dimanche 5 novembre 2023

L'Exorciste - Dévotion

 
 
Titre : L'Exorciste - Dévotion (The Exorcist - Believer)
Réalisateur : David Gordon Green
Acteurs : Leslie Odom Jr, Ellen Burstyn, Ann Dowd
Date de sortie en France : 11 octobre 2023
Genre : horreur

Synopsis : 
Depuis que sa femme, enceinte, a perdu la vie au cours d’un séisme en Haïti douze ans plus tôt, Victor Fielding élève, seul, leur fille Angela. Un jour, Angela et son amie Katherine disparaissent dans les bois avant de refaire surface 72 heures plus tard sans le moindre souvenir de ce qui leur est arrivé... Dès lors, d’étranges événements s’enchaînent et Victor doit affronter de redoutables forces maléfiques. Désespéré et terrorisé, il sollicite la seule personne encore en vie qui ait jamais été témoin de pareils phénomènes: Chris MacNeil. 
 
Avis : 
Parmi les grands noms du cinéma d'horreur, L'Exorciste de William Friedkin bénéficie d'une place bien particulière. Souvent cité parmi les films les plus terrifiants, notamment grâce aux anecdotes entourant sa sortie en salles, il a, à l'image des Dents de la mer de Spielberg, dynamité un sous-genre du fantastique et été copié à d'innombrables occasions, sans jamais être égalé. Mieux encore, il a éclipsé toutes ses suites, de qualités certes variables, et on oublie souvent qu'il est le premier film d'une franchise composée de 6 films et d'une série télévisée, auxquels se sont frottés des réalisateurs tels que John Boorman (L'Exorciste 2 : l'hérétique), William Peter Blatty (L'Exorciste, la suite), Paul Schrader (Dominion : prequel to the exorcist) ou encore Renny Harlin (L'Exorciste : au commencement). Mieux encore, tout comme le film de Spielberg, L'Exorciste dispose d'une aura telle qu'il semble toujours impossible d'en proposer un remake. Autant dire que voir David Gordon Green débarquer sur la saga après avoir sauvagement violé Halloween, pour une nouvelle production Blumhouse laissait franchement perplexe. 
 

 
Il va d'ailleurs reprendre une recette similaire à celle de son Halloween, en proposant une suite directe au film originel, oubliant tout ce qui a été fait depuis, et en convoquant quelques illustres figures : Jamie Lee Curtis était revenue pour affronter Myers, Ellen Burstyn vient participer à la lutte contre le démon. Le premier problème, c'est que DGG n'a finalement que ça à proposer au spectateur : un titre d'une renommée qui le dépasse, et un personnage dont il ne sait pas quoi faire. Alors, pour compenser, il va se retrancher derrière ce que propose environ 99% du cinéma fantastique américain contemporain : il va essayer de doper son film pour n'offrir aucun temps mort, dans l'espoir que cette frénésie permette de faire oublier un scénario sans imagination, une absence totale de progression et de frisson, le tout en laissant la porte ouverte aux inévitables suites de ce qui est déjà prévu pour être une trilogie. 

On aurait pourtant pu croire que la possibilité d'étaler le scénario sur trois films permettrait d'étoffer l'histoire, d'approfondir les personnages, d'installer progressivement les enjeux. Il n'en sera rien. Dans L'Exorciste Dévotion, tout va très vite, trop vite. En quelques minutes, quand les parents retrouvent leurs filles après 3 jours d'absence, les personnages ont la certitude qu'elles sont possédées. Nous sommes loin de la progression remarquable du film de Friedkin, qui jonglait habilement entre l'explication médicale et l'explication surnaturelle, et réussissait ainsi à installer insidieusement l'angoisse chez le spectateur. Ici, aucune hésitation : les gamines sont possédées, et se mettent presque immédiatement à agir comme telles, en faisant joujou avec les lumières ou en gueulant des insanités dans une église, dans une scène particulièrement gênante alors qu'elle avait un fort potentiel. Résultat : on n'a pas peur pour les filles, et on ne s'identifie à personne. On attend juste impatiemment l'inévitable scène d'exorcisme pour enfin nous libérer de tout ça. 

Hélas, même de ce côté là, pas grand chose à sauver. Dommage, car l'idée de mêler plusieurs courants spirituels était prometteuse et pouvait offrir des passages originaux, mais David Gordon Green préfère une nouvelle fois se contenter du strict minimum. Pire encore, le film ne propose pas de conclusion satisfaisante, comme enfermé par son statut un peu bâtard de "premier film d'une future trilogie", destiné à laisser la conclusion ouverte pour la suite, tout en essayant de refermer le chapitre en cas d'échec. 

Bref, sans réelle surprise, cet Exorciste - Dévotion n'arrive ni à la cheville de son aîné, ni à celle de la plupart des plus mauvais film du genre. La combinaison BlumHouse - David Gordon Green a encore frappé, pour une nouvelle oeuvre balisée, sans surprise ni frisson. On espère juste que l'échec du film, tant sur le plan critique que financier, sonne le glas du projet de trilogie...



Sharksploitation

Titre : Sharksploitation
Réalisateur : 
Acteurs : 
Date de sortie en France : 
Genre : documentaire
 
Synopsis : 
Depuis quelques années, le genre du shark movie est particulièrement prolifique : entre les innombrables films à petit budget, les séries B efficaces, les pastiches et même les blockbusters, les requins sont partout sur nos écrans... Mais d'où vient le succès de ce genre si spécifique ? C'est la question à laquelle tente de répondre Sharksploitation
 
Avis : 
Le documentaire de Stephen Scarlata va ainsi remonter aux premières apparitions des requins au cinéma : ainsi, bien avant Les Dents de la mer, les requins apparaissent dans de nombreux films d'aventures, dès le début du vingtième siècle, où ils ne sont pas forcément perçus comme une menace mais parfois comme des entités divines et protectrices. Ce n'est qu'avec quelques faits divers que l'animal commence à être perçu comme un danger, et apparaît peu à peu comme antagoniste, notamment dans des films tels que Caine (qui sera renommé Shark ! après le décès d'un cascadeur pendant le film suite à un accident avec un requin) ou encore le James Bond Opération tonnerre
 
 
Par la suite, c'est évidemment le film culte de Spielberg qui fera du requin un monstre du cinéma, avec ses suites et ses plagiats, mais c'est surtout l'exploitation en vidéo (Nu Images puis The Asylum) et les chaînes télévisées (SyFy) qui va populariser le genre... et l'emmener vers des concepts toujours plus fous. Requins fantômes, hybrides, volants, se déplaçant sous terre, plus rien ne semble pouvoir arrêter le genre, quitte à se perdre dans une surenchère permanente. 

 Le documentaire nous décrit donc toute cette histoire, avec de nombreux extraits, de formidables anecdotes (la fameuse réplique de Shark Attack 3 Megalodon), en invitant quelques intervenants plus ou mois prestigieux : Roger Corman (She Gods of shark reef, Sharktopus), Joe Dante (Piranha), Joe Alves (Les Dents de la mer 3), Mark Polonia (Sharkula, Jurassic Shark 3 Seavenge, Sharkenstein), Chris Kentis (Open Water - en eaux profondes), Johannes Roberts (47 meters down), Anthony C. Ferrante (Sharknado), Andrew Traucki (The Reef), Mario Van Peebles (USS Indianapolis : men of courage), Misty Talley (Zombie shark, Summer shark attack) et bien d'autres viennent ainsi évoquer leurs oeuvres et leur rapport aux requins. 

Car le film se conclut en rappelant que tout ceci n'est que du cinéma, et que les requins, loin d'être les machines à dévorer de l'humain que l'on croise sur les écrans, sont en danger d'extinction. Un excellent documentaire donc, superbement documenté, qui plaira autant aux connaisseurs, qui en profiteront pour repérer les œuvres qu'ils auront ratées, qu'aux novices qui s'amuseront énormément de l'imagination des producteurs. 


++ : le documentaire a remporté les prix du Jury et du Public au Paris Shark Week 2023.

samedi 4 novembre 2023

Saw X

 
Titre : Saw X
Réalisateur : Kevin Greutert
Acteurs : Tobin Bell, Shawnee Smith, Synnove Macody Lund
Date de sortie en France : 25 octobre 2023
Genre : horreur

Synopsis : 
John Kramer, malade et désespéré, se rend au Mexique afin de subir une opération expérimentale capable de guérir son cancer, mais il découvre que tout ceci n’est qu’une escroquerie visant des malades vulnérables et affligés. Animé d'un nouveau but, le célèbre tueur en série retourne à son œuvre, et va prendre sa revanche sur ces escrocs dans un terrible « jeu » dont il a le secret, à travers des pièges toujours plus machiavéliques et ingénieux les uns que les autres. 

Avis : 
On ne l'attendait pas vraiment, mais il est de retour : Jigsaw, le célèbre tueur au puzzle, revient pour de nouvelles aventures, situées entre les deux premiers épisodes. C'est l'occasion de faire revenir des personnages emblématiques de la série, John Kramer et Amanda Young (ainsi qu'un troisième larron, pour une scène post-générique), ainsi que Kevin Greutert, réalisateurs des épisodes VI et VII
 
 
Sans surprise, ce dixième épisode ne révolutionnera pas la saga, se contentant d'en reprendre les ingrédients principaux : des pièges sadiques, et une histoire rocambolesque aux rebondissements difficilement plausibles. Et il faut bien avouer que, des deux côtés, le film se surpasse : passé le premier piège, qui illustre la plupart des affiches du film et qui est assez peu marquant, Saw X nous offre des épreuves assez coriaces, ponctuant un scénario difficilement crédible. 

La séquence de la scie Gigli est ainsi particulièrement marquante, même si l'on s'étonne forcément de ne pas voir la victime tourner de l'oeil. En revanche, l'épreuve du cerveau est assez grotesque, même si on imagine assez facilement que le scénariste ne doit pas considérer qu'il s'agit d'un organe vital. Le scénario, quant à lui, censé apporter un peu de substance au personnage de Jigsaw (en avait-il besoin ?) en fait un génie débile, capable d'imaginer des pièges incroyables mais parfois complètement con. 

Des pièges parfois très efficaces, un scénario constamment idiot : pas de doute, la saga Saw est de retour, et on peut imaginer que le concept, bien qu'il tourne en rond depuis maintenant 7 épisodes (depuis le navrant Saw III), accouche de nouveaux épisodes intermédiaires. Si je me suis laissé tenté par les échos étrangement positifs de ce dixième volet, pas certain que je me laisse encore avoir pour la suite...