Titre : Ring (Ringu)
Réalisateur : Hideo Nakata
Acteurs : Nanako Matsushima,
Miki Nakatani,
Hiroyuki Sanada
Date de sortie en France : 11 avril 2001
Genre : épouvante
Synopsis :
Tokyo, fin des années 2000, une rumeur se répand parmi les adolescents
: visionner une mystérieuse cassette vidéo provoquerait une mort
certaine au bout d’une semaine. Après le décès inexplicable de sa
nièce, la journaliste Reiko Asakawa décide de mener l’enquête mais se
retrouve elle-même sous le coup de la malédiction. Pendant les sept
jours qui lui restent à vivre, elle devra remonter à l’origine de la
vidéo fatale et affronter le spectre qui hante les télévisions : Sadako.
Avis :
Japon,
1998 : une date pour le cinéma d'épouvante mondial. En adaptant le
roman Ring de Koji Suzuki, Hideo Nakata a créé, il y a presque 25 ans,
une des figures les plus mythiques du cinéma nippon, et entraîné un élan
d'intérêt pour le cinéma d'épouvante asiatique, et plus
particulièrement la "J-Horror". Dark Water, du même Hideo Nakata, Kaïro, de Kiyoshi Kurosawa, La Mort en ligne de Takashi Miike, la saga Ju-On de Takashi Shimizu, mais aussi les thaïlandais The Eye des frères Pang ou Shutter de Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom, jusqu'à la vague de remakes américains par Gore Verbinski (Le Cercle - The Ring), Walter Salles (Dark Water) ou Shimizu lui-même (The Grudge) : tous sont les enfants de Ring.
On
retrouve ainsi dans le film de Nakata l'ensemble des ingrédients qui
définiront le genre. Si le spectre d'une jeune femme aux cheveux longs
était relativement inconnu en Occident, il constitue une figure assez
classique du folklore japonais : on pense ainsi fortement à Oiwa,
l'esprit vengeur au visage difforme, que Ring semble directement
évoquer, ou Kuchisake-onna, la femme à la bouche fendue, directement
citée au début du film. Des esprits vengeurs donc, pour une malédiction
qui restera souvent attachée à un objet : la cassette vidéo ici, la
maison de Ju-On, le téléphone de La Mort en ligne... Une
malédiction qui donnera au spectre un aspect dramatique, l'esprit
revenant se venger d'une mort souvent brutale. L'épouvante et le drame
sont ainsi intimement liés dans ces oeuvres, donnant à ces fantômes une
aura toute particulière.
Cette
spécificité explique sans doute le rythme si particulier du film :
principalement dédié à l'enquête, il distille ses frissons à petites
doses, préférant installer après la diffusion de la vidéo maudite une
ambiance qui devient peu à peu pesante. On est loin de la foire aux jump-scares
que l'on retrouve dans le cinéma épouvante actuel, ce qui pourra sans
doute faire fuir les spectateurs confondant "sursauter" et "avoir peur".
En revanche, le procédé est redoutablement efficace pour ceux qui
aiment sentir s'installer une tension sournoise, pour n'en être libéré
qu'avec la célèbre scène où Sadako apparaît enfin pour exercer sa
vengeance.
Si Ring fait
peur, c'est aussi parce que son histoire est passionnante. Loin d'être
un simple prétexte, l'enquête menée par Reiko et Ryuji (interprété par
Hiroyuki Sanada, que l'on connaît surtout en France pour San Ku Kai, et
qui est depuis devenu un visage récurrent à Hollywood, apparaissant dans
des films tels que Sunshine, Army of the dead, Avengers : endgame ou encore Mortal Kombat (2021))
nous plonge dans les superstitions et légendes des îles japonaises. On
embarque ainsi vers Izu Ô-shima, dont le volcan accueillerait selon les
mythes les suicides des amoureux déçus. Dialecte local, coutumes,
importance de la mer, fréquence des typhons : c'est dans ce décor
particulier qu'ils découvrent l'histoire de la médium Shizuko Yamamura
et de sa fille Sadako. Par le biais de flashbacks, on comprend comment
le destin de la mère et de sa fille ont basculé, et comment la
malédiction va naître.
Avec
cette légende urbaine qui prend vie devant nos yeux, Hideo Nakata met
donc les nerfs du spectateur à rude épreuve, et fait naître un pan tout
entier du cinéma d'épouvante. On n'oubliera pas de sitôt l'apparition de
Sadako, ni la terrible scène du puits ou même la vidéo maudite, des
séquences fortes ponctuant un film à l'ambiance pesante. Un must, qui sera suivi d'une suite (Ring 2), d'une préquelle (Ring 0), d'un remake américain (le pas mauvais du tout Le Cercle) et de ses suites et reboots (Le Cercle 2, Le Cercle : Rings), puis de nouveaux épisodes au Japon (Sadako 3D et sa suite), d'un cross-over avec Ju-On (Sadako vs Kayako) avant un ultime (pour le moment ?) volet conçu comme une suite directe à Ring 2, sobrement intitulé Sadako
(mais pas 3D, cette fois). Quelque chose me dit que la jeune fille aux
longs cheveux noirs n'a pas fini de nous hanter malgré la mort de la
VHS... mais qu'elle n'aura plus jamais la puissance de ses débuts.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire