mercredi 21 mai 2014
La Vénus à la fourrure
Titre : La Vénus à la fourrure
Réalisateur : Roman Polanski
Acteurs : Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner
Date de sortie en France : 13 novembre 2013
Genre : drame
Synopsis :
Seul dans un théâtre parisien après une journée passée à auditionner des comédiennes pour la pièce qu’il s’apprête à mettre en scène, Thomas se lamente au téléphone sur la piètre performance des candidates. Pas une n’a l’envergure requise pour tenir le rôle principal et il se prépare à partir lorsque Vanda surgit, véritable tourbillon d’énergie aussi débridée que délurée. Vanda incarne tout ce que Thomas déteste. Elle est vulgaire, écervelée, et ne reculerait devant rien pour obtenir le rôle. Mais un peu contraint et forcé, Thomas la laisse tenter sa chance et c’est avec stupéfaction qu’il voit Vanda se métamorphoser.
Avis :
Après Carnage, huis clos au casting très réduit adapté d'une pièce de théâtre, Roman Polanski remet ça avec La Vénus à la fourrure : un lieu unique, un théâtre, et seulement deux personnages pour un film inspiré du roman de Sacher-Masoch. Un face à face théâtral qui va rapidement devenir une lutte entre un dominant et un dominé, le metteur en scène et son actrice étant peu à peu dévoré par l'oeuvre qu'ils répètent.
La thématique sado-masochiste a toujours été présente dans la filmographie de Polanski, du Locataire à La Neuvième porte en passant par Lunes de fiel, le réalisateur profitant même de son physique chétif pour appuyer cette tendance. Un physique qu'il partage avec Mathieu Amalric : l'acteur du Scaphandre et le papillon ressemble ainsi étrangement à Roman Polanski lorsqu'il était jeune. La Vénus à la fourrure joue donc sur le rapport de force entre Thomas et Vanda, le metteur en scène cultivé, exigeant et impatient et l'actrice désirant obtenir le rôle, mais arrivant très en retard et semblant aussi vulgaire qu'idiote.
Subtilement, le rapport de force va s'inverser : d'impatient et souhaitant rapidement rentrer chez lui, le metteur en scène est vite fasciné par le naturel de l'actrice, par sa façon d'incarner le personnage qu'il a imaginé, mais aussi irrité par ses remarques récurrentes sur les défauts de la pièce. Avec son art de la mise en scène et de la suggestion, Polanski nous transporte aisément, nous fait entrer et sortir à sa guise de la pièce dans le film, joue sur les lumières, destructure même ses éléments de réalisation et ses astuces dans un film qui se révèle ainsi très amusant à suivre.
Ajoutez à cela un érotisme diffus, deux acteurs impeccables (oui, mais Emmanuelle Seigner, que l'on a rarement - jamais ? - vue aussi bonne), et on se retrouve avec un film souvent troublant, mais aussi parfois agaçant à force de didactisme et de clins d'oeil à la filmographie du réalisateur. Et si l'on pourra s'interroger sur la part autobiographique de ce Polanski, on appréciera ce huis clos très réussi, rondement mené, particulièrement intéressant même s'il n'atteint pas le réjouissant cynisme de Carnage.
Note : 8,5/10
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