mardi 2 avril 2013

Syngué Sabour - Pierre de patience


Titre : Syngué Sabour - Pierre de patience
Réalisateur : Atiq Rahimi
Acteurs : Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan, Hassina Burgan
Date de sortie en France : 20 février 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l'autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l'amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu'à ses secrets inavouables. L'homme gisant devient alors, malgré lui, sa "syngué sabour", sa pierre de patience - cette pierre magique que l'on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances...  

Avis :
Avec Syngué Sabour, Atiq Rahimi adapte lui-même son propre roman du même nom, lauréat du prix Goncourt en 2008. Sur fond de guerre civile en Afghanistan, il se concentre sur une femme veillant sur son mari inconscient depuis qu'il a pris une balle dans la nuque. Trop pauvre pour se procurer des médicaments, elle ne peut compter que sur la prière pour espérer voir l'homme se réveiller et, sous la menace des attaques, choisit de confier ses deux filles à sa tante, restant ainsi seul avec lui, et en profitant bientôt pour lui confier ses secrets, la domination de son mari l'empêchant d'avoir de vraies discussions avec lui tant qu'il était en pleine possession de ses moyens.

Syngué Sabour - Pierre de patience va ainsi prendre la plupart du temps la forme de longs monologues pendant lesquels la femme va peu à peu se libérer, prendre pleinement conscience d'elle-même et avouer peu à peu ses secrets les plus honteux à un homme réduit à l'état d'objet - comme dans un juste retour des choses, une inversion de la condition de l'homme et de la femme en temps normal. Le mari devient un objet qu'il convient de cacher, ne servant plus que de confident, de "syngué sabour", la fameuse pierre de patience.


De la patience, il en faudra d'ailleurs au spectateur pour suivre un film où il ne se passe finalement pas grand chose. A l'exception de la venue d'un soldat dans la seconde partie, on se contente d'assister aux confessions de la femme dans un endroit unique. Heureusement, Golshifteh Farahani, jeune actrice que l'on a déjà pu voir dans A propos d'Elly d'Asghar Farhadi, Mensonges d'état de Ridley Scott ou Poulet aux prunes de Marjane Satrapi, est formidable, son jeu tout en nuance servant merveilleusement l'évolution subtile du personnage et suffisant largement à maintenir l'intérêt du spectateur. 

Si l'on s'ennuie parfois, on regrettera également un final un peu trop convenu et prévisible, gâchant à mon sens la finesse caractérisant jusqu'alors le film. Dommage, car l'intérêt du film venait justement de cette lente transformation de la femme, aspirant à plus d'attention et de liberté après des années d'enfermement physique et psychologique. Un bémol qui empêche le film de se hisser parmi les oeuvres les plus marquantes du cinéma du Moyen-Orient de ces dernières années.


Note : 7/10



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