lundi 31 mars 2014

Real


Titre : Real (Riaru : Kanzen naru kubinagaryû no hi)
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Takeru Sato, Haruka Ayase, Jô Odagiri
Date de sortie en France : 26 mars 2014
Genre : fantastique, drame

Synopsis : 
Atsumi, talentueuse dessinatrice de mangas, se retrouve plongée dans le coma après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Son petit-ami Koichi ne comprend pas cet acte insensé, d'autant qu'ils s'aimaient passionnément. Afin de la ramener dans le réel, il rejoint un programme novateur permettant de pénétrer dans l'inconscient de sa compagne. Mais le système l'envoie-t-il vraiment là où il croit ?

Avis : 
Adapté du roman A Perfect Day for Plesiosaur de Rokurô Inui, Real raconte l'histoire d'un homme confronté au coma de son épouse. Par un procédé rappelant un peu Inception ou Paprika, il a l'opportunité de pénétrer son esprit, afin d'essayer de la guérir. Mais très vite, il va remarquer que ces incursions ne sont pas sans conséquences pour lui-même...


Pendant une première heure très intéressante, Kurosawa tire parfaitement parti de son sujet, nous intrigue et parvient même à nous inquiéter lorsqu'il nous fait pénétrer dans l'appartement de Atsumi, théâtre d'événements étranges, la jeune femme pouvant donner vie à ses dessins. L'occasion de glisser par moments dans l'horreur et l'épouvante, entre une pièce inondée rappelant Dark water ou des personnages désincarnés directement issus de Kaïro...

C'est avec un premier retournement de situation que le film va peu à peu perdre son intérêt. Si le thriller et l'enquête restent assez prenants, encore qu'assez prévisibles, Real s'enfonce dans le film romantique niais, enchaîne les rebondissements sans saveur avant de se vautrer dans un final grotesque, à peine digne d'une série B fantastique et pendant lequel on se demande ce qui a bien pu passer par la tête de Kurosawa. D'autant que l'on retrouve l'un des défauts récurrents du réalisateur, avec un acteur principal qui ne dégage pas grand chose et qui semble horriblement mal dirigé. 

Après les excellents Tokyo sonata et Shokuzai, difficile de ne pas être déçu devant ce nouveau film de Kiyoshi Kurosawa, très inégal, qui gâche une idée de base et une première partie prometteuse en tombant dans le romantisme niais et le fantastique d'opérette, tout en nous servant les thématiques classiques du cinéma japonais, de l'attachement aux racines et au passé à la question écologique...

Note : 5/10

 

mardi 25 mars 2014

Sur la terre des dinosaures, le film


Titre : Sur la terre des dinosaures, le film (Walking with dinosaurs)
Réalisateurs : Neil Nightingale, Barry Cook
Acteurs : Justin Long, Tiya Sircar, John Leguizamo
Date de sortie en France : 18 décembre 2013
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Située il y a 70 millions d'années, au temps où les dinosaures régnaient en maitres sur terre, notre histoire suit les aventures de Patchi, le dernier né de sa famille. Sur le long chemin qui le mènera vers l’âge adulte, il devra survivre dans un monde sauvage et imprévisible, et faire face aux plus dangereux prédateurs.
Quand son père est tué, le jeune Patchi, son grand frère Roch, et son amie Juniper sont séparés du reste de la horde pendant la grande migration. Désormais à la recherche des siens, le  trio va devoir surmonter de nombreux obstacles, et vivre une aventure palpitante au cours de laquelle Patchi va révéler son immense courage.

Avis : 
 Adapté de la série documentaire britannique Sur la terre des dinosaures, déjà déclinée en de nombreuses autres séries consacrées à la Préhistoire (Sur la terre des monstres disparus, Sur la terre de nos ancêtres, Sur la terre des géants, Sur la trace des dinosaures et Les Monstres des fonds des mers), Sur la terre des dinosaures, le film s'écarte du documentaire pour nous offrir une aventure plus classique, à l'image du Dinosaure de Disney.


Une aventure qui sera clairement destinée aux enfants : à grands renforts de voix-off (non synchronisées avec les mouvements des dinosaures, donnant l'impression d'avoir été ajoutées sans avoir été prévues au départ), de répliques enfantines, de gentille philosophie sur le courage et de manichéisme primaire opposant les gentils herbivores aux méchants carnivores. On pensera ainsi à Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles, en bien plus niais, mais aussi à Dinosaure donc, notamment à cause de ce petit personnage secondaire omniprésent et irritant.

Un choix d'autant plus dommage que les dinosaures sont magnifiquement animés et reconstitué, avec une véritable volonté de réalisme où l'on retrouve l'esprit de la série. On retrouve ainsi les dernières théories et découvertes, avec ces petits théropodes à plumes, ces déplacements en troupeaux et les références à l'évolution des dinosaures en oiseaux.

Ce réalisme salvateur n'empêche hélas pas Sur la terre des dinosaures, le film d'être très moyen, exclusivement destiné à un jeune public et développant une histoire sans relief ni émotion. Il n'en restera donc que la qualité des graphismes et la beauté des dinosaures.

Note : 2,5/10


dimanche 23 mars 2014

300 : la naissance d'un Empire


Titre : 300 : la naissance d'un Empire (300: rise of an Empire)
Réalisateur : Noam Murro
Acteurs : Sullivan Strapleton, Eva Green, Lena Headey
Date de sortie en France : 5 mars 2014
Genre : péplum, action

Synopsis : 
Le général grec Thémistocle tente de mobiliser toutes les forces de la Grèce pour mener une bataille qui changera à jamais le cours de la guerre. Il doit désormais affronter les redoutables Perses, emmenés par Xerxès, homme devenu dieu, et Artémise, à la tête de la marine perse…

Avis : 
 Etait-il vraiment nécessaire de faire une suite à 300 ? Clairement non, le film de Zack Snyder démontrant de façon assez claire les limites du parti-pris "artistique" et d'une thématique nauséabonde et puérile sur grand écran. Pourtant, 7 ans plus tard, on retrouve Grecs et Perses pendant la Seconde Guerre Médique avec un film qui se déroule avant, pendant et après la bataille des Thermopyles, théâtre du film précédent.


On va donc évoquer la bataille de Marathon, l'ascension de Xerxès et la bataille de Salamine. Aucune naissance d'un Empire à l'horizon, juste une succession d'affrontements, pour la plupart en mer, avec toujours cette disposition irritante au ralenti ringard, au déluge de sang numérique et à la démesure puérile (parce que les Athéniens, ils enfilent des petits garçons selon les Spartiates, mais ils te font des bons de 10 mètres sans problème !).

Au milieu de tout ça, on aura surtout l'opposition entre Thémistocle (Sullivan Stapleton, vu dans Animal kingdom ou Gangster squad), le héros de la bataille de Marathon, qui a tué le roi Darius Ier et dirige les forces grecques avec ses remarquables stratégies (oui, le film prend encore des libertés avec l'Histoire, fallait-il encore le préciser ?), et Artémise, femme fatale commandant la flotte perse, interprétée par une Eva Green dont l'unique moment fort sera cette hilarante scène de sexe dont on risque de se souvenir très longtemps.

Aussi mauvais que son aîné, le charisme du personnage de Leonidas en moins, 300 : la naissance d'un Empire enfonce le clou d'un divertissement bête et puéril, rarement impressionnant et surtout handicapé par la narration répétitive et sans relief offerte pendant tout le film par le personnage de Gorgo, soudain devenue une déesse du combat et trucidant du Perse à tour de bras. Un film de gonzesses avec des couilles, c'est presque déjà remarquable...

Note : 1,5/10


Godzilla (1998)


Titre : Godzilla
Réalisateur : Roland Emmerich
Acteurs : Matthew Broderick, Jean Reno, Maria Pitillo
Date de sortie en France : 16 septembre 1998
Genre : catastrophe, fantastique

Synopsis : 
Une tempête effroyable se dechaîne sur le Pacifique, engloutissant un pétrolier tandis qu'un immense éclair illumine le ciel au-dessus de la Polynésie française. Des empreintes géantes creusent un inquiétant sillon à travers des milliers de kilomètres de forêts et de plages au Panama. Les navires chavirent au large des côtes américaines et ces horribles phénomènes s'approchent de plus en plus près de New York. Le chercheur Nick Tatopoulos est arraché à ses recherches afin d'aider les Etats-Unis à traquer le monstre qui est à l'origine de ces désastres mystérieux. 

Avis : 
 Après  41 ans, la saga Godzilla s'essouffle au Japon, avec des films de qualité variable dans les années 90, du très sympathique Godzilla vs Mechagodzilla II au très moyen Godzilla vs Spacegodzilla. La Toho accepte alors que les américains produisent plusieurs épisodes mettant en scène le monstre et, alors que Jan de Bont, Tim Burton ou même James Cameron furent pressentis, c'est à Roland Emmerich, qui admet ne pas être fan du Godzilla original, qu'échoit la lourde tâche de réaliser la version américain des aventures du monstre.


Très différent de l'original, au point d'être perçu comme une véritable trahison de l'autre côté du Pacifique, le Godzilla de Emmerich reste pourtant un film fantastique très agréable malgré un scénario basique. Soucieux de maintenir au maximum le suspense quant à l'apparence de sa créature, le réalisateur ne nous la montre d'abord que furtivement, avec quelques très belles scènes dont son arrivée à New York. Dès lors, rien de bien original, avec les scènes de destruction, de poursuite, d'enquête des scientifiques.

On s'amusera néanmoins du second degré d'Emmerich, égratignant gentiment les Etats-Unis et les français. Néanmoins, si la première partie est plutôt réussie, bien rythmée et spectaculaire, cela se gâte sérieusement lors du passage dans le Madison Square Garden, lorgnant clairement vers Jurassic Park ou même vers la saga Carnosaur. On pointera également du doigt les acteurs, dans la peau de personnages bien fades, même si Jean Reno tire son épingle du jeu.

Exemple type du blockbuster américain formaté, Godzilla s'éloigne de son original pour se contenter d'être un divertissement agréable, avec plusieurs passages réussis et des effets spéciaux de qualité. On regrettera cependant une baisse de régime dans la seconde moitié du film, et des personnages manquant cruellement de consistance...

Note : 7/10


vendredi 21 mars 2014

Her


Titre : Her
Réalisateur : Spike Jonze
Acteurs : Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams
Date de sortie en France : 19 mars 2014
Genre : drame, romance

Synopsis : 
Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l'acquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de 'Samantha', une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle. Les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de Theodore, et peu à peu, ils tombent amoureux…

Avis : 
Récompensé par l'Oscar du meilleur scénario original, Her raconte l'histoire d'amour entre un homme et un système d'exploitation informatique. Prenant place dans un futur proche, le film nous décrit une société individualiste, où les rapports entre personnes sont réduites au minimum et où toutes les interactions passent par le virtuel, omniprésent, et où même les lettres d'amour sont rédigées par des inconnus. Chaque individu passe ainsi le temps scotché à des appareils électroniques, ayant accès à toutes les informations dont il a besoin... 


Dans cet avenir qui ne semble pas si lointain, et fait parfois penser à la série Black mirror, les rapports humains sont biaisés par la possibilité d'enquêter à loisir sur l'autre, par la capacité à assouvir le moindre de ses fantasmes en quelques secondes... Des rapports factices finalement, qui n'entraînent finalement qu'une solitude plus grande encore, au point de pouvoir tomber amoureux d'un programme virtuel sans que cela ne choque personne. 

Car Samantha (dont la voix est celle de Scarlett Johansson, remarquable dans ce rôle où on ne la voit pas une seconde) a tout pour plaire : intelligente, drôle, à l'écoute, elle évolue selon la personnalité de son correspondant. Ici Theo, marqué par sa rupture récente et sensible, particulièrement réceptif à l' "attention" que lui porte le programme, oubliant même rapidement qu'il ne s'agit que d'une suite de codes, à la personnalité et aux sentiments simulés. 

La relation a ainsi une issue inéluctable, à mesure que certains détails rappellent à Theo la nature virtuelle de son amour, dans des passages aussi drôles que cruels (le pique-nique, l'intervention d'une inconnue), porté par la simplicité d'un Joaquin Phoenix étonnant. Her fait ainsi mouche en développant avec intelligence et douceur un thème devenu assez classique, dont l'aspect science-fiction s'efface peu à peu pour nous livrer une certaine idée de la société actuelle et de ses dérives.

Note : 9/10


jeudi 20 mars 2014

Les Chevaux de Dieu


Titre : Les Chevaux de Dieu (Yakheel Allah)
Réalisateur : Nabil Ayouch
Acteurs :  Abdelhakim Rachid, Abdelilah Rachid, Hamza Souideq
Date de sortie en France : 20 février 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Yassine a 10 ans lorsque le Maroc émerge à peine des années de plomb. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut toute la famille. Un père dépressif, un frère à l'armée, un autre presque autiste et un troisième, Hamid, petit caïd du quartier et protecteur de Yachine. Quand Hamid est emprisonné, Yachine enchaîne les petits boulots. Pour les sortir de ce marasme où règnent violence, misère et drogue, Hamid, une fois libéré et devenu islamiste radical pendant son incarcération, persuade Yachine et ses copains de rejoindre leurs "frères". L'Imam Abou Zoubeir, chef spirituel, entame alors avec eux une longue préparation physique et mentale. Un jour, il leur annonce qu'ils ont été choisis pour devenir des martyrs… 

Avis : 
Le soir du , cinq attentats-suicides ensanglantèrent la ville de Casablanca, causant la mort de 45 personnes, parmi lesquelles la plupart des poseurs de bombes. Réalisé par Nabil Ayouch (Mektoub), Les Chevaux de Dieu s'inspire de ce fait-divers et nous propose de suivre le parcours des terroristes, de leur enfance à leur lavage de cerveau.


Dans l'atmosphère étouffante du bidonville de Sidi Moumen, près de Casablanca, nous suivons donc l'évolution de ces jeunes sans avenir, dont le quotidien est rythmé par les petits boulots, les services rendus au caïd du coin et la violence, omniprésente. Un environnement où la pauvreté et la prison semblent les seules issues, loin du luxe occidental jalousé puis détesté. Un environnement parfait pour élever des hommes sans repères et particulièrement réceptifs à l'extrémisme religieux et au charisme d'un mentor. 

Malheureusement, malgré ce thème extrêmement fort, on peine à entrer pleinement dans le film. Les personnages sont peu développés, et c'est avec une certaine indifférence qu'on les voit évoluer, sans ressentir ni horreur, ni révolte, ni émotion. Ainsi, même si le film est remarquablement réalisé (ces plans magnifiques survolant les rues du bidonville) et interprété, le final tombe un peu à plat et, malgré la puissance du sujet.

Petite déception donc que Les Chevaux de Dieu, qui montre une nouvelle fois la difficulté d'appréhender les raisons pouvant pousser des hommes à se sacrifier au nom d'une certaine vision de la religion. Ajoutez à l'absence totale d'implication du spectateur un rythme assez laborieux, et on obtient un film hélas assez moyen malgré ses qualités de réalisation et d'interprétation...

Note : 6/10


 

Seven


Titre : Seven
Réalisateur : David Fincher
Acteurs : Brad Pitt, Morgan Freeman, Kevin Spacey
Date de sortie en France : 31 janvier 1996
Genre : policier, thriller

Synopsis : 
Pour conclure sa carrière, l'inspecteur Somerset, vieux flic blasé, tombe à sept jours de la retraite sur un criminel peu ordinaire. John Doe, c'est ainsi que se fait appeler l'assassin, a décidé de nettoyer la société des maux qui la rongent en commettant sept meurtres basés sur les sept péchés capitaux: la gourmandise, l'avarice, la paresse, l'orgueil, la luxure, l'envie et la colère. 

Avis : 
 Second film de David Fincher, Seven met en scène Brad Pitt (World war Z, Cartel) et Morgan Freeman (Oblivion, La Chute de la Maison Blanche) dans le rôle de deux flics que tout oppose (Freeman, policier méthodique, blasé et proche de la retraite ; Pitt, jeune loup fonceur) lancés dans une enquête sordide, à la poursuite d'un tueur s'inspirant des péchés capitaux pour assassiner ses victimes.


Seven est d'abord remarquable par son ambiance très sombre : des couleurs très ternes, une pluie permanente, des décors particulièrement glauques et des victimes horriblement assassinées : Fincher nous plonge dans un univers cauchemardesque et étouffant, encore renforcé par un scénario très malin. Car ce jeu de piste macabre est très bien ficelé, les indices s'enchaînant à la perfection jusqu'à un final formidable.

Et si le film est parfois prévisible, ou dépasse les limites de la crédibilité, il se suit avec un plaisir toujours intact à chaque fois, grâce au duo Freeman / Pitt dont les rapports évoluent parfaitement, mais aussi grâce à l'interprétation extraordinaire de Kevin Spacey, dont l'apparition dans la dernière partie du film permet de relancer l'intérêt de l'histoire et de l'amener vers une conclusion très forte, au nihilisme glaçant.

Seven est l'un des meilleurs thrillers policiers que l'on ait vus au cinéma, consacrant définitivement Brad Pitt et lançant véritablement la carrière de David Fincher. Une ambiance formidable, un scénario intelligent et un sens du détail impressionnant, et un trio d'acteurs au sommet, pour un véritable bijou.

Note : 9/10


dimanche 16 mars 2014

Pompéi


Titre : Pompéi (Pompeii)
Réalisateur : Paul W.S. Anderson
Acteurs : Kit Harington, Emily Browning, Adewale Akinnuoye-Agbaje
Date de sortie en France : 19 février 2014
Genre : péplum

Synopsis : 
En l’an 79, la ville de Pompéi vit sa période la plus faste à l’abri du mont Vésuve. Milo, esclave d’un puissant marchand, rêve du jour où il pourra racheter sa liberté et épouser la fille de son maître. Or celui-ci, criblé de dettes a déjà promis sa fille à un sénateur romain en guise de remboursement… Manipulé puis trahi, Milo se retrouve à risquer sa vie comme gladiateur et va tout tenter pour retrouver sa bien-aimée. Au même moment, d’étranges fumées noires s’élèvent du Vésuve dans l’indifférence générale… Dans quelques heures la ville va être le théâtre d’une des plus grandes catastrophes naturelles de tous les temps.

Avis : 
 Souvent rangé aux côtés des Roland Emmerich et Michael Bay dans la catégorie des réalisateurs de blockbusters d'action décérébrés, Paul W.S. Anderson, principalement connu pour ses adaptations foireuses de la saga de jeux vidéo Resident evil s'attaque cette fois à l'Histoire. Enfin, à l'histoire en fait, en prenant le cadre de la célèbre éruption du Vésuve en 79 pour nous livrer un mélange de sous-Gladiator et de Le Jour d'après.



Car Paul W.S. Anderson et ses scénaristes ont vu le film de Ridley Scott, et semblent bien décidés à vous le faire savoir. Thématique semblable, scènes clonées, personnages similaires, tout y passe, même la façon dont sont chorégraphiés et filmés les combats de gladiateurs. Le problème, c'est qu'Anderson n'a pas la maîtrise de son modèle... et que Kit Harington (Game of thrones, Silent Hill : révélation) n'a ni charisme ni talent, se contentant de cette même moue qu'il arbore dans la série. Le reste du casting n'est guère convaincant, d'une Carrie-Ann Moss (Matrix) qui confirme sa chute film après film à une Emily Browning toujours aussi mono-expressive que dans Sucker punch.

Si le scénario ne réserve aucune surprise, il remplit néanmoins son rôle principal : nous faire patienter jusqu'à l'éruption du Vésuve. Très spectaculaire, peut-être même parfois trop spectaculaire, la catastrophe est surtout l'occasion de mettre en scène cet héroïsme de pacotille et ce sens du sacrifice très hollywoodiens, alors que les débris tombent sur la ville avec plus ou moins d'intensité selon les besoins du scénario. Le temps semble même s'arrêter pour permettre aux personnages de se livrer à des duels ou des courses-poursuites.

Tout cela se regarde néanmoins sans ennui, le film contenant son lot de péripéties, mais on ne pourra s'empêcher de lever les yeux au ciel à certains moments. Pompéi constitue donc une nouvelle oeuvre moyenne dans la filmographie de Paul W.S. Anderson, dont la générosité ne compense pas la platitude...

Note : 3,5/10


samedi 15 mars 2014

Minuscule - la vallée des fourmis perdues


Titre : Minuscule - la vallée des fourmis perdues
Réalisateur : Thomas Szabo, Hélène Giraud
Acteurs : -
Date de sortie en France : 29 janvier 2014
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Dans une paisible forêt, les reliefs d’un pique-nique déclenchent une guerre sans merci entre deux bandes rivales de fourmis convoitant le même butin: une boîte de sucres! C’est dans cette tourmente qu’une jeune coccinelle va se lier d’amitié avec une fourmi noire et l’aider à sauver son peuple des terribles fourmis rouges...

Avis : 
Minuscule - la vallée des fourmis perdues est l'adaptation en long métrage de la série Minuscule, une série de courts épisodes racontant la vie d'insectes de nos campagnes, et notamment de plusieurs "personnages" récurrents, comme la coccinelle ou les fourmis, que nous retrouverons dans le film.


Minuscule est un film d'animation assez particulier, pour deux raisons principales : d'abord, à l'image du Dinosaure de Disney, Szabo et Giraud utilisent la technique de l'intégration d'images de synthèse dans un décor réel : les insectes sont ainsi ajoutés à des paysages filmés au préalable ; ensuite, il s'agit d'un film quasiment muet, les insectes ne parlant pas, se contentant d'émettre des sons, tels que des sifflements ou des bruits, pour communiquer. Une façon de ne pas rendre les animaux trop humains, d'autant qu'en dehors de leurs yeux, très expressifs, ils ne disposent d'aucun élément anthropomorphique.

Cela n'empêchera pas ces animaux de vivre des aventures extraordinaires avec, pour fil rouge, la quête de cette boîte de sucres. A travers des péripéties très réussies, très drôles et très rythmées, comme la descente effrénée d'une rivière ou une course épique entre la coccinelle et les mouches, l'aventure ne connaît aucun temps mort, jusqu'à nous amener au siège de la forteresse des fourmis noires, dans une vision légère de ce qu'on pouvait voir dans La Citadelle assiégée.

Véritable Seigneur des anneaux ou 300 au pays des insectes, la seconde partie tourne à la fantasy, suivant autant le combat entre les deux armées que la tentative héroïque de la coccinelle pour ramener une arme précieuse à ses amis fourmis noires. On s'amuse énormément devant des scènes à l'imagination débordante, amusantes et spectaculaires, et on s'attache incroyablement à ces bestioles. Un très joli film donc, auquel on pardonnera aisément son aspect très prévisible et son manichéisme un peu trop... humain.

Note : 8/10


vendredi 14 mars 2014

Nymphomaniac - volume II


Titre : Nymphomaniac - volume II
Réalisateur : Lars von Trier
Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgård, Willem Dafoe
Date de sortie en France : 29 janvier 2014
Genre : érotique, drame

Synopsis : 
La folle et poétique histoire du parcours érotique d'une femme, de sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s'est autodiagnostiquée nymphomane. Par une froide soirée d’hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l'avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.

Avis : 
Après un volume I un peu décevant car finalement trop léger, ce volume II de la version remontée de Nymphomaniac reprend là où nous en étions restés : la jeune Joe ne parvient plus à ressentir de plaisir sexuel. Elle va dès lors tenter de multiplier les expériences sexuelles, se dirigeant peu à peu vers des pratiques extrêmes, du ménage à trois avec deux inconnus au masochisme le plus violent.


Le film prend donc un virage plus glauque, plus cru, notamment lors des passages chez K... mais reste toujours étrangement cocasse, comme pendant la scène avec les deux noirs où von Trier s'amuse à placer les deux sexes en érection au premier plan, devant Charlotte Gainsbourg, où dans les éternelles comparaisons farfelues de Seligman. Le réalisateur danois en profite pour faire dans l'auto-citation, avec une scène rappelant fortement Antichrist, un film qui présente d'ailleurs de nombreuses similitudes avec ce Nymphomaniac, notamment dans cet échange analytique aux frontières du réel entre deux personnages que tout oppose.

Hélas, le film finit par perdre tout son intérêt lorsque le voyage érotique de Joe s'achève. Le dernier chapitre semble ainsi tomber comme un cheveu sur la soupe, et n'a finalement d'autre intérêt que de légitimer le fil rouge entre Charlotte Gainsbourg et Stellan Skarsgard. Le rythme change, le thème change, et l'intérêt retombe peu à peu dans ce chapitre plus classique, aux allures de thriller.

Au final, ce voyage sexuel ressemble surtout à un pétard mouillé. On saura plus tard si le remontage et la censure du mastodonte de Lars von Trier en est la cause, mais ni la relation entre Joe et Seligman, ni le parcours de la femme interprétée par Charlotte Gainsbourg, ne sont d'un formidable intérêt. On appréciera en revanche cet humour très particulier, où le réalisateur danois s'amuse de comparaisons et de plans très osés, quitte à donner dans la provocation un peu trop facile.

Note : 
6/10

jeudi 13 mars 2014

Philomena


Titre : Philomena
Réalisateur : Stephen Frears
Acteurs : Judi Dench, Steve Coogan, Sophie Kennedy Clark
Date de sortie en France : 8 janvier 2014
Genre : drame

Synopsis : 
Irlande, 1952. Philomena Lee, encore adolescente, tombe enceinte. Rejetée par sa famille, elle est envoyée au couvent de Roscrea. En compensation des soins prodigués par les religieuses avant et pendant la naissance, elle travaille à la blanchisserie, et n’est autorisée à voir son fils, Anthony, qu’une heure par jour. À l’âge de trois ans, il lui est arraché pour être adopté par des Américains. Pendant des années, Philomena essaiera de le retrouver.
Quand, cinquante ans plus tard, elle rencontre Martin Sixmith, journaliste désabusé, elle lui raconte son histoire, et ce dernier la persuade de l’accompagner aux Etats-Unis à la recherche d’Anthony.

Avis : 
 Inspiré de l'histoire vraie relatée dans le roman Philomena : The True Story of a Mother and the Son She Had to Give Away de Martin Sixsmith, Philomena raconte l'histoire d'une femme contrainte d'abandonner son enfant alors qu'elle était adolescente, et qui tente de le retrouver bien des années plus tard. 


La première partie nous décrit donc la vie au couvent de la jeune Philomena, qui ne pourra voir son fils qu'une heure par jour et n'aura aucune possibilité de s'opposer à son adoption par des américains. Un couple dont elle ne saura rien, l'institution l'empêchant de se renseigner sur ses derniers, et qu'elle ne pourra tenter de retrouver qu'avec l'aide d'un journaliste récemment éclaboussé dans un scandale politique. La seconde partie sera quant à elle consacrée à la recherche proprement dite, du mutisme des responsables du couvent au voyage aux Etats-Unis.

Philomena va bénéficier de l'interprétation, tout en retenue, de Judi Dench (Skyfall), au service d'une histoire simple mais efficace, où les quelques notes d'humour british viennent ponctuer un film touchant, dont les moments forts et les injustices parviennent à nous émouvoir sans trop en faire. On est également scandalisé par le fonctionnement du couvent, ses secrets, sa façon d'exploiter les jeunes mères et leurs enfants tout en se maintenant le plus possible en dehors du monde "normal".

Bref, Philomena est un très joli film, un drame touchant et parfois révoltant, sans véritable défaut, bénéficiant d'une histoire forte et touchante et d'un duo d'acteurs dont la relation est joliment décrite. 

Note : 8/10



lundi 10 mars 2014

L'Île des Miam-nimaux : tempête de boulettes géantes 2


Titre : L'Île des Miam-nimaux : tempête de boulettes géantes 2 (Cloudy with a chance of meatballs 2)
Réalisateur : Cody Cameron, Kris Pearne
Acteurs : Bill Hader, Anna Faris, James Caan
Date de sortie en France : 5 février 2014
Genre : animation, aventures, comédie

Synopsis : 
Inventeur d’une machine capable de transformer l’eau en nourriture, Flint avait été obligé de la détruire parce que son invention avait déchaîné des pluies torrentielles de cheeseburgers et des tempêtes de spaghettis, menaçant toute la planète…
Pourtant, la machine n’a pas disparu, et elle crée maintenant des croisements entre animaux et aliments, les « miam-nimaux » ! Flint et ses amis s’embarquent dans une périlleuse mission pour affronter des tacodiles affamés, des Cheddaraignées, des Serpent à galettes, des Hippopatates…

Avis : 
Après le très sympathique Tempête de boulettes géantes, Flint l'inventeur revient pour une nouvelle aventure aux côtés de ses camarades dans une version... alimentaire du Monde perdu. En effet, la fabuleuse machine à créer de la nourriture fonctionne toujours, et les aliments qu'elle crée ont évolué, recouvrant Swallow en Château d'une étrange jungle où les créatures les plus improbables évoluent en liberté.


Après les tempêtes alimentaires du premier volet, L'ïle des miam-nimaux propose un nouveau délire visuel avec un bestiaire incroyable entièrement constitué d'aliments. Des simples fraises ou cornichons géants aux étonnants Tacodiles et Banana-sprints, en passant par le Kiwi-kiwi, la faune de l'île est particulièrement réussie, et on s'amuse à découvrir les espèces lors d'une première partie très réussie, réservant des moments très drôles et quelques passages plus inquiétants.

Mais loin de n'être qu'un simple safari dans un environnement extraordinaire, le film va se montrer assez intelligent, les créatures n'étant pas aussi menaçantes qu'elles semblent l'être, et les humains restant le plus grand danger, notamment avec "le plus grand inventeur du monde", qui ressemble étrangement à Steve Jobs, bien décidé à utiliser les animaux dans son intérêt, à les capturer pour les transformer en barres énergétiques tout en manipulant notre héros.

Cette suite de Tempête de boulettes géantes constitue donc un agréable divertissement, dans la lignée de son aîné, spectaculaire et drôle, grâce notamment à ces miam-nimaux très réussis et à un scénario qui pourra convaincre les parents tout en entraînant facilement les plus jeunes.

Note : 7,5/10


Tempête de boulettes géantes


Titre : Tempête de boulettes géantes (Cloudy with a chance of meatballs)
Réalisateur : Phil Lord, Chris Miller
Acteurs : Bill Hader, Anna Faris, Neil Patrick Harris
Date de sortie en France : 21 octobre 2009
Genre : animation, comédie

Synopsis : 
Flint Lockwood est inventeur. Jusqu'ici, toutes ses inventions bizarres, depuis les chaussures que l'on se pulvérise sur les pieds jusqu'au traducteur de pensées pour singe, ont été des échecs spectaculaires qui ont causé d'innombrables problèmes à sa petite ville, Swallow en Château.
Cette fois, Flint est bien décidé à inventer quelque chose qui rendra les gens heureux. Pourtant, lorsque sa nouvelle création, la machine à transformer l'eau en nourriture, détruit la grand-place avant de disparaître dans les nuages, il pense que sa carrière d'inventeur est définitivement fichue. Jusqu'à ce que l'incroyable se produise : il se met à pleuvoir des cheeseburgers ! Sa machine marche !

Avis :
 Adapté du livre pour enfants Il pleut des hamburgers de Judi et Ron Barrett, Tempête de boulettes géantes reprend le mythe du savant fou : en effet, le héros du film, Flint, est un inventeur loufoque qui finira par être dépassé par sa dernière invention, la machine à créer de la nourriture. Car l'invention va rapidement devenir incontrôlable, provoquant une météo chargée en aliments de toutes sortes !


Cela va donner lieu à quelques passages au visuel incroyable, où les spaghettis envahissent les rues, où la glace recouvre les toits, et où un tsunami de nourriture menace les habitants de l'île. Un délire très réussi qui donne au film énormément de rythme, tout en laissant la place à une bonne dose d'humour grâce à de nombreux gags bon enfant. Mieux que ça, le film va réussir à transcender une animation plutôt moyenne en ce qui concerne les personnages en jouant de ces imperfections.

Les visages se déforment dans tous les sens, exagérant au maximum les expressions des protagonistes et ajoutant à la bonne humeur ambiante. Tout cela contribue à faire de Tempête de boulettes géantes une vraie réussite, drôle et spectaculaire, dont on espère que la suite, L'Île des Miam-nimaux, sera aussi réussie !

Note : 8/10


dimanche 9 mars 2014

I, Frankenstein


Titre : I, Frankenstein
Réalisateur : Stuart Beattie
Acteurs : Aaron Eckhart, Bill Nighy, Yvonne Strahovski
Date de sortie en France : 29 janvier 2014
Genre : fantastique, action

Synopsis : 
Adam, la créature de Frankenstein, a survécu jusqu'à aujourd'hui, grâce à une anomalie génétique survenue lors de sa création. Son chemin l'a mené jusqu'à une métropole gothique et crépusculaire, où il se retrouve pris par une guerre séculaire sans merci entre deux clans d'immortels. Adam va être obligé de prendre parti et de s'engager dans un combat aux proportions épiques.

Avis : 
La créature de Frankenstein, des Démons et des Gargouilles se foutent sur la gueule. Il faut bien l'avouer, alors même que l'on pense que l'on pourra difficilement nous sortir un concept plus débile que ce qu'on connait déjà, certains films parviennent quand même à nous surprendre. Inspiré du "roman graphique" de Kevin Grevioux, déjà responsable du comic-book Underworld, et vaguement rattaché à l'oeuvre de Mary Shelley dans son introduction, voici donc I, Frankenstein.


Avec Aaron Eckhart (The Dark Knight) dans le rôle de la créature, dont les cicatrices semblent principalement décoratives, dont le maquillage est plus ou moins net selon les besoins du scénario et qui ne traduisent à aucun moment les origines monstrueuses d'Adam, le film de Stuart Beattie va nous mener de scène d'action en scène d'action, prenant bien soin d'épurer au maximum un scénario dont les rares bonnes idées sont noyées par la stupidité de l'ensemble. 

De toute façon, on risque surtout d'aller voir le film pour se fendre la gueule devant des Démons semblant être les bâtards illégitimes des suceurs de sang de la série Buffy contre les vampires et des goombas de Super Mario Bros., le film, devant des dialogues consternants de médiocrité, devant des ennemis dont les yeux deviennent rouges et les voix changent pour bien montrer que ce sont d'horribles méchants (frémissez, pauvres spectateurs !), devant des acteurs qui en font des tonnes, Bill Nighy en tête. Il faut néanmoins relever les quelques bonnes idées du film, notamment dans les explosions lumineuses et pyrotechnique qui accompagnent la mort des Démons et Gargouilles, et qui ajoutent un visuel plutôt sympathique aux scènes de batailles, ou l'impossibilité pour la Créature de se ranger auprès d'un des deux clans pendant la majeure partie du film.

Cela ne suffira certes pas à sauver I, Frankenstein de cette horrible impression de nanar ultra-friqué qu'il traîne du début à la fin, mais on devra s'en satisfaire. Le reste du temps, on s'amusera quand même aux dépens du film, dont les spectaculaires scènes d'action (hélas gâchées, comme souvent, par une utilisation abusive du montage et du ralenti) ne feront pas oublier l'aspect profondément débile.

Note : 2/10


samedi 8 mars 2014

300


Titre : 300
Réalisateur : Zack Snyder
Acteurs : Gerard Butler, Rodrigo Santoro, Michael Fassbender
Date de sortie en France : 21 mars 2007
Genre : péplum, historique

Synopsis : 
La Bataille des Thermopyles, qui opposa en l'an - 480 le roi Léonidas et 300 soldats spartiates à Xerxès et l'immense armée perse. Face à un invincible ennemi, les 300 déployèrent jusqu'à leur dernier souffle un courage surhumain ; leur vaillance et leur héroïque sacrifice inspirèrent toute la Grèce à se dresser contre la Perse, posant ainsi les premières pierres de la démocratie. 

Avis : 
Adapté du "roman graphique" (une expression bien pompeuse et à la mode pour qualifier une simple bande-dessinée) de Frank Miller, 300 relate donc la célèbre bataille des Thermopyles, opposant l'immense armée de Xerxès Ier à 300 soldats spartiates (et leurs alliés, dont on se fout ici). Réalisé par Zack Snyder, alors connu pour son remake efficace de Zombie, L'Armée des morts, le film reprend un visuel semblable à celui qu'avait utilisé Robert Rodriguez pour Sin City.


Une orientation artistique qui est ici complètement loupée. En effet, en abusant des effets de style, des ralentis, accélérations, arrêts sur image sans grand intérêt aux plans-séquences grotesques, du recours systématique au numérique, 300 finit par ressembler à une production fauchée, pompeuse et tout simplement très laide. Mais ce ne sera pas l'unique défaut : le film de Zack Snyder va également sombrer dans le ridicule à cause d'un scénario digne d'un enfant jouant avec ses figurines, dialogues puérils et glorification du sacrifice à l'appui.

Hurlées avec une conviction effrayant par le faciès déformé de Gerard Butler (La Chute de la Maison Blanche), les répliques font vraiment sourire par leur bêtise sans limite, leur va-t-en guerre primitif et leurs valeurs sur lesquelles on préfèrera ne pas trop s'attarder, le sous-texte du film étant particulièrement nauséabond. Tout juste soulignerai-je cette espèce de fantasme spartiate, peuple courageux au physique avantageux, très loin de la laideur de leurs ennemis, de ceux qui s'opposent à leur combat, ou même de l'homosexualité pédophile de ces philosophes d'athéniens. Le comble revient à Xerxès, vaguement décrit comme un travesti de base, entre voix grave, maquillage, épilation et bijouterie ostentatoire.

Bref, 300 est le plus mauvais film à ce jour de Zack Snyder. Une espèce de bouillie numérique indigeste, qui déverse à l'écran un flot ininterrompu de laideurs et de conneries, et dont les rares passages mémorables sont noyés dans une masse insupportable. Et le pire, c'est qu'avec son succès public, le film a vu une suite débarquer sur nos écrans : 300, la naissance d'un Empire. Oh oui, j'en reparlerai sans doute sur ce blog...

Note : 2/10


La Belle et la Bête (Christophe Gans)


Titre : La Belle et la Bête
Réalisateur : Christophe Gans
Acteurs : Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussollier
Date de sortie en France : 12 février 2014
Genre : conte, fantastique

Synopsis : 
 1810. Après le naufrage de ses navires, un marchand ruiné doit s'exiler à la campagne avec ses six enfants. Parmi eux, Belle, la plus jeune de ses filles. Lors d'un éprouvant voyage, le marchand découvre le domaine magique de la Bête qui le condamne à mort pour lui avoir volé une rose. Se sentant responsable, Belle décide de se sacrifier à la place de son père. Elle se rend au Château...

Avis : 
Après une adaptation au cinéma d'un manga (Crying Freeman), d'un mystère historique (Le Pacte des loups) et d'un jeu vidéo (Silent Hill), Christophe Gans s'attaque au conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, La Belle et la Bête. Neuvième adaptation de l'histoire, après notamment les versions de Jean Cocteau et de Disney, et avant peut-être celle de Guillermo del Toro, le film de Gans va hélas se révéler très moyen.


Car malgré un budget conséquent, et visible à chaque instant, ce cru 2014 va surtout n'être qu'une belle coquille vide. Les décors sont ainsi exceptionnels, les effets spéciaux très réussis, mais cela ne permettra pas d'oublier une histoire très légère, sans surprise, et qui donne même le sentiment de comporter quelques zones d'ombre, comme s'il était nécessaire de connaître les adaptations précédentes de l'histoire pour véritablement suivre le film. On a ainsi l'impression d'être devant un film totalement destructuré, ou certains éléments ne sont pas développés (les chiens, meilleurs amis de Seydoux ?) ou débarquent sans crier gare (les géants ?). Que dire également de la relation entre Belle et la Bête, totalement délaissée et n'évoluant que par à-coups, sans aucune finesse.

Mais le pire vient sans doute du casting. Vincent Cassel est, comme souvent, à côté du personnage, et Léa Seydoux n'est clairement pas une Belle crédible. Quant aux seconds rôles, ânonnant leurs répliques avec l'application d'un enfant récitant un poème, ils tirent encore vers le bas un film déjà handicapé par la faiblesse de ses dialogues. Mention spéciale à Audrey Lamy, qui nous nous fait regretter dès les premières minutes de nous être installés dans la salle.

Cette nouvelle adaptation de La Belle et la Bête est donc un film très moyen, préférant en mettre plein les yeux plutôt que de livrer l'essence dramatique d'une histoire qui ne semble pas intéresser Gans. Aucune profondeur, aucune poésie, aucune beauté, le film sombre même dans une certaine vulgarité et se contente d'aligner sans aucune imagination ses séquences d'une platitude extrême.

Note : 3/10


jeudi 6 mars 2014

La Belle et la Bête (Disney)


Titre : La Belle et la Bête (Beauty and the Beast)
Réalisateur : Gary Trousdale, Kirk Wise
Acteurs : Paige O'Hara, Robby Benson, Richard White
Date de sortie en France : 21 octobre 1992
Genre : animation, conte, fantastique

Synopsis : 
Belle est une jeune fille sensible et imaginative, qui passe ses journées plongée dans la lecture et qui repousse obstinément les avances de Gaston, un bellâtre musclé et vaniteux. Seul Maurice, son père, un inventeur farfelu, compte dans sa vie. Un jour que ce dernier se perd dans la forêt, il doit se réfugier dans un château pour échapper à une meute de loups. Irrité par son intrusion, le maître des lieux, une Bête gigantesque et terrifiante, le jette dans un cachot. Pour sauver son père, Belle accepte d’être retenue prisonnière à sa place… 

Avis : 
Entre le film de Jean Cocteau et celui de Christophe Gans, l'adaptation la plus célèbre du conte La Belle et la Bête est sans doute celle livrée par les studios Disney en 1991. La plus célèbre, et à mes yeux la plus réussie, grâce à une Belle et une Bête bénéficiant d'un bien meilleur traitement, autant dans leur personnalité propre que dans leur relation.


Pas de Belle cruche uniquement remarquable pour son physique, ou de Bête trop pleurnicharde ou trop désagréable qui parvient à faire naître les sentiments grâce à de précieux cadeaux ou en profitant d'un soudain retournement de situation mal amené : ici, l'héroïne est une jeune femme intelligente et curieuse, et le monstre, s'il souffre de sa condition, fait preuve d'un véritable intérêt, souvent maladroit, pour celle qui pourra lever sa malédiction. 

Rythmé par des musiques mémorables (Beauty and the Beast reçut l'Oscar de la meilleure chanson originale, et Be our guest et Belle furent également nominées), le film profite également de dessins très réussis : la Bête est l'une des plus belles créations de Disney, et ces objets prenant vie ont tous énormément de personnalité, insufflant au film une bonne humeur et une énergie communicatives.

En développant parfaitement ses personnages et leurs relations, La Belle et la Bête de Disney s'impose facilement comme le meilleur film tiré du conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, loin devant les versions de Cocteau et de Gans, et reste même l'un des classiques Disney les plus réussis, dont on se souvient des détails et des chansons bien des années plus tard !

Note : 8,5/10


La Belle et la Bête (Jean Cocteau)


Titre : La Belle et la Bête
Réalisateur : Jean Cocteau
Acteurs : Jean Marais, Josette Day, Marcel André
Date de sortie en France : 29 octobre 1946
Genre : fantastique, conte, drame

Synopsis : 
Pour l'offrir à sa fille, le père de la Belle cueille, sans le savoir, une rose appartenant au jardin de la Bête, qui s'en offense. Afin de sauver son père, la Belle accepte de partir vivre au château de la Bête.

Avis : 
A l'occasion de la sortie de La Belle et la Bête de Christophe Gans, revenons sur les deux célèbres adaptations du conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve qui ont précédé cette nouvelle lecture : avant de parler du classique Disney, intéressons-nous ici au film de Jean Cocteau, oeuvre majeure du cinéma fantastique français. 


S'il a remarquablement bravé l'épreuve du temps au niveau de ses décors (le château est splendide, la forêt a une atmosphère très particulière), il faut hélas avouer qu'il ne reste pas grand chose à sauver de cette version, dont la poésie infantile se heurte à un scénario, une réalisation et une interprétation très limités. Outre la morale franchement discutable (la Belle ne commence à aimer la Bête qu'après avoir reçu un magnifique collier de perles, et tout le monde ne semble finalement attiré que par la beauté ou la richesse), l'aspect théâtral tire l'ensemble vers le bas, avec cette sensation permanente de regarder une pièce plus qu'un film.

Cela se ressent ainsi dans la réalisation statique, la musique envahissante, le jeu outré des acteurs et dans les dialogues pompeux et très écrits, donnant au film un aspect irréel sans que l'on puisse prétendre que cela renforce l'aspect merveilleux du conte. Même en excusant le maquillage de la Bête, sans doute impressionnant à l'époque, il est difficile de ne pas la voir comme une espèce de chien pleurnichard, dont le costume emprisonne Jean Marais (par ailleurs bien meilleur dans le rôle d'Avenant, qui est le seul personnage intéressant du film) dans un surjeu permanent, tout en yeux écarquillés et en bondissements grotesques.

De nombreux défauts qu'il sera compliqué de pardonner, même malgré l'âge du film, de nombreuses oeuvres des années 20 et 30 étant bien plus modernes à tous les niveaux. La Belle et la Bête de Jean Cocteau est un classique pompeux et maniéré à ne pas redécouvrir, si ce n'est pour son esthétique...

Note : 3/10


mercredi 5 mars 2014

Nymphomaniac - volume I


Titre : Nymphomaniac - volume I
Réalisateur : Lars von Trier
Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgård, Stacy Martin
Date de sortie en France : 1er janvier 2014
Genre : drame, érotique

Synopsis : 
 La folle et poétique histoire du parcours érotique d'une femme, de sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s'est auto-diagnostiquée nymphomane. Par une froide soirée d’hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l'avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.

Avis : 
 C'est un film qui a beaucoup fait parler de lui bien avant sa sortie, autant pour sa campagne de publicité, avec ces affiches nous montrant le visage des acteurs en plein orgasme, que pour la durée phénoménale du premier montage du film : on parle d'une oeuvre d'environ 5h30, que Lars von Trier refuse de couper. C'est finalement le producteur qui sera chargé de remonter le film, l'amputant d'1h30 et l'exploitant au cinéma en deux parties de deux heures chacune, avec un texte nous informant au début du film que le montage, s'il a été accepté par le réalisateur danois, n'est pas son montage. 


Pour cette première partie, nous suivrons l'enfance et l'adolescence de Joe (Charlotte Gainsbourg, pour sa troisième collaboration avec von Trier après Antichrist et Melancholia), racontée par elle-même à Seligman (Stellan Skarsgard, pour la cinquième fois). De sa découverte de la sexualité aux jeux sexuels avec de nombreux partenaires, le témoignage est émaillé des commentaires du vieil homme dans des comparaisons souvent cocasses avec la pêche à la mouche ou le cantus firmus de Bach.

Aussi, étonnamment, ce sont ces passages à l'humour très particulier qui marquent et convainquent le plus. On retiendra ainsi l'extraordinaire séquence où Uma Thurman débarque avec ses enfants chez Joe pour y retrouver son mari. Un décalage bienvenu dans un film dramatique autrement assez poussif, et finalement assez banal malgré l'évidente volonté de choquer de Lars von Trier et l'excellence de l'interprétation. On finit ainsi par s'ennuyer, la démonstration étant assez classique, et les scènes de sexe ne ressemblant finalement qu'à du remplissage.

En attendant la seconde partie, qui semble bien plus crue et s'attarder sur les expériences extrêmes de la Joe adulte, cette première partie peine donc à réellement convaincre. On y retrouve ainsi les tics de Lars von Trier (l'introduction, où Führe mich de Rammstein explose soudain après quelques minutes de silence et de contemplation, nous résume presque sa carrière), au service d'un film dont les rares moments forts (le chapitre Delirium, en noir et blanc, est magnifique) sont un peu noyés dans deux heures souvent creuses...

Note : 6/10