dimanche 27 août 2017

Godzilla: Resurgence


Titre : Godzilla : Resurgence (Shin Gojira)
Réalisateurs : Hideaki Anno, Shinji Higuchi
Acteurs : Hiroki Hasegawa, Satomi Ishihara, Yutaka Takenouchi
Date de sortie en France : -
Genre : kaiju eiga

Synopsis : 
Après un étrange incident dans la baie de Tokyo, une créature gigantesque apparaît et se dirige vers la capitale japonaise, plongeant la ville dans le chaos. Son nom : Godzilla.  

Avis :
On l'avait quitté avec l'hommage parodique de Ryuhei Kitamura, Godzilla : Final Wars, en 2004 : 12 ans après, le Roi des Monstres est enfin de retour ! Une attente interminable pour les fans, d'autant que contrairement à ses précédentes pauses (9 ans après Mechagodzilla contre-attaque en 1975, 4 ans après Godzilla vs Destroroyah en 1995), ni Mothra ni Gamera ne sont venus combler le vide. Seuls quelques bons gros blockbusters américains, parmi lesquels on citera principalement Cloverfield et Pacific Rim, ainsi qu'un nouveau remake moyen de Godzilla, auront permis aux fans de créatures géantes de patienter.


Pour cette nouvelle résurrection de la saga, la Toho confie les clés à Hideaki Anno, à qui l'on doit notamment Neon Genesis Evangelion, et Shinji Higuchi, réalisateur des films L'Attaque des Titans et responsable des effets spéciaux sur le trilogie Gamera. Des figures connues et reconnues donc, qui vont coréaliser le film, le premier se chargeant en sus du scénario tandis que le second surpervisera les effets visuels. Première mission du duo : donner un grand coup de balai à la saga, et apporter de la nouveauté à un genre qui ne brille généralement pas par son originalité.

Pour l'occasion, Anno et Higuchi vont faire table rase du passé, et tout reprendre de zéro : pour ce vingt-neuvième film, ils vont imaginer un univers dans lequel le Japon n'a jamais été confronté à Godzilla, pas même en 1954. Une véritable révolution, puisque depuis 1955, tous les films de la saga étaient des suites plus ou moins directes de l'oeuvre originale. De même, l'origine du monstre se rapproche de l'actualité : si les références aux bombardements atomiques de 1945 et aux essais nucléaires américains restent présentes, c'est surtout la catastrophe de Fukushima qui laisse son empreinte sur le film, autant thématiquement que visuellement.


Plus qu'un simple film de monstre, ce Shin Gojira est avant tout un film catastrophe, comme pouvait l'être le premier film de Ishiro Honda, avec de formidables scènes de paniques de la population, des séquences de destruction impressionnantes et une musique formidable. L'occasion de dénoncer l'attentisme des autorités et l'incapacité à prendre rapidement des décisions de l'administration japonaise par le biais de séquences particulièrement cyniques, entre hésitations, volonté de ne surtout pas adopter de mauvaises mesures et recours systématique à des intermédiaires aussi nombreux que paumés... et comme forcément, personne n'est capable d'intervenir, ce sont les gentils américains qui proposeront d'atomiser Tokyo !

Et Godzilla dans tout ça ? S'il est au centre des événements, il sera finalement assez discret en première partie de film, puis prendra de plus en plus présent au gré de ses mutations. Car si le monstre arrivait généralement sous la forme qu'on lui connaît dès le début des films précédent, il va ici connaître plusieurs transformations traduisant sa nature de créature mutante défiant les lois de la nature. Très honnêtement, j'ai trouvé les premières mutations assez grotesques, tandis que l'ultime forme de ce Shin Gojira est particulièrement impressionnante et menaçante... tant que le monstre n'est pas en action.


Car ce Godzilla souffre apparemment du même problème que ses aînés de Le Retour de Godzilla (1984) ou Godzilla vs SpaceGodzilla : il est incapable de bouger. Cela donne quelques séquences assez ridicules, notamment quand son homologue numérique prend le relais, passant du statisme intégral au réveil soudain d'un plan à l'autre. On notera d'ailleurs que l'éventail des attaques du monstre a été modifié... pour un résultat que je trouve, là encore, un peu grotesque : ce qui fonctionnait en animation, ou même dans le court-métrage Giant God Warrior appears in Tokyo (de... Anno et Higuchi), passe à mon sens beaucoup moins bien ici.

Cette renaissance de Godzilla accouche donc d'un film assez paradoxal, dans lequel les séquences les plus réussies sont généralement celles où le monstre géant n'apparaît pas. On a ainsi l'impression de voir un excellent film catastrophe un peu parasité par des séquences un peu inutiles et redondantes, voire même carrément ridicules en fin de métrage, laissant finalement le goût d'un épisode de transition pour faire patienter les fans plutôt que d'une réelle résurrection pour le Roi des Monstres.

Note : 6/10

dimanche 20 août 2017

La Tour Sombre


Titre : La Tour Sombre (The Dark Tower)
Réalisateur : Nikolaj Arcel
Acteurs : Idris Elba, Matthew McConaughey, Tom Taylor
Date de sortie en France : 9 août 2017
Genre : aventures, science-fiction

Synopsis : 
Le dernier Pistolero, Roland Deschain, est condamné à livrer une éternelle bataille contre Walter O’Dim, alias l’Homme en noir, qu’il doit à tout prix empêcher de détruire la Tour sombre, clé de voûte de la cohésion de l’univers. Le destin de tous les mondes est en jeu, le bien et le mal vont s’affronter dans l’ultime combat, car Roland est le seul à pouvoir défendre la Tour contre l’Homme en noir…
Avis : 
Pour ce troisième trimestre 2017, Stephen King est à l'honneur sur les écrans. En effet, outre les séries télévisées (The Mist et Mr. Mercedes), ce sont surtout les deux adaptations destinées à se succéder sur grand écran qui ont fait naître les attentes et les craintes des fans de l'auteur : CA, qui sortira en septembre, et La Tour Sombre, qui fera l'objet de cette chronique.


Plusieurs fois annoncée depuis pratiquement 10 ans, l'adaptation de la saga titanesque est passée entre les mains de J.J. Abrams (Lost, les disparus, Star Wars VII) ou de Ron Howard (Backdraft, Apollo 13, Rush), a vu les noms les plus prestigieux avancés pour incarner Roland de Gilead (Viggo Mortensen, Javier Bardem, Russell Crowe...), et a vu son format même constamment évoluer, d'une série de films classique à un mélange entre films et série. Un bon gros bordel, directement lié à la frilosité de producteurs effrayés de voir une saga réputée inadaptable ne pas trouver son public, et qui ne pouvait déboucher que sur un résultat idiot : on refile le bébé à un réalisateur peu expérimenté, on fait un bon choix bien raciste pour le rôle principal, et on va attendre de voir ce que donne le film pour savoir si on lance une série et / ou une suite. Conséquence prévisible : La Tour Sombre est une (très) mauvaise adaptation doublée d'un (très) mauvais film.

Pour ceux qui se poseraient la question, sachez d'abord que le film ne se contente pas d'adapter le premier volet de la saga littéraire (Le Pistolero), mais va au contraire piocher dans pratiquement toute la saga pour développer sa propre histoire. Ne vous attendez donc pas à voir Roland poursuivre pendant des mois l'Homme en noir dans le désert, et ne soyez pas surpris si vous ne retrouver pas l'ambiance de western post-apocalyptique du premier livre : La Tour Sombre sera une histoire assez classique de vengeance, principalement située dans le New York contemporain, où l'univers imaginé par l'auteur de Shining ne sera qu'effleuré. Pour qui a lu la saga, le résultat est assez étrange, et donne l'impression que le scénariste s'est contenté de lire quelques pages au hasard et de les incorporer sans logique dans son récit. Pour le profane, tout cela sera sans doute bien nébuleux, malgré quelques explications bien appuyées.


On ne retrouve ainsi quasiment rien de l'univers de la Tour Sombre, fait de magie, de technologies oubliées, de violence et d'apprentissage. Lorsque Roland débarque à New York, son dépaysement ne va pas plus loin que celui d'Arnold Schwarzenegger dans Last Action Hero. Lorsque Jake débarque dans l'Entre-Deux-Mondes, il semble déjà en connaître toutes les coutumes. Pire encore, l'aspect fantasy passe totalement à la trappe, au profit d'un univers beaucoup plus classique, uniquement peuplé de deux ou trois créatures monstrueuses. Dans le film de Nikolaj Arcel, tout ou presque se passe donc à New York, avec un Pistolero qui a perdu toute sa dimension mystique et un Homme en Noir de carnaval.

Si le choix d'Idris Elba (Prometheus, Pacific Rim) reste toujours un mystère pour incarner un héros sorti tout droit des western de Sergio Leone, celui de Matthew McConaughey (Mud, Killer Joe) semblait beaucoup plus cohérent tant l'apparence, le charisme et même la voix de l'acteur semblaient coller à l'image que l'on pouvait se faire de Randall Flagg. Pourtant, si le premier s'en sort à peu près dans la peau d'un héros sans grand intérêt ni relief, le Texan va entraîner le film dans le ridicule le plus total en cabotinant à outrance dans des passages suscitant une véritable gène.


Même visuellement, le film n'impressionnera personne : plus proche d'un épisode de série des années 90 (coucou, Stargate SG-1 !) que d'un blockbuster, le film se contente d'être le plus lisse et le plus aseptisé possible afin de remplir le cahier des charges de l'adaptation hollywoodienne de base, effets spéciaux au rabais et clins d'oeil ringards à l'auteur de Chistine inclus. On en vient à sérieusement se demander si le film a coûté plus cher que les légendaires 19$ qu'aurait demandés Stephen King pour céder les droits des livres. Un Stephen King qui sera d'ailleurs, apparemment, le seul à être convaincu par cette adaptation qui ne comblera ni les fans du livre, ni les novices. Un raté intégral, qui ne dure heureusement que quatre-vint-dix minutes.

Note : 2/10



lundi 14 août 2017

Alien : Covenant


Titre : Alien : Covenant
Réalisateur : Ridley Scott
Acteurs : Michael Fassbender, Katherine Waterston, Billy Crudup
Date de sortie en France : 10 mai 2017
Genre : science-fiction

Synopsis :
Les membres d’équipage du vaisseau Covenant, à destination d’une planète située au fin fond de notre galaxie, découvrent ce qu’ils pensent être un paradis encore intouché. Il s’agit en fait d’un monde sombre et dangereux, cachant une menace terrible. Ils vont tout tenter pour s’échapper.

Avis :
Après avoir donné naissance à l'une des plus formidable sagas du cinéma, qui mieux que son propre créateur pouvait la massacrer ? C'est un peu la question que l'on peut se poser en sortant d'Alien : Covenant, suite sans intérêt d'une préquelle déjà infiniment inférieure à l'oeuvre de base. Félicitations, M. Ridley Scott, vous venez de réaliser le pire épisode mettant en scène des xénomorphes. Oui, oui, même en incluant les deux Alien vs Predator.


Covenant, c'est tout d'abord le film symptomatique de scénaristes sans idées, et qui se contentent de reprendre ça et là des éléments entiers d'autres films (tiens, un message radio provenant d'une planète inconnue…), sans les lier entre eux ou chercher à instaurer une cohérence avec le reste de l'univers qu'il est pourtant censé enrichir. Résultat : un film brouillon, constitué d'une juxtaposition de séquences indépendantes, ressemblant de très loin à un film Alien. Si la volonté de s'écarter des éternels couloirs sombres, des espaces confinés, de l'ambiance poisseuse typiques de la saga n'est pas nécessairement une mauvaise idée, remplacer ces éléments par du vide est plus discutable. Car Covenant n'a pas grand-chose à offrir, en dehors de quelques scènes sanglantes.

Il faut dire qu'entre un enjeu éventé, une absence totale de surprise et des personnages totalement ratés, Ridley Scott ne donne pas l'impression de s'intéresser à son film. Il se contente d'aligner les clichés les plus éculés (tout le monde est en couple, on fait plusieurs groupes, on retire tranquillement son scaphandre sur une planète dont on ne connaît rien), et oublie de développer ses personnages prétextes. Seule la nouvelle Ripley, que l'on repère après 30 secondes de film, fait l'objet d'un semblant de caractérisation. C'est bien pauvre. Enfin, histoire de charger la mule au maximum, il refuse catégoriquement d'installer une ambiance (même Prometheus, avec ses corridors sombres et étroits, y parvenait par moments) ou de nous faire peur.

Alien : Covenant est un mauvais film d'aventures, vaguement situé dans la saga Alien à laquelle il n'apporte rien, sinon des explications sans queue ni tête à des éléments qui gagnaient jusque là à rester mystérieux. A tout vouloir nous montrer et nous expliquer, Scott dénature totalement une saga basée sur la peur de l'inconnu et de l'étranger, et la réduit à un vulgaire film de monstre sous-alien des années 80. Triste...

Note : 3/10