dimanche 28 septembre 2014

Princess Bride


Titre : Princess Bride (The Princess Bride)
Réalisateur : Rob Reiner
Acteurs : Cary Elwes, Robin Wright, Christopher Guest
Date de sortie en France : 9 mars 1988
Genre : fantasy, aventures

Synopsis : 
Que peut bien faire un petit garçon cloué au lit par la grippe, condamné à écouter les conseils des grands et même de subir un grand-père rabat-joie, au lieu d'aller faire les quatre cents coups avec ses copains ? Et voilà en plus que le papy se met en tête de lire à haute voix un conte de fée aux antipodes de Superman et de Rambo ! Au Moyen-Age, dans le pays imaginaire de Florin, la belle Bouton d'Or se languit après le départ de son bien-aimé Westley, parti chercher fortune et qu'elle croit mort. Cinq ans plus tard, elle accepte d'épouser le prince Humperdinck pour qui elle n'éprouve aucun amour. Mais peu avant son mariage, elle est enlevée par trois bandits et entraînée dans une aventure mouvementée au cours de laquelle elle retrouvera sa raison de vivre...

Avis : 
Inspiré du livre éponyme de William Goldman, Princess Bride est un classique du film d'aventures fantastiques des années 1980. Réalisé par Rob Reiner, à qui l'on doit également les excellents Spiral Tap, Misery ou encore Stand by me et Quand Harry rencontre Sally, il nous entraîne dans un univers féerique peuplé de créatures fantastiques, d'être difformes, de princes et de princesses.


L'histoire est assez classique : il s'agit d'une histoire d'amour impossible entre une princesse et un valet, qui devront vivre milles aventures afin d'être enfin réunis. Une simplicité qui se retrouve dans le monde imaginé par Goldman et Reiner, aux décors naturels et aux monstres assez discrets, mettant principalement l'accent sur des personnages très réussis : outre Westley (incarné par Cary Elwes, que l'on retrouvera dans Sacré Robin des bois, Twister ou encore Saw) et la princesse (Robin Wright, Forrest Gump, Le Congrès), on appréciera surtout le trio de brigand composé du gentil géant à la force titanesque, de l'escrimeur espagnol au sens de l'honneur et de la justice surdimensionné et de l'intellectuel fourbe et cruel.

Princess Bride ne laisse aucun répit au spectateur, très vite happé dans ce monde imaginaire très réussi, grâce à de nombreux rebondissements, un humour omniprésent n'hésitant pas à jouer avec certains codes de la fantasy ou d'autres genres comme le film de capes et d'épées et réservant de nombreux passages forts, comme les duels à l'épée ou la machine de torture, le tout autour d'une histoire d'amour qui évite facilement la niaiserie et s'amuse même de son côté fleur bleue.

Classique des années 80 et de la fantasy, Princess Bride est donc à la fois drôle, touchant, spectaculaire et intense, donnant un divertissement familial de très haut niveau qu'on l'on appréciera de voir et de revoir !

Note : 9/10


jeudi 18 septembre 2014

24 jours - la vérité sur l'affaire Ilan Halimi


Titre : 24 jours - la vérité sur l'affaire Ilan Halimi
Réalisateur : Alexandre Arcady
Acteurs : Zabou Breitman, Pascal Elbé, Jacques Gamblin
Date de sortie en France : 30 avril 2014
Genre : drame

Synopsis : 
Elle est entrée dans une boutique de téléphonie sur le boulevard Voltaire. Elle a fait mine de s’intéresser aux nouveaux portables, a obtenu le numéro du vendeur et s’en est allée. Elle l’a rappelé dès le lendemain, lui a dit qu’elle voulait le revoir. Ilan ne s’est pas méfié. Il avait vingt-trois ans, la vie devant lui… Comment pouvait-il se douter qu’en rejoignant cette jolie fille dans un café de la porte d’Orléans, il avait rendez-vous avec la mort ?

Avis : 
Il est toujours assez compliqué de se prononcer sur un film comme 24 jours : inspiré d'un horrible fait divers, celui de l'enlèvement, de la séquestration, de la torture et de l'assassinat à caractère antisémite d'Ilan Halimi, le film se base sur le livre-témoignage de la mère du jeune homme, qui a également co-écrit le scénario. La volonté est claire, celle d'ancrer le destin tragique du jeune homme dans les mémoires, de dénoncer l'antisémitisme et d'éviter ainsi que de telles horreurs ne se reproduisent.


Hélas, les bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bon film. Car malgré l'horreur des faits, malgré l'empathie évidente que l'on ressent dès les premières minutes pour Ilan Halimi et sa famille, le film d'Alexandre Arcady (Le Grand Pardon, K) va rapidement s'éparpiller, jonglant entre les différents points de vue et atténuant largement la portée de l'affaire : on aurait ainsi préféré que le film se concentre sur la famille de la victime, sur la détresse et le sentiment d'impuissance des siens plutôt que de s'attarder par moments sur le gang des barbares dans des passages ratés, voire ridicules lorsqu'ils se concentrent sur leur leader.

Ce défaut va avoir pour conséquence négative d'appuyer les autres limites du film : la famille juive et l'équipe policière se résument très vite à de grossières caricatures, Ruth Halimi et la psychologue en tête, et certains effets de réalisation paraissent incongrus dans un film destiné à livrer une version brute des faits. En fait, on finit peu à peu par être anesthésiés devant un drame mal retranscrit : si l'horreur de l'affaire suffit à faire naître de profonds sentiments chez le spectateur, ce n'est absolument pas le cas de 24 jours, prouvant une nouvelle fois qu'il ne suffit pas d'évoquer des faits très forts pour faire un film puissant.

On sort donc partagé de ce film, qui a l'immense mérite d'évoquer un drame qui ne doit pas être oublié. Dommage cependant qu'en tant qu'objet cinématographique, 24 jours - la vérité sur l'affaire Ilan Halimi soit très limité et très maladroit : un tel sujet aurait mérité bien plus de soin...

Note : 3/10


mardi 16 septembre 2014

The Salvation


Titre : The Salvation
Réalisateur : Kristian Levring
Acteurs : Mads Mikkelsen, Eva Green, Jeffrey Dean Morgan
Date de sortie en France : 27 août 2014
Genre : western

Synopsis : 
1870, Amérique. Lorsque John tue le meurtrier de sa famille, il déclenche la fureur du chef de gang, Delarue. Trahi par sa communauté, lâche et corrompue, le paisible pionnier doit alors traquer seul les hors-la-loi.

Avis : 
Avec The Salvation, Kritian Levring s'écarte des principes de sobriété du Dogme danois initié par Lars von Trier et Thomas Vinterberg (et selon les règles duquel il aura réalisé Le Roi est vivant) pour nous proposer un western aussi classique sur le fond que travaillé sur la forme. L'histoire est presque banale, celle de la vengeance d'un homme peu bavard contre un groupe de malfaiteurs.


Evidemment, Mads Mikkelsen (La Chasse, Michael Kohlhaas) est parfait dans un rôle rappelant notamment celui de Clint Eastwood dans Josey Wales, hors la loi, et Kristian Levring s'applique à rendre hommage aux grands noms du western, de John Ford à Sergio Leone, par le biais de références très nombreuses, jusqu'à parfois frôler l'overdose. Le film est également remarquable par son esthétique, chaque plan étant incroyablement travaillé, et la photographie de Jens Schlosser donne à certaines scènes une atmosphère particulière, à la limite du fantastique.

Des éléments plutôt soignés donc, à la différence de certains personnages : comme souvent, Eva Green (300 : la naissance d'un Empire) brille par sa médiocrité dans un rôle particulièrement caricatural, et on se demande un peu ce qu'est venu faire Eric Cantona dans le film. De maigres défauts, qui s'ajoutent donc à ce classicisme qui pourra sans doute en frustrer certains, pour un western classique mais efficace, avec quelques fulgurances visuelles et un Mads Mikkelsen parfait dans un rôle qui lui va comme un gant.

Note : 7/10


jeudi 11 septembre 2014

Howard... Une nouvelle race de héros


Titre : Howard... Une nouvelle race de héros (Howard the duck)
Réalisateur : Willard Huyck
Acteurs : Lea Thompson, Tim Robbins, Jeffrey Jones
Date de sortie en France : 10 décembre 1986
Genre : comédie, super-héros

Synopsis : 
Howard T. Duck est un canard humanoïde qui vit sur une planète remplie de canards comme lui. Mais un jour, alors qu'il se prélasse sur son fauteuil, il se retrouve aspiré dans l'espace et atterrit sur la planète Terre. Il se fait recueillir par une rockeuse, Beverly.

Avis : 
Parmi les adaptations des comics Marvel, celle d'Howard the Duck est sans doute l'une des plus étranges. S'inspirant d'un des personnages les plus improbables de la maison d'éditions américaine, Howard était destiné à remplir les poches d'un George Lucas alors endetté. Il n'en fut cependant rien : le film fut un désastre critique et financier, ne trouvant pas son public lors de sa sortie jusqu'à être considéré comme l'une des pires oeuvres de l'histoire du cinéma. Un sort qu'il ne méritait certainement pas.


Car si le film de Willard Huyck est un véritable OVNI, il est surtout d'une folie et d'une liberté salvatrices, notamment dans l'univers souvent très fade et lisse des adaptations Marvel. Avec pour héros un canard adepte du kwak-fu, amateur de cigares et de jolies filles, au mauvais caractère et volontiers vulgaire, Howard the duck part dans tous les sens, enchaîne à un rythme soutenu les gags les plus honteux et les scènes d'action les plus folles pour notre plus grand plaisir, le tout entrecoupé de répliques délicieusement cyniques de la part du héros.

On comprendra que le film n'ait, à son époque, pas fonctionné : si le fait de mettre en avant un canard humanoïde semblait destiner le film aux enfants (Howard the duck aurait d'ailleurs dû être un film d'animation à l'origine), son traitement en fait clairement une oeuvre pour adulte tant la vulgarité, les sous-entendus sexuels et les références y sont nombreuses. On regrettera presque de ne pas en voir plus de la planète de Howard, avec les équivalents "canardesques" des films que nous connaissons et une foule de détails amusants.

Dommage cependant que le film dure près de deux heures, favorisant quelques baisses de rythme et permettant de remarquer les inepties du scénario. Mais cela n'empêche pas de savourer un film fou, généreux et subversif comme on n'en voit que trop peu !

Note : 7,5/10


mercredi 10 septembre 2014

Colt 45


Titre : Colt 45
Réalisateur : Fabrice du Welz
Acteurs : Ymanol Perset, Gérard Lanvin, Joeystarr
Date de sortie en France : 6 août 2014
Genre : policier, thriller

Synopsis : 
Armurier et instructeur de tir à la Police Nationale, Vincent Milès est expert en tir de combat. À seulement 25 ans, ses compétences sont enviées par les élites du monde entier mais dans la plus grande incompréhension de la part de ses collègues, Vincent refuse obstinément d’intégrer une brigade de terrain.

Avis : 
Après Calvaire et Vinyan, et en attendant Alléluia, Fabrice du Welz nous livre avec Colt 45 un thriller policier français classique mais très efficace. Il nous propose de suivre Vincent (Ymanol Perset, étonnant de justesse), jeune policier expert en tir mais refusant d'aller sur le terrain, préférant conserver son poste d'armurier. Mais la rencontre avec Milo Cardena (Joeystarr, dans son registre habituel) va tout faire basculer.


A partir d'une histoire assez simple, du Welz va nous livrer un thriller nerveux, rythmé par les doutes et les erreurs de son jeune personnage principal, mais aussi par les rivalités entre les différentes polices et les diverses manipulations dont sera victime Vincent. Rien de bien nouveau donc, mais cela n'empêche pas le film d'être très efficace, notamment grâce à un rythme soutenu et quelques scènes d'action intenses à défaut d'être toujours lisibles.

Autre petit bémol, un scénario qui n'évite pas toujours les (grosses) ficelles et ne réserve que peu de surprises, mais livre finalement exactement ce qu'il promettait, jusqu'à un final attendu versant dans le vigilante violent et jouissif sans pour autant justifier les actions du personnage, les contrebalançant même avec une révélation finale empreinte de cynisme.

Rien de nouveau donc avec ce Colt 45, bien plus classique que les oeuvres précédentes de Fabrice du Welz, mais un thriller policier efficace avec sa dose d'action, son enquête rondement menée et ses personnages marquants : c'est finalement tout ce qu'on demandait à ce film, qui remplit donc parfaitement ses promesses malgré quelques maladresses.

Note : 7/10


lundi 8 septembre 2014

Lucy


Titre : Lucy
Réalisateur : Luc Besson
Acteurs : Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Choi Min Sik
Date de sortie en France : 6 août 2014
Genre : action, fantastique

Synopsis : 
A la suite de circonstances indépendantes de sa volonté, une jeune femme voit ses capacités intellectuelles se développer à l’infini. Elle « colonise » son cerveau, et acquiert des pouvoirs illimités.

Avis : 
Depuis quelques années, cela semblait n'être qu'une question de temps. Avec Lucy, c'est enfin chose faite : les réalisations de Luc Besson (Malavita, Léon) ont enfin rattrapé en médiocrité les pires de ses productions. En résumé, c'est très moche, c'est très con, et ça embarque dans sa chute des acteurs talentueux dans un film d'action qui semble tout droit sorti des pires productions vidéo de ces dernières années.


Pourtant, le point de départ était intéressant : alors qu'on n'utilise en moyenne que 10% de nos capacités mentales (beaucoup moins pour suivre le film, et sans doute encore mois pour l'écrire et le réaliser, sans doute), une jeune femme va peu à peu parvenir à exploiter l'intégralité de son potentiel, devenant ainsi un être omniscient et omnipotent. Cette femme, c'est Lucy (interprétée par une Scarlett Johansson bien loin de ses excellents rôles de ces derniers mois dans Her ou Under the skin).

Oui, Lucy, comme le célèbre australopithèque (qu'elle rencontrera d'ailleurs en fin de film, reproduisant pour l'occasion une image du plafond de la Chapelle Sixtine dans un symbolisme de pacotille qui vous fera certainement beaucoup rire). Et Lucy, quand son cerveau se développe, elle ne devient pas plus intelligente. Non : elle devient juste capable de jouer avec des appareils électroniques, de contrôler un peu tout ce qui lui passe sous le nez et de conduire à toute vitesse dans Paris en massacrant des dizaines de civils innocents. Cela donne des passages très drôles, où l'absence de direction d'acteurs de Besson bat des records ("hé Scarlett, tu as vu Le Cinquième élément ? ben joue exactement comme Milla Jovovich !") et où les fautes de goût s'enchaînent à un rythme soutenu.

Avec un synopsis rappelant le déjà très moyen Transcendance, Luc Besson nous livre donc un très mauvais film d'action, transpirant l'idiotie et l'incompétence à tous les niveaux, et rarement divertissant. On se demandera d'ailleurs ce que sont venus faire Morgan Freeman, Choi Min Sik (Old boy, J'ai rencontré le Diable) et Pilou Asbæk (R, Hijacking) dans cette galère dont ils auront certainement honte...

Note : 2/10


mercredi 3 septembre 2014

Enemy


Titre : Enemy
Réalisateur : Denis Villeneuve
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Sarah Gadon
Date de sortie en France : 27 août 2014
Genre : thriller, drame

Synopsis : 
Adam, un professeur divorcé, mène une vie tranquille avec sa fiancée Mary. Il découvre son double parfait en la personne d'Anthony, un acteur qui habite avec son ex-femme, près de chez lui. Adam commence à observer son double, avec l'intention de maintenir une certaine distance, mais très vite la vie des deux couples s'entremêle, au point de les précipiter dans une lutte à l'issue tragique, dans laquelle seul l'un des deux couples survivra...

Avis : 
Enemy est l'adaptation par Denis Villeneuve (à qui l'on doit notamment Prisoners, réalisé après mais sorti au cinéma avant Enemy) du roman L'Autre comme moi de José Saramago. Il met en scène Jake Gyllenhaal dans un double rôle principal, une double identité derrière laquelle se cache une réalité que nous découvrirons pendant le film.


Enfin, quand je dis "pendant le film", le spectateur un minimum attentif aura tout découvert au bout de 20 minutes. Comme pour Prisoners, Denis Villeneuve insiste tellement sur ses indices qu'il est compliqué de ne pas les remarquer : il suffira d'écouter le premier monologue de Jake Gyllenhaal pour se faire une idée de l'intrigue, et le reste du film ne fera que décliner ces pistes pendant une heure. Et comme si cela ne suffisait pas, le réalisateur canadien va en plus nous offrir une symbolique assez lourde à base de miroirs, d'araignées et de clés.

Heureusement, il reste le talent de Jake Gyllenhaal, très convaincant dans ces deux rôles, permettant au film de garder un réel intérêt alors même que le mystère a disparu. On se plaît presque à reconstituer un puzzle trop simple juste parce qu'on s'intéresse vraiment à l'acteur. Il faut avouer également que la réalisation de Villeneuve compense en partie la faiblesse de son scénario, même si l'omniprésente teinte jaune participe à la lourdeur symbolique de l'ensemble.

Pas désagréable, Enemy n'échappe cependant pas à une forte impression de déjà-vu, développant sans grande imagination le thème du double à grands renforts d'indices traînant partout et de symboles trop évidents. Dommage, car le sujet était intriguant...

Note : 6/10


lundi 1 septembre 2014

Le Voyeur


Titre : Le Voyeur (Peeping Tom)
Réalisateur : Michael Powell
Acteurs : Karlheinz Böhm, Anna Massey, Moira Shearer
Date de sortie en France : 21 septembre 1960
Genre : thriller

Synopsis : 
Mark Lewis est un jeune homme mystérieux, perturbé par une enfance difficile avec un père scientifique qui traquait ses moindres angoisses. Il est aujourd'hui cameraman et, une fois la nuit tombée, traque des jeunes femmes afin de capturer l'expression de la peur sur le visage alors qu'il s'apprête à les tuer.

Avis : 
Sorti la même année que Psychose mais bien moins connu, Le Voyeur est souvent perçu, à l'instar du film d'Hitchcock, comme l'un des précurseurs du film de serial killer. On retrouve d'ailleurs quelques points communs entre les deux films, notamment dans la personnalité du tueur, jeune homme réservé et à l'aspect innocent rongé par une maladie psychiatrique. Mark Lewis souffre ainsi de scopophilie, d'un "besoin de regarder" qui le pousse à filmer tout ce qu'il peut, mais est également obsédé par la peur à la suite d'une enfance traumatisante.


Annonçant déjà les sous-genres du snuff-movie ou du found-footage, le film nous montre ainsi les crimes du point de vue de la caméra tenue par le tueur. Les scènes de meurtres font également penser aux futurs giallos ou aux films de Brian De Palma, avec une esthétique très soignée, jouant sur les ombres et sur les couleurs, sur les plans rapprochés, donnant des passages aussi réussis visuellement qu'intenses psychologiquement, avec une véritable tension s'insinuant peu à peu.

Chaque passage dans l'appartement de Mark Lewis devient ainsi un moment très particulier, que le tueur y regarde de vieux films de son père ou y retrouve un voisin. Le film doit beaucoup à son acteur principal, Karlheinz Böhm, capable de passer en un regard du jeune voisin innocent à un psychopathe en puissance. Les raisons de son état psychologique nous sont par ailleurs dévoilées petit à petit, jusqu'à un final étonnant et assez malsain.

C'est d'ailleurs ce côté malsain qui sera reproché au film, entraînant son retrait des cinémas à l'époque de sa sortie et expliquant en partie son relatif anonymat et précipitant la fin de la carrière de Michael Powell. Le Voyeur est donc un film à redécouvrir, un thriller très réussi au scénario intelligent, bénéficiant d'une réalisation et d'une interprétation de qualité et annonçant tout un pan du cinéma horrifique.

Note : 8/10