vendredi 30 juillet 2021

Old

Titre : Old
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Acteurs : Gael Garcia Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell
Date de sortie en France :21 juillet 2021
Genre : thriller, suspense
 
Synopsis : 
En vacances dans les tropiques, une famille s’arrête pour quelques heures sur un atoll isolé où ils découvrent avec effroi que leur vieillissement y est drastiquement accéléré et que leur vie entière va se retrouver réduite à cette ultime journée. 
 
Avis : 
Adaptation de Château de Sable de Pierre Oscar Levy et Frederik Peeters, Old est le nouveau film de M. Night Shyamalan, l'homme qui aime les idées mystérieuses, mais ne sait pas toujours ce qu'il doit en faire. 

Et il faut bien avouer que cette idée de plage où les personnages vieillissent beaucoup plus vite qu'en temps normal avait tout pour intriguer, notamment grâce à une bande-annonce efficace. Hélas, le film ne sera en fait qu'une version longue de cette bande-annonce, cette dernière révélant les principales péripéties. Un peu comme si le film de presque deux heures était lui aussi venu sur cette plage pour être accéléré.
 
 
Une nouvelle fois, Shyamalan ne sait donc pas quoi faire de son mystère. Alors il tergiverse, il tourne en rond, il tente de garder le secret sur un mystère que le spectateur connaît dès la lecture du synopsis, et finit par se caricaturer en multipliant les effets de caméra juste pour le plaisir de multiplier les effets de caméra. 

On ne pourra pas non plus s'intéresser aux personnages, ceux-ci n'étant que des archétypes sans grand intérêt (le couple en cours de séparation, le riche médecin et sa pouffe, le rappeur noir...) dont le destin ne réserve aucune réelle surprise, et dont les interprètes offrent le strict minimum. Résultat de tous ces défauts : la tension manque cruellement, et tout ce qui nous fait tenir, c'est l'espoir d'une explication sur cette plage. On ne sera pas déçus.

Car Shyamalan ne savait apparemment pas comment terminer son film, et nous offre donc deux fins consécutives, bien différentes l'une de l'autre. Une forme d'aveu d'impuissance, qui vient conclure paresseusement un film qui n'aura de toute façon jamais décollé...
 

 

samedi 24 juillet 2021

Mortal Kombat (2021)

 


Titre : Mortal Kombat
Réalisateur : Simon McQuoid
Acteurs : Joe Taslim, Josh Lawson, Lewis Tan
Date de sortie en France : 
Genre : action, arts martiaux

Synopsis : 
Lorsque les plus grands champions de la Terre sont appelés à combattre les ennemis de l'Autre Monde, ils doivent découvrir leurs véritables pouvoirs pour sauver notre planète de l'annihilation totale.

Avis : 
Le Mortal Kombat de Paul W.S. Anderson est souvent considéré comme l'une des meilleures adaptations de jeux vidéo, en assumant pleinement un côté rentre-dedans parfaitement adapté à la transposition d'un jeu de combat où le scénario était secondaire. On peut d'ailleurs s'étonner qu'une oeuvre avec une trame aussi mince ait depuis inspiré une suite (Mortal Kombat : Destruction finale), des séries (MK Conquest, Les Gardiens du royaume), un spin-of (Scorpion's revenge), et donc un reboot en 2021. 


Ce reboot a su faire parler de lui ces dernières semaines en dévoilant quelques scènes très violentes, dans l'esprit direct du jeu vidéo et de ses fameuses fatalities. Une promesse de fidélité à l'oeuvre de base, à l'heure où les scénaristes utilisent trop souvent le titre des jeux vidéo pour en faire quelque chose de complètement différent. Une promesse qui n'empêchera pas le film d'être vraiment moyen, souffrant même largement de la comparaison avec le film de 1995. 

A l'opposé de l'aspect décomplexé du film de Paul W.S. Anderson, ce reboot choisit une voie plus sérieuse, voire même réaliste. Les personnages ont des états d'âme, un passé, et devront apprendre à utiliser leurs pouvoirs. Malheureusement, on s'en fout. C'est un film avec des ennemis provenant d'une dimension parallèle, où un type avale des âmes au petit déjeuner, où un autre maîtrise la glace : le réalisme, on le laisse à l'entrée. On s'en fout d'autant plus qu'on est devant une galerie de personnages lisses et sans charisme, même si j'ai apprécié le fait d'avoir un combattant inédit et créé pour le film. Là encore, la comparaison est cruelle : Liu Kang, Raiden, Shang Tsung ou Goro ne dégagent absolument rien. Un constat qui ne serait pas si grave si les combats, censés être le coeur même de ce type de film, étaient réussis. 

ça doit être pratique pour lire la nuit...

Hélas, une nouvelle fois, on reste sur notre faim. En dehors des quelques débordements graphiques, de l'introduction et de l'affrontement final, on n'aura à se mettre sous la dent que des micro-affrontements vite et mal torchés, un peu gâchés par un recours trop fréquent aux effets numériques. A aucun moment les ennemis n'apparaissent comme des menaces, d'autant qu'ils finissent par se faire botter le cul par des héros qui n'ont jamais l'étoffe de combattants confirmés... 

Bref, on aurait aimé s'amuser davantage devant ce film, qui se prend malheureusement un peu trop au sérieux (franchement, ces personnages qui prononcent les gimmicks des jeux, quelle idée de merde... n'est pas Scott Pilgrim qui veut...) au lieu d'offrir le divertissement décérébré qu'on attendait. On l'oubliera sans doute bien plus vite que le film de 1995...



dimanche 11 juillet 2021

The Wicker man

 

Titre : The Wicker man
Réalisateur : Robin Hardy
Acteurs : Christopher Lee, Edward Woodward, Ingrid Pitt
Date de sortie : 1973
Genre : thriller

Synopsis : 
La veille du 1er mai, un policier du continent vient enquêter sur la disparition d'une fillette sur un îlot écossais. Il se heurte à l'hostilité et au mutisme de ses habitants...

Avis : 
C'est une oeuvre qui aura longtemps été oubliée dans nos contrées, avant d'être peu à peu redécouverte grâce à quelques passionnés tels que Jean-Pierre Dionnet et de devenir un classique, inspirant quelques films récents tels que Midsommar ou The VVitch... et même d'avoir droit à son remake avec l'inénarrable Nicolas Cage. Cette oeuvre, c'est The Wicker man, présent dans la liste des 100 meilleurs films britanniques du British Films Institute et considéré par Christopher Lee comme le meilleur film de sa carrière. 


S'il commence comme une enquête policière assez classique, le film de Robin Hardy va peu à peu brouiller les pistes, et nous emmener comme le sergent Howie dans un univers où les frontières sont floues, où l'on aura constamment l'impression que tout peut arriver, très loin de nos certitudes : celles d'homme de loi et de foi de Howie, celles d'amateurs de cinéma finalement peu habitués à vraiment sortir des sentiers battus du spectateur. En découle un film véritablement unique et particulièrement intelligent. 

Cette intelligence se retrouve d'ailleurs dans la confrontation entre les idées de Howie, chrétien dévot, et les habitants de l'île, adeptes de rites païens. L'intolérance horrifiée de l'un contre la condescendante cruauté des autres : le choc entre les deux mondes donnera des scènes formidables où le policier est confronté à tout ce qui incarne le pêché (notamment le sexe, avec ces villageois aux moeurs libérés, cette célébration de la nudité, ces symboles expliqués aux plus jeunes) et la tentation, comme la célèbre scène où Britt Ekland tente de le séduire. Le tout jusqu'à un final terriblement amoral et subversif, qui achève de faire de ce Wicker man une oeuvre culte, unique et indispensable. 



mercredi 7 juillet 2021

Conjuring : sous l'emprise du Diable


Titre : Conjuring : sous l'emprise du Diable (The Conjuring: the Devil made me do it)
Réalisateur : Michael Chaves
Acteurs : Vera Farmiga, Patrick Wilson, Ruairi O'Connor
Date de sortie en France : 9 juin 2021
Genre : épouvante, thriller

Synopsis : 
Dans cette affaire issue de leurs dossiers secrets – l'une des plus spectaculaires – , Ed et Lorrain commencent par se battre pour protéger l'âme d'un petit garçon, puis basculent dans un monde radicalement inconnu. Ce sera la première fois dans l'histoire des États-Unis qu'un homme soupçonné de meurtre plaide la possession démoniaque comme ligne de défense.

Avis : 
Huitième volet de l’univers cinématographique Conjuring, Sous l’emprise du Diable nous permet de retrouver, 5 ans après Le Cas Enfield, le couple Warren. Entre temps, l’univers s’est enrichi de nouveaux films consacrés à la poupée Annabelle (La Création du mal puis La Maison du mal), au démon Valak dans La Nonne, et à la Llorona dans La Malédiction de la Dame Blanche. C’est d’ailleurs au réalisateur de ce dernier, Michael Chaves, que revient la lourde tâche de succéder à James Wan, ce dernier se contentant de produire et de participer au scénario.

 
Comme pour les précédents épisodes, Conjuring 3 est inspiré de faits réels, ce qui signifie qu’il se base vaguement sur des histoires à la véracité douteuse relayées par des personnes ayant tendance à déformer la réalité. Cette fois, le scénario aborde l’histoire de Arne Cheyenne Johnson, qui après avoir tué son propriétaire, tenta de plaider la possession démoniaque pour expliquer son geste. Sans succès. L’histoire va permettre à la saga d’explorer de nouveaux horizons, entre malédiction et sorcellerie, en privilégiant son côté « enquête » - qui a toujours été, à mes yeux, l’élément le plus réussi de la saga.
 
On n’échappera malheureusement pas aux insupportables clichés que le genre nous vomit à la tronche depuis trop longtemps. Refusant d’installer une quelconque ambiance, le film ne se construit qu’autour de jump-scares stéréotypés et sans surprise, tente de donner le change en faisant beaucoup, beaucoup de bruit, et nous gratifie une nouvelle fois des éternelles séances de contorsionnisme diabolique pour illustrer la possession. On a parfois l’impression que, paniqué à l’idée d’avoir montré un élément un peu plus subtil, Conjuring se met à hurler et à trembler pour vite reprendre les rails de l’épouvante inoffensive grand public.

 
Et si la réalisation de Chaves évite le côté « m’as-tu vu » dans lequel s’enfermait parfois Wan (pas de travelling à 360° à cloche-pied les yeux bandés ici), c’est pour mieux insister sur ses références, le film reprenant par exemple le plan iconique de L’Exorciste, ou pour mieux tuer dans l’oeuf tout élément de surprise. Absolument rien ne dépasse, c’est propre, c’est carré, c’est lisse… c’est l’univers cinématographique Conjuring, et apparemment, c’est ce que veut voir le public, qui se rue en salles à chaque épisode.
 
Si le film n’essaie plus de faire peur, il tente en revanche d’apporter un peu de substance à son scénario. Il faut bien avouer que cela fonctionne plutôt bien, à l’image de ce que proposait par moments Le Cas Enfield. Rien qui viendra renouveler le genre, mais le mystère est assez efficace pour donner envie de suivre l’enquête. Dommage que ça se termine en eau de boudin, entre révélation bancale et vite expédiée, mais c’est sans doute dans cette direction que la saga devrait creuser pour ses inévitables futurs épisodes.
 
De l’épouvante prémâchée, sans saveur, et qui ressemble à tous les films d’épouvante de ces dernières années : Conjuring : sous l’emprise du Diable remplit sans doute parfaitement sa fonction de gentil blockbuster horrifique estival pour adolescent. On passera plus de temps à secouer la tête de dépit qu’à frissonner…