jeudi 23 décembre 2021

Scream

 
Titre : Scream
Réalisateur : Wes Craven
Acteurs : Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette
Date de sortie en France : 16 juillet 1997
Genre : horreur, slasher

Synopsis : 
Casey Becker, une belle adolescente, est seule dans la maison familiale. Elle s'apprête à regarder un film d'horreur, mais le téléphone sonne. Au bout du fil, un serial killer la malmène, et la force à jouer à un jeu terrible : si elle répond mal à ses questions portant sur les films d'horreur, celui-ci tuera son copain...
 
Avis : 
Une sonnerie de téléphone. Une mauvaise réponse. Un hurlement dans la nuit. Et l'une des introductions les plus emblématiques du cinéma d'horreur. Lorsqu'il sort dans la seconde moitié des années 1990, Scream va venir redynamiser un genre alors agonisant : le slasher, popularisé par des sagas telles que Vendredi 13 ou Halloween, et peu à peu enterré par les suites et dérivés foireux. Le succès est immédiat, engendrera à son tour des suites moyennes et des copies aussi ratées qu'opportunistes, et marquera durablement le cinéma d'horreur. Mais, 25 ans plus tard, alors qu'un cinquième volet point le bout de son nez, que reste-t-il du film de Wes Craven ?

 
 Tout simplement un putain de bon film. Aussi ancré dans son époque (les personnages principaux sont incarnés par des acteurs surtout connus pour leurs rôles dans des sitcoms) que respectueux de son passé (Kevin Williamson va brillamment jouer avec les codes, les tourner en dérision, avec un vrai sens de l'à-propos), le film se savoure autant pour lui-même que pour cette espèce de connivence qui s'installe entre le spectateur et le réalisateur. Oui, on perçoit bien les clins d'oeil, on est parfaitement conscients des codes, on regarde même un slasher où le personnage regarde un slasher. 

Tout y est extrêmement maîtrisé, des références plus ou moins subtiles à Psychose (le nom d'un personnage, le fait de sacrifier très vite l'actrice la plus connue du casting), Halloween, Vendredi 13, Les Griffes de la nuit (notamment avec un caméo de Craven lui-même, ou une petite pique sur le reste de la saga), Le Bal de l'horreur, L'Exorciste ou encore Terreur sur la ligne au suspense qui fonctionne toujours aussi bien, même lorsque l'on connaît l'identité du tueur. Quitte à s'autoriser quelques libertés avec les raccords ou le plausible. L'équilibre est parfait, et ne sera d'ailleurs jamais approché de nouveau par la saga. 

Scream marque ainsi la renaissance du slasher movie, pour le meilleur et surtout pour le pire. Et de Wes Craven. Il va également redynamiser l'ensemble du cinéma d'horreur, et faire naître deux icônes : Ghostface, qui s'est rapidement élevé au rang des boogeymen les plus reconnaissables du genre, et Sidney Prescott, interprétée par Neve Campbell qui va côtoyer les Jamie Lee Curtis chez les scream-queens et Sigourney Weaver chez les femmes fortes. Un classique, tout simplement. 



dimanche 19 décembre 2021

M.A.L. : Mutant Aquatique en Liberté

 

Titre : M.A.L. : Mutant Aquatique en Liberté (DeepStar Six)
Réalisateur : Sean S. Cunningham
Acteurs : Greg Evigan, Nancy Everhard, Miguel Ferrer
Date de sortie en France : 31 mai 1989
Genre : horreur, science-fiction

Synopsis : 
L'équipage d'une plate-forme nucléaire aquatique expérimentale est menacé par une créature sous-marine inconnue. 
 
Avis : 
Malgré sa réputation de série B très moyenne, voire de nanar, je dois bien avouer que ce Mutant Aquatique en Liberté (les mystères insondables de certains titres VF...) m'a toujours intrigué, mais je n'avais jamais eu l'occasion de le voir. C'est enfin chose faite, et je dois avouer avoir été très agréablement surpris de me retrouver devant un film très sympathique malgré ses nombreux défauts. 


Réalisé par Sean S. Cunningham (Vendredi 13), M.A.L. nous propose de plonger dans les abysses quelques mois avant Abyss ou Leviathan, et nous offre une déclinaison évidente de Alien, le huitième passager, avec son huis-clos perturbé par une menace extérieure. Une menace qui se contentera longtemps d'agir hors-champ, attaquant les sous-marins et occasionnant de nombreux dommages à la base sous-marine, donnant à ce DeepStar Six de longues séquences plus proches du film catastrophe que du film d'épouvante. 

Mais on ne s'ennuie pas, malgré des péripéties assez banales, sans doute parce qu'on s'attache assez à ces personnages pourtant très archétypaux. On appréciera d'ailleurs la présence du regretté Miguel Ferrer (Twin Peaks, RoboCop, La Nurse) dans un rôle finalement assez crédible, qui éclipse assez facilement le reste du casting. Mention spéciale également aux effets spéciaux qui, s'ils ont immanquablement vieilli, gardent un certain charme et une certaine efficacité, notamment en ce qui concerne la créature, qu'il est presque dommage de ne pas voir davantage tant elle est réussie. 

Bref, une petite série B sympathique et sans prétention, qui ne prétend clairement pas révolutionner le genre, et qu'on pourra revoir sans déplaisir !




 

samedi 11 décembre 2021

Last night in Soho

 
 
Titre : Last night in Soho
Réalisateur : Edgar Wright
Acteurs : Anya Taylor-Joy, Thomasin McKenzie, Matt Smith
Date de sortie en France : 27 octobre 2021
Genre : thriller, épouvante

Synopsis : 
Passionnée de mode, Eloise n'hésite pas un instant quand elle doit elle aussi quitter la campagne anglaise pour rejoindre la capitale, là où sa propre mère mit fin à ses jours des années plus tôt. Sur place, la jeune femme est victime d'un phénomène inexplicable, et elle se retrouve soudainement propulsée dans le Londres des années 60. Prise entre rêve et réalité, elle s'adapte vite à ce cadre si glamour et agréable. Sa rencontre avec une étoile montante de la chanson va transformer ses espoirs et cette illusion en véritable cauchemar. Elle se retrouve désormais en face de tous les fantômes de ce passé qui l'a toujours hantée... 
 
Avis : 
 Les Beatles, les Who, les Rolling Stones, Pink Floyd... Mary Quant et la minijupe... les mannequins Twiggy et Jean Shrimpton... Les Swinging Sixties britanniques représentent une décennie de révolution culturelle, d’explosion artistique, une période de liberté et d’insouciance. Une décennie qu’admire Eloise, jeune étudiante en mode qui débarque à Londres avec ses musiques des années 60 dans la valise. Une décennie qu’elle rejoindra rapidement dans ses rêves, comme pour s’évader d’un monde contemporain où elle ne se reconnaît pas. Pour finalement s’apercevoir que, de l’autre côté du miroir, cette période fantasmée connaît également sa part d’ombre. 
 
 
Après un "Baby Driver" que j’avais trouvé anecdotique, Edgar Wright se frotte cette fois à l’horreur et à l’épouvante psychologique avec cette héroïne fragile, plongée dans un univers inconnu et hostile. Le thème n’est certes pas nouveau, et le personnage interprété par Thomasin McKenzie ("Old") est une petite boule de clichés sur pattes : la fille réservée, mais douée, psychologiquement fragile, qui a perdu sa mère plus jeune, qui débarque de sa campagne avec toute l’innocence que ça implique, qui va être confrontée à la grande ville, à ses excès et à des camarades insupportables. Pourtant, le personnage est attachant, et va nous entraîner sans problème dans son sillage, à la rencontre de Sandie. 
 
Sandie a du culot, Sandie est belle, Sandie a du talent. Et surtout, Sandie a vécu pendant les Swinging Sixties, et rêvait d’être la nouvelle vedette du Café de Paris. Difficile de ne pas tomber instantanément amoureux du personnage interprété par Anya "The Witch" Taylor-Joy (décidément faite pour ce type de rôle), et Eloise va rapidement vouloir la rejoindre tous les soirs... dans ses rêves. Eloise s’inspire de Sandie, se coiffe comme elle, s’habille comme elle, reproduit sa tenue dans son cours dans son cours de mode.Peu à peu, les frontières entre rêve et réalité s’estompent, notamment grâce au jeu permanent d’Edgar Wright sur les lumières et les reflets. 
 
 
Les éléments des rêves surgissent peu à peu dans la réalité, menaçant la santé mentale d’Eloise. Wright prend son temps pour faire basculer son film. Pendant une longue première partie, il nous vend du rêve et de l’espoir, reproduit l’ambiance des 60s avec brio, nous épuisant presque dans l'euphorie d'une danse et d'un rythme intense, n’y intégrant quelques bizarreries qu’avec parcimonie et avec le sens de la référence que le caractérise. Difficile de ne pas penser à Mario Bava ou à Dario Argento sur certains jeux de lumière, ou lorsque Eloise prend le taxi en direction de son école d’arts. Et quand le film embrasse enfin pleinement son côté obscur, c’est après une incroyable reprise de "Downtown" par Anya Taylor-Joy, qui efface définitivement la frontière entre réalité, rêve... et cauchemar. 
 
On ne s’y attend ainsi presque plus lorsque Last night in Soho plonge dans l’épouvante. Pourtant, plus que de la véritable peur, c’est du malaise qu’il fait naître chez le spectateur. Là encore, le thème de la starlette trompée n’est pas neuf, mais la descente aux enfers est terrible, et le faciès si particulier de Matt Smith ("Lost River", le onzième "Doctor Who") renforce encore ce malaise, tout comme ces spectres aux visages flous qui assaillent de plus en plus Eloise. Si la première partie nous étouffait presque par ses lumières, la seconde lui répond parfaitement en nous maintenant en permanence sous pression. Seul petit regret : un final qui s'étire un peu en longueurs, notamment à cause de ficelles scénaristiques trop grosses et d'une tendance à trop expliquer ce que le spectateur avait déjà compris. 

Le dernier Edgar Wright ne ressemble finalement pas vraiment à ses précédentes oeuvres, exception faite de l'importance de la musique dans le film et pour le personnage principal, et de son goût pour les classiques. Le réalisateur britannique signe ici l'un des meilleurs films de l'année, aussi envoutant qu'inquiétant, et peut-être son film le plus abouti. Et n'oubliez pas : Things will be great when you're Downtown, No finer place for sure Downtown... everything's waiting for you... 
 
 

dimanche 5 décembre 2021

Halloween kills

 

Titre : Halloween kills
Réalisateur : David Gordon Green
Acteurs : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak
Date de sortie en France : 20 octobre 2021
Genre : horreur, slasher
 
Synopsis : 
 Laurie Strode, sa fille Karen et sa petite fille Allyson viennent d’abandonner le monstre au célèbre masque, enfermé dans le sous-sol de la maison dévorée par les flammes. Grièvement blessée, Laurie est transportée en urgence à l’Hôpital, avec la certitude qu’elle vient enfin de se débarrasser de celui qui la harcèle depuis toujours. Mais Michael Myers parvient à s’extirper du piège où Laurie l’avait enfermé et son bain de sang rituel recommence. Surmontant sa douleur pour se préparer à l’affronter encore une fois, elle va inspirer la ville entière qui décide de l’imiter et de se soulever pour exterminer ce fléau indestructible. Les trois générations de femmes vont s’associer à une poignée de survivants du premier massacre, et prennent les choses en main en formant une milice organisée autour de la chasse et la destruction du monstre une fois pour toutes. Le mal meurt cette nuit. 
 
Avis : 
 Second volet de la nouvelle trilogie consacrée à Michael Myers et Laurie Strode, Halloween kills démarre là où Halloween finissait : les femmes de la famille Strode ont piégé le tueur et ont incendié la maison, le laissant pour mort. Mais, évidemment, on ne tue pas le croquemitaine aussi facilement. 


Avec ce deuxième volet, David Gordon Green continue à imposer sa version du boogeyman, remplaçant largement celle de Carpenter. Michael Myers n’est plus The Shape, ne se cache plus dans l’ombre pour attaquer par surprise sa victime. Dans la lignée du film précédent, Myers est un bourrin à la Jason Voorhees, massacrant des remorques de personnages apparus 30 secondes plus tôt, jusqu’à se débarrasser tranquillement d’une dizaine d’adversaires tout en résistant à leurs assauts. J’imagine que chacun appréciera différemment ce changement radical dans le comportement du tueur, qui m’a laissé un peu perplexe alors que j’avais plutôt bien aimé la brutalité du précédent volet.

Un autre élément qui m’a laissé un goût incertain est cette volonté de relier ce film à celui de 1978. D’un côté, il y a la formidable idée des séquelles psychologiques laissées sur les survivants, de contamination de la ville par le Mal, la transmission de la peur du croquemitaine, et ce regroupement en milice pour enfin affronter et se venger de Myers… avec toutes les démesures et les dérives que cela entraîne. De l’autre, il y a ce sentiment que certains acteurs ne reviennent 40 ans plus tard que pour faire monter le nombre de victimes ou pour appuyer un hommage déjà très présent.

Bref, on se retrouve devant un film qui ne sait pas s’il doit respecter son aîné, ou au contraire s’en émanciper totalement. Pour éviter de choisir, le film choisit la surenchère, jusqu’à faire de son croquemitaine une espèce de monstre invincible au comportement sans queue ni tête (on ne sait pas trop pourquoi il s’acharne sur certaines victimes, mais pas sur d’autres, pourquoi il met en scène certains meurtres, mais pas d’autres, pourquoi il se laisse arrêter alors qu’il est capable de dégommer tranquillement une douzaine d’adversaires…). On a surtout l’impression que personne ne sait vraiment, en fait...