jeudi 30 juillet 2015

Poltergeist


Titre : Poltergeist
Réalisateur : Tobe Hooper
Acteurs : Craig T. Nelson, JoBeth Williams, Heather O'Rourke
Date de sortie en France : 20 octobre 1982
Genre : épouvante, horreur

Synopsis :
L'heureuse famille Freeling mène une vie tranquille et prospère dans la petite ville de Cuesta Verde. Cependant, leur maison devient le théâtre d'étranges phénomènes quand des objets commencent à se déplacer et que le sol se met à trembler. Une nuit, la petite Carol Anne disparaît et se met à communiquer avec ses parents à travers la télévision. Les Freeling font alors appel à un parapsychologue.

Avis :
Alors que son (inévitable) remake est s6rti sur nos écrans, voici l'occasion de se pencher de nouveau sur Poltergeist, de Tobe Hooper et Steven Spielberg. Si la paternité du film fait toujours débat actuellement (on reconnaît d'ailleurs parfaitement la patte de l'un ou de l'autre à certains moments du film), Poltergeist reste l'un des meilleurs classiques de l'horreur et de l'épouvante des années 80.


Bien sûr, l'ensemble a pris quelques rides, mais le film profite d'une progression scénaristique particulièrement soignée, alternant fantastique familial, avec des manifestations initiales plutôt innocentes et quelques jeux de lumières très "Rencontres du troisième type", et horreur plus frontale, avec arrachage de visage et apparitions monstrueuses plus proches de ce que peut nous offrir le réalisateur de Massacre à la tronçonneuse.

Le tout se met au service du mystère, passionnant, autour de la disparition de Carol Anne. Si je regrette que l'idée de la télévision soit finalement très peu exploitée, et que la révélation finale soit un peu trop classique, la recherche de la jeune fille, les différentes prises de contact avec l'autre monde et enfin le sauvetage nous tiennent en haleine jusqu'au bout. Bien entendu, tout n'est pas parfait, entre une interprétation parfois très moyenne et quelques effets spéciaux ratés, mais Poltergeist fait partie de ces films dont on se souvient des répliques et des scènes phares des années plus tard.

Dans la longue liste des films des années 80 qui ne nécessitaient aucune relecture (ni aucune suite...), Poltergeist de Tobe Hooper et Steven Spielberg est l'une des oeuvres les plus marquantes du genre horrifique, une réussite qui a très bien vieilli malgré quelques éléments devenus cocasses avec le temps (la médium, notamment), et qu'on revoit toujours avec le même plaisir. On ne pourra clairement pas en dire autant de son remake...

Note : 8,5/10


dimanche 26 juillet 2015

Harry Potter et la Chambre des secrets


Titre : Harry Potter et la Chambre des secrets (Harry Potter and the Chamber of secrets)
Réalisateur : Chris Columbus
Acteurs : Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson
Date de sortie en France : 4 décembre 2002
Genre : aventures, fantastique

Synopsis :
Alors que l'oncle Vernon, la tante Pétunia et son cousin Dudley reçoivent d'importants invités à dîner, Harry Potter est contraint de passer la soirée dans sa chambre. Dobby, un elfe, fait alors son apparition. Il lui annonce que de terribles dangers menacent l'école de Poudlard et qu'il ne doit pas y retourner en septembre. Harry refuse de le croire.
Mais sitôt la rentrée des classes effectuée, ce dernier entend une voix malveillante. Celle-ci lui dit que la redoutable et légendaire Chambre des secrets est à nouveau ouverte, permettant ainsi à l'héritier de Serpentard de semer le chaos à Poudlard. Les victimes, retrouvées pétrifiées par une force mystérieuse, se succèdent dans les couloirs de l'école, sans que les professeurs - pas même le populaire Gilderoy Lockhart - ne parviennent à endiguer la menace. Aidé de Ron et Hermione, Harry doit agir au plus vite pour sauver Poudlard.

Avis :
Deuxième volet des aventures de Harry Potter, La Chambre des secrets va, après un premier volet largement consacré à la présentation du monde des sorciers et de ses personnages phares, pouvoir enclencher la seconde et développer plus d’éléments, tout en mettant en avant certains événements qui, s’ils semblent presque anecdotique, se révéleront capitaux pour la suite.


 On découvre ainsi de nouveaux personnages, de nouveaux lieux, offrant une facette plus sombre d'un monde dont nous avions surtout vu les beaux côtés dans HP à l'école des sorciers. Avec les apparitions de Dobby, elfe – esclave, et de son maître Lucius Malfoy, on s'aperçoit que cet univers est fortement marqué par les idées de hiérarchie entre les races et les origines : un elfe de la maison, malgré ses pouvoirs, n'est ainsi qu'un domestique, et les sorciers nés de deux parents moldus, les « sang de bourbe », ne valent pas grand-chose aux yeux des sangs purs.

Un racisme qui sera au centre de l'intrigue de ce second volet, avec une menace constante sur la tête de certains élèves alors que nous en apprenons un peu plus sur Voldemort et sur la maison Serpentard. Nous découvrons également plusieurs nouvelles créatures, dont les redoutables Acromentules menées par Aragog, au cœur d'une étonnante course-poursuite qui glacera le sang des arachnophobes. Les scènes d'action sont par ailleurs plutôt réussies, malgré quelques effets numériques vieillissant, et l'enquête autour des attaques des élèves est très intéressante.


Un cran au-dessus du premier volet, HP et la Chambre des secrets continue à mettre en place les principaux éléments du monde imaginé par J.K Rowling, en présentant une face un peu plus sombre de l’univers des sorciers – qui annonce le très noir HP et le Prisonnier d’Azkaban. Magie, action et humour sont toujours présents, au profit d’un scénario intéressant mettant doucement en branle les mécanismes de la saga.

Note : 8/10


jeudi 23 juillet 2015

Victoria


Titre : Victoria
Réalisateur : Sebastian Schipper
Acteurs : Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski
Date de sortie en France : 1er juillet 2015
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper…

Avis : 
Récompensé à la Berlinale 2015 et au Festival international du film policier de Beaune, Victoria a surtout fait parler de lui pour son mode de réalisation : il s'agit un effet d'un seul et unique plan séquence de 2h15, le film ayant été tourné en temps réel et le metteur en scène ayant laissé les acteurs improviser la plupart de leurs dialogues. Et à l'écran, l'illusion est parfaite : on a l'impression de côtoyer le groupe grâce à une réalisation étonnamment fluide et des échanges très naturels entre des acteurs impressionnants.


 Seulement, la forme parvient difficilement à faire oublier qu'il ne se passe strictement rien pendant une heure, et que la seconde partie plus rythmée est consacrée à une histoire peu cohérente et empruntant les sentiers les plus communs du genre. Si les personnages sont sympathiques, et qu'on prend un vrai plaisir à les suivre dans leur épopée nocturne pendant les premières minutes, on finit par s'en lasser et à vraiment s'ennuyer, d'autant que le film est vraiment très long.

Alors même qu'elle est plus rythmée, la seconde partie semble même plus longue que la première, à l'exception de scènes très réussie comme la fusillade (que le mode de réalisation rend effectivement impressionnante), en raison de passage inutilement longs et d'événements banals et difficilement crédibles. On a presque l'impression que cette seconde partie n'a été ajoutée que pour inclure une histoire dramatique au film, ce qui ne fait que l'allonger artificiellement et finit par nous ennuyer.

Avec Victoria, la forme prend donc largement le pas sur le fond, et le mode de réalisation, certes impressionnant et parfois virtuose, ne parvient pas à cacher l'absence d'intérêt de l'histoire, malgré des acteurs impeccables. Le film aurait sans doute gagné à être écourté et à se concentrer davantage sur une vraie histoire, plutôt que de n'être qu'une belle et longue coquille vide...


Note : 5/10

mardi 21 juillet 2015

Ant-Man


Titre : Ant-Man
Réalisateur : Peyton Reed
Acteurs : Paul Rudd, Michael Douglas, Evangeline Lilly
Date de sortie en France : 14 juillet 2015
Genre : action, super-héros

Synopsis :
Scott Lang, cambrioleur de haut vol, va devoir apprendre à se comporter en héros et aider son mentor, le Dr Hank Pym, à protéger le secret de son spectaculaire costume d’Ant-Man, afin d’affronter une effroyable menace…

Avis :
Pour terminer la seconde vague de films inspirés de l'univers des Avengers, Marvel a choisi de mettre en avant un héros moins connu que les Iron Man ou Captain American : Ant-Man, l'homme-fourmi. Un choix étonnant, et d'autant plus audacieux que le projet a longtemps été confié à Edgar Wright, le réalisateur, entre autres, des excellents Shaun of the dead et Scott Pilgrim. Hélas, à la suite de divergences artistiques (le projet de Wright s'éloignant apparemment trop de l'univers des 11 films précédents), le britannique laisse la réalisation à Peyton Reed, tout en restant crédité au scénario. Dès lors, on pouvait presque craindre le pire : ce ne sera finalement pas le cas, et Ant-Man constitue même, à mes yeux, le film le plus réussi de la saga Avengers au cinéma, davantage même que le premier Iron Man ou que Captain America : le soldat de l'hiver.


Avec Ant-Man, on revient enfin à un héros plus humain, aux motivations plus classiques : plus question de sauver le monde d'une invasion extraterrestre quadridimensionnelle à la recherche d'un énième objet surpuissant : Scott Lang est un cambrioleur souhaitant continuer à voir sa fille malgré son divorce, et Hank Pym souhaite que son invention ne soit pas utilisée à des fins militaires. Une toile de fond plus réaliste qui va convenir à merveille à son héros et à ses caractéristiques.

Grâce à son costume, Ant-Man est donc capable de rapetisser, avec les avantages et les inconvénients que cela entraîne. Bien sûr, le héros, digne hériter de L'Homme qui rétrécit ou de Chérie, j'ai rétréci les gosses ! peut se faufiler presque n'importe où, mais il peut aussi service de petit-déjeuner à une souris, périr noyé dans une baignoire ou risquer sa vie en traversant une piste de danse. Le film va utiliser à la perfection ces situations, entraînant le pauvre Scott Lang dans des péripéties aussi spectaculaires que drôles

La découverte du costume, son entraînement auprès du docteur Pym, ses premières rencontres avec les fourmis donnent ainsi lieu à des passages très réussis, où le film joue parfaitement sur l'aspect ridicule de certaines situations et s'amuse constamment des perspectives visuelles et des lois de la physique. Les scènes d'action sont à ce titre une autre réussite, le mélange entre humour et spectaculaire faisant des merveilles.


La principale qualité de ce Ant-Man est finalement d'être pleinement conscient des aspects saugrenus de son héros, et d'en assumer pleinement et joyeusement les conséquences, passant même tout près de la meilleure mort de super-vilain de tous les temps. Cela donne un film aussi drôle que spectaculaire, qui fourmille d'idée (puisque tout le monde la fait, moi aussi !) et dont les éléments humoristiques font mouche à chaque fois (même remarque qu'au-dessus). 

Note : 9/10


dimanche 19 juillet 2015

Kingsman : services secrets


Titre : Kingsman : services secrets (Kingsman: the secret service)
Réalisateur : Matthew Vaughn
Acteurs : Colin Firth, Samuel L. Jackson, Taron Egerton
Date de sortie en France : 18 février 2015
Genre : comédie, espionnage

Synopsis : 
KINGSMAN, l’élite du renseignement britannique en costumes trois pièces, est à la recherche de sang neuf. Pour recruter leur nouvel agent secret, elle doit faire subir un entrainement de haut vol à de jeunes privilégiés aspirant au job rêvé. L’un d’eux semble être le candidat « imparfaitement idéal » : un jeune homme impertinent de la banlieue londonienne nommé Eggsy. Ces super-espions parviendront-ils à contrer la terrible menace que fait peser sur le monde l’esprit torturé du criminel Richmond Valentine, génie de la technologie ?

Avis : 
Après Kick Ass, Matthew Vaughn adapte un nouveau comic book de Mark Millar : The Secret service. Entre hommage et pastiche du film d'espionnage à l'anglaise, Kingsman va se révéler comme l'un des films les plus déjantés de 2015, avec un humour ravageur et des scènes d'action complètement folles.


Si on pense par moments à Men in black, avec cette relation entre le mentor flegmatique et son jeune élève turbulent qui découvre un nouveau monde, avec ses codes, ses gadgets, ses armes, Kingsman va surtout s'acharner à détourner les codes des James Bond et compagnie jusque dans les ennemis qu'auront à affronter les héros. On rit ainsi très souvent devant ces passages parodiques, mais aussi devant cette irrévérence qui renvoie Austin Powers dans les bacs à sable (notamment lors d'une série d'explosions hilarante).

A côté de cet humour, on trouve également quelques scènes d'action parfaitement jouissives, dans la lignée des passages mettant en scène Hit Girl dans Kick Ass. Les scènes de combat de Colin Firth, ou cet hallucinant passage dans l'église risquent ainsi de rester longtemps dans les mémoires. Enfin, on notera un casting impressionnant, d'un Samuel L. Jackson formidable en grand méchant exubérant, Colin Firth impeccable en espion so british, et Michael Caine est comme toujours parfait.

Kingsman : services secrets est donc une excellente surprise, d'autant que je ne savais même pas avant de le voir que le film était réalisé par Matthew Vaughn (ça se remarque cependant assez vite, avec quelques plans, quelques figures et même quelques éléments de décor rappelant Kick Ass). Un film complètement fou, qui enchaîne les scènes cultes et les passages vraiment drôles pour notre plus grand bonheur.

Note : 9/10


mardi 14 juillet 2015

Masaan


Titre : Masaan
Réalisateur : Neeraj Ghaywan
Acteurs : Richa Chadda, Vicky Kaushal, Sanjay Mishra
Date de sortie en France : 24 juin 2015
Genre :  drame

Synopsis : 
Bénarès, la cité sainte au bord du Gange, punit cruellement ceux qui jouent avec les traditions morales. Deepak, un jeune homme issu des quartiers pauvres, tombe éperdument amoureux d'une jeune fille qui n’est pas de la même caste que lui. Devi, une étudiante à la dérive, vit torturée par un sentiment de culpabilité suite à la disparition de son premier amant. Pathak, père de Devi, victime de la corruption policière, perd son sens moral pour de l’argent, et Jhonta, un jeune garçon, cherche une famille. Des personnages en quête d'un avenir meilleur, écartelés entre le tourbillon de la modernité et la fidélité aux traditions, dont les parcours vont bientôt se croiser...

Avis : 
Avec Masaan, Neeraj Ghaywan nous propose de suivre trois histoires plus ou moins imbriquées entre elles, trois drames illustrant les injustices et inégalités en Inde : place de la femme, police corrompue et relations inter-castes impossibles sont au programme... comme d'habitude lorsqu'on est en présence d'une oeuvre indienne finalement...


Car on a évidemment l'impression d'avoir déjà vu tout cela, et la volonté de rassembler trois histoires renforce encore ce sentiment en ne développant correctement aucune d'elle, jouant au contraire au maximum sur de grosses ficelles pour faire avancer les différents récits (la conclusion de l'histoire entre Deepak et l'élue de son coeur est franchement ridicule...) et s'appuyant sur des raccourcis scénaristiques grossiers pour relier l'ensemble (notamment la façon dont l'histoire de Deepak va se répercuter sur celle de Pathak).

Tout ceci est d'autant plus regrettable que, bien que classiques, les trois histoires démarraient plutôt bien, grâce notamment à des personnages attachants. Mais ce triple drame social indien finit rapidement par tourner en rond et être rattrapé par la banalité de ses thèmes, et le film n'étonne jamais. Masaan perd donc très vite tout son potentiel immersif et émouvant, et ne donne pas l'occasion d'être scandalisé par les éléments qu'il entend pourtant dénoncer...

Cela donne une oeuvre loin d'être mauvaise, mais qui ne souffle ni le chaud ni le froid et se contente malheureusement de rester en surface, sacrifiant chacune des trois histoires qui auraient peut-être mérité chacune un long métrage davantage développé et travaillé...

Note : 5/10




dimanche 12 juillet 2015

Jupiter : le destin de l'Univers


Titre : Jupiter : le destin de l'Univers (Jupiter ascending)
Réalisateur : Andy et Lana Wachovsky
Acteurs : Mila Kunis, Channing Tatum, Sean Bean
Date de sortie en France : 4 février 2015
Genre : science fiction

Synopsis : 
Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n'a d'autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n'est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l'attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d'un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l'équilibre du cosmos…

Avis : 
Après le très bon Cloud Atlas, les Wachowski continuent à explorer leur vision de la science-fiction avec Jupiter : le destin de l'Univers (rien que ça !), une oeuvre à mi-chemin entre le space-opera à la Star Wars et le cyberpunk à la Matrix. Au programme donc, combats dans l'espace, créatures fantastiques, romance entre la princesse et le soldat pour un film dont la générosité n'a d'égale que le côté bordélique.


En effet, l'histoire part dans tous les sens, avec cette reine réincarnée dans le corps d'une terrienne, avec notre planète devenant la source de toutes les convoitises, avec cette idée déjà présente dans Matrix de l'humain élevé pour servir d'énergie à une entité qui l'élève comme du bétail, avec des trahisons dans tous les sens, des querelles familiales, avec des pouvoirs spéciaux, des passés torturés... Bref, tout ça aurait sans doute facilement rempli deux ou trois films et, si on ne va pas reprocher aux Wachowski de ne pas prendre le spectateur pour une vache à lait, leur film devient vite indigeste, d'autant qu'il ne fait que deux choses : en foutre plein la tête d'un spectateur incapable de gérer autant d'informations dont aucune ne semble vraiment majeure, et lui en foutre plein les yeux.

Quand il ne se montre pas bavard, Jupiter nous offre en effet un festival de scènes d'action, qui partent elles-aussi dans tous les sens. Si le duo fait un véritable effort pour rendre ces passages lisibles, il faut reconnaître qu'on s'y perd également par moments, la faute à une surenchère constante et à quelques idées un peu idiotes (les bottes anti-gravité de Tatum). Pourtant, la qualité des effets spéciaux et certains passages très spectaculaires permettent de remonter le niveau du film, réveillant le spectateur anesthésier par les histoires de cours et de coeur. Visuellement, ces passages sont très réussis, bien plus en tout cas que certains décors intérieurs ou certains aliens. Allez, on aura au moins le loisir d'admirer Mila Kunis (Black swan, Le Monde fantastique d'Oz) et / ou Channing Tatum (White House down, Foxcatcher).

Jupiter ascending est donc finalement assez symptomatique du cinéma des Wachowski : d'une générosité folle, mais souvent bordélique dans sa volonté d'en mettre le plus possible et d'aligner les inspirations, références et autres clins d'oeil avec un chausse-pied. Hélas, cette fois, la surenchère noie complètement le film, autant dans les nombreuses scènes d'action que dans les nombreuses scènes plus calmes, donnant un film bourrin et grossier dont on ressort épuisé...

Note : 6/10


jeudi 9 juillet 2015

Vice versa


Titre : Vice versa
Réalisateur : Pete Docter
Acteurs : Amy Poehler, Bill Hader, Mindy Kaling
Date de sortie en France : 17 juin 2015
Genre : animation, aventures, comédie

Synopsis : 
Au Quartier Général, le centre de contrôle situé dans la tête de la petite Riley, 11 ans, cinq Émotions sont au travail. À leur tête, Joie, débordante d’optimisme et de bonne humeur, veille à ce que Riley soit heureuse. Peur se charge de la sécurité, Colère s’assure que la justice règne, et Dégoût empêche Riley de se faire empoisonner la vie – au sens propre comme au figuré. Quant à Tristesse, elle n’est pas très sûre de son rôle. Les autres non plus, d’ailleurs… Lorsque la famille de Riley emménage dans une grande ville, avec tout ce que cela peut avoir d’effrayant, les Émotions ont fort à faire pour guider la jeune fille durant cette difficile transition.

Avis : 
Que peut donc avoir une gamine de 11 ans dans la tête ? Comment peut-on expliquer ses réactions, défiant parfois toute logique ? C'est simple : elle est contrôlée, comme nous tous, par cinq émotions qui organisent chaque instant de sa vie, qui gèrent la moindre de ses réactions... et qui sont parfois dépassées par les événements. Ainsi, quand Riley déménage avec sa famille dans une nouvelle ville, dans une maison peu accueillante, tout bascule.


Avec Vice versa, on retrouve enfin ce qu'on aime chez Pixar, et qu'on avait du mal à retrouver depuis quelques années. Loin des décevants Rebelle ou Monstres Academy, le dernier film de Pete Docter (à qui l'on doit déjà les excellents Là-haut et Monstres et Cie) renoue avec le divertissement de qualité, avec ce double niveau de lecture qui en fait toute la richesse, autant pour les enfants que pour les adultes.

Ainsi, aux côtés des scènes d'actions très réussies, des passages hilarants (la fabrique du cauchemar), des séquences plus tristes (Big Bong), on retrouve une réflexion très intelligente sur la perte de l'innocence, sur la nostalgie, avec des événements qui évoquent une foule de souvenirs aux adultes dans une étonnante complicité entre le film et le spectateur qui se reconnaît dans les Emotions, et qui aura sans doute une réaction bien plus forte que l'enfant face à la destruction de certains symboles ou de certaines illusions de la jeunesse.

Vice versa signe donc le retour au sommet de Pixar, par le biais de son réalisateur le plus doué. Il nous replonge avec humour (la chanson qui reste dans la tête) et intelligence dans nos souvenirs, et semble même s'adresser davantage à un public adulte qu'à un public enfantin - n'en déplaise à François Aubel, du Figaro. Et si je reste un fan absolu de Wall-e, ce Vice versa entre directement parmi les tous meilleurs films du studio.

Note : 9/10


dimanche 5 juillet 2015

La prochaine fois je viserai le coeur


Titre : La prochaine fois je viserai le coeur
Réalisateur : Cédric Anger
Acteurs : Guillaume Canet, Ana Girardot, Jean-Yves Berteloot
Date de sortie en France : 12 novembre 2014
Genre : policier

Synopsis : 
Pendant plusieurs mois, entre 1978 et 1979, les habitants de l’Oise se retrouvent plongés dans l’angoisse et la terreur : un maniaque sévit prenant pour cibles des jeunes femmes. Après avoir tenté d’en renverser plusieurs au volant de sa voiture, il finit par blesser et tuer des auto-stoppeuses choisies au hasard. L’homme est partout et nulle part, échappant aux pièges des enquêteurs et aux barrages. Il en réchappe d’autant plus facilement qu’il est en réalité un jeune et timide gendarme qui mène une vie banale et sans histoires au sein de sa brigade. Gendarme modèle, il est chargé d’enquêter sur ses propres crimes jusqu’à ce que les cartes de son périple meurtrier lui échappent.

Avis : 
"Inspiré de l'histoire vraie" du meurtrier Alain Lamarre, La prochaine fois je viserai le coeur nous fait donc suivre un gendarme tueur en série, interprété par un Guillaume Canet (Jappeloup, En solitaire) très loin de ses rôles habituels. Un assassin qui nous suivons au plus près, dans son quotidien, dans son travail... et dans ses crimes. Avec apparemment la volonté d'empiler le plus de clichés possibles.


Cela démarre pourtant bien, avec cette séquence où Guillaume Canet suit longuement une jeune femme avant de l'agresser. Hélas, alors que tout semblait indiquer que cet événement aurait une importance pour la suite, la victime semblant reconnaître le gendarme qui vient l'interroger à l'hôpital, l'épisode sera rapidement oublié, et le film s'enfoncera progressivement dans un classicisme assez agaçant, notamment dans la description de son meurtrier.

Car le gendarme assassin est, évidemment, une personne réservée, qui pratique la flagellation, qui est incapable d'avoir une relation avec une femme, qui est incompris par ses proches et ses collègues. Tous les clichés y passent, et font perdre toute leur force aux scènes de meurtres, pourtant réussies. L'interprétation de Guillaume Canet suit le même mouvement, sombrant peu à peu dans l'absence totale de nuances, flingué par un personnage mal écrit et dont la crédibilité s'efface à chaque seconde.

On attendait donc un peu mieux de ce film policier hélas balisé et se contentant de suivre le cahier des charges et la liste des idées les plus éculées du genre. La prochaine fois, je regarderai autre chose...

Note : 4/10




mercredi 1 juillet 2015

Unfriended


Titre : Unfriended
Réalisateur : Levan Gabriadze
Acteurs : Shelley Hennig, Moses Jacob Storm, Renee Olstead
Date de sortie en France : 24 juin 2015
Genre : épouvante

Synopsis : 
Une jeune lycéenne se suicide après qu'une vidéo compromettante sur elle ait été publiée sur Internet. Un an plus tard, six de ses amis se connectent, un soir, sur skype, pour "tchater" entre eux. Mais une septième personne, inconnue des autres, se connecte également. Cet intrus se montre très vite sous un visage inquiétant et menace les six amis de tuer le premier qui se déconnectera. Peu à peu, les événements tragiques qui ont marqué la bande, un an plus tôt, refont surface et se montrent sous un nouveau jour.

Avis : 
A la fin d'Unfriended, je dois bien l'avouer : j'ai versé ma petite larme. En effet, j'ai eu l'impression d'avoir vécu quelque chose d'historique, un événement que je pourrai raconter aux enfants de mes enfants : après des années à voir le cinéma d'horreur et d'épouvante creuser, après avoir supporté du Paranormal activity, du The Baby, du Ouija ou du Possédée, j'ai enfin pu assister au moment précis où on a touché le fond. Oui, j'ai vu Unfriended au cinéma, et contrairement à beaucoup d'autres spectateurs de ma séance, je suis resté jusqu'au bout.


L'histoire s'inspire des faits divers dont on entend régulièrement parler depuis l'avènement des réseaux sociaux, en prenant comme base le suicide d'une adolescente harcelée sur Facebook et compagnie. Enfin, on aura du mal à la plaindre : c'est en fait l'histoire d'une fille qui, un soir, se bourre tellement la gueule qu'elle finit par se faire caca dessus, et évidemment, quelqu'un la filme et fout la vidéo sur youtube. Non, je n'invente même pas. Je ne peux pas être le seul à penser qu'elle a bien mérité qu'on se foute de sa gueule... Et donc, elle se suicide, et reviendra se venger par là où tout a commencé : par internet (non, pas par le caca).

Tout ça n'est donc qu'un prétexte pour imaginer une histoire de vengeance monstrueusement banale, avec un esprit qui va éliminer chacun de ses tortionnaires en s'efforçant de dévoiler la vérité sur leur rôle respectif, ainsi que leurs petits secrets. Problème : on s'en double-contrebat les couilles. Pas aidés par une direction inexistante, les acteurs interprètent les adolescents les moins sympathiques du monde, et on ne s'intéresse à aucun moment à eux, à ce qu'ils ont pu faire à Laura machin, ou à ce qui va fatalement leur arriver. En résumé, on est tout simplement devant les lycéens typiques de ce genre de film, qui consomment plus d'alcool, de drogue et d'amants que de dictionnaires. Mais peut-être est-ce là également le public ciblé par le film.


Non, la vraie "originalité" du film (enfin, "originalité", c'est juste le prolongement des found-footages qu'on bouffe par douzaines depuis plusieurs années, et l'idée de s'amuser avec les fonctionnalités d'un ordinateur a déjà été utilisée par des films comme Echap ou Open windows), c'est que pendant 1h20, nous ne verrons que l'écran d'ordinateur de l'un des personnages. Une idée franchement conne, mais qui a le mérite d'être exploitée jusqu'au bout : le film se déroule ainsi en temps réel, et on n'échappera pas à certains bugs et ralentissements inhérents au support. Mais là encore, il y a un sérieux problème : ça intéresse qui, franchement, de voir ce que fout une adolescente idiote sur son ordinateur qu'elle sait à peine utiliser pendant 1h20 ? Un conseil d'ailleurs : entre les multiples sons (vous savez sans doute à quel point une sonnerie skype ou les alertes facebook sont irritantes : vous en saignerez des tympans au bout de 10 minutes) et la réalisation qui vous filera la nausée, dévalisez une pharmacie avant de voir le film.

Nous suivrons donc les conversations sur skype de Blaire (non, la France n'a pas le monopole des prénoms pourris, merci !), ses discussions en abrégé, ses recherches qui n'intéressent qu'elle. Bref, le vide sidéral, à peine rempli par les interventions de camarades aussi creux qu'elle, et par les manifestations de plus en plus agressives d'un interlocuteur "inconnu" prenant l'identité de l'amie qui s'est suicidée après son accident de transit. A partir de là, tout va se dérouler exactement comme vous pouvez l'imaginer, l'entité (par ailleurs l'unique personnage à s'exprimer correctement) s'amusant avec ses victimes avant de les tuer.

Insupportable, Unfriended est l'une de mes pires expériences cinématographiques de ces dix dernières années. Une oeuvre si insipide que je vous encouragerais presque à le voir vous-même pour bien saisir l'ampleur de cette célébration du vide et de la bêtise ; un film qui vous fera saigner des yeux, des oreilles et du cerveau, et dont la nullité abyssale sera difficile à surpasser. Mais on sait déjà que certains vont essayer...

Note : 0/10