mercredi 26 juin 2013

Room 237


Titre : Room 237
Réalisateur : Rodney Ascher
Acteurs : Jay Weidner, Buffy Visick, Scatman Crothers
Date de sortie en France : 19 juin 2013
Genre : documentaire

Synopsis : 
En 1980, Stanley Kubrick signe Shining, qui deviendra un classique du cinéma d'horreur. A la fois admiré et vilipendé, le film est considéré comme une oeuvre marquante du genre par de nombreux experts, tandis que d'autres estiment qu'il est le résultat du travail bâclé d'un cinéaste de légende se fourvoyant totalement. Entre ces deux extrêmes, on trouve cependant les théories du complot de fans acharnés du film, convaincus d'avoir décrypté les messages secrets de Shining.
ROOM 237 mêle les faits et la fiction à travers les interviews des fans et des experts qui adhèrent à ce type de théories, et propose sa relecture du film grâce à un montage très personnel. ROOM 237 ne parle pas seulement de fans d'un film mythique – il évoque les intentions de départ du réalisateur, l'analyse et la critique du film.  


Avis : 
Les films de Stanley Kubrick ont toujours été l'occasion de débats passionnés entre les fans, ses films offrant d'innombrables mystères laissant la porte ouverte à autant d'interprétations qu'il y a de spectateurs. Aussi, s'il semble bien plus abordable que 2001, l'odyssée de l'espace, Shining continue d'alimenter l'imagination des passionnés les plus extrêmes, scrutant le moindre plan, le moindre élément du décor, s'amusant à interpréter chaque photo accrochée au mur, chaque tenue, jusqu'à parfois nous offrir quelques théories particulièrement farfelues.


C'est sur ce fanatisme que s'attarde ce Room 237. En effet, il ne s'agit pas d'un documentaire sur Kubrick ou sur la fabrication de son Shining : nous n'apprendrons ainsi quasiment rien sur la forme du film, ni sur l'équipe, et nous ne verrons le réalisateur au travail que quelques secondes. Non, Room 237 s'intéresse au fond, à cette façon qu'a l'amateur de transposer sa propre sensibilité sur le film, de se l'approprier et ainsi de lui accoler sa propre vision des choses, faisant ainsi sien le moindre élément pour le raccrocher, parfois au mépris de tout recul, à son interprétation. 

Rodney Ascher nous fait ainsi écouter plusieurs intervenants, qui décortiquent quelques scènes connues (les tours de tricycle de Danny, le labyrinthe) et quelques éléments moins spectaculaires (la première visite de l'Overlook), pointant du doigt le sens du détail de Kubrick, décryptant les fausses erreurs du réalisateur et extrapolant sur des éléments du décor invisibles à ceux qui ne partagent pas leur interprétation. Seulement, si certaines démonstrations sont passionnantes (le chapitre sur les deux projections en transparence de Shining, l'une à l'endroit et l'autre à l'envers, est étonnant, tout comme les différentes analyses de la géographie de l'hôtel), la plupart semblent tirées par les cheveux, voire ridicules, nous annonçant par exemple que, comme il y a une machine à écrire allemande et le nombre 42, le film évoque l'Holocauste, ou que le fait qu'on puisse faire le mot MOON avec les lettres de ROOM N°237 ou le motif d'une fusée sur un pull prouve le fait que Kubrick ait réalisé le faux film de l'alunissage d'Apollo 11 pour Hollywood !

Dick Hallorann regarde tranquillement Shining à la télé...

La forme de ce documentaire n'est pas plus convaincante : utilisant en permanence des images de films pour illustrer les propos des intervenants (que nous ne verrons jamais), Room 237 pioche évidemment dans les autres films de Kubrick, mais aussi dans d'autres oeuvres (Faust, une légende allemande, La Liste de Schindler, Fellini Satyricon), quitte à être d'un gout très douteux (passer très régulièrement les mêmes images du naveton italien Démons de Lamberto Bava, on est même au-delà de la faute de gout). 

En fait, le problème principal de ce Room 237, s'il n'est pas sans qualités, est de ne rien proposer de nouveau. A l'heure d'internet, on peut facilement retrouver ces théories, et bien d'autres, également développées par des intervenants sans visage, et il est aussi aisé de vérifier nous même chaque élément évoqué, et d'en plus nous documenter sur le film étudié (ce que ce documentaire ne propose quasiment pas). Bref, s'il intrigue, ce documentaire nous laisse hélas sur le côté, au point de se demander l'intérêt d'une telle oeuvre au cinéma...

Note : 4/10


 

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