lundi 20 mars 2017

Grave


Titre : Grave
Réalisatrice : Julia Ducournau
Acteurs : Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella
Date de sortie en France : 15 mars 2017
Genre : drame, horreur

Synopsis : 
Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature. 
Avis : 
C'est donc l'histoire d'une adolescente végétarienne qui, après avoir mangé un peu de viande, devient cannibale. Ce synopsis, qui ressemble à s'y méprendre au délire de potes à l'humour douteux à l'issue d'une soirée trop arrosée, c'est celui de Grave, le nouveau chouchou de ces critiques, toujours prêts à brosser tout le monde dans le sens du poil lorsqu'on associe le mot « auteur » au cinéma d'horreur... ou quand le film est coproduit par Julie Gayet, notre première dame officieuse.


Si vous savez lire un minimum entre les lignes, une seule lecture du synopsis vous suffira pour savoir quelles thématiques vont être évoquées par le film et quel genre de scènes nous allons y retrouver. Si Grave surprend, c'est par son aspect terriblement lourdingue, enquillant les évidences métaphoriques à un rythme soutenu, sans qu'on puisse y retrouver la finesse ou la subtilité que certains prétendent y avoir vu. Dès lors, le film ressemble surtout à une juxtaposition de références (Carrie, évidemment, Cronenberg, encore plus évidemment, et il serait surprenant que la réalisatrice n'ait pas vu, entre autres, les films de Lucky McKee) sans identité ni réflexion, un peu comme la copie bien sage d'un étudiant en philosophie s'attachant à paraphraser son professeur sur sa copie lors du baccalauréat.

Il n'y aura finalement que les séquences violentes pour donner de l'intérêt au film. Faussement transgressives (on reste quand même dans une démarche souvent gratuite et puérile), elles mettent néanmoins parfois mal à l'aise grâce à des maquillages plutôt réussis. Ce seront d'ailleurs les rares passages où les acteurs seront vraiment convaincants, pas aidés le reste du temps par des dialogues écrits à la truelle ou des séquences de remplissage inutilement explicatives.

Sauf si vous découvrez la relation entre Eros et Thanatos, que l'émancipation de la femme et sa quête d'identité, tant sexuelle que personnelle, dans le cinéma d'horreur vous sont étrangers, vous ne trouverez rien de bien nouveau dans Grave. Les scènes – réussies – d'horreur ne parviennent pas à masquer l'absence totale de profondeur d'un scénario insipide et sans surprise, dont l'équilibre déjà fragile finit de voler en éclat lors d'une dernière scène totalement incongrue et incohérente. Un film superficiel et inoffensif...

Note : 2/10


vendredi 17 mars 2017

Logan


Titre : Logan
Réalisateur : James Mangold
Acteurs : Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen
Date de sortie en France : 1er mars 2017
Genre : drame, super-héros

Synopsis : 
Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.
Avis : 
Jusqu'à présent, le personnage de Wolverine semblait un peu maudit. Condamné à surclasser le casting des aventures des X-Men, héros de deux films dérivés ratés, le héros si brillamment incarné par Hugh Jackman semblait devoir se contenter de déceptions cinématographiques. Mais ça, c'était avant Logan, qui vient enfin rendre justice au mutant au squelette recouvert d'adamantium, dans un film s'apparentant bien plus à un drame qu'à un film de super-héros.


Le film nous présente un Wolverine vieillissant, désabusé et malade, dans un futur proche où les mutants ont presque disparu. Il veille sur un Professeur X mourant et victime de crises menaçant de tuer tous ceux qui l'entourent, et survit au jour le jour, tentant de noyer sa souffrance dans l'alcool. Ce quotidien déprimant va être totalement chamboulé par l'apparition de Laura, jeune mutante poursuivie par de mystérieux hommes de main.

D'une durée de 2h15, le film de James Mangold (Copland, Walk the line) prend l'apparence d'un road-movie où les nombreuses scènes d'introspection du personnage principal, amené à réfléchir sur sa propre nature (de mutant, d'immortel, de mourant, de héros, de père et même de fils) aux côtés d'un Xavier volontiers philosophe et épicurien et d'une jeune fille entraînée dès sa naissance à être une arme de guerre, côtoient des séquences d'une impressionnante sauvagerie. Loin des scènes d'action édulcorées que l'on pouvait voir jusqu'alors dans la saga, Logan propose des mises à mort d'une violence inouïe, et parfois même d'une moralité douteuse, pour des affrontements qui montrent enfin pleinement la part d'animalité du Wolverine.

Ces deux aspects sont parfaitement dosés, les passages plus intimistes laissant respirer le spectateur et contrebalançant parfaitement les scènes d'action, et Hugh Jackman excelle dans les deux registres. Et si au final, on pourra regretter la progression très linéaire du film, ainsi que son côté prévisible, ou une dernière partie moins passionnante, on sort lessivés, et même assez émus, d'un spectacle aussi furieux et radical. La vie risque d'être difficile pour les X-Men sans Hugh Jackman...

Note : 8.5/10



samedi 11 mars 2017

Kong : Skull Island


Titre : Kong : Skull Island
Réalisateur : Jordan Vogt-Roberts
Acteurs : Tom Hiddlestone, Samuel L. Jackson, Brie Larson
Date de sortie en France : 8 mars 2017
Genre : action, aventures

Synopsis : 
Un groupe d'explorateurs plus différents les uns que les autres s'aventurent au cœur d'une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu'ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…
 
Avis : 
Huitième film mettant en scène la huitième merveille du monde, Kong : Skull Island se démarque des autres en n'étant ni un remake, ni une suite, mais un reboot à part entière, principalement destiné à enrichir le "MonsterVerse" de Legendary Pictures, inauguré avec le Godzilla de Gareth Edwards en 2014. Première conséquence notable pour le primate : sa taille est largement revue à la hausse, en vue de préparer le futur Godzilla vs Kong prévu pour 2020, et le film revient à l'apparence bipède que l'on pouvait voir en 1933, plutôt que sur l'aspect plus réaliste de gorille de la version de Peter Jackson.
 
 
Au niveau de l'histoire, le changement le plus notable vient cette fois du fait que personne ne cherche à capturer Kong. Dans la plus pure tradition du film d'aventures explorant un monde perdu, Skull Island va amener les personnages d'un point A à un point B, dans un périple ponctué de rencontres plus ou moins désagréables. Car l'île n'est pas uniquement le foyer de Kong : elle abrite d'autres créatures monstrueuses, d'invertébrés gigantesques à d'immenses mammifères en passant par des monstres que l'on croirait issus de la Préhistoire. Et si cela ne suffisait pas, les explorateurs vont également réveiller les Crawlers, ennemis héréditaires de Kong particulièrement dangereux. 
 
Les affrontements sont ainsi très nombreux, entre hommes et créatures, mais aussi entre les monstres eux-mêmes. Chaque combat titanesque permet d'admirer des effets spéciaux impressionnants, mais aussi d'apprécier le travail de Jordan Vogt-Roberts au niveau de la perspective. Le réalisateur met en effet parfaitement en valeur la dimension démesurée de certaines créatures, même si cela entraîne toujours quelques problèmes de cohérence (on se demande vraiment comment les pilotes d'hélicoptères peuvent ne pas voir Kong avant qu'il ne surgisse sous leur nez). 


Bien évidemment, le singe géant s'offre la part du lion : terriblement impressionnant, il incarne parfaitement l'idée d'une divinité protectrice plutôt que d'un simple monstre géant. Il éclipse facilement le casting humain, même si on se surprend à s'attacher aux personnages, archétypes classiques mais efficaces du genre, menés par un Samuel L. Jackson qui cabotine juste ce qu'il faut dans la peau d'un personnage tout droit sorti d'Apocalypse Now.

Car si Kong reste un film de monstre, puisant davantage son inspiration dans le kaiju eiga (on retrouve même un combat entre Kong et une pieuvre géante, parallèle évident avec l'affrontement similaire du King Kong contre Godzilla de Ishirô Honda) ou le film d'animation japonais (on pensera notamment à Princesse Mononoke) que dans le monster movie américain, le fait de placer l'histoire dans les années 70 permet de citer directement les grands films sur la guerre du Viêt-Nam, mais aussi de reprendre une imagerie (les hélicoptères) et une bande sonore que l'on connaît presque par coeur (Creedence Clearwater Revival, Bowie, Black Sabbath). On regrettera simplement que le concept soit parfois envahissant, au point de ressembler par moment à une course à la séquence culte.

Rythmé et très spectaculaire, Kong : Skull Island est un excellent divertissement, réussissant en plus à conserver un certain équilibre entre le respect de l'oeuvre originale (plusieurs clins d'oeil, mais loin d'être envahissants) et la création d'un nouvel univers, là où le reboot de Godzilla se cassait justement les dents. S'il n'est évidemment pas exempt de défauts (le scénario prétexte, les personnages sans grand intérêt), il surpasse à mon avis aisément la version de Peter Jackson, et redonne surtout envie de se pencher sur les prochaines sorties du MonsterVerse de Legendary Pictures...

Note : 7/10