Bref, on a peu de doutes sur ce qui nous attend en allant voir ce Malignant, et pendant une bonne partie du film, on ne sera pas surpris : James Wan va nous proposer des plans très travaillés, faire virevolter sa caméra, faire des travellings acrobatiques, le tout juste pour étaler sa technique et finalement balancer un jump-scare. James Wan, c’est ce gamin qui fait 3 fois le tour du terrain en jonglant, en multipliant roulettes et passements de jambes, pour finalement tirer à côté. Dans les deux cas, ça manque sa cible, et c’est terriblement frustrant parce qu’on sait qu’il y a quelque chose : Wan sait faire naître la tension, il sait mettre le spectateur mal à l’aise… mais gâche systématiquement ses approches par le pire gimmick du cinéma d’épouvante moderne, aussi contreproductif (non, sursauter, ce n’est pas avoir peur) qu’insultant pour le spectateur.
Puis peu à peu, le film propose autre chose. On sort du cadre de l’épouvante pure pour explorer d’autres horizons. En fait, on sort même de l’épouvante à la mode de 2021 pour revenir plusieurs décennies en arrière : il y a presque du giallo dans cet étrange tueur à la longue veste, aux mains gantées, utilisant une arme blanche et jouant volontiers avec la lumière et les reflets. Il y a du slasher, de l’horreur psychologique, du body horror bien sale, notamment lorsque l’identité de la menace se dévoile pleinement… Le film ose enfin sortir des sentiers battus, et ça fait franchement du bien.
Et surtout, il y va avec une vraie générosité, plongeant intégralement dans l’étrangeté de son histoire : Malignant en devient un film un peu fou, sans doute bourré de défauts, sans doute un peu grotesque par moments (le poste de police), sans doute souvent de mauvais goût, mais d’une folie que l’on perd malheureusement dans le cinéma horrifique sur grand écran. Forcément, on va perdre les adeptes de l’épouvante bien lisse et bien calibrée, mais de mon côté, je préfère mille fois cette proposition à l’idée de me refaire un Conjuring.
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