Titre : Paradis : amour (Paradis : Liebe)
Réalisateur : Ulrich Seidl
Acteurs : Margarete Tiesel, Peter Kazungu, Inge Maux
Date de sortie en France : 9 janvier 2013
Genre : drame
Synopsis :
Sur les plages du Kenya, on les appelle les « sugar mamas », ces Européennes grâce auxquelles, contre un peu d‘amour, les jeunes Africains assurent leur subsistance. Teresa, une Autrichienne quinquagénaire et mère d’une fille pubère, passe ses vacances dans ce paradis exotique. Elle recherche l’amour mais, passant d’un « beachboy » à l’autre et allant ainsi de déception en déception, elle doit bientôt se rendre à l’évidence : sur les plages du Kenya, l’amour est un produit qui se vend.
Avis :
Premier volet de la trilogie Paradis, avant les chapitres Foi et Espoir, Amour est un film qui pourra difficilement laisser indifférent. Car au travers d'un thème déjà malsain, celui du tourisme sexuel, Ulrich Seidl va livrer un métrage d'une crudité et d'une cruauté assez déstabilisantes, repoussant même à plusieurs reprises les limites d'un mauvais goût parfaitement assumé.
Avec cette chronique autour de sa quinquagénaire venue combler son manque d'amour dans les bras de jeunes Kényans, Seidl semble dénoncer autant le comportement de ces "sugar mamas" dont l'attitude, entre esclavagisme et racisme, est souvent répugnante, que celui de ces "beachboy" qui ont parfaitement saisi la possibilité d'exploiter ces femmes fragiles et facilement manipulables. Mais il faut bien l'avouer : on a surtout l'impression qu'il cherche uniquement à créer le malaise chez le spectateur.
Tout y est cru, tout y est glauque, dans cette Afrique bien éloignée des cartes postales. La façon de filmer du réalisateur autrichien, proche du documentaire, donne un rendu étouffant, une ambiance particulièrement troublante, jusqu'à se demander quelle a été sa volonté. Car à un moment, le film dérape complètement, quand on exhibe et humilie un jeune Kényan entouré par quatre quinquagénaires allemandes bien décidées à le ramener à un statut d'animal. De dérangeant, le film devient soudain nauséabond, et si l'on devine bien là l'intention du réalisateur, il devient compliqué de trouver une légitimité à ce passage d'une violence inouïe.
Paradis : amour est ainsi un film plutôt vénéneux (notamment lorsque l'on sait que les africains sont interprétés par de véritables beachboys...), tentant de développer un postulat de base plutôt intéressant par le seul biais d'un voyeurisme qui devient peu à peu sordide, empêchant finalement toute réflexion. On retiendra néanmoins Margarete Tiesel, parfaite en quinquagénaire un peu perdue au milieu de tout ça et rapidement dépassée par sa propre naïveté. Paradis : amour frappe fort, mais sans doute pas au bon endroit...
Note : 3/10
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