vendredi 23 août 2024

Trap

 

Titre : Trap
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Acteurs : Josh Hartnett, Ariel Donoghue, Saleka Shyamalan
Date de sortie en France : 7 août 2024
Genre : thriller

Synopsis : 
30 000 spectateurs. 300 policiers. Un tueur. 
Cooper, père de famille et tueur en série, se retrouve pris au piège par la police en plein cœur d’un concert. 
S’échappera-t-il ?
 
Avis : 
Spectateurs, il est temps de laisser votre sens de la logique et du crédible aux vestiaires : avec Trap, M. Night Shyamalan nous propose un thriller dont les péripéties ne seront dictées que par la chance, des coïncidences, de l'incompétence et une bonne dose d'interventions du scénariste aux moments les plus opportuns. Oubliez la virtuosité de Snake eyes, que vous aurez peut-être envie de revoir à la fin du film, et prenez plutôt vos manettes pour jouer aux derniers Hitman en mode facile. 
 
 
Car Trap, c'est le genre de film où personne ne voit jamais rien, et surtout pas ce qui se déroule sous son nez. C'est ce genre de film où, à deux secondes près, le protagoniste se fait remarquer ou attraper, à plusieurs reprises. C'est ce genre de film où le héros ne progresse à aucun moment grâce à ses talents, mais parce que la statistique de Chance de son arbre de compétence est réglée au maximum. Cela donne des séquences hallucinantes, où tout le monde révèle à Josh Hartnett ce qu'il sait, où tout le monde lui fait immédiatement confiance au détriment de toute logique. 
 
Et finalement, on s'amuse beaucoup de cette accumulation d'incohérences, qui évoque les films d'action les plus nanardesques avec leurs héros invulnérables. Et on devine que Josh Hartnett s'y amuse également beaucoup, lui qui n'aura à dégainer que deux visages différents pour survoler le film, entre le sourire forcé inspirant la confiance ou la mâchoire serrée et le regard noir pour rappeler que, quand même, c'est un méchant tueur en série. Deux expressions qui lui suffiront pour apporter bien plus de nuances que tous ses camarades de jeu, Saleka Shyamalan (la fille de) en tête. 
 
 
On regrettera presque que l'action ne se cantonne pas à la salle de concert, tant la seconde partie du film perd cet aspect ludique pour n'aboutir que trop lentement vers un dénouement convenu. Les rebondissements improbables ralentissent, laissant trop souvent la place à des tunnels de dialogues imbuvables et teintés de psychologie de comptoir. Tous les petits défauts qui m'avaient amusé dans la première partie sont peu à peu devenus pénibles, comme si Shyamalan avait du mal à abandonner son jouet et à conclure son histoire. Comme souvent...

Trap, c'est un peu le téléfilm du dimanche après-midi, avec ses péripéties incroyables et assez puériles, mais que l'on peut suivre avec un certain plaisir au second degré. Un plaisir qui manquait aux précédentes réalisation de Shyamalan (Old et Knock at the cabin), que le film a d'ailleurs rapidement dépassé en nombre de spectateurs en France.
 

 

samedi 17 août 2024

Alien : Romulus

 
Titre : Alien : Romulus
Réalisateur : Fede Alvarez
Acteurs : Cailee Spaeny, David Jonsson, Archie Renaux
Date de sortie en France : 14/08/2024
Genre : science-fiction, horreur
 
Synopsis : 
 Alors qu’il entreprend des fouilles dans une station spatiale abandonnée, un groupe de jeunes voyageurs se retrouve confronté à la forme de vie la plus terrifiante de l'univers…
 
Avis : 
La saga Alien fait partie de ces rares séries de films à conserver une aura relativement intacte, malgré des épisodes de plus en plus clivants au fil des années. Très clairement, depuis Aliens, le retour (il y a presque 40 ans...), le moins que l'on puisse dire, c'est que chaque film divise... ou fait quasiment l'unanimité contre lui, comme le dernier en date, Alien : Covenant. Pourtant, malgré ces échecs, malgré les projets avortés, malgré les crossovers médiocres, l'arrivée sur nos écran d'un nouveau film de la saga initiée par Ridley Scott reste un événement, surtout lorsqu'il est mis en scène par l'une des figures montantes du genre : Fede Alvarez, le réalisateur de Don't breathe - la maison des ténèbres et de Evil dead (2013).


Le réalisateur uruguayen va justement se raccrocher aux deux plus grands succès de la série, en situant son histoire entre Alien, le huitième passager et Aliens, le retour. Un choix chronologique qui va également avoir un impact direct sur l'identité de Alien : Romulus, ce dernier étant à bien des égards un "Alien 1.5" : la première partie, où les personnages parcourent une épave abandonnée et découvrent la menace, s'inspire clairement du film de Scott ; la seconde, plus musclée, évoque celui de Cameron. Et si quelques éléments rappellent Alien 3 ou Alien : la résurrection, Alvarez semble vouloir nous montrer qu'il aime et connaît ses classiques, quitte à parfois rester un peu sage. 

Car, même si l'on prend un véritable plaisir à retrouver les couloirs sombres typiques de la saga, si l'on adore replonger dans cette ambiance craspec et violente, si l'on retrouve plus de vagins et de pénis que dans une soirée organisée par DSK, si l'on apprécie de voir les facehuggers et les xénomorphes redevenir des menaces crédibles, si l'on frissonnera même un peu durant la première heure, il faut bien avouer que le film ne réserve que peu de surprises, et le spectateur averti aura systématiquement une longueur d'avance sur les personnages. Cet aspect sera même plus présent encore pour les amateurs de jeux vidéo, certains éléments rappelant Alien : Isolation
 

 Ce n'est certes pas un défaut rédhibitoire, mais Alien : Romulus ne propose finalement que très peu de nouvelles idées et, lorsqu'il le fait, c'est en jouant avec le réalisme (la gravité, par exemple, qui donne de superbes séquences sur lesquelles il ne faudra pas être trop pointilleux). De même, on pourra regretter les innombrables clins d'oeil du film à ses aînés... jusqu'à l'indigestion (certain plans, les répliques cultes des précédents films, le personnage de Rook). 

Renouant avec l'identité des premières heures de la saga, pour le meilleur comme pour l'un peu moins bon, Fede Alvarez nous en offre de façon presque inattendue son épisode le plus réussi depuis 1986. Et je dois bien l'avouer : ça fait bien longtemps que je n'avais pas eu envie de suivre de nouvelles aventures dans cet univers... tant qu'on laisse Ridley Scott loin de tout ça !