vendredi 31 janvier 2014

Le Loup de Wall Street


Titre : Le Loup de Wall Street (The Wolf of Wall Street)
Réalisateur : Martin Scorsese
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie
Date de sortie en France : 25 décembre 2013
Genre : drame, biopic

Synopsis : 
L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…

Avis :
C'est l'un des derniers films sortis au cinéma en France en 2013 : le 25 décembre arrivait en effet dans nos salles la cinquième collaboration entre Martin Scorsese et Leonardo DiCaprio, après Gangs of New York, Aviator, Les Infiltrés et Shutter Island : Le Loup de Wall Street, adapté des mémoires de Jordan Belfort, ancien courtier qui aura passé plusieurs mois en prison pour détournements de fonds, introduction en bourse frauduleux et blanchiment d'argent.


Le film nous montre donc l'ascension et l'inévitable chute d'un jeune courtier aux dents longues, interprété par un formidable Leonardo DiCaprio. L'argent, le pouvoir, les drogues, les femmes : le monde selon Jodan Belfort n'est qu'une succession d'excès, que Scorsese nous montre sans détour, avec beaucoup de cynisme, notamment lorsque le héros de Inception s'adresse directement au public, brisant à de nombreuses reprises le quatrième mur pour nous prendre à témoin de sa réussite, comme s'il se sentait aussi intouchable qu'obligé de partager son succès avec le plus grand nombre.

Pendant 3 heures absolument étourdissantes, presque épuisantes, on suivra donc cette comédie dramatique aux nombreuses formes d'humour, aux séquences improbables (le humming de Matthew McConaughey, DiCaprio contraint de ramper pour rejoindre sa voiture), à la folie furieuse, reprenant la structure des films de mafia de Scorsese, entre ascension fulgurante et chute programmée, avec l'agent du F.B.I. incorruptible, les problèmes de couple et les magouilles incessantes.

Bref, Le Loup de Wall Street est clairement l'un des meilleurs films de l'année, le meilleur Scorsese depuis très longtemps, une véritable tornade aux innombrables excès, aux merveilleuses trouvailles, aux séquences inoubliables et avec un DiCaprio confirmant un nouvelle fois son immense talent. Terriblement drôle, terriblement cynique, ce bijou nous transporte durant trois heures qui semblent en faire moitié moins malgré une complexité, une intensité et une densité formidable.

Note : 9,5/10


jeudi 30 janvier 2014

Albator, corsaire de l'espace


Titre : Albator, corsaire de l'espace (Uchū Kaizoku Kyaputen Hārokku)
Réalisateur : Shinji Aramaki
Acteurs : Shun Oguri, Haruma Miura, Yû Aoi
Date de sortie en France : 25 décembre
Genre : animation, science-fiction, aventures

Synopsis : 
2977. Albator, capitaine du vaisseau Arcadia, est un corsaire de l’espace. Il est condamné à mort, mais reste insaisissable. Le jeune Yama, envoyé pour l’assassiner, s’infiltre dans l’Arcadia, alors qu’Albator décide d’entrer en guerre contre la Coalition Gaia afin de défendre sa planète d’origine, la Terre.

Avis : 
Créé en 1969 par Leiji Matsumoto dans le manga Dai-kaizoku Harlock, Albator a marqué la jeunesse de beaucoup de garçons dans les années 80 avec les séries Albator, le corsaire de l'espace et Albator 84. Après de nombreuses apparitions en manga, en série animée ou en OAV, il revient en 2013 au cinéma pour un nouveau film d'animation.


La première chose que l'on remarque, c'est le soin apporté au visuel du film. A l'image de Final Fantasy : les créatures de l'esprit, le film repousse le réalisme de l'animation, offrant des milliers de détails et détaillant au maximum certains visages, le tout au service de séquences spectaculaires, notamment lors des batailles dans l'espace où l'Arcadia démontre toute sa puissance et toute sa splendeur. Albator a également bénéficié d'un soin tout particulier, la qualité de son dessin servant à merveille l'aspect badass du personnage, qui n'hésite jamais à tenir la pose, à secouer sa mèche ou à jouer avec sa cape, quitte à sombrer dans un systématisme un peu puéril.

On aurait en revanche apprécié que le scénario bénéficie d'un peu de soin également. Uniquement articulé autour de ficelles grotesques, de multiples trahisons et de retournements de situations artificiels, le film est en effet particulièrement raté à ce niveau là, offrant un sous-texte philosophico-écolo à faire rêver le plus niais des étudiants en philosophie. Pire encore : le scénario parvient à ne réserver absolument aucun moment fort : si les scènes sont visuellement sublimes, aucune ne se démarque véritablement du lot, la faute à une absence d'intensité dramatique assez incroyable et une absence totale de surprise.

Albator, corsaire de l'espace est donc une magnifique coquille vide, dont le scénario inexistant réussit à gâcher l'énorme potentiel spectaculaire en juxtaposition les passages sans véritable enjeu, dans une simple volonté de surenchère typique du shonen japonais, avec trahisons, armes ultimes mais moins ultimes que la suivante et imagerie parfois risible. A voir au cinéma pour en avoir plein les yeux, mais on passera rapidement à autre chose...

Note : 6,5/10


  

mercredi 29 janvier 2014

All is lost


Titre : All is lost
Réalisateur : J.C. Chandor
Acteur : Robert Redford
Date de sortie en France : 11 décembre 2013
Genre : drame, aventures

Synopsis : 
Au cours d'un voyage en solitaire à travers l'Océan Indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier de 12 mètres a été percée lors d'une collision avec un container flottant à la dérive. Privé de sa radio et de son matériel de navigation, l'homme se laisse prendre dans une violente tempête. Malgré ses réparations, son génie marin et une force physique défiant les années, il y survit de justesse. Avec un simple sextant et quelques cartes marines pour établir sa position, il doit s'en remettre aux courants pour espérer se rapprocher d'une voie de navigation et héler un navire de passage. Mais le soleil implacable, la menace des requins et l'épuisement de ses maigres réserves forcent ce marin forcené à regarder la mort en face.

Avis : 
 Robert Redford est dans un bateau...Il y a quelques semaines, j'avais regretté le fait que François Cluzet découvre un clandestin sur son bateau dans En solitaire, estimant que le film aurait été bien plus intense s'il était resté seul. Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que mon voeu se trouve exaucé, avec All is lost, le nouveau film de J.C. Chandor (révélé par Margin calls), où le célèbre acteur de L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux.


Un acteur unique donc, qui devra survivre sur son bateau endommagé au beau milieu de l'Océan Indien, sans possibilité d'appeler à l'aide. Une collision avec un container à la dérive, une violente tempête : le vieil homme doit lutter contre le sort qui semble s'acharner sur lui, jusqu'à le contraindre à se réfugier sur son canot de sauvetage, où il ne peut guère faire autre chose qu'attendre que le courant le pousse vers les voies de navigation. Bref, le film est uniquement basé sur l'interprétation de Robert Redford et sur l'intensité des passages de tempêtes.

Bizarrement, ce seront justement là que se trouveront les principaux défauts du film. En effet, Redford semble plus monolithique que jamais, n'abandonnant jamais son expression de lassitude de tout le film. Quant aux scènes de tempête, si elles sont très spectaculaires, elles souffrent d'effets spéciaux parfois très moyens. Cela rend ces moments destinés à être forts moins réussis, et on leur préférera finalement les moments plus posés, où le personnage effectue les premières réparations sur son bateau, où lorsqu'il dérive sur son embarcation de fortune et doit faire face à la chaleur, à la soif et au désespoir.

Tout semblait réuni pour faire de ce All is lost un excellent film. Hélas, Robert Redford aura beau grogner contre les distributeurs parce qu'il n'est pas nominé aux Oscars, il n'est que l'ombre de lui-même et peine à retranscrire les difficultés rencontrées par son personnage. Dommage, car si l'on retrouve les péripéties habituelles (on a même droit à des requins !), cette aventure manque finalement d'intensité et se suit sans jamais vraiment souffrir pour son héros ni ressentir de véritable empathie pour lui malgré le drame qu'il vit...

Note : 6/10




mardi 28 janvier 2014

You're next


Titre : You're next
Réalisateur : Adam Wingard
Acteurs : Sharni Vinson, Nick Tucci, Wendy Glenn
Date de sortie en France : 4 septembre 2013
Genre : horreur

Synopsis : 
La famille Davison est réunie dans sa maison de campagne pour célébrer l’anniversaire de mariage des parents. Alors que chacun commence à laisser éclater ses frustrations et rancoeurs, la maison est prise d’assaut par un groupe de tueurs masqués. La réunion de famille tourne au jeu de massacre, les assaillants tentent de les supprimer un à un. Mais sous ses airs d’innocente petite amie, Erin va s’avérer pleine de ressources…

Avis : 
Réalisé par Adam Wingard, à qui l'on doit notamment des segments dans les films à sketches V/H/S et The ABC's of death, You're next est donc un home invasion mettant en scène un groupe d'individus assiégés par un groupe de tueurs. Si ce synopsis rappelle un peu celui de American Nightmare, sorti quelques semaines plus tôt, le film va néanmoins s'en démarquer par un côté plus radical, mais aussi par son scénario qui va confronter les agresseurs à une jeune femme bien décidée à ne pas se laisser massacrer sans broncher.


Rien de bien nouveau sous le soleil, avec ces personnages chair à canon, ces tueurs tantôt inarrêtables tantôt horriblement maladroits. Quelques ficelles assez énormes donc, qui n'empêchent pas le film d'être assez efficace, proposant quelques mises à mort très violentes. On regrettera néanmoins le manque de suspense, l'identité et la motivation des tueurs étant révélée très tôt dans le film, tout comme le destin de la plupart des personnages.

L'intérêt vient finalement de cette légère originalité scénaristique qui va faire des agresseurs les proies de l'une des personnes qu'ils tentaient de tuer. Très loin de l'habituelle victime classique de ce genre de film, qui survit plus par instinct ou chance, l'une des jeunes femmes va en effet prendre les devants, rendre coup pour coup et installer des pièges, dans une espèce d'étrange mélange entre Macaulay Culkin et Sigourney Weaver. La seconde partie bénéficie d'un peu de fraicheur, enchaînant les passages jubilatoires.

Bref, s'il n'invente rien, You're next remplit parfaitement son cahier des charges grâce à des passages plutôt violents, quelques mises à mort très réussies et un changement de ton très agréable. On n'oubliera pas pour autant les nombreux défauts du film, qui restera néanmoins l'une des meilleures oeuvres horrifiques de 2013.

Note : 6,5/10



lundi 27 janvier 2014

Tel père, tel fils


Titre : Tel père, tel fils (Soshite Chichi ni Naru)
Réalisateur : Hirokazu Kore-eda
Acteurs : Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Lily Franky
Date de sortie en France : 25 décembre 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste… 

Avis :  
Après l'excellent I wish - nos voeux secrets, qui avait été l'un de mes films préférés de 2012, Hirokazu Kore-eda revient avec Tel père, tel fils, Prix du Jury à Cannes, et qui imagine une situation forcément inextricable avec cet échange fortuit d'enfants à leur naissance. Six ans plus tard, en apprenant la nouvelle, comment peuvent réagir les parents ? Doivent-ils privilégier le "sang", au détriment de l'enfant qu'ils ont élevé, qu'ils ont aimé et qu'ils ont façonné à leur image pendant toutes ces années ? Ou doivent-ils continuer à vivre comme avant, tout en ayant bien plus conscience que ce garçon n'est pas le leur, et qu'il leur ressemble de moins en moins ?



Kore-eda va une nouvelle fois prendre le parti de nous raconter cette histoire dramatique d'un point de vue assez léger, avec beaucoup de pudeur. Il confronte ainsi deux familles bien différents, celle d'un architecte carriériste très strict avec son fils, et celle d'un petit tenancier de quincaillerie, bien plus expansif et proches de ses enfants. Le choc des deux mondes est inévitable, et Ryoata apprendra peu à peu que l'argent ne peut tout acheter, et certainement pas le bonheur d'un enfant. Le film se concentre d'ailleurs principalement sur ce père de famille, reproduisant avec son fils le modèle qui lui avait imposé son père, et tentant de l'empêcher de commettre les mêmes erreurs.

Plus que la question de la garde des enfants, c'est finalement l'évolution de Ryoata qui va intéresser Kore-eda, le jeune homme prenant peu à peu conscience du besoin d'amour et de reconnaissance de son fils, pour lequel il n'est pas assez présent ni attentionné. De la tendresse et de l'attention que peut en revanche offrir Yudai, un père saisissant chaque occasion pour divertir sa famille. Et c'est par petites touches que l'architecte va évoluer, et peu à peu nous toucher, grâce à des détails souvent émouvants, comme lorsqu'il retrouve des photos prises par le fils qu'il a élevé pendant six ans.

Tel père, tel fils est un magnifique film, montrant une nouvelle fois le talent de Kore-eda pour accrocher le spectateur et faire naître l'émotion de façon naturelle, sans jamais en faire trop. Une très belle histoire, parfaitement menée par des acteurs très convaincants (notamment les enfants), évoquant de façon très pertinente un sujet assez délicat, pour finalement être l'un des tous meilleurs films de 2013.

Note : 9/10



samedi 25 janvier 2014

Antiviral


Titre : Antiviral
Réalisateur : Brandon Cronenberg
Acteurs : Caleb Landry Jones, Sarah Gadon, Malcolm McDowell
Date de sortie en France : 13 février 2013
Genre : science-fiction, thriller

Synopsis : 
La communion des fans avec leurs idoles ne connait plus de limites. Syd March est employé d’une clinique spécialisée dans la vente et l’injection de virus ayant infecté des célébrités. Mais il vend aussi ces échantillons, pour son propre compte, à de puissantes organisations criminelles. Sa méthode pour déjouer les contrôles de la clinique : s’injecter les virus à lui-même... Mais ce procédé va s’avérer doublement dangereux : porteur du germe mortel ayant contaminé la star Hannah Geist, Syd devient une cible pour les collectionneurs...   

Avis : 
Antiviral est le premier long métrage réalisé par Brandon Cronenberg, le fils du célèbre David Cronenberg. Et le moins que l'on puisse dire en lisant le synopsis, puis en voyant le film, c'est que le rejeton est bien le fils de son père : Antiviral ressemble énormément, dans sa thématique comme dans son visuel, aux premières oeuvres du canadien marquées par le concept de "nouvelle chair". 


Ambiance très froide et clinique décors épurés, personnages secondaires désincarnés, chair meurtrie et fantasmée, on n'est en effet pas très loin des Rage, Crash, Videodrome ou même La Mouche, d'autant que le film de Brandon Cronenberg a pour thème central la maladie et sa transmission, mais aussi une forme de dépendance et de domination sadomasochiste au travers d'une certaine forme de cannibalisme. Bref, sur le papier, Antiviral est particulièrement intriguant, et cela va se vérifier dans une première partie développant à merveille son idée de base merveilleusement dérangeante.

Seulement le film va peu à peu s'enfermer dans un certain hermétisme. Si on apprécie le fait que le réalisateur ne cherche jamais la facilité, nous mettant constamment mal à l'aise avec son ambiance très froide ou ses débordements peu ragoutants, il finit hélas par intellectualiser de plus en plus son propos, jusqu'à écouter ses personnages déblatérer des monologues nombrilistes et sans grand intérêt. De fait, on finit par se détacher peu à peu du film dans une seconde partie bien plus pénible à suivre qu'à regarder.

Le premier film de Brandon Cronenberg est donc une semi-réussite : marchant clairement dans les pas de so père, il signe une oeuvre souvent dérangeante mais dont le synopsis glaçant finit par se perdre dans des discussions sans fin. Notons enfin la qualité de l'interprétation de Caleb Landry Jones (X-Men : le commencement, Byzantium), aussi parfait dans le cynisme du commerçant de virus qu'inquiétant lorsqu'il est infecté.

Note : 6,5/10

 

vendredi 24 janvier 2014

Don Jon


Titre : Don Jon
Réalisateur : Joseph Gordon-Levitt
Acteurs : Joseph Gordon-Levitt, Scarlett Johansson, Julianne Moore
Date de sortie en France : 25 décembre 2013
Genre : comédie, romance

Synopsis : 
Jon Martello est un beau mec que ses amis ont surnommé Don Jon en raison de son talent à séduire une nouvelle fille chaque week-end. Mais pour lui, même les rencontres les plus excitantes ne valent pas les moments solitaires qu’il passe devant son ordinateur à regarder des films pornographiques. Barbara Sugarman est une jeune femme lumineuse, nourrie aux comédies romantiques hollywoodiennes, bien décidée à trouver son Prince Charmant. Leur rencontre est un choc, une explosion dans la vie de chacun. Bourrés d’illusions et d’idées reçues sur le sexe opposé, Jon et Barbara vont devoir laisser tomber leurs fantasmes s’ils veulent avoir une chance de vivre enfin une vraie relation…

Avis : 
 Pour son premier film en tant que réalisateur, Joseph Gordon-Levitt (Inception, The Dark Knight rises, Looper...) choisit de se mettre en scène dans une comédie romantique. Mais une comédie romantique bien particulière puisque Jon, le héros, est accroc au porno et ne parvient pas à retrouver la même excitation dans ses - nombreuses - relations réelles. L'occasion de savourer de nombreuses scènes cocasses, où l'on assiste à la routine quotidienne du séducteur, mais aussi à ses déboires, jusqu'à sa rencontre avec Scarlett Johansson (Lost in translation, Match point).


Cette dernière est quant à elle folle de comédies romantiques à l'eau de rose. Entre les deux, le choc est donc immense, mais Gordon-Levitt s'amuse à montrer l'aspect pernicieux des deux genres de films, véhiculant deux visions erronées et fantasmées de l'amour qu'il est impossible de retrouver dans la réalité. Et c'est finalement la rencontre avec un troisième personnage, interprété par Julianne Moore (Carrie, la vengeance, Le Monde perdu : Jurassic Park) qui va permettre à Jon de mûrir.

Le film évite à merveille les pièges de la comédie romantique hollywoodienne, y ajoutant une savoureuse touche un peu trash sans pourtant tomber dans les travers de la comédie d'ados à la American pie. Et si le trait est parfois très appuyé, on s'amuse autant avec Jon qu'à ses dépens, ce personnage de méta-beauf vulgaire et pas très malin devenant peu à peu attachant tandis que la femme fatale se montre de plus en plus repoussante.

S'il n'évite pas toujours la lourdeur, Don Jon constitue donc un premier essai réussi pour Joseph Gordon-Levitt. Une comédie romantique audacieuse et fraiche qui tranche radicalement avec les films habituels du genre.

Note : 7/10

jeudi 23 janvier 2014

Bad Grandpa


Titre : Bad Grandpa (Jackass presents : Bad Grandpa)
Réalisateur : Jeff Tremaine
Acteurs : Johnny Knoxville, Jackson Nicoll, Greg Harris
Date de sortie en France : 11 décembre 2013
Genre : comédie

Synopsis : 
Le vieux Irving Zisman, quatre-vingt-six ans, parcourt les Etats-Unis avec un improbable compagnon : son petit-fils de huit ans, Billy.

Avis : 
Après trois premiers volets, et la mort récente de Ryan Dunn , Jackass revient pour mettre en scène l'un des personnages récurrents de leurs sketches : l'octogénaire Irving Zisman, sous le maquillage duquel se trouve en fait Johnny Knoxville. Ces aventures consistent généralement à jouer sur la sénilité du personnage, étourdi, maladroit, obsédé ou profondément débile : un vieux con, qui permet à Knoxville faire tout et n'importe quoi, et surtout de provoquer les personnes qu'il croise, parfaitement conscient que la plupart hésiteront à s'en prendre à ce vieux débris.


Si les Jackass se limitent à une juxtaposition de gags, Bad Grandpa va choisir d'articuler ses sketches autour d'un scénario, aussi maigre qu'inintéressant : Irving Zisman va en effet traverser les Etats-Unis avec le jeune Billy, gamin de huit ans en surpoids qui l'accompagnera dans ses péripéties. L'alliance du vieux type insupportable et du gosse tête à claques ne va hélas déboucher que sur une oeuvre bien plus molle que ce à quoi l'équipe de Jackass nous a habitués.

En effet, si le personnage interprété par Knoxville nous ressert les blagues habituelles, à base de système digestif défectueux, de vols dans les supermarchés, de testicules qui dépassent, de pertes de contrôle des véhicules ou de drague bien vulgaire, on a l'impression que la présence du gamin le freine un peu. Et du coup, on a à peine droit aux gags que l'on a déjà vu dans les précédents films ou dans la série, mais en un peu plus softs. Et malgré une vulgarité toujours présente, on sourit finalement assez rarement...

Bref, ce spin-off de Jackass est finalement très décevant, la faute sans doute à la présence de ce gamin insupportable qui handicape clairement Johnny Knoxville. Dommage, car le personnage de l'octogénaire a toujours un potentiel formidable, notamment lorsqu'il emmerde le monde...

Note : 2,5/10


mercredi 22 janvier 2014

Paranormal activity : the marked ones


Titre : Paranormal activity : the marked ones
Réalisateur : Christopher Landon
Acteurs : Andrew Jacobs, Jorge Diaz, Molly Ephraim
Date de sortie en France : 1er janvier 2014
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
Après avoir été "marqué", Jesse est poursuivi par des forces mystérieuses tandis que sa famille et ses amis tentent de le sauver.

Avis : 
On s'était presque inquiété quand, en octobre 2013, nous n'avions pas eu droit à notre Paranormal activity. Une anomalie pour la saga qui est rapidement devenue le symbole de ce qui ne va pas dans le cinéma d'épouvante actuel, entre manque total d'ambition et d'imagination et opportunisme omniprésent. En attendant l'inévitable Paranormal activity 5, la saga donne ici dans un second spin-off : après un épisode japonais (Paranormal activity : Tokyo night), voici donc un épisode destiné à la communauté hispanique, chez qui la saga cartonne. Préparez vos moustaches, sortez les sombreros et finissez vos tequilas : voici Paranormal activity : the marked ones !


Réalisé par Christopher Landon, qui avait déjà participé aux scénarios des trois premiers volets, PATMO nous sort donc du cadre habituel de la saga pour nous emmener dans un univers plus communautaire et plus superstitieux. Cela va avoir une conséquence directe sur le scénario, puisque les personnages ne seront que très rarement livrés à eux-mêmes, et pourront donc essayer de lutter contre la malédiction. Une malédiction qui prend donc ici un visage enfin différent : à la place de l'éternelle entité menaçante qui joue avec les portes et chatouille les pieds, on se retrouve ici devant une menace venant de l'intérieur puisque Jesse est possédé.

En fait, à l'exception d'un ou deux passages, le début du film est marqué par une certaine bonne humeur. Jesse et Hector sont deux adolescents typiques, passant leurs journées à s'amuser et se mêlant parfois de ce qui ne les regarde pas. Le film est marqué par une bonne dose d'humour, ce qui désamorcera parfois quelques séquences plus angoissantes en fin de film, mais colle assez au duo, crédible à défaut d'être attachant. Même lorsque Jesse découvrira qu'il a changé, cela passera d'abord par une certaine euphorie avec la découverte de capacités hors du commun, à l'image de Chronicle. Surpuissant, immunisé contre les blessures, le jeune homme s'amuse avant d'être rattrapé par les effets négatifs de son état.


L'absence d'entité menaçante permet donc de varier les effets, mais surtout d'abandonner ceux qui agaçaient déjà lors du premier volet de la saga : plus d'indications horaires, plus d'images accélérées, presque plus de fond sonore additionnel pour plonger le spectateur dans une tension inconsciente artificielle : ce Paranormal Activity ne nous prend en fait plus pour des imbéciles, et s'il n'évite pas certains effets faciles, il se distingue par quelques séquences efficaces, comme ces visites de la cave. Bref, ce sixième volet est tout simplement moins irritant que ses aînés, ce qui donne presque envie de l'aimer malgré ses défauts.

Contrairement au spin-off japonais, ce volet parallèle va même s'intégrer parfaitement à l'univers de la saga, en reprenant de nombreux éléments des films précédents, en faisant réapparaître certains personnages, certains objets bien connus de ceux qui ont vu tous les films précédents, ce qui donnera même lieu à un final extrêmement troublant.

Bref, je fais de ce Paranormal Activity : the Marked Ones mon épisode favori de la saga, avec le 3. Il partage avec cet épisode une volonté certaine de proposer quelques nouveaux éléments, et même cette fois un scénario un peu plus travaillé et varié que l'éternel huis-clos dans une maison hantée par un mauvais esprit. Et si le film n'est évidemment pas vide de défauts, restant dans la moyenne des films de possession et tombant parfois dans la facilité ou l'involontairement drôle, on appréciera de ne pas être, cette fois, devant un Paranormal Activity ne faisant que reprendre les mêmes ingrédients que ses aînés. Espérons que la saga continue dans cette voie...

Note : 5/10

 

mardi 21 janvier 2014

King Kong (2005)


Titre : King Kong
Réalisateur : Peter Jackson
Acteurs : Naomi Watts, Jack Black, Adrien Brody
Date de sortie en France : 15 décembre 2005
Genre : aventures, fantastique

Synopsis : 
New York, 1933. Ann Darrow est une artiste de music-hall dont la carrière a été brisée net par la Dépression. Se retrouvant sans emploi ni ressources, la jeune femme rencontre l'audacieux explorateur-réalisateur Carl Denham et se laisse entraîner par lui dans la plus périlleuse des aventures...
Ce dernier a dérobé à ses producteurs le négatif de son film inachevé. Il n'a que quelques heures pour trouver une nouvelle star et l'embarquer pour Singapour avec son scénariste, Jack Driscoll, et une équipe réduite. Objectif avoué : achever sous ces cieux lointains son génial film d'action.
Mais Denham nourrit en secret une autre ambition, bien plus folle : être le premier homme à explorer la mystérieuse Skull Island et à en ramener des images. Sur cette île de légende, Denham sait que "quelque chose" l'attend, qui changera à jamais le cours de sa vie...

Avis : 
On parle souvent de magie en évoquant le cinéma. Pourtant, peu de films peuvent se vanter de représenter autant ce caractère magique que King Kong, le film d'Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper. Face à une oeuvre si marquante, dont les moments de bravoure font partie de l'Histoire du cinéma et restent gravés dans la mémoire du spectateur et, plus fort encore, de celui qui n'a pas forcément vu le film, l'idée même d'un remake semble saugrenue. John Guillermin s'y est cassé les dents en 1976. Et en 2005, c'est Peter Jackson, grand fan déclaré du film de 1933, qui va nous en livrer sa version. Le spectaculaire en plus, la magie en moins.


On connaît le goût du réalisateur néo-zélandais pour la démesure : elle ne sera jamais aussi flagrante - et épuisante - que dans son remake de King Kong. Car passée une première partie consacrée aux préparatifs du voyage puis à la traversée jusqu'à l'île, Jackson va s'en donner à coeur joie, dans une volonté d'en faire toujours plus que l'on remarque souvent chez les jeunes enfants : il joue ainsi avec ses figurines, leur faisant défier les lois de la pesanteur, les précipitant dans des gouffres sans fin, organisant des mêlées indescriptibles, cultivant l'art du sauvetage in extremis, et sachant difficilement s'arrêter. Dans une orgie d'effets numériques déjà datés pour beaucoup, il nous épuise et nous agace, banalisant le spectaculaire jusqu'à nous arracher des soupirs.

En fait, il ne va réussir qu'une seule chose : Kong. Le singe monstrueux n'a jamais eu un aspect aussi simiesque...ni un comportement aussi humain. Bénéficiant d'effets incroyables et du talent d'Andy Serkis, Kong est en fait le seul personnage convaincant, offrant une variété d'expressions qui ne font que renforcer le statisme de Naomi Watts, particulièrement mauvaise, Jack Black et Adrien Brody. On sent que le réalisateur a voulu offrir une place de choix au véritable héros du film, quitte à déséquilibrer totalement son oeuvre (les scènes sans Kong n'ont aucun intérêt) et à concentrer sur le singe la majeure partie du budget dédié aux effets spéciaux (en dehors de Kong, la plupart des effets sont vraiment moches...). On s'attache ainsi facilement à la créature, et on aimerait qu'elle écrase maladroitement Naomi Watts afin d'éviter d'être capturée.

Le King Kong de Peter Jackson remplace donc la magie de l'original par la démesure puérile et épuisante du réalisateur néo-zélandais. Les scènes d'action sont ainsi bien trop longues et finissent par être lassantes et/ou grotesques. Dommage, car le héros du film, Kong, est une des plus belles créations du cinéma. Mais il est bien seul dans ce film...

Note : 4/10


lundi 20 janvier 2014

La Reine des neiges


Titre : La Reine des neiges (Frozen)
Réalisateur : Chris Buck, Jennifer Lee
Acteurs : Kristen Bell, Idina Menzel, Jonathan Groff
Date de sortie en France : 4 décembre 2013
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Anna, une jeune fille aussi audacieuse qu’optimiste, se lance dans un incroyable voyage en compagnie de Kristoff, un montagnard expérimenté, et de son fidèle renne, Sven à la recherche de sa sœur, Elsa, la Reine des Neiges qui a plongé le royaume d’Arendelle dans un hiver éternel…  En chemin, ils vont rencontrer de mystérieux trolls et un drôle de bonhomme de neige nommé Olaf, braver les conditions extrêmes des sommets escarpés et glacés, et affronter la magie qui les guette à chaque pas.

Avis : 
Après le très bon Les Mondes de Ralph l'an dernier, Disney revient en 2013 avec un sujet plus classique, davantage destiné à faire rêver les jeunes filles...tout en gardant une certaine profondeur bienvenue. Car s'il est question de princesses et d'amour dans La Reine des neiges, tout cela est presque secondaire par rapport au thème principal : celui de la malédiction dont est victime Elsa, incapable de maîtriser sa capacité à manipuler la glace.


Cette nouvelle princesse a donc une destinée plutôt sombre, devant rester isolée pour ne blesser personne, devant cacher ses pouvoirs. Elsa est ainsi prisonnière de son propre château, incapable de tisser des liens avec sa jeune soeur, plus insouciante et n'ayant qu'un souhait : vivre la vie rêvée de princesse, avec prince charmant, grand amour et grandes fêtes. Mais si la reine Elsa n'est pas la reine des contes de fée, le prince n'aura lui non plus pas grand chose de charmant.

La quête de liberté d'Elsa se confond ainsi avec la confrontation d'Anna avec la réalité. Ce parallèle se retrouve ainsi dans les chansons des deux jeunes femmes, se mélangeant parfois dans les meilleurs passages musicaux du film. Autour de ces deux destins, on retrouve des personnages assez classiques, bien que plutôt réussis : on appréciera ainsi Kristoff, dont on devinera rapidement l'évolution mais dont la relation avec Sven, son renne, permet de sourire régulièrement. Cela aurait pu suffire à remplir l'aspect humoristique du film, mais les scénaristes ont choisi de nous infliger un personnage secondaire irritant, maladroit et enclin à la réplique puérile : le bonhomme de neige Olaf (doublé en français par Dany Boon, ce qui n'aide pas non plus...), tristement horripilant et qui n'est même pas utilisé pour faire naître l'émotion alors que c'était là son unique potentiel.

La Reine des neiges reste donc un bon Disney, et l'un des films d'animation les plus sympathiques d'une année assez pauvre à ce niveau. En dehors de quelques chansons plutôt ratée et du personnage d'Olaf, peu de défauts donc, mais surtout une réussite sur le plan visuel lorsque les pouvoirs d'Elsa se manifestent, et un scénario qui change agréablement du conte de fée classique et manichéen en jouant avec les codes habituels du genre.

Note : 7,5/10


vendredi 17 janvier 2014

Evasion


Titre : Evasion (Escape plan)
Réalisateur : Mikael Håfström
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone, Jim Caviezel
Date de sortie en France : 13 novembre 2013
Genre : action

Synopsis : 
Ray Breslin est un ingénieur spécialisé dans la conception de prisons ultrasécurisées. Il teste lui-même l’efficacité de ses bâtiments en se faisant enfermer puis en s’évadant. Contacté par une société privée souhaitant tester un concept révolutionnaire de prison hi-tech, il se retrouve prisonnier. Piégé dans ce complexe ultra-moderne, harcelé par un directeur impitoyable et son gardien corrompu, Ray découvre une conspiration pour le faire disparaître à jamais. Sa seule chance de survie : une alliance avec Emil Rottmayer, un co-détenu ayant lui aussi un secret. Pour avoir une chance de s’évader, ils vont d’abord devoir se faire confiance.

Avis : 
Ils ne s'arrêtent plus ! Depuis que la carrière de Stallone connait un second souffle, celui-ci semble bien décidé à en profiter un maximum, pour le meilleur (Rocky Balboa) comme pour le pire (Du plomb dans la tête). Il entraîne dans son sillage son rival des années 80, Arnold Schwarzenegger, dont la présence dans Expendables 2 apportait une bonne dose du second degré qu'il manquait au premier volet, et qui a cette année transformé l'essai avec le sympathique Le Dernier rempart


Pour cette nouvelle rencontre entre les deux vedettes, Mikael Håfström (Chambre 1408, Le Rite) nous met devant un film d'évasion. Stallone est donc un génie de l'évasion, Schwarzenegger un prisonnier mystérieux, et Jim Caviezel (La Passion du Christ) le patron de cette prison haute-technologie d'où les deux anciens vont devoir s'évader. Une mission impossible ? Pas pour ces deux hommes qui sont présentés comme des surdoués (oui, ça surprend) et sont capables de supporter les violences, les humiliations, tout en échafaudant des plans irréels.

De façon très classique, on alternera donc entre les séquences d'observation et les expériences du duo de prisonniers pour repérer les faiblesses de cette prison, et leur débriefing dans le réfectoire. Le tout suit un rythme assez mou, Evasion ne versant vraiment dans l'action que dans une dernière partie marquée par des fusillades et de nombreuses cascades. Et si Schwarzenegger tire comme souvent son épingle du jeu, Stallone confirme son absence totale d'expressivité...

La réunion entre les deux monstres sacrés du cinéma d'action des années 80 n'est donc finalement qu'un pétard mouillé, une sorte d'épisode trop long de la série Prison break au rythme bien trop mou pour convaincre. Le film a finalement pour unique intérêt de constater une nouvelle fois la forme de Schwarzy par rapport à Sly, dont la dernière heure de gloire semble toucher à sa fin...

Note : 3,5/10


mercredi 15 janvier 2014

Byzantium


Titre : Byzantium
Réalisateur : Neil Jordan
Acteurs : Gemma Arterton, Saoirse Ronan, Caleb Landry Jones
Date de sortie en France : 2 janvier 2014 (DVD)
Genre : fantastique, drame

Synopsis : 
Dans une petite ville côtière, deux jeunes femmes aussi séduisantes que mystérieuses débarquent de nulle part. Clara fait la connaissance de Noel, un solitaire, qui les recueille dans sa pension de famille déserte, le Byzantium. Eleanor, étudiante, rencontre Frank, en qui elle voit une âme sœur. Bientôt, elle lui révèle leur sombre secret… Eleanor et Clara sont nées voilà plus de deux siècles et survivent en se nourrissant de sang humain. Trop de gens vont finir par l’apprendre pour que leur passage dans la ville n’ait aucune conséquence sanglante…

Avis : 
En 1994, Neil Jordan réalisait Entretien avec un vampire, un film de vampires horriblement ringard et ennuyeux avec Brad Pitt, Tom Cruise ou encore Kirsten Dunst. Vingt ans plus tard, il s'intéresse de nouveau aux buveurs de sang avec ce Byzantium, mettant en scène Gemma Arterton (Hansel & Gretel : witch hunters, Song for Marion), Saoirse Ronan (Lovely bones, Les Âmes vagabondes) et Caleb Landry Jones (Antiviral). Bref, ça n'annonçait rien de bon...


Et sans surprise, on se retrouve une nouvelle fois devant un film plutôt chiant et poseur, dont le déroulement extrêmement balisé n'est que le plus gros défaut d'un film sans relief, sans intensité, et sans grand intérêt. Nous avons donc les deux vampires, l'une acceptant et appréciant son statut, se nourrissant de ses victimes sans regret, l'autre souffrant de la solitude que cela entraîne et ne tuant que des personnes consentantes, à l'article de la mort. Un duo d'une mortelle banalité donc, même si Neil Jordan joue à fond la carte du sex-appeal de Gemma Arterton, contrainte de travailler comme strip-teaseuse ou comme prostituée pour subsister.

Comme si cela ne suffisait pas, on nous balance aussi une sombre histoire de confrérie de vampires, où les femmes sont interdites, et une histoire d'amour entre la mélancolique Saoirse Ronan et le mourant Caleb Landry Jones. Le film ne recule devant aucune ficelle, et nous la joue même Highlander pour un final franchement grotesque. Finalement, tout ce qu'on retient de ce Byzantium est sa réalisation, très soignée, qui nous offre quelques superbes séquences comme celle de la cascade de sang. Du moins, la première fois qu'on la voit, car l'effet semble avoir tellement plu à Neil Jordan qu'on y a droit plusieurs fois, ce qui en détruit totalement la magie.

Bref, s'il n'est pas aussi ringard que Entretien avec un vampire, Byzantium reste une nouvelle variation du thème du vampire (sans crocs, sans crainte du soleil, mais avec reflet dans le miroir) sans grand intérêt, qui ne vole finalement pas beaucoup plus haut que la saga Twilight. A oublier rapidement donc...

Note : 2,5/10


 

lundi 13 janvier 2014

Mandela : un long chemin vers la liberté


Titre : Mandela : un long chemin vers la liberté (Mandela: Long Walk to Freedom)
Réalisateur : Justin Chadwick
Acteurs : Idris Elba, Naomie Harris, Tony Kgoroge
Date de sortie en France : 18 décembre 2013
Genre : biopic

Synopsis : 
Né et élevé à la campagne, dans la famille royale des Thembus, Nelson Mandela gagne Johannesburg où il va ouvrir le premier cabinet d’avocats noirs et devenir un des leaders de l’ANC.
Son arrestation le sépare de Winnie, l’amour de sa vie qui le soutiendra pendant ses longues années de captivité et deviendra à son tour une des figures actives de l’ANC.
À travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond plus que jamais avec son combat pour la liberté, lui conférant peu à peu une dimension mythique, faisant de lui l’homme clef pour sortir son pays, l’Afrique du Sud, de l’impasse où l’ont enfermé quarante ans d’apartheid. Il sera le premier Président de la République d’Afrique du Sud élu démocratiquement.

Avis : 
Adapté de l'autobiographie de Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté raconte 50 ans de la vie de Nelson Mandela, de son entrée au Congrès National Africain aux élections de 1994 où il est élu président de la république d'Afrique du Sud. Un demi-siècle marqué par la lutte contre l'apartheid, d'abord de façon non violente puis de façon plus radicale, puis les années d'emprisonnement et enfin la libération et l'accession au pouvoir.


Evidemment, la vie de Mandela était si riche, sa personnalité si forte, que le film profite pleinement de cet élan (encore favorisé par son décès) : on ne s'ennuie pas une seconde. Pourtant, en adaptant fidèlement ce pan de l'Histoire, le film va rester en surface, et brosser de façon logiquement superficielle chacune des étapes. Résultat, on est finalement devant un film très linéaire, dont on connait finalement le développement précis, mais pas assez travaillé pour être un documentaire.

D'ailleurs, l'élément le plus intéressant du film ne sera pas Nelson Mandela, mais sa seconde épouse, Winnie, dont l'évolution et l'influence est l'un des points forts du film. Magnifiquement interprétée par Naomie Harris, elle offre un contrepoids passionnant aux passages plus convenus mettant en scène "Madiba", dont on peine en revanche à retrouver la souffrance ou le charisme malgré toutes les qualités d'Idris Elba (Pacific Rim), très convaincant alors même qu'il ne ressemble absolument pas au modèle.

Mandela : un long chemin vers la liberté est donc une petite déception, dans le sens où on n'apprend rien de bien nouveau sur la vie de ce personnage hors du commun. On ne ressent d'ailleurs aucune émotion particulière, le film se contentant finalement de réciter bien sagement les grandes étapes de la vie de Mandela. On aurait en revanche aimé voir le personnage de Winnie Mandela davantage développé...

Note : 6/10


samedi 11 janvier 2014

Capitaine Phillips


Titre : Capitaine Phillips (Captain Phillips)
Réalisateur : Paul Greengrass
Acteurs : Tom Hanks, Barkhad Abdi, Faysal Ahmed
Date de sortie en France : 20 novembre 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
Capitaine Phillips retrace l’histoire vraie de la prise d’otages du navire de marine marchande américain Maersk Alabama, menée en 2009 par des pirates somaliens. La relation qui s’instaure entre le capitaine Richard Phillips, commandant du bateau, et Muse, le chef des pirates somaliens qui le prend en otage, est au cœur du récit. Les deux hommes sont inévitablement amenés à s’affronter lorsque Muse et son équipe s’attaquent au navire désarmé de Phillips. À plus de 230 kilomètres des côtes somaliennes, les deux camps vont se retrouver à la merci de forces qui les dépassent…

Avis : 
Inspiré de l'histoire vraie du Capitaine Phillips (si, si !), le bien nommé Capitaine Phillips relate donc l'histoire d'un bateau pris en otage par des pirates somaliens. Un sujet qui rappelle évidemment le récent Hijacking, mais qui va néanmoins s'en détacher par plusieurs aspect : tout d'abord, contrairement à Hijacking, film danois, le film de Paul Greengrass (La Mort dans la peau, Vol 93) est un film américain, ce qui change à peu près toute l'approche du drame ; ensuite, le navire ne sera le cadre que de la première partie dans Capitaine Phillips, qui mettra finalement l'accent sur un environnement plus restreint.


Si Hijacking mettait l'accent sur l'équipage du navire, leurs relations avec les pirates et l'impuissance des marins, condamnés à attendre les résultats des négociations, Capitaine Phillips sera centré sur deux personnages : le capitaine donc, incarné par Tom Hanks (Cloud Atlas), et le leader des pirates, Muse, interprété à la perfection par Barkhad Abdi. Le gentil et le méchant. Car dès les premières minutes, on est plongé dans le film hollywoodien par excellence : on nous présente rapidement Phillips comme un père de famille aimant et attentionné, tandis que les somaliens nous sont montrés comme des demi-sauvages drogués dont seul Muse, au physique et à l'intelligence vicieux, émerge. Cette introduction ne sert vraiment qu'à cette présentation manichéenne des personnages, tout en pointant avec insistance la menace que constitue la Somalie, à grands coups de gros plans sur une carte.

Bref, ça ne commence pas très bien, mais cela va heureusement très vite s'arranger. Paul Greengrass va en effet montrer tout son talent pour installer un véritable suspense, et s'il n'évite pas certaines facilités (Phillips est un véritable génie dans le film), le film va être extrêmement intense, notamment dans sa dernière partie : en confrontant la toute puissance logistique des américains à l'imprévisibilité des pirates, Capitaine Phillips crée un climat particulièrement nerveux où le moindre événement peut avoir des conséquences insoupçonnées. On est ainsi complètement pris dans le film, tenus en haleine par l'environnement étouffant du bateau de survie et soufflés par la froide efficacité des marines.

Capitaine Phillips est donc le prototype même du divertissement à l'américaine, avec une introduction très maladroite et un manichéisme parfois gênant. Toutefois, tout le talent de Paul Greengrass, habitué à nous offrir des réalisations exceptionnelles, et des acteurs (principalement Barkhad Abdi) font peu à peu glisser le film vers un divertissement intense et spectaculaire, qui ne souffrira finalement que d'un suspense parfois articifiel et de ficelles un peu grosses.

Note : 7,5/10


jeudi 9 janvier 2014

Paradis : espoir


Titre : Paradis : espoir (Paradies: Hoffnung)
Réalisateur : Ulrich Seidl
Acteurs : Melanie Lenz, Verena Lehbauer, Vivian Bartsch
Date de sortie en France : 24 avril 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Mélanie passe ses vacances d’été dans un centre d’amaigrissement très strict. Entre les activités sportives, les conseils nutritionnels, les batailles d’oreillers et les premières cigarettes, elle tombe sous le charme du directeur du centre, un médecin de 40 ans son aîné. Elle l’aime comme on aime la toute première fois et cherche désespérément à le séduire. Conscient que cet amour est impossible, il tente de lutter contre le sentiment de culpabilité qui l’envahit. Melanie avait imaginé son paradis bien différemment… 

Avis : 
Après Paradis : amour puis Paradis : foi, Ulrich Seidl conclut sa trilogie avec Paradis : espoir, sur une note un peu plus douce. Si le thème de la solitude reste au centre du film, avec cette jeune obèse abandonnée pour les vacances dans un centre d'amaigrissement tandis que sa mère part au Kénya et que sa tante prêche la parole de Jésus, mais la jeune fille est définitivement plus attachante que les deux autres femmes, et malgré l'aspect profondément anxiogène de sa relation avec le médecin du centre, le réalisateur ne sombrera jamais, ou presque, dans l'écoeurement qui caractérisait certains passages des deux précédents volets.


Pourtant, le centre d'amaigrissement est un lieu terriblement repoussant, avec ses professeurs bien décidés à se faire respecter, son couvre-feu, son absence d'intimité et l'unique possibilité de contacter l'extérieur une heure par jour. Une prison où l'emploi du temps se résume aux activités sportives et aux cours, et dont les rares bouffées d'oxygène viennent de la transgression des règles...et des passages chez le médecin. On assiste alors à une attirance qui semble réciproque, même si le médecin, bien plus âgé que l'adolescente, est conscient de l'impossibilité d'un tel rapprochement. On le sent ainsi tenté, puis immédiatement distant, ce qui perturbe énormément Mélanie, qui n'a jamais connu de tels sentiments.

Contrairement aux deux premiers volets, très austères, et malgré le cadre géographique très froid, Paradis : espoir est bien plus chaleureux que les précédents films de Seidl, principalement grâce à ces adolescents auxquels on s'attache rapidement, et dont les aspirations sont celles de leur jeunesse. On sourit ainsi régulièrement, mais on souffre également dans ces séances de sport semblant issues d'un entraînement militaire.

Ulrich Seidl finit donc sa trilogie Amour sur une note plutôt positive, avec une étrange douceur et une inattendue chaleur, là où les précédents volets ne laissaient de place qu'à la solitude et au désespoir. Et si le film reste une chronique d'une femme blessée par sa solitude, on a cette fois l'impression qu'il y a un peu...d'espoir.

Note : 7/10


mercredi 8 janvier 2014

Paradis : foi


Titre : Paradis : foi (Paradies : Glaube)
Réalisateur : Ulrich Seidl
Acteurs : Maria Hofstätter, Natalya Baranova, René Rupnik
Date de sortie en France : 24 avril 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Son Paradis, c'est Jésus. Anna Maria, une femme d'une cinquantaine d'années a décidé de consacrer ses vacances d'été à prêcher l'amour du Christ. Accompagnée de la statue de la Vierge, elle sillonne son voisinage. Mais sa vie bascule quand, après des années d'absence, son mari, musulman, revient d'Egypte... Une lutte intérieure s'engage alors pour Anna Maria entre son mariage et la Foi inconditionnelle qu'elle porte à Jésus.  

Avis : 
Après le volet Amour, qui réduisait à néant la puissance de son propos par des images particulièrement sordides, Ulrich Seidl s'intéresse avec le second volet de la trilogie à la Foi. Evidemment, pas la foi du petit enfant de choeur, mais celle d'une quinquagénaire fanatique, dont le but principal semble d'être d'imposer le catholicisme autour d'elle.  


Seidl nous décrit donc une femme extraordinairement seule, vouant à Jésus un véritable amour, allant jusqu'à s'infliger des châtiments corporels pour racheter les pêchés des étrangers qu'elle croise, et se réunissant avec un petit groupe pour chanter ses louanges. Une approche sectaire de sa foi, qui se prolonge dans le démarchage systématique du voisinage, statue de la Vierge dans les bras, afin de leur faire entendre raison. Cela donne des scènes étonnantes où le refus de tout argument contraire, de tout comportement considéré comme suspect fait de ces rencontres des échecs réguliers, ajoutant de manière parfois sombrement comique au pathétique d'Anna Maria.

Rien ne s'arrangera au retour de son mari, sinon que le film va plonger encore davantage dans les travers habituels du film (anti) religieux, poussant l'ascétisme de son héroïne au maximum et allant si loin dans la perversité que le film finit par faire ouvertement rire : le passage où pour se venger de son mari, qui a fait tomber tous ses objets religieux, elle lui confisque son fauteuil roulant, devient cruellement cocasse, dynamitant ainsi l'austérité du reste du film.

Avec un sujet plus intéressant et mieux traité malgré un jusqu'au boutisme un peu naïf, Paradis : foi se révèle donc bien plus réussi que Paradis : amour, parvenant cette fois à être cru sans aller dans le sordide. Rien de bien nouveau cependant dans la description des travers de la foi excessive et maladroite, ni dans le dessin de cette autre femme rendue folle par la solitude.

Note : 5/10