Titre : Harry Potter et les reliques de la mort : 1ère partie (Harry Potter and the deathly hallows - part 1)
Réalisateur : David Yates
Acteurs : Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint
Date de sortie en France : 24 novembre 2010
Genre : fantasy, fantastique
Synopsis :
Harry, Ron et Hermione se sont lancés dans une périlleuse mission :
retrouver et détruire les Horcruxes, le secret de l'immortalité du
Seigneur des Ténèbres. Ayant laissé derrière eux Poudlard, l'Ordre du
Phénix et leurs familles, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour
accomplir leur quête. Pendant ce temps, la guerre a commencé et les
Mangemorts prennent le contrôle du ministère de la Magie, puis de
Poudlard. Tout opposant est pourchassé et arrêté, et la chasse aux
Moldus est devenue monnaie courante. Pourtant,
Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom n'est toujours pas satisfait :
l'Elu Harry Potter, la proie la plus dangereuse, est toujours hors de
portée. Le seul espoir est alors qu'Harry et ses amis retrouvent les
Horcruxes avant que le sorcier qui s'est lui-même attribué le titre de
Lord ne s'attribue un pouvoir légendaire grâce à des objets légendaires,
évoqués dans de vieux contes quasiment oubliés : les Reliques de la
Mort. L'ultime bataille du monde des sorciers approche.
Avis :
Harry
Potter...Voilà un nom qui provoque souvent bon nombre de réactions, de
l'hystérie la plus totale au rejet le plus définitif, en passant par le
désintérêt poli et la curiosité amusée. Un succès d'abord littéraire,
initié en 1999 par
Harry Potter à l'école des sorciers, premier livre
d'une heptalogie devenue un véritable phénomène de société ; un succès
ensuite cinématographique, une telle réussite ne pouvant être ignorée du
monde du cinéma, qui s'empara donc logiquement du personnage dès 2001
pour ensuite adapter chaque épisode de la saga, avec à chaque fois un
formidable engouement populaire, mais pas toujours critique, la faute
bien souvent à une retranscription brouillonne, elliptique ou tout
simplement trop enfantine, là où J.K. Rowling enfonçait son oeuvre dans
une noirceur progressive. Une noirceur qui imprégnait les pages de
"Harry Potter et les reliques de la Mort", l'ultime roman de la série (et qui devrait le rester selon l'auteure) enfin adapté au cinéma. Voilà
maintenant dix ans que le sorcier à lunettes déambule sur nos écrans,
et ses aventures touchent à leur fin.
Mais la fin, ça ne sera pas
pour tout de suite. En effet, afin de donner à Harry Potter la sortie
qu'il mérite, les producteurs ont décidé de rester un maximum fidèles au
roman de Rowling...et se sont rapidement aperçus que la richesse et la
densité de ce dernier, qui n'est pourtant pas le plus long de la saga,
nécessitait une durée bien trop importante pour être limitée à un seul
film. Si l'idée fut même rapidement évoquée de diviser le tout en trois,
c'est finalement en deux parties qu'
Harry Potter et les reliques de
la Mort débarquera sur nos écrans : d'abord en novembre 2010 pour la
première, qui nous intéresse ici ; puis en juillet 2011 pour la seconde.
On notera d'ailleurs qu'il avait déjà été suggéré de scinder
Harry Potter et la Coupe de Feu
en deux, avant que l'idée ne soit abandonnée. Si cette scission pose
évidemment la question de la volonté de profiter une dernière fois des
Gallions durement gagnés des spectateurs Moldus, on ne peut néanmoins
qu'apprécier la volonté de ne pas nous offrir une adaptation qui
n'aurait été que l'ombre du roman, comme le fut
Harry Potter et l'Ordre
du Phénix par exemple, qui n'avait plus grand chose à voir avec
l'oeuvre de Rowling (mais n'était pas pour autant désagréable).
Evidemment,
un projet tel que la réalisation d'un double film en un va prendre
énormément de temps : le tournage débute le 19 février 2009, pour
s'achever le 12 juin 2010. Et évidemment, il faut également jongler avec
les divers emplois du temps : Ralph Fiennes (Lord Voldemort), occupé
par d'autres tournages, n'était pas toujours disponible, et il fallait
également gérer l'entrée d'Emma Watson (Hermione Granger) à
l'université, la jeune femme désirant poursuivre ses études. Il a
également fallu tenir compte d'imprévus, comme la condamnation de Jamie
Waylett (Vincent Crabbe) pour possession de drogue, nécessitant quelques
arrangements scénaristiques, ou de façon plus cocasse la spectaculaire
perte de poids de Harry Melling (Dudley Dursley), obligeant les
maquilleurs à concevoir une combinaison pour donner l'apparence
rondouillarde du personnage ! Enfin, il fallait trouver un réalisateur
pour le film. Si Alfonso Cuaròn, déjà réalisateur de
Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban
a manifesté sa volonté de diriger le dernier volet, ainsi que Guillermo
del Toro (déjà approché à l'époque du troisième volet) malheureusement
retenu par la pré-production de
The Hobbit, c'est finalement David
Yates, réalisateur des deux épisodes précédents qui revient derrière la
caméra, ayant l'avantage de bien connaître l'univers et l'équipe du
film. Dernier point, alors que les deux moitiés du film devaient être
diffusées en 3D mais, faute de temps, seul le second le sera.
Apparemment, la Warner Bros. n'a pas voulu se retrouver une nouvelle
fois face à la colère du public, qui avait vu d'un très mauvais oeil le
report, pour raisons commerciales, du précédent volet
Harry Potter et
le Prince de Sang-mêlé. On parle toutefois déjà d'une édition Blu-Ray
permettant de visualiser la première partie en 3D.
Le
sixième film se terminait de façon dramatique par la mort brutale de
Dumbledore, tué par Severus Rogue. Avec sa mort, c'est le dernier
rempart contre "Vous-savez-qui" et ses Mangemorts qui s'est effondré,
faisant entrer le mode des sorciers dans les ténèbres. Un seul espoir,
très maigre, subsiste : le Seigneur des Ténèbres a divisé son âme en
plusieurs partie, l'abritant dans des objets maléfiques, les Horcruxes,
afin de s'approcher de l'immortalité. Si l'on détruit ces fragments
d'âme, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom sera enfin vulnérable.
Cette quête est justement celle qui a été confiée à Harry Potter par
Dumbledore avant son décès, ce dernier ne laissant que peu d'indices au
jeune homme, qui sera aidé par ses camarades de toujours, Hermione
Granger et Ron Wesley.
Une mission d'autant plus difficile que leur
monde n'est plus sûr pour eux, Harry étant devenu "l'indésirable numéro
1" suite à la chute du Ministère, qui fait la chasse aux "nés-moldus",
ces sorciers issus de familles de non-sorciers (et autrement qualifiés,
de façon discriminatoire, de "sang de bourbe") dont fait partie Hermione
; quant à Ron, les Weasley ont toujours marqué une certaine affection
pour les moldus et ont toujours soutenu Dumbledore, devenant ainsi des cibles pour les Mangemorts. C'est donc en
fuite, disposant de très peu d'indices quant à leur mission que nous
suivrons le trio dans la première partie de
Harry Potter et les
Reliques de la Mort.

Le roman de Rowling étant particulièrement
sombre, l'une des attentes principales, en plus de l'éternel débat
autour de la fidélité à l'oeuvre originale, était de retrouver cette
atmosphère. Et dès les premières minutes, chargées en émotion, on sent
que cet Harry Potter ne sera pas comme les autres. Une introduction qui
donnera d'ailleurs déjà du grain à moudre à ceux souhaitant une fidélité
totale au livre, puisqu'on y voit Hermione Granger utiliser le
sortilège d'amnésie sur ses parents, un passage uniquement évoqué par
J.K. Rowling mais dont l'impact est particulièrement fort, faisant de ce
changement un choix vraiment judicieux, étoffant le personnage
interprété par Emma Watson. Ce qui sera justement un aspect très
plaisant du film : la plupart des modifications apportées à l'histoire
originale, qui resteront assez discrètes, s'avèrent plutôt bien pensées
et pertinentes. Ainsi, la scène de la fuite de(s) Potter de Privet Drive
sera l'occasion d'une spectaculaire course-poursuite dans un
environnement bien plus urbain que dans le livre. La principale
exception à cette pertinence viendra d'un passage de danse assez
incongru. Globalement, le transfert entre le roman et le film est
effectué de façon très fidèle, la différence principale tenant au fait
que le film enchaîne les événements de façon plus rapide, parfois même
plus fluide, comme les passages assez longs dans le livre où le trio se
contente de fuir de forêt en forêt. Bien entendu, tout n'est pas
parfait, et on a parfois l'impression que certains passages-clé de
l'histoire arrivent de façon assez brusque, et que le non lecteur pourra
passer à côté de certains éléments. Mais rien de véritablement gênant,
d'autant qu'il conviendra d'attendre la seconde partie pour se faire
une idée plus précise de la version cinématographique de certains
événements mis de côté ici.
Un Harry Potter pas comme les autres
disais-je plus haut, ce qui se traduit notamment par un changement
d'importance : alors que les autres films proposaient une introduction
de 25 à 30 minutes après lesquelles les élèves arrivaient à Poudlard,
l'école de sorciers,
Harry Potter et les reliques de la mort - 1ère
partie ne met jamais les pieds dans ledit établissement. Au contraire,
le film nous emmène ici dans des lieux plus communs, accentuant le
sentiment de solitude de Harry, Hermione et Ron abandonnés dans un monde
qui n'est pas le leur, où ils n'ont que de rares repères (surtout Ron,
étant issu d'une famille de sorciers) le danger pouvant surgir de
partout. Si la magie est toujours très présente, elle se fait
généralement moins spectaculaire, plus sobre : ce septième volet est
celui de la confrontation constante au "monde réél" tel que nous le
connaissons, ancrant ainsi l'histoire dans un cadre plus tangible.
Jusque là, le monde Moldu se limitait quasiment à la maison des Dursley,
la famille adoptive de Harry, et lorsqu'on voyait un élément
"classique", il était généralement parasité par la présence d'éléments
magiques : on découvrait Londres par le biais du Magicobus dans
Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, la gare King's Cross cache le quai 9 ¾ et on survolait la campagne anglaise à bord d'une voiture volante dans
Harry Potter et la Chambre des Secrets.
Ici, le trio de retrouve dans Londres à pied, et les forêts qu'il
traverse sont dépourvues de créatures imaginaires, contrairement à la
Forêt Interdite de Poudlard.
Cette
confrontation au réél devient d'autant plus évidente que dans le film
met en avant un fait souvent écarté dans les films : les personnages
peuvent être blessés, et certains peuvent même mourir. Certes, depuis
Harry Potter et la Coupe de Feu,
plusieurs personnages importants ont été tués, mais il faut bien avouer
que le sortilège de mort, Avada Kedavra, est aussi efficace que non
spectaculaire. De même, si Harry Potter a régulièrement été blessé dans
les films précédents, et notamment dans son affrontement avec le Basilic
de la Chambre des Secrets, tout ça n'est rien comparé à HP 7-1. Même si
la violence graphique est atténuée par rapport au livre, il n'est plus
rare de voir des personnages blessés, affaiblis physiquement et
mentalement, arborant des blessures plus ou moins saignantes. Plus
sombre car plus violent, le film est également plus sombre que ses
prédécesseurs car...plus sombre. Là où les films précédents étaient
souvent très colorés, très lumineux, même si la saga avait tendance à
s'obscurcir dans les deux derniers épisodes, ce septième volet voit les
couleurs devenir plus ternes, à dominante grise, le soleil étant
généralement absent des sombres bâtiments dans lesquels les personnages
évoluent, sous les arbres des forêts dans lesquelles ils se cachent, ou
tout simplement au beau milieu de la nuit.
Plus sombre, le film
l'est également dans son scénario, abordant quelques thèmes plus matures
qu'à l'accoutumée. L'excursion au ministère met notamment l'accent sur
l'eugénisme et le racisme du nouvel ordre établi, entendant clairement
imposer sa domination aux moldus inférieurs et traquant ceux qui ne
seraient pas "purs", au moyen d'arbres généalogiques, de tribunaux, de
rafleurs et de liste de recensement. Pire, certains vont jusqu'à marquer
la chair des "sang de bourbe", une pratique rappelant des heures
sinistres de l'Histoire. Il est également question de foi, Harry suivant
presque aveuglement les volontés de Dumbledore, se fiant à sa seule
parole, ses compagnons se contentant alors de le suivre pensant qu'il
détient la clé des mystères qui les entourent. Mais surtout, le scénario
bouleverse l'ordre établi par les films précédents en offrant quelque
chose de complètement nouveau. Si jusque là, les Harry Potter se
contentaient d'un schéma assez classique encadré par les murs de
Poudlard, nous sommes ici en présence d'une espèce de road movie,
l'intrigue rebondissant continuellement de lieu en lieu avec une forme
d'urgence liée à la fuite du groupe. Le parti-pris, conforme à l'oeuvre
de Rowling, reste néanmoins assez osé, d'autant que la seconde partie
s'annonce bien plus spectaculaire et rythmée. Pour éviter au maximum de
gâcher le film à ceux qui liraient ces lignes sans l'avoir vu, je
n'évoquerais d'ailleurs pas avant l'avant-dernier paragraphe le moment
choisi par l'équipe du film pour effectuer la coupure entre les deux
parties. Je vous avertirais de nouveau le moment venu.
Evidemment,
Harry Potter ne serait pas Harry Potter sans Daniel Radcliffe et ses
compagnons. J'avouerai ne jamais avoir été fan de l'acteur, que je
trouve souvent irritant, quand il n'est pas monolithique, dans le rôle
du sorcier, et avoir une large préférence pour Rupert Grint, que je
trouve très bon dans le rôle de Ron Weasley, traduisant parfaitement la
nonchalance caractéristique du personnage, néanmoins capable de se
dépasser quand l'occasion se présente. De même, j'ai toujours beaucoup
apprécié les prestations d'Alan Rickman (Severus Rogue), Evanna Lynch
(Luna Lovegood, un de mes personnages préférés), Helena Bonham Parker
(Bellatrix Lestrange) ou encore Tom Felton (Drago Malefoy). Mais ici,
c'est surtout Emma Watson qui crève l'écran dans le rôle d'Hermione
Granger. Si je l'ai toujours trouvée à l'aise avec le personnage décrit
par J.K. Rowling, je trouve qu'elle atteint une dimension supplémentaire
ici, s'accaparant totalement le personnage et réussissant à
retranscrire parfaitement le passage d'adolescente à jeune femme du
personnage, passant allégrement de l'une à l'autre en quelques secondes.
Concernant la réalisation, David Yates, maintenant bien habitué à
l'univers magique de la saga, nous donne quelques scènes
particulièrement spectaculaires, ne se loupant véritablement que sur un
des derniers passages d'action du film, quasiment illisible tant l'image
remue et le montage est rapide. En revanche, il convient d'attribuer
une mention spéciale à l'animation illustrant le conte des Reliques de
la Mort, d'une exquise beauté.
Comme
promis, je vais ici évoquer quelques moments importants du film, et
quelques éléments de la seconde partie. Donc si vous n'avez pas vu le
film et que vous voulez garder la surprise (surtout si vous n'avez pas
lu le livre), je vous conseille de ne pas lire ce qui suit. Fidèle au
roman,
Harry Potter et les reliques de la mort - 1ère partie en
reprend tous les éléments clés, de la poursuite initiale entre les
clones de Harry et les Mangemorts à la destruction du premier Horcruxe
en passant par le Ministère de la magie. On s'apercevra notamment que,
même en divisant l'histoire en deux parties, la volonté de rester fidèle
au livre reste limitée par la durée du film (environ 2h25 quand même),
ce qui entraîne une impression de précipitation lors de certains
passages, principalement lors de l'intrusion au Ministère. 2h25 pour
caser tout ce qui se passe jusqu'à l'arrivée à la chaumière aux
coquillages. Les connaisseurs auront donc noté qu'il ne restera, pour la
seconde partie, que le passage à Gringotts et...la bataille de
Poudlard, qui s'annonce donc dantesque ! Une perspective qui pourra
rendre difficile l'attente jusqu'à l'été prochain...
Première
moitié du septième volet des aventures du célèbre sorcier à la cicatrice
à l'éclair,
Harry Potter et les Reliques de la Mort - 1ère partie
réussit (enfin !) à rendre justice à l'oeuvre de J.K. Rowling, lui étant
le plus fidèle possible tout en rendant généralement pertinentes ses
ellipses et ses modifications. Arrivant enfin à maturité, la saga se
pare ici d'atours plus sombres, plus adultes, dans un road movie
alternant à merveille les passages spectaculaires et les moments plus
intimistes, et constitue le tremplin idéal avant un final laissant
entrevoir beaucoup de promesses,
Harry Potter et les Reliques de la
Mort - 2ème partie devant enfin voir
Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom affronter
Celui-qui-a-survécu. Car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre
survit...
Note : 8/10