Réalisteur : Sono Sion
Acteurs : Hiroki Hasegawa,
Kumiko Aso,
Toshiyuki Nishida
Date de sortie en France : 20 novembre 2020 (vidéo)
Genre : drame, fantastique, kaiju eiga
Synopsis :
Chanteur de rock déchu, Ryoichi est devenu un
anonyme employé de bureau. Pris d'une folle amitié pour une tortue
nommée Pikadon, il doit, sous la pression de ses collègues dont il est
le souffre-douleur, l'abandonner. Pikadon trouve refuge dans les égouts,
où elle rencontre un vieil homme qui lui donne la faculté de parler.
Avis :
« Pikadon, jamais je ne t’oublierai ». Une simple phrase, le refrain d’une banale chanson de J-rock qui va faire du héros une célébrité, mais qui va porter en elle le double niveau de lecture du film de Sono Sion. Pikadon, c’est la bombe atomique : pika- désigne le flash lumineux, tandis que -don évoque la déflagration. Pikadon, c’est aussi le nom de la gentille et mignonne tortue du héros. Un nom de kaiju. Un nom qui fait le lien entre les créatures du kaiju eiga, et leur origine atomique.
Avec Love & Peace, Sono Sion « fait son cinéma ». Un cinéma souvent empreint de cynisme, souvent très critique envers son propre pays, et qui profite de l’organisation des futurs (à l’époque) Jeux Olympiques de Tokyo pour égratigner la course au progrès qu’ils entraînent, dans une société où l’égoïsme, le harcèlement et le culte de l’apparence sont devenus les moteurs. Dans cette société, le vieux, l’ancien sont voués à être jetés au profit du neuf, tels ces jouets et ces animaux abandonnés par leurs propriétaires.
Un cinéma également bourré de nostalgie, notamment envers les films à effets spéciaux typiques du Japon : des origines atomiques de Godzilla à l’élevage d’une tortue qui deviendra géante, rappelant forcément Gamera l’héroïque, Sono Sion nous offre un condensé de kaiju eiga, en utilisant des effets spéciaux traditionnels, des plans signatures (la tortue géante traversant Tokyo, ou son transport, attachée sur une remorque), des thématiques classiques du genre : les Jeux Olympiques de 1964 avaient déjà fait prendre une nouvelle direction à la saga Godzilla, le progrès technologique les accompagnant marquant l’apparition d’éléments de SF, et la figure du monstre amical renvoie évidemment aux premiers Gamera et à certains Godzilla. Sono Sion va même, le temps d’une séquence fantasmagorique, sembler s’amuser du manque de moyens des films du genre durant les années 70 en faisant évoluer son monstre au milieu de bâtiments réduits à leur plus simple expression, des bâtiments de jeux de société, tous semblables et sans aucun détail. A moins qu’il ne s’agisse de mettre le doigt sur les dérives d’une société tournée vers l’uniformité ?
Un cinéma également bourré de nostalgie, notamment envers les films à effets spéciaux typiques du Japon : des origines atomiques de Godzilla à l’élevage d’une tortue qui deviendra géante, rappelant forcément Gamera l’héroïque, Sono Sion nous offre un condensé de kaiju eiga, en utilisant des effets spéciaux traditionnels, des plans signatures (la tortue géante traversant Tokyo, ou son transport, attachée sur une remorque), des thématiques classiques du genre : les Jeux Olympiques de 1964 avaient déjà fait prendre une nouvelle direction à la saga Godzilla, le progrès technologique les accompagnant marquant l’apparition d’éléments de SF, et la figure du monstre amical renvoie évidemment aux premiers Gamera et à certains Godzilla. Sono Sion va même, le temps d’une séquence fantasmagorique, sembler s’amuser du manque de moyens des films du genre durant les années 70 en faisant évoluer son monstre au milieu de bâtiments réduits à leur plus simple expression, des bâtiments de jeux de société, tous semblables et sans aucun détail. A moins qu’il ne s’agisse de mettre le doigt sur les dérives d’une société tournée vers l’uniformité ?
Cette nostalgie est également palpable dans toutes les séquences mettant en scène jouets et animaux abandonnés, partagés entre le faible espoir peu réaliste de retrouver leurs propriétaires (les chiens espérant par exemple être accueillis à bras ouverts par leurs maîtres les ayant « perdus ») et le cynisme du chat. Cela amène à une conclusion magnifique et particulièrement émouvante.
La rencontre entre Sono Sion et un cinéma familial pouvait laisser perplexe, mais le prolifique réalisateur offre une œuvre bouleversante, et pas beaucoup moins cynique ou critique que le reste de sa filmographie. On appréciera tout particulièrement le mordant relatif à tout ce qui entoure l’organisation des Jeux Olympiques, rendu encore plus efficace par le report de cet événement suite à la pandémie de Covid19. Bref, une réussite totale en ce qui me concerne !
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