dimanche 23 février 2014

Dallas buyers club


Titre : Dallas buyers club
Réalisateur : Jean-Marc Vallée
Acteurs : Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner
Date de sortie en France : 29 janvier 2014
Genre : drame, biopic

Synopsis : 
1986, Dallas, Texas, une histoire vraie. Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo. Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il lui reste 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour une nouvelle cause… et pour sa propre vie.

Avis : 
Dallas buyers club s'inspire de la vie de Ron Woodroof, qui a contribué à faire avancer la cause des malades atteints par le sida, en prouvant l'inefficacité du système d'aide proposé à l'époque par les pouvoirs publics. Dans la peau de ce personnage, on retrouve un Matthew McConaughey (Mud - sur les rives du Mississippi) méconnaissable, qui aura pour l'occasion perdu plus de 20 kilos, accompagné de Jared Leto qui en aura perdu 25 !
 

Alors qu'il lui reste 30 jours à vivre, il décide de tenter le tout pour le tout, de se procurer illégalement des médicaments, puis d'aller en trouver de nouveaux à l'étranger. Ce sera l'occasion pour lui de constater que la situation des séropositifs est d'autant plus horrible qu'ils semblent abandonnés par les pouvoirs publics, gavés de médicaments efficaces et dangereux plus propices à enrichir leurs concepteurs qu'à guérir les malades. Une injustice à laquelle il tentera de mettre fin, en créant avec le Dallas buyers club la possibilité pour les séropositifs de se procurer des soins impossibles à trouver aux Etats-Unis.

On suit ainsi le parcours du personnage, d'abord homophobe et désespéré, puis prêt à tout pour améliorer le destin de ces malades condamnés à plus ou moins court terme, dans un film profondément engagé et didactique, pointant du doigt l'iniquité des autorités fédérales. Des éléments que l'on retrouve notamment résumés vers la fin du film, lors d'un jugement où le magistrat regrettera de devoir appliquer la loi qui ne permet pas aux séropositifs mourants de pouvoir se soigner comme ils le désirent. 

Et si l'on regrettera par moment l'aspect forcément très tranché du film, on ne pourra qu'être touché par les personnages de McConaughey et Leto (Requiem for a dream), révolté par l'hypocrisie mercantile des lobbys pharmaceutiques et l'immobilisme des autorités publiques, grâce à un film terriblement intelligent et instructif, aux maquillages formidables et à l'interprétation sans faille.

Note : 9/10


 

Jack et la mécanique du coeur


Titre : Jack et la mécanique du coeur
Réalisateur : Mathias Malzieu, Stéphane Berla
Acteurs : Mathias Malzieu, Olivia Ruiz, Grand Corps Malade
Date de sortie en France : 5 février 2014
Genre : animation, aventures, musical

Synopsis : 
Édimbourg 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Le Docteur Madeleine le sauve en remplaçant son cœur défectueux par une horloge mécanique. Il survivra avec ce bricolage magique à condition de respecter 3 lois: premièrement ne pas toucher à ses aiguilles, deuxièmement maîtriser sa colère et surtout ne jamais Ô grand jamais, tomber amoureux. Sa rencontre avec Miss Acacia, une petite chanteuse de rue, va précipiter la cadence de ses aiguilles.

Avis : 
 Après le roman, après l'album de son groupe Dionysos, La Mécanique du coeur de Mathias Malzieu devient enfin un film. Produit par la société de Luc Besson, Jack et la mécanique du coeur est donc un film d'animation, rythmé par les musiques de Dionysos et par les voix de Mathias Malzieu, d'Olivia Ruiz, de Grand Corps Malade ou encore de Jean Rochefort.



Pendant 1h30, nous allons voyager dans un univers rappelant Tim Burton, entre poésie et macabre, avec des personnages souvent inquiétants, souvent marginaux, plongés dans des décors évoquant autant l'expressionnisme allemand que le surréalisme (la maison de Madeleine, perchée au bord de la falaise, est fantastique), tout en rendant hommage à Freaks, la monstreuse parade et à Georges Méliès ! Dans ce déluge de références réjouissantes, qui n'étouffent jamais le film, nous suivrons donc Jack, le personnage au coeur mécanique, et Miss Acacia, jeune chanteuse espagnole dont le corps se couvre d'épines lorsqu'elle est contrariée.

Les ambiances sont également très variées, du gentil conte aux passages plutôt inquiétants, des formidables séquences de rêves à des passages particulièrement touchants. Bref, ce Jack et la mécanique du coeur est un excellent film d'animation, très inventif, qui donne envie de se plonger encore un peu plus dans l'univers de Mathias Malzieu en se réécoutant les musiques du film après le générique !

Note : 8/10


Homefront


Titre : Homefront
Réalisateur : Gary Fleder
Acteurs : Jason Statham, James Franco, Winona Ryder
Date de sortie en France : 8 janvier 2014
Genre : action, thriller

Synopsis : 
Ancien agent de la DEA (Brigade américaine des stupéfiants), Phil Broker se retire dans un coin tranquille de la Louisiane avec sa fille pour fuir un lourd passé… Mais Broker ne tarde pas à découvrir qu'un dealer de méthamphétamines, Gator Bodine, sévit dans la petite ville et met en danger sa vie et celle de sa fille. Face à la menace et à la violence croissantes, Broker n'a d'autre choix que de reprendre les armes…

Avis : 
Basé sur un scénario de Sylvester Stallone qui trainait au fond d'un tiroir depuis un moment, Homefront met Jason Statham dans le rôle classique d'un ex-flic, retiré de façon anonyme dans un village de bouseux, mais qui sera finalement rattrapé par son passé et devra reprendre du service pour protéger sa famille et compenser l'incompétence crasse du shérif local.


En tant qu'ancien flic, Statham ne craint rien ni personne, tabassant tranquillement les prolos du coin, même avec les mains dans le dos. Et pour protéger sa fille, il lui a également appris quelques techniques pour qu'elle puisse impunément péter le nez du moindre gamin consanguin qui la harcèle un peu. Forcément, ça ne plaît pas aux parents, et c'est le drame : la mère demande à son frère de s'en mêler, et le frère, petit trafiquant sans envergure mais toujours ravi de pouvoir voler la peluche d'une petite fille, va essayer de faire peur à Statham.

On est donc ici face au thriller d'action de base, avec son héros invincible, ses terribles méchants étrangement inoffensifs, même face à une fillette, et ses sous-intrigues à peine esquissées : le fait que le personnage de James Franco soit vite dépassé par le gang qu'il contacte ? l'idylle naissante entre Statham et le professeur de sa fille ? l'étrange méfiance de Statham envers le shérif ? On oublie vite tout ça, et on attend le dernier acte en voyant Statham et son enfant profiter de la vie au ralenti, à cheval, dans un cadre bucolique.

Bien sûr, tout cela restera efficace, l'acteur principal démontant du méchant péquenaud, massacrant les membres du gangs. Et même James Franco réussit tant bien que mal à tirer son épingle du jeu. Mais quand même, faudrait que Stallone comprenne qu'il ne suffit pas de nous balancer les mêmes recettes à chaque film pour que cela fonctionne, surtout quand c'est aussi con...

Note : 3,5/10


 

jeudi 20 février 2014

Oldboy


Titre : Oldboy
Réalisateur : Spike Lee
Acteurs : Josh Brolin, Elizabeth Olsen, Samuel L. Jackson
Date de sortie en France : 1er janvier 2014
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
Joe Doucett est brutalement kidnappé et séquestré en cellule d'isolement pendant 20 ans, sans la moindre explication. Enfin libéré, sans plus de raisons apparentes, il se lance dans une quête forcenée pour découvrir qui l'a emprisonné, prenant progressivement conscience que le vrai mystère demeure dans sa libération.

Avis : 
POURQUOI ? Pourquoi faire un remake de Old Boy, le bijou de Park Chan-wook ? Pour en ôter toute la substance ? Pour le rendre infiniment plus lisse que l'original ? Pour l'américaniser à outrance ? Pour prouver une nouvelle fois que, malgré les déclarations prétendant que "ce n'est pas un remake mais une relecture du manga de base", c'est bien ici un remake poussant même le vice jusqu'à singer certaines scènes de l'original ? Alors oui, si Spike Lee a réalisé ce remake pour tout cela, chapeau : il a parfaitement réussi.


Car Oldboy se retrouve amputé de tout ce qui faisait l'ambiguïté, la cruauté et la beauté de l'original, simplifiant le scénario tout en y ajoutant de longues séquences explicatives pour guider le spectateur neuneu par la main. Chez Spike Lee, la détention dure 5 ans de plus que chez Park Chan-wook, mais elle aurait tout autant pu ne pas exister, n'ayant absolument aucune conséquence sur la suite. Au contraire, alors que Oh Dae-soo tentera de comprendre les raison de son enfermement et de se venger, Joe Doucett voudra simplement retrouver sa fille, en bon père de famille américain. 

Et si le film reste violent, on peine à y retrouver la furie qui caractérisait l'original. Le comble, c'est que même quand Lee reprend les plans de son modèle, on n'y retrouve pas l'intensité, le pire étant atteint dans la relecture du célèbre plan-séquence où le personnage principal affronte de nombreux adversaires avec un marteau. En fait, Old Boy est à ce point vidé de son contenu qu'il devient un film à twist, ce qui le rend encore plus inutile pour celui qui a vu l'original. Et quand on conjugue cette absence de surprise et d'enjeu à l'interprétation de Sharlto Copley (District 9, Elysium), on obtient un dernier acte ridicule, annihilant une nouvelle fois toute la puissance visuelle et narrative que l'on avait chez son aîné.

La qualité principale d'un remake vient souvent de la capacité qu'a le réalisateur à s'approprier l'oeuvre originale au point de nous la faire oublier. Avec Oldboy, Spike Lee réussit tout le contraire : on ne peut que penser en permanence à Old Boy, et la comparaison est extrêmement douloureuse pour Josh Brolin (True grit, Gangster squad), la jolie Elizabeth Olsen (Martha Marcy May Marlene) et Samuel L. Jackson (Pulp fiction, Django unchained), plus cabotin que jamais... Et si le film comblera peut-être ceux qui n'ont jamais vu le film de Park Chan-wook, les pauvres passent quand même à côté de quelque chose avec ce remake allégé...

Note : 2/10


mercredi 19 février 2014

Fruitvale Station


Titre : Fruitvale Station
Réalisateur : Ryan Coogler
Acteurs : Michael B. Jordan, Melonie Diaz, Octavia Spencer
Date de sortie en France : 1er janvier 2014
Genre : drame, biopic

Synopsis : 
Le 1er janvier 2009 au matin, Oscar Grant, 22 ans, croise des agents de police dans la station de métro Fruitvale, San Francisco. Le film raconte les vingt quatre heures qui ont précédé cette rencontre.

Avis : 
 Inspiré d'une histoire vraie qui avait marqué les esprits en 2009, Fruitvale Station raconte la dernière journée d'Oscar Grant, jeune père de famille souhaitant reprendre une vie honnête après avoir purgé une peine de prison, afin d'offrir une vie meilleure à son épouse et à sa fille. Du 31 décembre 2008 au matin du 1er janvier 2009, nous suivrons donc ses dernières tentatives pour sortir de sa vie de petit dealer de drogue, pour récupérer son travail et pour se faire pardonner d'avoir trompé sa femme.


Nous suivons donc une histoire simple, un quotidien presque banal où Michael B. Jordan interprète le jeune homme avec beaucoup de retenue et rend attachant le personnage. C'est d'ailleurs presque l'unique défaut du film, qui prend clairement partie en faveur d'Oscar Grant en le décrivant comme un homme innocent, lui pardonnant largement ses erreurs afin de rendre son destin plus tragique. Ce côté engagé n'est cependant pas vraiment gênant, et est de toute manière parfaitement compréhensible au regard du drame qui viendra conclure le film.

Un drame incompréhensible d'ailleurs, là encore renforcé par l'impression de banalité de l'incident, mais aussi par sa soudaineté : rien ne prépare les protagonistes à l'événement, ce qui le rend presque irréel, et d'autant plus glaçant. Bref, Fruitvale Station est un très beau film, très touchant, qui choisit de relater son histoire de façon très simple, sans fioritures, et le fait très bien...

Note : 7,5/10


lundi 17 février 2014

Les Brasiers de la colère


Titre : Les Brasier de la colère (Out of the furnace)
Réalisateur : Scott Cooper
Acteurs : Christian Bale, Woody Harrelson, Casey Affleck
Date de sortie en France : 15 janvier 2014
Genre : drame

Synopsis : 
À Braddock, une banlieue ouvrière américaine, la seule chose dont on hérite de ses parents, c’est la misère. Comme son père, Russell Baze travaille à l’usine, mais son jeune frère Rodney a préféré s’engager dans l’armée, en espérant s’en sortir mieux. Pourtant, après quatre missions difficiles en Irak, Rodney revient brisé émotionnellement et physiquement. Lorsqu’un sale coup envoie Russell en prison, son frère cadet tente de survivre en pariant aux courses et en se vendant dans des combats de boxe. Endetté jusqu’au cou, Rodney se retrouve mêlé aux activités douteuses d’Harlan DeGroat, un caïd local sociopathe et vicieux.

Avis : 
 Avec Les Brasiers de la colère, Scott Cooper nous plonge dans la Rust Belt américaine, dans une ville marquée par le déclin industriel et une région où les activités clandestines se multiplient. Une zone où le temps semble s'être arrêté, où le coeur des hommes est d'une infinie sécheresse et qui sera le cadre d'un thriller étouffant opposant Russell Blaze, ouvrier à la ville, et Harlan DeGroat, trafiquant de drogues et organisateur de combats clandestins vivant dans les montagnes.


On se croirait en fait dans une histoire de Cormac McCarthy, avec ces personnages typiques enfermés dans une histoire particulièrement sombre, où les destins finissent par se rejoindre dans une violence banalisée où le drame n'est jamais loin. Le détonateur sera ici Rodney (Casey Affleck), revenu d'Irak traumatisé et perdu, cumulant les dettes et ne trouvant que des solutions à court terme. L'une d'elles lui fera rencontrer DeGroat, un personnage aussi brutal que radical, profondément inquiétant et dont la folie est particulièrement rendue par un Woody Harrelson totalement habité.

S'il est assez linéaire, le film bénéficie d'un casting impressionnant : Christian Bale et Woody Harrelson sont absolument parfaits, tout comme Willem Dafoe, Forest Whitaker et Casey Affleck. Ils portent largement le film sur leurs épaules, y apportant une intensité et une folie remarquables, faisant oublier le côté assez basique du scénario malgré des thèmes très forts et une ambiance crépusculaire très prenante.

Note : 7/10


vendredi 14 février 2014

R


Titre : R
Réalisateur : Tobias Lindholm, Michael Noer
Acteurs : Pilou Asbæk, Dulfi Al-Jabouri, Roland Møller
Date de sortie en France : 15 janvier 2014
Genre : drame

Synopsis : 
Rune est un jeune criminel qui vient d’arriver en prison. Il découvre ce nouveau monde régi par les codes et les missions à exécuter. Réduit à néant, il n’est désormais qu’un numéro, que la lettre R. Dans sa quête de survie, il rencontre Rachid, un jeune musulman, avec lequel il met en place un trafic qui lui permet d’être désormais respecté. Mais leur réussite suscite la convoitise d’autres détenus, qui ne tarderont pas à leur faire savoir.

Avis : 
Datant de 2010, R est le premier long métrage de Tobias Lindholm (réalisé avec Michael Noer), à qui l'on doit déjà ces derniers mois Hijacking et le scénario de La Chasse. Profitant peut-être du succès de ces deux derniers films, et appartenant au genre si particulier du "film de prison", R sort donc sur nos écrans en ce début d'année 2014.


R, c'est donc Rune, le personnage principal, mais aussi Rachid. Deux jeunes adultes découvrant l'univers carcéral et confrontés à sa dure réalité, où le nouveau et le faible sont des cibles faciles pour les vétérans, et doivent rentrer dans leurs bonnes grâces afin de survivre. Deux prisonniers appartenant à deux ailes différentes, les danois étant séparés des arabes, mais se liant d'amitié en travaillant ensemble aux cuisines et en découvrant ensemble le moyen de grimper dans la hiérarchie carcérale. 

On pense fortement à Un prophète de Jacques Audiard dans le parcours de ces deux prisonniers, passant des sales besognes à un business qui leur ouvre davantage de portes...mais ne le rend pas intouchables. Car la prison reste un lieu dangereux, où l'on peut facilement être trahi, passé à tabac ou pire encore. Lindholm et Noer réussissent à parfaitement retranscrire l'atmosphère anxiogène des lieux, grâce à un rythme très lent, mais aussi un réalisme clinique lors des scènes les plus violentes, autant au niveau visuel que sonore.

Bref, R est un excellent film de prison, qui confirme à rebours tout le bien que l'on pensait de Tobias Lindholm (mais aussi de l'acteur Pilou Asbæk, impeccable) depuis Hijacking. Très cru, très sombre, il donne de l'univers carcéral une description très dure, implacable où les règles de vie entre détenus finissent toujours par rattraper le plus faible, même lorsqu'il pense enfin avoir trouvé sa place. 

Note : 8,5/10


jeudi 13 février 2014

RoboCop (2014)


Titre : RoboCop
Réalisateur : José Padilha
Acteurs : Joel Kinnaman, Michael Keaton, Gary Oldman
Date de sortie en France : 5 février 2014
Genre : science-fiction, action

Synopsis : 
En 2029, Alex Murphy, mari et père aimant, est un flic honnête faisant de son mieux pour endiguer la vague de criminalité et de corruption qui envahit Detroit. À la suite d'une blessure mortelle, Alex est sauvé par OmniCorp et la science robotique. Il peut alors retourner patrouiller dans les rues de sa ville mais avec de nouvelles capacités, mais surtout de nouveaux problèmes auxquels aucun homme ordinaire n'a eu à faire face.

Avis : 

Ayant récemment revu le RoboCop de Paul Verhoeven à la baisse, c'est avec l'espoir d'une modernisation efficace de l'histoire que j'allais voir ce nouveau remake d'un classique des années 80. Dès l’introduction, cette nouvelle version nous plonge dans un futur proche où les machines sont envoyées dans les pays étrangers à la place des soldats humains. Une omniprésence néanmoins impossible aux Etats-Unis, où la population reste réfractaire à l’idée de voir un robot avoir le pouvoir de tuer un être humain malgré la pression des médias. La solution : RoboCop. Le temps de se procurer un policier à l’agonie (Murphy aura d’ailleurs un « accident » bien différent du film de Verhoeven), de remplacer la quasi-totalité de ses organes par des machines et de trafiquer son cerveau, et le tour est joué.


Jusqu’à l’apparition de RoboCop, on va surtout suivre les tentatives de l’OCP pour obtenir la légalisation des cyborgs dans la police sur le sol américain. Relayée par l’émission présentée par Samuel L. Jackson (qui sera l’un des rares éléments de cynisme du film),  l’ambition du Directeur Général interprété par Michael Keaton se heurtera rapidement à l’éthique fluctuante du Docteur Norton (Gary Oldman), mais aussi de la femme de Murphy, très présente ici, qui ne reconnaît plus son mari dans cette machine peu à peu désensibilisée. En revanche, dès que le Murphy cybernétique est lâché, on va suivre un scénario qui va foncer tête baissée et ne plus s’embêter avec la moindre finesse : RoboCop enchaîne les scènes d’action, souvent poussives, fonce à travers la ville sur sa super-moto, massacre du cyborg par dizaines le temps d’un entraînement, retrouve les suspects en quelques secondes et résiste à tous les obstacles.

Evidemment, au centre du film, nous aurons les questions de la place du robot dans la société moderner, et de l’identité de Murphy, l’homme sous la machine, qui finira par refaire surface au grand désarroi des concepteurs qui chercheront alors à l’éliminer. L’absence de finesse se retrouve alors dans l’évolution de la mémoire et des réactions de RoboCop, dont les émotions seront effacées et réapparaîtront comme par magie, tandis que son principal antagoniste, apparemment lassé de ces rebondissements factices, se dévoile dans les dernières minutes sans que ses motivations ne soient particulièrement claires…

Bref, ce Robocop version 2014 n’est finalement qu’une énième série B friquée mêlant science-fiction et action. Relativement efficace, et tentant de caresser le fan du film original dans le sens du poil en reprenant certains éléments (les premières couleurs de RoboCop, le thème musical, les ED-209), il ne se démarque ni par ses scènes d’action banales, ni par son scénario très linéaire, et réussit, à l’image de Total Recall : mémoires programmées,  à ne rien apporter à une œuvre originale qui avait pourtant besoin d’être dépoussiérée…Et qui contrairement à son modèle, sera sans doute très rapidement oublié.

Note : 3,5/10


mardi 11 février 2014

Du sang et des larmes


Titre : Du sang et des larmes (Lone survivor)
Réalisateur : Peter Berg
Acteurs : Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Emile Hirsch...
Date de sortie en France : 1er janvier 2014
Genre : guerre

Synopsis : 
Le 28 juin 2005, un commando de quatre Navy Seals prend part à l’opération "Red Wing", qui a pour but de localiser et éliminer le leader taliban Ahmad Shah. Mais rapidement repérés et encerclés, les quatre soldats vont se retrouver pris au piège.

Avis : 
  Engagez-vous, rengagez-vous qu'y disaient ! Si on avait encore un doute, Du sang et des larmes vient le dissiper : l'armée Américaine recrute. Si vous voulez être dans le camp des gentils, des courageux, des sauveurs de la veuve et de l'orphelin et si vous souhaitez aller apporter la liberté dans des contrées sauvages à grands coups d'opérations militaires, n'hésitez plus ! Le nouveau film de Peter Berg (Very bad things, Hancock) nous rappelle que le film de guerre américain est souvent synonyme de bonne grosse propagande éhontée.


Tenez, les deux premières scènes : on nous montre d'abord les Navy Seals à l'entraînement, bravant les difficultés et les humiliations grâce à leur courage et leur entraide ; puis on nous montre un groupe de Talibans exécutant un des leurs en le décapitant à la machette. Le décor est planté, et le fond ne variera pas d'un iota pour cette publicité de deux heures pour la Navy. Heureusement, à l'image de La Chute du Faucon Noir, le film va se montrer assez rythmé et intense pour que l'on puisse passer un bon moment.

Car l'aspect "David contre Goliath" fonctionne toujours, avec ces quatres soldats américains confrontés à des dizaines d'ennemis mieux armés et connaissant mieux le terrain. Très intense, très violent, le film ne nous épargne pas les blessures, très spectaculaires, des héros du film (en revanche, les ennemis meurent généralement dans une totale banalité). Impacts de balles, chutes vertigineuses, les soldats en voient de toutes les couleurs, mais parviendront néanmoins à faire preuve d'un étonnant héroïsme le moment venu.

Du sang et des larmes est donc le film de guerre américain classique, dont la morale nauséabonde est sans doute le moins bel hommage que l'on pourrait faire des soldats dont le sacrifice a inspiré le scénario. Violent, intense et nauséabond, ce qui remplit finalement exactement les attentes que l'on aurait pu avoir...

Note : 4,5/10


Cartel


Titre : Cartel (The Counselor)
Réalisateur : Ridley Scott
Acteurs : Michael Fassbender, Javier Bardem, Cameron Diaz...
Date de sortie en France : 13 novembre 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
La descente aux enfers d’un avocat pénal, attiré par l’excitation, le danger et l’argent facile du trafic de drogues à la frontière américano-mexicaine. Il découvre qu’une décision trop vite prise peut le faire plonger dans une spirale infernale, aux conséquences fatales.

Avis : 
 Scénarisé par Cormac McCarthy, auteur notamment des romans No country for old men et La Route, et réalisé par Ridley Scott, Cartel nous plonge dans le monde du trafic de drogue à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Nous allons ainsi suivre Michael Fassbender, pour sa deuxième collaboration avec Scott après Prometheus, rapidement confronté à la cruelle réalité d'un cartel tout-puissant ne pardonnant aucune erreur, même hypothétique.


Avec un tel sujet et un tel casting - aux côtés de Fassbender, on retrouve quand même Javier Bardem (No country for old men, Skyfall), Penelope Cruz (Ouvre les yeux, Vicky Christina Barcelona), Brad Pitt (Fight Club, World war Z) ou encore Cameron Diaz -on ne pouvait qu'avoir de fortes attentes. Pourtant, très rapidement, on va s'apercevoir que nous sommes devant un thriller bavard, aux enjeux flous et sans aucun souffle. En fait, en dehors de la noirceur due au scénario de McCarthy, qui insiste sur le contraste entre l'innocence du personnage de Cruz et l'horreur des événements qui vont marquer son fiancé, il n'y a pas grand chose à sauver.

On attend ainsi pendant 1h30 que le film démarre, en n'ayant finalement que les anecdotes sexuelles de Javier Bardem à se mettre sous la dent. Et même à ce moment là, Cartel ne décolle pas, se contentant de dérouler paresseusement son histoire, se contentant d'aligner les dialogues sans grand intérêt et nous menant sans jamais changer de rythme jusqu'à un final plutôt réussi, mais qui arrive bien trop tard. Il faut plus de deux heures avant de trouver un passage prenant.

Bref, Cartel est une vraie déception, un thriller mou et sans enjeu nous tirant trop rarement d'un véritable ennui malgré une histoire qui avait un véritable potentiel et un casting impressionnant. On se demande néanmoins si les acteurs étaient conscients des limites de leurs dialogues et de leurs personnages, tant ceux-ci sonnent creux et donnent uniquement l'impression de réciter leurs répliques sans y croire. On se demande également si on doit encore attendre mieux de la part de Ridley Scott, dont les belles années semblent décidément bien loin...

Note : 2,5/10


dimanche 9 février 2014

Le Vent se lève


Titre : Le Vent se lève (Kaze Tachinu)
Réalisateur : Hayao Miyazaki
Acteurs : Hideaki Anno, Miori Takimoto, Hidetoshi Nishijima
Date de sortie en France : 22 janvier 2014
Genre : animation, drame

Synopsis : 
Inspiré par le fameux concepteur d’avions Giovanni Caproni, Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote, et il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927. Son génie l’impose rapidement comme l’un des plus grands ingénieurs du monde.

Avis : 
 Si Hayao Miyazaki a déjà annoncé plusieurs fois sa retraite à la sortie d'oeuvres précédentes, cette fois, il semble bien que l'on doive accepter l'idée que Le Vent se lève sera sa dernière réalisation. Pour l'occasion, il s'inspire de la vie de Jiro Horikoshi, le concepteur des Zero japonais qui seront utilisés pendant la Seconde Guerre Mondiale. Nous suivrons donc pendant deux heures les grandes étapes de la vie de l'ingénieur, dans un film plus réaliste que ce à quoi nous a habitués le réalisateur.


En fait, Miyazaki va ici largement délaisser l'innocence qui caractérisait la plupart de ses oeuvres pour nous livrer un drame mature, avec en toile de fond l'évolution du Japon pendant la première moitié du vingtième siècle : nous assisterons donc au tremblement de terre de Kanto en 1923, à la Grande Dépression, et l'escalade progressive vers la Seconde Guerre Mondiale. Un sérieux qui n'est pas sans rappeler Le Tombeau des lucioles d'Isao Takahata, et au milieu duquel évoluera donc Jiro, un doux rêveur, génial et visionnaire, dont le parcours pourra rappeler celui de Miyazaki lui-même. 

Ainsi, en dehors de (trop rares) séquences de rêves, Le Vent se lève s'adresse plutôt à un public adulte, plus apte à lire entre les lignes, à reconnaître les signes annonciateurs et les conséquences des drames nationaux, mais aussi plus à-même d'apprécier cette magnifique histoire d'amour, aussi terrible que belle, qui permet à Miyazaki de traiter un sujet difficile avec énormément de poésie, de laisser libre-court à la magie pendant quelques superbes scènes.

Ce dernier film du maître de l'animation japonaise est donc la conclusion parfaite à sa carrière. Avec un film pourtant différent de ce qu'il nous a habituellement proposé, Miyazaki semble en effet livrer un dernier regard en arrière, autant sur une partie sombre de l'histoire de son pays que sur un personnage qui lui ressemble. Et si on gagne en réalisme ce que l'on perd en poésie, si le réalisateur étire parfois à l'excès le rythme de son ultime oeuvre, c'est sur une nouvelle réussite qu'il nous quitte. Le Vent se lève, il faut tenter de vivre...

Note : 9/10


 

jeudi 6 février 2014

L'Expérience


Titre : L'Expérience (Das Experiment)
Réalisateur : Oliver Hirschbiegel
Acteurs : Moritz Bleibtreu, Christian Berkel, Oliver Stokowski
Date de sortie en France : 21 mai 2003
Genre : thriller

Synopsis : 
Afin d'étudier scientifiquement le comportement humain,‭ ‬le professeur Thon enferme vingt volontaires,‭ ‬des hommes ordinaires,‭ ‬dans un univers carcéral.‭ ‬Huit d'entre eux sont désignés pour être les‭ "‬gardiens‭"‬,‭ ‬les douze autres étant les‭ "‬prisonniers‭"‬.‭ ‬La règle est simple‭ ‬:‭ ‬comme dans une vraie prison,‭ ‬les détenus doivent obéir aux gardiens qui sont chargés de faire régner l'ordre.

Avis : 
 Inspiré du roman Black Box,‭ ‬de Mario Giordano,‭ ‬s‭’‬appuyant lui-même sur l‭’‬expérience de Stanford,‭ ‬dans laquelle des étudiants avaient pris le rôle de prisonniers et de gardiens,‭ ‬Das Experiment est un thriller allemand réalisé par Oliver Hirschbiegel,‭ ‬à qui l‭’‬on devra quelques années plus tard‭ "‬La Chute‭"‬.‭ ‬Il met donc en images une expérience bien particulière,‭ ‬destinée à‭ ‬observer le comportement d‭’‬individus placés dans le rôle de l‭’‬autorité ou soumis à cette autorité.‭ ‬Une étude qui,‭ ‬évidemment,‭ ‬va rapidement déraper.


Tout commence pourtant dans la bonne humeur,‭ ‬les gardiens et les prisonniers plaisantent,‭ ‬ne sont pas encore dans leur rôle.‭ ‬Mais très vite,‭ ‬notamment face au comportement de Tarek,‭ ‬prisonnier qui est en fait un journaliste infiltré à la recherche de sensationnel,‭ ‬l‭’‬autorité se fait plus présente,‭ ‬plus stricte...jusqu‭’‬à ce que certains gardiens‭ ‬ne prennent leur rôle un peu trop à coeur.‭ ‬C‭’‬est le cas de Berus,‭ ‬que l‭’‬on devine très réservé dans son quotidien,‭ ‬mais qui va voir dans son rôle de gardien l‭’‬occasion de se mettre en avant,‭ ‬utilisant l‭’‬humiliation comme principale arme pour contrôler les détenus.‭

Cette évolution va se traduire par des comportements de plus en plus abusifs envers les prisonniers,‭ ‬d‭’‬abord en les obligeant à dormir par terre,‭ ‬à se mettre nus,‭ ‬à être humiliés devant leurs camarades,‭ ‬puis en utilisant la violence physique.‭ ‬Tous les moyens sont bons pour mettre les faux détenus au pas,‭ ‬ces derniers étant alors condamnés à une soumission totale ou,‭ ‬pour Tarek,‭ ‬le leader du groupe,‭ ‬à des punitions toujours plus sévères.‭ ‬Ainsi,‭ ‬le film bascule peu à peu dans le cauchemar,‭ ‬dans la violence,‭ ‬et va réserver quelques moments nous mettant particulièrement mal à l‭’‬aise.‭ ‬On est ainsi scandalisés par certains traitements réservés aux faux détenus‭ (‬la boîte noire est une véritable horreur‭)‬,‭ ‬on est horrifiés par le comportement des meneurs du groupe des gardiens...tout en ayant de véritables réserves sur celui de Tarek,‭ ‬toujours apte à foutre le bordel,‭ ‬quitte à entraîner l‭’‬humiliation de tout son groupe,‭ ‬uniquement pour obtenir un scoop...

A l‭’‬image de‭ "‬La Vague‭"‬,‭ ‬Das Experiment est un film allemand très dur et particulièrement pessimiste quant à la nature humaine,‭ ‬comme un rappel que les dérives totalitaires ne sont jamais bien loin.‭ ‬Cela donne à cette oeuvre une puissance encore plus forte,‭ ‬renforçant davantage l‭’‬aspect horrifique et glauque de l‭’‬histoire et des images.

Note : 9/10

Una noche


Titre : Una noche
Réalisateur : Lucy Mulloy
Acteurs : Dariel Arrechaga, Anailín de la Rúa de la Torre, Javier Nuñez Florian
Date de sortie en France : 27 novembre 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Cuba, avec ses rues ensoleillées, colorées et animées, a tout d'une île aux décors paradisiaques mais Raúl étouffe dans cette société en proie au désespoir et rêve de commencer une nouvelle vie à Miami. Lorsqu’il est accusé d’avoir agressé un touriste, il n’a plus le choix et doit quitter La Havane. Il supplie Elio, son meilleur ami, de tout abandonner pour l’aider à atteindre les rivages du monde interdit, situés à 140 kilomètres de l’autre côté de l’océan. Mais Elio est partagé entre le désir de protéger sa soeur jumelle et celui de s’enfuir...

Avis : 
 Sorti une semaine avant Rêves d'or, Una noche traite d'un sujet similaire : la volonté de jeunes adolescents d'Amérique centrale aspirant à rejoindre les Etats-Unis par leurs propres moyens afin de fuir leur quotidien de misère et vivre le rêve Américain. Nous suivons ici un trio de cubains : Lila, jeune femme qui ne partage pas le goût de ses camarades pour la mode ; son frère jumeau Elio, qui survit en tant que cuisinier ; et Raul qui est le plus motivé à quitter le pays.


Loin des paysages de carte postale, Lucy Mulloy nous décrit la capitale cubaine dans ce qu'elle a de plus sombre : prostitution, trafics en tous genres, jeunesse désoeuvrée contrainte d'accepter des conditions de travail détestables et un salaire de misère pour subsister alors que leurs parents sont aux abonnés absents, forces de police toutes puissantes...Une misère qui se vit à l'ombre des touristes, étrangers intouchables qui sont surprotégés face à l'autochtone qui a à peine le droit de leur adresser la parole.

Le seul espoir semble donc être l'émigration, dont la préparation sera le fil conducteur de la première partie. Tous les moyens sont bons pour obtenir les éléments nécessaires au voyage : troc, faveurs sexuelles, vol...Les contacts de Raul et Elio sont bien conscient de l'objectif du duo, et savent parfaitement en profiter tout en feignant la générosité. Cette première partie sera clairement la plus intéressante, revêtant par moments des allures de documentaire et nous livrant une vision de La Havane bien éloignée de ce dont nous avons l'habitude.

La traversée sera quant à elle bien moins passionnante, plus classique malgré une certaine intensité dramatique. On aurait ainsi presque aimé que ce Una noche se termine avec le départ du trio sur son embarcation de fortune, laissant planer le doute sur leur destin. Reste que ce film cubain est très fort, notamment dans son approche sociologique d'un phénomène et d'un environnement qui nous sont totalement étrangers.

Note : 7/10


mercredi 5 février 2014

American bluff


Titre : American bluff (American hustle)
Réalisateur : David O. Russell
Acteurs : Christian Bale, Bradley Cooper, Amy Adams
Date de sortie en France : 5 février 2014
Genre : thriller

Synopsis : 
Un escroc particulièrement brillant, Irving Rosenfeld, et sa belle complice, Sydney Prosser, se retrouvent obligés par un agent du FBI, Richie DiMaso, de nager dans les eaux troubles de la mafia et du pouvoir pour piéger un homme politique corrompu, Carmine Polito. Le piège est risqué, d’autant que l’imprévisible épouse d’Irving, Rosalyn, pourrait bien tous les conduire à leur perte…

Avis : 
 Nouveau film réalisé par David O. Russell, American bluff s'inspire de l'affaire Abscam, une opération de la fin des années 1970 dans laquelle des escrocs se sont alliés au FBI pour déterminer l’identité d'hommes politiques aux agissements douteux. Pour l'occasion, le réalisateur regroupe de nombreux acteurs de ses deux précédents films : Bradley Cooper (Very bad trip), Jennifer Lawrence (Hunger games : l'embrasement) et Robert DeNiro (Malavita) avaient joué dans Happiness therapy ; Christian Bale (Les Brasiers de la colère), Amy Adams (The Master) dans Fighter.


Le film nous plonge donc dans les années 70, parfaitement reconstituée, dans cette histoire d'escrocs contraints de s'associer au FBI pour ne pas finir en prison. Magouilles, trahisons, complots sont donc au menu, dans cette histoire qui va rapidement dépasser les protagonistes, qui ont être confrontés à de puissants hommes politiques et à la mafia. Cela donne un scénario assez décousu, assez décomplexé, mais qui tourne également un peu en rond au fil des retournements de situation.

Ainsi, même si le casting est impeccable et campe des personnages réjouissants, on finit par se perdre un peu, entre les rebondissements prévisibles et les passages qui semblent parfois tomber un peu du ciel. Cela devient un véritable défaut au regard de la durée du film, plus de 2 heures, pendant lesquelles on décroche souvent sans avoir vraiment l'impression de louper quelque chose.

Après Happiness therapy et Fighter, David O. Russell déçoit un peu avec cet American bluff, qui compte néanmoins 10 nominations aux prochains Oscars. Et c'est peut-être là la plus grande escroquerie d'un film qui, s'il n'est pas désagréable, n'en méritait clairement pas tant !

Note : 6,5/10


mardi 4 février 2014

RoboCop


Titre : RoboCop
Réalisateur : Paul Verhoeven
Acteurs : Peter Weller, Nancy Allen, Dan O'Herlihy
Date de sortie en France : 20 janvier 1988
Genre : action, science-fiction, policier

Synopsis : 
A l'aube de l'an 2000, Detroit est la proie du crime et de la corruption. Pour pallier ce terrible état, les services de police inventent une nouvelle arme infaillible, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d'acier qui a pour mission de sauvegarder la tranquillité de la ville. Mais ce cyborg a aussi une âme... 

Avis : 
  L'occasion était trop belle : alors que son remake sort en février 2014, revenons sur l'un des titres phares de la science-fiction d'action des années 80 et du mouvement cyberpunk : RoboCop de Paul Verhoeven. Premier film américain du "hollandais violent", il met donc en scène les aventures d'un flic qui, après avoir été assassiné, est transformé en redoutable robot-policier destiné à rétablir l'ordre dans les rues de Détroit. Un thème bien ancré dans son époque... pour un film qui accuse franchement le poids des années.


Comme beaucoup de films de ce genre (Total Recall du même Verhoeven, ou Johnny Mnemonic), RoboCop a très salement vieilli. En cause ? Ces bonnes vieilles années 80. Car on est très loin de la sobriété qui était encore de mise dans les années 70 : avec les années 80, tout le monde se lâche, dans une espèce de foire à la ringardise programmée. Si cela donne parfois au cinéma de cette époque des tenues plus qu'exubérantes et surannées, RoboCop va aller plus loin, en généralisant cette ringardise à tous les niveaux.

Dans RoboCop, les criminels ressemblent à des personnages de sketches parodiques : coupes de cheveux improbables, tenues flashy, les méchants ne peuvent prononcer plus de deux phrases à la suite sans ponctuer l'ensemble de rires de hyènes. Plus qu'un détail, il s'agit d'un élément omniprésent dans le film, qui a le don de rendre grotesque certains passages destinés à être forts (la mort dramatique et violente de Murphy devient un festival de ridicule). Ce n'est là que la partie visible de l'iceberg : en dehors de ces personnages rendus grotesques par une volonté d'être à la mode plus que par l'action des années, tout le film est enfermé dans une sorte d'univers parallèle, où les thèmes abordés (effleurés, devrais-je dire) sont d'une simplicité inouïe, où la réalisation de Verhoeven paraît horriblement vieillotte et où les acteurs semblent avoir été embauchés selon leur faculté à en faire des tonnes. Face à ce maelstrom de ringardise, où l'on tente de détourner notre attention par une violence aussi décomplexée que puérile, on en vient presque à pardonner la qualité médiocre des effets spéciaux, pris de pitié pour le pauvre ED-209 incapable de descendre des escaliers et gesticulant tristement les quatre fers en l'air.

Finalement, on n'appréciera que l'apparence de RoboCop lui-même, le robot plus humain que les humains (dois-je rappeler que Blade Runner est sorti en 1982 ?), le super-flic qui luttera contre la corruption de ces salopards de capitalistes dont l'unique volonté est de s'en mettre plein les poches, et la présence de Nancy Allen (Blow out, Pulsions...), perdue dans un monde d'hommes virils refusant de lui laisser le volant. Bref, RoboCop est l'archétype même de l'oeuvre qui était destinée à vieillir, trop ancrée dans la fin des années 80 à tous les niveaux et trop désireuse d'en mettre plein la vue (les technologies de l'époque sont particulières...) pour ne pas être absolument ringard 30 ans plus tard. Monsieur José Padilha, votre remake a la possibilité de surpasser l'original sans trop de difficultés...

Note : 2,5/10


La Vie rêvée de Walter Mitty


Titre : La Vie rêvée de Walter Mitty (The Secret life of Walter Mitty)
Réalisateur : Ben Stiller
Acteurs : Ben Stiller, Kristen Wiig, Shirley MacLaine
Date de sortie en France : 1er janvier 2014
Genre : aventures, comédie dramatique

Synopsis : 
Walter Mitty est employé au magazine Life. Excessivement timide, il s’imagine être le héros d'aventures imaginaires pour s’évader de sa réalité stressante. Mais un jour, il doit faire face à des problèmes de la vie réelle : avouer son amour à sa collègue Cheryl Melhoff et retrouver le négatif n°25 du célèbre photographe Sean O'Connell...

Avis : 
 Adaptation de la nouvelle The Secret Life of Walter Mitty de James Thurber, parue en 1939, La Vie rêvée de Walter Mitty est le cinquième long métrage réalisé par Ben Stiller (Disjoncté, Tonnerre sous les tropiques), qui se met lui-même en scène dans le rôle de Walter Mitty, un employé introverti de Life confronté à la fin imminente de la version papier du magazine. Vivant une vie monotone, réglée au détail près, il ne s'échappe de la banalité de son quotidien qu'en s'imaginant vivre des aventures fantastiques.


Débutant comme une comédie dramatique et romantique assez banale, avec cet employé incapable de réagir face à son patron et incapable de séduire la femme qui lui plaît, Walter Mitty va rapidement s'en démarquer par ses scènes de fantasmes : avec énormément d'énergie, Ben Stiller se met en images dans des séquences d'action improbables, dans des passages issus des pires mélodrames...Evidemment, le personnage finira par être rattrapé par la réalité, et devra vivre de véritables aventures pour retrouver l'insaisissables photographe Sean O'Connell.

Pour notre plus grand bonheur, ce basculement dans la réalité va se révéler aussi euphorisant, voire même plus, que tout ce qui a précédé. Dans des paysages grandioses, Walter Mitty se rend ainsi au Groenland, en Island (où il survivra à l'éruption de l'Eyjafjallajökull), puis dans l'Himalaya, nous dépaysant totalement et nous invitant avec lui à prendre une immense bouffée d'air pur. Et si le scénario est assez prévisible, notamment en ce qui concerne l'endroit où se trouve le négatif n°25 ou ce qu'il contient, c'est avec un vrai plaisir que l'on suit les aventures de Ben Stiller.

Bref, La Vie rêvée de Walter Mitty est le feel-good movie par excellence, celui dont on ressort avec un immense sourire sur le visage avec la satisfaction d'avoir simplement vu un très joli film, aux images grandioses, à l'histoire simple mais à la portée universelle. Une vraie réussite donc que ce film rafraichissant.

Note : 8/10


lundi 3 février 2014

En vrac 2013

Voilà donc, en vrac, plusieurs films qui n'ont pas fait l'objet d'une fiche unique sur ce blog, généralement parce que je n'avais pas assez de choses à en dire, que le film ne m'inspirait pas assez.

20 ans d'écart, de David Moreau, avec Virgina Efira, Pierre Niney...
Une énième comédie sentimentale à la française, avec pour unique originalité la mode de la "femme couguar". Pas désagréable à regarder, mais bien trop convenu pour être mémorable...

A la Merveille (To the Wonder), de Terence Malick, avec Ben Affleck, Olga Kurylenko, Javier Bardem...
Je suis resté un peu le cul entre deux chaises face à ce film, où Malick tente de laisser s'exprimer au maximum les sentiments, quitte à perdre le spectateur en chemin...mais nous impose en permanence les pensées de ses personnages, leur enlevant quasiment tout mystère. Trop ou pas assez radical, A la Merveille est finalement simplement bancal.

Les Apaches, de Thierry de Peretti, avec François-Joseph Culioli, Aziz El Haddachi, Hamza Meziani...
Un film assez glaçant sur la violence en Corse, et sur la façon dont un simple doute peut avoir des conséquences dramatique. On retiendra notamment une virée nocturne interminable et tétanisante, une des scènes les plus marquantes de l'année.

Blue Jasmine, de Woody Allen, avec Cate Blanchett, Alec Baldwin, Sally Hawkins...
Entièrement porté par l'interprétation sublime de Cate Blanchett, le dernier Woody Allen n'a en fait pas vraiment d'autre qualité, et offre notamment une énorme impression de déjà-vu dans le parcours de cette femme accroc aux signes extérieurs de richesse.


Frances Ha, de Noah Baumbach, avec Greta Gerwig...
Beaucoup d'énergie et un vrai sens de l'à-propos pour le portrait de cette jeune artiste désoeuvrée vivant au jour le jour, au fil de ses rencontres et mésaventures. Un film qui laisse un grand sourire pendant toute sa durée, et encore bien après.

Le Géant égoïste, de Clio Barnard, avec Conner Chapman, Shaun Thomas...
Un conte à la Dickens, relatant l'histoire de deux gamins tentant de se débrouiller dans la friche industrielle du nord de l'Angleterre. Une très belle histoire d'amitié doublée d'un drame poignant, où l'innocence de ces enfants se heurte à la réalité du monde des adultes, manipulateurs, menteurs et profiteurs. Une des belles surprises de l'année.

La Grande bellezza, de Paolo Sorrentino, avec Toni Servillo, Carlo Verdone...
Une plongée façon "syndrome de Stendhal" dans la Rome décadente des artistes repliés sur eux-mêmes, rappelant furieusement le cinéma de Fellini. Sans doute l'un des films les plus aboutis techniquement de l'année, et avec un Toni Servillo magnifique dont certains monologues sont d'un sublime cynisme. Très étrangement, on en ressort aussi déprimé qu'euphorique, épuisé par des scènes de fêtes à la démesure épuisante.

The Immigrant, de James Gray, avec Marion Cotillard, Joaquin Phoenix, Jeremy Renner...
Une belle coquille vide. Si la réalisation et l'aspect visuel rappellent certains grands classiques du cinéma, le film de James Gray tourne malheureusement à vide, son scénario ne proposant rien malgré un Joaquin Phoenix comme toujours parfait.

 Je suis supporter du Standard, de et avec Riton Liebman, avec Léa Drucker, Samir Guesmi...
L'idée de traiter le football comme une véritable addiction est formidable, et donne lieu à quelques scènes cocasses (la purge, la rechute, le test de dépendance), mais peine à remplir un film qui ne va jamais plus loin que ses fulgurances humoristiques.

Jobs, de Joshua Michael Stern, avec Ashton Kutcher, Dermot Mulroney...
L'ascension de Steve Jobs, campé par un Ashton Kutcher dont la ressemblance est parfois troublante. Ce biopic s'adresse néanmoins à un public connaissant déjà le parcours de Jobs, utilisant de nombreux raccourcis plombant parfois le rythme d'un récit peu passionnant.

 The Lunchbox, de Ritesh Batra, avec Irrfan Khan, Nimrat Kaur...
Une romance assez originale, rappelant les premiers émois d'adolescents apprenant à se découvrir par courriers. Un joli film, qui évite de sombrer dans la facilité, et qui est aussi touchant que drôle grâce à une belle sobriété et une belle pudeur.

Magic, magic, de Sebastian Silva, avec Michael Cera, Juno Temple...
Un thriller étonnant, qui nous emmène aux confins de la folie avec le personnage interprété par Juno Temple, perdue dans un environnement qui lui est étranger, au milieu de quasi-inconnus. Les barrières de sa réalité s'effacent peu à peu pour l'enferme dans un monde imaginaire, à l'insu de ses camarades, donnant une ambiance très étouffante à certaines scènes.

Mystery, de Lou Ye, avec Hao Lei, Qin Hao, Qi Xi...
Plutôt moyen, ce thriller chinois se perd peu à peu en essayant de brouiller les pistes, gâchant un peu le drame familial et social de ces femmes trahies par le même homme, l'une acceptant la situation, l'autre ne la supportant pas. Cela suffisait amplement, sans avoir finalement besoin d'ajouter cette touche de "mystère" finalement très artificielle...


Song for Marion, de Paul Andrew Williams, avec Terence Stamp, Vanessa Redgrave, Gemma Arterton...
Un joli film, très pudique, sur le deuil et le travail de mémoire d'un vieux bougon devenu veuf depuis peu. Quelques scènes sublimes, d'autres très drôles (le groupe chantant du hard rock), et un couple d'acteurs vraiment touchants.


Spring breakers, de Harmony Korine, avec James Franco, Selena Gomez, Vanessa Hudgens...
On attendait un film un peu sulfureux ou subversif. On a finalement eu un film légèrement acidulé, comme une friandise pour adolescente, où Korine tente de mettre en abîme la vacuité de ses personnages par la vacuité de son scénario. Vain.

Upside down, de Juan Solanas, avec Kirsten Dunst, Jim Sturgess...
Un univers visuellement sublime, au service d'une romance impossible façon Roméo & Juliette. Rien de bien nouveau donc, malgré quelques images magnifiques.