dimanche 31 décembre 2023

Horror in the high desert 2 : Minerva

 
Titre : Horror in the high desert 2 : Minerva
Réalisateur : Dutch Marich
Acteurs : Solveig Helene, Laurie Felix Bass, Suziey Block, Brooke Bradshaw, Marco Antonio Parra
Date de sortie en France : 2023 (VOD)
Genre : found footage
 
Synopsis : 
En 2018, plusieurs tragédies se déroulent dans le désert du nord-est du Nevada. Une femme est retrouvée morte et une autre disparaît sur le même tronçon d'une autoroute isolée. Ces événements pourraient-ils être liés à la tristement célèbre disparition, en 2017, du randonneur Gary Hinge ?

Avis : 
 Le final de Horror in the high desert annonçait une suite, dans laquelle les internautes tentaient de retrouver les lieux où avait disparu Gary Hinge. Pourtant, avec Horror in the high desert 2 : Minerva, Dutch Marich va s'éloigner de cette idée pour enrichir un peu son univers, avec deux autres affaires de disparitions mystérieuses dans le Nord-Est du Nevada. 
 

Il va en revanche reprendre le même procédé que pour le premier volet, avec ce faux documentaire composé d'images d'archives, d'interviews et d'images retrouvées, mais en le musclant un peu. Si l'on devait finalement attendre la dernière partie du premier film avant de frissonner, Minerva va se montrer un peu plus généreux en la matière, en disséminant les passages forts dans son film, suivant la logique selon laquelle une suite doit en faire plus. 

Cela va avoir deux conséquences : d'un côté, cela va reprendre le film plus rythmé, avec quelques scènes mémorables (la visite du sous-sol) et des artifices d'angoisse plus tangibles ; de l'autre, cela va empiéter sur la caractérisation des personnages, qui seront bien moins développés que ne l'était Gary Hinge. On n'apprendra finalement pas grand chose de Minerva, et encore moins d'Ameliana. Autant dire que leurs destins respectifs nous toucheront beaucoup moins que celui du randonneur.
 
 
Mais encore une fois, la dernière partie va réussir à faire monter la tension, grâce à un travail formidable sur le son et l'image. Plus encore que pour le final du 1er volet, Dutch Marich joue sur l'invisible, sur les ombres, sur ce que l'on entend, sur ce que l'on croit avoir vu, et sur le sentiment de vulnérabilité totale du personnage tenant la caméra, qui ne voit à aucun moment ce que nous pensons avoir aperçu. Une vraie réussite à ce niveau là, encore une fois. 

On reste ainsi en terrain connu avec Horror in the high desert 2 : Minerva, qui reprend les ingrédients de son aîné, tout en le dopant légèrement. J'ai préféré le premier film, m'impliquant davantage dans l'histoire de son personnage, mais j'ai tout de même apprécié le sentiment constant de mystère autour du film, malgré des héroïnes dont je me foutais un peu. A voir cependant si le réalisateur ne se caricature pas par la suite : la saga semble devoir s'étirer sur 5 épisodes, et le final de ce deuxième volet semble annoncer, une nouvelle fois, des révélations sur l'étrange personnage croisé à la fin de Horror in the high desert
 
 



vendredi 29 décembre 2023

Horror in the high desert


Titre : Horror in the high desert
Réalisateur : Dutch Marich
Acteurs : Eric Mencis, Tonya Williams-Ogden, Errol Porter, David Morales, Suziey Block
Genre : found footage
Date de sortie en France : 15 février 2023 (VOD)
 
Synopsis : 
En juillet 2017, un randonneur expérimenté disparait dans le nord du Nevada. Après une recherche approfondie, il n'a jamais été localisé. À l'occasion du troisième anniversaire de sa disparition, des amis et proches se souviennent des événements et, pour la première fois, parlent de l'horrible conclusion de son destin.
 
Avis : 
Si l'univers du found footage regorge de navets fauchés et sans imagination, on tombe parfois grâce au bouche-à-oreilles sur des films plus efficaces et plus réussis. C'est le cas avec Horror in the high desert qui, malgré un budget que l'on devine rachitique, va jouer avec brio la carte du faux documentaire. 
 
 
Le film de Dutch Marich nous raconte ainsi l'histoire de Gary Hinges, jeune randonneur disparu dans des circonstances troublantes. Extraits de reportages télévisés, interviews des proches de la victimes et de détectives, contextualisation par une journaliste : Horror in the high desert joue la carte du réalisme, et y parvient plutôt bien. Les codes classiques de ce genre de reportage sont parfaitement repris (les noms des intervenants apparaissent, des bandeaux résument la situation), jusqu'à la promesse d'un dénouement mystérieux, et je dois bien avouer que ça fonctionne assez bien pour moi. Sans aller jusqu'à dire que j'ai fini par croire à un fait divers authentique, j'ai été pris par cette ambiance de documentaire et par l'histoire. Evidemment, cela ne pourra pas être le cas pour tout le monde, et je conçois totalement que l'on puisse rester totalement hermétique au concept... et donc de s'ennuyer à mourir. 

Car il ne se passe finalement pas grand chose dans Horror in the high desert, et c'est aussi ce qui peut faire sa force : l'enquête est finalement assez linéaire, la police n'a pas grand chose à se mettre sous la dent, et le seul élément "important" est la découverte du véhicule de Gary, déplacé par une personne dont les empreintes ne correspondent pas à celles du jeune homme. Là encore, cette absence de sensationnel renforce la crédibilité de l'ensemble, mais laissera de côté une partie du public... jusqu'à la découverte de l'ultime vidéo.
 

Car le disparu animait un blog sur internet en donnant des conseils sur la survie en pleine nature. On y apprend notamment qu'il avait découvert une étrange cabane dans les bois, et y avait ressenti quelque chose de maléfique avant de prendre la fuite. Harcelé par son public, qui remettait en cause son histoire, il a finalement décidé de retourner sur les lieux pour leur prouver ses dires... et n'en reviendra jamais. La dernière partie, consacrée au retour vers cette cabane, en pleine nuit, est d'une incroyable efficacité. On reprend ici les codes classiques du found footage, avec cette caméra portée, ces mouvements brusques, mais le jeu sur le son et les lumières est assez remarquables, nous laissant constamment tenter de deviner (ou d'imaginer) des formes dans la nuit. Un véritable moment de tension, qui peut évoquer la dernière partie du Projet Blair Witch, par exemple. 

A l'image du sympathique Lake Mungo, Horror in the high desert prend donc son temps pour développer son histoire, cherchant à donner vie au personnage de Gary Hinges et à nous impliquer émotionnellement pour rendre ce fait divers crédible. Cela fonctionnera selon la sensibilité de chacun, et a plutôt bien marché avec moi, jusqu'à la cerise sur le gâteau avec ce dénouement formidable. En ce qui me concerne, une bonne pioche dans l'univers peuplé de navets du found footage.



dimanche 10 décembre 2023

Godzilla Minus One

 
 
Titre : Godzilla Minus One
Réalisateur : Takashi Yamazaki
Acteurs : Ryūnosuke Kamiki, Minami Hamabe, Yuki Yamada, Munetaka Aoki, Hidetaka Yoshioka, Sakura Andō, Kuranosuke Sasaki
Date de sortie en France : 7 décembre 2023
Genre : kaiju eiga

Synopsis : 
Le Japon se remet à grand peine de la Seconde Guerre mondiale qu’un péril gigantesque émerge au large de Tokyo. Koichi, un kamikaze déserteur traumatisé par sa première confrontation avec Godzilla, voit là l’occasion de racheter sa conduite pendant la guerre. 
 
Avis : 
1954 - 2024. Pour fêter ses 70 ans, Godzilla revient enfin au bercail, 7 ans après le formidable Shin Godzilla. Entre temps, le Roi des Monstres a été à l'affiche d'une soporifique trilogie (Godzilla : La Planète des monstres, Godzilla : la Ville à l'aube du combat et Godzilla : le dévoreur de planètes),  et d'une série animée diffusées sur Netflix (Godzilla : l'origine de l'invasion), et surtout d'un massacre en règle dans le triste MonsterVerse avec les tristes suites du Godzilla de Gareth Edwards : Godzilla II : Roi des Monstres et Godzilla vs Kong. Hasard (ou non) du calendrier, la "sortie" au cinéma de Godzilla Minus One en France coïncide avec l'arrivée de la bande-annonce du futur Godzilla X Kong : le Nouvel Empire qui n'annonce rien de bon. 
 
 
Bref, il était temps que le véritable Godzilla revienne mettre les pendules à l'heure et l'église au centre du village. Pour cet anniversaire, la Toho choisit une nouvelle fois de confier son bébé à un réalisateur confirmé, à la vision singulière. Après Ryuhei Kitamura et son complètement fou Godzilla : Final Wars, après Hideaki Anno et Shinji Higuchi pour l'exceptionnel Shin Godzilla, c'est Takashi Yamazaki qui se retrouve aux manettes, un réalisateur reconnu comme expert en effets spéciaux numériques, mais qui s'est aussi parfois retrouvé au coeur de polémiques en raison des sous-textes ambigus de certains de ses films, dont Kamikaze, le dernier assaut
 
Il sera justement question d'un kamikaze dans ce Godzilla Minus One, qui se déroule au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, dans un Japon portant encore les stigmates, tant matérielles que psychologiques, de la défaite et des bombardements atomiques. Si le pays pensait avoir atteint le fond, l'attaque de Godzilla va encore empirer la situation, et l'amener plus bas que terre. Au niveau -1, d'où le titre du film. Et si cette attaque permettait aux japonais de tourner la page pour faire front face à cette nouvelle catastrophe ?
 

Shin Godzilla nous perdait dans les méandres et la froideur d'une administration incapable d'agir ou de réagir face à la menace du monstre. Minus One en prend le parfait opposé en nous faisant suivre un héros clairement identifié, et sa quête de rédemption. Yamazaki va ainsi prendre le temps de développer ses personnages, de les rendre crédibles et attachants, et décupler par la même occasion l'impact des attaques de Godzilla. 
 
Car le monstre nous offre quelques séquences incroyables, s'inspirant de pas mal de ses aînés (une séquence signature de Godzilla par-ci, une origine calquée sur celle de Godzilla vs King Ghidorah par-là) et d'autres classiques du cinéma (Les Dents de la mer, pour le plus évident). La première attaque offre quelques images assez inédites dans la saga, et la séquence de destruction de Ginza m'a scotché sur mon siège tant elle était impressionnante... voire même terrifiante. Une terreur que l'on retrouve dans Godzilla lui-même, le monstre se révélant particulièrement menaçant et colérique,  bénéficiant de plus d'une capacité de régénération donnant quelques images cauchemardesques rappelant parfois le GMK de Kaneko. Que dire enfin de son souffle atomique, qui retrouve un impact destructeur total ? On saluera d'ailleurs la qualité des effets spéciaux, souvent impressionnants, pour un film dont le budget n'avoisine pourtant "que" les 15 millions de dollars. 


Bref, ce Godzilla Minus One est l'un des tous meilleurs films de l'année, et l'un des tous meilleurs films de la saga. Un film profondément humaniste, qui exploite à merveille le cadre du Japon d'après-guerre, évoquant sans jamais les nommer directement les traumatismes d'Hiroshima et Nagasaki (la simple image d'un compteur Geiger analysant un vélo d'enfant suffit à faire le parallèle), évacuant de façon uchronique l'occupation américaine ("trop occupée avec les soviétiques") et imaginant le peuple japonais contraint de s'organiser sans cadre institutionnel défini. Un film incroyablement spectaculaire, avec quelques unes des scènes de destruction les plus réussies depuis 70 ans, pour un anniversaire presque parfait, si l'on fait abstraction des 3 dernières minutes... et de la fête franchement gâchée en France.

On ne pourra ainsi que regretter la distribution famélique du film en France, avec deux uniques dates dans quelques cinémas Pathé, au tarif prohibitif de la 4DX, et quelques diffusions événementielles comme au PIFFF (à 0h20 en semaine...) ou au Festival du cinéma japonais contemporain. Un crève-coeur pour un film qui ne se savourera pleinement qu'avec un écran et une installation sonore de qualité, ne serait-ce que pour profiter du rugissement du monstre ou de la superbe musique du film.