lundi 30 juin 2014

Le Bateau


Titre : Le Bateau (Das Boot)
Réalisateur : Wolfgang Petersen
Acteurs : Jürgen Prochnow, Erwin Leder, Herbert Grönemeyer
Date de sortie en France : 17 février 1982
Genre : drame, guerre

Synopsis : 
Automne 1941. Deuxième Guerre Mondiale. Base de La Rochelle. A la veille de s'embarquer pour une mission de routine dans l'Atlantique Nord, l'équipage d'un sous-marin allemand fait la fête. Ils dansent, boivent, comme si demain n'existait pas. Pour eux, ce sera le cas. Car ce qu'ils ne peuvent pas savoir, c'est que sur 40.000 sous-mariniers allemands, seuls 10.000 retourneront chez eux...

Avis : 
Film monstre de Wolfgang Petersen, Das Boot nous entraîne donc, pendant plus de trois heures (pour la version director's cut) dans les entrailles d'un sous-marin de guerre allemand patrouillant dans l'Atlantique. Trois heures où nous nous retrouverons coincés dans un espace particulièrement réduit, au milieu des bruits et des odeurs et où la principale activité sera l'attente. Une attente longue et infernale, celle d'une routine ou de gestes répétés à l'infini, un enfer qui ne prendra fin que lorsqu'un autre enfer débutera : celui des affrontements et de la peur.


Wolfgang Petersen cherche donc tout d'abord à nous plonger dans le quotidien de ces sous-mariniers, et à nous faire ressentir cette ambiance étouffante qui pèse sur leurs épaules à chaque seconde, sans aucune possibilité d'y échapper. Il réussit à totalement nous immerger dans le sous-marin, jusqu'à bientôt partager la tension de ses occupants lorsqu'il sera la cible d'un bateau de guerre. En ne montrant presque rien, le réalisateur allemand renforce encore la puissance et la menace de cet ennemi dont la présence ne se manifestera souvent que par le son : celui des hélices se rapprochant, des explosions des grenades lancées à la mer, du sonar tentant de retrouver l'U-96, de l'eau qui s'infiltre, des sous-mariniers qui paniquent. Le son également du sous-marin soumis à la pression des fonds marins, à mesure que le capitaine fait descendre le bâtiment pour échapper aux ennemis.

Cette tension ne sera que rarement relâchée, pour de rares moments d'euphorie lorsque l'équipage est enfin hors de danger, ou lorsque l'U-Boot détruit enfin une cible... avant d'assister avec horreur à l'agonie de l'équipage d'un navire ennemi. Même une rencontre dans un cadre de rêve avec des officiers supérieurs ne pourra que renforcer l'impression que les sous-mariniers ne sont qu'une ressource sacrifiable que l'on envoie sans sourciller vers des missions suicide.

Incroyablement intense, même lorsque le film se borne à nous montrer l'ennui de ses personnages sans jamais sacrifier à un héroïsme malvenu ou des scènes d'action spectaculaire, et particulièrement étouffant, Das Boot est tout simplement l'un des plus grands film de guerre. L'un de ceux qui, en tout cas, nous montrent le mieux l'enfer psychologique vécu par les soldats et qui ne se limite pas à perdre des compagnons dans des gerbes de sang.

Note : 10/10


samedi 28 juin 2014

Under the skin


Titre : Under the skin
Réalisateur : Jonathan Glazer
Acteurs : Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams, Lynsey Taylor Mackay
Date de sortie en France : 25 juin 2014
Genre : science-fiction, thriller

Synopsis : 
Une extraterrestre arrive sur Terre pour séduire des hommes avant de les faire disparaître.

Avis : 
Réalisé par Jonathan Glazer, metteur en scène de clips musicaux et publicitaires, Under the skin met en scène Scarlett Johansson (Her, Don Jon) dans le rôle d'une étrange extraterrestre. Nous n'en saurons pas beaucoup plus de cette créature à l'apparence (presque) humaine, sinon qu'elle kidnappe des hommes et les fait disparaître dans un étrange fluide noir : le film choisit de laisser le mystère intact, préférant jouer sur les sensations et sur un esthétisme très poussé.


Très froid, à l'image de ce personnage principal qui piège sans sourciller les hommes qu'elle séduit et de cette Ecosse brumeuse et pluvieuse, le film s'éloigne rapidement d'un synopsis pouvant rappeler La Mutante pour nous plonger dans quelques passages fantasmagoriques (les victimes se noyant dans ce liquide noir avant d'y être digérés dans des mouvements évoquant les oeuvres de Bill Viola), et offre un traitement particulier, avec une narration particulière, toute en ellipses et sans véritable progression avant la dernière partie, et une économie de dialogues dans laquelle Scarlett Johansson excelle, dans des passages souvent improvisés avec des passants.

L'atmosphère du film fait ainsi penser à certains films de David Lynch ou de Cronenberg (Rage), jusqu'à cette dernière partie où le personnage évolue, comme à la recherche de sa propre identité, désirant ne plus être une enveloppe vide, à l'image de ces cyborgs de science-fiction en quête d'humanité. L'ambiance générale doit par ailleurs beaucoup à Scarlett Johansson, aussi parfaite dans ce rôle de brune mutique dont la nudité même est menaçante que dans celui de ce personnage virtuel dont on n'entendait que la voix dans Her.

Under the skin est donc un film déroutant, envoûtant et intriguant, aussi fascinant et dérangeant que froid et repoussant. Un objet inclassable, très loin des standards habituels du cinéma actuel, et dont on retiendra surtout l'interprétation de l'actrice et le travail sur l'esthétique, notamment dans cette pièce monochrome où Johansson se débarrasse de victimes dans une cérémonie dont on ne connaîtra jamais le but. Etonnant, tout simplement !

Note : 8,5/10


Dragons


Titre : Dragons (How to train your dragon)
Réalisateur : Chris Sanders, Dean DeBlois
Acteurs : Jay Baruchel, Gerard Butler, America Ferrara
Date de sortie en France : 31 mars 2010
Genre : animation, aventures

Synopsis :  L'histoire d'Harold, jeune Viking peu à son aise dans sa tribu où combattre les dragons est le sport national. Sa vie va être bouleversée par sa rencontre avec un dragon qui va peu à peu amener Harold et les siens à voir le monde d'un point de vue totalement différent.

Avis : 
Produit par DreamWorks Animation, Dragons reprend donc l'éternelle thématique du héros différent de ses semblables mais qui finit, grâce à son courage et à son ingéniosité, à se faire sa place dans le groupe tout en modifiant le regard des autres. Ici, il s'agit d'Harold, jeune Viking chétif et maladroit, peu intéressé par le combat au grand désespoir de son père, qui est le chef de la tribu.


Dragons va ainsi suivre un développement classique, mais va le faire de brillante manière grâce à la relation entre le jeune homme et le Furie Nocturne, un dragon considéré comme extrêmement rare et dangereux, mais qui va lui aussi se révéler complètement différent de sa réputation. Avec une bonne dose d'humour, le duo va peu à peu évoluer, devenir complice et inséparable, jusqu'à devoir affronter ensemble de terribles épreuves. On s'attache très rapidement aux deux personnages, notamment grâce à un Dragon à l'apparence étonnante et dont les grands yeux, très expressifs, feront à coup sûr fondre certains coeur.

Drôle et touchant, le film est également incroyablement spectaculaire, avec des acrobaties aériennes à couper le souffle et un final à couper le souffle. Les dragons et les jeunes vikings ont une personnalité folle, et l'ennemi est une créature incroyable et sublime, bénéficiant d'une apparence et d'une animation absolument parfaites pour l'une des scènes les plus incroyables que l'on ait pu voir sur nos écrans ces dernières années !

Inspiré du roman How to train your dragon de Cressida Cowell, Dragons magnifie donc un postulat de base assez classique pour offrir une oeuvre spectaculaire, drôle, touchante et intelligente. Un vrai bonheur pour l'une des plus belles réussites des studios DreamWorks !

Note : 9/10


vendredi 27 juin 2014

Thirst, ceci est mon sang


Titre : Thirst, ceci est mon sang (Bakjwi)
Réalisateur : Park Chan-wook
Acteurs : Kang-ho Song, Kim Ok-vin, In-hwan Park
Date de sortie en France : 30 septembre 2009
Genre : horreur, thriller, drame

Synopsis : 
Sang-hyun est un jeune prêtre coréen, aimé et respecté. Contre l'avis de sa hiérarchie, il se porte volontaire pour tester en Afrique un vaccin expérimental contre un nouveau virus mortel. Comme les autres cobayes, il succombe à la maladie mais une transfusion sanguine d'origine inconnue le ramène à la vie. De retour en Corée, il commence à subir d'étranges mutations physiques et psychologiques : le prêtre est devenu vampire. Mais la nouvelle de sa guérison miraculeuse attire des pélerins malades qui espèrent bénéficier de sa grâce. Parmi eux, Sang-hyun retrouve un ami d'enfance qui vit avec sa mère et son épouse, Tae-Ju. Il succombe alors à la violente attirance charnelle qu'il éprouve pour la jeune femme...

Avis : 
 Thirst est un film de vampires, mais évidemment un film de vampire bien particulier, puisque réalisé par l'un des réalisateurs les plus doués de ces dernières années : Park Chan-wook, à qui l'on doit notamment Old Boy ou le récent Stoker. Ici, pas de grandes démonstrations visuelles ou presque, pas de fioritures, pas de jeune freluquet dont la seule qualité est d'exhiber son torse pour exciter les gamines de 14ans. Ici, on a un vrai drame sur la situation de ce prêtre qui va peu à peu être contraint d'enfreindre ce que lui interdisait sa foi.


Park Chan-Wook développe la transformation de Sang-Hyeon de façon subtile : sens accrus, résistance physique nouvelle, guérison inespérée...et bientôt appétit pour le sang. Une évolution assez classique sur le fond, mais couplée avec les hésitations dues à la fonction de prêtre du personnage. La volonté de ne pas pêcher en évitant de tuer, ainsi que le voeu de chasteté, tout sera remis en cause par le personnage de Tae-Ju, plus extravertie, plus curieuse, moins réservée que lui. Et dans Thirst, quand on parle de désir interdit, il y a vraiment la notion de désir et d'interdit : la dimension érotique propre aux personnages de vampires (voir Le Cauchemar de Dracula ou lire Carmilla de Le Fanu) est ici pleinement exploitée dans la première moitié du film, avant que le désir de se nourrir et de tuer ne l'emporte sur le désir charnel dans la deuxième partie.

Une deuxième partie qui va jongler entre les genres. Park aime brasser les genres, et va ajouter à son drame horrifique des éléments plus loufoques et de l'humour noir. Le film change de rythme, devient un peu moins intimiste, en même temps que les personnage de Sang-Hyeon (toujours parfait Song Kang-Ho) et Tae-Ju changent. Jusqu'à une fin sublime, qui là encore se démarque du classicisme de sa situation grâce à l'univers du réalisateur.

Magnifique drame sur le vampirisme, Thirst pourra sans doute en perdre certains à cause de son ambiance et son rythme particuliers et de son mélange des genres. Ce serait bien dommage, parce qu'en des périodes marquées par des vampires pour midinettes, on a bien besoin de films de vampire avec des couilles.

Note : 8,5/10


dimanche 22 juin 2014

X Men : days of future past


Titre : X Men : days of future past
Réalisateur : Bryan Singer
Acteurs : Hugh Jackman, Jennifer Lawrence, Michael Fassbender
Date de sortie en France : 21 mai 2014
Genre : super-héros, action

Synopsis : 
Les X-Men envoient Wolverine dans le passé pour changer un événement historique majeur, qui pourrait impacter mondialement humains et mutants.

Avis : 
Après avoir réalisé les deux premiers volets de la saga, Bryan Singer revient à la réalisation pour ce X Men : days of future past destiné à faire le lien entre anciens et nouveaux épisodes, mais aussi à faire oublier un X Men : l'affrontement final qui, non content d'être très moyen, sacrifiait plusieurs personnages centraux. L'occasion ici de retrouver quelques mutants des premiers films, comme Tornade (Halle Berry), Kitty Pride (Ellen Page) ou Iceman, mais surtout les versions âgées du Professeur Xavier (Patrick Stewart) et de Magneto (Ian McKellen).


Dans les faits, cette réunion est surtout réalisée par le biais du personnage de Wolverine, qui aura l'occasion de retourner dans le passé avant de changer le futur. Sans réelle répercussion entre les deux époques, à l'exception du classique final où la situation dans le passé se dénoue à quelques instants du drame du futur, l'aventure de Logan va s'inscrire dans le prolongement de X Men : le commencement (minus quelques personnages, "décédés" entre les deux films) en mêlant les mutants à des événements de l'époque comme l'assassinat de JFK ou la guerre du Viêt Nam.

Si l'on excepte les incohérences obligatoires qu'entraîne ce genre de scénario, notamment avec la trilogie de base, et si l'on est pas trop regardant sur un futur bâclé, on passera un excellent moment dans ce X Men, qui multiplie les scènes spectaculaires et tire entièrement partie des pouvoirs de ses personnages (Vif-Argent et Magneto étant ainsi particulièrement mis en avant). Le tout avec la petite touche d'humour récurrente dans la saga (les répliques de Wolverine font souvent mouche) et des effets spéciaux impeccables.

Après les décevants derniers épisodes d'autres sagas (Iron Man 3, Thor : le monde des ténèbres, The Amazing Spider-man : le destin d'un héros), X Men : days of future past nous permet enfin de retrouver des super-héros au sommet de leur forme. Spectaculaire et divertissant, le film de Bryan Singer (Jack le chasseur de géants) en arrive presque à faire oublier ses gros défauts et ses frustrations pour s'imposer comme un des blockbusters de cette année.

Note : 7/10


samedi 21 juin 2014

Maps to the stars


Titre : Maps to the stars
Réalisateur : David Cronenberg
Acteurs : Julianne Moore, Mia Wasikowska, Olivia Williams
Date de sortie en France : 21 mai 2014
Genre : drame

Synopsis : 
A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide  à se réaliser en tant que femme et actrice. La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.

Avis : 
Et si l'on faisait brûler Hollywood ? Continuant dans son exploration froide et médicale de la société actuelle, après un Cosmopolis qui imaginait la chute du capitalisme, David Cronenberg s'attaque cette fois à la capitale mondiale du cinéma et lui plonge directement le nez dans sa merde : ado-stars insupportables, vedettes sur le déclin et prêtes à tout, gourous improbables, drogues, sexe, violence et esclavagisme moderne, bienvenue dans le monde merveilleux d'Hollywood !


Avec un cynisme horriblement réjouissant, le réalisateur nous présente ces personnages comme autant de monstres détestables, totalement irresponsables et uniquement centrés sur leur propre réussite. Il y parvient parfaitement, par le biais notamment de scènes très noires, comme la visite de Benjie à une fan à l'hôpital ou la célébration par Julianne Moore du décès d'un enfant qui lui ouvre enfin la voie vers le rôle qu'elle convoitait. Une galerie de freaks modernes au sein de laquelle Agatha débarque, le corps couvert de brûlure et le passé chargé.

Si elle semble d'abord être le personnage le plus sain, la jeune femme interprétée par la toujours aussi troublante Mia Wasikowska (Stoker, Only lovers left alive) sera le catalyseur qui réduira en cendres les derniers fragments de santé mentale de son entourage, mettant en lumière les aspects les plus extrêmes de ce star-system pourri par la jalousie, le culte de l'image et la volonté de tout contrôler. Au point d'ailleurs d'aller un peu trop loin, la caricature offerte par Cronenberg montrant ces limites dans une deuxième heure moins inspirée, dont le trait est trop appuyé.

S'il ne dissèque plus les corps, David Cronenberg utilise à présent sa caméra pour explorer cliniquement les mécanismes d'une société malade, s'attaquant ici avec une méchanceté longtemps réjouissante à Hollywood, rappelant même par moments le Mulholland Drive de David Lynch. Dommage cependant que ce pamphlet finisse par devenir insupportable, la faute à un manque total de retenue et à un scénario qui finit par se perdre dans sa gratuité...

Note : 7/10


jeudi 19 juin 2014

La Nuit de tous les mystères


Titre : La Nuit de tous les mystères (House on haunted hill)
Réalisateur : William Castle
Acteurs : Vincent Price, Carolyn Craig, Richard Long
Date de sortie en France : 
Genre : épouvante, thriller

Synopsis : 
Annabelle, l'épouse du très riche Frederick Loren, suggère à son mari d'organiser une soirée un peu spéciale : convier des inconnus à passer une nuit entière dans une maison hantée ! S'ils parviennent à tenir, les participants gagneront alors la somme de 10000 dollars... Mais la tâche s'annonce difficile car des événements mystérieux et inquiétants se produisent très rapidement.

Avis : 
Datant de 1959, La Nuit de tous les mystères est à mon sens le film le plus réussi de William Castle. Celui où, en tout cas, sa volonté de faire du film d’épouvante un divertissement pour le spectateur est la plus aboutie, grâce à une œuvre très soignée reprenant avec bonheur les éléments classiques du cinéma de genre(s) pour mieux les détourner, jouant avec nous avec une efficacité toujours intacte 50 ans plus tard.


Castle place donc son intrigue dans une étrange demeure hantée, dont l’architecture oscille entre modernité et baroque, et y installe une poignée de personnages volontairement présentés selon des stéréotypes, du millionnaire vaguement excentrique à la secrétaire facilement impressionnable en passant par le psychiatre. Le groupe découvrira peu à peu les endroits les plus remarquables de la maison, ainsi que l’histoire des supposés fantômes qui hantent les lieux (Castle reprendra l’idée dans son futur 13 fantômes). Très classique, cette première partie consacrée à l’épouvante n’en est pas moins réussie, parvenant même à faire sursauter lors d’une apparition que l’on n’attendait pas. William Castle tire pleinement parti de son décor, jouant avec ces pièces cachées, ces portes qui grincent et ce mobilier qui menace à chaque instant de s’effondrer sur les participants de la soirée.

Mais c’est avec l’assassinat d’un des personnages que le film va prendre une autre dimension, ajoutant à cette atmosphère d’épouvante une intrigue où chaque personnage devient suspect et où l’on découvre peu à peu un complot parfois tiré par les cheveux mais qui nous tient parfaitement en haleine. Castle nous fait ainsi pleinement participer à l’enquête, nous donne des indices auxquels les personnages n’ont pas accès et insiste sur le comportement suspect de chacun, nous amenant à tous les suspecter. Et évidemment, parmi cette brochette de meurtriers potentiels, celui qui retient le plus notre intention sera Frederick Loren, interprété par l’immense Vincent Price dont l’élégance et le cynisme font merveille dans le rôle du maître de cérémonie mystérieux et excentrique qui rappelle William Castle lui-même.

La Nuit des tous les mystères, qui comme 13 fantômes fera l’objet d’un remake par la maison de production Dark Castle (La Maison de l’horreur) est donc un mélange très agréable de film d’épouvante et d’intrigue policière, dont certains éléments ont évidemment vieilli (le final, rapidement expédié), mais qui conserve un formidable capital sympathie grâce à la complicité qu’installe William Castle avec le spectateur, jouant avec les codes de l’épouvante pour mieux les détourner et jouer avec le public.

Note : 7/10


lundi 16 juin 2014

Ugly


Titre : Ugly
Réalisateur : Anurag Kashyap
Acteurs : Ronit Roy, Tejaswini Kolhapure, Rahul Bhat
Date de sortie en France : 28 mai 2014
Genre : thriller

Synopsis : 
Rahul et Shalini, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. La fillette vit désormais avec sa mère et son beau-père, Shoumik, responsable d’une brigade de la police de Bombai. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père Rahul, elle disparaît.

Avis : 
"Inspiré d'une histoire vraie", Ugly est un thriller indien dans lequel la disparition d'une fillette va nous plonger dans une vision particulièrement pessimiste de l'Inde dans ce qu'elle a de plus sombre, entre misère, corruption, violence, appât du gain et explosion de la cellule familiale. Le kidnapping sera ainsi le point de départ et le fil rouge d'une chronique sociale crue du pays, à travers de nombreux personnages essayant de tirer leur épingle du jeu, quitte à écraser les autres au passage.


Le film multiplie ainsi les fausses pistes, tente constamment de lancer le spectateur vers de nouveaux suspects, développant le passé des personnages, leurs motivations et leurs zones d'ombre, quitte à parfois nous perdre dans des sous-intrigues moins pertinentes ou des relations entre personnages ayant presque trop de liens les uns avec les autres. Cela fait perdre un peu de clarté à un scénario qui ne manque heureusement pas d'excellentes idées.

On savourera ainsi ces scènes un peu irréelles où Rahul est interrogé par des policiers qui semblent clairement s'en foutre, ou le fait que plusieurs personnes tentent de récupérer une rançon sans même avoir kidnappé la jeune fille. Quelques bouffées d'air frais dans un film autrement très sombre et glauque, et au cynisme impresionnant, rappelant les meilleurs thriller sud-coréens de ces dernières années (Memories of murder, The Chaser...).

A l'exception du nombre trop élevé de personnages, qui risque de perdre par moments le spectateur, Ugly est donc une franche réussite, un thriller noir et passionnant jouant autant avec nos nerfs qu'avec nos attentes jusqu'à sa formidable conclusion. A noter enfin qu'il vous faudra peut-être vous munir de boules Quiès, le film étant très, très bruyant (à moins que cela ne vienne du projectionniste ?).

Note : 8/10


samedi 14 juin 2014

127 heures


Titre : 127 heures (127 hours)
Réalisateur : Danny Boyle
Acteurs : James Franco, Amber Tamblyn, Kate Mara
Date de sortie en France : 23 février 2011
Genre : drame

Synopsis : 
Le 26 avril 2003, Aron Ralston, jeune homme de vingt-sept ans, se met en route pour une randonnée dans les gorges de l’Utah.Il est seul et n’a prévenu personne de son excursion. Alpiniste expérimenté, il collectionne les plus beaux sommets de la région.Pourtant, au fin fond d’un canyon reculé, l’impensable survient : au-dessus de lui un rocher se détache et emprisonne son bras dans le mur de rocaille. Le voilà pris au piège…

Avis : 
Réalisé par Danny Boyle, 127 heures s'inspire de l'histoire vraie d'Aron Ralston, qui fut coincé pendant 6 jours et 5 nuits dans le désert avant de réussir à s'en sortir. Pour retranscrire un tel fait divers, le réalisateur britannique va opter pour une approche minimaliste, mettant en scène James Franco seul dans un décor unique pendant une grande partie du film.


Nous suivrons donc pendant plus d'une heure le calvaire du héros, bloqué au fond d'un canyon par un rocher, souffrant d'hypothermie et de déshydratation et bientôt en proie à des hallucinations. Plus encore que la lutte pour sa survie, nous assisterons surtout à l'évolution de ses pensées, le jeune homme évoluant parfois aux limites de la folie, luttant contre le désespoir et se rappelant certains épisodes de sa vie passée, regrettant de ne pas avoir assez profité de ses proches et se maudissant de n'avoir prévenu personne de l'endroit où il allait.

Danny Boyle va utiliser ces moments de délires pour nous proposer une réalisation très travaillée, multipliant les effets visuels et sonores pour des passages parfois psychédéliques, nous plongeant entièrement dans l'esprit dérivant d'Aron. La mise en scène permet ainsi de sublimer une histoire qui n'était au départ pas très cinématographique, et va également mettre en avant la performance étonnante de James Franco (la trilogie Spiderman de Sam Raimi, Homefront).

127 heures transcende donc une idée de base que l'on aurait pu croire difficile à retranscrire au cinéma, grâce à une réalisation et une interprétation impeccables, nous offrant quelques passages très forts (la scène de l'amputation est vraiment horrible) et la confirmation que Danny Boyle n'est décidément pas un réalisateur comme les autres, même quand il s'intéresse à un sujet assez classique.

Note : 9/10


jeudi 12 juin 2014

A touch of sin


Titre : A touch of sin (Tian zhu ding)
Réalisateur : Zhang-ke Jia
Acteurs : Wu Jiang, Wang Baoqiang, Zhao Tao
Date de sortie en France : 11 décembre 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Dahai, mineur exaspéré par la corruption des dirigeants de son village, décide de passer à l’action. San’er, un travailleur migrant, découvre les infinies possibilités offertes par son arme à feu. Xiaoyu, hôtesse d’accueil dans un sauna, est poussée à bout par le harcèlement d’un riche client. Xiaohui passe d’un travail à un autre dans des conditions de plus en plus dégradantes. Quatre personnages, quatre provinces, un seul et même reflet de la Chine contemporaine : celui d’une société au développement économique brutal peu à peu gangrenée par la violence.

Avis : 
Récompensé par le prix du scénario à Cannes, A touch of sin raconte donc l'histoire de 4 personnages dans la Chine actuelle, dont le virage vers l'ultra-libéralisme a détruit de nombreuses vies, laissées pour compte dans un nouvel équilibre dans lequel ils n'auront pas pu se fondre. Quatre histoires inspirées de faits divers réels, et qui n'ont donc pour seul lien que de montrer l'impuissance d'individus face à l'injustice et la violence de ce nouveau monde. Un monde auquel ils ne pourront opposer à leur tour que la violence.


Hélas, si le sujet ne manque pas d'intérêt, notamment dans sa description de la Chine contemporaine, c'est la démonstration qui va se révéler décevante. Car si le film est remarquablement réalisé et interprété, on ne pourra s'empêcher de regretter les facilités d'un scénario forcément répétitif. Les quatre histoires se ressemblent en effet à de nombreux égards, et se résument finalement à montrer comment les injustices mènent à la violence.

Cet aspect redondant fait que l'intérêt que l'on ressent pour chaque chapitre est de moins en moins grand : si l'on souhaiterait vraiment en savoir plus sur Dahai et sur San'er, on se passionne beaucoup moins pour Xiaoyu et Xiaohui, d'autant qu'en plus d'être répétitif, le scénario n'évite pas certaines facilités, jusqu'à flirter parfois avec la série B un peu grotesque.

A touch of sin ressemble donc surtout à une démonstration trop classique, la copie d'un gentil élève n'évitant ni les répétitions ni la facilité. Dommage, car cette description de la Chine tombant dans le libéralisme à outrance et les conséquences sur une population incapable de s'y adapter aurait pu être formidable, d'autant qu'en dehors des défauts de narration, le film est superbement mis en scène et interprété...

Note : 6/10


Black Christmas


Titre : Black Christmas
Réalisateur : Bob Clark
Acteurs : Margot Kidder, Olivia Hussey, Keir Dullea
Date de sortie en France : 1er janvier 2012 (DVD)
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
Des jeunes femmes faisant parties d'une confrérie universitaire passent les vacances de Noël ensemble. Le groupe reçoit d'étranges appels téléphoniques, les jeunes femmes, qui semblent au départ s'en amuser, ne se doutent pas une seconde que les appels sont passés de l'intérieur de la maison...

Avis : 
Quelques années après La Baie Sanglante de Mario Bava, qui mêlait des ingrédients de giallo avec des codes qui seront la signature du slasher, et quelques années avant Halloween de John Carpenter, sortait en 1974 un film précurseur du slasher: Black Christmas. Ce dernier vient en effet poser certains éléments qui deviendront récurrents dans le genre: une maison isolée, un tueur mystérieux...


Ainsi, en regardant le film, il est très difficile de ne pas penser à Halloween, avec le cadre d'une fête et une introduction en vue subjective, ou à Terreur sur la ligne (puis plus tard Scream) pour l'utilisation d'un téléphone au centre de l'intrigue. Avec le film de Carpenter, Black Christmas partage aussi la particularité de ne pas miser sur le sanglant, mais plutôt sur le brutal, avec des mises à mort soudaines et rapides. Ce qui n'empêche pas Clark de livrer un meurtre magnifique, aux accents giallesques, rappelant les grandes heures de Dario Argento, ou La Résidence, de Serrador.

Black Christmas est surtout un film à l'ambiance particulière, souvent glauque ou macabre. Le tueur est un véritable cinglé, dont les motivations et l'identité restent mystérieuses, qui met en scène les cadavres de façon dérangeante...et effraie aussi, dans des séquences téléphoniques vraiment réussies. Une ambiance qui reste glauque jusqu'au bout, même quand le film utilise par moments l'humour, notamment par le biais de personnages hauts en couleur (énorme Margot Kidder !). Jusqu'au bout donc, et une fin que je trouve particulièrement glaciale.

Un film injustement méconnu, même à l'époque de sa sortie (il n'est pas sorti au cinéma en France), resté dans l'ombre des futurs Halloween et Vendredi 13, il est revenu au goût du jour avec son remake, puis une première édition française en dvd il y a quelques mois. L'occasion donc de (re)découvrir ce film précurseur du slasher, qui est parmi les tous meilleurs de ce genre.

Note : 9/10


vendredi 6 juin 2014

La Jeune fille de l'eau


Titre : La Jeune fille de l'eau (Lady in the water)
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Acteurs : Paul Giamatti, Bryce Dallas Howard, Jeffrey Wright
Date de sortie en France : 23 août 2006
Genre : drame, fantastique

Synopsis : 
Cleveland Heep a tenté discrètement de se perdre à jamais dans les abysses de son vieil immeuble. Mais, cette nuit-là, il découvre dans le sous-sol de la piscine une jeune nymphe sortie d'un conte fantastique. La mystérieuse "narf" Story est poursuivie par des créatures maléfiques qui veulent l'empêcher de rejoindre son monde. Ses dons de voyance lui ont révélé l'avenir de chacun des occupants de l'immeuble, dont le sort et le salut sont étroitement liés aux siens. Pour regagner son univers, Story va devoir décrypter une série de codes avec l'aide de Cleveland... pour peu que celui-ci arrive à semer les démons qui le hantent. Le temps presse : d'ici la fin de la nuit, leur destin à tous sera scellé...

Avis : 
J'ai longtemps hésité avant de regarder La Jeune fille de l'eau, tant celui-ci était précédé d'une mauvaise réputation. Adapté d'une de ses propres histoires, qu'il racontait à ses enfants, le film de M. Night Shyamalan met en scène une créature de l'eau, une nymphe, apparaissant  près d'un immeuble, pour un conte assumant pleinement son innocence et sa naïveté.


Au milieu de personnages qui accepteront sans sourciller cette incursion fantastique dans leur quotidien, Story va faire la connaissance de Cleveland qui l'aidera à échapper aux dangers qui la menacent et à regagner son monde. Shyamalan installe ici une petite mythologie sympathique, dont on sent l'influence orientale, avec sa créature et les différents rôles de ceux qui l'aideront : un Gardien, qui protégera la jeune femme ; un Symboliste, chargé d'interpréter les signes que personne d'autre ne peut voir ; une Guilde et un Guérisseur.

Shyamalan fait ainsi faire naître de la magie chez des personnages d'une remarquable banalité, dans un parallèle souvent amusant qui lui permet également de démystifier totalement les mécanismes classiques des scénarios hollywoodiens et cassant ses propres codes, tournant en dérision ses propres tics de réalisation, notamment par le biais du personnage du critique cinéma, que le metteur en scène se fera un plaisir de présenter sur un jour plutôt antipathique.

Tout cela donne un film sympathique à regarder, si on accepte d'entrer entièrement dans cette histoire volontairement enfantine, et si on n'est pas trop regardant sur la capacité des personnages à accepter, sans aucune hésitation, l'irruption du merveilleux dans leur quotidien. Et s'il reste bien en-dessous des trois films précédents de M. Night Shyamalan, La Jeune fille de l'eau reste un agréable divertissement, dont la légèreté pourra autant être considérée comme une qualité que comme un défaut.

Note : 7,5/10


Signes


Titre : Signes (Signes)
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Acteurs : Mel Gibson, Joaquin Phoenix, M. Night Shyamalan
Date de sortie en France : 16 octobre 2002
Genre : science-fiction, drame

Synopsis : 
A Bucks County, en Pennsylvanie. Après la perte de sa femme, Graham Hess a rendu sa charge de pasteur. Tout en s'occupant de sa ferme, il tente d'élever de son mieux ses deux enfants, Morgan et Bo. Son jeune frère Merrill, une ancienne gloire du base-ball, est revenu vivre avec lui pour l'aider. Un matin, la petite famille découvre l'apparition dans ses champs de gigantesques signes et cercles étranges.

Avis : 
Après les succès de Sixième sens et Incassable, M. Night Shyamalan s'intéresse au phénomène des crop-circles, ces figures géométriques gigantesques qui apparaissent mystérieusement dans des champs en l'espace d'une nuit. Des signes dont on ignore la signification et qui sont ouverts à toutes les interprétations... à l'image des événements que certains voient comme des signes du destin et qui nourrissent leur foi.


Car Signes est avant tout un film sur la foi, utilisant la toile de fond de l'invasion extraterrestre pour confronter le personnage interprété par Mel Gibson à ses doutes sur l'existence de Dieu. A l'exception des dernières minutes, M. Night Shyamalan se garde bien de donner une réponse, laissant le spectateur se faire sa propre opinion. Mais au-delà de cette thématique apparemment sujette à controverse (beaucoup de détracteurs du film concentrent leurs critiques sur cet unique aspect), Signes démontre également le talent du réalisateur d'origine indienne pour raconter une histoire forte.

Le film suit en effet une progression remarquable, commençant par d'infimes détails pour peu à peu confirmer l'hypothèse extraterrestre : de maigres indices d'abord, puis la confirmation progressive d'une présence menaçante autour de la ferme, et une crainte entretenue par les médias. Le film réserve même quelques moments assez effrayants, comme la visite nocturne du champ de maïs ou la séquence dans la cave.

Avec en prime un casting de qualité (une toute jeune Abigail Breslin et Joaquin Phoenix accompagnent Mel Gibson), Signes est à mes yeux le meilleur film de M. Night Shyamalan jusqu'à aujourd'hui. Une oeuvre forte, intense et au scénario abouti dont on ne regrettera que les dernières minutes et une tendance à tout nous montrer, là où on aurait peut-être préféré la suggestion...

Note : 8,5/10


jeudi 5 juin 2014

Jurassic Park III


Titre : Jurassic Park III
Réalisateur : Joe Johnston
Acteurs : Sam Neill, William H. Macy, Tea Leoni
Date de sortie en France : 8 août 2001
Genre : aventures, fantastique

Synopsis : 
Paul Kirby et sa femme Amanda, un couple richissime, proposent à Alan Grant une grosse somme d'argent s'il leur fait survoler Isla Sorna. Alan accepte leur offre, mais flaire une entourloupe lorsque le pilote amorce sa descente sur l'île. Il découvre alors les vraies raisons de l'excursion organisée par les Kirby : sauver Eric, leur fils disparu dans les environs...

Avis : 
Après les deux volets réalisés par Steven Spielberg, la saga Jurassic Park connaît plusieurs changements avec ce troisième épisode : cette fois, il ne s'agit plus d'adapter un roman de Michael Crichton (même si plusieurs éléments, comme la volière, seront inspirés de ses deux livres), le Tyrannosaurus n'est plus la vedette du film, et Joe Johnston (Captain America : first avenger, Jumanji) débarque derrière la caméra. Résultat immédiat : Jurassic Park III est un film d'aventures destiné à un public bien plus jeune que ses deux aînés.


Avec un scénario extrêmement léger et n'évitant pas les incohérences ou les éléments non développés (on ne saura jamais ce qui a tué les passagers du bateau, on se demandera pourquoi les raptors, si attachés à leurs oeufs, ne surveillent pas leur nid, et on préférera oublier le final), une violence considérablement amoindrie et un gosse insupportable parmi les personnages principaux, JP3 semble s'acharner à nous agacer, et va même jusqu'à marquer un recul sur un des éléments les plus réussis de la saga : les effets spéciaux.

Cette fois, vous n'aurez ainsi aucune difficulté à distinguer entre les dinosaures numériques et leurs cousins mécaniques. Dommage, car avec quelques nouvelles espèces (le Spinosaure, les Pteranodons...) et une légère modification des anciens pour se mettre en phase avec les découvertes paléontologiques (les Velociraptors ont quelques plumes), le film disposait d'arguments pour offrir un spectacle généreux, hélas gâché par des idées grotesques (le combat entre les deux super-carnivores) ou une désinvolture manifeste.

Même Sam Neill semble dépassé par le film et y erre en roue libre, comme abasourdi par une histoire qui semble autant destinée aux enfants qu'écrite par eux. Et même si l'on appréciera de voir de nombreux dinosaures (même quelques secondes, pour certains), le film de Joe Johnston n'arrive à aucun moment à la cheville de Jurassic Park ou du Monde perdu...

Note : 3,5/10


mercredi 4 juin 2014

Wolf Creek


Titre : Wolf Creek
Réalisateur : Greg McLean
Acteurs : John Jarratt, Cassandra Magrath, Kestie Morassi
Date de sortie en France : 9 août 2006
Genre : horreur, épouvante

Synopsis : 
Trois jeunes randonneurs partent pour trois semaines de trekking dans le désert australien. Ils en profitent pour aller admirer Wolf Creek, un cratère causé par un météorite vieux de plusieurs milliers d'années. Cette nuit-là, ils retrouvent leur voiture en panne. Lorsque un autochtone leur propose de l'aide, ils se croient sauvés. Pourtant, le vrai cauchemar commence...

Avis : 
Les années 2000 ont marqué un certain tournant dans le cinéma d'horreur, avec un retour à des films crus, sans concession, sans humour, notamment dans le sous-genre si particulier du survival. Dans la lignée des remakes de La Colline a des yeux ou Massacre à la tronçonneuse, ou d'autres réussites telles que The Descent, Wolf Creek a été une des excellentes surprises, que l'on n'attendait pas forcément.


Réalisé par l'australien Greg McLean, à qui l'on devra plus tard l'excellent Solitaire, Wolf Creek prend le risque de nous présenter longuement ses personnages : pendant 50 minutes, nous apprendrons à connaître et à nous attacher au trio, interprété avec un naturel désarmant, mais nous aurons également l'occasion de découvrir l'outback australien, avec ses paysages magnifiques, mais aussi son isolement total, sans aucune trace de vie humaine. Subrepticement, le film bascule dans une atmosphère plus froide, jusqu'à l'apparition très réussie de Mick.

Dès lors, le film bascule dans une horreur retenue mais très efficace. N'espérez pas de débordements sanglants ou de scènes d'action : à l'image de ses modèles des années 70, Wolf Creek choisit de mettre l'accent sur une ambiance très tendue et sur l'horreur ressentie par les victimes face à un tueur implacable, qui connaît parfaitement le terrain et s'adonne à son petit passe-temps depuis de nombreuses années.

On ne reprochera finalement au film qu'une dernière partie un peu moins solide, avec quelques ficelles ou incohérences plus visibles. Le film de Greg McLean reste néanmoins l'un des meilleurs films d'horreur des années 2000, faisant naître une véritable empathie pour ses personnages pour mieux renforcer la tension de la seconde partie. Une vraie réussite, dont on espère qu'elle aura droit à la suite qu'elle mérite avec le prochain Wolf Creek 2.

Note : 9/10


mardi 3 juin 2014

La Nurse


Titre : La Nurse (The Guardian)
Réalisateur : William Friedkin
Acteurs : Jenny Seagrove, Dwier Brown, Carey Lowell
Date de sortie en France : 25 juillet 1990
Genre : horreur, fantastique

Synopsis : 
Phil et Kate décident d'engager une nurse pour garder leur fils Jake dans leur grande maison à la lisière de la forêt. Camilla semble parfaite pour ce rôle. Trop parfaite peut-être...

Avis : 
Sorti en 1990, La Nurse marque le retour de William Friedkin à l'horreur, 17 ans après le formidable L'Exorciste, pour un film considéré comme mineur dans sa filmographie et généralement considéré comme un film horrifique très moyen. Pourtant, s'il n'atteint effectivement pas de sommets, La Nurse se révèle être une bonne petite série B sympathique.


Grâce à une actrice principale très convaincante, qui installe à elle seule une ambiance assez particulière, et une thématique renvoyant aux mythes païens et aux druides, le film se suit sans déplaisir, sans pourtant jamais vraiment décoller. On appréciera néanmoins l'imagerie très particulière, notamment dans le rapport à la nature avec cet arbre maléfique qui absorbe ses victimes, mais aussi dans une violence graphique totalement décomplexée et parfois étonnante.

Le film verse ainsi par moments dans le gore, quand l'arbre s'attaque à trois voyous qui menaçaient Camilla ou quand un des personnages est poursuivi par des chiens. Le grand moment arrive toutefois en fin de film, lorsque le héros décide de s'armer d'une tronçonneuse et en fait un usage particulièrement efficace. Tout cela reste très classique, et effectivement très loin de ce qu'a pu nous offrir Friedkin à ses meilleures heures, mais on appréciera quand même le sérieux et la générosité du film.

La Nurse est donc un petit film d'horreur plutôt sympathique, qui se suit avec un réel plaisir sans jamais rien révolutionner, grâce notamment à une atmosphère unique et une Jenny Seagrove intrigante dans le rôle de la nurse, aussi charmeuse que dangereuse.

Note : 6,5/10



lundi 2 juin 2014

The Baby


Titre : The Baby (Devil's due)
Réalisateur : Matt Bettinelli-Oplin, Tyler Gillett
Aceurs : Allison Miller, Each Gilford, Sam Anderson
Date de sortie en France : 7 mai 2014
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
Suite à une soirée bien arrosée lors de leur lune de miel, deux jeunes mariés doivent gérer une grossesse survenue plus tôt que prévu. Alors que le futur père choisit d’immortaliser les neuf mois à venir en filmant sa femme, il découvre que celle-ci adopte un comportement de plus en plus inquiétant, témoignant de changements profonds aux origines à la fois mystérieuses et sinistres...

Avis : 
A l'heure où les films d'épouvante sortant sur grand écran sont tous plus mauvais les uns que les autres, on en vient toujours à espérer une bonne surprise ou, au moins, une oeuvre assez potable pour ne pas en sortir avec un soupir désabusé pour seule réaction. The Baby ne sera pas cette bonne surprise.


Car Devil's due n'est rien d'autre qu'un nouvel ersatz de la saga Paranormal activity : found-footage (par ailleurs totalement idiot puisque, apparemment, il reprend le témoignage d'un homme et que personne n'a trouvé de bandes...) et phénomènes paranormaux de plus en plus intenses seront donc les deux mamelles d'un film qui brillera par son absence totale d'angoisse et sa profonde stupidité. Dommage, car la situation d'une mère enceinte d'un démon est naturellement anxiogène, mais n'est pas Rosemary's baby qui veut...

A deux ou trois exceptions près, rien à se mettre sous la dent, d'autant qu'on se contrefout vraiment des personnages dès les premières minutes où on les voit accepter d'être emmenés par un inconnu dans la cave d'une maison abandonnée au milieu de nulle part dans un pays étranger ! Les quelques jump-scares paresseux n'y changeront rien, de même que cette multiplication miraculeuse des caméras, là encore pas vraiment justifiée.

Copier Paranormal activity n'est déjà pas une idée brillante, mais faire aussi mauvais relève presque du challenge. Les réalisateurs y parviennent pourtant, signant un film sans aucune imagination, se contentant d'aligner les clichés et n'essayant même plus d'installer une ambiance. Et le pire, c'est que ça sort sur nos écrans...

Note : 1,5/10


dimanche 1 juin 2014

The Amazing Spider-man : le destin d'un héros


Titre : The Amazing Spider-man : le destin d'un héros (The Amazing Spider-man 2)
Réalisateur : Marc Webb
Acteurs : Andrew Garfield, Emma Stone, Jamie Foxx
Date de sortie en France : 30 avril 2014
Genre : super-héros, fantastique

Synopsis : 
Être Spider-Man, quoi de plus grisant ? Peter Parker trouve son bonheur entre sa vie de héros, bondissant d’un gratte-ciel à l’autre, et les doux moments passés aux côté de Gwen. Mais être Spider-Man a un prix : il est le seul à pouvoir protéger ses concitoyens new-yorkais des abominables méchants qui menacent la ville.  Face à Electro, Peter devra affronter un ennemi nettement plus puissant que lui.  Au retour de son vieil ami Harry Osborn, il se rend compte que tous ses ennemis ont un point commun : OsCorp.

Avis : 
Alors que j'avais beaucoup aimé le premier volet de cette nouvelle saga consacrée à Spider-man, c'est en traînant un peu les pieds que je suis allé voir cette suite. Il suffit parfois d'une affiche très laide, d'une bande-annonce loupée et d'un titre un peu stupide pour faire hésiter, et The Amazing Spider-man : le destin d'un héros propose ces trois éléments...


En sortant du film, le constat est simple : j'ai vraiment trouvé ce volet très moyen, bien moins sympathique en tout cas que son aîné, sans parler de l'inévitable comparaison avec le Spider-man 2 de Sam Raimi. Le film commence pourtant bien, avec une course-poursuite spectaculaire nous faisant une nouvelle fois admirer les envolées de l'homme-araignée et des effets spéciaux impeccables (mais ne sont-ils pas un peu moins convaincants que dans le film précédent ?), le tout rythmé par la décontraction et l'humour du super-héros.

Le gros problème du film vient de son scénario : on a l'impression que les scénaristes ont voulu trop en mettre, et sont partis sur plusieurs intrigues différentes qui, finalement, sont très mal développées et se rejoignent à peine. Malgré des premières apparitions prometteuses, qui laissaient notamment espérer un ennemi moins stéréotypé qu'à l'accoutumée, Electro (Jamie Foxx, qui disparaît rapidement sous le maquillage et les effets spéciaux) rejoint vite le rang des super-vilains d'opérette, aux motivations inexistantes. Le Bouffon Vert n'est de son côté absolument pas développé, tout comme son alter ego Harry Osborn (interprété par Dane Chronicle DeHaan), comme s'il s'était greffé au film alors que le script était déjà terminé. Quant aux révélations sur les parents de Peter Parker, elles deviennent rapidement anecdotiques.


Finalement, c'est l'histoire entre Peter Parker et Gwen Stacy qui bénéficie le plus d'attention. Eternelle déclinaison sur le thème du "je t'aime mais on ne peut pas être ensemble... quoique si... quoique non... quoique si...", la relation peine à convaincre ici alors qu'elle était un des points forts du premier volet, avec un Andrew Garfield que j'ai étrangement trouvé beaucoup moins convaincant cette fois. Difficile également de ne pas penser aux films de Sam Raimi, puisque le couple Peter Parker / Gwen Stacy ressemble énormément au couple Peter Parker / MJ Watson de la trilogie précédente...

Toujours spectaculaire et toujours amusant, The Amazing Spider-man : le destin d'un héros est pourtant nettement moins réussi que le premier volet. La faute à un scénario fourre-tout, qui multiplie les personnages secondaires sans jamais leur accorder de véritable attention, n'attendant que les ultimes minutes pour enfin prendre un peu d'ampleur.

Note : 5,5/10