Lorsqu'on lit le synopsis de Magic, on pense être en terrain connu : celui du faux ventriloque accompagné de sa poupée qui est en fait humaine. Le jouet maléfique est un classique de l'épouvante, de la saga Chucky aux innombrables Puppet masters en passant par Dolls ou Dead silence, et on pense clairement, en tant que spectateur expérimenté et parfois un peu blasé, que l'on ne nous apprendra pas à faire la grimace. Heureusement, le film de Richard Attenborough (réalisateur oscarisé de Gandhi, que le grand public connaît sans doute davantage pour ses apparitions dans La Grande évasion ou Jurassic Park) va se montrer beaucoup plus malin.
Magic joue ainsi la carte de la maladie mentale plutôt que de l'explication surnaturelle, et l'excellent Anthony Hopkins incarne à merveille ce personnage maladivement timide et préférant se cacher derrière son pantin pour s'exprimer. Une posture qui lui permet d'obtenir davantage de succès auprès du public, de séduire enfin son amour d'enfance... mais qui ravage petit à petit l'esprit du magicien, qui délègue de plus en plus ses responsabilités à l'objet qu'il imagine vivant. La performance de l'acteur est d'ailleurs troublante, laissant toujours un doute sur cette marionnette par ailleurs astucieusement filmée : oui, Corky est malade... mais n'a-t-on pas souvent l'impression que le regard ou le rictus de Fats est légèrement différent selon les plans ?
C'est sans doute ce qui m'a le plus impressionné dans ce film : sans jamais sembler donner de poids à la thèse de l'irréel, insistant même sur la progression de la folie de Corky, il laisse juste la porte entrouverte, juste assez pour titiller l'esprit du spectateur, et on pourra sans doute le revoir sous cet angle différent, en imaginant que Fats, cette poupée à l'apparence si remarquable, est bien doté d'une pensée propre. Simplement brillant.
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