Titre : Duel
Réalisateur : Steven Spielberg
Acteurs : Dennis Weaver
Date de sortie en France : 21 mars 1973
Genre : thriller
Synopsis :
Sur une route californienne, un modeste employé de commerce se voit pris
en chasse par un énorme camion. Une course-poursuite effrénée
s'engage...
Avis :
En 1971, le jeune Steven Spielberg est encore un inconnu aux yeux du grand public. Ayant principalement oeuvré sur des séries, comme Columbo ou Night Gallery, il va connaître son premier grand succès avec un téléfilm diffusé dans le cadre des movie of the week end pour la chaîne de télévision ABC : Duel. Il adapte pour l'occasion une nouvelle de Richard Matheson, auteur notamment de Je suis une légende ou de L'Homme qui rétrécit, qui signera le scénario du téléfilm, et d'un budget de 375.000 dollars pour treize jours de tournage.
Dans un paysage désertique rappelant par moments l'atmosphère de certains westerns, Spielberg met en images une course-poursuite intense dans laquelle un camion-citerne Peterbilt 281 poursuit sans motif apparent David Mann (Dennis Weaver, repéré par le réalisateur dans La Soif du Mal d'Orson Welles) au volant de sa Plymouth Valiant. Rapidement, cette poursuite prend toutes les apparences d'une chasse entre le prédateur, ce camion imposant et rouillé, à l'aspect repoussant, et la proie blessée, cette voiture défectueuse avec laquelle il semble jouer. Une impression qui ancre le téléfilm dans le fantastique le plus pur, l'immense camion devenant un personnage à part entière.
Si l'on n'aperçoit que très rarement son conducteur (dont on ne verra que le bras ou les pieds), c'est surtout par son apparence et son comportement que le véhicule rappelle une créature malfaisante : recouvert de rouille, cabossé, il semble porter les stigmates (et les trophées, consistant en une collection de plaques d'immatriculation exhibées comme autant de scalps de ses victimes) d'affrontement passés, observe sa proie, fait semblant de la laisser échapper pour mieux la retrouver ensuite...Mieux encore : blessé, le monstre semblera même saigner et rugir. C'est un véritable Léviathan mécanique qui poursuit David Mann, cet homme ordinaire, marié et père de famille qui devra faire preuve de toute son ingéniosité et son courage pour lui échapper, dans une oeuvre qui évoque déjà le futur Les Dents de la mer.
Face au succès du téléfilm, Universal décidera de sortir le film à l'étranger, où le film bénéficiera parfois, comme en France où il remportera le Grand Prix du festival du film fantastique d'Avoriaz en 1973, d'une sortie en salles dans une version allongée de 16 minutes, Spielberg tournant des scènes supplémentaires afin de parvenir à un film d'1h30.
Transcendant un sujet plutôt maigre, le réalisateur offre donc avec ce Duel une de ses oeuvres les plus remarquables, sans aucun temps mort et au suspense omniprésent, avec laquelle, avant même d'inspirer la peur des requins, il a poussé de nombreux automobilistes à frissonner en voyant un camion-citerne apparaître dans leur rétroviseur.
Note : 8/10
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