vendredi 31 mai 2013

The Land of hope - terre d'espoir


Titre : The Land of hope - terre d'espoir (Kibo no kuni)
Réalisateur : Sono Sion
Acteurs : Isao Natsuyagi, Jun Murakami, Megumi Kagurazaka
Date de sortie en France : 24 avril 2013
Genre : drame, catastrophe

Synopsis : 
Un tremblement de terre frappe le Japon, entraînant l'explosion d'une centrale nucléaire.
Dans un village proche de la catastrophe, les autorités tracent un périmètre de sécurité avec une bande jaune qui coupe en deux la localité. Une sorte de ligne de démarcation absurde, entre danger bien réel et sécurité toute théorique. Au sein de la famille Ono, les parents, âgés, choisissent de rester. Leur fils et son épouse acceptent d'être évacués pour fuir la radioactivité…  


Avis : 
 N'allez surtout pas croire que Sono Sion, réalisateur des formidables et déjantés Love Exposure ou Guilty of romance, se soit assagi juste parce qu'avec The Land of hope, il réalise cette fois un drame très classique sur sa forme. Il s'attaque en effet à un thème toujours tabou au Japon, celui du nucléaire, dans une espèce de Fukushima-bis : après un séisme, puis un tsunami, un incident nucléaire contamine toute une région. Une centrale située dans une ville au doux nom de Nagashima, contraction évidente entre Nagasaki, Hiroshima et Fukushima. 


De la catastrophe, nous ne verrons presque rien : le séisme ne durera que quelques secondes, le tsunami ne sera présent qu'à travers ses conséquences, et l'explosion de la centrale sera montrée à la télé, de façon presque anecdotique. Ce qui intéresse Sono Sion ici, ce sont les conséquences immédiates de ce drame dans l'esprit des individus, là où Michale Boganim les étudiait des années après l'incident de Tchernobyl dans La Terre outragée. Nous allons ainsi suivre trois couples, très proches avant les événements (famille et voisins), dont les destins et réactions seront bien différentes.

 D'abord, le vieux Yasushiko et son épouse Chieko, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui décident de rester au bord de la zone interdite, la ligne jaune de démarcation traversant leur jardin. Ensuite, leur fils Yoichi et sa femme Izumi, qui choisissent de quitter l'endroit et tomberont peu à peu dans la phobie des radiations, avec cette menace invisible et une paranoïa rappelant par moments le Bug de William Friedkin. Enfin, leurs voisins Yoko et Mitsuzu, évacués par l'armée mais souhaitant revenir chez eux. Si ce dernier duo est sans grand intérêt, et d'ailleurs très souvent délaissé par Sion, les deux premiers couples seront largement développés, permettant au réalisateur d'osciller entre le drame intimiste et une approche plus psychologique, Izumi perdant peu à peu pied en souhaitant protéger l'enfant dont elle est enceinte des radiations.

Hélas, s'il ressort de tout cela une véritable mélancolie et une certaine poésie, Sono Sion peine à nous faire ressentir une véritable émotion, même lorsque l'on est en présence des deux aînés, pourtant très attachants. Il finit même, en étirant au maximum son film, par nous ennuyer, la seconde moitié du film devenant même par moments insupportable de longueur. Même la charge contre le nucléaire et la gestion par les autorités de la catastrophe de Fukushima finit par lasser, trop évidente pour ne pas retomber comme un soufflé. 

Sono Sion nous livre donc avec The Land of hope un film à l'apparence plus calme, avec une mise en scène très classique, sans ses débordements caractéristiques, mais aussi plus engagé, quitte à en devenir maladroit. Cela nous donne un très beau film, mais qui aurait sans doute gagné à être plus court, nous évitant ainsi une certaine indigestion dans la dernière heure... 

Note : 7/10

 

jeudi 30 mai 2013

Very bad trip


Titre : Very bad trip (The hangover)
Réalisateur : Todd Phillips
Acteurs : Bradley Cooper, Ed Helms, Zach Galifianikis
Date de sortie en France : 24 juin 2009
Genre : comédie

Synopsis : 
Au réveil d'un enterrement de vie de garçon bien arrosé, les trois amis du fiancé se rendent compte qu'il a disparu 40 heures avant la cérémonie de mariage. Ils vont alors devoir faire fi de leur gueule de bois et rassembler leurs bribes de souvenirs pour comprendre ce qui s'est passé. 

Avis : 
  Enorme succès en 2009, et ayant depuis fait l'objet de deux suites, Very bad trip est l'exemple typique de la comédie navrante qui mise tout sur la surenchère grotesque et la vulgarité pour s'attirer les faveurs d'un public peu regardant. S'appuyant sur un scénario à l'idiotie assumée, Todd Phillips (réalisateur des trois volets de la trilogie et également producteur d'un navrant Projet X reposant sur les mêmes ingrédients) va se contenter d'aligner les passages de mauvais gout, partant du principe que, de toute façon, l'alcool, la drogue, les femmes à poil et tout ce qui est illégal, c'est génial !!!


On est ainsi condamné à suivre des scènes d'une non drôlerie affligeante, les situations sans intérêt se succédant et les seconds rôles débarquant avant de disparaître, après avoir pris bien soin d'en faire des tonnes. Non content de cette débilité sans doute assumée, Very bad trip va en plus s'acharner à cumuler les pires éléments possibles : répliques lourdingues, musiques irritantes et omniprésentes, rebondissements idiots...

Difficile de faire abstraction de tous ces défauts, même si le personnage interprêté par Zach Galifianikis (Moi, député) tire un peu son épingle du jeu, alors que ses camarades, parmi lesquels on retrouve Bradley Cooper (Happiness Therapy, The Place beyond the pines) et Heather Graham (Twin Peaks, From Hell), sont d'une extrême fadeur. Le pire est peut-être le personnage de M. Chow, qui donne envie d'exploser l'écran à chacune de ses apparitions et incarne sans doute à la perfection l'extrême pauvreté humoristique du film, qui est au final une espèce de négation permanente du comique, sans doute destinée aux gamins...

Note : 2/10


mardi 28 mai 2013

Godzilla


Titre : Godzilla (Gojira)
Réalisateur : Ishirô Honda
Acteurs : Haruo Nakajima, Takashi Shimura, Kin Sugai
Date de sortie : 1954
Genre : science-fiction, catastrophe

Synopsis : 
Au large du Japon, plusieurs bateaux disparaissent dans des circonstances semblables. Puis une île est ravagée par ce qui semble être un typhon, mais les habitants parlent d'un monstre de leurs légendes: Godzilla. La créature préhistorique, réveillée par des essais nucléaires, apparaît bientôt dans la baie de Tokyo, menaçant directement la ville sans qu'il semble possible de l'arrêter...

Avis : 
 En 1954, Ishirô Honda, sans doute inspiré par des films de monstres tels que King Kong ou Le Monstre des temps perdus, va s’associer avec le directeur des effets spéciaux Eiji Tsuburaya et créer une des figures majeures du cinéma : le monstre atomique Gojira, plus connu dans nos contrées sous le nom de Godzilla.

Godzilla est avant tout un film catastrophe, dans lequel Honda va créer les éléments qui deviendront récurrents dans le kaiju eiga (le film de monstre géant). On retrouve ainsi les destructions de villes, illustrées par les effets spéciaux caractéristiques du genre : le monstre est interprété par un acteur dans un lourd costume (91 kilos pour celui porté par Haruo Nakajima dans ce film !), et évolue au milieu de villes reproduites à l’échelle et de maquettes de véhicules, attaqué par l’armée à grands renforts d’avion, de tanks et de batteries antiaériennes pendant que la foule s’enfuit, paniquée. Si ces effets spéciaux ont évidemment vieilli, le film accusant le poids des âges, la technique s’est perfectionnée jusqu’à nos jours, donnant maintenant des résultats bluffants. Bien sûr, on pourra ici s’amuser de l’apparence un peu pataude de Godzilla, ou du camion de pompiers !


L’origine nucléaire de la créature s’inscrit évidemment dans le traumatisme causé par les attaques atomiques sur le Japon, que l’on retrouve dans ces images de la capitale dévastée après la première attaque de Gojira ou à travers le Dr. Serizawa. Ce dernier va en effet créer une arme capable de détruire le monstre, l’Oxygen Destroyer, mais hésitera à en révéler l’existence de peur qu’elle ne soit utilisée à des fins néfastes : en plus de la peur du nucléaire, c’est clairement la course à l’armement qui est pointée du doigt ici, dans un contexte international marqué par le début de la Guerre Froide. Au-delà de ces craintes, on retrouve également dans le film la peur des catastrophes naturelles, même si elles seront davantage développées dans les futurs Rodan ou Mothra.

Cela n’empêche pas le Big G, comme il est affectueusement surnommé outre-Atlantique, de constituer une véritable menace tout au long du film : détruisant navires, villages puis Tokyo, il ne laisse derrière lui que le chaos, écrasant tout sur son passage et utilisant l’une de ses capacités les plus remarquables, son célèbre souffle atomique, pour s’en prendre directement aux habitants. On pense ainsi à la scène des journalistes sur la tour de Tokyo. La plupart des épisodes suivants éviteront de montrer directement les monstres attaquant les humains (avec quelques exceptions, comme ces cadavres dissous dans Godzilla vs Hedorah), préférant se limiter aux dommages causés aux bâtiments. Un élément qui renforce donc le sérieux de ce premier épisode.

Ce tout premier kaiju eiga offre donc un aperçu de ce que seront la plupart des futurs films du genre, et notamment la série des Godzilla, en en inventant les thèmes et éléments récurrents. Si le film a forcément vieilli, il n’en demeure pas moins l’un des plus réussis de sa catégorie, grâce à un sérieux constant, une ambiance particulièrement sombre par moments, un sous-texte très fort, sans oublier l’excellente bande sonore signée Akira Ifukube (même si le thème principal est parfois un peu trop présent). Bref, Godzilla est tout simplement un monument du cinéma fantastique.

Note : 10/10

lundi 27 mai 2013

Les Gamins


Titre : Les Gamins
Réalisateur : Anthony Marciano
Acteurs : Alain Chabat, Max Boublil, Sandrine Kiberlain
Date de sortie en France : 17 avril 2013
Genre : comédie

Synopsis : 
Tout juste fiancé, Thomas rencontre son futur beau-père Gilbert, marié depuis 30 ans à Suzanne. Gilbert, désabusé, est convaincu d’être passé à côté de sa vie à cause de son couple. Il dissuade Thomas d’épouser sa fille Lola et le pousse à tout plaquer à ses côtés. Ils se lancent alors dans une nouvelle vie de gamins pleine de péripéties, persuadés que la liberté est ailleurs.
Mais à quel prix retrouve t-on ses rêves d’ado ?

Avis : 
 Est-ce l'enthousiasme généralisé de la presse qui m'a donné de trop grandes attentes ? Est-ce l'accueil unanime du public qui, s'il ne s'est pas autant précipité en salles que prévu, laissait transparaître dans ces Gamins une comédie très réussie, bien plus que Les Profs, sorti au même moment, et dont le succès au box office était contrebalancé par des avis plus mitigés ? Autant d'éléments qui laissaient présager d'une bonne partie de rigolade pendant 1h30, d'autant plus que l'immense Alain Chabat était du casting. Et pourtant...


J'ai trouvé ce film d'une nullité assez embarrassante. Partant d'une idée plutôt réjouissante, celle de la crise de la cinquantaine d'un homme qui décide de tout plaquer et d'entraîner avec lui son beau-fils, Les Gamins ne va jamais plus loin que cet alléchant postulat de base, et préfère enchaîner mollement les gags et les vannes les plus banales. Comme si le retour en enfance d'Alain Chabat devait forcément s'accompagner d'un scénario puérile et douteux.

Douteux, parce que le film fait preuve d'un jeunisme assez affligeant. Pour résumer, fumer des joints, boire de l'alcool, se foutre de la gueule des gens, faire de la musique et s'endetter, c'est trop cool. Par contre, avoir un travail stable, un couple stable, être issu d'une famille aisée, c'est trop la honte ! Presque puant, cet état de fait s'accompagne en sus de la merveilleuse idée selon laquelle la femme est forcément casse-couilles, trop sérieuse et uniquement intéressée par l'argent. Le tout avec une belle petite pointe de racisme. Il y a sans doute une subtilité qui m'échappe. Du second degré, sans doute.

Seulement voilà, tous ces éléments ne seraient pas aussi gênants si le film était drôle. Hélas, l'humour du film se limite à des gens qui font n'importe quoi, le tout sous l'emprise de la drogue et / ou de l'alcool, le tout avec un maximum de vulgarité, dans une histoire si convenue qu'elle n'a aucun intérêt. Les Gamins, c'est donc le fond de la comédie française, celle qui se loupe tellement qu'elle devient, en plus d'affligeante, franchement nauséabonde. Contentez-vous donc de la bande-annonce, elle est terriblement plus réussie que le film !

Note : 1/10


dimanche 26 mai 2013

Gatsby le magnifique


Titre : Gatsby le magnifique
Réalisateur : Baz Luhrmann
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Tobey Maguire, Carey Mulligan
Date de sortie en France : 15 mai 2013
Genre : drame, romance

Synopsis : 
Printemps 1922. L'époque est propice au relâchement des mœurs, à l'essor du jazz et à l'enrichissement des contrebandiers d'alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle-West pour s'installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d'un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s'étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C'est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d'absolu et des tragédies ravageuses et, chemin faisant, nous tend un miroir où se reflètent notre époque moderne et ses combats.  

Avis : 
Après deux excellents films (Roméo + Juliette, Moulin Rouge !), Baz Luhrmann avait déçu avec un Australia bien moins réussi. Aussi, pour l'énième adaptation du roman de F. Scott Fitzgerald, le réalisateur australien était attendu, d'autant que l'univers du New York des années 20 devait lui permettre d'exploiter au mieux son style si particulier, comme il l'avait notamment fait avec le Paris de 1900. Pour l'occasion, il s'entoure de Leonardo DiCaprio (Django Unchained, Inception), de Tobey Maguire (la trilogie Spiderman de Sam Raimi) et de Carey Mulligan (Drive, Shame).


Luhrmann va ainsi nous plonger dans l'Amérique des "roaring twenties" et, dès les premières minutes, nous prouve qu'il a retrouvé son art de la mise en scène, avec ses visuels si particuliers, ses plongées entre les immeubles de New York, et surtout sa capacité à donner une ampleur exceptionnelle à ses fêtes et ses débordements : on retrouve le meilleur du réalisateur lorsqu'on assiste aux soirées chez Gatsby, prétexte à des chants, des danses, au rythme de sons hip-hop remis au goût du jour par le rappeur-producteur Jay-Z, et qui donnent l'occasion de plans superbes et virtuoses.

L'Australien se posera peu à peu quand son scénario se mettra en place, jusqu'à se faire discret lorsqu'enfin, on rencontre Gatsby. On l'accompagnera dès lors dans ses sorties, dans une débauche de luxe dont l'apparente légèreté cache en fait quelques zones d'ombre : qui est Gatsby, et comment est-il devenu aussi riche ? Et en se concentrant sur une histoire d'amour très compliquée, le film va peu à peu révéler la seconde nature de ses personnages, jamais aussi brillants ou aussi sombres qu'il n'y paraît. Tout cela restera effleuré, et malgré la qualité du casting, DiCaprio et Joel Edgerton en tête, on finira par régulièrement regarder sa montre.

Car du haut des ses 2h20, Gatsby le magnifique est bien trop long au regard de ce qu'il a à raconter. L'histoire d'amour reste assez classique, le mystère autour de Gatsby n'en est un que pour les personnages et, même sans connaître le roman ou les précédentes versions filmées, on voit tout arriver à l'avance. Bref, le nouveau film de Baz Luhrmann est un bel écrin, qui rappelle que l'australien est un excellent réalisateur, capable de nous offrir quelques scènes à couper le souffle, comme une confrontation à 5 dans l'exiguïté d'une chambre à la chaleur insupportable. Dommage que tout ça enrobe surtout du vide...

Note : 7/10


samedi 25 mai 2013

Tomboy


Titre : Tomboy
Réalisateur : Cécile Sciamma
Acteurs : Zoé Héran, Malonn Lévana, Jeanne Disson
Date de sortie en France : 20 avril 2011
Genre : drame

Synopsis : 
Laure a 10 ans. Laure est un garçon manqué. Arrivée dans un nouveau quartier, elle fait croire à Lisa et sa bande qu’elle est un garçon. Action ou vérité ? Action. L’été devient un grand terrain de jeu et Laure devient Michael, un garçon comme les autres… suffisamment différent pour attirer l’attention de Lisa qui en tombe amoureuse. Laure profite de sa nouvelle identité comme si la fin de l’été n’allait jamais révéler son troublant secret. 

Avis : 
  Tomboy (que l'on peut traduire par "garçon manqué") évoque le sujet des troubles de l'identité sexuelle chez l'enfant. Ici la jeune Laure, 10 ans, aux cheveux coupés court, s'habillant comme un garçon, s'installe avec sa famille dans une nouvelle maison et rencontre rapidement Lisa. Cette dernière va la prendre pour un garçon, ce que Laure ne corrigera pas, se faisant dès lors passer pour Michael.


Un gentil petit mensonge, dont elle ne mesurera pas immédiatement les conséquences. Avec une remarquable simplicité, Cécile Sciamma va mettre en images cette fin d'été marquée par les derniers jeux entre enfants avant la rentrée. Les premiers inconvénients, mineurs, voient la jeune fille bien embêtée au moment de la pause-pipi, puisque contrairement à ses camarades, elle ne peut évidemment pas uriner debout. Et quand ils doivent aller se baigner, elle choisit de sacrifier son maillot de bain et de glisser un faux zizi en pâte à modeler dans son slip.

Evidemment, ces situations cocasses feront bientôt place à des événements plus graves, quand son amie tombera amoureuse de Michael, puis quand sa soeur puis sa mère apprennent qu'elle ment à ses camarades de jeu. Laure se trouve alors au milieu d'une situation qu'elle ne maîtrise pas, et soulève dans son entourage des questions dont la complexité et la gravité tranche radicalement avec la simplicité de son mensonge. Une innocence qu'incarne d'ailleurs parfaitement la jeune Zoé Héran, extrêmement touchante.

Tomboy jongle donc magnifiquement avec les thèmes de la sexualité, de l'apparence, du regard des autres, et confronte la candeur de ces enfants à la réalité de questions qui les dépassent. Cécile Sciamma mêle ainsi à la simplicité apparente de son histoire une vraie réflexion sur des sujets matures, préférant à la lourdeur explicative une démonstration délicate et intelligente. Une très jolie surprise.

Note : 8/10



vendredi 24 mai 2013

Mariage à l'anglaise


Titre : Mariage à l'anglaise (I give it a year)
Réalisateur : Dan Mazer
Acteurs : Simon Baker, Anna Faris, Rose Byrne, Rafe Spall
Date de sortie en France : 10 avril 2013
Genre : comédie romantique

Synopsis : 
Depuis qu’ils se sont rencontrés dans une soirée, Nat, jeune femme ambitieuse, et Josh, apprenti romancier, nagent dans le bonheur, malgré leurs différences. Car si Josh est plutôt du genre intellectuel, Nat est une fonceuse. Ce qui ne les a pas empêchés d’être réunis par un coup de foudre réciproque. Leur mariage est idyllique, même si personne – de leurs proches à leurs amis, jusqu’au pasteur qui officie – ne croit qu’il pourra durer… Surtout quand l’ex-petite amie de Josh, Chloe, et le charmant client américain de Nat, Guy, s’en mêlent…

Avis : 
 Cela démarre comme une comédie romantique à l'eau de rose. Une rencontre, un coup de foudre et rapidement, le mariage. Heureusement pour nous, cela ne durera pas bien longtemps. Car quelques détails viendront rapidement pimenter le tout : un pasteur pris d'une quinte de tout et incapable de prononcer les derniers mots destinés à unir Nat et Josh, le toast gênant du témoin de Josh, des beaux-parents envahissant et des amis imaginant déjà que ce mariage ne durera pas plus d'un an.
 

9 mois plus tard, on retrouvera le couple en crise face à une psychologue, bien conscients qu'ils ne sont pas faits pour vivre ensemble. D'un côté Nat, interprétée par Rose Byrne (The Place beyond the pines, Insidious), dynamique et raffinée, courtisée par un client, Guy (Simon Baker, le Mentalist) qui possède les mêmes qualités ; de l'autre Josh (Rafe Spall, le jeune collègue de Simon Pegg dans Shaun of the dead, et Shakespeare dans Anonymous), écrivain en panne, qui préfère tasser les ordures plutôt que sortir la poubelle,éternel ado à l'humour douteux et toujours accroché à son ex petite-amie (Anna Faris, principalement connue pour son rôle dans la saga Scary movie).

I give it a year va ainsi ajouter une bonne dose de cynisme à son carré amoureux, les remarques acerbes des amis et des familles du couple rythmant les passages montrant l'éloignement progressif entre les deux époux.Une galerie de personnages très réussie, qui sera au centre de quelques scènes délicieusement piquantes comme les passages des charades ou des photos-souvenirs du Maroc. Jusqu'au bout du film, Dan Mazer va s'amuser des codes du genre, osant même un happy end différent et plutôt juste.

Si la réalisation n'est pas toujours à la hauteur, ce Mariage à l'anglaise s'inscrit dans la lignée des meilleures comédies romantiques anglaises et, sans atteindre la qualité d'un Quatre mariages et un enterrement, il se révèle assez drôle et impertinent pour passer un excellent moment.

Note : 7,5/10


mardi 21 mai 2013

Promised Land


Titre : Promised Land
Réalisateur : Gus Van Sant
Acteurs : Matt Damon, Rosemarie DeWitt, Frances McDormand
Date de sortie en France : 17 avril 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Steve Butler, représentant d’un grand groupe énergétique, se rend avec Sue Thomason dans une petite ville de campagne. Les deux collègues sont convaincus qu’à cause de la crise économique qui sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur lucrative proposition de forer leurs terres pour exploiter les ressources énergétiques qu’elles renferment. Ce qui s’annonçait comme un jeu d’enfant va pourtant se compliquer lorsqu’un enseignant respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que personnel…   

Avis : 
 Après la violence dans les écoles (Elephant) et la cause homosexuelle (Milk), Gus Van Sant endosse à nouveau son costume de réalisateur engagé en s'attaquant cette fois à l'exploitation du gaz de schiste et aux effets catastrophiques pour l'environnement  de celle-ci. D'après un scénario de Matt Damon et de John Krasinski, il va ainsi mettre en image deux membres d'une compagnie chargés de convaincre les habitants d'une petite ville du Nord-Est des Etats-Unis de les laisser disposer de leurs terres, moyennent une forte compensation pécuniaire. 


Matt Damon, qui retrouve Van Sant après Will Hunting et Gerry, et Frances McDormand (Fargo) vont ainsi faire d'énormes promesses aux fermiers, dont la pauvreté semble en faire une cible idéale. A grands renforts de mensonges, de manipulations, de menaces et de pots de vin, ils pensent obtenir un accord rapide, mais se voient confrontés à la résistance d'une partie des habitants, menés par l'ingénieur à la retraite Frank Yates (Hal Holbrook, que l'on a notamment vu dans Fog ou dans Lincoln), bien conscients des dangers liés au gaz de schiste, et épaulés par Dustin Noble, écologiste au sein d'une association méconnue.

Promised Land a ainsi des airs de thriller politique, chacun oeuvrant dans l'ombre et tentant de soudoyer les habitants pour son propre intérêt, quitte à le duper. Très prenant, cet aspect est malheureusement atténué par la prévisibilité de l'intrigue qui, à force de verser dans le manichéisme, n'offre aucune surprise et amoindrit même la charge portée à l'encontre de l'exploitation de ces ressources énergétiques. Et si l'on en ressort bien conscient de l'absence totale de limite des grandes compagnies afin de parvenir à leurs fins, on ne peut s'empêcher d'être déçu...

Le nouveau film de Gus Van Sant est finalement bien trop sage pour réellement convaincre. Se cachant derrière une vision un peu trop réductrice, opposant les méchants exploitants, prêts à tout pour parvenir à leurs fins, et les gentils fermiers, soit trop naïfs pour voir la supercherie, soit assez courageux pour s'opposer et refuser l'argent, il gâche la promesse d'un film engagé pour en faire un film à l'intrigue certes très prenante, mais convenue. 

Note : 6/10



jeudi 16 mai 2013

La Traversée du temps


Titre : La Traversée du temps (Toki wo kakeru shōjo)
Réalisateur : Mamoru Hosoda
Acteurs : Riisa Naka, Takuya Ishida, Mitsutaka Itakura
Date de sortie en France : 4 juillet 2007
Genre : animation, fantastique

Synopsis : 
Makoto est une jeune lycéenne comme les autres, un peu garçon manqué, pas trop intéressée par l'école et absolument pas concernée par le temps qui passe ! Jusqu'au jour où elle reçoit un don particulier : celui de pouvoir traverser le temps. Améliorer ses notes, aider des idylles naissantes, manger à répétition ses plats préférés, tout devient alors possible pour Makoto. Mais influer sur le cours des choses est un don parfois bien dangereux, surtout lorsqu'il faut apprendre à vivre sans !  

Avis : 
 Avant Summer Wars et Ame & Yuki : les enfants loups, Mamoru Hosoda avait principalement travaillé comme animateur pour le studio Toei Animation, travaillant notamment sur les séries Sailor Moon et Dragon Ball Z, puis réalisant ses premiers longs métrages avec les adaptations au cinéma de Digimon et de One Piece. Quittant la Toei, après avoir notamment été approché par le studio Ghibli pour réaliser Le Château ambulant (ce qui n'aboutira malheureusement pas), Hosoda rejoint ensuite le studio Madhouse, où il réalisera un film plus mature que ce qu'il proposait jusqu'alors : La Traversée du temps.


Adaptation d'une nouvelle, extrêmement populaire au Japon, écrite par Yasutaka Tsutsui (également auteur de Paprika), le film est basé sur la capacité de Makoto, une jeune lycéenne, à voyager dans le temps. Et si le voyage temporel rappelle, forcément, la trilogie Retour vers le futur ou L'Effet papillon, le film de Mamoru Hosoda va s'en distinguer par une fraicheur et une intelligence remarquables, la légèreté des premières minutes, où la jeune fille utilise son pouvoir avec insouciance, pour dormir plus longtemps ou éviter un repas désagréable, étant peu à peu contrebalancée par les conséquences négatives du moindre saut dans le temps.

Des conséquences qui seront même dramatiques quand, en essayant d'organiser la vie amoureuse d'un de ses amis, elle causera involontairement son décès, dans une scène assez bouleversante. L'ambiance du film devient dès lors plus mélancolique et plus grave, notamment avec les révélations sur l'un des personnages principaux et le thème de la séparation ou de la perte d'un être cher, mais aussi plus largement celle de l'importance des choix que l'on fait et des conséquences de nos actes.

La Traversée du temps est donc une jolie réussite, qui permit à Mamoru Hosoda d'abandonner les films d'animation enfantins pour se consacrer à un univers plus mature, dans la lignée d'Hayao Miyazaki et des oeuvres du studio Ghibli. Il signe ici une jolie fable, jonglant avec des ambiances différentes et remarquable d'intelligence et de fraicheur. Il fera encore mieux avec ses oeuvres suivantes.

Note : 8/10






mercredi 15 mai 2013

Mamà


Titre : Mamà
Réalisateur : Andres Muschietti
Acteurs : Jessica Chastain, Nikolaj Coster-Waldau, Megan Charpentier
Date de sortie en France : 15 mai 2013
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
Il y a cinq ans, deux sœurs, Victoria et Lily, ont mystérieusement disparu, le jour où leurs parents ont été tués. Depuis, leur oncle Lucas et sa petite amie Annabel les recherchent désespérément. Tandis que les petites filles sont retrouvées dans une cabane délabrée et partent habiter chez Lucas, Annabel tente de leur réapprendre à mener une vie normale. Mais elle est de plus en plus convaincue que les deux sœurs sont suivies par une présence maléfique…

Avis : 
 Produit par Guillermo del Toro, Mamà a obtenu un immense succès au festival du film fantastique de Gérardmer 2013, obtenant le Grand prix du jury, le prix du public et le prix du jury jeunes. Si de telles récompenses ne sont pas forcément gage de qualité (on se rappelle par exemple de Babycall ou de Midnight meat train), la présence en tête d'affiche de Jessica Chastain, formidable actrice que l'on a pu voir récemment dans les non moins formidables Take Shelter et Zero Dark Thirty, semblait de nature à rassurer.

 

Hélas, à l'image d'une autre production de Del Toro récompensée à Gérardmer, L'Orphelinat, Mamà va très rapidement montrer ses limites, après une mise en place pourtant réussie, ruinant au passage les espoirs nés des premières minutes. Car l'introduction, très réussie, laissait la place à une atmosphère angoissante, par le biais notamment d'une scène superbe, où l'on nous révèle subtilement la présence de l'entité dans la chambre, jouant avec une des gamines. Hélas, quelques secondes plus tard, la magie disparaît avec deux jump-scares grotesques, plongeant dans le défaut récurrent des films d'épouvante de ces dernières années : la paresse.

La promesse de peur s'étant envolée, on s'agace rapidement des effets éculés que tente de nous servir le réalisateur Andres Muschietti. Des effets rendus d'autant plus abscons que l'on tente de nous surprendre tout en nous révélant immédiatement la nature de la menace. La surprise sera d'autant plus absente que le film se contente de reprendre les poncifs du cinéma d'épouvante de ces dernières années. On pense ainsi, par exemple, à Fragile, à L'Orphelinat, à La Dame en noir ou même à Dark Water. On a ainsi toujours une longueur d'avance sur le film, devinant bien à l'avance les motivations de Mamà. 

C'est d'autant plus frustrant que le film est remarquablement emballé, l'esthétique ayant bénéficié d'un soin tout particulier, tout comme les personnages des jeunes filles revenues à l'état sauvage tout simplement saisissante. On ne peut pas en dire autant de la fameuse Mamà, complètement ratée et prêtant presque plus à sourire qu'à frissonner, rappelant même les apparitions numériques au rabais du très mauvais Grave Encounters...

Mamà n'est finalement pas désagréable, grâce à des qualités indéniables de réalisation et d'interprétation. Néanmoins, à se reposer sur les clichés et les mécanismes paresseux que l'on n'a que bien trop vus pour tenter vainement de faire sursauter, Andres Muschietti finit par frustrer et par agacer, condamnant son film à un oubli rapide. Peut-être que s'il avait été réalisé 15 ans plus tôt...

Note : 5/10



lundi 13 mai 2013

La Fête du feu


Titre : La Fête du feu (Chaharshanbe Suri)
Réalisateur : Asghar Farhadi
Acteur : Hedieh Tehrani, Taraneh Alidoosti, Hamid Farokhnezhad
Date de sortie en France : 26 décembre 2007
Genre : drame

Synopsis : 
Ce mardi est "Chahar shanbeh souri", une fête du feu plurimillénaire. Rouhi, une jeune aide-ménagère qui vit un bonheur complet et va bientôt se marier, est employée pour la journée chez un jeune couple. Elle découvre un foyer en pleine crise, dont la femme soupçonne son mari de la tromper avec une voisine...   

Avis : 
  Troisième film de l'iranien Asghar Farhadi (Les Enfants de Belle Ville, Une séparation), La Fête du feu nous fait entrer dans l'intimité d'un couple en crise par le biais de la jeune Rouhi. Comme elle, nous sommes projeté au beau milieu du quotidien d'un homme et d'une femme dont les journées sont rythmées par les disputes. Rouhi arrive d'ailleurs pour nettoyer les dégâts causés par un énième affrontement, la femme Mojdeh, étant convaincu que son mari, Morteza, la trompe avec la voisine, Simin. Des soupçons nés de détails, d'un numéro inconnu composé sur le téléphone, de rumeurs, d'un parfum.


L'appartement du couple devient ainsi la place centrale d'un huis clos très prenant, où le réalisateur attise notre curiosité en nous glissant peu à peu quelques indices, et en nous laissant, comme Rouhi, essayer de reconstituer les pièces du puzzle. Prise à son tour dans le jeu des commérages, elle influencera à son tour les réactions de Mojdeh et Morteza, tantôt par naïveté, tantôt par honnêteté, tantôt en voulant tout simplement calmer la situation ou répondre à la bienveillance d'un autre personnage.

Nous ne sortirons que rarement de l'appartement et ces environs, principalement pour assister à quelques préparatifs de la fameuse Fête du feu, dont l'aperçu que nous aurons au détour d'un long trajet nocturne en voiture sera simplement magnifique. L'événement sera pourtant omniprésent dans le film, à travers les explosions permanentes des pétards, accentuant encore l'aspect oppressant de la situation du couple. Farhadi nous tient ainsi parfaitement en haleine, et prend bien soin de ne nous donner la clé de l'histoire que dans les ultimes minutes, mettant ainsi à l'épreuve l'innocente de la future mariée qu'est Rouhi, interprétée par la resplendissante Taraneh Alidoosti.

La Fête du feu est donc un superbe film, portant déjà en lui les prémices du futur Une séparation, où Asghar Farhadi dissèque la vie de couple à travers une histoire apparemment simple, mais menée avec une intelligence remarquable. Et si les personnages finissent par s'empoisonner mutuellement de leurs mensonges et de leurs soupçons, les retrouvailles entre Rouhi et son fiancé laissent clairement entrevoir un espoir, où l'honnêteté et la simplicité suffisent au bonheur.

Note : 9/10


dimanche 12 mai 2013

Iron Man 3


Titre : Iron Man 3
Réalisateur : Shane Black
Acteurs : Robert Downey Jr., Gwyneth Palthrow, Don Cheadle
Date de sortie en France : 24 avril 2013
Genre : super-héros, fantastique, action

Synopsis : 
Tony Stark, l’industriel flamboyant qui est aussi Iron Man, est confronté cette fois à un ennemi qui va attaquer sur tous les fronts. Lorsque son univers personnel est détruit, Stark se lance dans une quête acharnée pour retrouver les coupables. Plus que jamais, son courage va être mis à l’épreuve, à chaque instant. Dos au mur, il ne peut plus compter que sur ses inventions, son ingéniosité, et son instinct pour protéger ses proches. Alors qu’il se jette dans la bataille, Stark va enfin découvrir la réponse à la question qui le hante secrètement depuis si longtemps : est-ce l’homme qui fait le costume ou bien le costume qui fait l’homme ? 

Avis : 
Après un premier volet très réussi, puis une suite très décevante, Iron Man avait collaboré avec Hulk, Captain America et Thor au sein des Avengers pour un film où Robert Downey Jr. volait la vedette à ses camarades de jeu, au point de nous croire, régulièrement, devant un Iron Man 3 non officiel. Mais le troisième volet des aventures de Tony Stark arrive finalement quelques mois plus tard, Jon Favreau, réalisateur des deux premiers chapitres, étant pour l'occasion remplacé par Shane Black (Kiss kiss bang bang).

Depuis les événements survenus dans Avengers, Tony Stark n'est plus le même, faisant régulièrement des cauchemars et des crises d'angoisse, et s'acharnant à construire des armures Iron Man au cours de ses nombreuses insomnies. L'arrivée du Mandarin, un terroriste insaisissable multipliant les attentats, va en plus le priver de sa demeure et le séparer de Pepper Potts, sa petite amie. Stark est dos au mur, affaibli et seul, apparemment impuissant face à la menace que constituent le Mandarin et Extremis, un programme dont le but est de guérir les personnes souffrant d'une mutilation et qui crée des super-soldats.

 Iron Man 3 nous sert donc le scénario classique du héros déchu, livré à lui-même, mais qui va trouver des ressources insoupçonnées pour vaincre les méchants, sauver le monde, emballer la fille et sortir encore plus fort qu'avant de ces épreuves. Ne cherchez pas de surprise : le film de Shane Black en est totalement dépourvu et se contente de suivre un train-train d'une exemplaire banalité. Au rayon des festivités, Tony Stark sera ainsi aidé par un gamin, parviendra à surmonter ses crises d'angoisse et sauvera des dizaines d'innocents.


Pas la peine non plus de chercher du côté des grands méchants de l'épisode pour remonter le niveau : le Mandarin, l'un des pires ennemis d'Iron Man dans les comics, devient ici un vulgaire leurre rappelant plus Ben Laden que l'ennemi aux traits asiatiques créé par Stan Lee et Don Heck, dont les fans ne manqueront pas de crier au scandale. Le groupe de terroristes bénéficiant d'Extremis n'est pas beaucoup plus réussi, leurs pouvoirs devenant par moments grotesques ("ah, vous crachez le feu ?") et leurs objectifs demeurant flous, voire inexistants, jusqu'au bout du film.

Dès lors, il ne reste que deux éléments en faveur du film. Tout d'abord, les scènes d'action, formidables, qui nous en mettent plein les yeux. Ensuite, et surtout, Robert Downey Jr., qui éclipse totalement les autres personnages (de toute façon peu développés), livrant une nouvelle prestation réjouissante, ajoutant à l'arrogance et au cynisme du personnage une touche de vulnérabilité qui fait mouche. On regrettera que les autres personnages n'aient pas bénéficié d'un traitement plus juste, limités dans le meilleur des cas à une affligeante caricature.

Spectaculaire mais prévisible, parfois réjouissant mais souvent bancal, Iron Man 3 se cache derrière Robert Downey Jr. et des scènes d'action très réussies pour détourner l'attention d'un scénario très pauvre, dont le principal enjeu reste la gestion des crises d'angoisse de Tony Stark. Le premier film de cette seconde vague de films consacrés aux Avengers est donc une semi-déception, meilleur que Iron Man 2 mais très loin de ce qu'on pouvait attendre de la rencontre entre cet univers et celui de Shane Black...

Note : 5,5/10


samedi 11 mai 2013

Jurassic Park


Titre : Jurassic Park
Réalisateur : Steven Spielberg
Acteurs : Sam Neill, Laura Dern, Jeff Goldblum
Date de sortie en France : 20 octobre 1993 ; 1er mai 2013 (version 3D)
Genre : aventures, fantastique, dinosaure

Synopsis : 
John Hammond, le PDG de la puissante compagnie InGen, parvient à donner vie à des dinosaures grâce au clonage et décide de les utiliser dans le cadre d’un parc d'attractions qu’il compte ouvrir sur une île. Avant l'ouverture, il fait visiter le parc à un groupe d'experts pour obtenir leur aval. Pendant la visite, une tempête éclate et un informaticien corrompu par une entreprise rivale en profite pour couper les systèmes de sécurité afin de voler des embryons de dinosaures. En l'absence de tout système de sécurité pendant plusieurs heures les sauriens sont alors livrés à eux-mêmes. 

Avis : 
 Il est parfois compliqué de parler d'un film de façon objective, surtout quand il s'agit du premier film que l'on a vu au cinéma, et qu'il fait depuis partie de vos films préférés. C'est le cas pour Jurassic Park, que j'avais vu au moment où, jeune garçon, j'étais fasciné par les dinosaures, poussant cette passion jusqu'à lire tout ce que je pouvais, notamment la revue Dinosaures - sur les traces des géants de la Préhistoire et diverses encyclopédies. Aussi, même si je revois le film régulièrement avec un plaisir intact, l'occasion de le revoir sur grand écran était trop belle.


Premier constat : la 3D ne sert strictement à rien. A l'exception de quelques effets de profondeur et de quelques personnages qui semblent étrangement sortis de l'arrière-plan, on ne remarque absolument pas la différence. Second constat : la magie opère toujours. Prenant le soin de présenter ses personnages et l'arrière-plan scientifique (certes bien moins développé que dans le roman de Michael Crichton), Spielberg nous fait patienter avant les festivités grâce à des apparitions régulières de dinosaures. La première rencontre avec le Brachiosaure puis avec le Tricératops restent ainsi des moments fabuleux, avant que les prédateurs n'entrent enfin en scène.

L'attaque du T-Rex est un passage d'une formidable intensité, et vaut presque à elle seule de se déplacer pour revoir le film au cinéma, afin de profiter de tout son impact visuel et sonore. Spielberg démontre une nouvelle fois son sens du spectaculaire, et on s'étonnera encore de la qualité des effets spéciaux, mélange d'animatroniques et images de synthèse, qui n'ont pris aucune ride en vingt ans et s'avèrent encore bien plus réussis que dans beaucoup de blockbusters récents. Les Vélociraptor, méconnus du grand public avant le film, assurent le spectacle pour la seconde partie, quand l'action passe des grands espaces de l'île aux couloirs étroits des bâtiments du parc.

Et si les dinosaures restent les stars de Jurassic Park, on notera quand même la qualité du casting, réunissant entre autres Sam Neill (Possession, La Leçon de piano), Jeff Goldblum (La Mouche, Independence Day), Laura Dern (Inland Empire, Sailor et Lula, The Master), Samuel L. Jackson (Pulp Fiction, Une journée en Enfer, Django unchained) ou encore Richard Attenborough (réalisateur de Chaplin et de Gandhi).

On pourra évidemment reprocher au film son scénario très linéaire ou s'agacer de la présence des deux enfants qui déclenchent catastrophe après catastrophe, mais le film alterne parfaitement les moments magiques et les scènes d'action d'anthologie, offrant un spectacle spectaculaire et familial comme Spielberg sait si bien le faire.

Note : 10/10


jeudi 9 mai 2013

Texas Chainsaw 3D


Titre : Texas Chainsaw 3D
Réalisateur : John Luessenhop
Acteurs : Alexandra Daddario, Trey Songz, Scott Eastwood
Date de sortie en France : 
Genre : horreur

Synopsis : 
Heather Miller apprend qu'elle a été adoptée et qu'elle vient d'hériter de la maison de sa grand-mère qui vient de décéder. Avec ses amis, elle se rend à Newt, dans le Texas, pour prendre possession de son bien. La jeune fille va découvrir les terribles secrets de sa véritable famille et faire la connaissance de son cousin, Jed Sawyer, connu dans le pays sous le nom de Leatherface...

Avis : 
 Après le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper en 1974, trois suites étaient sorties, dont la qualité baissait à chaque épisode, jusqu'à un catastrophique Massacre à la tronçonneuse : la nouvelle génération, où l'on pouvait voir Renée Zellweger et Matthew McConaughey. Puis dans les années 2000, Marcus Nispel signait un remake d'honnête facture, avant qu'une préquelle à ce remake ne complète la saga. Cette fois, avec Texas Chainsaw 3D, on revient aux origines de la série : oubliez les suites et les remakes, cet épisode prend place quelques secondes après le film de Tobe Hooper...quitte à multiplier les incohérences.

 
Car dès les premières minutes, où les habitants des environs décident d'en finir une bonne fois avec la famille Sawyer, on découvre dans la maison de nouveaux personnages, sans doute uniquement présents pour assurer à Gunnar Hansen (le Leatherface original) et Bill Moseley, le Chop Top du second volet également connu pour ses apparitions dans La Maison des 1000 morts et The devil's rejects, un rapide caméo. On notera également la présence de l'héroïne de 1974, Marilyn Burns, dans un petit rôle. Le temps de faire brûler toute la famille, il ne reste qu'un bébé, que l'on retrouvera une vingtaine d'année plus tard alors qu'elle hérite de la maison de sa grand-mère. Evidemment, tout ceci n'est qu'un prétexte pour offrir à Leatherface, qui a survécu, de nouvelles victimes jeunes et connes.

Texas Chainsaw prend ainsi rapidement les allures d'un slasher classique, enfilant les clichés comme des perles en misant sur la violence visuelle pour donner le change. Leatherface est réduit à un rôle de boogeyman classique, et l'on devine rapidement comment le film va évoluer. Et ce n'est certainement pas l'appartenance de la jeune Heather à la famille qui va changer cela, surtout si on a vu Halloween 2 (ou son remake). Seule idée un peu originale, le fait que les habitants du coin estiment de leur devoir de buter également la jeune femme, alors même qu'elle ne leur a rien fait.

Les nombreux clins d'oeil de John Luessenhop à son modèle, à base de tatou mort sur le côté de la route, de victime empalée sur un crochet ou enfermée dans le réfrigérateur ou d'un personnage répondant au nom de Hooper, n'y changeront rien : Texas Chainsaw est un mauvais film d'horreur, réduisant une nouvelle fois le mythe Leatherface en charpie, et dont l'unique qualité réside dans les arguments mammaires de Alexandra Daddario...Quoiqu'il faut bien avouer que les premières minutes, reprenant les images des passages les plus violents du film de Tobe Hooper, sont particulièrement efficaces. C'est quand même un comble quand les meilleurs passages d'un film sont des images provenant d'un autre...

Note : 1,5/10





lundi 6 mai 2013

Effets secondaires


Titre : Effets secondaires (Side effects)
Réalisateur : Steven Soderbergh
Acteurs : Jude Law, Rooney Mara, Catherine Zeta-Jones
Date de sortie en France : 3 avril 2013
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
Jon Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Lorsque la police trouve Emilie couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du docteur Banks est compromise… 

Avis : 
Pour l'une de ses dernières réalisation avant une pause sabbatique d'une durée indéterminée, Steven Soderbergh choisit de lancer, après Contagion, une nouvelle charge contre l'industrie pharmaceutique. Ici, il s'interroge sur les pratiques psychiatriques et le recours systématique aux antidépresseurs, et sur les expérimentations de médecins bien décidés à s'en mettre plein les poches. Dans le rôle de la victime, Emilie Taylor, interprétée tout en nuances par la formidable Rooney Mara. Dans celui du médecin, Jude Law. Mais tout n'est pas si simple que ça.



Car si Soderbergh met un place un thriller centré sur la psychopharmacologie et ses effets chez les malades, avec en point d'orgue le meurtre par Emilie, dépressive et somnambule, de son mari à peine sorti de prison, le film va doucement basculer du côté du thriller hitchcockien, où les duperies, les manipulations et les révélations vont se succéder, donnant à cet Effets secondaires un second souffle salvateur là où l'aspect médical commençait à perdre de son intérêt.


Ce glissement s'opère par de petits détails, quelques incohérences dans l'histoire d'Emilie, quelques coincidences troublantes. Soderbergh nous entraîne dans un jeu de piste haletant, nous piégeant à merveille avec le personnage de Jon Banks, personnage central du récit que l'on estime d'abord coupable de la folie de la jeune femme, avant que l'histoire ne nous fasse peu à peu changer d'avis, à mesure que l'on découvre les zones d'ombre de l'affaire. Un véritable tour de force, rendu possible par l'extraordinaire prestation de Jude Law (A.I. : Intelligence Artificielle, Hugo Cabret).

 Entre thriller pharmaceutique et jeu de piste hitchcockien, Steven Soderbergh (pour son avant-dernier film ?) livre une oeuvre intelligente, implacable, s'amusant avec les certitudes du spectateur pour mieux le piéger avec des révélations subtiles et justes. Un film porté par le superbe duo Rooney Mara (Millenium, les hommes qui n'aimaient pas les femmes) - Jude Law, et qui rebondit parfaitement au moment où il semblait s'empêtrer dans un développement pénible.

Note : 8/10



dimanche 5 mai 2013

The Place beyond the pines


Titre : The Place beyond the pines
Réalisateur : Derek Cianfrance
Acteurs : Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes
Date de sortie en France : 20 mars 2013
Genre : drame, thriller, policier

Synopsis : 
Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d’Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir…

Avis : 
Réunissant deux des acteurs phares du moment à Hollywood, Ryan Gosling (Drive, Gangster squad) et Bradley Cooper (Very bad trip, Happiness therapy), The Place beyond the pines raconte trois histoires en un film, trois chapitres liés par un acte central sanglant qui aura des conséquences sur deux générations : l'histoire de Luke, motard talentueux et petite frappe prêt à tout pour subvenir aux besoins de son jeune fils et pour récupérer la femme qu'il aime ; celle de Avery, policier novice retranché derrière ses idéaux de justice ; et enfin celles de leurs fils respectifs, qui deviendront amis sans rien savoir du drame qui a lié leurs parents.


Ces trois chapitres seront de qualité inégale. Celui mettant en scène Ryan Gosling, où l'on suit le quotidien de ce jeune homme paumé et écorché vif, puis ses braquages et enfin sa chute, est clairement le plus réussi. Spectaculaire autant que touchant, grâce notamment à l'interprétation de l'acteur, il aurait presque pu faire l'objet d'un film à lui tout seul, malgré une histoire plutôt classique. Classique, le second chapitre l'est également, nous racontant l'histoire de ce jeune flic projeté du jour au lendemain en pleine lumière, et rapidement confronté à la corruption et aux menaces de ses collègues.

Si Cooper rend le personnage attachant, le rythme plus lent et les événements plus convenus sont moins convaincants que dans la partie précédente. La dernier volet de l'histoire sera quant à lui le plus désagréable, sombrant dans la banalité la plus totale en suivant ces deux jeunes paumés, jusqu'à un final frôlant le grotesque, tentant vainement de boucler la boucle. L'aspect dramatique devient ici trop appuyé, trop artificiel, et on se désintéresse de ces deux jeunes garçons irritants.

The Place beyond the pines est en fait un peu trop long, sentiment renforcé par une qualité en constante baisse entre les trois chapitres. Ainsi, si le premier chapitre, concentré sur Ryan Gosling et l'étonnante Eva Mendes, remplit totalement son objectif, le second est bien moins réussi et le troisième n'est pas loin d'être complètement loupé, malgré les efforts de Derek Cianfrance (Blue Valentine), qui tente d'apporter un peu de relief à une histoire inintéressante...

Note : 6,5/10


La Falaise mystérieuse


Titre : La Falaise mystérieuse (The Uninvited)
Réalisateur : Lewis Allen
Acteurs : Ray Milland, Ruth Hussey, Donald Crisp
Date de sortie en France : 11 mars 1946
Genre : horreur, romance

Synopsis : 
 Au cours d'un séjour dans les Cornouailles, Roderick Fitzgerald et sa soeur Pamela achètent, pour une somme dérisoire, une superbe bâtisse surplombant une falaise.
Ils s'y installent, mais dès la première nuit, leur sommeil est troublé par les sanglots mystérieux d'une femme...

Avis : 
  Adapté du livre de Dorothy Macardle, Uneasy Freehold, La Falaise mystérieuse est un film de maison hantée se déroulant dans un lieu assez particulier. La demeure en question est en effet une superbe habitation dominant une falaise. Une maison où se déroulent des événements étranges, et que le propriétaire choisit de vendre pour un prix dérisoire. Roderick et Pamela, tombés sous le charme de l'endroit, l'achètent, mais sont très rapidement confrontés à des phénomènes inexplicables.

Les animaux refusent de monter à l'étage, une odeur de mimosa se fait parfois sentir, les fleurs fânent rapidement...et le frère et la soeur sont réveillés dès leur première nuit par des pleurs. Aucun doute, la maison est hantée, et ces phénomènes semblent amplifiés par la présence de Stella, la petite-fille du propriétaire, dont Roderick est tombé amoureux.


Le film va ainsi jongler entre les genres : de l'angoisse lors des manifestations surnaturelles, de la romance pour la relation entre Stella et Roderick, de l'humour avec le détachement du jeune homme, mais aussi et surtout une enquête quant à l'origine du poltergeist et ses motivations. Un mélange des genres qui va peu à peu gangrener le film, chaque élément parasitant un autre, l'humour prenant parfois le pas sur les situations angoissantes et l'enquête apparaissant souvent un peu confuse. On appréciera cependant le rebondissement que constitue l'une des révélations, jetant un oeil nouveau sur l'histoire qui était jusque là plutôt classique.

Mais ce rebondissement coïncide également avec des manifestations plus franches : alors que la sobriété de la première partie en faisait toute l'efficacité, les spectres apparaissent devant la caméra, réduisant considérablement leur potentiel effrayant. Même la scène de spiritisme, qui aurait pu être vraiment angoissante, est gâchée par des artifices peu convaincants. Dommage, car les actrices (la jeune Gail Russell et Ruth Hussey) réagissent de façon très réalistes face à ces événements. La décontraction du personnage interprété par Ray Milland (que l'on reverra dans bien d'autre films, dont Le Crime était presque parfait d'Hitchcock) contribue quant à elle à amoindrir l'aspect angoissant du film, jusqu'à une dernière confrontation qui est ainsi plutôt grotesque.

Considéré par Martin Scorsese comme l'un des "11 films les plus effrayants de tous les temps", La Falaise mystérieuse profite largement du décor de sa demeure aux aspects gothiques et de la sobriété de ses effets pour installer un climat plutôt oppressant, comme le fera Robert Wise pour La Maison du Diable. Hélas, le film s'égare en chemin se dispersant parmi plusieurs genres différents, ne faisant véritablement mouche dans aucun d'entre eux. Reste un film de maison hanté sympathique, dont la première partie reste vraiment remarquable.

Note : 7/10