dimanche 30 août 2015

Les Diaboliques


Titre : Les Diaboliques
Réalisateur : Henri-Georges Clouzot
Acteurs : Noël Roquevert, Simone Signoret, Vera Clouzot
Date de sortie en France : 29 janvier 1955
Genre : thriller, fantastique

Synopsis :
Dans une institution destinée à l'éducation des jeunes garçons, Christina et Nicole, respectivement épouse et maîtresse du directeur Michel Delasalle, s'associent afin d'assassiner l'homme qu'elles ont fini par haïr. Mais quelques jours après leur méfait, le corps de Michel disparaît...

Avis :
Réalisé par Henri-Georges Clouzot (L'Assassin habite au 21, Le Salaire de la peur), Les Diaboliques est un des plus grands classiques du cinéma fantastique français. Il met en scène Simone Signoret et Vera Clouzot dans le rôle de deux femmes décidées à tuer leur époux et amant. De ce point de départ, le réalisateur va tirer une enquête remarquable, jouant avec nos nerfs comme avec ceux des personnages.


Les Diaboliques n'a ainsi rien à envier aux meilleurs Hitchcock en terme de suspense et d'ambiance : si on finit par découvrir le fin mot de l'histoire bien avant les personnages, les différents rebondissement sont tous parfaitement amenés, conduisant le mystère aux portes du fantastique, en empruntant largement à l'imagerie des films de fantômes, et remettant régulièrement en cause les conclusions que nous avions tirées, alors que Clouzot semble avoir pensé aux moindres détails de son récit.

Il va également nous offrir quelques scènes mémorables, comme l'assassinat de Delasalle, ou l'errance nocturne de Christina dans les couloirs vides (mais le sont-ils vraiment ?) de l'école. Le film réussit d'ailleurs à nous passionner jusqu'au bout même lorsque l'on a deviné son dénouement, preuve de son immense qualité d'écriture. La seule chose que je regrette est la présence de ce policier retraité, qui arrive souvent comme un cheveu sur la soupe et semble doté d'une étrange omniscience – ce n'est pas une surprise si l'on prétend qu'il a largement inspiré le célèbre inspecteur Colombo...

Immense classique, Les Diaboliques est l'un des meilleurs films d'un des cinéastes les plus intéressants du cinéma français. Mettant en scène des acteurs formidables (Signoret et Roquevert sont parfaits), il s'appuie sur un scénario très prenant pour nous livrer une enquête passionnante, aux nombreuses surprises et moments forts, parvenant même à faire naître de véritables frissons dans le final. Un incontournable.

Note : 9.5/10



mercredi 26 août 2015

Poltergeist (2015)


Titre : Poltergeist
Réalisateur : Gil Kenan
Acteurs : Sam Rockwell, Rosemarie DeWitt, Jared Harris
Date de sortie en France : 24 juin 2015
Genre : épouvante

Synopsis : 
Lorsque les Bowen emménagent dans leur nouvelle maison, ils sont rapidement confrontés à des phénomènes étranges. Une présence hante les lieux. Une nuit, leur plus jeune fille, Maddie, disparaît. Pour avoir une chance de la revoir, tous vont devoir mener un combat acharné contre un terrifiant poltergeist…

Avis : 
C'était sans doute inévitable, mais on pourra quand même, à nouveau, s'interroger sur la pertinence d'un remake du Poltergeist de Tobe Hooper et Steven Spielberg, classique du film d'épouvante et d'horreur des années 80, très ancré dans son époque mais qui n'a pas beaucoup vieilli. Cela n'empêchera pas Gil Kenan (Monster House) d'en tirer une relecture à la mode 2010 : jumps-scares à toutes les sauces, caractérisation des personnages inexistante et absence totale de progression scénaristique.


On ne sait d'ailleurs pas trop si c'est une volonté de respecter l'original ou par simple paresse, mais cette nouvelle version de Poltergeist va se contenter d'en reprendre les grandes lignes et les passages phares de son modèle, mais en prenant bien soin de les édulcorer au maximum (l'arrachage de visage, le clown, l'arbre, tout y passe) et d'en livrer une version abâtardie par des années de cinéma d'épouvante au rabais. Paranormal activity et compagnie sont passés par là, et ça se voit : plus aucun effort n'est fait pour créer une ambiance, à aucun moment le film ne cherche à installer un mystère, et il n'y a plus aucune montée en puissance des manifestations paranormales.

Apparemment conscients de leur incapacité à agencer correctement leurs passages chocs, les responsables du film ont trouvé une parade : ils nous proposent en fait une comédie. Les scènes volontairement drôles s'enchaînent en effet de façon plus naturelle que les scènes d'épouvante, et on sourit bien plus qu'on ne frissonne. Oh, bien entendu, on rira aussi aux dépens du film, notamment devant l'interprétation complètement à l'ouest de Sam Rockwell ou pendant toute la dernière partie repompant sans vergogne Insidious (qui lui-même s'inspirait de Poltergeist, dans une espèce de mouvement perpétuel de fainéantise créative).

Poltergeist version 2015 vient donc s'inscrire dans la longue liste des remakes inutiles et bien en-dessous de leur modèle. Avec l'unique volonté de livrer une version réchauffée des passages les plus remarquables de l'original en l'assaisonnant avec les ingrédients qui font tout l'ennui du genre ces dernières années, le film de Gil Kenan ne parvient même pas à être désagréable : il n'est que quelconque, et on l'oubliera bien assez tôt.

Note : 3/10


lundi 24 août 2015

Terminator Genisys


Titre : Terminator Genisys
Réalisateur : Alan Taylor
Acteurs : Arnold Schwarzenegger; Emilya Clarke, Jai Courtney
Date de sortie en France : 1er juillet 2015
Genre : science fiction, action

Synopsis : 
Le leader de la résistance John Connor envoie le sergent Kyle Reese dans le passé pour protéger sa mère, Sarah Connor et préserver l'avenir de l’humanité. Des événements inattendus provoquent une fracture temporelle et Sarah et Kyle se retrouvent dans une nouvelle version du passé. Ils y découvrent un allié inattendu : le Guardian. Ensemble, ils doivent faire face à un nouvel ennemi. La menace a changé de visage.

Avis : 
Il faut bien l'avouer : depuis Terminator 2, la saga initiée par James Cameron n'a pas grand chose à raconter et se contente des mêmes recettes, tentant de décliner l'histoire entre Sarah Connor, John Connor, Kyle Reese et les différentes variétés de Terminator de toutes les façons possibles. Avec Genisys, on va tout de même un peu plus loin, en tentant de mélanger le tout pour nous offrir une œuvre entre reboot, remake, suite et histoire originale : problème, même les scénaristes ne semblent pas savoir ce qu'ils font.


 Il faut dire que ne pas maîtriser les bases du voyage dans le temps quand on fait un film sur le voyage dans le temps, ça n'aide pas. Incohérent avec lui-même et avec l'ensemble de la saga, le film semble avoir été scénarisé par un demeuré incapable de mettre en place une quelconque cohérence entre les différents niveaux temporels. Mais il en est parfaitement conscient, et va tenter de donner le change avec l'éternelle recette du blockbuster d'action : en faisant beaucoup de bruit.

Le film progresse donc d'affrontement en affrontement, de course-poursuite en course-poursuite, laissant toute réflexion loin derrière pour faire étalage de ses effets spéciaux inégaux. Bien sûr, la modélisation de Schwarzy jeune est impeccable (pourquoi ne pas avoir fait la même chose avec Robert Patrick, d'ailleurs ?). Mais certaines explosions, et certains impacts sur le T-1000 font franchement pitié. Pareil pour le maquillage de Papy Terminator. Oui, Papy, car comme il fallait bien trouver un rôle au Gouvernator, le scénariste a réussi à justifier son vieillissement (enfin, juste en ce qui concerne son visage). Arnold reste Arnold, et est toujours efficace, notamment lorsqu'il joue la carte de l'autodérision, mais ça n'est quand même pas très sérieux.

Il n'a pas cependant aucun mal à dominer le reste du casting masculin : Jai Courtney (Jack Reacher, Die hard :belle journée pour mourir) est toujours aussi lisse, et Jason Clarke (La Planète des singes : l'affrontement) en fait des tonnes dans la peau d'un personnage ridicule. C'est finalement Emilia Clarke qui s'en sort le mieux, dans le rôle d'une Sarah Connor devenue femme d'action à la Michelle Rodriguez, et bien plus à son avantage ici que dans la série Game of Thrones.


C'est donc dans un joyeux bordel qui vient s'écraser Terminator Genisys. Incapable de développer son histoire, à la peine quand il s'agit d'action, carrément à la masse au niveau des personnages, ce nouveau volet de la saga confirme la médiocrité des précédents. Et si on arrêtait là le massacre, plutôt que d'enchaîner sur la suite déjà annoncée ?

Note : 3,5/10


samedi 22 août 2015

Un homme idéal


Titre : Un homme idéal
Réalisateur : Yann Gozlan
Acteurs : Pierre Niney, Ana Girardot, André Marcon
Date de sortie en France : 18 mars 2015
Genre : thriller

Synopsis : 
Mathieu, 25 ans, aspire depuis toujours à devenir un auteur reconnu. Un rêve qui lui semble inaccessible car malgré tous ses efforts, il n’a jamais réussi à être édité. En attendant, il gagne sa vie en travaillant chez son oncle qui dirige une société de déménagement. Son destin bascule le jour où il tombe par hasard sur le manuscrit d’un vieil homme solitaire qui vient de décéder. Mathieu hésite avant finalement de s’en emparer, et de signer le texte de son nom... Devenu le nouvel espoir le plus en vue de la littérature française, et alors que l’attente autour de son second roman devient chaque jour plus pressante, Mathieu va plonger dans une spirale mensongère et criminelle pour préserver à tout prix son secret…

Avis : 
Quelques années après l'étonnant Captifs, Yann Gozlan réalise avec Un homme idéal un nouveau thriller, mettant cette fois en scène Pierre Niney (Yves Saint-Laurent) dans le rôle d'un jeune auteur raté qui ne parviendra à être reconnu que grâce à un plagiat. Un vol intellectuel qui sera le début d'une longue descente en enfer avec l'apparition d'un maître-chanteur qui plongera le jeune imposteur dans la criminalité.


Coincé entre la volonté de ne pas révéler son secret et l'incapacité de livrer une seconde oeuvre à la hauteur de la première, Mathieu va d'abord être envahi par les doutes et la culpabilité, avant de sombrer dans des actes de plus en plus répréhensibles, ayant à chaque de nouvelles situations à cacher. Si l'évolution est assez classique, elle est plutôt efficace, et on est pris par le scénario malgré quelques invraisemblances, incohérences et ellipses parfois très visibles.

En fait, le film vaut surtout pour la prestation de Pierre Niney, impeccable dans le rôle de ce jeune homme torturé qui perd peu à peu tout contrôle sur ses actes, est gagné par la panique et la culpabilité. Le reste du casting est bien moins intéressant, piégé dans des personnages prétextes qui n'apporteront pas grand chose à l'histoire.

Relecture à peine camouflée de Plein soleil ou de La Piscine, Un homme idéal reste un thriller prenant et bien ficelé, bien que très classique, qui doit beaucoup à un Pierre Niney qui éclipse facilement le reste du casting. On ne se relèvera pas pour le revoir, mais quelques scènes valent particulièrement le détour.

Note : 6.5/10


vendredi 21 août 2015

Insidious : chapitre 3


Titre : Insidious : chapitre 3 (Insidious : chapter 3)
Réalisateur : Leigh Whannell
Acteurs : Dermot Mulroney, Stefanie Scott, Angus Sampson
Date de sortie en France : 8 juillet 2015
Genre : épouvante

Synopsis :
Parce qu’elle a l’impression que sa mère défunte cherche à entrer en contact avec elle, la jeune Quinn Brenner se tourne vers Elise, un médium qui possède un véritable don mais refuse de l’utiliser depuis la tragédie qu’elle a vécue autrefois. Lorsque Quinn est attaquée par une entité malveillante, Sean, le père de la jeune fille, supplie Elise de les aider. Secondée par deux parapsychologues, Tucker et Specs, Elise accepte alors de tenter d’entrer en contact avec les morts. Forcée de s’aventurer dans les tréfonds de l’au-delà pour protéger Quinn, Elise va affronter le pire ennemi qu’elle ait jamais rencontré : un démon dévoreur d’âmes…



Avis :
Après un premier volet très sympathique, même s'il supportait difficilement une seconde vision, puis une suite lamentable, la saga Insidious s'enrichit d'un troisième volet, en forme de préquelle. L'occasion de suivre Elise la médium, dans une affaire plus ancienne mais suivant toujours le même schéma, où un démon tente de prendre possession du corps d'une jeune fille affaiblie.


Rien de nouveau donc, on retrouve les mêmes dispositifs, les mêmes éléments scénaristiques, la même ambiance visuelle lors des inévitables séquences dans l'autre monde, la même tendance qu'a la médium à refuser d'aider la victime avant de l'aider (ce n'est plus un lieu commun à ce niveau, ça doit carrément être l'équivalent du serment d'Hippocrate chez le médium : « ne jamais accepter une affaire avant que le client n'en ait vraiment pris plein la tronche »)... et cette même paresse dans les mécanismes pour faire sursauter.

C'est dommage, parce que certaines séquences réussissent à mettre en place une petite ambiance, en profitant de la vulnérabilité de Quinn. Hélas, à toujours tout vouloir souligner avec ces grotesques explosions sonores, le film détruit lui-même chaque tentative, d'autant que l'effet de surprise ne fonctionne absolument jamais. Mais surtout, la peur ne parvient pas à naître en raison d'un boogeyman franchement grotesque, et d'une médium dont l'arme ultime sera le recours à l'insulte fatale. Le film parvient même à ridiculiser, le temps d'une apparition gratuite et hilarante en toute fin de film, le démon du premier volet de la saga, semblant décidé à entraîner tout le monde dans sa médiocrité.

Quelques minutes de légère angoisse suffisent à ce Insidious 3 à surpasser le 2. Mais à bien y regarder, être meilleur qu'une daube n'empêche pas le film de Leigh Whannell d'en être une aussi, dans la lignée directe de ces films d'épouvante pour pré-ados à qui il ne faudrait quand même pas faire peur et qui exploitent toujours la même recette.

Note : 2,5/10

mardi 18 août 2015

Les 4 fantastiques


Titre : Les 4 Fantastiques (The Fantastic Four)
Réalisateur : Josh Trank
Acteurs : Miles Teller, Kate Mara, Michael B. Jordan
Date de sortie en France : 5 août 2015
Genre : super-héros, action, science-fiction

Synopsis : 
Adaptation moderne et résolument nouvelle de la plus ancienne équipe de super-héros Marvel, le film se concentre sur quatre jeunes génies qui se retrouvent projetés dans un univers alternatif et dangereux, qui modifie leurs formes physiques mais aussi leurs vies de façon radicale. Ils devront apprendre à maîtriser leurs nouvelles capacités et à travailler ensemble pour sauver la Terre d’un ancien allié devenu leur ennemi.

Avis : 
Après un premier film qui n'est jamais sorti sur les écrans dans les années 90, puis deux films dans les années 2000 avec notamment Jessica Alba et Chris Evans, Les 4 Fantastiques s'offrent un nouveau reboot, profitant de la vague actuelle des films Marvel pour tenter, cette fois, de tirer leur épingle du jeu. Encore raté...


Le film de Josh Trank (qui n'a d'ailleurs pas mis longtemps à renier son film face aux critiques désastreuses) n'est en fait qu'une immense phase d'exposition : sur les 100 minutes du film, 80 sont consacrées à la présentation des personnages, de la jeunesse de Reed Richards à l'apparition des pouvoirs chez le quatuor. Interminable, cette partie se révèle en plus totalement loupée : à aucun moment les héros ne parviennent à nous intéresser, l'absence totale de second degré et d'enjeu les rendant complètement fades.

Et quand enfin on arrive à la seconde partie... eh bien, faites le calcul : il ne reste plus que quelques minutes pendant lesquelles on découvre le super-vilain (enfin, on le connaît déjà), qui va menacer la planète entière, mais qui va finalement être vaincu par le quatuor qui sauvera donc le monde. Le film est ainsi totalement déséquilibré, le combat final bâclé et sans impact, le tout dans un univers visuel incroyablement moche, autant dans des effets spéciaux vraiment laids que dans des décors qui semblent issus de nanars de science-fiction fauchés.

C'est un raté intégral donc, pas aidé par un casting que l'on a pourtant déjà vu bien plus convaincant, de Miles Tenner (Whiplash) à Michael B. Jordan (Fruitvale Station), coincés dans des personnages sans aucune consistance. Ce n'est pas avec ce film que Les 4 fantastiques rejoindront les adaptations phares de l'univers Marvel, et on tremble d'avance en apprenant qu'une suite est déjà prévue...

Note : 2/10


samedi 15 août 2015

La Rage au ventre


Titre : La Rage au ventre (Southpaw)
Réalisateur : Antoine Fuqua
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Rachel McAdams, Forest Whitaker
Date de sortie en France : 22 juillet 2015
Genre : drame, sportif

Synopsis : 
Champion du monde de boxe, Billy Hope mène une existence fastueuse avec sa superbe femme et sa fille qu’il aime plus que tout. Lorsque sa femme est tuée, son monde s’écroule, jusqu’à perdre sa maison et sa fortune. Pire, la garde de sa fille lui est retirée, la justice estimant son comportement incompatible avec son rôle de père. Au plus bas, il trouve une aide précieuse en la personne de Tick Willis, un ancien boxeur avec lequel il reprend l’entrainement. Billy va devoir se battre pour trouver la voie de la rédemption et regagner ainsi la garde de sa fille.

Avis : 
Avec La Rage au ventre, le réalisateur ajoute une nouvelle entrée dans sa filmographie dédiée au film de mâles : après son super-flic sauvant à lui seul les Etats-Unis dans La Chute de la Maison Blanche et son vigilante invincible dans Equalizer, il nous offre ici un grand classique de la culture américaine : le film de boxe. Tellement classique d'ailleurs que, malgré son intensité et son efficacité, le film va avoir des difficultés à nous faire oublier les oeuvres phares du genre, et notamment la saga Rocky.


Un boxeur au sommet, mais qui contrôle mal ses émotions, gère mal son entourage et son argent, et va finir par tout perdre avant de revenir aux sources pour retrouver les sommets : la trajectoire de Billy Hope est assez classique, mais va néanmoins être extrêmement prenante, grâce à l'interprétation de Jake Gyllenhaal (Night call, Enemy). L'acteur, qui a effectué un travail physique impressionnant, parvient encore à nous surprendre, insufflant à son personnage une intensité, une rage et une détresse à couper le souffle.

Ces éléments se retrouvent autant dans les passages dramatiques et plus intimistes, où le personnage est confronté à l'incompréhension et la colère de sa fille qu'il n'est plus en mesure d'élever correctement, que dans les séquences de combat, parfaitement filmées et dont on ressent les impacts à travers l'écran. Le aspects dramatique et sportif du film se contrebalancent très bien, et apportent à l'ensemble une certaine finesse (enfin, tout est relatif, évidemment) que l'on ne retrouvait pas dans les précédents films du réalisateur.

Peu de surprise donc avec La Rage au ventre, qui emprunte allègrement à la saga Rocky pour développer son histoire. Mais Antoine Fuqua nous livre une merveille d'efficacité et de fureur, à travers des combats monstrueux et un Jake Gyllenhaal impressionnant, qui nous montre une nouvelle fois qu'il sait absolument tout faire.

Note : 8/10


jeudi 13 août 2015

Pixels


Titre : Pixels
Réalisateur : Chris Columbus
Acteurs : Adam Sandler, Michelle Monaghan, Kevin James
Date de sortie en France : 22 juillet 2015
Genre : science-fiction, action, comédie

Synopsis :


À l’époque de leur jeunesse, dans les années 80, Sam Brenner, Will Cooper, Ludlow Lamonsoff et Eddie « Fire Blaster » Plant ont sauvé le monde des milliers de fois… en jouant à des jeux d’arcade à 25 cents la partie. Mais aujourd’hui, ils vont devoir le faire pour de vrai… Lorsque des aliens découvrent des vidéos d’anciens jeux et les prennent pour une déclaration de guerre, ils lancent l’assaut contre la Terre.

Avis :
La culture vidéoludique et l'intérêt pour les jeux rétro sont à la mode ces dernières années, et cela se ressent au cinéma : après les excellents Scott Pilgrim et Les Monde de Ralph, c'est cette fois Chris Columbus, l'un des maîtres actuels du divertissement familial (Harry Potter à l'école des sorciers, et la Chambre des secrets ou encore Mme Doubtfire) qui s'y colle avec Pixels, véritable déclaration d'amour aux bornes d'arcade des années 80.


 Reprenant le thème du gentil looser devenant malgré lui un héros, le film propulse donc sur le devant de la scène plusieurs geeks dont les talents très particuliers vont permettre de sauver le monde d'une invasion toute aussi improbable : la Terre est en effet attaquée par des créatures inspirées des vieilles bornes d'arcade, et les monstres de Centipede vont accompagner Pac Man ou Donkey Kong dans ce projet d'invasion difficile à prendre au sérieux.

Le film joue ainsi largement sur l'aspect jubilatoire de l'apparition de ces monstres de pixels dans le monde réel, assumant pleinement l'héritage de la SF familiale des années 80. Pourtant, difficile d'en ressortir convaincu. Si la magie du retour aux sources opère pendant une partie du film, le phénomène finit par s'essouffler, trahi par un scénario répétitif et des personnages finalement plutôt fades. Certains passages qui s'annonçaient formidables deviennent ainsi interminables (Pac Man), les gags s'usent rapidement, et même l'invasion finale semble passer à côté de son potentiel.


Pixels est ainsi aussi décevant à l'écran que prometteur sur le papier. A trop vouloir multiplier les hommages, le film de Chris Columbus s'y perd un peu, alignant les références jusqu'à la nausée, et semblant oublier que l'enchaînement des niveaux sur borne d'arcade ne suffit pas à faire un film...

Note : 5.5/10


jeudi 6 août 2015

La Isla minima


Titre : La Isla minima
Réalisateur : Alberto Rodriguez
Acteurs : Raùl Arévalo, Javier Gutiérrez, Antonio de la Torre
Date de sortie en France : 15 juillet 2015
Genre : thriller, policier

Synopsis :
Deux flics que tout oppose, dans l'Espagne post-franquiste des années 1980, sont envoyés dans une petite ville d'Andalousie  pour enquêter sur l'assassinat sauvage de deux adolescentes pendant les fêtes locales. Au coeur des marécages de cette région encore ancrée dans le passé, parfois jusqu'à l'absurde et où règne la loi du silence,  ils vont devoir surmonter leurs différences pour démasquer le tueur.

Avis : 
En voyant la bande-annonce, on s'attendait presque à entendre les premières notes du thème de la série True detective. Avec son duo d'enquêteurs que tout oppose, ses meurtres d'adolescents aux lourds secrets, ses lieux éloignés de tout et propices aux mystères, le film d'Alberto Rodriguez ressemble ainsi à s'y méprendre à la série interprétée par Woody Harrelson et Matthew McConaughey, ou même à Twin Peaks. Ce qui n'enlèvera rien à ses qualités.


 Car si le film met un peu de temps à démarrer, reprenant les éternelles bases du genre, on se retrouve peu à peu pris dans l'ambiance de cette Espagne des années 80, d'autant que l'enquête progresse de façon cohérente et tangible, loin de certains thrillers se contentant d'éléments tombant du ciel pour progresser. On regrettera peut-être le fait que certains éléments disparaissent sans trop d'explication, ou que la solution devienne évidente assez vite, mais cela n'empêche pas le film d'être particulièrement prenant.

Dommage aussi que les relations entre les deux policiers ne soient pas plus développées, notamment en ce qui concerne leur passé. En revanche, on appréciera la qualité des rôles secondaires, qui apportent vraiment quelque chose à l'histoire. Au niveau de la réalisation, j'avoue avoir trouvé assez agaçante et tape-à-l'oeil cette manie inutile de filmer les paysages du ciel. L'effet est certes réussi les premières fois, mais finit par devenir redondant en se répétant trop souvent.


La Isla minima compense donc son manque relatif d'originalité par une enquête très prenante et une ambiance très réussie. On aurait presque aimé que le film aille un peu plus loin dans la description de son duo d'enquêteurs, mais cela n'empêche pas le film d'Alberto Rodriguez d'être une  réussite.

Note : 7/10


mardi 4 août 2015

Der Samurai


Titre : Der Samurai
Réalisateur : Till Kleinert
Acteurs : Michel Diercks, Pit Bukowski, Uwe Preuss
Date de sortie en France : 15 juillet 2015
Genre : thriller, fantastique

Synopsis :


Jakob, jeune policier collet-monté, mène une vie terne dans l’Allemagne rurale. Un soir, il croise la route d’un travesti charismatique qui, armé d’un katana japonais, cultive un goût prononcé pour la décapitation. Jakob part alors à la recherche de ce samouraï fou, dans une course poursuite où s’installe une attirance réciproque.

Avis :
Avec son titre et son synopsis atypique, on peut dire que Der Samurai attise la curiosité ! Le film de Till Kleinert nous propose de suivre la poursuite entre un policier introverti, surnommé le « loup solitaire », et un étrange travesti armé d'un samouraï apparu peu de temps après un loup, le temps d'une nuit.


 Avec ce sujet aussi original que casse-gueule, le film va régulièrement osciller entre le fascinant et l'ennuyeux, avec autant de scènes réussies (la poursuite nocturne dans les bois, assez effrayante, et des mises à morts très violentes) que de passages moins inspirés, notamment dans une métaphore sans grande finesse sur la sexualité refoulée de Jakob ou sur son incapacité à faire face aux problèmes.

En revanche, le fameux samouraï est un personnage formidable, charismatique, aussi repoussant que troublant, clairement inspiré de l'imagerie manga japonaise. La culture nippone est d'ailleurs à l'honneur, le film citant plus ou moins ouvertement certaines œuvres, avec un personnage reprenant le surnom du célèbre Ogami Itto (le Loup Solitaire de la saga Baby Cart), une ambiance rappelant par moments Silent Hill, et quelques effets de caméras directement hérités de Kitamura.

Der Samurai est donc un film un peu déroutant, mêlant une multitude d'influences au service d'un film fascinant mais maladroit, jouissif tout autant qu'irritant. Mais le personnage complètement fou interprété par Pit Bukowski vaut à lui seul le détour !


Note : 6,5/10

samedi 1 août 2015

Difret


Titre : Difret
Réalisateur : Zersenay Mehari
Acteurs : Meron Getnet, Tizita Hageren Haregewine Assefa
Date de sortie en France : 8 juillet 2015
Genre : drame

Synopsis :
A trois heures de route d’Addis Abeba, Hirut, 14 ans, est kidnappée sur le chemin de l’école: une tradition ancestrale veut que les hommes enlèvent celles qu’ils veulent épouser. Mais Hirut réussit à s’échapper en tuant son agresseur. Accusée de meurtre, elle est défendue par une jeune avocate, pionnière du droit des femmes en Ethiopie. Leur combat pour la justice commence, mais peut-on défier une des plus anciennes traditions ?

Avis :
Je faisais déjà la réflexion il y a quelques semaines à propos de Taxi Téhéran : il est parfois difficile de donner son avis sur certains films en raison de la puissance de leur propos et de leur nécessité. C'est le cas ici avec Difret, qui vient – maladroitement – nous rappeler que l'égalité entre hommes et femmes n'est toujours pas une réalité dans certains endroits, et qu'elle doivent parfois se battre juste pour avoir le droit de ne pas être enlevées ou violées...


 L'histoire d'Hirut est ainsi horrible, et le combat de son avocate forcément juste, mais cela ne suffira pas à faire de Difret un bon film. Certes, il s'agit d'un objet culturel particulièrement riche, et on apprendra beaucoup de choses sur l'Ethiopie et certaines de ses coutumes, mais le manque de moyens se ressent à tous les niveaux (notamment dans l'interprétation, souvent catastrophique) et se double d'un scénario convenu et sans surprise.

On s'ennuie donc pas mal devant une histoire qui aurait mérité un meilleur sort, d'autant que le film bascule tête la première dans le manichéisme le plus agaçant, évacuant toute nuance et nous privant de la possibilité de réfléchir à la place des traditions dans un pays en pleine évolution. Au final, on se fout un peu de l'histoire d'Hirut, puisque l'on sait que les gentils triompheront des méchants à la fin.

Difret est donc totalement étouffé par un sujet extrêmement fort : si le film est nécessaire dans ce combat permanent pour l'égalité entre hommes et femmes, ça ne l'empêche pas d'être sacrément chiant à regarder, comme la démonstration trop sage d'un professeur de lycée... S'il a l'immense mérite de mettre en lumière des événements importants, ce film éthiopien n'arrive hélas jamais à la cheville de ce qu'il entend condamner...


Note : 5/10