Titre : The Witch
Réalisateur : Robert Eggers
Acteurs : Anya Taylor Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie
Date de sortie en France : 15 juin 2016
Genre : horreur
Synopsis :
1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
Avis :
On l'attendait impatiemment depuis de nombreuses semaines : précédé d'une réputation extrêmement flatteuse depuis sa projection à Sundance en 2015, The Witch arrive enfin au cinéma en France, plusieurs mois après sa sortie américaine, et plusieurs semaines après le début de son exploitation vidéo. Si on voulait volontairement massacrer la sortie française du film, on ne s'y serait sans doute pas pris autrement... mais bon, après la sortie de Krampus en plein mois de mai, plus rien ne m'étonne.
Pour son premier film, Robert Eggers (que l'on annonce déjà à la tête d'un remake de Nosferatu) choisit d'aborder son sujet de façon crue et réaliste, quitte à s'attirer les foudres des spectateurs à qui il va demander de s'investir pendant le film. Il reprend ainsi les grandes lignes du thème de la sorcellerie, et les dilue dans un récit qui semble souvent n'avoir rien à voir avec l'horreur. Pourtant, par le biais d'une bizarrerie indéfinissable par-ci, d'un détail troublant par-là, le film nous emmène irrémédiablement dans un malaise grandissant, nous faisant peu à peu redouter des manifestations plus directes à chaque fois que la lumière décroît et que les bougies s'allument, ou lors des excursions dans la forêt, personnage à part entière de la première partie du récit.
C'est peut-être la plus grande force de The Witch : le film articule son récit fantastique autour de thématiques fortes. Excessivement pieuse, cette famille de colons, arrachée à son pays natal puis à sa colonie d'adoption est finalement abandonnée par Dieu lui-même avec la disparition du dernier né. La foi des personnages est mise à rude épreuve par les drames, mais aussi par les changements plus subtils s'opérant chez les aînés, au seuil de l'adolescence. Obscurantisme religieux, sexualité, responsabilité, des sujets qui se prêtent parfaitement au thème de la sorcellerie, au service d'un symbolisme peut-être parfois trop évident.
Le soin apporté à la reconstitution de l'époque renforce encore la puissance de ces thématiques et l'ambiance qui se dégage du film. The Witch fonctionne parce qu'on y croit, grâce à des acteurs impeccables, évidemment (jusque ces jumeaux inexplicablement repoussants) ; grâce encore à l'utilisation de lumières naturelles, qui donnent une atmosphère particulière au film ; mais aussi grâce à une utilisation pertinente du folklore lié aux sorcières, Eggert s'inspirant de témoignages et de récits d'époque, et reprenant les éléments caractéristiques des légendes (le bouc noir, la nourriture viciée...).
Si certains le trouveront certainement trop lent, The Witch constitue une alternative formidable au cinéma horrifique actuel, trop souvent réduit à une foire aux jump-scares. Ici, on ne vous prend pas par la main pour tout vous expliquer. Ici, vous ne sursauterez pas, mais le malaise que vous ressentirez face aux événements subis par cette famille vous marquera sans doute de façon bien plus profonde, grâce à une progression implacable et un réalisme étonnant.
Note : 8.5/10
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