vendredi 30 octobre 2015

Crimson Peak


Titre : Crimson Peak
Réalisateur : Guillermo Del Toro
Acteurs : Mia Wasikowska, Tom Hiddlestone, Jessica Chastain
Date de sortie en France : 14 octobre 2015
Genre : fantastique, drame

Synopsis : 
Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak".

Avis : 
On avait quitté Guillermo Del Toro en grande forme, faisant tout péter dans son monstrueux Pacific Rim. On le retrouve cette fois pour une histoire bien plus classique et un film beaucoup plus calme : Crimson Peak. Regroupant Mia Wasikowska (Stoker, Maps to the stars), Tom Hiddlestone (Only lovers left alive) et Jessica Chastain (Take shelter, Mama, Seul sur Mars), et nous offrant la promesse d'un univers visuellement sublime, Crimson Peak avait sur le papier tout pour plaire. Hélas, le réalisateur mexicain va rapidement se noyer sous le poids de ses innombrables références.


Le conte de Guillermo Del Toro ne nous offrira ainsi rien de nouveau, tant thématiquement que visuellement. Piochant allègrement dans les classiques du genre, des adaptations d'Edgan Allan Poe (tiens, un personnage s'appelle justement Alan) aux classiques de la Hammer (tiens, le personnage principal se nomme Cushing) en passant par la Universal, les films de William Castle et les contes classiques, Crimson Peak est avant tout un catalogue de références dont on connaît d'avance tous les codes et qui ne parviendra jamais à nous surprendre.

Même visuellement, si le film est réussi, l'impression générale est celle d'un immense déjà-vu et d'un potentiel à peine effleuré : le décor de l'immense demeure se limite finalement à trois pièces, et le contraste entre la neige et l'argile rouge aurait pu donner de superbes images. Ce sentiment se retrouve également dans le scénario, sans aucune surprise et qui multiplie les pistes qui ne mèneront à rien : la jeune Edith ne semble être romancière que pour pouvoir caser un trait d'esprit sur Mary Shelley, les fantômes disparaissent sans explication avant la fin du film...

Même l'interprétation souffre de ce classicisme, obligeant les acteurs à se démener dans la peau de personnages caricaturaux, de l'ingénue vaguement rebelle à la méchante qui en fait des tonnes en passant par le beau brun ténébreux et mélancolique tiraillé entre les deux femmes. Voir Jessica Chastain cabotiner à ce point est presque douloureux...

Guillermo Del Toro nous livre avec Crimson Peak une oeuvre bâtarde, fruit de la semence de multiples références, injectant sans aucune finesse tout ce qu'il peut de cinéma d'épouvante classique à des thèmes de contes éculés. Un étonnant raté pour le réalisateur mexicain, qu'on espère voir plus en forme pour ses prochains films...

Note : 3.5/10


jeudi 29 octobre 2015

Star Wars : épisode IV - Un nouvel espoir


Titre : Star Wars : épisode IV – Un nouvel espoir
Réalisateur : George Lucas
Acteurs : Mark Hamill, Harrison Ford, Carrie Fisher
Date de sortie en France : 19 octobre 1977
Genre : science-fiction, aventures

Synopsis :
Il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine... La guerre civile fait rage entre l'Empire galactique et l'Alliance rebelle. Capturée par les troupes de choc de l'Empereur menées par le sombre et impitoyable Dark Vador, la princesse Leia Organa dissimule les plans de l'Etoile Noire, une station spatiale invulnérable, à son droïde R2-D2 avec pour mission de les remettre au Jedi Obi-Wan Kenobi. Accompagné de son fidèle compagnon, le droïde de protocole C-3PO, R2-D2 s'échoue sur la planète Tatooine et termine sa quête chez le jeune Luke Skywalker. Rêvant de devenir pilote mais confiné aux travaux de la ferme, ce dernier se lance à la recherche de ce mystérieux Obi-Wan Kenobi, devenu ermite au coeur des montagnes désertiques de Tatooine...

Avis :
J'ai toujours une bonne raison pour me replonger dans la saga Star Wars, mais il faut bien avouer que l'arrivée imminente de l'Episode VII – le réveil de la Force est une motivation particulièrement efficace pour se remettre à niveau et revoir les six films, dans leur ordre de sortie  plutôt que dans leur logique temporelle. Un ordre qui me semble plus cohérent pour appréhender la nouvelle trilogie, puisque l'enchaînement 4-5-6-1-2-3 montre le combat entre les deux aspects de la Force, qui semble au centre des nouveaux épisodes, là où l'autre n'est « que » l'histoire d'Anakin Skywalker.


 Un nouvel espoir nous fait donc découvrir un nouvel univers, extrêmement riche. Pour sa galaxie très lointaine, George Lucas va en effet mélanger d'innombrables références, mêlant film de sabre, western, science-fiction avec des éléments tirés des romans de Joseph Campbell (avec le concept de « voyage du héros »), du cinéma d'Akira Kurosawa, de la mythologie grecque ou des traditions japonaises. A l'écran, cela nous donne une explosion visuelle sans précédent, où humains, extraterrestres et robots se côtoient dans des décors impressionnants.

Cette richesse thématique et visuelle permet d'oublier la simplicité du scénario, totalement empreint d'un manichéisme assez enfantin (ce qui n'est pas forcément un défaut), quelques problèmes de rythme et certains gros ratés (l'affrontement entre Obi-Wan Kenobi et Dark Vador). Là encore, ces défauts sont largement compensés par quelques passages mémorables (l'attaque de l'Etoile noire) et des personnages particulièrement réussis, comme Han Solo ou Dark Vador.

S'il n'est pas parfait, cet Episode IV constitue le point de départ idéal pour une saga, en nous présentant un univers inédit et riche, des personnages que l'on a envie de revoir et une intrigue simple mais soulevant plusieurs questions. L'essai sera transformé avec la suite, qui représente encore aujourd'hui le meilleur épisode de tous : L'Empire contre-attaque.


Note : 7/10


lundi 26 octobre 2015

Paranormal activity 5 : Ghost dimension


Titre : Paranormal Activity 5 : Ghost dimension (Paranormal activity 5 : the ghost dimension)
Réalisateur : Gregory Plotkin
Acteurs : Chris J. Murray, Brittany Shaw, Olivia Taylor Dudley
Date de sortie en France : 21 octobre 2015
Genre : épouvante

Synopsis :
La famille Fleeges emménage dans une nouvelle maison et découvre dans le garage des cassettes vidéos de l'enfance de Katie et Kristi, et une caméra leur permettant de voir ce qui se déroule véritablement autour d'eux...

Avis :
Allez, cette fois, c'est promis : c'est le dernier ! Après 6 volets oscillant entre le navet et le très moyen, la saga Paranormal Activity tire enfin sa révérence, avec la promesse de répondre à toutes les questions : pourquoi le fantôme fait-il autant de bruit pour monter des escaliers ? Pourquoi me suis-je farci tous les épisodes de la série ? Comment tout ça a-t-il pu durer aussi longtemps ? Un dernier volet qui se sera fait désirer : initialement prévu pour sortir en octobre 2013, il a ensuite été repoussé à octobre 2014, puis mars 2015. Et quand on pensait enfin être épargnés, il débarque finalement chez nous ce 20 octobre 2015. En 3D, parce qu'il ne fallait pas louper cette dernière (enfin, on espère) occasion de plumer les pigeons. Et avec cette promesse absolument insensée : pour la première fois, vous allez voir les phénomènes !!!


En fait, rien ne change vraiment : on retrouve la progression caractéristique de la saga, des gentilles petites premières manifestations à une fin où l'entité s'en donne à coeur joie. L'unique nouveauté est donc le fait de voir ce qui fait voler les objets, ce qui détruit l'un des uniques points positifs de la saga : là où la suggestion et les manifestations discrètes se révélaient parfois efficaces, notamment dans Paranormal activity 3, le fait de voir, grâce à une "caméra spéciale de la mort avec plein d'options et les jantes alu" est un fiasco presque total. Imaginez donc des jump-scares déjà inefficaces (oui, on nous balance toujours ce fond sonore pour nous les annoncer), que l'on peut maintenant littéralement voir venir... On se demande vraiment ce qu'ils ont voulu essayer...

Quant au scénario et aux révélations, n'en attendez rien. Bien sûr, le fait de vouloir répondre à des questions que personne ne se pose est déjà un problème, mais le fait de, finalement, ne se reposer que sur l'épisode 3 (les autres n'étant vaguement évoqués que par le biais d'une réplique ou deux) montre bien l'absence totale d'ambition des quatre (oui, quatre !) scénaristes. On n'est pas loin du foutage de gueule, mais on n'est plus vraiment surpris. 

Un foutage de gueule qui se poursuit jusque dans la "3D", absente pendant les 3/4 du film : oui, vous pourrez enlever vos lunettes, elle n'est utilisée que lors des manifestations (et, avouons-le quand même, de façon parfois sympathique). Des manifestations par ailleurs toujours identiques, sauf que Toby (qui est par ailleurs bien laid) a appris à se déplacer sans faire de bruit. Allez, on sauvera quand même quelques séquences, principalement lorsque les personnages regardent les vidéos de Katie et Kristi, aussi troublantes que le final de The Marked ones.

Pour le reste, on appréciera d'être enfin arrivés au bout d'une saga qui aura réussi à aller jusqu'au bout de son processus opportuniste. Tant de films pour ne rien raconter, pour montrer - ou pas - toujours la même chose, c'est presque remarquable. On espère seulement qu'après des suites, une préquelle, des spin-offs, de la 3D, la saga a vraiment fini de se décliner... même si à ce rythme, on ne serait pas surpris de voir débarquer un remake dans 2 ans.

Note : 3/10


jeudi 22 octobre 2015

The Mask


Titre : The Mask
Réalisateur : Chuck Russell
Acteurs : Jim Carrey, Cameron Diaz, Peter Greene
Date de sortie en France : 26 octobre 1994
Genre : comédie

Synopsis : 
Stanley Ipkiss, modeste employé de banque, passionné par l'univers de Tex Avery, trouve un masque ancien aux pouvoirs surnaturels. Il est néanmoins partagé entre devenir cette créature verte sûre d'elle ou rester le timide Stanley Ipkiss, incapable d'aborder la magnifique chanteuse de cabaret Tina Carlyle.

Avis : 
Sorti la même année que Ave Ventura, détective chiens et chats et Dumb & dumber, The Mask a permis à Jim Carrey de devenir une star, mais a également fait découvrir Cameron Diaz, dont ce fut le premier rôle. Réalisé par Chuck Russell (Le Blob, Freddy 3 : les griffes du cauchemar), il reste, 20 ans après sa sortie, un film que l'on peut revoir régulièrement sans se lasser.


 La grande attraction du film est bien évidemment le fameux masque, qui permet à Jim Carrey de s'en donner à cœur joie, mais aussi -et surtout- de nous offrir des délires visuels très réussis, empruntant largement à l'univers de Tex Avery et des Looney Tunes lors des transformations de son héros puis de son chien.

Cela donne donc de nombreux passages mémorables, comme cette improbable chorégraphie avec les forces de police ou un passage formidable au Coco Bongo Club, le temps de charmer Cameron Diaz, de ridiculiser les méchants et de recevoir un Oscar. Le tout avec des effets spéciaux tenant encore, pour la plupart, remarquablement bien la route.

Malgré quelques baisses de rythme dans sa seconde partie, The Mask reste donc encore une réussite, bénéficiant de l'abattage d'un Jim Carrey en grande forme et d'effets visuels étonnants. Un vrai plaisir, presque coupable quand on le privilégie systématiquement, lors de ses nombreuses rediffusions à un film plus recommandable !


Note : 8/10


lundi 19 octobre 2015

N.W.A : Straight outta Compton


Titre : N.W.A. - Straight outta Compton
Réalisateur : F. Gary Gray
Acteurs : O'Shea Jackson Jr., Corey Hawkins, Jason Mitchell
Date de sortie en France : 16 septembre 2015
Genre : biopic, musical, drame

Synopsis :
En 1987, cinq jeunes hommes exprimaient leur frustration et leur colère pour dénoncer les conditions de vie de l'endroit le plus dangereux de l’Amérique avec l'arme la plus puissante qu'ils possédaient : leur musique. Voici la véritable histoire de ces rebelles, armés uniquement de leur parole, de leur démarche assurée et de leur talent brut, qui ont résisté aux autorités qui les opprimaient. Ils ont ainsi formé le groupe de rappeur des N.W.A. en dénonçant la réalité de leur quartier. Leur voix a alors déclenché une révolution sociale qui résonne encore aujourd'hui.

Avis :
Comme son titre l'indique, NWA – Straight outta Compton revient sur la carrière de l'un des plus fameux groupe de rap américain, qui a popularisé le gangsta rap et inspiré tout un pan de la musique. A travers l'histoire, forcément romancée, du groupe, c'est l'histoire du gangsta rap des années 90 qui va s'écrire, avec des artistes tels que Ice Cube, Dr Dre, Eazy E, MC Ren, mais aussi Snoop Dogg ou 2Pac.


Rien de bien nouveau dans la description du quotidien de ces jeunes noirs confrontés à la pauvreté, à la violence et aux brutalités policières, et qui traduiront tous ces éléments dans leur musique. En revanche, le film devient terriblement accrocheur dès qu'il place ses personnages dans leur art, autant dans l'écriture, dans l'enregistrement que dans les séquences de concert, formidables. On sera ainsi véritablement pris aux tripes lors de l'interprétation de Fuck tha police, ou en découvrant le No vaseline d'Ice Cube où il démonte méthodiquement ses anciens camarades.

Même si l'on connaît un peu l'histoire du groupe et des personnages qui graviteront autour, la mayonnaise prend parfaitement devant les différentes difficultés du groupe, notamment avec l'apparition de Suge Knight ou les problèmes de santé de E. Mais surtout, on replonge avec un véritable plaisir dans les musiques de l'époque, de Straight outta Compton à Nuthin' but a G thang en passant par Hail Mary ou The BoyZ N the hood, qui donnent envie de se replonger dans les classiques du gangsta rap.

On ne s'ennuie pas une seconde devant ce long biopic qui retrace parfaitement les grandes étapes des carrières des membres du groupe N.W.A. Si le film reste en surface en ce qui concerne la place des jeunes afro-américains dans la société américaine, l'aspect biopic est suffisamment réussi, avec de nombreux passages marquants, pour faire de Straight outta Compton une réussite, dans la lignée de 8 mile il y a quelques années.


Note : 8/10


samedi 17 octobre 2015

Night fare


Titre : Night fare (Tarif de nuit)
Réalisateur : Julien Seri
Acteurs : Jonathan Howard, Jonathan Demurger, Fanny Valette
Date de sortie en France : 4 novembre 2015
Genre : thriller

Synopsis :
Luc et Chris, son ami anglais, montent dans un taxi pour rentrer chez eux après une soirée parisienne bien arrosée. Arrivés à destination, ils s'enfuient sans payer la course. Ils sont tombés sur le mauvais chauffeur… Le taxi va se mettre en chasse toute la nuit. Mais, est-ce vraiment l'argent qu'il veut ?

Avis :
Après plusieurs projets avortés depuis son Scorpion en 2007, Julien Seri revient au cinéma avec Night fare, dans lequel un mystérieux chauffeur de taxi poursuit deux hommes en banlieue parisienne. Un postulat de base assez simple, mais efficace, sur lequel le film aurait peut-être dû se focaliser plutôt que de tenter d'étoffer son univers avec des intrigues secondaires sans intérêt.


 Le cœur du film est donc cette chasse entre le conducteur aux capacités presque surnaturelles, capable de retrouver ses victimes comme par magie, ou de les rattraper en quelques secondes alors qu'elles pensaient enfin s'être enfuies. Interprété par le champion de MMA Jess Liaudin, le tueur est impressionnant et dégage une réelle puissance et une véritable menace pour les personnages qu'il croise. On aurait d'ailleurs préféré que le film ne dévoile pas le mystère autour de ses origines (joyeusement farfelues) ou de ses motivations (pas toujours cohérentes) tant le côté mutique, le sens de la justice et l'aspect invincible du personnage font forte impression.

Ses proies, en revanche, nous agacent rapidement. Le scénario tente maladroitement de leur apporter un peu de consistance avec un passé trouble et une intrigue amoureuse bancale, mais la tentative est détruite par une interprétation très aléatoire et des dialogues imbuvables. On se fout franchement de ce qu'il peut leur arriver, et ça tombe plutôt bien : avant le dénouement, il ne leur arrive finalement pas grand chose. Un dénouement qui tombe par ailleurs comme un cheveu sur la soupe, sans réelle cohérence avec le reste du film.

S'il démarrait plutôt bien, Night fare finit par se planter en tentant maladroitement d'enrichir une histoire qui aurait sans doute gagné à rester simple. Toute l'efficacité de la première partie s'éteint peu à peu dans une seconde partie idiote, composée de révélations sans saveur et flinguée par un duo d'acteurs qu'on a envie de baffer...


Note : 3/10


jeudi 15 octobre 2015

The Visit


Titre : The Visit
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Acteurs : Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna Dunagan
Date de sortie en France : 7 octobre 2015
Genre : épouvante, fantastique

Synopsis : 
Deux enfants sont envoyés passer une semaine en Pennsylvanie, dans la ferme de leurs grands-parents. Mais lorsque l'un d'eux découvre qu'ils sont impliqués dans quelque chose de profondément dérangeant, leurs chances de retour s'amenuisent de jour en jour.

Avis : 
Après plusieurs échecs (Le Dernier maître de l'air, After Earth), M. Night Shyamalan revient au genre qui l'a révélé avec Sixième sens : l'épouvante et le fantastique. Il s'associe pour l'occasion à la société Blumhouse, spécialiste ces dernières années des films d'épouvante à faible budget tels que les très mauvais Paranormal activity et Unfriended ou les sympathiques Sinister et Insidious. Le réalisateur va d'ailleurs opter, pour la première fois de sa carrière, pour le mode de réalisation en vogue ces dernières années : le found-footage, tiré des images prises par les deux jeunes héros.


Avec The Visit, Shyamalan nous livre donc un pur film fantastique, nous laissant douter en permanence quant à la nature de la menace - réelle ou non - à laquelle sont confrontés les enfants. C'est d'ailleurs là l'intérêt du mode de réalisation choisi, puisqu'il nous met à hauteur d'enfants, nous fait profiter de leur imagination, de leurs peurs parfois irrationnelles, notamment lorsqu'ils sont confrontés à des événements qu'ils ne comprennent pas.

Une bonne partie du mystère tient donc dans ce choc générationnel : le couple de grands parents cache-t-il un lourd secret ? Ou leur comportement n'est-il que la conséquence de leur âge ? Et il faut reconnaître que cela suffit à tenir le spectateur en haleine, notamment par le biais de séquences nocturnes plutôt réussies, dans lesquelles Shyamalan tire parti des sons, de ce que l'on ne voit pas, tout en évitant au maximum les jump-scares. Un peu comme si Paranormal Activity, auquel certains plans font inévitablement penser, rencontrait un réalisateur avec un minimum de compétences. On regrettera en fait la révélation finale, qui lance une dernière partie bien moins convaincante que le reste.

S'il ne retrouve pas les sommets, Shyamalan nous livre avec The Visit un film d'épouvante plutôt réussi, avec une idée de base vraiment intéressante et bien exploitée malgré les défauts récurrents des productions Blumhouse. Même le mode de réalisation, s'il reste agaçant, s'inscrit dans une certaine logique et apporte un léger plus à l'ensemble. On espère que Shyamalan continuera dans cette voie.

Note : 7/10


samedi 10 octobre 2015

Knock knock


Titre : Knock knock
Réalisateur : Eli Roth
Acteurs : Keanu Reeves, Lorenza Izzo, Ana de Armas
Date de sortie en France : 23 septembre 2015
Genre : thriller

Synopsis :
Un soir d'orage, un architecte, marié et bon père de famille, resté seul pour le weekend, ouvre sa porte à 2 superbes jeunes femmes mal intentionnées…

Avis :
En attendant d'avoir enfin la chance de voir son Green Inferno, les fans d'Eli Roth sont invités à patienter avec Knock knock, variation sur le thème du home invasion. Seule nuance : les intrus sont ici deux bombasses bien décidées à se faire culbuter par leur hôte avant de le lui reprocher. Avouons-le, le postulat de base est plutôt amusant, surtout si on imagine sa propre réaction dans une telle situation (auriez-vous résisté aussi longtemps que Keanu Reeves ?). Mais c'est bien là l'unique véritable qualité d'un film finalement bien fade.


Car au-delà de l'argument sexy, qui occupe la première partie du film, Knock knock va se contenter d'aligner les clichés du genre, avec les visites inopportunes, les libérations miraculeuses, le jeu du chat et de la souris, jusqu'à une séance de justification assez ridicule. A l'exception que quelques passages, toute la partie où Keanu est séquestré dans sa propre maison est ratée, la faute à une imagination totalement absente et à une interprétation aux fraises.

Seules le cynisme et l'ironie vaguement mordante de certaines situations feront parfois mouche. Si on prend parfois le héros de Matrix en pitié, c'est uniquement parce que les pisseuses criminelles sont insupportables et qu'on aimerait les baffer, pas vraiment parce que ce qu'elles lui font subir est atroce. Roth tente bien de jouer la carte de la torture psychologique, ça en fonctionne pas, et comme il limite au maximum les effusions de sang...

Amusant dans sa première partie, décevant dans sa seconde, le nouveau film d'Eli Roth souffle davantage le froid que le chaud, reposant sur un concept trop simple dont il ne profitera jamais... On espère que ses cannibales relèveront le niveau...

Note : 3/10


mardi 6 octobre 2015

Scream, la série


Titre : Scream, la série (Scream :the TV series)
Réalisateurs : Jamie Travis, Tim Hunter, Brian Dannelly, Julius Ramsay, Leigh Janiak, Rodman Flender, Ti West
Acteurs : Willa Fitzgerald, Bex Taylor-Klaus, John Karna, Carlson Young, Amadeus Serafini, Connor Weil, Tom Maden, Amelia Rose Blaire
Date de sortie : 2015
Genre : slasher

Synopsis :
A Lakewood, un tueur masqué déguisé en fantôme sème la terreur autour de lui, faisant remonter à la surface les secrets d'un passé trouble. Le coupable aurait-il un lien avec le mythique Brandon James, qui avait à l'époque laissé de nombreuses victimes sur son passage ? L'assassin était alors obsédé par la jeune et belle Daisy. La fille de celle-ci, Emma, a aujourd'hui l'âge de sa mère au moment des drames. Le cauchemar recommencerait-il ? Qui sera la prochaine cible du détraqué ?

Avis :
Dans un paysage audiovisuel où les séries fantastiques peinent à se renouveler (The Walking Dead, Game of Thrones et d'autres tournent en rond depuis pas mal de temps), les producteurs ont cette fois décidé de prendre le problème dans l'autre sens : ils choisissent de s'infliger un handicap dès le départ en adaptant en série une tétralogie qui se mordait déjà la queue au second volet : Scream. Evidemment, il ne fallait pas s'attendre à une once d'originalité.

Tous les ingrédients y sont donc : l'héroïne mignonne mais bien plus chaste que ses camarades, les personnages archétypaux (la biatch, la gentille camarade, la marginale, le geek qui connaît tous les codes, le petit ami suspect...), le secret issu du passé... et le tueur donc. Le tout étalé sur dix épisodes de quarante minutes. La série Scream fait donc du Scream, adaptant un slasher, avec tous ses clichés, en série tout en s'interrogeant sur la pertinence d'adapter un slasher en série. Hélas, ce qui aurait pu être d'un réjouissant second degré va se retrouver plombé par une intrigue très mince et un navrant premier degré.


 Singeant largement l'intrigue du premier Scream (avec, évidemment, quelques clins d'oeil évident, à la saga Vendredi 13 notamment), la série ne va réserver aucune surprise, amenant les scènes de meurtre sans aucune finesse et, pire que tout, nous laissant deviner l'identité du tueur dès les premiers épisodes, malgré quelques fausses pistes vite éventées. Et si, par malheur, vous avez loupé un élément ou deux, si une des ficelles vous a échappé, ne vous inquiétez pas : le clone du personnage de Randy est parfaitement conscient de l'idiotie du spectateur et se chargera, en trois minutes, de résumer ce que vous aviez certainement déjà compris...

On notera quand même quelques éléments réussis : le masque du tueur est particulièrement réussi et vraiment effrayant. De même, malgré ses défauts, la série se suit sans ennui, et on généralement envie de voir l'épisode suivant pour connaître les conséquences des actions du tueur – même si on en est souvent pour nos frais, certains éléments étant très rapidement oubliés. On appréciera également la gentille critique des réseaux sociaux et de leurs dérives, bien que cela reste évidemment en surface. Enfin, la série n'est jamais aussi pertinente que lorsqu'elle joue la carte du second degré et de la parodie, ce qui arrive hélas trop rarement.

Tout comme la série de films dont elle s'inspire, la série Scream est donc amusante un moment, mais rapidement rattrapée par ses nombreux défauts. Les rares moments forts finissent par se perdre dans une intrigue sans surprise ni saveur, et les diverses révélations et arcs scénaristiques tournent rapidement dans le vide. Scream confirme ainsi la difficulté d'adapter un genre tel que le slasher en série télévisée, même s'il faut bien avouer qu'elle n'est pas plus mauvaise que la grande majorité des films du genre...

Note : 4/10 



samedi 3 octobre 2015

The Green Inferno


Titre : The Green Inferno
Réalisateur : Eli Roth
Acteurs : Lorenza Izzo, Ariel Levy, Aaron Burns
Date de sortie en France : 16 octobre 2015 (e-cinema)
Genre : horreur

Avis : 
Le voilà donc enfin, ce Green Inferno ! Plus de deux ans après avoir été terminé, plombé par les ennuis financiers de sa maison de production, le film d'Eli Roth débarque enfin sur les écrans. Enfin, vos écrans de télévision ou d'ordinateurs, pour la plupart d'entre vous, puisque, à l'exception de séances de cinéma se comptant sur les doigts d'une main, le cannibal-movie du réalisateur de Hostel et du récent Knock, knock se contente en France d'une sortie en e-cinéma, sous le prétexte que les spectateurs ne se déplacent de toute façon pas pour voir des films d'horreur au cinéma. Mouai...

Eli Roth choisit donc de ressusciter un genre disparu : le film de cannibales, qui a connu ses heures de gloire dans les années 70 et 80, sous l'impulsion de réalisateurs tels que Ruggero Deodato (Le Dernier monde cannibale, Cannibal Holocaust), Umberto Lenzi (Cannibal Ferox) ou Sergio Martino (La Montagne du Dieu cannibale). Que pouvait donc apporter Roth à un genre périmé qui ne laisse pas beaucoup de place à l'innovation ?


La réponse est simple : il va faire du Eli Roth. En tout cas, le Eli Roth sale gosse de Cabin fever plutôt que celui bien trop calme de Knock knock. Car si l'on s'attendait à un film violent - et on ne sera pas déçu - le réalisateur va surtout s'amuser à mettre autant d'horreur que d'humour dans son Green Inferno, réussissant à nous dégoûter quelques secondes après nous avoir fait rire. On regrettera d'ailleurs d'autant plus la sortie en e-cinéma : l'humour du film est typiquement celui qui s'apprécie au milieu d'une salle de spectateurs devenus complices, s'amusant des bonnes blagues bien grasses, des situations joyeusement loufoques et des idées complètement débiles qui ponctuent le film. Pas certain que ça fonctionne autant en le regardant seul.

On rit beaucoup donc, mais on frémit parfois aussi : quand le film choisit de passer aux choses sérieuses, il ne le fait pas à moitié. Si on regrettera l'absence de castration (un film de cannibales sans zigounette tranchée est-il un film de cannibales ?), on aura droit à notre lot de démembrements, d'énucléations et de tortures par des cannibales toujours aussi imaginatifs quand il s'agit de cuisiner des occidentaux trop curieux.

Pour le reste, on appréciera la réalisation d'Eli Roth, qui joue parfois de façon intéressante avec les couleurs (ces indigènes rouges se détachant dans l'ensemble vert) et nous replonge dans la forêt impénétrable des films de Deodato. J'avoue aussi avoir été convaincu par l'interprétation qui, sans atteindre des sommets, se révèle crédible, même quand le réalisateur les met dans des situations complètement farfelues. Quant à l'éventuel message derrière le film, n'en attendez pas trop : avec ses gros sabots et son don pour enfoncer les portes ouvertes, Roth se contente du minimum, même s'il fait parfois mouche.

The Green Inferno n'est donc pas totalement le film qu'on attendait : finalement très loin d'un Cannibal Holocaust, il s'agit en fait d'un pur film d'exploitation, où le gore bien crade côtoie le délire le plus intégral, quitte à parfois en faire trop et être régulièrement très, très con. En ce qui me concerne, un excellent moment, que je trouve bien plus réussi que tous ses films précédents...

Note : 7.5/10


vendredi 2 octobre 2015

The Program


Titre : The Program
Réalisateur : Stephen Frears
Acteurs : Ben Foster, Chris O'Dowd, Guillaume Canet
Date de sortie en France : 16 septembre 2015
Genre : biopic, drame

Synopsis :
Découvrez toute la vérité sur le plus grand scandale de l’Histoire du sport : le démantèlement du programme de dopage qui a fait de Lance Armstrong une légende. De la gloire à l'humiliation, The Program retrace le parcours de la star du Tour de France.

Avis :
La victoire contre la maladie, puis la renaissance sportive, avant la chute : le parcours de Lance Armstrong, la plus grande star du cyclisme contemporain et le cerveau du plus grand programme organisé de dopage de l'histoire de son sport, se prêtait parfaitement à un biopic. Un sujet en or, qui va permettre à lui seul de susciter l'intérêt pour un film qui va cependant rester en surface et étrangement passer sous silence de nombreux aspects de l'histoire.


 Il conviendra d'abord de connaître un minimum le sujet afin de mieux appréhender certains éléments, comme les intimidations envers Filippo Simeoni et Christophe Bassons, ou plus important encore : l'aspect sportif des tours de France des années Armstrong, qui passe totalement aux oubliettes, entraînant avec lui l'une des facettes les plus passionnantes du champion déchu. Le tricheur était en effet un sacré perfectionniste, qui ne laissait pas grand chose au hasard, et qui n'a certainement pas gagné uniquement grâce au dopage – par ailleurs largement généralisé à l'époque, autre point uniquement effleuré par le film au détour d'une réplique ou des sourires en coin des autres coureurs entraperçus.

C'est d'ailleurs l'un des plus gros problèmes du film : à vouloir résumer et illustrer l'affaire Armstrong, Stephen Frears (The Queen, Philomena) choisit d'en garder qu'une partie des éléments, occultant délibérément des points essentiels, effaçant totalement le rôle des journalistes français, gommant totalement la richesse de la personnalité, riche de paradoxe, de l'Américain. Et si le fait de développer l'histoire à la façon d'un thriller suffit à nous tenir en haleine, ces énormes ellipses nous font parfois perdre le fil. Dommage, car le cynisme de certaines situations est vraiment marquant (notamment la banalité du dopage pour ces hommes), bien que souvent contrarié par quelques éléments un peu grotesques (le Dr. Ferrari caricaturé en savant fou...).


Frears se casse donc un peu les dents sur un sujet en or, qui finit par le dépasser. La richesse de l'univers n'est finalement qu'effleurée, bien que cela suffise à nous donner un thriller sportif intéressant – mais qui ne pourra véritablement plaire ni aux novices, perdus par des éléments trop implicites, ni aux connaisseurs, qui savent déjà ce que montre le film, et même beaucoup plus. On retiendra finalement surtout la prestation de Ben Foster, même si la ressemblance physique ne fait pas toujours oublier le déficit de charisme par rapport au modèle...

Note : 6/10