Titre : Grigris
Réalisateur : Mahamat Saleh Haroun
Acteurs : Souleymane Démé, Anaïs Monory, Cyril Gueï
Date de sortie en France : 10 juillet 2013
Genre : drame
Synopsis :
Alors que sa jambe paralysée devrait l'exclure de tout, Grigris, 25 ans,
se rêve en danseur. Un défi. Mais son rêve se brise lorsque son oncle
tombe gravement malade. Pour le sauver, il décide de travailler pour des
trafiquants d'essence…
Avis :
Grigris est un étrange personnage : malgré une jambe handicapée, il gagne sa vie en dansant dans un club de N'Djamena. Ses démonstrations sont l'occasion d'un spectacle fascinant, aussi beau que déstabilisant, la sensualité du jeune étant sans cesse contrebalancée par les mouvements particuliers de sa jambe. En dehors de ce travail, il aide son oncle dans sa boutique de tailleur-photographe, où il rencontrera Mimi, très belle jeune femme qui souhaite devenir mannequin.
Sur le fond, l'histoire de Grigris est assez classique : le jeune homme gentil et naïf contraint de contourner la loi pour gagner de l'argent, l'histoire d'amour naissante avec une jeune femme aussi marginale que lui, la confrontation avec la violence du milieu des trafiquants. On pourrait citer de nombreux films noirs et de mafia hollywoodiens évoquant les mêmes thèmes. Pourtant, avec son environnement particulier, nous plongeant au coeur du Tchad, et sa volonté de ne pas céder aux poncifs du genre, Grigris va subtilement s'en démarquer et nous proposer un autre cinéma.
Mahamat Saleh Haroun ne nous permet ainsi jamais de vraiment nous attacher au personnage principal. S'il est assez naïf et plein de bonne volonté, il n'oublie pas de mentir et de voler afin de parvenir à ses fins, et est très souvent présenté comme irresponsable, capable d'attirer le malheur sur son entourage. Même son physique si particulier, constamment mis en évidence, nous fait osciller entre une certaine pitié et une certaine gène. Finalement, c'est lors du dernier acte, quand le couple revient à une vie simple, qu'ils deviennent enfin complètement humains et intégrés, leurs différences semblant miraculeusement disparaître.
Il faudra certes supporter un rythme assez lent, malgré quelques passages intenses, et quelques acteurs peu inspirés, mais ce Grigris reste un très joli film, qui oscille, à l'image de son héros, entre le beau et le bancal, le généreux et le maladroit. Un héros magnifique et pathétique à la fois, qui permet au film de dépasser son synopsis classique.
Note : 7,5/10
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