mardi 19 février 2013

La Parade


Titre : La Parade (Parada)
Réalisateur : Srdjan Dragojevic
Acteurs : Nikola Kojo, Milos Samolov, Hristina Popovic
Date de sortie en France : 16 janvier 2013
Genre : drame, comédie

Synopsis : 
En voulant sauver son pitbull chéri et contenter sa fiancée capricieuse, Lemon, parrain des gangsters de Belgrade, se voit obligé d’assurer la sécurité de la première GayPride de Serbie.
Pour l’aider dans cette mission impossible, il part à la recherche d’anciens mercenaires. Serbe, musulman, bosniaque, albanais du Kosovo et combattant croate se retrouvent aux côtés des militants homosexuels. Comment cet équipage hétéroclite qui n’aurait jamais dû se rencontrer va-t-il arriver à transcender les frontières et leurs différences ?


Avis : 
Le 30 juin 2001, la première tentative de Gay Pride en Serbie s'était violemment terminée, de nombreux opposants agressant les participants devant des forces de police dépassées en nombre. En 2009, une nouvelle tentative fut annulée en raison des menaces de groupes d'extrême droite. Il fallut attendre le 10 octobre 2010 pour voir défiler à Belgrade 1000 militants, entourés de 6500 policiers afin de les protéger d'environ 7000 opposants. Depuis, chaque tentative a été interdite. 

Réalisé par Srdjan Dragojevic, La Parade évoque donc la question de l'homosexualité en ex-Yougoslavie. Un thème si sensible que le film nécessita 3 ans de travail, les organisations néonazies cherchant à empêcher le tournage. Un film qui va tenter de démonter les stéréotypes et les préjugés, en les tournant souvent en ridicule grâce à un humour pince-sans-rire et en réunissant une galerie de personnages hauts en couleurs, délicieusement caricaturaux, tant au niveau des homosexuels que des anciens soldats. Mini rose, petite écharpe et émotivité d'un côté, tatouages, muscles et beaufitude généralisée de l'autre, Parada réunit donc de façon classique des personnages que tout oppose, embarqués dans la même galère pour finalement s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents que ça...


Et ça fonctionne parfaitement, les personnages devenant très vite attachants malgré (grâce à ?) leurs défauts, et on s'amuse beaucoup par exemple pendant la partie où Lemon et Radmilo cherchent et rencontrent les amis du mercenaire sur les routes d'ex-Yougoslavie, les préjugés des uns répondant aux a priori des autres, certaines particularités s'effaçant progressivement pour être recouvertes d'autres différences, comme ces graffitis constamment redessinés sur la voiture du groupe. Mais le film sait aussi se montrer plus dramatique, notamment lorsqu'il met en scène les actes de violence dont sont victimes les homosexuels de Belgrade, quelque soit leur âge ou leur sexe, ou quand il nous montre toute la détresse de certains personnages obligés de cacher leur vérité pendant des décennies. 

Srdjan Dragojevic nous offre donc avec ce film à la base surréaliste (des soldats d'ethnies différentes s'alliant pour protéger la Gay Pride) une formidable leçon de tolérance, utilisant l'humour comme mécanisme fédérateur pour mieux détourner les clichés et vérités honteuses autour de ses personnages. Une oeuvre forcément essentielle pour la cause homosexuelle en Serbie, mais qui pourrait nous donner également bien des leçons à l'heure des polémiques incessantes quant au mariage homosexuel...

Note : 7,5/10



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