dimanche 17 juillet 2022

Mr. Klein

 
Titre : Mr. Klein
Réalisateur : Joseph Losey
Acteurs : Alain Delon, Jeanne Moreau, Michael Lonsdale
Date de sortie en France : 27 octobre 1976
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
Pendant l'occupation allemande à Paris, Robert Klein, un Alsacien qui rachète des oeuvres d'art à bas prix, reçoit, réexpédié, à son nom, le journal Les Informations juives qui n'est délivré que sur abonnement. Il découvre bientôt qu'un homonyme juif utilise son nom, et décide alors de remonter la piste qui le mènera à cet inconnu. 
 
Avis : 
Paris, Seconde Guerre Mondiale. Pendant que les Juifs sont persécutés (voir cette terrible scène d'introduction), certains tirent le meilleur parti de la situation, comme Robert Klein, qui en profite pour racheter, à bas prix et avec beaucoup de cynisme, des oeuvres d'art à des Juifs ayant un besoin vital d'argent pour fuir la capitale. Une attitude qui va sans doute précipiter sa chute, son nom circulant désormais largement dans les cercles juifs. 
 
 
A la recherche de son double, Robert Klein va rapidement être confronté aux autorités, puis au scepticisme de certains de ses proches, et s'enfoncer peu à peu dans une quête sans fin, préférant par orgueil et par curiosité continuer son enquête alors qu'il a, à plusieurs reprises, la possibilité de se tirer d'affaire. On est parfois à la frontière du fantastique avec cette histoire de double, qui ne semble jamais très loin du personnage interprété, avec un talent monstre, par Delon, au point de nous demander si lui-même n'est pas ce fameux double. 
 
On appréciera d'ailleurs la subtilité de la mise en scène, qui n'appuie pas lourdement, comme le feraient beaucoup de films contemporains, sur les reflets ou les différents indices : Mr. Klein nous laisse repérer certains éléments et certains indices, sans les rappeler inutilement lorsqu'ils débouchent sur d'autres éléments. De même, Joseph Losey n'insiste jamais sur son fil rouge, se contentant de faire des futurs événements dramatiques une ombre qui pèse constamment sur l'histoire (et l'Histoire), pour mieux préparer son final inéluctable que l'on attend fébrilement. 

Bref, un petit bijou, et l'un des meilleurs films de Delon, et surtout du cinéma intelligent comme on n'en fait plus ! 





 

mardi 12 juillet 2022

The Sadness


Titre : The Sadness (Kū bēi)
Réalisateur : Rob Jabbaz
Acteurs : Regina Lei, Berant Zhu, Tzu-Chiang Wang
Date de sortie en France : 6 juillet 2022
Genre : horreur

Synopsis : 
Après un an de lutte contre une pandémie aux symptômes relativement bénins, une nation frustrée finit par baisser sa garde. C'est alors que le virus mute spontanément, donnant naissance à un fléau qui altère l'esprit. Les rues se déchaînent dans la violence et la dépravation, les personnes infectées étant poussées à commettre les actes les plus cruels et les plus horribles qu'elles n'auraient jamais pu imaginer... 
 
Avis : 
C'est l'un des films événements du moment, pour peu que l'on soit amateur de films d'horreur. Précédé d'une réputation extrêmement flatteuse, passé en France par L'Etrange festival, le PIFFF et Gerardmer, le film taïwanais est décrit comme un véritable choc, obligeant même les personnels des cinémas le diffusant à avertir les spectateurs avant leur entrée en salle. C'est presque un peu triste, en fait, de voir que le cinéma est devenu tellement édulcoré qu'on se sente obligé d'avertir un spectateur pour un film finalement assez inoffensif.
 
 
C'est un fait : The Sadness est gore, avec toute l'exagération grotesque que cela sous-entend : geysers de sang, démembrements... On ne voit clairement pas cela tous les jours au cinéma, et sur ce point, voir un tel film débarquer sur grand écran fait vraiment plaisir. Seulement voilà : ça ne fonctionnera que 30 minutes, le temps pour le film de tout donner. 30 minutes clairement impressionnantes, où l'on embarquera pour quelques séquences très réussies de mises à mort, et ponctuées par l'impressionnante séquence du métro. 

Le film se contente ensuite d'enchaîner mollement les séquences violentes, donnant de plus en plus de place au hors-champ (le passage dans la clinique, les agressions sexuelles) et au scénario. On finit même sur une interminable phase explicative, qui n'apporte absolument rien, sinon beaucoup d'ennui dans un film qui avait déjà perdu pas mal de son impact depuis pas mal de temps. Seul le personnage du business-man nous sort un peu de notre torpeur, même s'il finit lui aussi par tourner en rond, n'ayant plus grand chose à faire ni à raconter en dehors de ses 2-3 punchlines. 

Bref, The Sadness est finalement un film terriblement inoffensif, qui risque fort de ne pas marquer les esprits, d'autant qu'il recycle beaucoup de séquences d'autres films. Malgré cela, on appréciera de pouvoir aller voir un tel film au cinéma, même si l'on aurait préférer apprécier le film lui-même...



 

lundi 4 juillet 2022

The Requin

Titre : The Requin
Réalisateur : Le-Van Kiet
Acteurs : Alicia Silverstone, James Tupper
Date de sortie en France : 17 mai 2022 (VOD)
Genre : drame, thriller

Synopsis :
Un couple en escapade romantique au Vietnam se retrouve bloqué en mer après qu'une énorme tempête tropicale ait balayé leur villa en bord de mer. Le mari étant mutilé et mourant, la femme doit lutter seule contre les éléments, tandis que de grands requins blancs leur tournent autour... 
 
Avis : 
Mesdames, Messieurs, il est parfois de notre devoir, en tant que chroniqueurs de films de genre, de prendre une balle à votre place. De se mettre sur la trajectoire d'un impitoyable navet que vous, aussi perversement friands de films de requins que certains de notre équipe le sommes, risqueriez de regarder par curiosité. Et si je sais bien, pour avoir moi-même expérimenté la situation, qu'un avis lapidaire est parfois ce qui vous donne le plus envie de jeter quand même un oeil, j'aurai au moins fait ma part en vous prévenant : ne regardez pas The Requin, c'est un navet. 
 


C'est l'histoire d'un couple qui prend l'eau (attention, métaphore) : Jaelyn a été terriblement marquée par sa fausse couche, et ne semble guère épaulée par son endive de mari, Kyle. Pour se ressourcer, le couple décide d'aller au Vietnam mais, ne roulant pas sur l'or, s'y rend à la période de la mousson. L'avantage, c'est qu'ils sont les seuls touristes sur place. L'inconvénient, c'est qu'ils sont les seuls touristes du coin, et que personne n'a songé à leur dire que louer une maison sur pilotis en cette saison n'est pas la meilleure idée du monde. Mais bon, ce sont des cons de touristes américains, j'imagine, et le personnel vietnamien est un ramassis d'incompétents et d'irresponsables, j'imagine. Résultat, malgré l'échange lunaire avec un employé mollasson ("vous ne voulez pas être relogé pour la nuit ?", demande-t-il au couple se reposant paisiblement à 10 cm de la mer démontée par la tempête ; "non" lui répond le mari ; "ok"), le couple choisit de rester bien au chaud dans sa bicoque branlante. 

Et ce qui devait arriver arrive : suite à la tempête (métaphore), la maison est emportée par les flots et se retrouve à la dérive (métaphore !). Et comme si ça ne suffisait pas, Kyle s'est blessé à la jambe (et ne peut donc plus prendre son pied... euh... métaphore ?), et le couple va enchaîner les décisions débiles, jusqu'à mettre le feu à la maison à la dérive. Oui, leur dernier abri part en fumée (vous savez déjà ce que je vais dire). Jaelyn et Kyle se retrouvent donc sur une planche au beau milieu de l'eau (ah, si seulement Leonardo Di Caprio était tombé sous le charme de Alicia Silverstone plutôt que sous celui de Kate Winslet...). C'est évidemment le moment que choisit le fameux "the requin" pour s'inviter à la fête, histoire de permettre à Jaelyn de surmonter enfin métaphoriquement ses démons, un peu comme Blake Lively devait le faire (en mangeant un crabe pour digérer le cancer de sa mère, hum) dans Instinct de survie. Il lui aura fallu environ une heure pour se montrer. 
 

 
Jusque-là, on est donc en mode Open Water sous Prozac. Jaelyn gueule, Jaelyn râle, Jaelyn culpabilise, Kyle encaisse mollement en se vidant de son sang. Jaelyn entend les sons extradiégétiques, et s'inquiète donc quand la musique du film se fait menaçante. Jaelyn confond requins et dauphins (mais ils trichent un peu, ces dauphins, avec leurs faux ailerons). Et Jaelyn va finir par se mettre à dos un requin blanc, qui va la poursuivre parce-que-métaphore (ou parce qu'il ne veut plus l'entendre gueuler), entraînant enfin le film dans le nanar qui tâche dans ses ultimes minutes, à grands renforts d'effets numériques grotesques, d'idées idiotes, de jeu outrancier et de stock-shots mal intégrés. En quelques minutes, on se croirait revenus à la grande époque des productions Nu Image (la trilogie Shark Attack, Shark Zone...). Un peu tard pour sauver le film de l'ennui mortel, mais on aura au moins ri franchement sur une séquence. 
 
Comment, enfin, ne pas vous parler de cette petite piscine où le film semble avoir été tourné. Une petite piscine avec des petites vaguelettes, visiblement entourée d'un écran vert cache-misère et d'une petite brume pour dissimuler l'effet. Le procédé est d'autant plus grotesque que le réalisateur ne fait aucun effort pour l'incorporer au reste : des plans où la mer est démontée, le ciel gris, succèdent à ce petit bassin tout calme, donnant un film visuellement affreux. Et ce ne sont pas ces ralentis grotesques qui vont sauver les apparences. Il faut le voir pour le croire... mais je vais vous demander une nouvelle fois de me faire confiance : il ne faut pas voir ce film. 
 
  
The Requin est donc un soporifique navet, d'une abyssale connerie, enchaînant les idées débiles avec l'enthousiasme d'un fonctionnaire un vendredi après-midi, avec des personnages terriblement irritants, le tout enrobé d'un symbolisme de pacotille. C'est lent, c'est con, c'est moche et, pire que tout, ce n'est drôle que quelques secondes, qu'il est tout à fait possible de rater si on s'est endormi avant. Fuyez, pauvres fous !