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vendredi 19 août 2022

L'Année du requin

 

Titre : L'Année du requin
Réalisateurs : Ludovic Boukherma, Joran Boukherma
Acteurs : Marina Foïs, Kad Merad, Jean-Pascal Zadi
Date de sortie en France : 3 août 2022
Genre : thriller

Synopsis : 
Maja, gendarme maritime dans les landes, voit se réaliser son pire cauchemar : prendre sa retraite anticipée ! Thierry, son mari, a déjà prévu la place de camping et le mobil home. Mais la disparition d’un vacancier met toute la côte en alerte : un requin rôde dans la baie ! Aidée de ses jeunes collègues Eugénie et Blaise, elle saute sur l’occasion pour s’offrir une dernière mission… 
 
Avis : 
Le premier film de requins français est une comédie. C'est écrit partout, les bandes-annonces mettent l'accent dessus, et il y a même des acteurs que l'on connaît surtout pour des comédies, comme Kad Mérad ou JP Zadi. Pourtant, le discours des réalisateurs, Ludovic et Joran Boukherma, semble plus modéré : ils définissent L'Année du requin comme un film de monstre ("On aimait l’idée du monstre, de la menace, de cette plage mais on n’avait pas du tout envie de traiter ça comme une blague") destiné à faire peur ("Si on réalise un film de requin, il faut se confronter aux scènes d’affrontements, aux cadavres, à la peur. Il y a tout ça dans le film"). Le problème, c'est que le nouveau film des réalisateurs de Teddy ne fait ni peur, ni sourire. 
 
 
On a en fait l'impression d'un film qui ne sait pas quelle direction prendre, et finit par se perdre en chemin. Si l'ossature est clairement celle d'un thriller estival avec un animal dangereux, on y retrouve des éléments de comédie bien franchouillarde (avec ces flics bien demeurés, ces commerçants bien bornés, ces blagues zizi-pouet), du drame social (le personnage de Marina Foïs, totalement perdu lorsqu'on évoque sa retraite), quelques séquences gentiment horrifiques (l'introduction), le tout saupoudré d'un peu de critique des réseaux sociaux (notamment un parallèle bien bourrin avec la pandémie de Covid-19), d'un fumet d'écologie (vite évacué, cependant) et d'une grosse pincée de Jaws. Aucun de ces points n'est vraiment développé, donnant un film bancal échouant partout, parfois en même temps. On pense ainsi à une séquence assez marquante de violence... avec des personnages avec un nez énorme (ils sont rigolo parce qu'ils ont un gros nez), ou à la mort d'un des personnages principaux, qui ne sera totalement indifférente. 

Il m'aura fallu quelques secondes avant d'émerger du film au moment du générique, tellement j'ai trouvé ce film navrant. Ni comédie, ni film d'horreur, ni drame, ni thriller, à peine le petit téléfilm rappelant l'époque de ces feuilletons sans vie que l'on voyait parfois défiler en allant chez ses grands-parents le dimanche, jusque dans des effets spéciaux dégueulasses et une voix off insupportable...





dimanche 17 juillet 2022

Mr. Klein

 
Titre : Mr. Klein
Réalisateur : Joseph Losey
Acteurs : Alain Delon, Jeanne Moreau, Michael Lonsdale
Date de sortie en France : 27 octobre 1976
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
Pendant l'occupation allemande à Paris, Robert Klein, un Alsacien qui rachète des oeuvres d'art à bas prix, reçoit, réexpédié, à son nom, le journal Les Informations juives qui n'est délivré que sur abonnement. Il découvre bientôt qu'un homonyme juif utilise son nom, et décide alors de remonter la piste qui le mènera à cet inconnu. 
 
Avis : 
Paris, Seconde Guerre Mondiale. Pendant que les Juifs sont persécutés (voir cette terrible scène d'introduction), certains tirent le meilleur parti de la situation, comme Robert Klein, qui en profite pour racheter, à bas prix et avec beaucoup de cynisme, des oeuvres d'art à des Juifs ayant un besoin vital d'argent pour fuir la capitale. Une attitude qui va sans doute précipiter sa chute, son nom circulant désormais largement dans les cercles juifs. 
 
 
A la recherche de son double, Robert Klein va rapidement être confronté aux autorités, puis au scepticisme de certains de ses proches, et s'enfoncer peu à peu dans une quête sans fin, préférant par orgueil et par curiosité continuer son enquête alors qu'il a, à plusieurs reprises, la possibilité de se tirer d'affaire. On est parfois à la frontière du fantastique avec cette histoire de double, qui ne semble jamais très loin du personnage interprété, avec un talent monstre, par Delon, au point de nous demander si lui-même n'est pas ce fameux double. 
 
On appréciera d'ailleurs la subtilité de la mise en scène, qui n'appuie pas lourdement, comme le feraient beaucoup de films contemporains, sur les reflets ou les différents indices : Mr. Klein nous laisse repérer certains éléments et certains indices, sans les rappeler inutilement lorsqu'ils débouchent sur d'autres éléments. De même, Joseph Losey n'insiste jamais sur son fil rouge, se contentant de faire des futurs événements dramatiques une ombre qui pèse constamment sur l'histoire (et l'Histoire), pour mieux préparer son final inéluctable que l'on attend fébrilement. 

Bref, un petit bijou, et l'un des meilleurs films de Delon, et surtout du cinéma intelligent comme on n'en fait plus ! 





 

samedi 27 novembre 2021

Le Calendrier

 
Titre : Le Calendrier
Réalisateur : Patrick Ridremont
Acteurs : Eugénie Derouand, Honorine Magnier, Clément Olivieri
Date de sortie en France : 1er décembre 2021
Genre : horreur
 
Synopsis : 
Eva est paraplégique depuis trois ans. Pour son anniversaire, elle reçoit en cadeau un étrange calendrier de l’Avent.
Mais ce ne sont pas les traditionnelles friandises qu’elle découvre chaque jour, mais des surprises plus inquiétantes, parfois agréables, souvent terrifiantes, et de plus en plus sanglantes.
Cette année, Noël va être mortel !
 
Avis : 
 Le cinéma d'horreur aime les fêtes et les dates particulières. Halloween, Vendredi 13, Noël, la Saint Valentin, les anniversaires... Tout peut-être prétexte à célébration horrifique, à malédiction, les réalisateurs n'ayant finalement que le choix dans la date. Patrick Ridremont, dont c'est le deuxième long-métrage après l'étonnant (et très bon) Dead man talking, va pousser le concept plus loin et nous proposer un calendrier de l'avent fantastique. 
 
 
24 cases donc, pour 24 journées et autant de surprises. D'entrée, les règles sont claires : si l'on commence le calendrier, il faudra aller au bout, et il est interdit de s'en débarrasser. Dans les deux cas, la sentence sera la même : la mort. Ayant reçu l'objet comme cadeau d'anniversaire début décembre, Eva, ancienne danseuse devenue tétraplégique à la suite d'un accident de voiture, ne prend évidemment pas ces avertissements au sérieux. Mais, rapidement, alors que certains événements étranges se succèdent dans son entourage, elle va devoir se rendre à l'évidence : il lui faut suivre les règles, et si les friandises qu'elle découvre ont des effets formidables (argent, amour, guérisons...), il y a un prix à payer pour en profiter. 

On se retrouve ainsi devant une réinterprétation du mythe de Faust, avec cette question permanente : les améliorations dans la vie d'Eva (et notamment l'usage retrouvé de ses jambes, pour cette ancienne danseuse professionnelle) valent-elles davantage que les vies de certains membres de son entourage (les très caricaturaux patron, trader ou belle-mère), voire de certains amis ou membres de sa famille ? C'est l'un des points les plus réussis du film : dans un univers horrifique où le personnage principal aurait la plupart du temps cherché à combattre l'entité, ou à comprendre la malédiction, Eva subit la situation autant qu'elle en jouit, et endosse parfois le rôle d'un véritable monstre pour certains, comme dans la séquence de la poupée, proche du vaudou. 
 
 
Le principe même du film permet de rythmer l'ensemble de façon assez élégante, même si on pourra trouver l'enchaînement des jours assez répétitif. On appréciera quand même l'imagination dont fait preuve Patrick Ridremont, jouant avec le temps (quelques jours disparaissent mystérieusement, un autre est vécu d'un point de vue différent le lendemain), et avec les références (comme avec ce superbe hommage à Nosferatu) et qui permettra de pardonner certaines facilités scénaristiques (personne ne semble vraiment s'inquiéter du comportement d'Eva, et celle-ci retrouve trèèèès facilement l'ancien propriétaire du calendrier), ou l'impression que le film, assez calme au niveau horrifique aurait pu aller plus loin, tant niveau visuel que niveau ambiance, notamment grâce à un boogeyman assez terrifiant mais finalement peu exploité.

Le principal bémol vient sans doute de l'interprétation, qui nous fait parfois totalement sortir du film. J'ai ainsi eu beaucoup de mal à croire aux personnages de John, le patron d'Eva, ou de Boris, l'insupportable trader, même si l'on sent que ces personnages sont volontairement caricaturaux. Rien de rédhibitoire néanmoins pour un film qui, s'il ne fera sans doute pas date, permet de passer un bon moment. 





mercredi 25 août 2021

Titane

 

Titre : Titane
Réalisatrice : Julia Ducournau
Acteurs : Vincent Lindon, Agathe Rousselle, Garance Marillier
Date de sortie en France : 14 juillet 2021
Genre : thriller
 
Synopsis : 
Après une série de crimes inexpliqués, un père retrouve son fils disparu depuis 10 ans. Titane : Métal hautement résistant à la chaleur et à la corrosion, donnant des alliages très durs.
 
Avis : 
Si on ne l'avait pas encore compris suite à l'accueil étrangement positif d'une certaine presse au moment de la sortie de Grave, la récente Palme d'Or reçue pour Titane est venue le confirmer : Olivia Ducournau a la carte. Celle qui permet d'ouvrir les portes et de s'offrir les commentaires dithyrambiques de ceux qui sont payés pour aimer certains films. Même quand on fait du caca sans queue ni tête, comme avec ce second film qui ferait passer Grave pour un modèle de finesse et d'élégance. 
 
 
Titane est donc l'histoire d'une danseuse psychopathe qui tombe enceinte d'une voiture et tente de se faire passer pour le fils disparu d'un pompier vétéran pour échapper à la police. Pas si compliqué à "pitcher", finalement. A partir de là, c'est le grand n'importe quoi : l'héroïne secrète de l'huile de moteur, tue tous les occupants d'une maison, se fracasse la tronche pour ressembler à un mec, et s'introduit donc dans la vie d'un vieux pompier dépressif. Tout ceci est d'une connerie et d'une vulgarité sans nom, et on se prend régulièrement à sourire devant des situations franchement grotesques. 
 
Reste finalement le personnage de Vincent Lindon, aussi inquiétant que touchant dans le rôle de ce père endeuillé prêt à croire à n'importe quoi, même lorsque tout le monde essaie de le raisonner. C'est quand même bien peu, surtout si l'on se prend à imaginer ce qu'un Cronenberg ou un Tsukamoto auraient pu faire avec un tel sujet. Ici, on se retrouve donc face à un film de genre vaguement auteurisant, qui cache son absence totale de fond derrière une surenchère un peu puérile. Bref, tout pour plaire à un certain public adepte de petits frissons bien lisses et de métaphores bien scolaires. 
 
Je crois que j'avais encore préféré Grave...
 



mercredi 11 août 2021

Benedetta


Titre : Benedetta
Réalisateur : Paul Verhoeven
Acteurs : Virginie Efira, Charlotte Rampling, Lambert Wilson
Date de sortie en France : 9 juillet 2021
Genre : historique, drame
 
Synopsis : 
 Au 17ème siècle, alors que la peste se propage en Italie, la très jeune Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Dès son plus jeune âge, Benedetta est capable de faire des miracles et sa présence au sein de sa nouvelle communauté va changer bien des choses dans la vie des soeurs. 
 
Avis :  

Comme son nom l’indique, Benedetta est l’adaptation cinématographique de la vie de Benedetta Carlini, une religieuse catholique italienne du dix-septième siècle, condamnée pour saphisme. Un thème particulièrement fort, mêlant sexualité (homosexualité, même!) et sacré. Et il faut bien avouer que Paul Verhoeven, décidément à l’aise dans les reconstitutions historiques (La Chair et le sang, Black book) n’y va pas avec le dos de la cuillère. 

 


Car la religieuse, magnifiquement interprétée par une sublime Virgine Efira, est à la croisée des chemins : sa foi est mise à rude épreuve par l’arrivée dans le couvent de Bartolomea, qui éveille en elle des envies peu compatibles avec ses croyances et son mode de vie. Dans le même temps, la religieuse a des visions (d’indescriptibles délires mettant en scène le Christ lui-même), semble au centre de miracles, et présente les stigmates. Est-elle vraiment une messagère de Jésus, ou tout ceci n’est-il que manipulation ? Toujours est-il que cette mise en avant, tout comme sa relation avec Bartolomea, ne sont pas vues d’un très bon œil dans cet univers si fermé. Et comme si cela ne suffisait pas, la région est frappée par la Peste, et il n’y guère que Dieu qui semble pouvoir protéger les citoyens… par le biais de Benedetta ?

Cela donne lieu à d’incroyables trafics d’influences au sein du couvent et de la hiérarchie catholique, chacun avançant ses pions pour évoluer, quitte à mentir, espionner, dénoncer, truquer… ou torturer. Le film parvient à la fois à nous subjuguer, à nous séduire (les très belles scènes d’amour), à nous amuser (Verhoeven manie toujours aussi bien l’humour noir et le cynisme, et Lambert Wilson apporte dans la dernière partie un peu de fraicheur avec son côté pince-sans-rire), mais aussi à nous scandaliser et à nous choquer.

Résultat, on ne ressort pas indemne de cette œuvre folle, portée par des acteurs fabuleux, et qui parle de foi et d’amour dans leurs plus belles et plus terribles variations, sans jamais attaquer gratuitement la religion (là encore, le film trouve un remarquable équilibre) et en laissant le spectateur tirer ses propres conclusions. Une œuvre très forte, qui marquera forcément les esprits ! 




vendredi 30 avril 2021

Irréversible (version originelle / inversion intégrale)


Titre : Irréversible
Réalisateur : Gaspar Noé
Acteurs : Vincent Cassel, Albert Dupontel, Monica Bellucci
Date de sortie en France : 24 mai 2002 (version originelle) / 26 août 2020 (inversion intégrale)
Genre : drame, rape & revenge 

Synopsis : 
Une jeune femme, Alex, se fait violer par un inconnu dans un tunnel. Son compagnon Marcus et son ex-petit ami Pierre décident de faire justice eux-mêmes.

Avis : 
Il avait été le grand choc du Festival de Cannes en 2002 : rape & revenge ultra-violent, bénéficiant de noms prestigieux au casting (Dupontel, Bellucci, Cassel), Irréversible de Gaspar Noé avait secoué pas mal de monde, tant pour son sujet que pour sa forme, avec de longs plans séquences, avec ces images tourbillonnantes, ses sons à basse fréquence, mais aussi son montage antéchronologique. Dix-huit ans plus tard, le film est ressorti en "inversion intégrale", remonté de façon chronologie, afin de nous faire appréhender de façon différente les événements. 


Le principal intérêt du montage original était de nous faire découvrir, après l'explosion de violence initiale, le caractère des différents personnages, et de permettre une certaine réflexion au spectateur sur l'aspect moral ou non de la vengeance. Cette réflexion était également renforcée par la révélation sur l'identité du violeur, mais aussi sur les scènes plus légères qui se succédaient jusqu'à la fin : à l'écran, c'est beau, mais dans l'esprit du spectateur, tout est perverti par le fait d'avoir déjà assisté au tragique destin des personnages. 

En "inversion originale", le film devient un vulgaire rape & revenge comme il en existe des dizaines. Long à démarrer, avec des personnages auxquels on n'accorde plus aucune sympathie (leurs défauts nous sautent bien plus aux yeux, de même que la faiblesse de l'écriture). Toute réflexion disparaît, laissant place au schéma habituel "exposition - viol - vengeance" du genre, qui a connu plus violent et plus radical - et donc, quelque part, plus réussi. Sans nier la force de la scène du viol, ou la violence de la séquence de l'extincteur, leur impact est bien moins fort dans ce sens, tout comme celui de la fameuse révélation. 

J'avais beaucoup aimé (autant que faire se peut) la version de base d'Irréversible, dont le montage faisait oublier les défauts. Défauts qui apparaissent soudain au grand jour avec le remontage chronologique, perdant une grande partie de la force et de l'impact du film juste pour expliciter de façon plus évidente les caractères des protagonistes. Le temps détruit tout, paraît-il : sans doute peut-on en dire autant d'un montage différent. 



mardi 6 avril 2021

La Nuit de la mort

 


Titre : La Nuit de la mort
Réalisateur : Raphaël Delpard
Acteurs : Charlotte de Turckheim, Betty Beckers, Isabelle Goguey
Date de sortie en France : 22 octobre 1980
Genre : horreur

Synopsis : 
À la suite d'une dispute avec son ami Serge, Martine accepte un poste d'infirmière au «Doux Séjour», maison de retraite isolée en rase campagne. Elle sympathise rapidement avec Nicole, sa collègue de travail, qui disparaît bientôt dans de mystérieuses circonstances. Entre une directrice autoritaire, un gardien et homme à tout faire au comportement étrange et des pensionnaires passablement allumés, Martine finit par réaliser qu'elle est prisonnière de la maison. mais surtout qu'elle pourrait courir un grave danger.

Avis : 
Entre manque de moyens et de considération, le cinéma d’horreur français ressemble en 1980 à un désert, souvent visité seulement par l’unique Jean Rollin. Parmi ces rares films, on trouve La Nuit de la mort de Raphaël Delpard, précédé d’une tenace réputation de navet, voire de nanar.



Pourtant, s’il ne s’agit évidemment pas d’un chef d’oeuvre, le film est finalement assez sympathique malgré quelques énormes défauts. On appréciera ainsi l’ambiance générale, grâce à sa galerie de petits vieux archétypaux et assez troublants. Leur lente procession dans les couloirs, lorsqu’ils s’éveillent pour aller capturer leur proie, est très réussie, avec une musique bien stressante (que je n’ai, contrairement à beaucoup, pas trouvée trop présente), malgré la tendance de certains à surjouer la menace par d’indescriptibles expressions faciales.

D’ailleurs, globalement, à l’exception d’une toute jeune Charlotte de Turckheim qui domine tout ça de la tête et des épaules, l’interprétation est assez lamentable. On pourra néanmoins concevoir qu’il est assez difficile de s’investir dans la peau de personnages aussi idiots : alors que le scénario semble nous indiquer que la chasse à la chair fraîche est une activité ancienne pour le groupe, on aura du mal à imaginer qu’ils aient pu si longtemps passer inaperçus, tant ils font tout pour être remarqués : documents et preuves laissés à la portée du premier venu, comportements inexplicablement suspects, indices échappés lors de la moindre conversation… On ne peut pas y croire, ce qui provoque invariablement le sourire.

Restent quelques effets gores réussis, et une ou deux petites surprises en fin de film. Rien qui ne fera de cette Nuit de la mort un incontournable, mais qui permettent au film d’être bien plus que le navet trop souvent décrit. Finalement, je suis assez content d’avoir investi dans le coffret du Chat qui fume !



lundi 15 mars 2021

Possession


Titre : Possession

Réalisateur : Andrzej Zulawski

Acteurs : Isabelle Adjani, Sam Neill, Heinz Bennent

Date de sortie en France : 27 mai 1981

Genre : drame, horreur

Synopsis : 

Rentrant d'un long voyage, Marc retrouve à Berlin sa femme Anna et son fils, Bob. Mais rapidement, il se rend compte que le comportement de sa femme a changé. Prise de violentes crises, elle quitte le domicile. L'amie du couple, Annie, révèle à Marc le nom de l'amant d'Anna, Heinrich. Lorsqu'elle disparaît, Marc engage un détective qui découvre bientôt qu'Anna s'est réfugiée dans une étrange demeure où semble se cacher une créature surgie des ténèbres. 

Avis : 

 Si la formule est largement galvaudée, difficile de ne pas l'utiliser ici : Possession, du Polonais Andrzej Zulawski, est un film qui ne peut laisser personne indifférent, pour le meilleur comme pour le pire. Richesse thématique, interprétation hystérique, violence et sexe, il réunit tous les ingrédients pour marquer durablement le spectateur, jusqu'à le laisser un peu hébété au terme des deux heures que dure le métrage. 


 Tout commence pourtant "normalement", avec un couple en pleine rupture. Cris, larmes, coups, voisine qui savoure les miettes, enfant perdu au milieu de la guerre entre ses parents, amant perché et finalement également trahi, nous sommes dans un drame dont l'étrangeté nous frappe peu à peu. Un étrange reflet d'un côté, les cauchemars enfantins de l'autre, les mensonges de l'amant (mais en sont-ils vraiment ?), puis le comportement du personnage incarné par Adjani, entre moments d'hystérie pure et séquences d'un calme relatif. L'explosion arrive très vite, mais n'est que le prélude à l'étrange, puis à l'horreur. 

 Une horreur viscérale, que je situe plus proche du Cronenberg des débuts (Chromosome 3, par exemple) que de Lovecraft, et qui s'illustre par une créature monstrueuse ou par les crises d'Isabelle Adjani, dont celle, tétanisante, du métro, qui répousse très loin les limites de la folie sur grand écran. Sam Neill n'est pas en reste, dans une folie qui semble plus retenue, qu'il exprime comme souvent par son regard ou son sourire... mais également de façon parfois plus frontale. 

 Evidemment, un film d'une telle richesse (Zulawski parle entre autres de couple, de sexe, de politique, de double, de murs, d'enfance...) ne peut être que clivant : certains citeront par exemple l'interprétation très théâtrale comme un défaut, là où elle achève selon moi d'emmener le film dans une étrangeté permanente. De mon côté, Possession est une oeuvre formidable, qui nous plonge très loin dans ses ténèbres (au sens figuré comme au sens propre), qui nous y noie et nous y étouffe même par moments, autant grâce à son extravagance qu'à son aspect terriblement fermé et froid.




jeudi 24 décembre 2020

Gwendoline


Titre : Gwendoline

Réalisateur : Just Jaeckin

Acteurs : Tawny Kitaen, Zabou, Brent Huff

Date de sortie en France : 8 février 1984

Genre : aventures, érotique

 

Synopsis : 

Décidée à retrouver son père disparu, parti en quête d'un papillon rare, Gwendoline se lance à sa recherche avec l'aide de Beth, sa demoiselle de compagnie. Parvenues dans un port malfamé de Chine, les deux jeunes femmes sont kidnappées par des truands, puis libérées par un aventurier nommé Willard. Ce dernier accepte alors d'accompagner Gwendoline et Beth dans un long périple qui les conduira jusqu'à la mystérieuse contrée de Yik-Yak. Là-bas, au coeur d'un volcan, une reine cruelle et tyrannique dirige d'une main de fer une armée d'amazones.  


Avis :  

Réalisé par Just Jaeckin (à qui l'on doit surtout le célèbre Emmanuelle quelques années plus tôt), Gwendoline est l'adaptation de la bande dessinée de John Willie, Adventures of Sweet Gwendoline, bande dessinée ayant pour thème le bondage. Interprété par Tawny Kitaen dans le rôle titre et la toute jeune Zabou Breitman, Gwendoline est un film d'aventures érotiques qui suit une structure assez proche de l'esprit bande dessinée. Le film enchaîne ainsi les péripéties, transporte les héros d'un port chinois à une cité perdue en passant par une jungle impénétrable et un immense désert, leur faisant affronter de nombreux dangers tous évités de façon légère. 

 

Indiana Jones n'est jamais bien loin, notamment avec le personnage masculin, bellâtre gentiment macho qui se révélera peu à peu courageux et digne de confiance. Cette succession d'aventures se suit sans temps mort jusqu'à sa dernière partie mettant le trio aux prises avec les étranges amazones d'une cité peuplée par des femmes et dirigée d'une poigne de fer par une reine sadique. On entre alors pleinement dans le divertissement érotique fétichiste, avec ces femmes dénudées et / ou portant des armures évocatrices, ces instruments de torture, cette utilisation de l'homme comme un objet. 

Erotisme et violence se mêlent généreusement, rythmées par la musique composée par Pierre Bachelet (dont un thème qui donnera plus tard le tube En l'an 2001, ce qui déstabilise un peu). Bref, Gwendoline est un film généreux comme on les aime, dépaysant, sexy, drôle (Zabou est souvent hilarante), une de ces pépites que Le Chat qui fume nous permet une nouvelle fois de (re)découvrir dans des conditions royales !

 


 

mardi 19 novembre 2019

Haine



Titre : Haine
Réalisateur : Dominique Goult
Acteurs : Klaus Kinski, Maria Schneider, Patrice Melennec
Date de sortie en France : 9 janvier 1980
Genre : drame

Synopsis : 
A l'entrée d'un village, une petite fille se fait renverser par un motard vétu de noir. Plus tard, un motard, habillé en blanc de la tête au pied arrive au village. L'arrivée de celui-ci va alors susciter interrogation et doute de la part des habitants du village 
Avis : 
Il y a parfois des films dont le propos est bien plus intéressant que ce que l’on a vu pendant 90 minutes. Haine en est un bon exemple. Car malgré un fond particulièrement fort, et toujours aussi tristement d’actualité, le film de Dominique Goult est quand même salement ennuyeux. 


Si le début nous intrigue, avec les premières confrontation d’un Kinski ignorant encore qu’il vient de mettre le pied dans la fourmilière et ces villageois marqués par le drame récent, on en vient rapidement à tourner en rond de façon aussi frustrante que le motard blanc coincé (un peu inexplicablement) dans le lieu. On n’échappera hélas pas à quelques lieux communs, avec cette alliance entre parias, ou ce symbole christique un peu grotesque en fin de métrage.

Pourtant, certaines séquences sont efficaces, et évoquent notamment le Duel de Spielberg, et j’ai vraiment apprécié Patrice Melennec (Frantic) dans le rôle du camionneur inquiétant et dangereux. Mais à force de se répéter, d’utiliser quelques grosses ficelles (pardonnez-moi, mais le principal problème du motard blanc est quand même d’être un peu con…), Haine ne m’a vraiment pas convaincu sur la forme, et j’ai eu beaucoup de mal à le terminer.

Mais évidemment, le message qu’il véhicule, notamment avec cette peur irraisonnée de l’étranger, cette façon de lui foutre sur le dos les crimes d’un autre, sonne encore tellement fort à nos oreilles actuellement que cette grotesque chasse à l’homme, gratuite et ridicule, reste une œuvre à voir. Avec quand même de quoi vous donner un peu d’énergie !

Note : 6/10

mercredi 28 novembre 2018

Cold skin


Titre : Cold skin
Réalisateur : Xavier Gens
Acteurs : David Oakes, Ray Stevenson, Aura Garrido
Date de sortie en France : 
Genre : fantastique

Synopsis : 
Dans les années vingt, un officier météorologique de l'armée est envoyé sur une île en Antarctique pour étudier les climats. Celui-ci y fait la rencontre d'un vieux gardien de phare russe. Lors de la première nuit, l'officier se fait attaquer par d'étranges créatures...

Avis :
Finalement, tout arrive : avec Cold skin, j'ai enfin aimé un film de Xavier Gens ! Je n'en avais certes pas vu énormément, mais après le massacre Hitman, le grotesque Frontière(s) et l'insipide The Divide, je n'avais pas franchement envie de creuser davantage dans la filmographie du réalisateur français. J'ai bien fait d'insister un peu, car Cold skin s'est révélé être un excellent film.


Dès les premières secondes, on est happés par une histoire sur laquelle plane l'ombre de Lovecraft : l'Antarctique et ses secrets, le début du vingtième siècle, et cette sensation de solitude et de lieu propice à la folie, c'est à peine si l'on serait surpris d'apercevoir le mirage d'une cité cyclopéenne perdue derrière d'immenses montagnes noires. La suite le confirme d'ailleurs : si le film n'adapte pas directement l'auteur de Providence mais l'espagnol Albert Sanchez Pinol, l'influence de l'auteur de L'Appel de Cthulhu est évidente. A ceci près qu'ici, on entrera très rapidement dans le vif du sujet : les créatures humanoïdes attaquent le héros dès la première nuit, et le métrage, étrangement très rythmé, va être ponctué de nombreuses séquences d'action.

Si je dis que le film est étrangement très rythmé, c'est parce qu'on a le sentiment qu'il n'y a aucun temps mort, alors que le film ménage quelques séquences plus calmes, plus douces (jusqu'à faire de l'oeil au Leviathan de Zviaguintsev), parvenant à faire naître étrangeté et fascination là où Del Toro, pour un sujet vaguement similaire, s'était planté avec La Forme de l'eau. Doux et musclé à la fois, en somme, et magnifié par des paysages sublimes, un jeu sur les lumières superbe (les scènes d'attaques nocturnes sont des moments incroyablement forts) et un duo d'acteurs tout simplement parfait.

On se demande vraiment pourquoi le film n'a, pour le moment, pas eu le droit à une véritable sortie en France : Cold skin est de loin le meilleur film de son réalisateur, que je ne connaissais pas aussi doué. J'ai presque hâte de voir ses autres films maintenant..

Note : 8/10


dimanche 25 novembre 2018

Climax


 Titre : Climax
Réalisateur : Gaspar Noé
Acteurs : Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub
Date de sortie en France : 19 septembre 2018
Genre : thriller

Synopsis : 
 Naître et mourir sont des expériences extraordinaires. Vivre est un plaisir fugitif.

Avis :
S'il y a bien une chose que l'on peut reconnaître à Gaspar Noé, c'est de laisser rarement indifférent. Provocateur puéril pour certains, génie subversif pour d'autres, il continue à développer ses thèmes de prédilection avec Climax, comme toujours précédé d'une réputation double, entre rejet et fascination, parfois chez le même spectateur.


Avec Climax, le réalisateur nous offre un pot pourri, un oeuvre somme des expérimentations que l'on avait pu découvrir dans ses films précédents. Et s'il convoque toujours des réalisateurs tels que Argento, Buñuel, Pasolini (cités directement dans le film), c'est cette fois à sa propre filmographique que l'on pense : de Seul contre tous à Love, en passant par Irréversible et Enter the void, on retrouve tous ses éléments de langage cinématographique, avec ces longs plans séquences qui volent d'un personnage à un autre, avec cette caméra qui tournoie parfois plus que de raison, avec ce jeu constant sur les angles et les couleurs, avec enfin ce sentiment de malaise physique qui finit par nous atteindre.

Noé nous plonge ainsi au plus près de ses personnages, de l'euphorie essoufflante d'une exceptionnel scène de danse à l'impression que nous avons nous-même ingéré la drogue qui va faire de cette simple fête un cauchemar. Et tant pis si la démonstration est parfois un peu forcée, si certains acteurs sont très moyens, ou même si l'on ne distingue presque rien dans une dernière partie complètement folle : Climax nous a emmenés très loin dans son bad trip, et nous propose une expérience presque sensorielle.

En ce qui me concerne, malgré ses défauts, Climax est donc une nouvelle réussite pour Noé. Le plan séquence de la chorégraphie est la scène la plus folle que j'ai vue depuis longtemps au cinéma, et j'ai adoré la façon dont le film me donnait l'impression d'être moi-même complètement déchiré. Pas certain que je le revoie un jour, l'expérience étant très particulière...

Note : 7.5/10


mardi 17 octobre 2017

Le Secret de la chambre noire


Titre : Le Secret de la chambre noire
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Tahar Rahim, Constance Rousseau, Olivier Gourmet
Date de sortie en France : 8 mars 2017
Genre : fantastique

Synopsis : 

Stéphane, ancien photographe de mode, vit seul avec sa fille qu'il retient auprès de lui dans leur propriété de banlieue. Chaque jour, elle devient son modèle pour de longues séances de pose devant l'objectif, toujours plus éprouvantes. Quand Jean, un nouvel assistant novice, pénètre dans cet univers obscur et dangereux, il réalise peu à peu qu'il va devoir sauver Marie de cette emprise toxique.
Avis : 
 Pour son premier film en dehors de son pays d'origine, Kiyoshi Kurosawa va, tout comme Asghar Farhadi pour Le Passé, choisir la France et Tahar Rahim. Avec Le Secret de la chambre noire, il reste sur son genre de prédilection, le film fantastique mélancolique, en installant l'étrangeté dans un cadre qui n'y semblait pourtant pas propice.


 On retrouve ainsi le rythme si particulier du réalisateur, qui prend comme souvent son temps pour créer une atmosphère étrange, oscillant constamment entre rêve et réalité, à l'image des fameux daguerréotypes qui sont au centre du film, qui rappelle régulièrement l'une des perles du cinéma fantastique, et une oeuvre parfois citée par Kiyoshi Kurosawa comme un des sommets de la terreur : Les Innocents, de Jack Clayton. Une porte qui bouge légèrement, des rideaux qui flottent, on a constamment l'impression, subtile, d'une présence invisible derrière les personnages.

 Et si on devine assez rapidement comment le film va se terminer, l'évolution de l'histoire reste passionnante, grâce aussi à l'interprétation de Olivier Gourmet (L'Affaire SK1, Chocolat) et de Constance Rousseau, impeccables dans leurs rôles. On aura en revanche plus de réserves sur Tahar Rahim, qui semble un peu paumé dans un rôle un peu stéréotypé, amoindrissant nettement l'impact dramatique de certaines séquences.

Mélancolique et fantastique, Le Secret de la chambre noire est une nouvelle réussite pour Kiyoshi Kurosawa, qui développe ses thèmes de prédilection dans un cadre nouveau pour lui. Un drame élégant dans lequel seul Tahar Rahim semble, un nouvelle fois, un peu perdu, dans un rôle sans doute trop lisse...

Note : 8.5/10