vendredi 21 décembre 2012

Le Hobbit : un voyage inattendu


Titre : Le Hobbit : un voyage inattendu (The Hobbit : an unexpected journey)
Réalisateur : Peter Jackson
Acteurs : Martin Freeman, Ian McKellen, Richard Armitage
Date de sortie en France : 12 décembre 2012
Genre : fantasy

Synopsis : 
Dans Un voyage inattendu, Bilbon Sacquet cherche à reprendre le Royaume perdu des Nains d'Erebor, conquis par le redoutable dragon Smaug. Alors qu'il croise par hasard la route du magicien Gandalf le Gris, Bilbon rejoint une bande de 13 nains dont le chef n'est autre que le légendaire guerrier Thorin Écu-de-Chêne. Leur périple les conduit au cœur du Pays Sauvage, où ils devront affronter des Gobelins, des Orques, des Ouargues meurtriers, des Araignées géantes, des Métamorphes et des Sorciers…

Avis :
Le voilà donc enfin ! Une décennie plus tard, Peter Jackson retourne en Terre du Milieu pour retrouver, après King Kong (2005) et Lovely Bones, et peut-être avant de réaliser son Tintin, l’univers qui l’a mondialement consacré pour une nouvelle trilogie. Après une préproduction cauchemardesque marquée notamment par des problèmes de droits autour de l’oeuvre de Tolkien, puis les problèmes financiers de la Metro-Goldwyn-Mayer et enfin le départ de Guillermo del Toro, qui devait réaliser le film, Peter Jackson reprend les commandes du film. Il est alors confronté à un nouveau problème : l’adaptation même du roman. Bilbo le Hobbit suit un rythme soutenu, sans véritablement se soucier de ses personnages, et selon une structure bien différente d’un film. Ainsi, comme il l’avait fait pour la première trilogie, Jackson va devoir repenser certains éléments de l’histoire, en développer d’autres, et va ainsi utiliser les appendices du Seigneur des anneaux afin de relier au mieux les deux trilogies tout en étoffant l’histoire de Bilbon, tel qu’aurait pu le souhaiter Tolkien.

Conséquence directe : alors que deux films étaient initialement prévus, le Hobbit devient une trilogie. Horreur ! Telle une horde d’orques déchaînés, la communauté des fans hurle, grogne des remarques inaudibles, est à deux doigts de jeter au feu son messie, Celui qui a transposé à l’écran les aventures de Frodon avec tant de génie. Pensez-vous : comment un livre comme Bilbo le Hobbit peut-il faire l’objet d’une adaptation aussi longue que celle du Seigneur des Anneaux. Peter Jackson est-il donc devenu à ce point obsédé par l’argent ? Déjà qu’il ne fait plus de films gores, si en plus il allonge démesurément ses adaptations juste pour faire comme les Harry Potter, Twilight ou Hunger Games, qu’allons-nous devenir ? Si une des explications a déjà été donnée plus haut (le Hobbit n’est pas l’adaptation du seul Bilbo le hobbit), on peut également noter que les montages de Jackson pour deux films dépassaient largement les trois heures. C’est cet aspect qui a convaincu la Warner d’en faire une trilogie, ce qui était apparemment l’idée du réalisateur depuis le début. Enfin, on se demandera si la durée d’une adaptation est directement liée au nombre de pages, pour rapidement s’apercevoir que non...Après tout, Peter Jackson a déjà largement montré dans La Communauté de l’Anneau, Les Deux Tours et Le Retour du Roi à quel point il pouvait étirer ou réduire des passages des livres.

L’histoire du Hobbit se déroule donc 60 ans avant celle du Seigneur des anneaux, et suit les premières aventures de Bilbon Sacquet. La première chose qui frappe, c’est que l’on ne met vraiment pas longtemps à replonger dans l’univers mis en images par le réalisateur néo-zélandais. On retrouve ainsi les mêmes paysages, les mêmes thèmes musicaux, la même façon de filmer...et quelques visages familiers. Elijah Wood (actuellement à l’affiche du remake de Maniac) reprend quelques minutes le rôle de Frodon, Ian Holm (Alien, le huitième passager) prête de nouveau ses traits à la version âgée de Bilbon, et Gandalf est toujours interprété par Ian McKellen (X-Men). Tout au long du film, nous croiserons ainsi quelques personnages bien connus de la Terre du Milieu, tels qu’Elrond (Hugo Matrix Weaving), Galadriel (Cate L’Etrange histoire de Benjamin Button Blanchett), Saroumane (Christopher "sa filmographie est trop conséquente pour ne citer qu’un film" Lee) ou bien sûr Gollum, toujours interprété par le formidable Andy Serkis. Bilbon est quant à lui joué par Martin Freeman (Le Guide du voyageur galactique, Shaun of the dead), dont la ressemblance avec Billy Boyd (Pippin dans la trilogie) renforce étrangement l’ascendance Touque du personnage.


A côté de ces visages connus, nous suivrons principalement une compagnie de nains, parmi lesquels Richard Armitage (Captain America : First Avenger) dans le rôle de Thorin ou Ken Stott (Petits meurtres entre amis) dans celui de Balin. La présence de ces personnages au centre du récit ne sera pas anodine : à l’image de Gimli dans la trilogie, ils serviront à de nombreuses reprises de ressort comique...et c’est là que l’on trouvera le premier défaut du film, même si l’on pouvait s’y attendre. En effet, ce Voyage inattendu est beaucoup plus léger et se veut beaucoup plus drôle que Le Seigneur des anneaux. Seulement, cet humour, principalement constitué de blagues à base de rots et de nains ou de trolls qui braillent joyeusement n’importe quoi, finit par lasser. J’avoue de toute façon n’avoir jamais accroché à l’humour de Peter Jackson, que j’ai toujours trouvé un peu puéril. Oui, même dans Braindead. Heureusement, la seconde partie du film oubliera largement cet aspect...mais souffrira largement de la comparaison avec les trois premiers films.

Car si l’on replonge vite dans cet univers, on en connait désormais les codes, et l’on devine très vite le dénouement de la plupart des scènes. Et si la démesure de Peter Jackson fonctionne toujours admirablement lors des scènes de bataille, on est rapidement rattrapé par un sentiment de déjà-vu. Le réalisateur ne cherche à aucun moment à se renouveler, et tout est finalement un peu moins bien qu’il y a 10 ans. Les passages épiques le sont un peu moins, la magie, l’ampleur, l’émotion présentes dès La Communauté de l’anneau se sont atténuées. Le film reste souvent spectaculaire, et réserve quelques moments forts comme la bataille entre les géants de pierre ou l’attaque de Smaug, mais on n’atteint à aucun moment la puissance d’un passage dans la Moria, l’émotion de Amon Hen. Même les effets spéciaux ne semblent pas avoir progressé en une décennie : ayant revu la trilogie récemment, je trouve que beaucoup d’effets numériques ont commencé à vieillir, notamment avec certaines incrustations très moyennes et des personnages soudainement lisses ou flous. Cette impression se retrouve déjà dans Le Hobbit dans certains passages, tels que la bataille souterraine. En revanche, certains éléments semblent avoir fait l’objet d’un soin tout particulier, et particulièrement Gollum, absolument magnifique, ou les géants de pierre mentionnés plus haut. Les nouveaux personnages malfaisants bénéficient également d’un sacré charisme, comme Azog ou le roi des gobelins.

S’il reste évidemment largement supérieur à la grande majorité des films du genre, Le Hobbit : un voyage inattendu bénéficie et souffre en même temps de la comparaison avec Le Seigneur des Anneaux. Parfaitement cohérent, tant au niveau du visuel que du scénario, avec la trilogie, le film n’en retrouve néanmoins jamais l’intensité et le souffle, plombé par de multiples petits défauts. Pourtant, certaines pistes entamées lors de ce premier volet (le Nécromancien, le réveil de Smaug) laissent espèrer que le prochain volet, Le Hobbit : la désolation de Smaug, continuera sur la lancée de la seconde moitié de ce "Voyage inattendu", plus épique et plus sombre.

Note : 7/10

mercredi 12 décembre 2012

Ernest et Célestine


Titre : Ernest et Célestine
Réalisateur : Benjamin Renner, Vincent Patar, Stéphane Aubie
Acteurs : Lambert Wilson, Pauline Brunner
Date de sortie en France : 12 décembre 2012
Genre : animation, conte

Synopsis : 
Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l’ordre établi.   

Avis : 
Adapté de la série de livres pour la jeunesse du même nom de Gabrielle Vincent, Ernest et Célestine est un film d'animation mettant en image l'amitié entre une souris et un ours dans un monde où les deux espèces sont ennemies : pour les ours, les souris sont des nuisibles et des voleuses ; pour les souris, les ours sont des monstres sanguinaires dont l'unique but est de les dévorer. Les deux mondes sont ainsi strictement séparé, les souris ne s'aventurant chez les ours que pour récupérer les dents de lait laissées par les oursons.


Ernest et Célestine sont deux éléments à part dans leur communauté : marginal, mendiant et voleur, Ernest est régulièrement arrêté par la police, tandis que Célestine est fascinée par les ours, et remet en cause leur supposée cruauté. Un postulat de base assez simple, la rencontre entre deux individus que tout oppose restant assez classique, mais qui va donner lieu à un film d'animation très réussi et dépassant le simple statut de conte pour enfant.

Le film va en effet se montrer tour à tour drôle, poétique et malicieux, jouant sur l'incongruité de la présence de l'un ou l'autre personnage principal dans le monde opposé, mais va aussi se montrer assez intelligent dans sa description de cette société divisée par le racisme, allant jusqu'à rejeter et poursuivre quiconque ose se mêler avec l'ennemi. Les forces de police mettent tout en oeuvre pour attraper le duo, avant de leur imposer un jugement où la pression populaire aura raison des rares prises de conscience.

Et si tout se terminera - évidemment - de la meilleure façon, Ernest et Célestine reste un excellent film d'animation, au style graphique superbe et fourmillant de bonnes idées. Moins enfantin qu'il n'y paraît, voilà une vraie réussite, dont l'aspect malicieux et la beauté laissent un grand sourire sur le visage.

Note : 8,5/10

mercredi 17 octobre 2012

La Pirogue


Titre : La Pirogue
Réalisateur : Moussa Toure
Acteurs : Souleymane Seye Ndiaye, Malamine Drame, Laïty Fall
Date de sortie en France : 17 octobre 2012
Genre : drame, aventures

Synopsis : 
Un village de pêcheurs dans la grande banlieue de Dakar, d’où partent de nombreuses pirogues. Au terme d’une traversée souvent meurtrière, elles vont rejoindre les îles Canaries en territoire espagnol.
Baye Laye est capitaine d’une pirogue de pêche, il connaît la mer. Il ne veut pas partir, mais il n’a pas le choix. Il devra conduire 30 hommes en Espagne. Ils ne se comprennent pas tous, certains n’ont jamais vu la mer et personne ne sait ce qui l’attend.


Avis : 
La Pirogue est un film franco-sénégalais racontant le périple d'une trentaine d'hommes embarqués sur une pirogue motorisée à destination de l'Espagne, où ils espèrent vivre une vie meilleure. Et ? Et c'est tout. Et cela suffit apparemment à en faire un film formidable si j'en crois les avis de la presse. Hélas, ce n'est vraiment pas ce à quoi j'ai assisté.


Car il ne suffit pas d'évoquer une réalité terrible pour faire un film. Il faut, à mon humble avis, quelques procédés cinématographiques. Des enjeux scénaristiques par exemple, une histoire. Et si je n'exige pas une originalité à toute épreuve, j'aime quand même ne pas savoir à l'avance tout ce qui va se passer. Parce qu'avec La Pirogue, il n'y a absolument aucune surprise. Tous les éléments perturbateurs que l'on attend en lisant le synopsis sont présents, du passager clandestin à la tempête, des tensions entre passagers à la panne d'essence. 

Des passages attendus qui doivent apparemment se suffire à eux-mêmes : le réalisateur ne cherche à aucun moment à les mettre en avant, préférant rester en surface et évoquer rapidement, sans la développer, l'hypothèse d'une mutinerie ou la tension née de la présence d'une femme parmi l'équipage. Non, La Pirogue, c'est l'exemple typique du film qui se repose sur son sujet et qui se laisse porter sans faire aucun effort. On ne ressent rien pour les hommes malgré le drame qu'ils vivent, on n'apprend absolument rien, on ne voit pas grand chose d'intéressant. Trois paragraphes dans un article de journal sur ce phénomène de pirogues seraient plus enrichissants. 

Paresseux, La Pirogue est donc une franche déception, le film ne passionnant à aucun moment et l'empathie naturelle ressentie pour les passagers retombant rapidement devant le manque d'enjeux réels et d'efforts dans la narration et la réalisation. Sans grand intérêt...

Note : 2/10



mardi 25 septembre 2012

L'Etrange pouvoir de Norman


Titre : L'Etrange pouvoir de Norman (ParaNorman)
Réalisateur : Sam Fell, Chris Butler
Acteurs : Kodi Smit-McPhee, Tucker Albrizzi, Anna Kendrick
Date de sortie en France : 22 août 2012
Genre : animation, comédie, fantastique

Synopsis :
Blithe Hollow, petite ville de Nouvelle-Angleterre, est attaquée par des zombies et la malédiction de la sorcière. Seul un garçon incompris, Norman Babcock, a la possibilité de parler avec les morts et est capable d'empêcher la destruction de la ville par le fantôme d'une sorcière pendue plusieurs siècles auparavant.

Avis :
Cet été, outre les bon gros blockbusters habituels, les salles obscures ont vu débarquer de nombreux films d’animation : les suites des saga Madagascar, Sammy ou L’Âge de glace bien sûr, le Rebelle de chez Pixar ou encore l’excellent Les Enfants loups, Ame & Yuki. Mais l’un d’eux a particulièrement éveillé l’intérêt des fans de cinéma d’horreur en mettant en scène des fantômes et des zombies : ParaNorman. L’Etrange pouvoir de Norman, tel qu’il a malheureusement été renommé chez nous, nous raconte en effet les aventures d’un jeune garçon ayant le même pouvoir qu’Haley Joel Osment dans Sixième sens : il peut voir les morts et leur parler.

Réalisé par Sam Fell (Souris City, La Légende de Despereaux) et Chris Butler (qui a notamment travaillé sur Les Noces funèbres et Coraline), le film marque d’abord par son amour pour le cinéma de genre, alignant dès son introduction des clins d’oeil aux films de George Romero ou à Le Retour des morts-vivants («braiiiiiin» !), et renvoyant régulièrement à d’autres classiques tels qu’Halloween, la nuit des masques ou Vendredi 13. Le jeune Norman est d’ailleurs fan de morts-vivants, ce que prouve largement sa chambre, tapissée de posters aux titres évocateurs et remplie de gadgets étonnants à la gloire de ces créatures. Un don et une passion tournés en dérision par ses camarades d’école et par sa famille, faisant de Norman un être solitaire et régulièrement persécuté.

Ainsi, L’Etrange pouvoir de Norman va se révéler bien plus mature qu’il n’y semblait à première vue, en abordant notamment les thèmes certes classiques du deuil ou de la différence, évitant au maximum (mais pas toujours avec succès) les situations convenues et s’amusant du côté caricatural de ses personnages (les freaks confrontés aux sportifs / bimbos / terreurs sans cervelle) tout en réservant une jolie profondeur au personnage de la sorcière et de ses victimes, aux destins particulièrement sombres.


Evidemment, le film réserve une large place aux situations comiques, parfois assez enfantines, mais ne se prive pas pour installer par moments une atmosphère macabre que n’aurait sans doute pas renié le Tim Burton de la première heure. On peut d’ailleurs s’étonner de cet aspect pour un film qui vise autant les adultes que les enfants, ces derniers pouvant sans doute être impressionnés par certains passages tels que l’apparition des zombies ou le formidable final au visuel renversant. Car l’un des aspects les plus réjouissants du film se situe dans le soin apporté à l’animation, mariant à merveille le stop-motion au numérique.

On notera également le soin apporté à la musique par Jon Brion et le casting vocal impressionnant de la version originale, le film bénéficiant notamment des voix de Kodi Smit-McPhee (La Route), Christopher Mintz-Plasse (Kick-Ass), Jodell Ferland (Silent Hill, The Secret) ou encore John Goodman.

L’Etrange pouvoir de Norman constitue donc un excellent divertissement qui comblera enfants (pas trop jeunes, quand même) et adultes, mêlant parfaitement la comédie d’aventures au gentil conte horrifique. Véritable hommage aux films de zombies, le film bénéficie surtout d’un visuel splendide et d’un scénario intelligent qui en font clairement l’une des oeuvres les plus réjouissantes que j’aie pu découvrir cette année sur grand écran.

Note : 7,5/10

dimanche 22 juillet 2012

The Amazing Spider-man


Titre : The Amazing Spider-Man
Réalisateur : Marc Webb
Acteurs : Andrew Garfield, Emma Stone, Rhys Ifans
Date de sortie en France : 4 juillet 2012
Genre : super-héros, action

Synopsis :
Abandonné par ses parents lorsqu’il était enfant, Peter Parker a été élevé par son oncle Ben et sa tante May. Il est aujourd’hui au lycée, mais il a du mal à s’intégrer. En retrouvant une mystérieuse mallette ayant appartenu à son père, Peter entame une quête pour élucider la disparition de ses parents, ce qui le conduit rapidement à Oscorp et au laboratoire du docteur Curt Connors, l’ancien associé de son père. Spider-Man va bientôt se retrouver face au Lézard, l’alter ego de Connors. En décidant d’utiliser ses pouvoirs, il va choisir son destin…

Synopsis :
Je pourrais revenir longuement sur la génèse du projet et sur l’intérêt de proposer, après la trilogie Spiderman de Sam Raimi réalisée lors des dix dernières années, un reboot de la saga. Et je l’aurais sans doute fait si cette nouvelle version de l’homme-araignée, réalisée par le bien nommé Marc Webb, ne m’avait pas autant satisfait. Evidemment, le film n’échappe pas à la comparaison avec ses jeunes aînés, mais va réussir à s’en affranchir suffisamment et à proposer une nouvelle version bien distincte de la version du réalisateur des Evil Dead.

Car le principal risque, en revenant une nouvelle fois sur les origines du super-héros, est l’impression de déjà-vu. Et ça ne manque pas : pendant la première partie du film, on pense régulièrement à celle de la version de 2001 : les humiliations à l’école, la mort de l’oncle Ben, la découverte des pouvoirs...Pourtant, le film de Webb va parvenir à s’écarter de son modèle grâce à des choix scénaristiques différents. Le plus marquant est l’abandon du personnage de Mary Jane Watson (interprétée par Kirsten Melancholia Dunst dans la trilogie de Raimi) au profit de celui de Gwen Stacy, jouée par la jolie Emma Stone, déjà vue dans Bienvenue à Zombieland.

On abandonne également les personnages de Harry et Norman Osborne (dont l’ombre plane néanmoins sur le film, qui se déroule en grande partie autour de la société Oscorp) et de J. Jonah Jameson, dont l’interprétation donnée par J.K. Simmons aurait de toute manière été difficile à faire oublier. En revanche, on obtient enfin des informations sur les parents de Peter Parker, qui affronte dans cet épisode un nouvel adversaire, le docteur Curtis Connors, alias le Lézard.


Après une première partie consacrée à la présentation de Peter Parker, puis à la découverte de ses pouvoirs, dans des passages non dénués d’humour, l’apparition de cet ennemi va donner au film une atmosphère plus sombre, ponctuée de scènes particulièrement spectaculaires, tel cet affrontement dans l’école ou ce final très réussi. Des passages bénéficiant par ailleurs d’effets spéciaux impeccables, bien plus réussis que dans la trilogie de Raimi. Si dans cette dernière les envolées du Tisseur souffraient d’un aspect artificiel, ce n’est plus du tout le cas ici, ce qui permet à Marc Webb de nous offrir des passages vraiment réjouissants, nous glissant par exemple dans la peau de Spiderman lors de ses envolées.

Enfin, au niveau de l’interprétation, Andrew Garfield (L’Imaginarium du docteur Parnassus, The Social Network) parvient sans peine à faire oublier Tobey Maguire en campant un Peter Parker plus crédible, moins impopulaire et surtout plus cynique et plus responsable. Bref, un adolescent classique, ni moins ni plus introverti que les autres. De même, Emma Stone est une alternative plus que convaincante à Kirsten Dunst, dans un rôle il est vrai bien plus étoffé.

Malgré un score musical un peu paresseux et une certaine impression de déjà-vu pendant sa première partie, The Amazing Spiderman est la meilleure réponse que pouvait offrir Marc Webb aux détracteurs de ce reboot. Spectaculaire, bénéficiant d’effets spéciaux impressionnants et d’un excellent casting, ce nouveau-premier épisode des aventures de Peter Parker s’impose sans peine comme l’un des meilleurs films de super-héros de ces dernières années. Dommage quand même qu’une aussi belle relecture concerne un super-héros ayant déjà fait l’objet d’une adaptation réussie, quand d’autres ont été véritablement violés par une transposition honteuse à l’écran, n’est-ce-pas monsieur Daredevil ?

Note : 7/10

mardi 10 avril 2012

Hunger Games


Titre : Hunger Games (The Hunger Games)
Réalisateur : Gary Ross
Acteurs : Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth
Date de sortie en France : 21 mai 2012
Genre : fantastique, action

Synopsis : 
Chaque année, dans les ruines de ce qui était autrefois l'Amérique du Nord, le Capitole, l'impitoyable capitale de la nation de Panem, oblige chacun de ses douze districts à envoyer un garçon et une fille - les "Tributs" - concourir aux Hunger Games. A la fois sanction contre la population pour s'être rebellée et stratégie d'intimidation de la part du gouvernement, les Hunger Games sont un événement télévisé national au cours duquel les tributs doivent s'affronter jusqu'à la mort. L'unique survivant est déclaré vainqueur.
La jeune Katniss, 16 ans, se porte volontaire pour prendre la place de sa jeune sœur dans la compétition. Elle se retrouve face à des adversaires surentraînés qui se sont préparés toute leur vie. Elle a pour seuls atouts son instinct et un mentor, Haymitch Abernathy, qui gagna les Hunger Games il y a des années mais n'est plus désormais qu'une épave alcoolique. Pour espérer pouvoir revenir un jour chez elle, Katniss va devoir, une fois dans l'arène, faire des choix impossibles entre la survie et son humanité, entre la vie et l'amour...

Avis :
«The Hunger Games» est une trilogie littéraire signée Suzanne Collins et dont le premier tome est paru en 2008. Très grand succès public, la saga est naturellement récupérée par le cinéma qui pour bien en profiter va, comme pour Harry Potter ou Twilight, adapter l’histoire en un film de plus qu’il n’y a de livres. Une future tétralogie donc, ce qui devrait permettre à tout le monde de s’en foutre plein les poches. Ce premier volet raconte donc l’histoire de Katniss, qui n’a vraiment pas de chance : en plus d’avoir un prénom horrible, elle est contrainte de participer aux Hunger Games, un événement qui consiste à sélectionner des adolescents au hasard et à les faire s’entretuer. Si je vous dis que Suzanne Collins a été vivement critiquée, notamment au Japon, pour avoir pompé Battle Royale, ça vous étonne ? On pourrait également noter de nombreuses autres similitudes, avec Marche ou crève de Stephen King par exemple, mais je n’aurais sans doute pas assez de place...

Les Hunger Games ont pour but principal de punir les districts pour une rebellion passée, et surtout de les empècher de recommencer. Car, évidemment, le meilleur moyen pour enlever toute idée de révolte à une population est de sacrifier ses enfants dans un show télévisé...24 jeunes personnes que l’on va scruter attentivement, pour évaluer leurs forces et faiblesses, les entraîner à l’art de la survie et du combat, et surtout les présenter à des sponsors qui pourront choisir de les avantager pendant l’épreuve. Pendant une grosse heure, on va donc suivre ces préparatifs, qui dégagent un certain cynisme plutôt réjouissant, même si on attend surtout que tout ce beau monde se foute enfin sur la gueule. Hélas, quand ça arrive, on remarque rapidement que la seconde partie va éviter au maximum toute violence à l’écran et, pire, va peu à peu sombrer dans un côté fleur bleue que ne renierait pas la saga Twilight...


Violence édulcorée, personnage stéréotypés (les gentils sont très gentils, les méchants sont très méchants, voire très très méchants !), romance niaise, rebondissements idiots...La partie «survival» du film cumule presque toutes les tares. Le personnage, pourtant intéressant au début du film, de Katniss, devient insipide à un rythme que ne semble concurrencer que sa faculté à éviter tout danger : la jeune fille peut tranquillement foutre le bordel à côté d’une ruche pleine de guêpes mortelles, évite les projectiles de façon surnaturelle et semble capable de rendre ses ennemis surentraînés soudainement incapables de viser correctement. Quelle chance ! Jennifer Winter’s Bone Lawrence, également vue dans X-Men : le commencement ou House at the end of the street, méritait quand même mieux que ça...

On notera par ailleurs la richesse du casting en ce qui concerne les personnages secondaires : on y retrouve ainsi Woody Harrelson (Tueurs nés, Bienvenue à Zombieland), Stanley Tucci (Lovely Bones), Donald Sutherland (impossible de ne citer qu’un ou deux films), Isabelle Fuhrman (Esther), Elizabeth Banks ou encore Lenny Kravitz, qui apparaissent principalement dans la première moitié du film et ajoutent au cynisme ambiant grâce à des personnages hauts en couleurs. On regrettera donc d’autant plus que cet aspect faussement sucré ne soit pas contrebalancé par une seconde partie plus froide, plus violente...

Ajoutez donc une grosse pincée de Twilight dans votre Battle Royale, faites-en un show télévisé, et vous obtenez votre Hunger Games. Un film qui met 1h30 à préparer le terrain pour une seconde partie d’une nullité assez incroyable, et qui n’est surtout que le premier volet d’une saga qui s’annonce bien mal...

Note : 5,5/10

dimanche 15 janvier 2012

Hugo Cabret


Titre : Hugo Cabret (Hugo)
Réalisateur : Martin Scorsese
Acteurs : Asa Butterfield, Chloë Moretz, Ben Kingsley
Date de sortie en France : 11 décembre 2011
Genre : conte, drame

Synopsis : 
Paris, au tournant des années 1930. Hugo Cabret vient de perdre son père, horloger, et se retrouve orphelin. Alors qu'il vit dans une gare, le jeune garçon tente de réparer l'automate que son père cherchait à restaurer avant sa mort. N'hésitant pas à l'occasion à voler viennoiseries ou petits objets, il est pris en flagrant délit par un vieux monsieur tenant une boutique de jouets, qui lui confisque son carnet de croquis.

Avis :
Il faut bien l’avouer : l’annonce de l’adaptation du roman pour enfants L’Invention de Hugo Cabret, de Brian Selznick, par Martin Scorsese, plus habitué aux oeuvres sombres qu’à cet univers plus léger, rendait immédiatement curieux. Quand en plus on apprenait que le film sera en 3D, la perplexité venait s’ajouter à cette curiosité. Des sentiments qui, à la sortie des 127 minutes que dure le film, sont vite oubliés, effacés par cette impression délicieuse d’avoir vécu un moment merveilleux, de cette magie qui imbibait les oeuvres d’un certain Georges Méliès.

 Pendant toute sa première partie, Hugo Cabret suit le schéma classique du film d’aventures familial : le jeune orphelin débrouillard doit échapper au terrible inspecteur, se lie d’amitié avec une jeune fille et est amené à résoudre un mystère. Il évolue ainsi dans une gare parisienne pleine de personnages hauts en couleurs, des personnages âgées tentant maladroitement de se faire la cour, à la jolie fleuriste, en passant par le vieux responsable d’une boutique de jouets autour duquel l’intrigue se centrera finalement. Une partie fort réussie, riches en émotions, en passages cocasses et en morceaux de bravoure (les poursuites entre Hugo, l’inspecteur et le chien de ce dernier sont de grands moments) qui se révélera n’être qu’une introduction au coeur même du film.

 
Car Martin Scorsese vient ici rendre un hommage exceptionnel aux premières heures du cinéma. Si les films de Georges Méliès, et principalement son Voyage dans la Lune, constituent l’essentiel du spectacle, Hugo Cabret fait défiler devant nos yeux émerveillés des images des tous premiers films, de L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat à Safety Last !, film qu’Hugo Cabret ira voir au cinéma avec son amie avant de reproduire malgré lui la célèbre scène où Harold Lloyd est suspendu aux aiguilles d’une horloge en haut d’un gratte-ciel. Scorsese remplit d’ailleurs son film de détails résonnant comme autant d’hommages aux films de cette époque, de cet automate à réparer à la jambe de l’inspecteur dont les mouvements saccadés rappellent inévitablement ceux des comédiens des années 1900.

Pour nous plonger dans cet univers si particulier et si propice à la nostalgie, le réalisateur de Shutter Island s’est entouré d’une bien belle brochette d’acteurs, notamment parmi les seconds rôles. Le jeune Hugo Cabret est interprété par Asa Butterfield (Nanny McPhee et le Big Bang) ; Chloë Moretz, qui entre Kick-Ass ou Laisse-moi entrer commence déjà à avoir une jolie filmographie, est son amie Isabelle ; le responsable de la boutique de jouets, dont la véritable identité sera le principal mystère du film, est joué par Ben Kingsley (La Liste de Schindler, La Jeune fille ou la mort ou encore Shutter Island). Le reste du casting réunit des noms tels que Christopher Lee (faut-il encore le présenter ?), Sacha Baron Cohen (Borat), Jude Law (eXistenZ, Contagion), Michael Stuhlbarg (Mensonges d’Etat), Emily Mortimer (Scream 3, Shutter Island), et des acteurs récurrents de la saga Harry Potter : Helen McCrory, Richard Griffiths et Frances de la Tour.

Bref, Hugo Cabret est une déclaration d’amour aux origines du cinéma et à sa magie. Une magie devenue trop rare mais que le réalisateur, très loin de ses thèmes habituels, ressuscite pendant environ 2 heures, nous transportant dans un autre monde.

Note : 9/10