vendredi 30 décembre 2016

Rogue One : a Star Wars story


Titre : Rogue One : a Star Wars story
Réalisateur : Gareth Edwards
Acteurs : Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn
Date de sortie en France : 14 décembre 2016
Genre : space opera

Synopsis : 
 Alors que l'Étoile de la mort, l'arme absolue de l'Empire galactique pour inspirer la peur aux systèmes insoumis, est en construction, l'Alliance rebelle, qui en a appris l'existence, vole les plans secrets pour y trouver une faille.

Avis : 
Puisqu'il faut bien nous faire patienter avant la sortie de l'Episode VIII, Disney est fier de nous présenter le premier volet de ses Star Wars stories, ces films dérivés de la saga et centrés sur certains événements ou certains personnages. Avant la jeunesse de Han Solo, c'est un chapitre précédent directement l'Episode IV qui nous est proposé : celui du vol des plans de l'Etoile de la mort par les Rebelles, les fameux plans que confiera plus tard la princesse Léia à R2-D2 avant de l'envoyer sur Tatooine avec C-3PO.


Un point de départ intéressant, mais qui ne laissera finalement la place qu'à un film terriblement linéaire. Est-ce la faute à un enjeu déjà éventé ? A un scénariste principalement connu pour avoir réalisé American Pie et Twilight, chapitre II ? A un réalisateur apparemment perdu dès qu'il est à la tête d'un gros budget ? Toujours est-il que ce Rogue One n'est remarquable que pour l'ennui qu'il génère, jusqu'à devenir à mes yeux le pire Star Wars jamais sorti au cinéma.

C'est simple, le film échoue dans tout ce qu'il tente de faire. De personnages sans aucun intérêt, auxquels on ne s'attache jamais (on finit même par se réjouir de la mort de certains...) à une histoire sans intérêt, en passant par des acteurs qui en font des caisses (Forest Whitaker repousse ses propres limites), un humour qui tombe à plat et du fan-service aussi lourd que grotesque (les apparitions de Dark Vador), Rogue One finit même par devenir insupportable, malgré des qualités esthétiques indéniables et un certain sens du spectacle... directement hérité du travail de J.J. Abrams.

Demi-déception donc pour ce spin-off, dont je n'attendais pourtant pas grand chose. Sous-produit typique de la saga, comme ont pu l'être à l'époque les aventures des Ewoks, il brille par son absence totale d'imagination et d'ambition, évitant même soigneusement de développer les rares thématiques intéressantes (le côté sombre de la Rébellion ou de Saw Guerrera, évacués d'un revers de la main). Allez, je retourne plutôt revoir Le Réveil de la Force !

Note : 2/10


lundi 21 novembre 2016

Le Client


Titre : Le Client (Forushande)
Réalisateur : Asghar Farhadi
Acteurs : Taraneh Alidoosti, Shahab Hosseini, Babak Karimi
Date de sortie en France : 9 novembre 2016
Genre : drame

Synopsis : 
Contraints de quitter leur appartement du centre de Téhéran en raison d'importants travaux menaçant l'immeuble, Emad et Rana emménagent dans un nouveau logement. Un incident en rapport avec l’ancienne locataire va bouleverser la vie du jeune couple.

Avis : 
Après une pause en France avec le décevant Le Passé, Asghar Farhadi retrouve l'Iran et plusieurs de ses acteurs fétiches (Taraneh Alidoosti et Shahab Hosseini sont tous deux apparus dans A propos d'Elly, l'actrice ayant également joué dans Les Enfants de Belle Ville et La Fête du feu, et l'acteur dans Une séparation) pour Le Client. Un film qui reprend plusieurs de ses thèmes de prédilection, mais qui confirmera également le manque d'inspiration dont l'iranien semble faire preuve depuis 2010.


La place de la femme dans la société iranienne, la culture du secret, les commérages, l'importance de l'apparence... Farhadi reprend tous ses grands thèmes, rappelant parfois certaines de ses précédentes réalisations, et faisant régulièrement preuve d'un manque flagrant de finesse (en tout cas, si l'on en croit certains journalistes : l'immeuble qui s'écroule au début du film serait ainsi une métaphore de la société iranienne... j'espère vraiment que ce n'est pas le cas). Une grosse impression de déjà-vu donc, d'autant que, si le sujet de départ du film nous intrigue, les trop nombreuses digressions finissent par nous lasser.

Heureusement, les deux acteurs principaux sont une nouvelle fois formidables, et incarnent à merveille les doutes et hésitations de leurs personnages. Difficile de ne pas s'identifier à Shahab Hosseini, partagé entre la volonté de vengeance et celle de respecter la volonté de sa femme d'oublier l'affaire. Dommage que le final sonne un peu faux et cruellement moralisateur, terminant Le Client sur une mauvaise note alors que la confrontation avec l'agresseur, repoussant jusque là le manichéisme et les facilités scénaristiques, donnait enfin du souffle au film.

Après Une séparation et Le Passé, nouvelle déception de la part d'Asghar Farhadi, qui se contente trop souvent de s'autociter et en oublie, au moins pendant la première heure, de traiter son sujet. Le Client est néanmoins sauvé par ses interprètes et une seconde partie bien plus prenante, mais on attend clairement mieux de la part du réalisateur iranien.

Note : 6.5/10


vendredi 18 novembre 2016

Tu ne tueras point


Titre : Tu ne tueras point (Hacksaw Ridge)
Réalisateur : Mel Gibson
Acteurs : Andrew Garfield, Vince Vaughn, Teresa Palmer
Date de sortie en France : 9 novembre 2016
Genre : guerre, biopic

Synopsis : 
Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Desmond, un jeune américain, s’est retrouvé confronté à un dilemme : comme n’importe lequel de ses compatriotes, il voulait servir son pays, mais la violence était incompatible avec ses croyances et ses principes moraux. Il s’opposait ne serait-ce qu’à tenir une arme et refusait d’autant plus de tuer. Il s’engagea tout de même dans l’infanterie comme médecin. Son refus d’infléchir ses convictions lui valut d’être rudement mené par ses camarades et sa hiérarchie, mais c’est armé de sa seule foi qu’il est entré dans l’enfer de la guerre pour en devenir l’un des plus grands héros. Lors de la bataille d’Okinawa sur l’imprenable falaise de Maeda, il a réussi à sauver des dizaines de vies seul sous le feu de l’ennemi, ramenant en sureté, du champ de bataille, un à un les soldats blessés.  

Avis : 
Qu'on aime ou pas le réalisateur Mel Gibson, on ne pourra jamais lui reprocher d'y aller de main morte. De Braveheart à Apocalypto, violence extrême et thématiques discutables sont le fil rouge de sa carrière derrière la caméra... et Tu ne tueras point ne va pas déroger à la règle. Car si on sortira lessivé par une seconde heure terriblement forte, les motifs d'insatisfaction seront nombreux.

Passées les réminiscences inévitables de Full metal jacket lors de la formation des jeunes soldats, après une histoire d'amour particulièrement nunuche, Gibson va donc développer le sujet de son film, à savoir la participation à la guerre d'un jeune homme qui ne peut tenir une arme. Seul avec ses convictions face à l'ordre établi, Desmond va douter, se rebeller, mais ne craquera jamais, comme investi d'une mission divine. On pourra facilement reprocher au film son prosélytisme, même s'il entre parfaitement dans la description du héros du film, et on comprendra que l'histoire vraie de Desmond Doss ait pu inspirer Mel Gibson.

En dehors de ces défauts, Tu ne tueras point réserve quelques séquences formidables lorsque les batailles font rage. Le premier assaut sur Hacksaw Ridge est un moment de pure folie, d'une intensité folle, d'une violence inouïe, qui ferait presque passer Le Soldat Ryan pour un Disney. De même, toute la dernière partie, où Doss sauve un à un ses camarades blessés, est un modèle d'efficacité, de tension et d'émotion.

S'il peine parfois à s'émanciper de ses modèles, et si l'aspect prêchi-prêcha pourra par moments agacer, Tu ne tueras point est, au moins dans sa seconde partie, un formidable film de guerre, qui confirme le talent de Mel Gibson pour mettre en images des séquences dantesques, qui resteront sans doute longtemps dans les mémoires.

Note : 8/10



lundi 14 novembre 2016

Mademoiselle


Titre : Mademoiselle (Agassi)
Réalisateur : Park Chan-wook
Acteurs : Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Jung-woo Ha
Date de sortie en France : 2 novembre 2016
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…

Avis : 
Après un intermède réussi aux Etats-Unis avec le sublime Stoker, Park Chan-wook revient dans son pays d'origine pour son nouveau film, entre drame social, romance, thriller et érotisme. Avec Mademoiselle, il imagine donc le plan machiavélique d'un escroc tentant de tromper une riche héritière grâce à une voleuse se faisant passer pour une nouvelle servante... mais au jeu des apparences, des faux-semblants, des non-dits, celui qui sera victime de la machination ne sera pas forcément celui ou celle qu'on pense.


Aussi beau visuellement (certains passages sont superbement chorégraphiés, comme l'enchaînement entre la fuite du manoir et le mariage) que scénaristiquement tortueux, Mademoiselle est une oeuvre folle, peut-être celle de la maturité d'un réalisateur qui semble reprendre des éléments de tous ses films précédents (une vengeance très élaborée à la Old Boy, une ambiance rappelant le gothique de Stoker, quelques éléments envoyant à JSA ou à Thirst...) pour les assembler dans un ensemble d'une fluidité folle à tous les niveaux.

Les rebondissements se multiplient avec virtuosité, servis par un trio d'acteurs exceptionnels, parmi lesquels on retrouve Ha Jeong-woo (The Chaser, The Murderer). Mais c'est surtout la relation entre les deux femmes, aussi sensuelle que crue (on lorgne plus du côté de L'Empire des sens que du lamentable La Vie d'Adèle), qui retient l'attention, comme l'élément perturbateur d'un jeu de pistes qui semblait pourtant si bien huilé.

Superbement réalisé, magnifiquement interprété, très intelligent, raffiné et pervers, troublant et fascinant, Mademoiselle confirme une nouvelle fois l'immense talent de Park Chan-wook, qui nous offre un des meilleurs films de l'année. A voir absolument !

Note : 9/10


mardi 8 novembre 2016

Jack Reacher : never go back


Titre : Jack Reacher : never go back
Réalisateur : Edward Zwick
Acteurs : Tom Cruise, Cobie Smulders, Robert Knepper
Date de sortie en France : 19 octobre 2016
Genre : action

Synopsis : 
Jack Reacher est de retour, prêt à tout pour obtenir justice. Susan Turner, qui dirige son ancienne unité, est arrêtée pour trahison : Jack Reacher ne reculera devant rien pour prouver l'innocence de la jeune femme. Ensemble, ils sont décidés à faire éclater la vérité sur ce complot d'État.

Avis : 
4 ans après un premier volet très réussi, Tom Cruise est de retour dans la peau de Jack Reacher pour une nouvelle enquête au sein de l'armée américaine. Cette fois, c'est pour sauver une collègue qu'il sait irréprochable, et qu'il aurait bien aimé inviter à dîner, mais aussi pour protéger une jeune femme (peut-être sa fille ?), et pour laver son nom de tout soupçon après la mort d'une des personnes chargées de l'enquête.



On pourrait croire que ça fait beaucoup de sujets pour un seul film. Malheureusement (ou heureusement, cela dépend du point de vue), cela ne se traduira que d'une seule et unique façon à l'écran : Tom Cruise et Cobie Smulders courent dans un sens, affrontent quelques malfrats, font une petite pause, courent dans un autre sens, affrontent quelques autres malfrats interchangeables, etc., etc.

Le même schéma se répète ainsi plusieurs fois, parfois au mépris de toute cohérence (Tom Cruise s'évade tranquillement d'une prison militaire, tabasse des agents dans un avion sans que personne ne remarque rien...), uniquement ponctué par les affrontements récurrents avec le grand-grand méchant (Patrick Heusinger, dans un rôle presque identique à celui de Jai Courney dans le premier volet) et les relations avec la jeune Samantha.

Très linéaire donc, mais toujours aussi efficace, avec un Tom Cruise qui assure toujours autant dans le rôle de ce justicier qui démonte du loubard par paquets de 12, Jack Reacher : never go back est loin d'être aussi réussi que le premier film, mais reste assez rythmé pour se suivre sans problème, avec la possibilité de reposer son cerveau pendant près de deux heures.

Note : 6.5/10


mardi 1 novembre 2016

Halloween : la nuit des masques


Titre : Halloween : la nuit des masques (Halloween)
Réalisateur : John Carpenter
Acteurs : Jamie Lee Curtis, Donald Pleasence, Tony Moran
Date de sortie en France : 14 mai 1979
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
La nuit d'Halloween 1963. Le jeune Michael Myers se précipite dans la chambre de sa soeur aînée et la poignarde sauvagement. Après son geste, Michael se mure dans le silence et est interné dans un asile psychiatrique. Quinze ans plus tard, il s'échappe de l'hôpital et retourne sur les lieux de son crime. Il s'en prend alors aux adolescents de la ville.

Avis : 
Classique du cinéma d'épouvante, œuvre fondatrice du slasher, acte de naissance de l'un des plus célèbres boogeymen de l'univers horrifique, La Nuit des masques de John Carpenter fait pourtant partie, tout comme Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, de ces films cultes pour lesquelles je n'ai aucune affinité. Pire encore en ce qui concerne le premier volet de ce qui est depuis devenu une saga interminable : Halloween m'ennuie profondément, les gimmick qu'il a contribué à créer étant autant de défauts à mes yeux.


Tueur implacable (enfin, la plupart du temps), victime cruches, symbolisme grossier, le film cumule toutes les tares du genre, jusqu'à le rendre insupportable à suivre. Impossible de ne pas lever les yeux au ciel face au comportement des victimes, ou face à ces explications improbables sur la nature profondément mauvaise de Michael Myers, le Mal incarné capable de retrouver par instinct le chemin de son ancienne ville et d'anticiper les déplacements de ses prochaines victimes mais incapable de poignarder une proie immobile lui tournant le dos. Sans doute la magie du bouclier virginal ?

Pour le reste, on appréciera néanmoins la mise en scène de Carpenter, qui joue à merveille avec les ombres, crée un certain suspense en insistant brillamment sur la menace qui plane sur le trio d'amies... mais semble parfois incapable de terminer rapidement ses séquences, privant peu à peu certains passages de leur impact. On saluera également la musique du film, élément culte et indissociable de la saga. En revanche, on gardera difficilement son sérieux devant l'interprétation, notamment avec cette impression constante de récitation des dialogues que l'on remarque en VO.

Oeuvre fondatrice mais remplie de défauts, Halloween, la nuit des masques est surtout mémorable pour la mise en scène et la musique de John Carpenter. Pour le reste, le film n'est qu'un slasher basique, auquel on préférera plusieurs autres œuvres ayant inspiré le genre, comme Black Christmas ou La Baie sanglante, mais qui reste infiniment supérieur à un Vendredi 13.

Note : 3.5/10

lundi 24 octobre 2016

Don't breathe - la maison des ténèbres


Titre : Don't breathe - la maison des ténèbres (Don't breathe)
Réalisateur : Fede Alvarez
Acteurs : Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette
Date de sortie en France : 5 octobre 2016
Genre : thriller

Synopsis : 
Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky est prête à tout. Avec ses amis Alex et Money, elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup. Mais leur victime va se révéler bien plus effrayante, et surtout bien plus dangereuse que ce à quoi ils s’attendaient…

Avis : 
Décidément, le pauvre Fede Alvarez semble être abonné aux accroches promotionnelles foireuses. Après le "vivez l'expérience cinématographique la plus terrifiante" de son Evil Dead, dont le but n'était certainement pas de faire peur, voici le "le meilleur film d'horreur américain des 20 dernières années". Utilisé à toutes les sauces, le slogan donne déjà naturellement envie de fuir le film plutôt que de lui donner une chance : il suffit de voir tous les navets qualifiés de meilleur film de ces vingt dernières années. Mais quand, en plus, il est utilisé pour promouvoir un film qui n'est même pas un film d'horreur, on nage dans les eaux profondes de l'idiotie la plus complète...


Bref, pour son second long-métrage, le réalisateur uruguayen Fede Alvarez signe un thriller, inversant pour l'occasion les codes du home invasion : alors que le genre met généralement en scène un foyer envahi par des étrangers malintentionnés (on pense par exemple au récent You're next), Don't breathe imagine que les intrus tombent sur un propriétaire beaucoup plus dangereux qu'ils ne l'imaginaient. Ici, un trio de cambrioleurs décide de s'attaquer à un ancien militaire aveugle, qui vit seul dans une maison isolée. Facile, sur le papier.

Mais voilà, le vétéran est resté terriblement efficace lorsqu'il s'agit de se défendre, d'autant qu'il a un lourd secret à garder. Cela donne des séquences terriblement efficaces, où Stephen Lang (Avatar) incarne une menace particulièrement angoissante malgré son handicap, à l'affût du moindre bruit pouvant trahir les intrus, les plongeant dans le noir afin de mieux les désorienter. Hélas, le film finit par être rattrapé par les défauts assez classiques du genre : la révélation du secret du propriétaire tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, et les personnages multiplient soudain tous les clichés possibles, refusant d'appeler la police, revenant sur leurs pas ou hésitant à achever leurs adversaires. Un peu frustrant.

Quelques moments de tension,un antagoniste très impressionnant, mais quelques gros défauts dans le dernier tiers : c'est assez pour faire de Don't breathe un petit thriller sympathique, bien meilleur que ne le laissait craindre cette accroche ringarde. Et c'est assez pour donner envie de continuer à suivre la carrière de Fede Alvarez, peut-être pour une adaptation de Dante's Inferno, de Monsterpocalypse ou d'Incognito ?

Note : 7/10




lundi 26 septembre 2016

Blair Witch


Titre : Blair Witch
Réalisateur : Adam Wingard
Avec : Brandon Scott, Callie Hernandez, Valorie Curry
Date de sortie en France: 21 septembre 2016
Genre : épouvante

Synopsis : 
  James et un groupe d'amis décident de s'aventurer dans la forêt de Black Hills dans le Maryland, afin d'élucider les mystères autour de la disparition en 1994 de sa sœur, que beaucoup croient liée à la légende de Blair Witch. Au départ, les jeunes étudiants s'estiment chanceux en tombant sur deux personnes de la région qui leur proposent de les guider à travers les bois sombres et sinueux. Mais tandis qu'ils s'enfoncent dans la nuit, le groupe est assailli par une présence menaçante. Peu à peu, ils commencent à comprendre que la légende est bien réelle et bien plus terrifiante que ce qu'ils pouvaient imaginer...

Avis : 
On s'en souvient encore : en 1999, un premier film fabriqué avec des bouts de ficelles devenait un véritable phénomène. Culte pour certains, arnaque pour les autres, Le Projet Blair Witch a bouleversé (pour le pire, diront beaucoup d'amateurs) le paysage du cinéma d'épouvante en popularisant le found footage, engendrant une monstrueuse descendance et quelques trop rares réussites. Après une suite en forme de thriller psychologique (bourrée de défauts, mais que j'aime assez), la saga revient là où elle est née, avec de fausses bandes découvertes en pleine forêt.



17 ans plus tard, nous voilà donc replongés dans les bois de Black Hills, avec un groupe suivant les traces de la sorcière de Blair et du trio disparu en 1994. Pas d'inquiétude, vous ne serez pas dépaysés : Adam Wingard, le réalisateur de You're next, va d'abord se contenter de nous offrir un Projet Blair Witch 2.0. Camping dans les bois, groupe qui se perd rapidement, figurines fabriquées avec des branches, cairns à l'entrée des tentes, tout y est, jusqu'à la visite finale dans la cabane perdue au milieu de la forêt.

Pourtant, on aura moins le sentiment d'être dans l'univers de Blair Witch que devant... un Paranormal activity forestier. En effet, oubliez ici la progression (très) lente du premier volet, oubliez toute subtilité, oubliez le mystère planant autour de la mort d'Heather : vous n'aurez que quelques minutes à patienter pour vous apercevoir qu'il y a bien une entité maléfique dans la forêt, que celle-ci n'est pas contente qu'on vienne encore se promener sur son territoire et qu'elle préfère maintenant déraciner des arbres et massacrer ses victimes de façon spectaculaire plutôt que de les attirer gentiment dans sa cave.


Dans une espèce de course à la surenchère qui ne colle absolument pas avec l'univers du film, on se retrouve donc avec des manifestations beaucoup plus violentes, avec une multiplication de jump-scares foirés, avec beaucoup plus de violence... Bref, avec tout ce qui fait la pauvreté du cinéma d'épouvante actuel. Les rares bonnes idées (les différentes phases temporelles, par exemple) ne sont pas développées, les personnages sont d'une connerie sans nom (on a rarement vu une telle volonté d'aller se promener seul...), et comble du comble, toute cette avalanche de moyens nuit considérablement au réalisme du film, largement dépassé dans cet exercice par la sobriété de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez.

Je n'ai jamais été fan du Projet Blair Witch (je lui préfère même sa suite, petit thriller psychologique pourtant bourré de défauts), mais il avait le mérite de proposer quelque chose de cohérent et de relativement novateur. Blair Witch n'est quant à lui qu'un énième found footage sans grand intérêt, sans frisson ni ambition, qu'on oubliera beaucoup plus vite que son modèle...

Note : 2/10

samedi 24 septembre 2016

Le Projet Blair Witch


Titre : Le Projet Blair Witch (The Blair Witch project)
Réalisateur : Daniel Myrick, Eduardo Sanchez
Acteurs : Heather Donahue, Michael C. Williams, Joshua Leonard
Date de sortie en France : 28 juillet 1999
Genre : épouvante

Synopsis : 
 En octobre 1994, trois jeunes cinéastes, Heather Donahue, Joshua Leonard et Michael Williams, disparaissent en randonnée dans la foret de Black Hill au cours d'un reportage sur la sorcellerie. Un an plus tard, on a retrouve le film de leur enquête. Le Projet Blair Witch suit l'itinéraire éprouvant des trois cinéastes a travers la foret de Black Hills et rend compte des événements terrifiants qui s'y sont déroulés. A ce jour, les trois cinéastes sont toujours portes disparus.

Avis : 
  Il n'est vraiment pas facile de parler de façon objective d'une œuvre telle que Le Projet Blair Witch. Chef d'oeuvre d'épouvante pour les uns, navet ultime et arnaque totale pour les autres, le film déchaîne les passions et laisse peu de spectateurs indifférents, chacun percevant les éléments caractéristiques du film comme autant de qualités ou autant de défauts. Pour la sortie du troisième film de la saga, je me suis replongé dans ce film fondateur qui, s'il n'a pas inventé le found footage, a largement contribué à le populariser... pour le plus grand malheur des fans de cinéma fantastique.



Avant même d'évoquer le film, il convient d'évoquer le « phénomène » Blair Witch. Présenté à l'époque de sa sortie comme un véritable document retraçant les dernières heures d'un groupe d'adolescents disparus, Le Projet Blair Witch est avant tout un petit bijou de marketing. Précurseurs dans leur utilisation d'internet à des fins promotionnelles, les responsables du film vont créer un site dédié à l'affaire Blair Witch, et le documenter avec des dizaines de photos, de faux témoignages, d'avis de recherche inventés pour le film. Toujours dans cette volonté d'entretenir le doute sur la réalité de l'affaire, les acteurs n'ont pas participé aux promotions du film, et ont même été décrits comme « disparus et présumés décédés » sur IMDB. De quoi attiser la curiosité des spectateurs, et expliquer en partie l'immense succès du film.

Ce jeu sur l'ambiguïté entre réalité et fiction se retrouve également dans l'interprétation. En effet, les trois acteurs principaux n'ont bénéficié que de très peu de directives de la part des réalisateurs, laissant une place très importante à l'improvisation. Cela donne une des principales forces du film : une interprétation naturelle, cohérente, qui retranscrit parfaitement la fatigue physique et nerveuse des personnages - il faut dire aussi que l'équipe du film leur faisait parcourir de nombreux kilomètres chaque jour et les réveillait en pleine nuit !



Pourtant, cette volonté de réalisme sera sans doute à l'origine du point le plus critiqué du film : son rythme, et son absence quasi-totale de péripéties. Pour certains, cela permettra d'installer une vraie ambiance, et de s'attacher aux personnages. Pour les autres, ce sera surtout une bonne occasion d'économiser des somnifères. Je dois bien avouer que, si j'aime plutôt les films au rythme lent, qui prennent le temps de présenter leurs personnages et qui installent le fantastique au goutte à goutte (comme le récent The Witch), Le Projet Blair Witch m'a profondément ennuyé, tout simplement parce que je n'y ai pas cru une seconde, et que le sujet ne m'a jamais intéressé.

Sans aller jusqu'à hurler à l'arnaque (un argument que je n'ai jamais compris), et si je salue la volonté d'installer le mystère - autant sur la véracité du documentaire que sur les événements que l'on voit dans le film - je n'accroche absolument pas au film, qui ne me fait frissonner à aucun moment (sauf peut-être dans les dernières minutes), et qui est finalement l'élément qui m'intéresse le moins dans l'univers très riche qui l'accompagne...

Note : 3/10

dimanche 18 septembre 2016

Independence Day : resurgence


Titre : Independence Day : Resurgence
Réalisateur : Roland Emmerich
Acteurs : Jeff Goldblum, Liam Hemsworth, Bill Pullman
Date de sortie en France : 20 juillet 2016
Genre : science-fiction

Synopsis : 
 Nous avons toujours su qu'ils reviendraient. La terre est menacée par une catastrophe d’une ampleur inimaginable. Pour la protéger, toutes les nations ont collaboré autour d’un programme de défense colossal exploitant la technologie extraterrestre récupérée. Mais rien ne peut nous préparer à la force de frappe sans précédent des aliens. Seule l'ingéniosité et le courage de quelques hommes et femmes peuvent sauver l’humanité de l'extinction.

Avis : 
Il y a donc (déjà !) vingt ans que les Américains sauvaient le Monde d'un envahisseur extraterrestre invincible. Deux décennies durant lesquelles Roland Emmerich aura tout fait exploser, du parc de Yellowstone à la Maison Blanche, deux décennies où il aura balancé un monstre géant au beau milieu de New York et foutu le bordel en pleine préhistoire, avant d'enfin revenir pour un film que l'on n'osait pas (plus ?) attendre : la suite, maintes fois annoncée puis annulée, de l'inénarrable Independence Day.


Car après s'être pris une grosse branlée en 1996, les aliens ne sont pas contents et sont bien décidés à se venger, et à pomper les ressources de notre bonne vieille Terre. Les américains, pendant ce temps-là, ont appris à utiliser la technologie extraterrestre, et en a profité pour reproduire les armes de destruction massive et pour faire de la Lune un avant-poste militaire über-mega-balèze. Hélas, ils n'avaient pas prévu que le nouveau vaisseau amiral extraterrestre serait over-giga-ultra-titanesque-de-la-mort, qu'ils contourneraient notre satellite naturel plus facilement qu'une Ligne Maginot et qu'ils nous infligeraient une blitzkrieg à base d'antigravité.

Vous l'aurez compris, le goût de Roland Emmerich pour la démesure est toujours intact, et peut-être même encore plus présent qu'avant. Il ne pourra s'empêcher de jouer avec tout ce qu'il trouve, de détruire des villes (goodbye, London), d'engager des dizaines d'appareils dans des joutes aériennes insensées ou, plus discrètement, de coller un portrait de Will Smith entre Washington et Lincoln à la Maison Blanche. En allant voir ID:R, vous vouliez sans doute voir tout ça, et il faut quand même avouer qu'on en aura généralement pour son argent, même si au milieu de tous les blockbusters de ces dernières années, rien ne permet véritablement de sortir le film du lot.



D'autant qu'en plus, Emmerich veut trop en mettre et finit par nous perdre : un semblant de scénario introduisant une nouvelle puissance extraterrestre, des clins d'oeil au précédent opus, notamment avec le retour d'anciens personnages, et enfin des emprunts à des classiques - ou pas - du genre, le film semblant parfois puiser son inspiration parmi les autres films du réalisateur ou chez certains de ses camarades mal aimés - j'avoue par exemple avoir pensé au final de Alien vs Predator...

On navigue entre gros effets spéciaux, grosses ficelles et incohérences dans un Independence Day : Resurgence qui ne tient finalement pas toutes ses promesses. Alors qu'on attendait un blockbuster idiot mais assez bourrin pour être mémorable, le nouveau Roland Emmerich se noie dans la masse, ne proposant qu'un film ni plus spectaculaire, ni plus con que la moyenne des blockbusters sortis cet été... et qu'on oubliera sans doute bien plus vite que son aîné, en attendant le troisième volet (en forme de space-opera ?) de ce qui semble immanquablement devoir être une trilogie. 

Note : 2.5/10






jeudi 25 août 2016

Suicide Squad


Titre : Suicide Squad
Réalisateur : David Ayer
Acteurs : Will Smith, Jared Leto, Margot Robbie
Date de sortie en France : 3 août 2016
Genre : action, super-héros

Synopsis : 
 C'est tellement jouissif d'être un salopard ! Face à une menace aussi énigmatique qu'invincible, l'agent secret Amanda Waller réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu'aux dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s'embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu'au moment où ils comprennent qu'ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ?

Avis : 
Regroupez les pires crapules possibles dans une alliance aussi improbable que fragile. Enrobez le tout de musiques cultes, et arrosez l'ensemble avec quelques répliques et poses bien badass : non, vous n'êtes pas devant Les Gardiens de la Galaxie, mais devant Suicide Squad, la réponse trop grand-public de DC à la réussite des films Marvel et à l'échec relatif de Batman v Superman. Au menu donc, des grands méchants édulcorés pour plaire au plus grand nombre, et un film qui essaye un peu trop d'être coooool pour son propre bien.


L'ensemble du film est parfaitement résumé dans les premières minutes où les principaux "méchants" sont présentés : effets visuels ringards, avec des ralentis et des zooms dans tous les sens, des textes incrustés à l'écran, un bon gros hit musical en fond sonore, le tout terriblement lisse. Et ce sera comme ça pendant deux heures : les soit-disant méchants ne sont finalement que des petites frappes, qui ne se rebellent jamais et ne sont jamais menaçants.

Symboles parfaits de cette tendance : Deadshot, incarné par un Will Smith qui fait du Will Smith, devient un pur héros classique, bon père de famille et toujours enclin à protéger ses amis, et Harley Quinn, uniquement là pour ses fesses, est juste vaguement exubérante. Ne parlons pas de Jared Leto, qui interprète un gangster aussi cliché que possible (poses de tueurs, rires de cinglé préfabriqué) que l'on peine à reconnaître comme le Joker.

Evidemment, on s'amusera parfois pendant le film, mais son absence totale d'enjeu (le scénario se limite à "on crée une équipe de méchant pour affronter une menace), d'évolution et d'ambition, couplée à une ringardise de tous les moments, rend ce nouveau film DC profondément indigeste - même s'il se murmure que tout cela serait dû à un remontage de dernière minute alors que la version d'origine était bien plus sombre. S'ils voulaient se tirer une balle dans le pied avant les nombreuses adaptations prévues pour les années à venir, c'est réussi...

Note : 3/10




mardi 23 août 2016

Le Monde de Dory


Titre : Le Monde de Dory (Finding Dory)
Réalisateur : Andrew Stanton, Angus MacLane
Acteurs : Ellen DeGeneres, Albert Brooks, Idris Elba
Date de sortie en France : 22 juin 2016
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
 Dory, le poisson chirurgien bleu amnésique, retrouve ses amis Nemo et Marin. Tous trois se lancent à la recherche du passé de Dory. Pourra-t-elle retrouver ses souvenirs ? Qui sont ses parents ? Et où a-t-elle bien pu apprendre à parler la langue des baleines ?

Avis : 
Avec cette suite du Monde de Némo, Pixar donne la parole à l'un des personnages secondaires les plus remarquables de son univers : Dory, le poisson amnésique. Principal ressort humoristique du premier volet, avec ses troubles de la mémoire à court terme, celle qui traversait l'océan avec Marin à la poursuite de Nemo devient donc l'héroïne de cette suite, où elle va tenter de retrouver sa famille.


Premier tour de force du film, ce ressort comique va être immédiatement retourné pour devenir un élément dramatique : l'amnésie de Dory n'est pas forcément drôle, surtout pour ses parents, qui tentent de lui apprendre à la surmonter... et surtout quand ça la sépare de sa famille. Ce second volet va beaucoup jouer sur l'émotion et la nostalgie, avec de nombreux flash-backs illustrant la jeunesse du poisson chirurgien.

Pour autant, le film n'oublie pas de reprendre les ingrédients de son aîné : l'humour est toujours présent, malgré quelques lourdeurs (les animaux débiles, ça me met un peu mal à l'aise), tout comme l'aventure. On traverse une nouvelle fois l'océan, on rencontre des créatures fantastiques (le calmar géant) et à fortes personnalités (le poulpe), même si l'aventure se concentre rapidement sur le Marineland.

On passe donc, à nouveau, un excellent moment devant ce nouveau Pixar, qui constitue une suite très réussie au Monde de Nemo. On appréciera notamment la mise en avant de Dory au centre d'un film qui joue à merveille la carte de l'émotion. Alors oui, c'est parfois un peu facile, parfois un peu grossier, mais quel plaisir !

Note : 8.5/10


dimanche 21 août 2016

Dernier train pour Busan


Titre : Dernier train pour Busan (Busanhaeng)
Réalisateur : Sang-ho Yeon
Avec : Gong Yoo, Kim Soo-ahn, Yu-mi Jeong
Date de sortie en France : 17 août 2016
Genre : action, horreur

Synopsis : 
 Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...

Avis : 
Avec plus de 10 millions d'entrée en Corée du Sud, et un accueil très positif au dernier festival de Cannes, Dernier train pour Busan semblait devoir être LA sensation ciné de ce mois d'août. Premier film live réalisé par Sang-ho Yeon (King of pigs, The Fake et le préquel à Dernier train pour Busan, Seoul Station), il imagine la fuite en train d'un groupe de voyageurs confrontés à une soudaine épidémie transformant les victimes en monstres sanguinaires.


Parfois présenté comme un mélange entre Snowpiercer (alors que l'unique point commun est le fait de situer l'action dans un train : doit-on pour autant le comparer à Unstoppable de Tony Scott ?) et World War Z (pour le côté "blockbuster avec des zombies), Dernier train pour Busan est surtout le résultat d'un mélange assez improbable de tous les clichés possibles, relevé d'une bonne pincée d'incohérences et de ficelles.

Le père qui travaille trop (et qui, en plus, est à la solde du méchant capitalisme, forcément responsable de la catastrophe) ; sa jeune fille qui lui en veut parce qu'il n'est pas assez présent ni attentionné (mais, évidemment, face à l'horreur de la situation, ils vont se retrouver) ; le membre de la classe ouvrière, forcément un peu rustre et vulgaire, mais avec un coeur gros comme ça ; le patron d'une grande société, impitoyable et prêt à tout pour sauver sa peau au détriment de celle des autres ; le groupe de sportifs directement issus d'un manga ; et une flopée de personnages invisibles et incapables d'agir ou de réfléchir... Une telle collection de stéréotypes interdit d'emblée tout lecture sociale du film tant il semble avoir été inspiré par la dissertation économique d'un collégien moyen.


Sur le fond, c'est donc complètement raté, mais sur la forme, ce n'est pas forcément plus glorieux. Incapable de tirer parti de l'espace confiné de son train, Sang-ho Yeon s'arrange pour nous en faire sortir plusieurs fois (ce qui correspond d'ailleurs aux passages les plus efficaces du film), et se contente de répéter les mêmes situations pour progresser de voiture en voiture. Une progression pas si compliquée finalement, puisque les zombies sont incapables d'ouvrir des portes, ne peuvent pas attaquer s'ils ne voient pas leur proie ou lorsque le train passe sous un tunnel, et ne réagissent au son que lorsque ça arrange le scénariste. Heureusement, les survivants sont souvent assez idiot pour faire le plus de bordel possible, et assez aveugles et sourds pour ne jamais remarquer de suspect, afin de réduire progressivement le nombre de personnages, par ailleurs un peu trop enclins au sacrifice.

Tout cela rend souvent le film involontairement drôle (et encore, je n'ai pas parlé des spasmes dignes des gymnastes des Jeux Olympiques qui animent les zombies lorsqu'ils se réveillent), et empêche toute surprise, toute tension ou toute émotion. Pourtant, on ne pourra pas nier l'efficacité de certains passages, notamment lorsque le film assume son aspect série B. Ces séquences, particulièrement jouissives, sont les plus maîtrisées de ce Dernier train pour Busan, film de zombies finalement bien banal et sans envergure, qui constitue un blockbuster d'action divertissant mais creux... comme nombre de ses cousins nord-américains.

Note : 4/10



mercredi 17 août 2016

Instinct de survie - the shallows


Titre : Instinct de survie - the shallows (The Shallows)
Réalisateur : Jaume Collet-Serra
Acteurs : Blake Lively, Angelo Lozano Corzo, Jose Manuel Trujillo Salas
Date de sortie en France : 17 août 2016
Genre : thriller

Synopsis : 
 Nancy surfe en solitaire sur une plage isolée lorsqu’elle est attaquée par un grand requin blanc. Elle se réfugie sur un rocher, hors de portée du squale. Elle a moins de 200 mètres à parcourir à la nage pour être sauvée, mais regagner la terre ferme sera le plus mortel des combats…

Avis : 
Depuis quelques années, les requins font tout, sauf des trucs de requins. Ils se promènent dans des tornades (Sharknado et ses suites), copulent avec des pieuvres (Sharktopus et ses suites), mesurent plusieurs dizaines de mètres (Mega Shark contre Giant Octopus... et ses suites), ou évoluent tranquillement dans le sable (Sand sharks) ou la neige (Snow sharks), quand ils n'ont pas carrément deux ou trois têtes (je vous laisse deviner les titres). Avec The Shallows, Jaume Collet-Serra semblait vouloir nous offrir un film plus crédible, dans la lignée des Open water - en eaux profondes ou The Reef.


 Nancy est une jeune américaine blonde aux mensurations de rêve, venue retrouver une plage paumée où sa mère avait été photographiée lorsqu'elle était enceinte. Mais attention : Nancy n'est pas qu'une bombe. Elle a suivi des études de médecine, s'intéresse à la nature et aux êtres humains (plus que son amie qui préfère se saouler et s'envoyer les autochtones), et a récemment perdu sa mère après une longue lutte contre le cancer. Bref, vous pouvez déjà ranger votre grille de bingo-clichés : ils y sont tous, expédiés en 5 minutes d'exposition avant que le réalisateur d'Esther ne décide de se concentrer sur ce qui nous intéresse le plus : la plastique de Blake Lively.

Filmée sous tous les angles et au ralenti lorsqu'elle se change sur la plage et enfile sa combinaison de surf, l'actrice semble très longtemps être davantage l'héroïne d'un téléfilm érotique basique (allez, on l'appellera The Swallows...) que d'un thriller horrifique avec un requin affamé. D'autant qu'après la partie présentation, après la partie glamour sur la plage, on a droit à une séquence de surf façon MTV, avec musique pop et (encore) des ralentis dans tous les sens. Dire qu'on attend alors impatiemment que le requin vienne s'en prendre à la naïade n'est qu'un euphémisme.



Petit problème : Jaume Collet-Serra ne sait pas vraiment ce qu'il doit faire avec son requin. Il a son idée de base (la jeune femme bloquée sur son ilot et menacée par le squale), mais comment la développer ? Doit-il rester dans un registre réaliste, façon 127 heures, ou dériver vers la série B ? Il va finalement naviguer entre deux eaux, ne choisissant jamais vraiment : d'un côté, il va tenter d'imaginer un comportement cohérent pour son requin et des conséquences crédibles de l'attaque sur l'héroïne, mais va de l'autre nous décrire un monstre redoutablement intelligent, gourmand et même rancunier, qui va multiplier les mises à morts de personnages ne participant au film que pour se faire bouffer. Le réalisateur pousse même le vice jusqu'à un inévitable et improbable clin d'oeil aux Dents de la mer qui fait finalement basculer le film vers le nanar dans sa dernière partie.

Si vous voulez mater les fesses de Blake Lively, Instinct de survie est fait pour vous. Si vous voulez un film de requin ne sachant jamais sur quel pied danser malgré quelques moments de tension et des effets spéciaux réussis, c'est également pour vous. Si vous n'avez pas envie de slalomer entre les clichés et les ficelles, sans parler des incohérences (c'est quand même un peu idiot, lorsque le ressort principal du film est de savoir quand la marée finira par recouvrir l'ilot, de se planter aussi souvent sur sa taille...), je vous conseillerai plutôt d'éviter le film, qui ne tient finalement aucune de ses promesses...

Note : 4/10


mardi 16 août 2016

Le Monde de Nemo


Titre : Le Monde de Nemo (Finding Nemo)
Réalisateur : Andrew Stanton, Lee Unkrich
Acteurs : Albert Brooks, Ellen DeGeneres, Willem Dafoe
Date de sortie en France : 26 novembre 2003
Genre : animation, aventures

Synopsis : 
Dans les eaux tropicales de la Grande Barrière de corail, un poisson-clown du nom de Marin mène une existence paisible avec son fils unique, Nemo. Redoutant l'océan et ses risques imprévisibles, il fait de son mieux pour protéger son fils. Comme tous les petits poissons de son âge, celui-ci rêve pourtant d'explorer les mystérieux récifs. Lorsque Nemo disparaît, Marin devient malgré lui le héros d'une quête unique et palpitante. Le pauvre papa ignore que son rejeton à écailles a été emmené jusque dans l'aquarium d'un dentiste. Marin ne s'engagera pas seul dans l'aventure : la jolie Dory, un poisson-chirurgien bleu à la mémoire défaillante et au grand coeur, va se révéler d'une aide précieuse. Les deux poissons vont affronter d'innombrables dangers, mais l'optimisme de Dory va pousser Marin à surmonter toutes ses peurs.

Avis : 
Somewhere, beyond the sea... Quel bonheur de se replonger, à l'occasion de la sortie du Monde de Dory, dans l'aventure sous-marine de Pixar nous présentant l'incroyable périple d'un poisson-clown craintif pour retrouver son fils enlevé par un plongeur. Un film en forme de récit initiatique pour les deux poissons, contraints de surmonter le décès brutal de la mère de Nemo.


S'il brasse, comme toujours chez Pixar, des thèmes sérieux (la famille monoparentale, l'abandon, les relations père/fils et évidemment une bonne dose d'écologie), la grande force du Monde de Nemo est avant tout son extraordinaire visuel : des dizaines de poissons et de créatures multicolores se croisent dans une multitude de décors, pour des séquences aussi belles que spectaculaires : la sortie scolaire, le sous-marin aux requins, les méduses, les tortues, la course-poursuite avec les mouettes...

Beau, rythmé, spectaculaire, mais également très drôle : des jeux de mots un peu grotesque au comique de situation (les pertes de mémoire de Dory) en passant par les innombrables clins d'oeil à la pop-culture (de Psychose à Shining et Les Dents de la mer en passant par les classiques Disney tels que Pinocchio ou Vingt mille lieues sous les mers), on sourit et rit régulièrement... tout en ayant droit à quelques jolies séquences émotion.

Le Monde de Nemo est l'une des plus belles réussites du studio Pixar, regroupant tous les éléments que l'on aime voir dans les films d'animation familiaux. Moins mature que Wall-e, Là haut ou encore Monstres et Cie, il constitue un excellent divertissement que l'on revoit à chaque fois avec le même plaisir !

Note : 8.5/10


vendredi 5 août 2016

Le Pic de Dante / Volcano


Titres :‭ ‬Le Pic de Dante‭ (‬Dante's Peak‭) ‬/‭ ‬Volcano
Réalisateurs :‭ ‬Roger Donaldson‭ ‬/‭ ‬Mick Jackson
Acteurs :‭ ‬Pierce Brosnan,‭ ‬Linda Hamilton,‭ ‬Charles Hallahan‭ ‬/‭ ‬Tommy Lee Jones,‭ ‬Anne Heche,‭ ‬Don Cheadle
Dates de sortie en France :‭ ‬2‭ ‬avril‭ ‬1997‭ ‬/‭ ‬27‭ ‬août‭ ‬1997
Genre :‭ ‬catastrophe

Synopsis :‭
Le Pic de Dante :‭ ‬Harry Dalton,‭ ‬volcanologue qui,‭ ‬à la suite de la mort de sa compagne,‭ ‬avait renoncé à ses recherches,‭ ‬renoue avec ses anciens collègues de l'United States Geological Survey de Vancouver.‭ ‬Le pic de Dante,‭ ‬volcan endormi dans l'Etat de Washington,‭ ‬présente des manifestations sismiques de faible amplitude.‭ ‬Harry est alors depeché sur les lieux.‭ ‬Il est vite alerté par diverses manifestations telluriques et en avertit le conseil municipal de la petite ville touristique située au pied du volcan.‭
Volcano :‭ ‬Ce n'est pas une petite secousse sismique qui va inquiéter la population de Los Angeles,‭ ‬depuis longtemps habituée aux caprices de la nature.‭ ‬Mais ce matin-là,‭ ‬quelques heures après qu'une brève secousse eut reveillé la ville en sursaut,‭ ‬sept employés municipaux qui réparent une canalisation meurent carbonisés par l'émanation d'une forte chaleur.‭ ‬Dépechée sur les lieux,‭ ‬le docteur Amy Barnes de l'Institut géologique va constater qu'une éruption volcanique menace la ville.‭

Avis :‭
Le Pic de Dante et‭ ‬Volcano.‭ ‬Deux films catastrophes sorti à quelques semaines d'intervalles,‭ ‬s'articulant autour d'une menace similaire,‭ ‬et mettant en avant des personnages comparables.‭ ‬D'un côté,‭ ‬Pierce Brosnan,‭ ‬vulcanologue,‭ ‬et Linda Hamilton maire de la ville,‭ ‬et ses enfants un peu agaçants ‭; ‬de l'autre,‭ ‬Tommy Lee Jones,‭ ‬employé de la ville et père d'une ado un peu cruche,‭ ‬et Anne Heche,‭ ‬géologue.‭ ‬Des couples qui se ressemblent beaucoup,‭ ‬jusque dans l'anticipation de la catastrophe là où le reste du monde les accuse de crier au loup.


Pourtant,‭ ‬en mettant en scène deux types d'éruptions différentes,‭ ‬dans des environnements diamétralement opposés,‭ ‬les deux films vont offrir deux visions bien distinctes de la catastrophe.‭ ‬Côté Dante,‭ ‬on se retrouve dans les décors de montagnes et de forêts du nord-est des Etats-Unis,‭ ‬pour une éruption explosive ‭; ‬côté Volcano,‭ ‬l'éruption effusive sème le chaos au beau milieu de Los Angeles.‭

L'enquête des scientifiques,‭ ‬puis la catastrophe en elle-même prendront ainsi des aspects bien différents :‭ ‬Pierce Brosnan et son groupe observent les transformations de la nature,‭ ‬le réchauffement des sources thermales,‭ ‬l'acidité des terres,‭ ‬autour d'un volcan en sommeil,‭ ‬là où Anne Heche suit la naissance du volcan grâce aux accidents urbains qui paralysent certains éléments.‭ ‬De même,‭ ‬si le premier groupe cherche avant tout à fuir la menace,‭ ‬Tommy Lee Jones essaie de sauver la ville des coulées de lave.‭ ‬Dans les deux cas,‭ ‬même si‭ ‬Le Pic de Dante est un peu plus intimiste,‭ ‬héroïsme et sacrifice sont au programme tandis que tout le monde meurt autour des héros‭ (‬sauf les chiens,‭ ‬bien évidemment‭)‬.

Allez,‭ ‬j'avoue une petite préférence un peu honteuse pour‭ ‬Volcano et son côté souvent ringard,‭ ‬notamment dans ses tentatives pour faire la morale‭ (‬le flic raciste,‭ ‬les différences entre couleurs gommées par la pluie de cendres‭)‬.‭ ‬Mais les deux figurent parmi mes films catastrophes favoris,‭ ‬et je ne peux regarder l'un sans enchaîner directement sur l'autre...‭ ‬et sans avoir envie d'enchaîner avec d'autres films du genre,‭ ‬comme‭ ‬Twister ou Daylight ‭!

Notes :‭
Le Pic de Dante :‭ ‬6,5/10
Volcano :‭ ‬6/10



samedi 30 juillet 2016

The Wave


Titre :‭ ‬The Wave‭ (‬Bølgen‭)
Réalisateur :‭ ‬Roar Uthaug
Acteurs‭ ‬:‭ ‬Kristoffer Joner,‭ ‬Thomas Bo Larsen,‭ ‬Aen Dahl Torp
Date de sortie en France :‭ ‬27‭ ‬juillet‭ ‬2016
Genre :‭ ‬catastrophe

Synopsis :‭
Après plusieurs années à surveiller la montagne qui surplombe le fjord où il habite,‭ ‬Kristian,‭ ‬scientifique,‭ ‬s’apprête à quitter la région avec sa famille.‭ ‬Quand un pan de montagne se détache et provoque un Tsunami,‭ ‬il doit retrouver les membres de sa famille et échapper à la vague dévastatrice.‭ ‬Le compte à rebours est lancé...‭

Avis :‭ 
Le‭ ‬7‭ ‬avril‭ ‬1934,‭ ‬un glissement de terrain au Norddalsfjord provoqua un immense tsunami,‭ ‬tuant‭ ‬40‭ ‬personnes sur les rives du fjord.‭ ‬Réalisé par Roar Uthaug‭ (‬Cold prey‭)‬,‭ ‬The Wave s'inspire de cet événement pour nous offrir un film catastrophe aussi prenant que banal.


Le film reprend ainsi tous les ingrédients classiques du genre.‭ ‬Le personnage principal est un scientifique qui remarque avant tout le monde les indices annonciateurs de la catastrophe.‭ ‬Evidemment,‭ ‬personne ne l'écoute,‭ ‬surtout que la saison touristique vient de débuter.‭ ‬C'est dommage,‭ ‬parce qu'il est apparemment le seul à savoir interpréter correctement les données que son centre recueille,‭ ‬et semble en plus posséder une espèce de lien télépathique avec la montagne.

En dehors de cet aspect très américanisant,‭ ‬The Wave‭ ‬se révèle néanmoins très efficace.‭ ‬La catastrophe décrite est assez nouvelle pour le spectateur,‭ ‬et la progression des indices se fait donc dans une certaine fraîcheur,‭ ‬sans verser dans le sensationnalisme.‭ ‬De même,‭ ‬la scène du tsunami est très impressionnante alors qu'elle ne dure que quelques secondes.‭ ‬Enfin,‭ ‬on appréciera de voir l'évolution des survivants dans un environnement restant hostile‭ (‬un hôtel noyé sous les eaux‭)‬,‭ ‬où les pires instincts humains refont surface.

On regrettera donc l'aspect très classique de l'histoire,‭ ‬jusqu'à un final insupportable,‭ ‬qui viennent atténuer la réussite de ce film catastrophe norvégien.‭ ‬Reste néanmoins un divertissement de qualité,‭ ‬qui remplit parfaitement son quota de spectaculaire et d'héroïsme.

Note :‭ ‬6,5/10


mercredi 20 juillet 2016

Conjuring 2 : le cas Enfield


Titre : Conjuring 2 : le cas Enfield (The Conjuring 2: the Enfield poltergeist)
Réalisateur : James Wan
Acteurs : Vera Farmiga, Patrick Wilson, Frances O'Connor
Date de sortie en France : 29 juin 2016
Genre : épouvante

Synopsis : 
Lorraine et Ed Warren se rendent dans le nord de Londres pour venir en aide à une mère qui élève seule ses quatre enfants dans une maison hantée par des esprits maléfiques. Il s'agira d'une de leurs enquêtes paranormales les plus terrifiantes…

Avis : 
En voilà que j'ai bien failli ne pas aller voir au cinéma. Pas fan du premier volet, que je trouvais plutôt moyen et absolument pas effrayant, refroidi par les comptes-rendus de chaos rencontrés lors de certaines séances et dans certaines salles, j'avais préféré utiliser ma carte illimitée pour aller voir des films plus intéressants. Puis, finalement, je me suis laissé tardivement tenter, dans des conditions royales (seul dans la salle !).


Après l'histoire de la famille Perron, James Wan s'intéresse ici aux deux plus célèbres enquêtes du couple Warren : Amityville, le temps d'une introduction à l'ambiance très réussie, puis le poltergeist d'Enfield, célèbre pour la couverture médiatique et les nombreux documents enregistrés à l'époque (on appréciera d'ailleurs d'en entendre et d'en voir certains pendant le générique de fin). Une nouvelle enquête donc, mais une structure similaire à celle du premier épisode, avec une première partie consacrée aux manifestations paranormales, et une seconde moitié s'articulant autour des interrogations des Warren.

Deux parties distinctes, mais un problème commun : l'énorme impression de déjà-vu. Pour les séquences où le poltergeist fait des siennes, le soucis vient du fait que James Wan ne connaît qu'une seule et unique recette pour tenter de faire frissonner le spectateur. Tout d'abord, un des personnages semble constater une situation anormale. Rapidement, il a la confirmation de l'étrangeté, ce qui se traduit à l'écran par un mouvement de caméra bien appuyé, accompagné d'une musique effrayante. On ne sait jamais, le spectateur est idiot, il pourrait très bien ne pas avoir remarqué que le camion de pompier a été relancé vers le jeune garçon, par exemple. Puis on s'approche peu à peu du visage du personnage, la musique cesse... On change de perspective et BIM ! JUMP-SCARE DE BOURRIN DANS TA FACE !


Déjà peu efficace en soit, le procédé a en plus l'immense désavantage d'être utilisé systématiquement par Wan depuis le premier Insidious. Résultat : alors que le réalisateur est parfaitement capable d'installer une vraie ambiance, il choisit, pour une raison inconnue, de la saborder dès qu'il le peut pour se contenter de jump-scares ratés. Ainsi, comme Insidious, comme Conjuring : les dossiers Warren, comme Insidious : chapitre 2, Conjuring 2 ne fait pas peur, alors qu'il y avait un potentiel formidable.

On doit donc se farcir une bonne heure d'un film d'épouvante qu'on a déjà vu (ce serait pas mal aussi d'oublier un peu Poltergeist un jour, James...) avant l'arrivée de Ed et Lorraine Warren qui viennent enfin donner un second souffle au film. Certes, il n'y aura là non plus pas beaucoup d'originalité ni de surprises, mais l'enquête fonctionne plutôt bien, on se prend au jeu, et même si l'on connaît le fin mot de l'histoire, l'opposition entre faits surnaturels avérés et canular est bien amenée, et répond agréablement aux doutes émis pendant la véritable affaire.

Une première partie sans saveur, en forme de film d'épouvante ne faisant jamais peur, et une seconde plus prenante concentrée sur l'enquête des Warren et la lutte contre l'entité démoniaque : Le Cas Enfield se révèle finalement aussi moyen que Les Dossiers Warren, avec exactement les mêmes qualités (oui, James Wan sait manier une caméra, même s'il se regarde parfois filmer et cède trop souvent à la facilité) et les mêmes défauts que son aîné. Vraiment pas de quoi s'exciter dans les salles de cinéma, donc...

Note : 4.5/10


dimanche 17 juillet 2016

The Strangers


Titre : The Strangers (Goksung)
Réalisateur : Na Hong-Jin
Acteurs : Kwak Do-Won, Hwang Jeong-min, Chun Woo-hee
Date de sortie en France : 6 juillet 2016
Genre : thriller, épouvante

Synopsis : 
La vie d’un village coréen est bouleversée par une série de meurtres, aussi sauvages qu’inexpliqués, qui frappe au hasard la petite communauté rurale. La présence, récente, d’un vieil étranger qui vit en ermite dans les bois attise rumeurs et superstitions. Face à l’incompétence de la police pour trouver l’assassin ou une explication sensée, certains villageois demandent l’aide d’un chaman. Pour Jong-gu aussi , un policier dont la famille est directement menacée, il est de plus en plus évident que ces crimes ont un fondement surnaturel…

Avis : 
Pour son troisième film après les excellents The Chaser et The Murderer, Na Hong-jin délaisse les environnements urbains pour nous plonger au sein d'un petit village coréen perdu en pleine campagne, sous une pluie qui semble éternelle. Un cadre particulier, où rumeurs, supertitions et préjugés se côtoient, et où Jong-goo, policier nonchalant et désabusé, va être amené à enquêter sur une étrange série de meurtre coïncidant avec l'arrivée d'un mystérieux ermite japonais, bouc-émissaire parfait pour la population locale.


Tout semble pourtant si simple au début : on explique rapidement que les crimes ont été commis par des villageois devenus fous après l'ingestion de champignons toxiques. Pourtant... Pourtant, il y a ces témoignages accusant l'étranger d'être un démon avide de chair fraiche. Il y a ces apparitions soudaines, puis ces disparitions. Il y a enfin la petite Hyo-jin, touchée à son tour par l'étrange mal : et si tout cela avait une explication surnaturelle et non rationnelle ?

Un thème classique, mais brillamment développé par le réalisateur coréen, qui va s'attacher à balayer nos certitudes, qui va nous forcer à revoir plusieurs fois notre copie sur l'origine des crimes et sur leur auteur grâce à une progression millimétrée.Tout comme le policier, l'idée d'une explication surnaturelle nous amuse d'abord, surtout lorsqu'elle prend les traits d'un vieux japonais nu aux yeux rouges. Mais The Strangers réussit à rend crédible l'irrationnel, et nous plonge peu à peu dans un Enfer mêlant adroitement réel et irréel, et qui trouvera son point d'orgue lors d'une étourdissante séquence d'exorcisme dont l'intensité laissera le spectateur sur le carreau.


Face à la menace qui pèse sur sa famille, le policier qui était jusqu'alors plutôt attachant, ne rechignant pas à arriver en retard au travail pour passer quelques minutes de plus avec sa fille, supportant sans broncher les remarques de ses collègues, devient un de ces flics instables que l'on rencontre régulièrement dans les thrillers sud-coréens, n'hésitant plus à menacer verbalement ou physiquement quiconque semble représenter un danger pour ses proches. Il faut saluer l'interprétation de Kwak Do-won, impeccable dans le rôle de ce flic ordinaire confronté à une situation extraordinaire, mais aussi celle de la jeune Kim Hwan Hee, absolument terrifiante.

Quelque part entre L'Exorciste et Memories of murder, Na Hong-jin brise les frontières entre thriller et épouvante, joue avec les codes (les personnages archétypaux du policier, de l'étranger, du shaman ou de la jeune femme mystérieuse) et nous offre une nouvelle plongée les plus sombres recoins de l'âme humaine. Une perle de nihilisme de 2h30, dont on ressort lessivés, mais aussi avec le sentiment de ne rien avoir vu d'aussi puissant dans le cinéma horrifique depuis pas mal d'années...

Note : 9.5/10