lundi 21 novembre 2016

Le Client


Titre : Le Client (Forushande)
Réalisateur : Asghar Farhadi
Acteurs : Taraneh Alidoosti, Shahab Hosseini, Babak Karimi
Date de sortie en France : 9 novembre 2016
Genre : drame

Synopsis : 
Contraints de quitter leur appartement du centre de Téhéran en raison d'importants travaux menaçant l'immeuble, Emad et Rana emménagent dans un nouveau logement. Un incident en rapport avec l’ancienne locataire va bouleverser la vie du jeune couple.

Avis : 
Après une pause en France avec le décevant Le Passé, Asghar Farhadi retrouve l'Iran et plusieurs de ses acteurs fétiches (Taraneh Alidoosti et Shahab Hosseini sont tous deux apparus dans A propos d'Elly, l'actrice ayant également joué dans Les Enfants de Belle Ville et La Fête du feu, et l'acteur dans Une séparation) pour Le Client. Un film qui reprend plusieurs de ses thèmes de prédilection, mais qui confirmera également le manque d'inspiration dont l'iranien semble faire preuve depuis 2010.


La place de la femme dans la société iranienne, la culture du secret, les commérages, l'importance de l'apparence... Farhadi reprend tous ses grands thèmes, rappelant parfois certaines de ses précédentes réalisations, et faisant régulièrement preuve d'un manque flagrant de finesse (en tout cas, si l'on en croit certains journalistes : l'immeuble qui s'écroule au début du film serait ainsi une métaphore de la société iranienne... j'espère vraiment que ce n'est pas le cas). Une grosse impression de déjà-vu donc, d'autant que, si le sujet de départ du film nous intrigue, les trop nombreuses digressions finissent par nous lasser.

Heureusement, les deux acteurs principaux sont une nouvelle fois formidables, et incarnent à merveille les doutes et hésitations de leurs personnages. Difficile de ne pas s'identifier à Shahab Hosseini, partagé entre la volonté de vengeance et celle de respecter la volonté de sa femme d'oublier l'affaire. Dommage que le final sonne un peu faux et cruellement moralisateur, terminant Le Client sur une mauvaise note alors que la confrontation avec l'agresseur, repoussant jusque là le manichéisme et les facilités scénaristiques, donnait enfin du souffle au film.

Après Une séparation et Le Passé, nouvelle déception de la part d'Asghar Farhadi, qui se contente trop souvent de s'autociter et en oublie, au moins pendant la première heure, de traiter son sujet. Le Client est néanmoins sauvé par ses interprètes et une seconde partie bien plus prenante, mais on attend clairement mieux de la part du réalisateur iranien.

Note : 6.5/10


vendredi 18 novembre 2016

Tu ne tueras point


Titre : Tu ne tueras point (Hacksaw Ridge)
Réalisateur : Mel Gibson
Acteurs : Andrew Garfield, Vince Vaughn, Teresa Palmer
Date de sortie en France : 9 novembre 2016
Genre : guerre, biopic

Synopsis : 
Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Desmond, un jeune américain, s’est retrouvé confronté à un dilemme : comme n’importe lequel de ses compatriotes, il voulait servir son pays, mais la violence était incompatible avec ses croyances et ses principes moraux. Il s’opposait ne serait-ce qu’à tenir une arme et refusait d’autant plus de tuer. Il s’engagea tout de même dans l’infanterie comme médecin. Son refus d’infléchir ses convictions lui valut d’être rudement mené par ses camarades et sa hiérarchie, mais c’est armé de sa seule foi qu’il est entré dans l’enfer de la guerre pour en devenir l’un des plus grands héros. Lors de la bataille d’Okinawa sur l’imprenable falaise de Maeda, il a réussi à sauver des dizaines de vies seul sous le feu de l’ennemi, ramenant en sureté, du champ de bataille, un à un les soldats blessés.  

Avis : 
Qu'on aime ou pas le réalisateur Mel Gibson, on ne pourra jamais lui reprocher d'y aller de main morte. De Braveheart à Apocalypto, violence extrême et thématiques discutables sont le fil rouge de sa carrière derrière la caméra... et Tu ne tueras point ne va pas déroger à la règle. Car si on sortira lessivé par une seconde heure terriblement forte, les motifs d'insatisfaction seront nombreux.

Passées les réminiscences inévitables de Full metal jacket lors de la formation des jeunes soldats, après une histoire d'amour particulièrement nunuche, Gibson va donc développer le sujet de son film, à savoir la participation à la guerre d'un jeune homme qui ne peut tenir une arme. Seul avec ses convictions face à l'ordre établi, Desmond va douter, se rebeller, mais ne craquera jamais, comme investi d'une mission divine. On pourra facilement reprocher au film son prosélytisme, même s'il entre parfaitement dans la description du héros du film, et on comprendra que l'histoire vraie de Desmond Doss ait pu inspirer Mel Gibson.

En dehors de ces défauts, Tu ne tueras point réserve quelques séquences formidables lorsque les batailles font rage. Le premier assaut sur Hacksaw Ridge est un moment de pure folie, d'une intensité folle, d'une violence inouïe, qui ferait presque passer Le Soldat Ryan pour un Disney. De même, toute la dernière partie, où Doss sauve un à un ses camarades blessés, est un modèle d'efficacité, de tension et d'émotion.

S'il peine parfois à s'émanciper de ses modèles, et si l'aspect prêchi-prêcha pourra par moments agacer, Tu ne tueras point est, au moins dans sa seconde partie, un formidable film de guerre, qui confirme le talent de Mel Gibson pour mettre en images des séquences dantesques, qui resteront sans doute longtemps dans les mémoires.

Note : 8/10



lundi 14 novembre 2016

Mademoiselle


Titre : Mademoiselle (Agassi)
Réalisateur : Park Chan-wook
Acteurs : Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Jung-woo Ha
Date de sortie en France : 2 novembre 2016
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…

Avis : 
Après un intermède réussi aux Etats-Unis avec le sublime Stoker, Park Chan-wook revient dans son pays d'origine pour son nouveau film, entre drame social, romance, thriller et érotisme. Avec Mademoiselle, il imagine donc le plan machiavélique d'un escroc tentant de tromper une riche héritière grâce à une voleuse se faisant passer pour une nouvelle servante... mais au jeu des apparences, des faux-semblants, des non-dits, celui qui sera victime de la machination ne sera pas forcément celui ou celle qu'on pense.


Aussi beau visuellement (certains passages sont superbement chorégraphiés, comme l'enchaînement entre la fuite du manoir et le mariage) que scénaristiquement tortueux, Mademoiselle est une oeuvre folle, peut-être celle de la maturité d'un réalisateur qui semble reprendre des éléments de tous ses films précédents (une vengeance très élaborée à la Old Boy, une ambiance rappelant le gothique de Stoker, quelques éléments envoyant à JSA ou à Thirst...) pour les assembler dans un ensemble d'une fluidité folle à tous les niveaux.

Les rebondissements se multiplient avec virtuosité, servis par un trio d'acteurs exceptionnels, parmi lesquels on retrouve Ha Jeong-woo (The Chaser, The Murderer). Mais c'est surtout la relation entre les deux femmes, aussi sensuelle que crue (on lorgne plus du côté de L'Empire des sens que du lamentable La Vie d'Adèle), qui retient l'attention, comme l'élément perturbateur d'un jeu de pistes qui semblait pourtant si bien huilé.

Superbement réalisé, magnifiquement interprété, très intelligent, raffiné et pervers, troublant et fascinant, Mademoiselle confirme une nouvelle fois l'immense talent de Park Chan-wook, qui nous offre un des meilleurs films de l'année. A voir absolument !

Note : 9/10


mardi 8 novembre 2016

Jack Reacher : never go back


Titre : Jack Reacher : never go back
Réalisateur : Edward Zwick
Acteurs : Tom Cruise, Cobie Smulders, Robert Knepper
Date de sortie en France : 19 octobre 2016
Genre : action

Synopsis : 
Jack Reacher est de retour, prêt à tout pour obtenir justice. Susan Turner, qui dirige son ancienne unité, est arrêtée pour trahison : Jack Reacher ne reculera devant rien pour prouver l'innocence de la jeune femme. Ensemble, ils sont décidés à faire éclater la vérité sur ce complot d'État.

Avis : 
4 ans après un premier volet très réussi, Tom Cruise est de retour dans la peau de Jack Reacher pour une nouvelle enquête au sein de l'armée américaine. Cette fois, c'est pour sauver une collègue qu'il sait irréprochable, et qu'il aurait bien aimé inviter à dîner, mais aussi pour protéger une jeune femme (peut-être sa fille ?), et pour laver son nom de tout soupçon après la mort d'une des personnes chargées de l'enquête.



On pourrait croire que ça fait beaucoup de sujets pour un seul film. Malheureusement (ou heureusement, cela dépend du point de vue), cela ne se traduira que d'une seule et unique façon à l'écran : Tom Cruise et Cobie Smulders courent dans un sens, affrontent quelques malfrats, font une petite pause, courent dans un autre sens, affrontent quelques autres malfrats interchangeables, etc., etc.

Le même schéma se répète ainsi plusieurs fois, parfois au mépris de toute cohérence (Tom Cruise s'évade tranquillement d'une prison militaire, tabasse des agents dans un avion sans que personne ne remarque rien...), uniquement ponctué par les affrontements récurrents avec le grand-grand méchant (Patrick Heusinger, dans un rôle presque identique à celui de Jai Courney dans le premier volet) et les relations avec la jeune Samantha.

Très linéaire donc, mais toujours aussi efficace, avec un Tom Cruise qui assure toujours autant dans le rôle de ce justicier qui démonte du loubard par paquets de 12, Jack Reacher : never go back est loin d'être aussi réussi que le premier film, mais reste assez rythmé pour se suivre sans problème, avec la possibilité de reposer son cerveau pendant près de deux heures.

Note : 6.5/10


mardi 1 novembre 2016

Halloween : la nuit des masques


Titre : Halloween : la nuit des masques (Halloween)
Réalisateur : John Carpenter
Acteurs : Jamie Lee Curtis, Donald Pleasence, Tony Moran
Date de sortie en France : 14 mai 1979
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
La nuit d'Halloween 1963. Le jeune Michael Myers se précipite dans la chambre de sa soeur aînée et la poignarde sauvagement. Après son geste, Michael se mure dans le silence et est interné dans un asile psychiatrique. Quinze ans plus tard, il s'échappe de l'hôpital et retourne sur les lieux de son crime. Il s'en prend alors aux adolescents de la ville.

Avis : 
Classique du cinéma d'épouvante, œuvre fondatrice du slasher, acte de naissance de l'un des plus célèbres boogeymen de l'univers horrifique, La Nuit des masques de John Carpenter fait pourtant partie, tout comme Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, de ces films cultes pour lesquelles je n'ai aucune affinité. Pire encore en ce qui concerne le premier volet de ce qui est depuis devenu une saga interminable : Halloween m'ennuie profondément, les gimmick qu'il a contribué à créer étant autant de défauts à mes yeux.


Tueur implacable (enfin, la plupart du temps), victime cruches, symbolisme grossier, le film cumule toutes les tares du genre, jusqu'à le rendre insupportable à suivre. Impossible de ne pas lever les yeux au ciel face au comportement des victimes, ou face à ces explications improbables sur la nature profondément mauvaise de Michael Myers, le Mal incarné capable de retrouver par instinct le chemin de son ancienne ville et d'anticiper les déplacements de ses prochaines victimes mais incapable de poignarder une proie immobile lui tournant le dos. Sans doute la magie du bouclier virginal ?

Pour le reste, on appréciera néanmoins la mise en scène de Carpenter, qui joue à merveille avec les ombres, crée un certain suspense en insistant brillamment sur la menace qui plane sur le trio d'amies... mais semble parfois incapable de terminer rapidement ses séquences, privant peu à peu certains passages de leur impact. On saluera également la musique du film, élément culte et indissociable de la saga. En revanche, on gardera difficilement son sérieux devant l'interprétation, notamment avec cette impression constante de récitation des dialogues que l'on remarque en VO.

Oeuvre fondatrice mais remplie de défauts, Halloween, la nuit des masques est surtout mémorable pour la mise en scène et la musique de John Carpenter. Pour le reste, le film n'est qu'un slasher basique, auquel on préférera plusieurs autres œuvres ayant inspiré le genre, comme Black Christmas ou La Baie sanglante, mais qui reste infiniment supérieur à un Vendredi 13.

Note : 3.5/10