks, comme Turbo, sorti une semaine plus tard et sur un thème très similaire, et qui s'avère bien plus réussi. 

Note : 3,5/10


 

lundi 4 novembre 2013

Northwest


Titre : Northwest (Nordvest)
Réalisateur : Michael Noer
Acteurs : Gustav Dyekjaer Giese, Oscar Dyekjaer Giese, Roland Mølle
Date de sortie en France : 9 octobre 2013
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
 Nordvest est l’un des quartiers multiethniques les plus pauvres de Copenhague. Casper, jeune homme de 18 ans, y vit avec sa mère, son petit frère et sa petite sœur. Il s’acharne à joindre les deux bouts en vendant des biens volés à l’un des chefs des gangs du quartier. Quand le crime organisé arrive à Nordvest, la hiérarchie au sein du quartier change et Casper y voit une chance de monter en grade. Bientôt, il est projeté dans un monde de drogues, de violence et de prostitution entraînant son frère dans son sillage. Alors que les choses s’aggravent, l’aire de jeu de leur enfance devient un champ de bataille.

Avis : 
 Un thriller danois mettant en scène des petites frappes : le parallèle avec Pusher, de l'illustre Nicolas Winding Refn, est inévitable. D'ailleurs, Northwest ressemble à de nombreux égards à son aîné, avec cette réalisation austère, cette ambiance froide et cette histoire de jeune délinquant dépassé par le monde qui l'entoure. Casper n'est ainsi qu'un sous-fifre, le plus bas échelon de la hiérarchie, celui qui s'acquitte des tâches ingrates et n'est jamais récompensé autant qu'il aimerait l'être. Un vulgaire homme de main, comme Copenhague en compte des dizaines.


 Un jeune homme qui va donc être entraîné, par ses rêves de grandeur, dans une spirale de violence qui ira crescendo : des petits cambriolages à la drogue, jusqu'à des débordements de violence. Comme pour Pusher, l'histoire est assez classique. Mais en se concentrant sur l'unique point de vue de Casper, brillamment interprété par Gustav Dyekjaer Giese, Northwest fait mouche, montrant sa volonté d'évoluer dans la hiérarchie des truands, mais nous confrontant également à ses doutes et faiblesses, le poussant à entraîner son jeune frère avec lui.

Le film de Michael Noer semble ainsi suivre une trajectoire prédéfinie, faisant glisser ses personnages le long d'une progression inéluctable vers la violence. Et si l'on peine à s'attacher aux deux frères, certaines scènes très brutales viennent ponctuer le récit, achevant d'en faire une oeuvre glaciale bien que trop classique pour véritablement remporter une totale adhésion. Reste une oeuvre prometteuse, plus réussie à mon sens que le Pusher de Refn, qui donne envie de revoir le réalisateur et le duo d'acteurs dans le futur.

Note : 7,5/10



samedi 2 novembre 2013

Snowpiercer, le transperceneige


Titre : Snowpiercer, le transperceneige (Snowpiercer)
Réalisateur : Bong Joon-ho
Acteurs : Chris Evans, Song Kang-ho, Ed Harris
Date de sortie en France : 30 octobre 2013
Genre : science-fiction, anticipation

Synopsis : 
2031. Une nouvelle ère glaciaire. Les derniers survivants ont pris place à bord du Snowpiercer, un train gigantesque condamné à tourner autour de la Terre sans jamais s’arrêter. Dans ce microcosme futuriste de métal fendant la glace, s’est recréée une hiérarchie des classes contre laquelle une poignée d’hommes entraînés par l’un d’eux tente de lutter. Car l’être humain ne changera jamais…

Avis : 
Adapté de la bande-dessinée française créée par Jacques Lob et Jean-Marc Rochette, Le Transperceneige, Snowpiercer est le premier long-métrage en anglais de Bong Joon-ho, le réalisateur sud-coréen à qui l'on doit les excellents Memories of murder et The Host. L'occasion pour lui de goûter à une nouvelle façon de travailler, mais aussi de se frotter à la sinistre Weinstein Compagny qui, pour la diffusion américaine du film, a demandé au metteur en scène de raccourcir son film d'une vingtaine de minutes, pour que le spectateur américain de base comprenne bien tout ce qui se passe ! 

Snowpiercer nous installe donc dans cette arche sur rails, où survivent les derniers représentants de l'humanité, regroupés par classes : les plus aisés se retrouvent en tête de train, tandis que les pauvres sont relégués en queue, parqués les uns sur les autres dans un "wagonville" où ils ne se nourrissent que de protéines pures. Evidemment, une telle situation entraîne une volonté de révolte, mais jusqu'ici, aucune n'a jamais été bien loin. Mais, menés par Curtis (Chris Evans) et Namgoong Minsu (Song Kang-ho), les insurgés vont cette fois avancer de voiture en voiture, découvrant les microcosmes que chacun wagon constitue.

Du wagon aquarium au wagon école, en passant par les salles de luxe de la première classe (sauna, boîte de nuit), le groupe va ainsi progresser de niveau en niveau, dans une succession d'ambiances différentes qui vont permettre à Bong Joon-ho de faire parler tout son talent. Du wagon encombré et mal éclairé de la queue du train aux salles spacieuses de têtes, il va ainsi utiliser à merveille les décors, le temps d'un affrontement féroce dans un chaos presque illisible, le temps d'un ralenti aussi graphique que brutal où Chris Evans avance, à la manière d'une célèbre scène de 300, en éliminant ses ennemis dans des effusions de sang, le temps enfin de passages délicieusement cyniques, comme celui dans le wagon-école.


Le réalisateur coréen est fan de mangas, de comics et de bandes-dessinées, et cela se voit tant il travaille son visuel, construisant certaines séquences comme des planches de BD et livrant quelques passages d'une beauté à couper le souffle. Un visuel extraordinaire qui n'empêche pas le film de proposer un fond particulièrement intéressant, brassant de nombreux thèmes, comme l'écologie, la lutte des classes ou le fascisme.

Une intelligence qui permet à Snowpiercer, le transperceneige de s'élever au-dessus de la plupart des autres films de science-fiction de ses dernières années, et qui permet de pardonner les ficelles parfois trop visibles. Intelligent et spectaculaire, il confirme encore l'immense talent de Bong Joon-ho, tout comme celui de Song Kang-ho (Thirst, ceci est mon sang, The Host), et montre une nouvelle fois que Chris Evans (Captain America : first avenger, Scott Pilgrim) a décidément plus d'une corde à son arc...

Note : 8/10