dimanche 31 décembre 2023

Horror in the high desert 2 : Minerva

 
Titre : Horror in the high desert 2 : Minerva
Réalisateur : Dutch Marich
Acteurs : Solveig Helene, Laurie Felix Bass, Suziey Block, Brooke Bradshaw, Marco Antonio Parra
Date de sortie en France : 2023 (VOD)
Genre : found footage
 
Synopsis : 
En 2018, plusieurs tragédies se déroulent dans le désert du nord-est du Nevada. Une femme est retrouvée morte et une autre disparaît sur le même tronçon d'une autoroute isolée. Ces événements pourraient-ils être liés à la tristement célèbre disparition, en 2017, du randonneur Gary Hinge ?

Avis : 
 Le final de Horror in the high desert annonçait une suite, dans laquelle les internautes tentaient de retrouver les lieux où avait disparu Gary Hinge. Pourtant, avec Horror in the high desert 2 : Minerva, Dutch Marich va s'éloigner de cette idée pour enrichir un peu son univers, avec deux autres affaires de disparitions mystérieuses dans le Nord-Est du Nevada. 
 

Il va en revanche reprendre le même procédé que pour le premier volet, avec ce faux documentaire composé d'images d'archives, d'interviews et d'images retrouvées, mais en le musclant un peu. Si l'on devait finalement attendre la dernière partie du premier film avant de frissonner, Minerva va se montrer un peu plus généreux en la matière, en disséminant les passages forts dans son film, suivant la logique selon laquelle une suite doit en faire plus. 

Cela va avoir deux conséquences : d'un côté, cela va reprendre le film plus rythmé, avec quelques scènes mémorables (la visite du sous-sol) et des artifices d'angoisse plus tangibles ; de l'autre, cela va empiéter sur la caractérisation des personnages, qui seront bien moins développés que ne l'était Gary Hinge. On n'apprendra finalement pas grand chose de Minerva, et encore moins d'Ameliana. Autant dire que leurs destins respectifs nous toucheront beaucoup moins que celui du randonneur.
 
 
Mais encore une fois, la dernière partie va réussir à faire monter la tension, grâce à un travail formidable sur le son et l'image. Plus encore que pour le final du 1er volet, Dutch Marich joue sur l'invisible, sur les ombres, sur ce que l'on entend, sur ce que l'on croit avoir vu, et sur le sentiment de vulnérabilité totale du personnage tenant la caméra, qui ne voit à aucun moment ce que nous pensons avoir aperçu. Une vraie réussite à ce niveau là, encore une fois. 

On reste ainsi en terrain connu avec Horror in the high desert 2 : Minerva, qui reprend les ingrédients de son aîné, tout en le dopant légèrement. J'ai préféré le premier film, m'impliquant davantage dans l'histoire de son personnage, mais j'ai tout de même apprécié le sentiment constant de mystère autour du film, malgré des héroïnes dont je me foutais un peu. A voir cependant si le réalisateur ne se caricature pas par la suite : la saga semble devoir s'étirer sur 5 épisodes, et le final de ce deuxième volet semble annoncer, une nouvelle fois, des révélations sur l'étrange personnage croisé à la fin de Horror in the high desert
 
 



vendredi 29 décembre 2023

Horror in the high desert


Titre : Horror in the high desert
Réalisateur : Dutch Marich
Acteurs : Eric Mencis, Tonya Williams-Ogden, Errol Porter, David Morales, Suziey Block
Genre : found footage
Date de sortie en France : 15 février 2023 (VOD)
 
Synopsis : 
En juillet 2017, un randonneur expérimenté disparait dans le nord du Nevada. Après une recherche approfondie, il n'a jamais été localisé. À l'occasion du troisième anniversaire de sa disparition, des amis et proches se souviennent des événements et, pour la première fois, parlent de l'horrible conclusion de son destin.
 
Avis : 
Si l'univers du found footage regorge de navets fauchés et sans imagination, on tombe parfois grâce au bouche-à-oreilles sur des films plus efficaces et plus réussis. C'est le cas avec Horror in the high desert qui, malgré un budget que l'on devine rachitique, va jouer avec brio la carte du faux documentaire. 
 
 
Le film de Dutch Marich nous raconte ainsi l'histoire de Gary Hinges, jeune randonneur disparu dans des circonstances troublantes. Extraits de reportages télévisés, interviews des proches de la victimes et de détectives, contextualisation par une journaliste : Horror in the high desert joue la carte du réalisme, et y parvient plutôt bien. Les codes classiques de ce genre de reportage sont parfaitement repris (les noms des intervenants apparaissent, des bandeaux résument la situation), jusqu'à la promesse d'un dénouement mystérieux, et je dois bien avouer que ça fonctionne assez bien pour moi. Sans aller jusqu'à dire que j'ai fini par croire à un fait divers authentique, j'ai été pris par cette ambiance de documentaire et par l'histoire. Evidemment, cela ne pourra pas être le cas pour tout le monde, et je conçois totalement que l'on puisse rester totalement hermétique au concept... et donc de s'ennuyer à mourir. 

Car il ne se passe finalement pas grand chose dans Horror in the high desert, et c'est aussi ce qui peut faire sa force : l'enquête est finalement assez linéaire, la police n'a pas grand chose à se mettre sous la dent, et le seul élément "important" est la découverte du véhicule de Gary, déplacé par une personne dont les empreintes ne correspondent pas à celles du jeune homme. Là encore, cette absence de sensationnel renforce la crédibilité de l'ensemble, mais laissera de côté une partie du public... jusqu'à la découverte de l'ultime vidéo.
 

Car le disparu animait un blog sur internet en donnant des conseils sur la survie en pleine nature. On y apprend notamment qu'il avait découvert une étrange cabane dans les bois, et y avait ressenti quelque chose de maléfique avant de prendre la fuite. Harcelé par son public, qui remettait en cause son histoire, il a finalement décidé de retourner sur les lieux pour leur prouver ses dires... et n'en reviendra jamais. La dernière partie, consacrée au retour vers cette cabane, en pleine nuit, est d'une incroyable efficacité. On reprend ici les codes classiques du found footage, avec cette caméra portée, ces mouvements brusques, mais le jeu sur le son et les lumières est assez remarquables, nous laissant constamment tenter de deviner (ou d'imaginer) des formes dans la nuit. Un véritable moment de tension, qui peut évoquer la dernière partie du Projet Blair Witch, par exemple. 

A l'image du sympathique Lake Mungo, Horror in the high desert prend donc son temps pour développer son histoire, cherchant à donner vie au personnage de Gary Hinges et à nous impliquer émotionnellement pour rendre ce fait divers crédible. Cela fonctionnera selon la sensibilité de chacun, et a plutôt bien marché avec moi, jusqu'à la cerise sur le gâteau avec ce dénouement formidable. En ce qui me concerne, une bonne pioche dans l'univers peuplé de navets du found footage.



dimanche 10 décembre 2023

Godzilla Minus One

 
 
Titre : Godzilla Minus One
Réalisateur : Takashi Yamazaki
Acteurs : Ryūnosuke Kamiki, Minami Hamabe, Yuki Yamada, Munetaka Aoki, Hidetaka Yoshioka, Sakura Andō, Kuranosuke Sasaki
Date de sortie en France : 7 décembre 2023
Genre : kaiju eiga

Synopsis : 
Le Japon se remet à grand peine de la Seconde Guerre mondiale qu’un péril gigantesque émerge au large de Tokyo. Koichi, un kamikaze déserteur traumatisé par sa première confrontation avec Godzilla, voit là l’occasion de racheter sa conduite pendant la guerre. 
 
Avis : 
1954 - 2024. Pour fêter ses 70 ans, Godzilla revient enfin au bercail, 7 ans après le formidable Shin Godzilla. Entre temps, le Roi des Monstres a été à l'affiche d'une soporifique trilogie (Godzilla : La Planète des monstres, Godzilla : la Ville à l'aube du combat et Godzilla : le dévoreur de planètes),  et d'une série animée diffusées sur Netflix (Godzilla : l'origine de l'invasion), et surtout d'un massacre en règle dans le triste MonsterVerse avec les tristes suites du Godzilla de Gareth Edwards : Godzilla II : Roi des Monstres et Godzilla vs Kong. Hasard (ou non) du calendrier, la "sortie" au cinéma de Godzilla Minus One en France coïncide avec l'arrivée de la bande-annonce du futur Godzilla X Kong : le Nouvel Empire qui n'annonce rien de bon. 
 
 
Bref, il était temps que le véritable Godzilla revienne mettre les pendules à l'heure et l'église au centre du village. Pour cet anniversaire, la Toho choisit une nouvelle fois de confier son bébé à un réalisateur confirmé, à la vision singulière. Après Ryuhei Kitamura et son complètement fou Godzilla : Final Wars, après Hideaki Anno et Shinji Higuchi pour l'exceptionnel Shin Godzilla, c'est Takashi Yamazaki qui se retrouve aux manettes, un réalisateur reconnu comme expert en effets spéciaux numériques, mais qui s'est aussi parfois retrouvé au coeur de polémiques en raison des sous-textes ambigus de certains de ses films, dont Kamikaze, le dernier assaut
 
Il sera justement question d'un kamikaze dans ce Godzilla Minus One, qui se déroule au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, dans un Japon portant encore les stigmates, tant matérielles que psychologiques, de la défaite et des bombardements atomiques. Si le pays pensait avoir atteint le fond, l'attaque de Godzilla va encore empirer la situation, et l'amener plus bas que terre. Au niveau -1, d'où le titre du film. Et si cette attaque permettait aux japonais de tourner la page pour faire front face à cette nouvelle catastrophe ?
 

Shin Godzilla nous perdait dans les méandres et la froideur d'une administration incapable d'agir ou de réagir face à la menace du monstre. Minus One en prend le parfait opposé en nous faisant suivre un héros clairement identifié, et sa quête de rédemption. Yamazaki va ainsi prendre le temps de développer ses personnages, de les rendre crédibles et attachants, et décupler par la même occasion l'impact des attaques de Godzilla. 
 
Car le monstre nous offre quelques séquences incroyables, s'inspirant de pas mal de ses aînés (une séquence signature de Godzilla par-ci, une origine calquée sur celle de Godzilla vs King Ghidorah par-là) et d'autres classiques du cinéma (Les Dents de la mer, pour le plus évident). La première attaque offre quelques images assez inédites dans la saga, et la séquence de destruction de Ginza m'a scotché sur mon siège tant elle était impressionnante... voire même terrifiante. Une terreur que l'on retrouve dans Godzilla lui-même, le monstre se révélant particulièrement menaçant et colérique,  bénéficiant de plus d'une capacité de régénération donnant quelques images cauchemardesques rappelant parfois le GMK de Kaneko. Que dire enfin de son souffle atomique, qui retrouve un impact destructeur total ? On saluera d'ailleurs la qualité des effets spéciaux, souvent impressionnants, pour un film dont le budget n'avoisine pourtant "que" les 15 millions de dollars. 


Bref, ce Godzilla Minus One est l'un des tous meilleurs films de l'année, et l'un des tous meilleurs films de la saga. Un film profondément humaniste, qui exploite à merveille le cadre du Japon d'après-guerre, évoquant sans jamais les nommer directement les traumatismes d'Hiroshima et Nagasaki (la simple image d'un compteur Geiger analysant un vélo d'enfant suffit à faire le parallèle), évacuant de façon uchronique l'occupation américaine ("trop occupée avec les soviétiques") et imaginant le peuple japonais contraint de s'organiser sans cadre institutionnel défini. Un film incroyablement spectaculaire, avec quelques unes des scènes de destruction les plus réussies depuis 70 ans, pour un anniversaire presque parfait, si l'on fait abstraction des 3 dernières minutes... et de la fête franchement gâchée en France.

On ne pourra ainsi que regretter la distribution famélique du film en France, avec deux uniques dates dans quelques cinémas Pathé, au tarif prohibitif de la 4DX, et quelques diffusions événementielles comme au PIFFF (à 0h20 en semaine...) ou au Festival du cinéma japonais contemporain. Un crève-coeur pour un film qui ne se savourera pleinement qu'avec un écran et une installation sonore de qualité, ne serait-ce que pour profiter du rugissement du monstre ou de la superbe musique du film. 



dimanche 5 novembre 2023

L'Exorciste - Dévotion

 
 
Titre : L'Exorciste - Dévotion (The Exorcist - Believer)
Réalisateur : David Gordon Green
Acteurs : Leslie Odom Jr, Ellen Burstyn, Ann Dowd
Date de sortie en France : 11 octobre 2023
Genre : horreur

Synopsis : 
Depuis que sa femme, enceinte, a perdu la vie au cours d’un séisme en Haïti douze ans plus tôt, Victor Fielding élève, seul, leur fille Angela. Un jour, Angela et son amie Katherine disparaissent dans les bois avant de refaire surface 72 heures plus tard sans le moindre souvenir de ce qui leur est arrivé... Dès lors, d’étranges événements s’enchaînent et Victor doit affronter de redoutables forces maléfiques. Désespéré et terrorisé, il sollicite la seule personne encore en vie qui ait jamais été témoin de pareils phénomènes: Chris MacNeil. 
 
Avis : 
Parmi les grands noms du cinéma d'horreur, L'Exorciste de William Friedkin bénéficie d'une place bien particulière. Souvent cité parmi les films les plus terrifiants, notamment grâce aux anecdotes entourant sa sortie en salles, il a, à l'image des Dents de la mer de Spielberg, dynamité un sous-genre du fantastique et été copié à d'innombrables occasions, sans jamais être égalé. Mieux encore, il a éclipsé toutes ses suites, de qualités certes variables, et on oublie souvent qu'il est le premier film d'une franchise composée de 6 films et d'une série télévisée, auxquels se sont frottés des réalisateurs tels que John Boorman (L'Exorciste 2 : l'hérétique), William Peter Blatty (L'Exorciste, la suite), Paul Schrader (Dominion : prequel to the exorcist) ou encore Renny Harlin (L'Exorciste : au commencement). Mieux encore, tout comme le film de Spielberg, L'Exorciste dispose d'une aura telle qu'il semble toujours impossible d'en proposer un remake. Autant dire que voir David Gordon Green débarquer sur la saga après avoir sauvagement violé Halloween, pour une nouvelle production Blumhouse laissait franchement perplexe. 
 

 
Il va d'ailleurs reprendre une recette similaire à celle de son Halloween, en proposant une suite directe au film originel, oubliant tout ce qui a été fait depuis, et en convoquant quelques illustres figures : Jamie Lee Curtis était revenue pour affronter Myers, Ellen Burstyn vient participer à la lutte contre le démon. Le premier problème, c'est que DGG n'a finalement que ça à proposer au spectateur : un titre d'une renommée qui le dépasse, et un personnage dont il ne sait pas quoi faire. Alors, pour compenser, il va se retrancher derrière ce que propose environ 99% du cinéma fantastique américain contemporain : il va essayer de doper son film pour n'offrir aucun temps mort, dans l'espoir que cette frénésie permette de faire oublier un scénario sans imagination, une absence totale de progression et de frisson, le tout en laissant la porte ouverte aux inévitables suites de ce qui est déjà prévu pour être une trilogie. 

On aurait pourtant pu croire que la possibilité d'étaler le scénario sur trois films permettrait d'étoffer l'histoire, d'approfondir les personnages, d'installer progressivement les enjeux. Il n'en sera rien. Dans L'Exorciste Dévotion, tout va très vite, trop vite. En quelques minutes, quand les parents retrouvent leurs filles après 3 jours d'absence, les personnages ont la certitude qu'elles sont possédées. Nous sommes loin de la progression remarquable du film de Friedkin, qui jonglait habilement entre l'explication médicale et l'explication surnaturelle, et réussissait ainsi à installer insidieusement l'angoisse chez le spectateur. Ici, aucune hésitation : les gamines sont possédées, et se mettent presque immédiatement à agir comme telles, en faisant joujou avec les lumières ou en gueulant des insanités dans une église, dans une scène particulièrement gênante alors qu'elle avait un fort potentiel. Résultat : on n'a pas peur pour les filles, et on ne s'identifie à personne. On attend juste impatiemment l'inévitable scène d'exorcisme pour enfin nous libérer de tout ça. 

Hélas, même de ce côté là, pas grand chose à sauver. Dommage, car l'idée de mêler plusieurs courants spirituels était prometteuse et pouvait offrir des passages originaux, mais David Gordon Green préfère une nouvelle fois se contenter du strict minimum. Pire encore, le film ne propose pas de conclusion satisfaisante, comme enfermé par son statut un peu bâtard de "premier film d'une future trilogie", destiné à laisser la conclusion ouverte pour la suite, tout en essayant de refermer le chapitre en cas d'échec. 

Bref, sans réelle surprise, cet Exorciste - Dévotion n'arrive ni à la cheville de son aîné, ni à celle de la plupart des plus mauvais film du genre. La combinaison BlumHouse - David Gordon Green a encore frappé, pour une nouvelle oeuvre balisée, sans surprise ni frisson. On espère juste que l'échec du film, tant sur le plan critique que financier, sonne le glas du projet de trilogie...



Sharksploitation

Titre : Sharksploitation
Réalisateur : 
Acteurs : 
Date de sortie en France : 
Genre : documentaire
 
Synopsis : 
Depuis quelques années, le genre du shark movie est particulièrement prolifique : entre les innombrables films à petit budget, les séries B efficaces, les pastiches et même les blockbusters, les requins sont partout sur nos écrans... Mais d'où vient le succès de ce genre si spécifique ? C'est la question à laquelle tente de répondre Sharksploitation
 
Avis : 
Le documentaire de Stephen Scarlata va ainsi remonter aux premières apparitions des requins au cinéma : ainsi, bien avant Les Dents de la mer, les requins apparaissent dans de nombreux films d'aventures, dès le début du vingtième siècle, où ils ne sont pas forcément perçus comme une menace mais parfois comme des entités divines et protectrices. Ce n'est qu'avec quelques faits divers que l'animal commence à être perçu comme un danger, et apparaît peu à peu comme antagoniste, notamment dans des films tels que Caine (qui sera renommé Shark ! après le décès d'un cascadeur pendant le film suite à un accident avec un requin) ou encore le James Bond Opération tonnerre
 
 
Par la suite, c'est évidemment le film culte de Spielberg qui fera du requin un monstre du cinéma, avec ses suites et ses plagiats, mais c'est surtout l'exploitation en vidéo (Nu Images puis The Asylum) et les chaînes télévisées (SyFy) qui va populariser le genre... et l'emmener vers des concepts toujours plus fous. Requins fantômes, hybrides, volants, se déplaçant sous terre, plus rien ne semble pouvoir arrêter le genre, quitte à se perdre dans une surenchère permanente. 

 Le documentaire nous décrit donc toute cette histoire, avec de nombreux extraits, de formidables anecdotes (la fameuse réplique de Shark Attack 3 Megalodon), en invitant quelques intervenants plus ou mois prestigieux : Roger Corman (She Gods of shark reef, Sharktopus), Joe Dante (Piranha), Joe Alves (Les Dents de la mer 3), Mark Polonia (Sharkula, Jurassic Shark 3 Seavenge, Sharkenstein), Chris Kentis (Open Water - en eaux profondes), Johannes Roberts (47 meters down), Anthony C. Ferrante (Sharknado), Andrew Traucki (The Reef), Mario Van Peebles (USS Indianapolis : men of courage), Misty Talley (Zombie shark, Summer shark attack) et bien d'autres viennent ainsi évoquer leurs oeuvres et leur rapport aux requins. 

Car le film se conclut en rappelant que tout ceci n'est que du cinéma, et que les requins, loin d'être les machines à dévorer de l'humain que l'on croise sur les écrans, sont en danger d'extinction. Un excellent documentaire donc, superbement documenté, qui plaira autant aux connaisseurs, qui en profiteront pour repérer les œuvres qu'ils auront ratées, qu'aux novices qui s'amuseront énormément de l'imagination des producteurs. 


++ : le documentaire a remporté les prix du Jury et du Public au Paris Shark Week 2023.

samedi 4 novembre 2023

Saw X

 
Titre : Saw X
Réalisateur : Kevin Greutert
Acteurs : Tobin Bell, Shawnee Smith, Synnove Macody Lund
Date de sortie en France : 25 octobre 2023
Genre : horreur

Synopsis : 
John Kramer, malade et désespéré, se rend au Mexique afin de subir une opération expérimentale capable de guérir son cancer, mais il découvre que tout ceci n’est qu’une escroquerie visant des malades vulnérables et affligés. Animé d'un nouveau but, le célèbre tueur en série retourne à son œuvre, et va prendre sa revanche sur ces escrocs dans un terrible « jeu » dont il a le secret, à travers des pièges toujours plus machiavéliques et ingénieux les uns que les autres. 

Avis : 
On ne l'attendait pas vraiment, mais il est de retour : Jigsaw, le célèbre tueur au puzzle, revient pour de nouvelles aventures, situées entre les deux premiers épisodes. C'est l'occasion de faire revenir des personnages emblématiques de la série, John Kramer et Amanda Young (ainsi qu'un troisième larron, pour une scène post-générique), ainsi que Kevin Greutert, réalisateurs des épisodes VI et VII
 
 
Sans surprise, ce dixième épisode ne révolutionnera pas la saga, se contentant d'en reprendre les ingrédients principaux : des pièges sadiques, et une histoire rocambolesque aux rebondissements difficilement plausibles. Et il faut bien avouer que, des deux côtés, le film se surpasse : passé le premier piège, qui illustre la plupart des affiches du film et qui est assez peu marquant, Saw X nous offre des épreuves assez coriaces, ponctuant un scénario difficilement crédible. 

La séquence de la scie Gigli est ainsi particulièrement marquante, même si l'on s'étonne forcément de ne pas voir la victime tourner de l'oeil. En revanche, l'épreuve du cerveau est assez grotesque, même si on imagine assez facilement que le scénariste ne doit pas considérer qu'il s'agit d'un organe vital. Le scénario, quant à lui, censé apporter un peu de substance au personnage de Jigsaw (en avait-il besoin ?) en fait un génie débile, capable d'imaginer des pièges incroyables mais parfois complètement con. 

Des pièges parfois très efficaces, un scénario constamment idiot : pas de doute, la saga Saw est de retour, et on peut imaginer que le concept, bien qu'il tourne en rond depuis maintenant 7 épisodes (depuis le navrant Saw III), accouche de nouveaux épisodes intermédiaires. Si je me suis laissé tenté par les échos étrangement positifs de ce dixième volet, pas certain que je me laisse encore avoir pour la suite...
 
 


mardi 13 juin 2023

All the boys love Mandy Lane

 
 
Titre : All the boys love Mandy Lane
Réalisateur : Jonathan Levine
Acteurs : Amber Heard, Michael Welch, Whitney Able
Date de sortie en France : 3 août 2010 (vidéo)
Genre : horreur

Synopsis :
Mandy Lane est si belle, si pure, si innocente... que tous les garçons la convoitent. Pour la séduire, une bande de copains l'invite dans un ranch pour y fêter la fin des classes. Au rendez-vous : sexe, drogues, alcool... Et un invité surprise, qui tente de mettre la main sur le plus convoité des trophées : Mandy Lane.  

Avis : 
Un groupe de jeunes étudiants (sportifs, beaux, cheerleaders...), dans un lieu isolé, où l'alcool coule à flot, où tout tourne autour du sexe, et rapidement confrontés à un mystérieux tueur : vous pensiez être devant un slasher ? Et pourtant, pas vraiment, car Mandy Lane va en fait s'amuser des codes propres au slasher pour mieux en jouer et nous offrir autre chose. 

Tout d'abord, les jeunes adultes que nous allons suivre dans le film de Jonathan Levine (Warm bodies) ne sont pas juste là pour faire monter le bodycount, mais ont toutes une vraie personnalité, de vraies inquiétudes bref, sont de véritables adolescents, crédibles, auxquels on finit par s'attacher. Ensuite, l'identité du tueur est révélée très rapidement. Pas de suspense donc, mais plutôt une réflexion sur les motivations du meurtrier, et par extension sur les notions de harcèlement scolaire, de violence étudiante...

Ces éléments vont donner un film étonnamment cruel, puisqu'on va ressentir chacun des coups portés aux personnages, mais aussi la détresse de certains voyant arriver une mort soudaine et inévitable. On appréciera par ailleurs la violence des mises à mort, mais aussi la qualité de l'interprétation, de la sublime Amber Heard à la surprenante Whitney Able (Monsters). 

Faux slasher, mais véritable perle, All the boys love Mandy Lane était une excellente surprise à l'époque de sa sortie : il est désormais un petit classique du genre, qui vieillit extrêmement bien grâce à une intelligence de chaque instant. 



dimanche 12 mars 2023

Scream 6

 
Titre : Scream 6
Réalisateur : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett
Acteurs : Jenna Ortega, Melissa Barrera, Courteney Cox Arquette
Date de sortie en France : 8 mars 2023
Genre : horreur
 
Synopsis : 
 Après avoir frappé à trois reprises à Woodsboro, après avoir terrorisé le campus de Windsor et les studios d’Hollywood, Ghostface a décidé de sévir dans Big Apple, mais dans une ville aussi grande que New-York personne ne vous entendra crier… 
 
Avis : 
Comme la saga Vendredi 13 à l'époque, Scream prend la direction de New York, pour un sixième épisode destiné, une nouvelle fois, à nous surprendre en cassant certains codes. L'occasion, surtout, d'offrir un requel de Scream 2, dont il rejoue les grandes lignes. Attaques en public, apparitions et disparations surnaturelles, tueur s'inspirant des crimes passés, révélation finale similaire...
 
 
Autrement dit, le fan attentif de la saga n'aura aucune difficulté à repérer le / la / les tueur / tueuse / tueurs / tueuses, et sera rarement surpris. Le cadre New-yorkais n'est finalement utilisé que pour une ou deux séquences (l'introduction et le métro, deux scènes très réussies). Pour le reste, ça pourrait se dérouler une nouvelle fois à Woodsboro, dans une ville où personne n'utilise son téléphone pour appeler les secours. Cela donne un film étrange, qui tente de multiplier les fausses pistes tout en laissant traîner d'énormes ficelles. 

On est ainsi constamment en équilibre précaire entre le bon (les attaques de Ghostface) et le moins bon (impossible de croire à ce mémorial), jusqu'à un final virant dans le grotesque, entre révélations ridicules et des comédiens se trouvant soudain en roue libre et usant et abusant de grimaces et de répliques puériles. Pire encore, alors que le film s'amuse à prétendre que "personne n'est à l'abri", les personnages principaux n'auront jamais autant semblé intouchables... et les survivants, jamais aussi nombreux. 
 
Ainsi, si la saga remonte un peu la tête après un Scream assez insupportable, ce Scream 6 ne réinvente rien et se contente de suivre son cahier des charges, en compensant parfois par une vraie efficacité lors des attaques de Ghostface. Pas de quoi trembler ni se relever la nuit, ni attendre impatiemment l'inévitable Scream 7.




mardi 21 février 2023

Shin Ultraman

 
Titre : Shin Ultraman
Réalisateur : Shinji Higuchi 
Acteurs : Takumi Saitoh, Masami Nagasawa, Hidetoshi Nishijima
Date de sortie en France : -
Genre : super sentai, science-fiction
 
Synopsis : 
Des kaiju toujours plus motivés attaquent le Japon, mais heureusement, la vigie Ultraman veille au grain. 
 
Avis : 
Découvrir Ultraman en 2022 avec Shin Ultraman, c'est le sentiment assez vertigineux de se trouver au pied d'un monument de la culture pop japonaise, un mastodonte né dans les années 60 et composé d'une multitude de séries et de films, dont l'immense majorité n'a jamais vraiment franchi nos frontières. En France, ce genre bien particulier est surtout connu par la série Bioman ou par la série... américaine Power Rangers, et est, à l'instar du kaiju eiga, souvent cibles de quolibets de la part d'un public préférant souvent le confort bien connu et reposant d'un énième slasher sans intérêt ou d'un film de zombie éclaté au sol, comme disent les jeunes. 
 
 
Je dois bien avouer que, moi-même, pourtant fan de Godzilla et compagnie, j'étais assez frileux à l'idée de découvrir le genre, ne sachant d'ailleurs pas par quel bout commencer, ayant tenté de visionner d'anciens épisodes de Kamen Raider ou de Ultra Q. C'est finalement grâce au PIFFF que j'ai pu découvrir enfin Ultraman, d'autant plus alléché par la promesse d'une relecture moderne du mythe, à l'image de ce que Shinji Higuchi et Hideaki Anno avaient proposé avec Shin Godzilla. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je suis ressorti assez circonspect de la séance, sans doute pas préparé à digérer un spectacle aussi généreux qu'hermétique. 
 
Car ce que l'on sent dès les premières minutes, c'est la volonté de Higuchi et Anno de se faire plaisir, mais aussi de faire plaisir au spectateur. Des scènes de destruction, des affrontements titanesques, des poses improbables, et un respect que l'on sent total envers l'univers d'Ultraman : j'ai clairement eu des étoiles plein les yeux pendant la première demi-heure. Le film va ensuite rapidement se calmer, et développer ses thématiques de façon un peu pachydermique. 
 
Ce n'était déjà pas l'aspect le plus original de Shin Godzilla, mais ce dernier fait office de modèle par rapport à Shin Ultraman sur la critique des institutions japonaises et de leur incapacité à affronter une crise imprévue. La lenteur des prises de décisions, les dirigeants noyés au milieu d'un nombre impressionnants de conseillers inutiles, les accords grotesques passés dans l'urgence, la volonté d'agir plutôt que de réfléchir : si le sentiment de lourdeur administrative imprègne parfaitement le film, c'est surtout le sentiment de déjà-vu qui prédomine. 
 
On ne se réveille finalement que grâce aux petites touches d'humour, très efficace, ou grâce (ou plutôt "à cause de") à la réalisation très particulière de Higuchi. Ce dernier opte en effet pour un découpage extrême de toutes les séquences de dialogues, adoptant des points de vue totalement fous. Le résultat, s'il dénote une véritable virtuosité technique, s'avère vraiment déroutant, sans doute en écho à la manière dont le public peut consommer l'information de nos jours. J'avoue avoir été totalement pris au dépourvu par ces séquences... et pourtant continue à y penser régulièrement ! 
 
Si Shin Godzilla constituait sans doute une porte d'entrée efficace pour découvrir le kaiju eiga, je ne suis pas certain que Shin Ultraman donne vraiment envie au profane de s'intéresser davantage au genre. Malgré une première partie formidable, le film de Shinji Higuchi se contente trop souvent de reprendre les thématiques de son aîné, tout en se montrant à mes yeux trop léger pour convaincre. Mais la curiosité l'emportera sans doute : je le reverrai certainement en essayant d'être mieux préparé !



samedi 18 février 2023

Projet Wolf Hunting

 

Titre : Projet Wolf Hunting (Neugdaesanyang)
Réalisateur : Kim Hong-seon
Acteurs : Seo In-guk, Jang Dong-yoon, Jung So-min
Date de sortie en France : 15 février 2023
Genre : action, fantastique

Synopsis : 
Alors qu'ils sont transférés depuis les Philippines vers la Corée du Sud par un navire cargo, plusieurs dangereux criminels provoquent une violente émeute jusqu'à ce qu'un monstre non identifié sorte de son sommeil... 
 
Avis : 
Sans doute tracté par des locomotives telles que Bong Joon-ho (Parasite, Memories of murder), Park Chan-wook (Old boy, Mademoiselle, Decision to leave) ou Na Hong-jin (The Chaser, The Strangers), le cinéma sud-coréen s'est fait une belle place dans nos salles de cinéma et sur nos écrans de télévision. Le problème, c'est qu'alors qu'avant, seuls les meilleurs films nous parvenaient, cette mode permet désormais à des oeuvres très moyennes (la série Squid Game) voire mauvaises, comme ce Projet Wolf Hunting
 

 

PWH est un film d'action bourrin complètement con, qui bifurque à mi-chemin vers le nanar horrifique. Cela semble lui assurer un certain succès public, certains spectateurs se contentant volontiers de l'extrême violence du film (et pourquoi pas, finalement ?), mais j'avoue que, de mon côté, le film ne m'a amusé qu'une demi-heure avant de profondément m'ennuyer. Alors oui, évidemment, le film n'usurpe pas sa réputation : il est très, très violent et, dès que l'ensemble se met en marche, ça n'arrête plus une seconde. Mais bordel, qu'est-ce que c'est con ! 

Car on est quand même devant l'opération policière la plus mal foutue du monde, qui ne vérifie ni l'identité de l'équipage, ni ce que transporte le bateau, le tout avec une surveillance minimale et une équipe de vétérans qui respire l'amateurisme jusqu'à laisser totalement sans surveillance sa fine cargaison de prisonniers. Bon, à vrai dire, c'est sans doute une équipe de suicidaires, étant donné qu'aucun ne réagit face à des menaces armées. Côté prisonniers, la brochette habituelle, avec le leader charismatique qui en fait des tonnes pour bien montrer qu'il est cinglé (bordel, cette interprétation) et les sous-fifres habituels. Et quand le film bascule vers l'horreur, avec une créature bourrine qui ferait passer Jason Voorhees pour un tueur chétif, c'est encore pire : on enchaîne des mises à mort violentes, gores et répétitives de personnages dont l'instinct de survie était apparemment livré en option, entre deux révélations crétines délivrées par des acteurs en roue libre.

J'ai même fini par lutter contre le sommeil dans la dernière demi-heure, tant le combo action bourrine - gore crétin est lassant. Peu d'intérêt donc en ce qui me concerne, et surtout pas la "nouvelle bombe du cinéma coréen" que certains laissent entrevoir...



vendredi 10 février 2023

Space monster Wangmagwi

 
Titre : Space Monster Wangmagwi (Ujugoe-in Wangmagwi)
Réalisateur : Hyeok-jinn Gwon
Acteurs : Won Namkung, Seon-kyeong Kim, Eun-jin Han
Date de sortie en France : -
Genre : kaiju eiga
 
Synopsis :  
Des extraterrestres cherchent à envahir notre planète, et nous envoient un monstre géant, Wangmagwi, qui détruit tout sur son passage. Menée par Oh Jeong-hwan, l'aviation coréenne tente d'arrêter la créature, mais celle-ci enlève bientôt la fiancée de Oh Jeong-hwan.

Avis : 
Dans le monde merveilleux du kaiju eiga, il existe quelques trésors perdus, notamment lorsque l'on s'aventure en dehors des terrains balisés par les grands studios japonais. C'est le cas par exemple du légendaire Bulgasari, réalisé par Kim Myeong-je en 1962, introuvable depuis sa sortie, sans doute en raison d'un accueil critique assez catastrophique. C'était également le cas de Ujugoe-in wangmagwi, de 1967 : le film n'était diffusé que par les Archives du film coréen, ou visible dans la bibliothèque de l'institution. Finalement, 55 ans plus tard, le film a enfin droit à une sortie en Occident, édité en Blu-Ray par les américains de SRS Cinéma. Pour le plus grand plaisir des fans du genre, qui ne s'attendaient certainement plus à voir enfin l'un des plus anciens films de monstres coréens. 
 
 
Autant vous le dire tout de suite : comme souvent avec le kaiju eiga, Space monster Wangmagwi est réservé aux amateurs hardcores du genre, ceux qui prennent leur pied devant un acteur en costume piétinant des maquettes et des miniatures. Et il faut bien avouer que, dès les premières minutes, avec cette navette dérivant paresseusement devant un espace que n'aurait sans doute pas renié Ed Wood, ou avec ces extraterrestres en costume argenté évoluant dans un vaisseau bien vide, on en a pour notre argent. Le temps de nous expliquer rapidement leur plan (qui consiste, comme souvent, à nous balancer un monstre géant pour nous détruire et voler notre planète), on retourne sur Terre faire connaissance avec les principaux personnages. 

Un début de film assez classique donc, qui va rapidement être dynamité par deux éléments : le monstre, tout d'abord ; les personnages, ensuite. Car Wangmagwi n'est pas un kaiju eiga classique : c'est aussi une comédie, qui oscille entre le vaudeville et le pipi-caca entre deux séquences catastrophe. Le monstre géant commence à tout péter dans la ville ? Deux nigauds en profitent pour se lancer des paris grotesques, l'un misant son argent, l'autre mettant en jeu... son épouse. Un militaire est envoyé pour affronter le monstre ? Sa fiancée est uniquement préoccupée par le fait que son mariage en sera retardé. Un vieillard se fait piétiner par Wangmagwi ? Au même moment, un homme est trahi par ses intestins. Et si je pensais avoir tout vu avec cette scène, c'était sans compter sur le personnage du gamin. 
 

Voleur mais courageux, ce dernier n'hésitera pas à aller affronter seul, avec sa b... et son couteau, le monstre géant qui détruit la ville. On atteint ici des sommets, le garçon parvenant presque à lui seul à mettre la créature en déroute, avec un sens du sadisme assez terrifiant... et une redoutable vessie. Pour ceux qui veulent en savoir plus, rendez-vous en fin de chronique pour le résumé d'une séquence qui est, je pense, unique dans le cinéma de genre. 

Bref, des personnages hauts en couleurs, mais qui ne parviennent pas à éclipser un des monstres les plus craignos de l'histoire du kaiju eiga. Avec ses oreilles tombantes, sa langue constamment sortie et ses petits yeux, Wangmagwi inspire plus le sourire que la crainte. En revanche, malgré un costume qui n'a pas dû coûter grand chose (malgré une imposante fermeture éclair, bien visible dans le dos du monstre), il est assez crédible dans les séquences de destruction, grâce à des maquettes plutôt réussies et quelques effets de transparence bien travaillés. En dehors de son apparence, son comportement intrigue : alors qu'il semble capable de tout péter en quelques secondes, il passe de longues, très longues minutes à tourner autour du même bâtiment, et épargnera, apparemment séduit par sa poitrine, la future mariée, la transportant dans sa main pendant tout le film, tel un King Kong enlevant la belle Fay Wray. 
 

Space monster Wangmagwi est dont un film à réserver aux amateurs acharnés de kaiju eiga, qui sauront apprécier le kitsch émanant de l'oeuvre, et lui pardonner son humour parfois douteux. Un film qu'on aura sans doute rangé aux côtés des pires "Godzilla" et "Gamera", s'il n'avait pas été aussi longtemps invisible. 

Enfin, comme promis, je ne résiste pas à l'envie de vous raconter certains gags du film. Ainsi, comment oublier toute la séquence où le jeune garçon escalade Wangmagwi, avant de s'introduire dans ses oreilles. Le temps de déchirer les tympans du pauvre monstre, d'échapper à une terrible chute en s'accrochant à ses poils de nez, le gamin va finalement... uriner à l'intérieur de la boîte crânienne de l'arme fatale des extraterrestres. Le tout, avant de menacer de crever également les yeux de Wangmagwi, qui ne méritait sans doute pas autant d'acharnement ! 



lundi 30 janvier 2023

The Deadly Spawn

 

Titre : The Deadly Spawn
Réalisateur : Douglas McKeown
Acteurs : Charles George Hildebrand, Tom DeFranco, Jean Tafler
Date de sortie en France : 
Genre : gore, science-fiction

Synopsis : 
Deux innocents campeurs trébuchent sur les restes d'une météorite et découvrent à leur insu que de monstrueuses et voraces créatures ont fait de l'autostop pour déjeuner sur notre planète. Après s'être réfugiés dans une maison isolée, les aliens se préparent à dévorer un buffet monstre : des adolescents ! 

Avis : 
Il suffit parfois de pas grand chose pour qu'un film devienne culte. Prenez The Deadly Spawn, par exemple, également connu chez nom sous le nom de La Chose (c'est d'ailleurs sous ce titre que j'ai découvert l'existence de ce film, quand je furetais dans la vidéothèque de mon oncle, avec une VHS ayant un visuel n'ayant rien à voir avec la créature du film !) : un film fauché (on parle d'environ 25 000 dollars), un réalisateur et des acteurs amateurs, pour une oeuvre qui aurait pu être rapidement oubliée s'il n'y avait un point mémorable : la fameuse Chose, justement. 
 

Le monstre extraterrestre de The Deadly Spawn est un modèle de simplicité : c'est tout simplement une gueule, remplie de dizaines de dents impressionnantes, sur un corps de ver. Pas besoin de plus, pour une créature dont l'unique raison d'être est de bouffer. Une créature animée avec les moyens du bord, mais dont l'aspect de pénis énorme et visqueux, doté de dents, est tout simplement formidable. 

Elle permet de contrebalancer les interminables séquences de remplissage, avec des acteurs débitant sans passion des tunnels de dialogues insipides : on n'attend en fait que la mise à mort des personnages, qui donnent lieu à des séquences bien gores, parfois bien sales (le visage déchiqueté en gros plan notamment) et bien jouissives (le dîner). 

Bref, on s'ennuie pas mal et trop souvent, mais on s'amuse aussi beaucoup par moments. Culte ? Certainement. Bon ? Certainement pas...



samedi 21 janvier 2023

Troll


Titre : Troll
Réalisateur : Roar Uthaug
Acteurs : Ine Marie Wilmann, Kim S. Falck-Jørgensen, Mads Sjogard Pettersen
Date de sortie en France : 1er décembre 2022
Genre : fantastique

Synopsis : 
Lorsqu'une explosion dans une montagne en Norvège réveille un ancien troll, les autorités font appel à une paléontologue intrépide pour l'empêcher de semer le chaos.
 
Avis :
Petit succès de la fin 2022 sur Netflix, le dernier film de Roar Uthaug (La Vague) met en scène une créature issue du folklore scandinave, mais qui n'est pas une figure si présente dans le cinéma : en dehors d'apparitions, souvent courtes, dans des films de fantasy (Le Hobbit, par exemple), on a surtout vu les trolls dans le très sympathique Troll Hunter de André Øvredal, ou dans Border d'Ali Abbasi. 
 
 
Pour l'occasion, le réalisateur de Cold Prey va s'inspirer du Godzilla de Roland Emmerich, jusqu'à en copier certains éléments (les traces de pas comme premiers signes du monstre, le spécialiste enrôlé de force au moment où il vient de faire une découverte, l'alliance avec un militaire, la poursuite sur le pont...), mais va surtout reprendre certains éléments des films de monstres japonais, avec l'utilisation du folklore local, ou le fait que la créature n'est pas décrite comme un simple monstre, mais comme une entité capable de sentiments et symbolisant une certaine forme de tradition face au progrès. 
 
On en viendrait presque à regretter l'orientation très américaine qu'adopte rapidement le film, entre cellule de crise, affrontements à grands renforts d'explosion et personnages sympathiques mais très archétypaux. Les meilleurs passages sont à mes yeux les séquences reprenant les légendes autour des trolls, même si l'affrontement contre les hélicoptères est assez mémorable, grâce notamment à des effets spéciaux impeccables. 
 
Bref, j'ai passé un excellent moment devant ce Troll de Roar Uthaug qui, s'il ne réinvente clairement pas le genre, se montre efficace et prenant. Sur le même thème, j'ai néanmoins une préférence pour l'approche pseudo-documentaire de Troll Hunter



mardi 3 janvier 2023

Avatar : la voie de l'eau

 


Titre : Avatar : la voie de l'eau (Avatar :the way of water)
Réalisateur : James Cameron
Acteurs : Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver
Date de sortie en France : 14 décembre 2022
Genre : science-fiction, aventures

Synopsis : 
Jake Sully et Ney'tiri ont formé une famille et font tout pour rester aussi soudés que possible. Ils sont cependant contraints de quitter leur foyer et d'explorer les différentes régions encore mystérieuses de Pandora. Lorsqu'une ancienne menace refait surface, Jake va devoir mener une guerre difficile contre les humains.
 
Avis : 
Suite à l'immense succès d'Avatar en 2009, James Cameron a très rapidement évoqué l'idée de continuer à explorer l'histoire de Pandora, envisageant même tout une saga se prolongeant sur quatre suites. Pourtant, il aura fallu attendre 13 ans, et une multitude de reports, pour enfin voir débarquer une première suite qu'on n'attendait plus vraiment, avant d'enchaîner, en principe en 2024, suite le troisième volet, puis en cas de succès sur les quatrième et cinquième épisodes. Un succès qui semble d'ores et déjà au rendez-vous, le film continuant à cartonner au box-office américain. En France, il a même dépassé l'autre méga-blockbuster de l'année, Top Gun : Maverick après deux semaines d'exploitation. 
 
 
Bref, Avatar et James Cameron confirment leur statut de machines à faire du fric... ce qui n'est pas nécessairement gage de qualité. L'idée même d'une suite, treize ans après, était plutôt de nature à inquiéter, surtout à une époque où les producteurs ressuscitent des sagas qui auraient dû être enterrées, ou nous balancent des suites sorties de nulle part. Mais en sortant de La Voie de l'eau, le constat est simple : James Cameron a, une nouvelle fois, réussi son pari, et nous a une nouvelle fois emmené sur Pandora, pour le meilleur comme pour le pire. 
 
Très clairement, si vous n'avez pas aimé Avatar, cette suite n'est pas faite pour vous. Car La Voie de l'eau est globalement le même film, puissance 10. Le même émerveillement, le même sentiment de visiter une planète qui existe réellement, la même euphorie dans la découverte, et le même scénario prétexte, les mêmes personnages un peu creux, les mêmes enjeux et les mêmes messages. James Cameron renoue avec l'idée même de magie du cinéma, celle qui préfère nous en mettre plein les yeux que plein le crâne... et ça fait un bien fou, comme il y a treize ans. 
 
 
Et ça tombe d'ailleurs plutôt bien : il s'est également déroulé un peu plus de 10 ans entre les événement d'Avatar et ceux de cette suite. Si les humains étaient repartis la queue entre les jambes de Pandora, ils sont bien décidés à revenir exploiter les formidables ressources de la planète... et à se venger des Na'vi, et surtout du traitre, Jake Sully. L'appât du gain, au détriment de toute logique, et dans l'irrespect le plus total de la faune, de la flore et des autochtones. On connaît la musique, on est en terrain connu, et on n'a finalement pas besoin de plus compliqué. 
 
On y ajoute une petite histoire de vengeance, avec le retour un peu tiré par les cheveux d'un personnage (enfin, de son clone), dans ce qui est sans doute l'unique erreur un peu gênante du film. Comme dans le premier volet, les antagonistes brillent par leur absence de consistance, et on ne peut même plus se raccrocher au charisme de Stephen Lang pour se rattraper aux branches. Et pourtant, ça fonctionne, notamment grâce à la grande nouveauté de cette suite : l'apparition d'un nouvel environnement et d'un nouveau peuple. 
 
 
Cameron délaisse ainsi les paysages de forêts pour nous mener au large, dans un clan Na'vi adapter à une vie aquatique : queue plus large, couleur plus claire, membres plus musclés... La famille de Jake Sully devra s'adapter à une nouvelle façon de vivre, à de nouvelles créatures, à un nouveau statut de réfugiés (hybrides, qui plus est). Et là encore, on va en prendre plein les yeux, dans des séquences à couper le souffle qui, si elles reprennent régulièrement celles du premier volet, n'en restent pas moins d'une efficacité folle, où les jeux avec les couleurs et les formes sont magnifiés par le mouvement constant des vagues, par une nature foisonnante et par l'effet miroir de l'eau. C'est une magie héritée directement de L'Etrange créature du lac noir, couplée à une euphorie proche de celle de Leonardo DiCaprio se penchant au dessus de la proue du Titanic. C'est pour cela que l'on se déplace au cinéma, tout simplement. 

On en vient à oublier les menus défauts évoqués plus haut : Avatar : la voie de l'eau est, comme son aîné, du grand spectacle simple et généreux, qui nous transporte ailleurs, nous fait rêver. Personnellement, j'ai déjà hâte de retourner sur Pandora pour le troisième volet.