Titre : Last night in Soho
Réalisateur : Edgar Wright
Acteurs : Anya Taylor-Joy, Thomasin McKenzie, Matt Smith
Date de sortie en France : 27 octobre 2021
Genre : thriller, épouvante
Synopsis :
Passionnée de mode, Eloise n'hésite pas un instant quand
elle doit elle aussi quitter la campagne anglaise pour rejoindre la
capitale, là où sa propre mère mit fin à ses jours des années plus tôt.
Sur place, la jeune femme est victime d'un phénomène inexplicable, et
elle se retrouve soudainement propulsée dans le Londres des années 60.
Prise entre rêve et réalité, elle s'adapte vite à ce cadre si glamour et
agréable. Sa rencontre avec une étoile montante de la chanson va
transformer ses espoirs et cette illusion en véritable cauchemar. Elle
se retrouve désormais en face de tous les fantômes de ce passé qui l'a
toujours hantée...
Avis :
Les
Beatles, les Who, les Rolling Stones, Pink Floyd... Mary Quant et la
minijupe... les mannequins Twiggy et Jean Shrimpton... Les Swinging
Sixties
britanniques représentent une décennie de révolution culturelle,
d’explosion artistique, une période de liberté et d’insouciance. Une
décennie qu’admire Eloise,
jeune étudiante en mode qui débarque à Londres avec ses musiques des
années 60 dans la valise. Une décennie qu’elle rejoindra rapidement dans
ses rêves,
comme pour s’évader d’un monde contemporain où elle ne se reconnaît pas.
Pour finalement s’apercevoir que, de l’autre côté du miroir, cette
période fantasmée
connaît également sa part d’ombre.
Après
un "Baby Driver" que j’avais trouvé anecdotique, Edgar Wright se frotte
cette fois à l’horreur et à l’épouvante psychologique avec cette
héroïne fragile,
plongée dans un univers inconnu et hostile. Le thème n’est certes pas
nouveau, et le personnage interprété par Thomasin McKenzie ("Old") est
une petite
boule de clichés sur pattes : la fille réservée, mais douée,
psychologiquement fragile, qui a perdu sa mère plus jeune, qui débarque
de sa campagne avec toute
l’innocence que ça implique, qui va être confrontée à la grande ville, à
ses excès et à des camarades insupportables. Pourtant, le personnage
est attachant, et va
nous entraîner sans problème dans son sillage, à la rencontre de
Sandie.
Sandie
a du culot, Sandie est belle, Sandie a du talent. Et surtout, Sandie a
vécu pendant les Swinging Sixties, et rêvait d’être la nouvelle vedette
du Café de
Paris. Difficile de ne pas tomber instantanément amoureux du personnage
interprété par Anya "The Witch" Taylor-Joy (décidément faite pour ce type de rôle),
et Eloise va
rapidement vouloir la rejoindre tous les soirs... dans ses rêves. Eloise
s’inspire de Sandie, se coiffe comme elle, s’habille comme elle,
reproduit sa tenue dans
son cours dans son cours de mode.Peu à peu, les frontières entre rêve et
réalité s’estompent, notamment grâce au jeu permanent d’Edgar Wright
sur les lumières
et les reflets.
Les
éléments des rêves surgissent peu à peu dans la réalité, menaçant la
santé mentale d’Eloise.
Wright prend son temps pour faire basculer son film. Pendant une longue
première partie, il nous vend du rêve et de l’espoir, reproduit
l’ambiance des 60s avec
brio, nous épuisant presque dans l'euphorie d'une danse et d'un rythme
intense, n’y intégrant quelques bizarreries qu’avec parcimonie et avec
le sens de la référence que le caractérise. Difficile de ne pas penser à
Mario Bava ou à Dario
Argento sur certains jeux de lumière, ou lorsque Eloise prend le taxi en
direction de son école d’arts. Et quand le film embrasse enfin
pleinement son côté
obscur, c’est après une incroyable reprise de "Downtown" par Anya
Taylor-Joy, qui efface définitivement la frontière entre réalité,
rêve... et cauchemar.
On
ne s’y attend ainsi presque plus lorsque Last night in Soho plonge dans
l’épouvante. Pourtant, plus que de la véritable peur, c’est du malaise
qu’il fait naître
chez le spectateur. Là encore, le thème de la starlette trompée n’est
pas neuf, mais la descente aux enfers est terrible, et le faciès si
particulier de Matt Smith
("Lost River", le onzième "Doctor Who") renforce encore ce malaise, tout
comme ces spectres aux visages flous qui assaillent de plus en plus
Eloise. Si la première partie nous étouffait presque par ses lumières,
la seconde lui répond parfaitement en nous maintenant en permanence sous
pression. Seul petit regret : un final qui s'étire un peu en longueurs,
notamment à cause de ficelles scénaristiques trop grosses et d'une
tendance à trop expliquer ce que le spectateur avait déjà compris.
Le
dernier Edgar Wright ne ressemble finalement pas vraiment à ses
précédentes oeuvres, exception faite de l'importance de la musique dans
le film et pour le personnage principal, et de son goût pour les
classiques. Le réalisateur britannique signe ici l'un des meilleurs
films de l'année, aussi envoutant qu'inquiétant, et peut-être son film
le plus abouti. Et n'oubliez pas : Things will be great when you're Downtown, No finer place for sure Downtown... everything's waiting for you...
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