Titre : Kaïro
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Haruhiko Kato, Kumiko Aso, Koyuki
Date de sortie en France : 23 mai 2001
Genre : épouvante, horreur, thriller
Synopsis :
Taguchi, un jeune informaticien, est retrouvé pendu dans son appartement. Sous le choc, ses collègues cherchent à en savoir plus sur ce suicide inexplicable. La victime a laissé un mystérieux message contenu dans une simple disquette. De toute évidence, celle-ci recèle un virus qui contamine ses utilisateurs et a de graves répercussions sur leur comportement. A Tokyo, l'inquiétude grandit au fur et à mesure que le virus se propage à travers les réseaux informatiques. Des petits groupes de jeunes gens tentent de résister, tandis que les disparitions se multiplient.
Avis :
La Mort est une solitude éternelle. Avec Kaïro, Kiyoshi Kurosawa va réaliser en 2000 l'un des meilleurs films de spectres de l'histoire du cinéma, et l'un des films les plus effrayants que j'ai pu voir. A l'image du Dark water d'Hideo Nakata, il va mêler épouvante et thriller dramatique, offrant un diagnostic particulièrement pessimiste de son pays.
Le Japon va mal, très mal. Suicides, disparitions, individualisme, autisme virtuel...Les relations entre les personnes n'existent plus, et quand elles existent, elles ne sont que superficielles, un peu à la façon dont on connaît ses interlocuteurs sur le web. On leur parle, mais on ne connaît rien d'eux, on ne s'intéresse pas vraiment à leurs problèmes, on ne s'inquiète pas véritablement de leur absence. Dans une telle situation d'isolement, le suicide semble y être une solution ("après la mort, je ne serai plus seule"), même si l'on s'aperçoit plus tard qu'il n'y a aucune solution à ces fléaux qui gangrènent le pays, et risquent de le mener vers son apocalypse.
Pour illustrer cette déviance (parmi d'autres), Kurosawa la personnifie en une figure fantomatique, une ombre dont le symbole semble évident, entre dépersonnification et oubli progressif. Il va s'en servir pour offrir un vrai film d'ambiance, de ceux que l'on ne voit pas assez. De ceux qui ne font pas exploser le son pour donner l'impression de faire peur. Au contraire, le son sera ici un personnage à part entière, jamais agressif, mais omniprésent et angoissant. Il s'allie pour l'occasion avec le sens de l'image du réalisateur japonais : les plans, les perspectives, et les jeux sur les ombres sont d'une beauté remarquables, et participent au climat d'angoisse. Cela donne quelques scènes vraiment terrifiantes, comme ce fantôme s'approchant lentement d'un personnage, ou ce passage tétanisant dans la chambre d'Harue.
Kaïro reste ainsi, à mes yeux, le meilleur représentant de la vague de films de fantômes asiatiques du début des années 2000, loin devant les Ring, Dark water, Ju-On / Ju-On : the grudge ou encore Shutter. Très effrayant et très intelligent, il ne s'essouffle finalement que lors de son final, un peu long et superflu. Reste une oeuvre formidable, et l'un des très rares films à m'avoir vraiment fait peur, même après l'avoir vu plusieurs fois.
Note : 9/10
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