mardi 21 février 2023

Shin Ultraman

 
Titre : Shin Ultraman
Réalisateur : Shinji Higuchi 
Acteurs : Takumi Saitoh, Masami Nagasawa, Hidetoshi Nishijima
Date de sortie en France : -
Genre : super sentai, science-fiction
 
Synopsis : 
Des kaiju toujours plus motivés attaquent le Japon, mais heureusement, la vigie Ultraman veille au grain. 
 
Avis : 
Découvrir Ultraman en 2022 avec Shin Ultraman, c'est le sentiment assez vertigineux de se trouver au pied d'un monument de la culture pop japonaise, un mastodonte né dans les années 60 et composé d'une multitude de séries et de films, dont l'immense majorité n'a jamais vraiment franchi nos frontières. En France, ce genre bien particulier est surtout connu par la série Bioman ou par la série... américaine Power Rangers, et est, à l'instar du kaiju eiga, souvent cibles de quolibets de la part d'un public préférant souvent le confort bien connu et reposant d'un énième slasher sans intérêt ou d'un film de zombie éclaté au sol, comme disent les jeunes. 
 
 
Je dois bien avouer que, moi-même, pourtant fan de Godzilla et compagnie, j'étais assez frileux à l'idée de découvrir le genre, ne sachant d'ailleurs pas par quel bout commencer, ayant tenté de visionner d'anciens épisodes de Kamen Raider ou de Ultra Q. C'est finalement grâce au PIFFF que j'ai pu découvrir enfin Ultraman, d'autant plus alléché par la promesse d'une relecture moderne du mythe, à l'image de ce que Shinji Higuchi et Hideaki Anno avaient proposé avec Shin Godzilla. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je suis ressorti assez circonspect de la séance, sans doute pas préparé à digérer un spectacle aussi généreux qu'hermétique. 
 
Car ce que l'on sent dès les premières minutes, c'est la volonté de Higuchi et Anno de se faire plaisir, mais aussi de faire plaisir au spectateur. Des scènes de destruction, des affrontements titanesques, des poses improbables, et un respect que l'on sent total envers l'univers d'Ultraman : j'ai clairement eu des étoiles plein les yeux pendant la première demi-heure. Le film va ensuite rapidement se calmer, et développer ses thématiques de façon un peu pachydermique. 
 
Ce n'était déjà pas l'aspect le plus original de Shin Godzilla, mais ce dernier fait office de modèle par rapport à Shin Ultraman sur la critique des institutions japonaises et de leur incapacité à affronter une crise imprévue. La lenteur des prises de décisions, les dirigeants noyés au milieu d'un nombre impressionnants de conseillers inutiles, les accords grotesques passés dans l'urgence, la volonté d'agir plutôt que de réfléchir : si le sentiment de lourdeur administrative imprègne parfaitement le film, c'est surtout le sentiment de déjà-vu qui prédomine. 
 
On ne se réveille finalement que grâce aux petites touches d'humour, très efficace, ou grâce (ou plutôt "à cause de") à la réalisation très particulière de Higuchi. Ce dernier opte en effet pour un découpage extrême de toutes les séquences de dialogues, adoptant des points de vue totalement fous. Le résultat, s'il dénote une véritable virtuosité technique, s'avère vraiment déroutant, sans doute en écho à la manière dont le public peut consommer l'information de nos jours. J'avoue avoir été totalement pris au dépourvu par ces séquences... et pourtant continue à y penser régulièrement ! 
 
Si Shin Godzilla constituait sans doute une porte d'entrée efficace pour découvrir le kaiju eiga, je ne suis pas certain que Shin Ultraman donne vraiment envie au profane de s'intéresser davantage au genre. Malgré une première partie formidable, le film de Shinji Higuchi se contente trop souvent de reprendre les thématiques de son aîné, tout en se montrant à mes yeux trop léger pour convaincre. Mais la curiosité l'emportera sans doute : je le reverrai certainement en essayant d'être mieux préparé !



samedi 18 février 2023

Projet Wolf Hunting

 

Titre : Projet Wolf Hunting (Neugdaesanyang)
Réalisateur : Kim Hong-seon
Acteurs : Seo In-guk, Jang Dong-yoon, Jung So-min
Date de sortie en France : 15 février 2023
Genre : action, fantastique

Synopsis : 
Alors qu'ils sont transférés depuis les Philippines vers la Corée du Sud par un navire cargo, plusieurs dangereux criminels provoquent une violente émeute jusqu'à ce qu'un monstre non identifié sorte de son sommeil... 
 
Avis : 
Sans doute tracté par des locomotives telles que Bong Joon-ho (Parasite, Memories of murder), Park Chan-wook (Old boy, Mademoiselle, Decision to leave) ou Na Hong-jin (The Chaser, The Strangers), le cinéma sud-coréen s'est fait une belle place dans nos salles de cinéma et sur nos écrans de télévision. Le problème, c'est qu'alors qu'avant, seuls les meilleurs films nous parvenaient, cette mode permet désormais à des oeuvres très moyennes (la série Squid Game) voire mauvaises, comme ce Projet Wolf Hunting
 

 

PWH est un film d'action bourrin complètement con, qui bifurque à mi-chemin vers le nanar horrifique. Cela semble lui assurer un certain succès public, certains spectateurs se contentant volontiers de l'extrême violence du film (et pourquoi pas, finalement ?), mais j'avoue que, de mon côté, le film ne m'a amusé qu'une demi-heure avant de profondément m'ennuyer. Alors oui, évidemment, le film n'usurpe pas sa réputation : il est très, très violent et, dès que l'ensemble se met en marche, ça n'arrête plus une seconde. Mais bordel, qu'est-ce que c'est con ! 

Car on est quand même devant l'opération policière la plus mal foutue du monde, qui ne vérifie ni l'identité de l'équipage, ni ce que transporte le bateau, le tout avec une surveillance minimale et une équipe de vétérans qui respire l'amateurisme jusqu'à laisser totalement sans surveillance sa fine cargaison de prisonniers. Bon, à vrai dire, c'est sans doute une équipe de suicidaires, étant donné qu'aucun ne réagit face à des menaces armées. Côté prisonniers, la brochette habituelle, avec le leader charismatique qui en fait des tonnes pour bien montrer qu'il est cinglé (bordel, cette interprétation) et les sous-fifres habituels. Et quand le film bascule vers l'horreur, avec une créature bourrine qui ferait passer Jason Voorhees pour un tueur chétif, c'est encore pire : on enchaîne des mises à mort violentes, gores et répétitives de personnages dont l'instinct de survie était apparemment livré en option, entre deux révélations crétines délivrées par des acteurs en roue libre.

J'ai même fini par lutter contre le sommeil dans la dernière demi-heure, tant le combo action bourrine - gore crétin est lassant. Peu d'intérêt donc en ce qui me concerne, et surtout pas la "nouvelle bombe du cinéma coréen" que certains laissent entrevoir...



vendredi 10 février 2023

Space monster Wangmagwi

 
Titre : Space Monster Wangmagwi (Ujugoe-in Wangmagwi)
Réalisateur : Hyeok-jinn Gwon
Acteurs : Won Namkung, Seon-kyeong Kim, Eun-jin Han
Date de sortie en France : -
Genre : kaiju eiga
 
Synopsis :  
Des extraterrestres cherchent à envahir notre planète, et nous envoient un monstre géant, Wangmagwi, qui détruit tout sur son passage. Menée par Oh Jeong-hwan, l'aviation coréenne tente d'arrêter la créature, mais celle-ci enlève bientôt la fiancée de Oh Jeong-hwan.

Avis : 
Dans le monde merveilleux du kaiju eiga, il existe quelques trésors perdus, notamment lorsque l'on s'aventure en dehors des terrains balisés par les grands studios japonais. C'est le cas par exemple du légendaire Bulgasari, réalisé par Kim Myeong-je en 1962, introuvable depuis sa sortie, sans doute en raison d'un accueil critique assez catastrophique. C'était également le cas de Ujugoe-in wangmagwi, de 1967 : le film n'était diffusé que par les Archives du film coréen, ou visible dans la bibliothèque de l'institution. Finalement, 55 ans plus tard, le film a enfin droit à une sortie en Occident, édité en Blu-Ray par les américains de SRS Cinéma. Pour le plus grand plaisir des fans du genre, qui ne s'attendaient certainement plus à voir enfin l'un des plus anciens films de monstres coréens. 
 
 
Autant vous le dire tout de suite : comme souvent avec le kaiju eiga, Space monster Wangmagwi est réservé aux amateurs hardcores du genre, ceux qui prennent leur pied devant un acteur en costume piétinant des maquettes et des miniatures. Et il faut bien avouer que, dès les premières minutes, avec cette navette dérivant paresseusement devant un espace que n'aurait sans doute pas renié Ed Wood, ou avec ces extraterrestres en costume argenté évoluant dans un vaisseau bien vide, on en a pour notre argent. Le temps de nous expliquer rapidement leur plan (qui consiste, comme souvent, à nous balancer un monstre géant pour nous détruire et voler notre planète), on retourne sur Terre faire connaissance avec les principaux personnages. 

Un début de film assez classique donc, qui va rapidement être dynamité par deux éléments : le monstre, tout d'abord ; les personnages, ensuite. Car Wangmagwi n'est pas un kaiju eiga classique : c'est aussi une comédie, qui oscille entre le vaudeville et le pipi-caca entre deux séquences catastrophe. Le monstre géant commence à tout péter dans la ville ? Deux nigauds en profitent pour se lancer des paris grotesques, l'un misant son argent, l'autre mettant en jeu... son épouse. Un militaire est envoyé pour affronter le monstre ? Sa fiancée est uniquement préoccupée par le fait que son mariage en sera retardé. Un vieillard se fait piétiner par Wangmagwi ? Au même moment, un homme est trahi par ses intestins. Et si je pensais avoir tout vu avec cette scène, c'était sans compter sur le personnage du gamin. 
 

Voleur mais courageux, ce dernier n'hésitera pas à aller affronter seul, avec sa b... et son couteau, le monstre géant qui détruit la ville. On atteint ici des sommets, le garçon parvenant presque à lui seul à mettre la créature en déroute, avec un sens du sadisme assez terrifiant... et une redoutable vessie. Pour ceux qui veulent en savoir plus, rendez-vous en fin de chronique pour le résumé d'une séquence qui est, je pense, unique dans le cinéma de genre. 

Bref, des personnages hauts en couleurs, mais qui ne parviennent pas à éclipser un des monstres les plus craignos de l'histoire du kaiju eiga. Avec ses oreilles tombantes, sa langue constamment sortie et ses petits yeux, Wangmagwi inspire plus le sourire que la crainte. En revanche, malgré un costume qui n'a pas dû coûter grand chose (malgré une imposante fermeture éclair, bien visible dans le dos du monstre), il est assez crédible dans les séquences de destruction, grâce à des maquettes plutôt réussies et quelques effets de transparence bien travaillés. En dehors de son apparence, son comportement intrigue : alors qu'il semble capable de tout péter en quelques secondes, il passe de longues, très longues minutes à tourner autour du même bâtiment, et épargnera, apparemment séduit par sa poitrine, la future mariée, la transportant dans sa main pendant tout le film, tel un King Kong enlevant la belle Fay Wray. 
 

Space monster Wangmagwi est dont un film à réserver aux amateurs acharnés de kaiju eiga, qui sauront apprécier le kitsch émanant de l'oeuvre, et lui pardonner son humour parfois douteux. Un film qu'on aura sans doute rangé aux côtés des pires "Godzilla" et "Gamera", s'il n'avait pas été aussi longtemps invisible. 

Enfin, comme promis, je ne résiste pas à l'envie de vous raconter certains gags du film. Ainsi, comment oublier toute la séquence où le jeune garçon escalade Wangmagwi, avant de s'introduire dans ses oreilles. Le temps de déchirer les tympans du pauvre monstre, d'échapper à une terrible chute en s'accrochant à ses poils de nez, le gamin va finalement... uriner à l'intérieur de la boîte crânienne de l'arme fatale des extraterrestres. Le tout, avant de menacer de crever également les yeux de Wangmagwi, qui ne méritait sans doute pas autant d'acharnement !