samedi 27 novembre 2021

Le Calendrier

 
Titre : Le Calendrier
Réalisateur : Patrick Ridremont
Acteurs : Eugénie Derouand, Honorine Magnier, Clément Olivieri
Date de sortie en France : 1er décembre 2021
Genre : horreur
 
Synopsis : 
Eva est paraplégique depuis trois ans. Pour son anniversaire, elle reçoit en cadeau un étrange calendrier de l’Avent.
Mais ce ne sont pas les traditionnelles friandises qu’elle découvre chaque jour, mais des surprises plus inquiétantes, parfois agréables, souvent terrifiantes, et de plus en plus sanglantes.
Cette année, Noël va être mortel !
 
Avis : 
 Le cinéma d'horreur aime les fêtes et les dates particulières. Halloween, Vendredi 13, Noël, la Saint Valentin, les anniversaires... Tout peut-être prétexte à célébration horrifique, à malédiction, les réalisateurs n'ayant finalement que le choix dans la date. Patrick Ridremont, dont c'est le deuxième long-métrage après l'étonnant (et très bon) Dead man talking, va pousser le concept plus loin et nous proposer un calendrier de l'avent fantastique. 
 
 
24 cases donc, pour 24 journées et autant de surprises. D'entrée, les règles sont claires : si l'on commence le calendrier, il faudra aller au bout, et il est interdit de s'en débarrasser. Dans les deux cas, la sentence sera la même : la mort. Ayant reçu l'objet comme cadeau d'anniversaire début décembre, Eva, ancienne danseuse devenue tétraplégique à la suite d'un accident de voiture, ne prend évidemment pas ces avertissements au sérieux. Mais, rapidement, alors que certains événements étranges se succèdent dans son entourage, elle va devoir se rendre à l'évidence : il lui faut suivre les règles, et si les friandises qu'elle découvre ont des effets formidables (argent, amour, guérisons...), il y a un prix à payer pour en profiter. 

On se retrouve ainsi devant une réinterprétation du mythe de Faust, avec cette question permanente : les améliorations dans la vie d'Eva (et notamment l'usage retrouvé de ses jambes, pour cette ancienne danseuse professionnelle) valent-elles davantage que les vies de certains membres de son entourage (les très caricaturaux patron, trader ou belle-mère), voire de certains amis ou membres de sa famille ? C'est l'un des points les plus réussis du film : dans un univers horrifique où le personnage principal aurait la plupart du temps cherché à combattre l'entité, ou à comprendre la malédiction, Eva subit la situation autant qu'elle en jouit, et endosse parfois le rôle d'un véritable monstre pour certains, comme dans la séquence de la poupée, proche du vaudou. 
 
 
Le principe même du film permet de rythmer l'ensemble de façon assez élégante, même si on pourra trouver l'enchaînement des jours assez répétitif. On appréciera quand même l'imagination dont fait preuve Patrick Ridremont, jouant avec le temps (quelques jours disparaissent mystérieusement, un autre est vécu d'un point de vue différent le lendemain), et avec les références (comme avec ce superbe hommage à Nosferatu) et qui permettra de pardonner certaines facilités scénaristiques (personne ne semble vraiment s'inquiéter du comportement d'Eva, et celle-ci retrouve trèèèès facilement l'ancien propriétaire du calendrier), ou l'impression que le film, assez calme au niveau horrifique aurait pu aller plus loin, tant niveau visuel que niveau ambiance, notamment grâce à un boogeyman assez terrifiant mais finalement peu exploité.

Le principal bémol vient sans doute de l'interprétation, qui nous fait parfois totalement sortir du film. J'ai ainsi eu beaucoup de mal à croire aux personnages de John, le patron d'Eva, ou de Boris, l'insupportable trader, même si l'on sent que ces personnages sont volontairement caricaturaux. Rien de rédhibitoire néanmoins pour un film qui, s'il ne fera sans doute pas date, permet de passer un bon moment. 





vendredi 26 novembre 2021

Resident Evil : bienvenue à Raccoon City

 

Titre : Resident evil : bienvenue à Raccoon City (Resident evil: welcome to Raccoon City)
Réalisateur : Johannes Roberts
Acteurs : Kaya Scodelario, Hannah John-Kamen, Robbie Amell
Date de sortie en France : 24 novembre 2021
Genre : horreur
 
Synopsis : 
Autrefois le siège en plein essor du géant pharmaceutique Umbrella Corporation, Raccoon City est aujourd'hui une ville à l'agonie. L'exode de la société a laissé la ville en friche... et un grand mal se prépare sous la surface. Lorsque celui-ci se déchaîne, les habitants de la ville sont à jamais... changés... et un petit groupe de survivants doit travailler ensemble pour découvrir la vérité sur Umbrella et survivre à la nuit. 
 
Avis : 

Après les adaptations tant critiquées de Paul W.S. Anderson et sa clique, difficile de dire si l'annonce il y a quelques mois d'un nouveau film basé sur la célèbre saga était attendue avec espoir ou avec méfiance. L'espoir d'avoir enfin une oeuvre plus fidèle à la série de jeux vidéo, la crainte de voir une nouvelle fois la saga massacrée, comme le sont trop souvent les jeux adaptés au cinéma. Il suffit de voir le dernier Mortal Kombat, par exemple. 

Comme souvent, les annonces ont soufflé le chaud et le froid. James Wan (Conjuring, les dossiers Warren, Malignant) puis Greg Russo (justement scénariste de Mortal Kombat) furent un temps associé au projet, avant que Johannes Roberts (le mauvais The Door ou le sympathique 47 meters down) n'hérite du bébé pour en signer le scénario et la réalisation. Dans le cadre d'une communication bien huilée et destinée à rassurer tout le monde, il annoncera souhaiter être "plus fidèle aux jeux", et vouloir faire "un film très effrayant". Résultat des courses : un film qui ne sera ni fidèle aux jeux vidéo, ni terrifiant. Oups.

Le film de Roberts s'inspire des scénarios (un bien grand mot) des deux premiers jeux et de leurs remakes. Dans Resident Evil, une équipe de policier enquêtait dans un manoir perdu en plein forêt, et y affrontait des monstres créés par la société pharmaceutique Umbrella. Dans Resident Evil 2, la catastrophe s'était répandue dans toute la ville. Bienvenue à Raccoon City va donc mélanger les deux histoires, en visiter les lieux emblématiques et y regrouper les principaux personnages. Avec un sens très particulier de l'adaptation. 

Car l'unique élément commun aux jeux et au film, c'est cette idée de série B bas du front, où on avance sans réfléchir. Cela fonctionne parfaitement manette en main, avec l'intensité toute particulière que l'on ressent lorsque l'on est acteur de l'aventure, cela ne fonctionne au cinéma qu'avec un peu de générosité et d'imagination. Ce que l'on ne retrouvera jamais dans le film de Roberts.

Car celui-ci se contente finalement de proposer une juxtaposition des scènes clés des jeux : la découverte du premier zombie dans le manoir, le conducteur de camion infecté, jusqu'à la fuite en train. Entre deux, il n'y aura que des scènes d'action, ce qui aurait pu fonctionner si elle n'avait pas été aussi poussives et navrantes. Difficile de ne pas être amusé devant les affrontements dans le manoir ou dans le parking par exemple. On se retrouve ainsi devant un film d'action médiocre et souvent consternant, où les personnages se comportent comme des personnages, où l'humour tombe systématiquement à plat, où les incohérences sont beaucoup trop nombreuses. Si on ajoute à tout ça une musique omniprésente, et qui vient souligner lourdement chaque mouvement de caméra et chaque élément scénaristique, et une interprétation très moyenne, on assiste finalement à un spectacle gênant, comme si on avait donné les clés (en forme de trèfle, de coeur, de carreau et de pique, évidemment) à une bande de pote vaguement fans du jeu vidéo mais sans grande connaissance du langage cinématographique. Il n'y aura pas besoin de chercher longtemps pour trouver des films réalisés par des fans et bien mieux troussés que celui-ci. Même les effets spéciaux et les maquillages sont complètement ratés, à l'image des chiens-zombies, du Licker, du monstre final ou du fameux "premier zombie", moins réussi que sa version vidéoludique vieille de vingt ans.

Quant à l'aspect adaptation, eh bien... Disons que Bienvenue à Raccoon City prouve une nouvelle fois qu'il ne suffit pas de balancer des références à tout bout de champs (les clés d'un côté, de visiter quelques lieux des jeux ou de mettre en scène des personnages ayant le même nom que ceux des jeux pour être une bonne adaptation. Il me semble que la saga Jovovichienne l'avait assez démontré. Si je me fous un peu que les acteurs ne ressemblent pas aux personnages des jeux (sinon, je me contenterais des films et séries d'animation), faire de Jill Valentine une cruche obsédée par les armes à feu et par Wesker, de Leon un crétin incompétent, ou de Lisa Trevor une gentille fille un peu bizarre m'ennuie un peu plus. Résumer le commissariat, le manoir ou le laboratoire souterrain à trois malheureuses pièces aussi. Et vous pourrez glisser toutes les discussions sur des requins géants, tous les "jumeaux Ashford", toutes les scènes mi-générique débiles, tous les détails dans les décors, tous les trousseaux de clés que vous voulez : ce n'est pas une adaptation. C'est un mec qui a bouffé les scénarios des jeux et qui les a vomis.

Johannes Roberts réussit l'exploit de presque nous faire regretter Paul W.S. Anderson et Milla Jovovich. Son film est un loupé à tous les points de vue, en tant que série B d'action vaguement horrifique comme en tant qu'adaptation de jeu vidéo. Il rejoindra ainsi des aînés aussi peu recommandables que Street Fighter (avec qui il partage notamment le goût pour les adaptations de personnages à côté de la plaque) ou House of the dead (pour ses clins d'oeil bourrins et inutiles) dans la catégorie toujours plus riche des adaptations foireuses de jeux vidéo.